Chapitre 10 : Barrière infranchissable

ShiroiRyu
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Chapitre 10 : Barrière infranchissable

Maintenant, le temps s’était écoulé, de nombreuses semaines et il avait eu ses seize ans. La princesse aussi d’ailleurs. Elle était en âge de se fiancer mais pourtant, rien n’était déclaré entre elle et Holikan. C’était bizarre, franchement bizarre. Mais en même temps, il n’avait pas à se préoccuper de ce genre de choses chez la princesse. La raison principale ? Car ça ne le concernait pas. La princesse pouvait faire son existence comme elle le désirait.
Ensuite, il avait finalement terminé de faire son deuil envers Cassina. Il se sentait un peu mieux et il mettait de plus en plus d’ardeur à la tâche. Et son armure devenait lourde, un peu trop lourde pour lui. Ou alors, était-ce une autre forme de poids qui était sur son corps ? Il ne le savait pas du tout mais c’était … embêtant, très embêtant même.

« Si je ne sais même pas ce que j’ai comme maladie, comment est-ce que je peux compter me soigner ? » se dit-il à lui-même, soupirant longuement.

Il n’osait plus se regarder dans un miroir. Il ne savait pas … Il avait l’impression que la princesse … Il se faisait peut-être des idées mais en même temps, si elle savait que … Non. C’était tout simplement impossible de la part de Terria. Après, il y avait tellement de détails, tellement de choses qui allaient dans ce sens.

« Mais à quoi est-ce que je pense ? Ce genre de choses n’existe pas ! Arrête de te bercer d’illusions mon gaillard, tu es complètement risible et stupide ! »

Quel idiot mais quel idiot ! Il se cogna la tête contre un pilier plusieurs fois de suite. Heureusement pour lui qu’il avait son casque doré sur le crâne sinon, il était bon pour une sacrée migraine. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il était autant perturbé par ce qui s’était passé pendant la fête ? Pourquoi … Pourquoi est-ce qu’il se sentait aussi mal d’avoir déçu terriblement Terria ? Ce n’était pas à cause de son devoir qu’elle lui en voulait, c’était quelque chose de bien plus personnel.

Cette chose personnelle … Il voulait croire que c’était ça mais il ne pouvait pas le savoir. Il n’avait aucune preuve. Et même si c’était le cas ? Qu’est-ce que ça changerait ? Il n’allait rien pouvoir y faire. Il ne fallait pas se battre contre une chimère. C’était tout simplement risible. Risible … et pathétique de sa part.
« Je ne me savais pas aussi lâche que ça. Après, est-ce que c’est réel ? Est-ce la réalité ? Ce que je pense d’elle ? » souffla-t-il à lui-même.

S’il n’était pas certain de tout ça ? Et s’il se trompait ? En un sens, il ne s’était jamais réellement senti proche d’elle. La seule personne extérieure à sa famille avec qui il s’était véritablement lié, c’était Olistar mais ce dernier n’était plus là, depuis longtemps même. Il hocha la tête négativement, posant son regard sur quelques soldats qui l’observaient en silence. C’est vrai qu’il devait être bien pitoyable sur le coup.

« J’arrête mon entraînement pour aujourd’hui, je ne me sens pas en forme. » déclara le Coconfort avant de s’éloigner du terrain d’entraînement. Il se sentait mal et cela sans réelle explication. Dans sa chambre, il retira son épaisse armure dorée avant de s’écrouler sur son lit, fermant les yeux, plongeant dans son sommeil. S’il se sentait proche de la princesse, c’était bien à cause de son devoir, n’est-ce pas ? Et rien d’autre … n’est-ce pas ?

Il trouva difficilement le sommeil, s’imaginant qu’Olistar était encore là à le surveiller. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’Olistar n’était plus là ? Comme l’adolescent ou plutôt le jeune homme maintenant était son confident, il aurait été bien plus simple pour lui de trouver une réponse à ses questions mais non … Rien du tout.

Couché dans son lit, il ne remarqua pas que l’être camouflé par sa cape était présent, assis sur le lit inoccupé en face de lui depuis maintenant plus d’un. Il fallait dire qu’Earnos avait toujours laissé la fenêtre ouverte, comme si cela ne le dérangeait pas le moins du monde. Ou alors … Qu’il attendait son retour.

L’être encapuchonné se leva comme si de rien n’était, chuchotant quelque chose dans l’oreille du Coconfort qui poussa un grognement dans son sommeil. D’ailleurs, Earnos murmura à son tour, comme pour répondre à son interlocuteur dans son rêve :

« Je suis perdu, tout simplement perdu. Je ne sais pas quoi faire … ou dire … »

L’être lui parla une seconde fois avant de quitter la chambre par la fenêtre avec agilité et une certaine grâce indéniable. L’adolescent termina son sommeil, semblant un peu soulagé dans celui-ci comme s’il avait été réconforté au sujet de quelque chose. Le lendemain matin, il se sentait bien mieux, prêt à soulever des montagnes.

