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Chapitre 1 : Sur le chemin
« Ric ? Est-ce que tu veux manger ? Boire ? Il semblerait que le voyage dure au moins une à deux bonnes journées. »
« Je ne veux rien, Séphyria. Je dois m’occuper de nous diriger vers la station spatiale pour être sûr que nous y arrivons. »
« Mange pour moi … s’il te plaît. »
Je ne veux rien manger. Je ne l’écoute pas alors que je vois son visage parcouru par la tristesse. Il n’y a pas qu’elle qui est triste, tout le monde l’est autour de moi. Mes paroles n’étaient guère plaisantes mais je le pense réellement.
Je suis rapidement seul dans la pièce des contrôles. Il faut dire qu’avec mon imposante taille, je ne peux pas vraiment laisser de place. Je ne crois pas qu’il y ait une chance que je sorte de cet endroit. Il est trop tard pour moi.
« Pour Ric, est-ce que vous pensez qu’il va redevenir dangereux ? » demande Céra, un peu inquiète alors que Dyamia fait un hochement négatif de la tête, reprenant :
« Je ne crois pas non. Il me semble sous contrôle. Les pouvoirs psychiques sont vraiment impressionnants. Mais il faut dire que Belzak ne peut plus nous échapper cette fois. J’espère juste que ça sera … vraiment fini. »
Elle n’est pas la seule à penser à ça. Il y a eu tellement d’endroits visités, de pertes, de destructions, de problèmes … surtout en ce qui concernait Ric. Voilà. Mais est-ce que tout cela allait se finir ? Pour eux aussi ?
« Au moins, Roubé est sur Terre. Elle pourra continuer à vivre heureuse. »
« Tu crois vraiment que c’est un aller sans retour ? » demande Séphyria alors que Dyamia hausse les épaules sans rien dire. Tritani reste silencieuse quelques secondes, se levant finalement avant de dire :
« Je vais aller voir Ric … si ça ne vous dérange pas. J’aimerai lui parler maintenant qu’il est capable de nous adresser la parole. »
Personne ne semble être dérangé par cela alors que la femme aux cheveux violets se dirige avec rapidité vers la pièce où Ric se trouve. Elle le regarde pendant quelques instants, refermant la porte derrière elle avant de chercher un coin où s’asseoir.
« Qu’est-ce que tu viens faire ici ? Je n’ai pas envie de discuter, Tritani. »
« Dis … Ric … Est-ce que tu crois que l’on va mourir ? »
Cette question. Elle est directe et franche. Je pose mon unique œil rubis vers elle pour voir si elle est sérieuse. Je la vois qui tremble légèrement. Elle ne ressemble à aucune dragonne. Vraiment … Elle ne donne pas l’impression d’en être une. Mais qu’importe, je me dois de lui répondre, non ? Je murmure dans sa tête, seule elle pouvant m’entendre :
« Il y a de fortes chances. Je ne sais pas piloter cette fusée. Mes pouvoirs psychiques en sont capables mais ce n’est pas ce cela qui est important, loin de là. »
« Ca ne te fait pas peur ? » demande Tritani encore une fois.
« J’ai perdu ce sentiment maintenant depuis longtemps. Pourquoi ? »
« J’ai peur … de mourir. Je sais … que je suis une dragonne et que je ne devrai pas m’inquiéter mais je ne peux pas. J’ai peur de mourir et de disparaître, Ric. Je ne veux pas mourir maintenant. Même si c’est pour ta cause, je veux continuer à vivre et toi aussi. Tu veux continuer à vivre, dis ? »
« Je suis déjà mort pour moi. Je ne fais que bouger ma carcasse. »
« Je ne veux pas que tu meures. Je veux … des enfants, je veux aussi une famille. Tu crois que je peux en avoir une ? »
« Je n’ai jamais cherché à savoir si les pokémons humanisés peuvent se reproduire. »
« J’aimerai essayer … quand on reviendra. »
Elle veut me convaincre que nous allons nous en sortir mais non … pour moi, je sais que c’est la fin, qu’importe ce qu’elle pense. Qu’importe ce qu’elle veut croire. Je le sais parfaitement. Je ferme mon unique œil. Il vaut mieux que je ne pense plus à tout ça.
Mais j’entends quelques sanglots. Est-ce que je dois les ignorer ? Tritani est en train de pleurer. Qu’on le veuille ou non, elle a toujours été la plus sensible et la plus délicate. Chose assez étrange pour une pokémon dragon. Elle peut continuer à pleurer, il se montrera insensible pour ça. C’est le mieux à faire … normalement pour lui. C’est ce qu’il croit. Pourtant, ses tentacules vont caresser le sommet du crâne de Tritani alors qu’il dit par la pensée à la jeune femme aux cheveux violets :
« Tu survivras … et tu auras des enfants. »
« Tu le penses vraiment ? » me demande-t-elle avec lenteur.
« Je le pense. Maintenant, reposes-toi, il y a encore un long chemin à faire. »
Je ne lui ai jamais dit que ça serait avec moi. Je ne pense pas qu’elle ait saisi cette subtilité mais je sens ses lèvres qui s’approchent pour venir m’embrasser l’œil. Cet œil difforme qui remplace mon visage, est tout simplement horrible.
Mais Tritani a un sourire aux lèvres. Je dois m’en vouloir non ? Non, je dois laisser toute émotion en-dehors de tout ça. Je ne dois plus penser à cette chose. Plus du tout même. Je dois mettre mes sentiments de côté. Je ne dois plus penser à cela. Loin de là.
« Nous sommes bientôt arrivés … ce n’est plus qu’une question de temps. »
Pourtant, ces paroles me rappellent à quel point tout cela n’est qu’un éternel recommencement. Belzak qui s’échappe, moi qui souffre, je dois aussi venger mes parents. Je dois aussi venger mon propre corps. Je dois … terminer tout ça. De quoi est-ce que je dois avoir l’air ? Je ne me suis même pas regardé dans un miroir depuis le temps.