Chapitre 10 : Le monde autour de lui

ShiroiRyu
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Chapitre 10 : Le monde autour de lui

« Douély … » murmura le jeune garçon alors qu’il était assis sur un banc. Devant lui se trouvait les soldats en train de s’entraîner. Il ne se reposait pas, il réfléchissait … Il réfléchissait à ce qui se passait. Depuis déjà plus d’un mois, il avait ce petit instant quotidien où il était immobile et stoïque, plongé dans ses pensées. Un mois … et aucune nouvelle de la Munja. Dire qu’il était inquiet serait mentir … Il était presque affolé bien qu’il ne le montrait pas. Pourquoi ? Pourquoi ? Tout simplement parce que le roi avait demandé à ce que l’on interroge tous les Munjas, que cela soit par la force si nécessaire.

La force … Pour quelle raison ? Est-ce qu’il y avait vraiment besoin d’utiliser une telle chose ? Il se le demandait … Il se posait sincèrement la question. Depuis plus d’un mois, il n’avait pas eu le temps de parler à la princesse. Pour un chevalier, il était bien pitoyable … et il négligeait ses relations sociales. Il repoussait Herakié, même si c’était gentiment … et il n’avait vu sa famille que deux fois en un mois … Douély … C’était aussi sa famille. La jeune femme était sa famille ! C’était normal qu’il se montre aussi inquiet non ? Ce n’était pas normal ? Est-ce qu’il avait fait une bêtise ? Ou quelque chose du genre ? Il avait besoin de savoir ! Il avait vraiment besoin de savoir ce qui s’était passé !

« Hey … Earnos, tu es prêt pour l’entraînement d’aujourd’hui ? » demanda Olistar, se tenant devant lui, le visage neutre. Le jeune garçon aux cheveux blonds releva son visage, le posant sur le Rapion avant de lui répondre calmement :

« Je ne sais pas si … Ça sera efficace … Pourquoi est-ce que tu ne vas pas t’entraîner avec Holikan ? Il est plus de ton niveau … Je ne te serai pas très utile. »

« Il n’attend que ça … et cela me fait sourire de l’exaspérer à ce point. Regarde donc le visage qu’il a … Il nous observe. » dit le Rapion en lui désignant du regard de voir vers la droite. Le Yanma se tenait à une dizaine de mètres, au milieu des combats, les bras croisés.

« Ah … Je ne pense vraiment pas que ça soit une bonne idée … »

« Si je te dis que si … C’est que ça l’est … Il faut que tu penses à autre chose au lieu de ressasser tous ses vieux souvenirs. Aller … Ne me force pas à venir te traîner. »

« N’utilise pas la force … Tu serais sûr de gagner. Je viens … mais je te préviens, je ne suis pas du tout motivé … » termina de dire le jeune garçon aux cheveux blonds avant de se lever, tenant sa foreuse dans les mains.
Il accompagna la Rapion, se plaçant face à lui alors qu’il entendit un petit grognement de la part du Yanma. Quoi ? Il ne faisait que s’entraîner avec lui, rien de plus … Ce n’était pas comme si … Ah … Non, contrairement au Yanma, il ne détestait pas particulièrement Olistar. Le combat commença, Earnos donnant la majorité de ses coups dans le vide, en recevant une bonne partie en plein sur son corps.

Le combat ne dura guère longtemps, une dizaine de minutes tout au plus … Et le visage d’Earnos était déjà parcouru par les bleus tandis que le Rapion semblait quasiment intact. Pourtant, l’Aspicot ne semblait pas plus fatigué que cela lorsqu’il annonça :

« Je crois que ça suffit comme entraînement. Si tu as besoin d’un sac de frappe … »

« Je t’appellerai bien que je ne te considère pas comme tel, je tiens à te le signaler. »

Oui oui … Il s’éloigna sans plus de paroles, un supérieur lui disant d’aller se reposer. Pourquoi est-ce qu’il acceptait à chaque fois de se faire mettre des baffes par ce Rapion ? Il était clairement au-dessus de lui … Et ça n’allait pas l’aider à s’améliorer hein ? Il quitta la zone d’entraînement, vagabondant dans le château avec sa foreuse à la main. Plusieurs fois, on lui signala d’aller se faire soigner ses petites blessures, plusieurs fois, il répondait par l’affirmative sans pour autant s’y rendre.
D’ailleurs … C’était lui ou depuis alors un mois, il y avait de plus en plus d’insectes qu’il ne connaissait pas ? D’ailleurs, ils étaient de plus en plus nombreux aux entraînements … Est-ce qu’il y avait eu un recrutement encore plus important ? Il n’était pas au courant … Mais après … Avec ce qui s’était passé, le roi avait perdu son sourire … La princesse elle aussi … semblait plus qu’inquiète et la seule chose qu’il avait entendue, c’était bien le fait que plusieurs personnes proches de la monarchie et des nobles avaient été trouvées, fomentant des coups d’état pour tenter d’abattre le roi et sa fille.

Et les exécutions n’avaient pas tardé … après bien sûr une petite séance de questions-réponses. Des exécutions … Au temps de la reine Seiry, il n’y en avait jamais eu. La princesse Terria avait annoncé qu’elle ne voulait pas que l’on fasse une telle chose mais comme elle n’était pas encore en âge d’être la future reine, seul le roi avait le pouvoir. Un pouvoir qu’il considérait comme nécessaire si il voulait protéger sa fille. Il avait annoncé maintes fois que c’était uniquement cette raison qui le poussait à agir ainsi. Lui ? De son côté ? Qu’est-ce qu’il pensait ? Pas grand-chose … Bizarrement, le choc de savoir la reine Seiry morte et la disparition de Douély … Il commençait à essayer de ne plus être affecté par ce genre de petits détails. Il ne pensait qu’à protéger la princesse à sa façon.