« Ben tiens, y a eu quoi durant la nuit ? » demanda l’un des soldats alors qu’Earnos avait quitté son armure, s’entraînant avec ses deux lances.

« Je ne sais pas … mais j’ai l’impression qu’il était temps que je m’entraîne un peu sans mon armure. Subitement, je me sens beaucoup plus léger. »

« Hahaha ! Tu veux t’entraîner un peu avec moi ? D’habitude, tu as ton armure et tu n’as pas peur des coups mais cette fois, ça sera bien différent. » dit le soldat qui avait tout d’un Yanma.

« Pourquoi pas ? Ca ne peut être qu’une bonne chose … Et c’est mieux que rien du tout. » déclara Earnos en haussant les épaules, un petit sourire aux lèvres.

Peut-être que le poids sur son cœur s’était aussi allégé contrairement à ce qu’il pensait. Il avait passé une très bonne nuit, comme si quelqu’un avait veillé sur lui. Peut-être son ange gardien ? Hahaha ! C’était la première fois depuis très longtemps qu’il se sentait aussi bien. Il était même prêt à aller voir la princesse Terria et à parler entre eux pour régler la situation entre eux deux.
D’ailleurs, contrairement à ce que le Yanma avait pensé, il n’eut aucun mal à le repousser et à esquiver ses coups, allant même jusqu’à loger la pointe de l’une de ses lances au niveau de son cou. Oh, il s’était quand même pris quelques attaques mais bizarrement, son corps avait plutôt très bien réceptionné les dégâts.

« T’es vraiment autant redoutable en attaque qu’en défense. Dommage que tu ne puisses pas cumuler les deux en même temps. »

« Je préfère être très endurant que faire très mal. Une question de principe, je n’aime pas faire souffrir les autres. C’est … aussi simple que ça. » souffla l’adolescent aux cheveux blonds, aidant le Yanma à se relever.

« C’est une bonne chose. Quand même, il faudrait plus de soldats comme ça. Beaucoup n’hésitent pas à prendre des risques inconsidérés, quitte à ne pas faire attention à leurs propres corps alors que ce n’est pas la meilleure des idées. »

« J’ai toujours voulu protéger … plutôt qu’attaquer. C’est mon rôle depuis le début. » murmura Earnos alors que le Yanma signalait qu’il comprenait avant de s’éloigner de son côté. Peut-être qu’il était temps de faire la paix avec la princesse ?

Non. Malgré qu’il fût heureux de tout ça, de la situation, il ne savait pas comment faire exactement. Il valait mieux l’esquiver et s’enfuir plutôt que de chercher la confrontation. Oui, c’était une bonne idée, une très bonne idée même. Il allait la mettre en pratique.

« Earnos ? Tu n’as rien à me dire ? »

« AH ! » fit-il sur un ton plus que surpris alors que la princesse se trouvait en face de lui. Après plus d’un mois où ils s’étaient évités, elle se tenait en face de lui. Oh, elle ne portait pas le magnifique apparat de la dernière fois mais qu’est-ce qu’elle restait belle.

« Earnos, ça ne me plaît pas du tout. Vraiment pas … Sincèrement, je pensais tenir le coup mais se disputer à cause de tout ça, je voulais vraiment … »

« Pardonnez-moi, princesse Terria, je dois réellement m’en aller. Cette fois-ci, il n’est pas question d’entraînement ou autre, il faut que j’aille voir quelque chose en salle de soins, je me suis senti un peu mal hier et donc, je pense que j’ai besoin de repos. »

« Oh. Je vois, Earnos. Repose-toi bien mais sinon, je voulais juste te dire que … »

« Désolé, je n’ai vraiment pas le temps de discuter pour le moment. Pardonnez-moi. » coupa l’adolescent avant de se mettre à courir à toute allure, tenant ses deux lances dans les mains.

« Mais attends quelques secondes, Earnos. »

Elle tendait sa main vers lui mais le Coconfort était parti comme une flèche, la laissant seule et désemparée. Elle abaissa sa main avec lenteur, bredouillant :

« Je voulais juste que l’on fasse la paix … toi et moi. Je ne supporte pas que l’on soit en froid … Pas comme la dernière fois, pas comme au début. »

Au début … Il y avait maintenant huit ans de cela. De l’eau avait coulé sous les ponts et ils avaient grandi. Ils avaient aussi mûri. Des évènements malheureux avaient parcouru leurs vies, c’était pourquoi il devait se réunir et se serrer les coudes. Pourquoi … Pourquoi est-ce qu’il avait préféré faire ça à la place de l’écouter ?

Un lâche, c’était tout ce qu’il était. Purement et simplement un lâche. La princesse Terria, il savait pertinemment pourquoi elle était venue mais il avait préféré s’enfuir. Il avait honte … honte de tout ça et il n’oserait jamais rien faire pour arranger la situation.

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