Chapitre 1 : Promesse de vengeance

ShiroiRyu
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Chapitre 1 : Promesse de vengeance

« Les pauvres … Ils étaient si jeunes. Ils n’avaient même pas trente ans. »

Qu’elle se taise, cette femme d’un âge trop avancé. Il ne voulait plus entendre, il ne voulait plus avoir affaire à cette phrase qui se répétait sans cesse depuis plus d’une heure. Il serrait les poings, le visage nullement baissé, toujours droit et fier, ses yeux émeraude fixant ardemment les deux cercueils devant lui. Ses cheveux verts lui tombaient sur le front, la pluie étant la raison d’une telle coiffure.

« Et leur enfant ! Il n’a aucune autre famille à part eux. Le maire du village a envisagé de l’emmener à l’orphelinat, nulle famille n’a la possibilité de s’occuper d’un enfant en plus, surtout de son âge. Déjà que le village va très mal ces derniers temps. »

En quoi est-ce que cela l’intéressait ? Quel intérêt portait-il à ces personnes ? Aucun. Leurs paroles rentraient dans une oreille pour sortir par l’autre. Il voulait être tranquille … et seul … Il n’avait pas besoin d’eux. Il voyait maintenant les deux cercueils qui étaient soulevés avant d’être enfouis sous terre, une unique pierre tombale étant utilisée pour le couple disparu beaucoup trop tôt.

Un éboulement, une avalanche, un effondrement, un glissement, on pouvait appeler de différentes façons un seul et même évènement. Lorsque le terrain venait s’effondrer sur le corps innocent d’une personne, cela emmenait souvent à une seule et même conclusion : la mort. La mort de ses parents … qui grimpaient sur le mont Elyeus pour récupérer simplement quelques herbes et autres éléments naturels comestibles.

La mort … Pour lui, âgé simplement de huit ans, il n’y avait jamais réellement réfléchi avant aujourd’hui. Avant qu’un homme qu’il connaissait comme le maire lui avait annoncé la triste nouvelle. Il avait pris l’habitude de patienter calmement à la maison, attendant que ses parents reviennent. Ils n’avaient pas les moyens de l’envoyer à l’école, cela lui semblait logique. S’ils n’avaient pas les moyens d’acheter de la nourriture, pourquoi en auraient-ils pour l’école ? Mais il ne se plaignait pas … Il n’avait pas à se plaindre. C’était une vie agréable et calme qu’il avait eu … jusqu’à aujourd’hui.

Jusqu’à ce jour maudit … Ses yeux se relevèrent pour se poser sur l’immense mont qui se dressait au loin par rapport au village. Le mont Elyeus … C’était lui qui avait emporté à jamais ses parents. Il haïssait ce mont … Mais pas uniquement lui. Pourquoi haïr quelque chose qui ne vit pas ? Non … L’être qu’il détestait le plus au monde à ce jour était celui qui trônait au sommet d’Elyeus : Rayquaza.

Il ne le connaissait pas, il ne l’avait jamais vu, seulement décrit d’après les légendes du village. Le pokémon des cieux avait créé cette montagne en des temps immémoriaux et s’était installé à son sommet, observant de loin tous les pokémons et les humains qui tentaient de l’atteindre. L’atteindre ? C’est bien ce qu’il comptait faire … même si on ne comptait plus le nombre de morts causées par cette montagne.

« Allons … Raikoso. Il est temps de partir. Tu pourras leur rendre visite quand tu le voudras. J’ai prévenu le directeur de l’orphelinat à ce sujet, comme je le fais pour chaque enfant orphelin à cause de la montagne. » dit un homme d’une soixante d’années à l’embonpoint bien présent. Le jeune garçon hocha la tête avec lenteur avant de l’accompagner, jetant un dernier regard à la tombe de ses deux parents.

