Chapitre 10 : Un peu trop proche

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 10 : Un peu trop proche

« Ryusuke, je préférerais que tu restes à la maison. »

« Pas besoin. Je ne suis pas éclopé. Encore que dans ce cas, ça l’est un peu en fait. »

Il répond cela machinalement, observant ce qu’il s’est cassé. Assez risible et pathétique, n’est-ce pas ? Dire qu’il est ainsi. Il ne comprend pas pourquoi il se comporte aussi stupidement. Il a une main sur le cœur, marmonnant quelques paroles incongrues :

« Je vais m’en aller à l’école. Si je n’y vais pas, j’aurais trop de retard ensuite. »

« Fais attention à toi et aussi à la petite Tarsal, d’accord ? » lui demande sa mère une nouvelle fois alors qu’il hoche la tête. Elle n’est pas en sucre non plus ! Et de toute façon, il sait pertinemment qu’elle est bien plus résistante qu’elle ne semble le montrer.

« Bon, je ne vais pas rester en place, non plus. J’y vais maintenant. Bonne journée, je … »

« Tu veux que ton père te dépose en voiture ? » questionne encore une fois sa mère alors qu’il marmonne que non. Il veut juste y aller maintenant. Il quitte la maison alors que sa mère pousse un soupir, se tournant vers son mari : « Je crois qu’il va encore falloir du temps. »

« Laisses-le donc pendant quelques jours, le temps qu’il s’habitue à cette nouvelle présence. »

« J’espère simplement que cette Tarsal aura une bonne influence sur lui, je ne demandes que cela, de mon côté. Après, on peut considérer que c’est une bénédiction. »

« Ca l’est, je pense … je l’espère vraiment. »

Elle retourne auprès du père de Ryusuke, venant l’aider dans ses tâches tandis que l’adolescent aux cheveux bruns était parti en direction de son lycée. Cela faisait bien une semaine voire une dizaine de jours depuis cet incident.

« Rentrez dans la classe ! J’espère pour vous que vous avez une bonne expli… Oh Ryusuke. Tu peux venir t’asseoir à ta place habituelle. »

Bien entendu. Il est en retard. C’est logique. Il se déplace plus lentement maintenant mais voilà, il se dirige vers sa chaise, se fichant des regards qui se posent sur sa personne. Il n’est pas là pour les intéresser, pas du tout.

« Nous allons donc reprendre là où nous en étions. »

Le prof continue le cours, comme si de rien n’était. La petite Tarsal est sur les genoux de Ryusuke, semblant faire attention à son pied plâtré. Sage comme une image, pour une fois, elle sort les affaires de Ryusuke pour qu’il puisse écrire.

« Tu n’aurais pas écouté un peu trop les paroles de ma mère ? Je suis capable de faire ça. »

Pour toute réponse, elle le regarde d’un air effronté avant de continuer ce qu’elle faisait. Deux minutes plus tard, tout est sorti et il soupire :

« Merci. Tu peux maintenant rester bien tranquille. »

« Tarsal, tar, tarsal, tar, tarsal, tar. » répond t-elle doucement.

Ah bon ? Tant que ça ? Qu’est-ce qu’elle pouvait raconter comme sottises, vraiment. Il pousse un petit soupir, visiblement un peu désabusé par toute cette histoire. Du moins, il ne fait que soupirer, soupirer, soupirer, rien que ça. Lorsque le cours est terminé ,il demande à la pokémon de le téléporter, ne voulant pas avoir de personne qui le questionne, comme à leur habitude. Ils sont exaspérants et …

« AH ! » s‘exclame t-il, reculant, un peu surpris. Il n’a pas le temps de voir qu’il est prêt à tomber dans les escaliers qu’un main l’attrape au niveau du bras, le tirant vers l’adolescente qui se trouve en face de lui. Il avait voulut se rendre à son coin secret mais quelqu’un l’attendait déjà ! Et pas n’importe qui !

« Tu es exaspérante, Junon ! Tu m’as fait une sacrée frousse, tu t’en rends compte ?! »

« Ce n’est pas comme ça que tu m’adores ? Non ? Est-ce que tu m’aurais mentie ? »

« Le jour où j’aimerai une personne comme toi n’arrivera jamais, compris ? »

Il marmonne avec colère alors qu’il se frotte le bras. Vraiment, il n’avait pas envie de la voir alors pourquoi est-ce qu’elle se présentait à lui ? Car elle pensait qu’il est intéressé par elle ? Elle va au-delà d’une grande désillusion ! Il s’en fout d’elle !