« Aie ! » s’écria t-il faiblement alors que quelqu’un venait de le percuter, le faisant tomber en arrière. Qu’est-ce qui … Il n’’avait même pas remarqué qui l’avait percuté.
Pourtant, lorsqu’il posa ses yeux sur la personne, il fut étonné de voir un enfant qui devait avoir à peine sept ou huit ans. Il avait d’étranges lunettes rouges sur les yeux. Des lunettes qui semblaient être fissurées de partout puisqu’il y avait plusieurs rayures noires dessus. Il arrivait vraiment à voir quelque chose avec elles ? Et toute cette fourrure violette sur lui … Il n’avait pas trop chaud ? Earnos se redressa, disant doucement :

« Pardon … Je ne t’ai pas fait trop mal. Je ne t’avais pas vu. »

« C’est de ma faute … J’étais trop pressé ! Je dois m’en aller ! Excusez-moi ! » répondit l’enfant avant de se redresser à son tour, courant en laissant sur place Earnos.

« Hein mais … Il n’était pas plus petit que la moyenne ? » demanda l’Aspicot, se disant que même pour un enfant de cet âge, bien qu’il ne le connaissait pas précisément, il lui semblait quand même bien … chétif au niveau de la taille.

Enfin … Ce n’était pas un … Non, il ne connaissait pas vraiment cette race. Il fallait dire qu’à la base, il n’avait pas réfléchit à cette éventualité … De voir d’autres insectes que ceux qu’il rencontrait habituellement pendant les séances d’entraînement. Il savait juste … qu’il en existait beaucoup plus qu’on ne le croyait.

D’ailleurs, il y avait aussi de plus en plus de Caratrocs. Il ne l’avait pas remarqué auparavant … Mais ces hommes et femmes dans des armures plus qu’imposantes … C’était les cuisiniers ! Les cuisiniers qui lui servaient habituellement à manger ! C’était encore plus étonnant de savoir qu’ils défendaient le château. Il avait appris qu’il était plus que difficile d’espérer les déloger de l’emplacement qu’ils prenaient.

« Pourquoi est-ce que tout le monde est excité aujourd’hui ? C’est quand même bizarre … vraiment trop bizarre même … Je devrais me méfier … hum … » se dit-il avant de retourner dans sa chambre, s’observant dans le petit miroir.

Son visage était dans un triste état … mais il savait que le Rapion ne faisait pas cela avec plaisir pour le faire souffrir, loin de là même. C’était simplement une façon comme une autre de s’entraîner … Oui … Olistar semblait même avoir des idées bien arrêtées sur ce qu’il faisait avec lui bien que l’Aspicot ne pouvait pas le comprendre. Ce qui se passait dans la tête du Rapion était souvent un mystère d’après ce qu’il avait saisi.

Mais bref … Ce n’était pas le moment de penser à une telle chose … Il s’approcha de la fenêtre de sa chambre, regardant le monde qui s’entraînait. D’ailleurs … A cette hauteur, il pouvait apercevoir les nouvelles races d’insectes qu’il n’avait jamais remarqués auparavant. Maintenant, quelques rares Yanmas étaient parmi les soldats … Et il n’y avait pas que ça … Diverses personnes qu’il n’avait jamais vues auparavant marchaient dans les couloirs. D’ailleurs, c’était lui ou alors il apercevait des Scarhinos qui soulevaient d’imposantes masses avant de se les envoyer les uns sur les autres ?

« Est-ce que le monde serait en train de devenir fou ? »

Il n’espérait pas … car il n’aurait pas la possibilité de l’arrêter. Il n’était qu’un simple enfant, rien d’autre … mais avec ce qui venait de se passer, il était facile de comprendre qu’il était inquiet, très inquiet même. Tout ceci n’annonçait rien de bon. Pourquoi est-ce que Douély était partie ? Si cela n’avait pas été le cas … Peut-être alors que ça ne se serait pas passé ?

« Earnos ? Earnos ? De nombreuses personnes m’ont signalé que tu ne t’étais pas rendu à l’infirmerie ! » dit une voix derrière la porte en toquant assez fortement.
Holikan ? Ah … Zut … Maintenant, il allait être forcé de s’y rendre. Il poussa un profond soupir, arrêtant de regarder par la fenêtre avant d’ouvrir la porte. Il avait entièrement raison. Devant lui se tenait le Yanma, le prenant par le bras avant de dire :

« Mais quand même … Pourquoi est-ce que tu acceptes une telle chose ? Tu sais pourtant réfléchir non, Earnos ? Alors, tu pourrais éviter de te faire martyriser par ce … cette … Ce … Rapion ! Je t’accompagne jusqu’à l’infirmerie pour être sûr que tu ne fasses pas faux bon. »

« Je ne crois pas que qu’il soit mauvais, Holikan … Pas du tout même … Et ce n’est pas si grave, cela changera avec le temps. Comment va … la princesse ? »

Il n’obtint aucune réponse de la part du Yanma. Avait-il reçu des ordres pour l’empêcher de parler de la princesse à lui ? C’était … surprenant et un peu triste. Il était quand même aussi un chevalier … Mais bon … Avec le monde qui changeait autour de lui, il ne pouvait pas vraiment penser à lui dans cette histoire. Bon … Direction l’infirmerie.

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