« Voilà l’orphelinat où dorénavant, tu logeras. Tu apprendras les bases de l’écriture, de la lecture voir d’autres matières suivant tes capacités. Ce n’est pas grand-chose mais nous n’avons guère les moyens de faire plus. J’espère que tu plairas et que tu sauras tirer un trait sur cet évènement bien triste. »

Bien entendu. Cela ne se voyait-il pas sur son visage ? Comme il ne donnait aucune réponse au maire, celui-ci se gratta le sommet du crâne, un peu gêné devant une telle absence de réaction de la part du jeune garçon. Dès que celui-ci fut parti, le directeur était là, lui demandant s’il voulait rentrer se présenter aux autres enfants. Sans réponse, il hocha simplement la tête d’un air négatif. Il ne comptait pas rester ici de toute façon. L’orphelinat était comme le village : Austère et dénué de vie. Il n’avait rien pour lui … Rien du tout. Il n’y avait que quelques petits grillages de fer mais ils ne faisaient même pas cinquante centimètres de hauteur. Et que dire du bâtiment en lui-même ? Ah … Rien du tout. Il s’en fichait, il n’y accordait aucune importance.

« Et bien … Raikoso, si tu veux bien me suivre, je vais te montrer la chambre où tu vas dormir. Il y a des règles à suivre et … Est-ce que tu m’écoutes ? Ah … Bon … Tu veux sûrement regarder une dernière fois au-dehors de l’orphelinat. Malgré les paroles de ce bon vieux maire, je ne peux pas te laisser voir tes parents quand tu le désires. Imagine donc que je laisse les enfants se balader hors de l’orphelinat ? Cela serait complètement stupide. Est-ce que tu me comprends ? Raikoso ? Raikoso ? »

Il n’y avait rien à retirer de lui, ce n’était pas visible ? Ses yeux verts se posèrent sur le directeur, puis à nouveau devant lui sans prendre la parole. Il vit du coin de l’œil le vieil homme qui remettait correctement ses lunettes. Celui-ci lui dit qu’exceptionnellement, pour aujourd’hui, il pouvait rester dehors mais que d’ici une quinzaine de minutes, il reviendrait le chercher et lui présenter les lieux.

… … … Ce fut la dernière fois qu’il vit le directeur en plusieurs années. Dès que celui-ci fut reparti à l’intérieur du bâtiment, il avait enjambé le grillage de métal, s’écorchant la jambe droite, son pantalon se déchirant à cause de la grille. Comme si une petite blessure de ce genre pouvait lui faire quelque chose ? Ce n’était rien … Rien du tout … Sans même prêter attention aux personnes qui se retournaient en le voyant courir, il se dirigeait vers le mont … Le mont Elyeus … Celui qui avait mis un terme à ses instants de bonheur.

Voilà … Le voilà … Ce mont … Ce mont infranchissable … dont nul n’avait réussi à atteindre le sommet. Il se trouvait au milieu d’un sentier fait de terre, tracé par les humains. Tout autour de lui, de la verdure était présente, aussi intéressante que d’habitude. Il en avait rien à faire de cette chose … Ce n’était pas le plus important. Sa tête se leva en direction du ciel. Le sommet n’était pas visible mais pourtant, pour la première fois depuis la mort de ses parents, il prit la parole, une voix sombre sortant de ses lèvres :

« Rayquaza … Je te tuerai. »

Après ses paroles, il fit quelques pas, lentement, suivant le sentier de terre. Ça ne servait à rien de dériver du chemin original … pour l’instant. Qu’importe le temps que cela prendrait, il accomplirait la mission qu’il s’était lancé … Celle de mettre à mal le pokémon des cieux.

Loin … Loin très loin dans le ciel … Dépassant les nuages, sur le sommet du mont Elyeus, deux yeux dorés venaient de s’ouvrir. Un murmure lointain, un écho distant et pourtant, les paroles du jeune garçon venaient d’arriver jusqu’à la créature. Oh … Un pokémon normal n’aurait surement pas entendu ces quelques mots mais pour une créature comme elle, il n’y avait aucune difficulté à cela. Un long corps serpenté de couleur vert, des cercles dorés dessinés sur lui, l’imposant monstre était de loin l’un parmi les plus grands de ce monde. Il se déplaça avec lenteur, sa gueule se penchant au bord de l’immense terrain qui ornait le sommet du mont Elyeus. Il était rare que réellement, un mont soit pointu au bout, celui-ci ne faisait pas exception puisque le monstre, pour s’y loger, n’avait pas hésité à réduire sa taille de quelques mètres. Ainsi, il pouvait alors avoir un terrain où se reposer.