« C’est très vexant de ta part, Ryusuke. »

« Ce n’est pas fait pour te faire plaisir à la base aussi. » murmure l’adolescent aux cheveux bruns, passant à côté d’elle pour prendre sa place habituellement. S’il veut qu’elle parte, pas trop de solution, il doit l’ignorer.

« Ca m’a l’air bien bon ce que tu as préparé, Ryusuke. Je peux m’installer ? »

L’ignorer, encore l’ignorer. Pourtant, elle se place à côté de lui, comme si de rien n’était. Il remarque aussitôt le regard intéressé de la petite Tarsal en direction de ce que sort Junon. Bien entendu ! Dès que ça parle de nourriture, la reine de celle-ci répond présent !

« Tarsal ? Tar tar ? Tarsal Tarsal tar ? »

« Hmmm … Ton dresseur ne semble pas vouloir que je partage de la nourriture avec toi. Et oui, c’est ton dresseur maintenant. »

« Tarsal ! Tarsal ! Tar tarsal tar tar tarsal ! »

L’adolescente éclate de rire alors qu’il hausse un sourcil. Comme si elle pouvait comprendre la pokémon. Pourtant, Junon retire un petit morceau de viande, faisant un doux sourire à la créature avant de le lui tendre, elle chuchote tendrement :

« Comme cela ? Ce n’est pas trop gros normalement, non ? »

La petite pokémon exulte de joie, visiblement heureuse comme cela n’était point permis, de voir qu’elle avait reçu un aussi gros morceaux de viande. Elle se tourne vers Ryusuke, tout fière et heureuse alors qu’il hausse les épaules. Il commence à manger sans même regarder la Tarsal, celle-ci se rapprochant de lui, posant une patte sur la nourriture.

« Tar tarsal tar ? » demande t-elle avant de poser ses yeux verts sur lui.

« Quoi ? Tu veux que je te donnes aussi à manger ? Tu es en train de blaguer, j’espère. Tu ne me trahis pas comme ça, avec la première venue. »

« Je vais me sentir terriblement vexée, Ryusuke, si tu continues sur cette voie. Je suis sûre que ce n’est pas dans ton intention de me vexer, n’est-ce pas ? »

« Et si ça l’est, qu’est-ce que tu vas faire exactement ? »

« Hum, la même chose qu’à l’hôpital, qu’est-ce que tu en penses ? »

Il se redresse aussitôt, faisant reculer la pokémon, serrant son plat dans ses mains avec colère. Il pousse un cri de douleur, venant s’écrouler dos au mur, son pied droit venant de le lâcher aussitôt. QUEL IDIOT ! Il a complètement oublié qu’il se l’est cassé ! Junon se rapproche de lui, prenant une profonde respiration :

« Tu te fais mal pour rien. Tu crois vraiment que je vais m’en prendre à un blessé ? »

« Qu’est-ce que tu insinues ?! Que tu le ferais si je n’étais pas blessé ? »

« Oh ? Peut-être que oui ? Qui sait ? Si tu me provoques trop, qui sait ce qui t’attends. Peut-être que tu voudrais déclencher la fureur de Junon ? »

« Et alors ? Tu crois que tu me fais peur hein ? »

Il tente de la regarder droit dans les yeux mais il doit s’avouer vaincu. Il détourne son regard de celui de Junon. Celle-ci est en train de lui parler la jambe, comme pour travailler son muscle alors qu’il pousse un gémissement de douleur. Il s’exclame avec rage :

« Mais arrêtes ! Qu’est-ce que tu fais ?! C’est horrible comme ça me fait mal ! »

« Est-ce que tu vas arrêter de faire l’enfant ou non ? Je te masses la jambe ! Cela atténuera ta douleur. Tu arrêtes de te comporter comme un gamin ? »

Voilà qu’elle se met en colère et il finit par se stopper, ruminant dans sa barbe. Cette idiote ! De quoi elle se mêle d’abord ? Ça ne la regarde pas ! Elle relève ses yeux, pressant subitement sa jambe entre ses mains avant de murmurer :

« Et ne me regarde pas comme un pokémon sauvage. Si je ne suis pas ton ennemie, ça ne veut pas dire que tu peux te permettre de me considérer comme un monstre. Compris ? Même si tu ne m’as rien demandé, je ne vais pas te laisser … »

« Oh mais la ferme, tu me fatigues. » réplique t-il avant de recevoir un coup dans la nuque.