Une créature aussi chétive et faible que ce petit humain … venait de le menacer ? Ce n’était pas la première fois, ni la dernière fois qu’il entendait une telle chose, il ne pouvait s’empêcher de jeter un regard vers la personne qui avait proféré de telles paroles. Un humain qui n’était guère encore un adulte … ni même un adolescent … Ce n’était qu’un enfant et il avait l’idée de venir le tuer ? Cela serait presque drôle … mais il n’était guère du genre à rire ou à s’amuser.

Il n’accordait aucune importance à ces êtres inférieurs, que cela soit les humains ou les pokémons. Ce n’était pas de la vantardise ou de la vanité, nullement … Mais il était lassé de ces créatures. Elles étaient ennuyeuses, toujours à vouloir monter et grimper au sommet de ce mont. Bien entendu, personne n’avait réussi en plusieurs décennies, siècles, millénaires. La technologie progressait comme ce monde et bien que les humains et pokémons montent de plus en plus haut, nul ne pouvait l’atteindre. Il n’avait rien à faire, la montagne elle-même se chargeait de les ramener sur la terre ferme.

Alors … Un petit humain ? Sans pokémon ? Avec seulement ses mains et ses pieds comme outils ? Etait-ce une blague de sa part ? Malgré la hauteur, malgré la distance, malgré les nuages, il était capable de le voir … de le regarder … Ses yeux jaune et noirs se posaient sur Raikoso. Comme si tout le jeune corps avait senti sa vision sur lui, l’enfant s’était mis à trembler. Ou alors … Peut-être était-ce le froid ? Non … Le jeune garçon avait levé la tête en direction du sommet sur lequel il logeait.

Oh… Cette lueur de défi dans le regard, dommage qu’il ne soit pas le premier à l’avoir … jusqu’au moment où elle s’éteindrait en même temps que la vie de la personne qui la possédait. Il n’y avait aucun intérêt à le regarder mais pourtant, il continua de le regarder pendant plusieurs minutes bien que pour le distraire, il y avait tant d’autres façons. Ou non … Il ne s’amusait guère et il s’ennuyait … mais après avoir vécu tellement d’années, plusieurs millions, n’était-ce pas normal ? Plus rien ne l’excitait, que cela soit les guerres qui ravagent les pays, les peuples qui se développent, la naissance d’un enfant royal ou alors la mort d’une personnalité toute aussi importante.

C’était ainsi … son existence … Et rien ne semblait raviver la flamme qui l’avait animé lors de sa création, lors de son rôle que lui avait donné Arceus. Un rôle devenu inutile et obsolète puisque Kyogre et Groudon ne se combattaient plus, eux aussi étant en paix. Il pourrait bien perdre son temps à vaguer à diverses occupations mais en tant que pokémon des cieux, en avait-il réellement la possibilité ? Il ne s’était pas posé la question, il n’était pas un être qui aimait la réflexion poussée à son paroxysme, consistant en des : « Pourquoi doit-on vivre ? La mort est-elle une fin en soi ? » Il n’était pas ainsi.

Le jeune garçon tentait maintenant de sortir des sentiers tracés dans la terre. Oh ? Que comptait-il faire ? Essayer réellement de grimper au sommet ? Nul n’y arrivait … Et ce n’était pas lui qui allait réussir. Ce mont qui atteignait les cieux … endroit où il régnait en maître. D’ailleurs, il était temps de faire pleuvoir. Tout son corps se souleva avant de léviter au-dessus du sol malgré son absence d’ailes.

Il tournoya sur lui-même, les nuages blanc se trouvant au-dessous du mont commençant à se réunir et à prendre une teinte grisée. Peu à peu, les éclairs grondèrent avant qu’une violente pluie ne tombe sur la montagne Elyeus. Il était celui qui décidait du climat, qu’on le désire ou non … Il voulait de la pluie ? Alors la pluie tomberait. Un soleil resplendissant ? Alors le soleil rayonnerait. Une neige glaciale ? Alors la neige s’abattrait.

Comment est-ce que le jeune garçon avait réagi à ce temps qui s’était modifié sans prévenir ? Ayant fini de danser, il s’était repositionné au bord du sommet, la tête penchée en direction du vide. Le jeune garçon ne cherchait guère à se couvrir de la pluie, faisant simplement attention simplement à ce que les coulées de boue ne s’abattent pas sur lui. Oh … Tiens donc … Voilà donc une forte tête ? Mais qu’importe, ce n’était pas cela qui allait l’amuser.

Pourtant, il était là, toujours les yeux dorés qui fixaient le jeune garçon. Celui-ci tentait tant bien que mal de combattre les éléments sans y arriver. En plus, la nuit était tombée le plus naturellement possible et nombreuses étaient les chutes dans la boue et la terre. Que ce gamin abandonne le combat, il était sûr de perdre. Surtout sans avoir aucun pokémon.

Les idiots et les insouciants ne méritent guère d’exister … autant que ceux qui se pavanent, qui sont trop sûrs d’eux et de diverses autres catégories de personnes ou pokémons. Car oui, les pokémons n’étaient guère mieux que les humains. Bien qu’ils vivent dans cette montagne, il interdisait aussi aux créatures de grimper à son sommet. Nul ne pouvait l’atteindre, nul ne le devait. Il était intouchable, infranchissable et nul ne l’avait aperçu.

C’était pourquoi il est seul et isolé du monde … ou alors seule et isolée … Car il devait l’être. Plongé dans ses pensées, il avait complètement oublié que son visage était penché, toujours là à regarder l’avancée du jeune garçon. La pluie continuait de s’abattre, encore plus violemment qu’auparavant. Il n’était guère du genre à vouloir tuer les pokémons et les humains. Ils laissaient ces derniers mourir par leurs propres bêtises. Néanmoins, avoir provoqué la pluie en réponse à ce regard fier pour un enfant de huit ans n’était pas dans ses habitudes. Alors … Autant arrêter les frais maintenant.
Il se redressa une nouvelle fois, tournoyant dans les airs tandis que les nuages se dispersaient et s’éloignaient de la montagne. Qu’ils aillent donc voir ailleurs il y était … Maintenant, le ciel constellé par les étoiles était parfaitement visible tandis qu’il regardait la réaction du jeune garçon. Allait-il rebrousser chemin ? Nullement … Il le voyait continuer sans même daigner prendre le temps de se reposer ne serait-ce qu’un instant. Avec neutralité, il dit :

« Arrive donc à moi, je t’attendrai. »

Pour lui, ses paroles avaient un sens mais pour le jeune garçon, il n’entendrait alors qu’un simple cri, un cri puissant et proche du divin. Un cri capable de faire trembler le plus courageux des hommes et des pokémons. Alors, ce n’était pas un simple enfant qui allait réussir ce que nul n’avait abouti depuis des décennies. Personne … ne pouvait y arriver. Mais le cri n’arriverait jamais jusqu’à lui.

Des crampes … Voilà ce qu’il avait à l’estomac depuis plusieurs journées … En fait, depuis plusieurs semaines même. Heureusement pour lui, grâce à ses parents, il arrivait à savoir quelles herbes étaient consommables ou non. Mais ce n’était pas cela qui nourrissait l’enfant qu’il était et il avait besoin de plus de choses mais comment faire ? Mentalement, dans sa tête, il se disait que ça ne le concernait pas alors que c’était pourtant le cas.