La dernière chose dont il se souvient, c’est le petit cri de surprise de la Tarsal. Ensuite ? C’est le vide complet. Il ouvre les yeux, regardant droit devant lui. Le plafond est très beau mais reconnaissable. Il se trouve à l’infirmerie. Un livre se claque, comme pour signaler qu’il e ferme alors que Junon était là. Oh merdeeeeeeeeeeee ! Il pousse presque un sanglot mais s’arrête en entendant des murmures de l’autre côté de la porte.

« Vous êtes sûrs que c’est bien la présidente des élèves qui est là ? »

« Oui, oui, avec Ryusuke ! Il paraîtrait qu’elle n’a eut aucun mal à le soulever alors qu’il était évanoui. Vous imaginez un corps comme ça ? »

« Wow … Je crois que je suis amoureux les gars ! »

« T’es TOUJOURS amoureux, je tiens à te le rappeler ! Faut peut-être pas trop exagérer non plus hein ? Tu crois pas que tu pousses le bouchon un peu trop loin ? »

« Voilà ce que tu emmènes comme problème, Ryusuke. Me félicitations. Il a fallut que je te porte dans les couloirs après que tu te sois évanoui. Bien entendu, ta Tarsal dort paisiblement dans tes bras à l’heure où je te parles. Pourquoi cela devrait-il changer, n’est-ce pas ? »

« Je ne vois vraiment pas où tu veux en venir. Et je me suis évanoui ? Encore ? »

« Disons que tu as eut un petit coup de chaud. Ah … mais qu’est-ce que je vais faire au final ? Tu peux me le dire, Ryusuke ? Ils vont se poser des questions. »

« Ce qu’ils se disent, j’en ai vraiment strictement mais rien à faire, hein ? Ça ne les concerne qu’eux à la base, moi, tant que je suis tranquille. »

« Oh ça, tu dois t’en douter que tu ne seras plus vraiment tranquille si tu commences à penser de la sorte, tu t’en rends compte ? »

« Je m’en rends parfaitement compte si c’est ça que tu veux me dire mais je m’en contrefiches royalement dans le fond. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent. »

« C’est vraiment si déplaisant qu’ils se fassent des idées sur toi et moi, n’est-ce pas ? »

« Je m’en contrefiches vraiment surtout. Je veux dire, je ne vois pas à quoi ça me sert. »

« J’ai vraiment l’impression d’être tombée sur le dernier des idiots. Je te laisses tranquille, va ! Et ne t’en fait pas, ta pokémon va très bien. Elle dort à tes côtés ! »

Pourquoi est-ce qu’elle se répète ? Elle croit qu’il ne l’a pas entendue la première fois ? L’adolescente se relève avant d’ouvrir la porte de l’infirmerie, des petits cris de surprise se faisant entendre de l’autre côté :

« Woooooooow. Euuuuuh … Présidente ! Je … »

« Ryusuke va très bien. Néanmoins, que personne n’aille le déranger ou je risque de me mettre réellement en colère. Est-ce que le message est bien passé ? »

« Ou… Oui présidente. On vous écoute. »

Les élèves se déplacent sur les côtés, la laissant passer tandis que l’adolescente continue de grommeler dans son coin. Ils la regardent partir, parlant entre eux avec étonnement :

« C’est moi ou elle était vraiment furieuse ? Ce n’est pas dans ses habitudes, non ? »

« Pas vraiment même … Je me demande ce qu’il a dit. »

Ils pourraient poser la question mais vu que la présidente elle-même a signalé de ne pas le déranger, c’était beaucoup trop risqué. Qu’elle s’emporte était quelque chose de vraiment peu commun pour qu’il soit signalé et remarqué.

Dans la chambre, l’adolescent réfléchissait à la situation. Il est sûr de se rappeler que c’est encore Junon qui est responsable de son évanouissement. Oh, il n’en a aucune preuve mais il en est sûr et certain. Quelque chose le titille à ce point et il ne peut l’oublier.

« Tarsal tar tar tarsal … Tarsaaaaaaal. »

« Ah oui, voilà le problème. Hey, tu te réveilles, petite marmotte ? »

Il marmonne cela alors que la pokémon reste dans ses bras, s’y calfeutrant bien. Il tapote un peu sa corne, jusqu’à ce qu’elle finisse par se réveiller en mettant une main devant sa bouche. Il finit par se redresser dans le lit, la pokémon se frottant les yeux.

« Bon, maintenant que tu es réveillée, on va pouvoir partir alors. J’ai beaucoup mieux à faire que de rester ici, compris ? Tu me suis? »

« Taaaaaaaar. » répond la pokémon, restant collée à lui, les yeux clos.