La crasse sur ses habits, son corps, ses cheveux, il n’y accordait aucune importance. A quoi bon se laver ? Il avait une bonne constitution et grâce à la chance, il arrivait à ne pas être malade sinon, c’en était fini de lui. Par contre, malheureusement, le fait d’avoir dérivé du chemin initial, d’avoir pris une autre route, cela l’avait fait perdre dans son trajet. Et depuis plus d’un mois, il vagabondait dans les plaines, sans savoir réellement où il se trouvait. Il savait simplement qu’il devait monter mais des fois, il n’avait pas le choix, il devait redescendre. Néanmoins, sa volonté restait la même : inflexible.
Il ne comptait pas abandonner ce qu’il avait commencé et il s’était juré d’atteindre le sommet pour mettre à mal la créature qui vivait à son sommet. C’était ridicule ? Ou non. Ce que les autres auraient pensé s’il avait parlé de ça, il n’y accordait aucune importance, seule la réussite de sa mission personnelle lui suffisait. Et pour ça, qu’importe la méthode qu’il utiliserait pour arriver à ses fins. AIE ! ZUT DE ZUT ! Il venait de s’égratigner la jambe une nouvelle fois à cause de la pointe d’une pierre cachée dans l’herbe. Un peu de sang s’écoula le long de sa cuisse. Bon, ce n’était pas grave. Il se lécha un doigt sali par la terre, venant laver le sang sur sa jambe. Son pantalon était dans un triste état, un peu comme sa tenue, il ressemblait à un enfant sauvage sauf qu’il n’était pas issu de la montagne, loin de là.

D’ailleurs, il avait tout fait pour éviter les pokémons et les humains. Il se déplaçait furtivement, esquivant les endroits où il remarquait des traces de pas. Il ne voulait rien à voir avec eux … Que ça soit de près ou de loin. Ses yeux émeraude n’accordaient de l’importance qu’envers une seule chose … La montagne … Cette montagne traîtresse qui avait emporté ses parents … Il ne pouvait pas lui pardonner … ni à elle … ni à celui responsable de cet acte.

Encore une journée s’écoula et il faisait à nouveau nuit. Il ne cherchait pas à trouver une grotte ou une pierre pour se cacher dessous, il n’était pas stupide au point de tomber dans un piège aussi grossier. Il faisait attention à trouver simplement un endroit à l’abri … non pas du vent … mais du reste. Généralement, il ne dormait pas adossé à un arbre, contre un rocher ou autre mais tout simplement sur les morceaux de plaine qu’il pouvait trouver.

Son corps tout simplement couché sur le dos dans l’herbe, celui-ci souffrait à cause du manque de confort … mais il ne se plaignait pas … Il avait la majeure partie du temps, une magnifique vue en direction des étoiles. Atteindre les cieux … et renvoyer de cette place le pokémon qui les dirigeait. C’est ce qu’il allait faire … Oui … Mais pour l’instant … Il savait qu’il était inutile d’espérer atteindre le sommet … simplement à la force de ses mains. Il n’était pas stupide, ces quelques semaines malgré sa faiblesse physique, lui avaient permis de mettre de l’ordre à ces idées.

Il avait besoin d’un équipement … Comme ses défunts parents allaient souvent à la montagne, il savait qu’il avait besoin d’une corde, de pitons et divers autres objets pour être sûr de pouvoir continuer sa montée de la montagne. C’est pour ça … qu’il allait chercher le chemin à suivre pour retourner au village. Là-bas, il retournerait chez ses parents … du moins, l’endroit où il vivait auparavant … Maintenant qu’il n’avait plus de maison.

Hum ? Tiens donc … Même si il ne le regardait que très rarement, deux à cinq minutes par jour, malgré le désintérêt qu’il lui portait, il était là, à l’observer brièvement pour voir ce qu’il faisait. Plus d’un mois et demi s’était écoulés depuis qu’il était sur le mont Elyeus et il pensait que cela avait suffi à tempérer la volonté du jeune garçon. Ça avait bien réussi mais en même temps … Ce n’était pas pour cela qu’il abandonnait.

C’était assez … surprenant en un sens. N’importe qui aurait déjà abandonné, du moins à cet âge plus que précoce. Il y avait donc une raison bien particulière, n’est-ce pas ? Pour que le jeune garçon veuille sa mort. Ce n’était pas cela qui lui l’intéressait … Mais bon … Il se posait une question dont pourtant la réponse lui semblait complètement égale. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que le jeune garçon le haïssait tant ? Pourquoi est-ce qu’une aussi frêle et chétive créature lui en voulait au point de le haïr ? Il ne le savait pas … Et pourtant, il pouvait donner mille explications, une seule serait la bonne.


La conception d’un troisième être par rapport à un seconde était la base de tout … Enfin … Dans les relations sexuées permettant aux espèces, que cela soit humaine ou pokémon, de procréer. Lui ? En tant que pokémon légendaire, il était né … de rien … ou plutôt d’Arceus lui-même, comme l’était tous les pokémons légendaires. Néanmoins, il n’avait ni père, ni mère, ni famille, ni ami, rien … Pourquoi crée un semblant de sociabilité dans ce monde ? Cela n’avait aucun intérêt à ses yeux.
Intérêt, intérêt, intérêt, il n’avait que ce mot à la bouche car c’était ainsi qu’il vivait ses jours, ses semaines, ses mois, ses années, ses décennies, ses siècles et ses millénaires. Sans un quelconque intérêt envers ce monde qui l’entourait. Pourquoi accorder de l’importance à une chose éphémère ? Pourquoi s’y attarder ? Cela n’avait … aucune utilité. Néanmoins … D’après ce qu’il voyait … Le jeune garçon avait décidé d’abandonner la bataille. Il faisait bien … Les combats perdus d’avance ne valaient pas la peine d’être faits. La réédition était pourtant une qualité rare chez les humains comme les pokémons. Accepter de reconnaître que l’on est plus faible qu’autrui … mais aussi protéger en même temps ceux qui les entouraient. Néanmoins … Comme il le pensait … C’était rare, beaucoup trop rare pour être signalé.

Alors le jeune garçon avait reconnu sa défaite ? Et rentrait bien sagement chez lui ? C’était ainsi que cela devait se terminer ? Pathétique … mais en même temps compréhensible. Il s’était attendu à ce que l’enfant cherche encore et toujours à vouloir grimper jusqu’au sommet de la montagne mais avec ses petites mains et ses petits pieds, qu’est-ce qu’il pouvait faire ? Rien du tout … Il n’avait les capacités pour ça.

Et c’était pour cela qu’il était faible … Car ce n’était qu’un enfant … qu’un humain … et sans pokémon d’après ce qu’il avait pu voir. Alors, c’était inutile de n’espérer atteindre que les mille mètres sur plus de la dizaine de mille qui constituait le mont Elyeus … Ah … Dix milles mètres d’altitude, c’était ça qui composait la hauteur de l’endroit où il logeait.

Contrairement à ses habitudes, il regardait le jeune garçon qui descendait au fur et à mesure les mètres pour tenter de retrouver son chemin en direction du village. Il l’aurait aidé … si il avait été intéressé par son existence … or ce n’était pas le cas. Mais cela aurait pu être drôle si il avait été doté d’un sens de l’humour … Quelles seraient les réactions des autres humains en voyant la tenue que le jeune garçon arborait ? Hum … Cela aurait prêté à sourire … s’il en était capable … Si il en avait l’envie. Or … En avait-il envie ? La réponse était dans la question personnelle qu’il se posait. Il ne se souciait pas de cet humain … qui de toute façon, disparaît un jour ou un autre … comme chaque créature dotée d’une courte vie.

Il lui avait fallu quelques jours pour retrouver son chemin, suivant toujours la même route. Sa tête le faisait atrocement souffrir mais il ne se plaignait pas. Dormir de la sorte, attraper froid à cause de la pluie, de ses vêtements trempés, de la boue qui s’écoulait le long de son corps dans ses moments, il n’avait pas à parler. En fait, il ne parlait plus. Ça ne servait à rien d’ouvrir la bouche car il n’avait personne à qui parler et qu’il ne voulait parler à personne.

Il avait suivi le chemin de terre, retrouvant ainsi après plus d’un mois, le village qu’il avait quitté. Néanmoins, évitant le regard des villageois, il se dirigeait vers l’endroit où il avait habité. La petite maisonnette de bois étant éloignée du village car ses parents n’aimant guère être entouré par d’autres personnes et surtout dérangés, il la remarqua aussitôt … Elle était restée la même … bien qu’abandonnée. Et aussi cambriolée d’après la porte en bois qui avait été éclatée en deux en son milieu.