Elle ne bouge pas de là, étant bien logée. Maintenant qu’il soupire, il reprend ses affaires à une main, les mettant sur ses épaules avant de quitter l’infirmerie. Comme il s’est évanoui, la journée est déjà terminée pour lui et il décide de rentrer le plus facilement possible.

Dans une salle de cours, Junon jette un œil par la fenêtre, remarquant le départ de Ryusuke. Elle ne peut s’empêcher de sourire. Vraiment, cet adolescent est plus que turbulent, n’est-ce pas ? Elle continue de le regarder jusqu’à ce qu’une voix féminine ne dise :

« Mademoiselle Junon, je ne vous déranges pas, j’espère ? »

« Hein ? Oh non non. Désolée, j’étais déconcentrée. »

« Alors, veuillez répondre à ma question : quel est la nouvelle catégorie dans laquelle se range les Gardevoir et autres pokémon comme Flabébé ? »

« La catégorie des fées, professeure. Je vous écoutais bien que je ne vous regardais pas. Ne vous inquiétez pas à ce sujet, je peux vous le certifier. » répond doucement Junon tandis qu’elle retourne poser son regard sur l’entrée du lycée. Dommage, Ryusuke est déjà parti. Elle aurait aimé le regarder un peu plus.

Deux heures plus tard, l’adolescent est au pas de la porte de chez lui. Toquant à celle-ci, sa mère vient l’ouvrir, un peu étonnée de le voir rentrer aussitôt. Elle demandant quelques explications, explications qui arrivent bien vite :

« Je me suis évanoui. Junon m’a aidé et ensuite, j’ai put rentrer. »

« T’évanouir ? Encore ? Je commence à être très inquiète, Ryusuke. Il va falloir que j’appelle un médecin pour ça. Ce n’est pas normal. »

« Pas besoin, il faut juste vérifier que ça ne soit pas trop récurent. »

« Oui mais bon, par mesure de sécurité, Ryusuke, je vais quand même le faire. »

Il grogne, marmonnant que ce n’est pas nécessaire avant d’aller dans sa chambre. La petite Tarsal n’a pas bougé de sa position, étant bien éveillée après tout ce temps. Aucun commentaire de la part de ses parents à ce sujet. Lui-même a remarqué à quel point la pokémon ne se décroche pas de lui. Finalement, dans sa chambre, il finit par se libérer de son étreinte avant de la déposer sur le lit. Il ouvre son sac et pousse un profond soupir.

« Tarsal ? Tar tarsal tar tarsal ? »

« J’ai du travail, énormément de travail. Il suffit de voir ce qui m’attends. Avoir été absent même pendant une dizaine de jours, c’est tout simplement horrible. »


Elle pousse quelques mots comme pour lui demander s’il veut qu’elle l’aide. Il ricane légèrement. Comme si une pokémon était capable de l’aider ! Néanmoins, puisqu’elle le propose si gentiment, il va accepter.

La pokémon se téléporte jusqu’à lui, venant s’installer sur ses genoux. Il se retient de sourire alors qu’il tourne les pages du cours de mathématique. Oui, il y a aussi de cela … Bon , ce n’est pas que c’est difficile, loin de là mais il y en a tellement que …

« Hein ? Qu’est-ce que tu fais ? » demande t-il en sentant la main de la pokémon qui se pose sur son front, comme pour l’apaiser. C’est étrange, il se sent mieux, beaucoup mieux. Terriblement mieux. Ca lui fait un bien fou. « J’ai l’esprit complètement vide de problèmes. Je me sens … bien, c’est toi ? C’est toi qui a fait ça ? »

La pokémon rougit légèrement en hochant la tête. Elle est capable de l’aider ? Les pokémon ne sont donc pas faits uniquement pour le combat ? Bon, ceux de ses parents, c’était différent mais … bizarre. Il apprenait quelque chose qu’il connaissait pas. D’une main, il caresse le crâne de la Tarsal, l’autre servant à écrire alors qu’il lui chuchote quelques remerciements qu’elle mérite parfaitement. Les devoirs se passent beaucoup plus facilement même qu’elle a décidé de s’en mêler. Il le remarque maintenant qu’il a le stylo en main.

Les heures défilent à une vitesse folle et pendant le repas, elle mange sur ses genoux. Il remarque que ses parents ne font aucun commentaire sur cela alors qu’il manche posément. Elle mérite ses félicitations pour la petite aide et c’est une manière comme une autre de la remercier pour ça. Et quand il est dans son lit ? Il la laisse s’installer auprès de lui. Il suffit qu’il dorme pour que les yeux de la pokémon ne deviennent roses, comme à son habitude.

Laisser un commentaire