Quoi de bien surprenant ? Il aurait bien aimé réagir avec neutralité mais sur le coup, non, ça le mettait réellement en colère. Il pénétra avec vivacité dans la maisonnette, regardant à gauche et à droite, plus de chaises sauf certains morceaux de bois brisés. Plus de vaisselle, plus de lits, plus rien du tout ! RIEN DE RIEN ! CES VOLEURS DE VILLAGEOIS ! Ils avaient tout pris ! Sauf … Sauf … Sauf ce qu’ils considéraient ce qui n’était pas important. Ca … Ils avaient préféré les casser … comme le petit tableau qui représentaient ses parents lorsqu’ils s’étaient mariés. Celui-ci avait un trou béant à la place de leurs visages … Ah … Ah … Il devait se calmer … se calmer … MAIS COMMENT SE CALMER ?! Il donna des coups de pied un peu partout, gémissant de douleur alors qu’il brisait ce qu’il pouvait briser. Parce que ses parents étaient morts, ils pouvaient faire ça ?! NON ! PAS DU TOUT !

On ne bafoue pas les morts ! Et surtout, on ne vole pas leurs possessions ! Car oui, il ne retrouvait plus les objets ayant appartenus à ses parents ! C’était … C’était … juste horrible ! HORRIBLE ! Il savait où il pouvait retrouver les objets de ses parents … Ah … Ah … Il quitta la maisonnette avec fureur, bien décidé à ne plus y remettre les pieds. Ils allaient le payer ! Ils allaient tous le payer ! Ils ne se valaient pas les uns aux autres !

Marchant d’un pas vif et rapide en direction du village, plusieurs hommes, femmes et enfants tournaient son visage vers lui, se demandant qui était ce jeune garçon sale et crasseux. Nul n’avait reconnu l’enfant, qui plus d’un mois auparavant, n’avait pas versé de larmes lors de la cérémonie d’enterrement de ses parents. Il se dirigeait vers un bâtiment bien particulier : une brocante. Lorsqu’il pénétra à l’intérieur, l’enfant ne se gêna guère pour donner un coup de pied dans un Miaouss qui dormait paisiblement dans un coin avant de faire de même avec un Caninos. Aussitôt, ce fut un tintamarre indescriptible, le chien comme le chat commençant à se griffer et à se mordre, de nombreux objets tombant sur le sol. L’homme qui dirigeait la boutique, trop occupé avec un client, ne remarqua pas au départ le chahut qui se produisit juste à côté. Puis enfin, quand il commença à s’en mêler ainsi que le client, l’enfant s’était mis aussitôt à récupérer les affaires de ses parents. Le matériel du parfait petit escalateur ! Raikoso s’était mis à courir à toute allure lorsque l’homme cria, celui-ci ne pouvant néanmoins rien faire puisque trop occupé à calmer ses deux pokémons.

Et le voilà de retour sur le sentier de la montagne Elyeus … Mais maintenant avec un petit sac à dos contenant tout ce qui était important … pour l’aider à monter ! Car oui, le grondement de son ventre lui rappelait la triste vérité. Il n’avait pas récupéré à manger et à boire. Mais qu’importe ! Il avait récupéré l’équipement de ses parents et c’était le plus important ! La faim, la soif … Il pouvait s’en passer ! Il en était sûr et certain !

Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il était revenu ? Le jeune garçon était revenu ? Et avec un sac sur son dos ? Il n’avait pas abandonné ? Il voulait quand même tenter de grimper au sommet du mont Elyeus ? Ah …. Qu’il tentait donc … Il verrait à quel point cet endroit était cruel … Pourquoi nul n’y était jamais arrivé. Ce n’était qu’un enfant. Et il n’allait même pas prendre la peine de voir celui-ci échouer. Il avait mieux à faire … C’est-à-dire « rien ».

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