Chapitre 11 : Jamais sans surveillance

ShiroiRyu
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Seconde partie : Une société matriarcale

Chapitre 11 : Jamais sans surveillance

« Tu as entendu les nouveaux ordres du roi ? C’est un peu dingue quand même non ? »

« Bah … Il fait ça pour nous. Avec ce qui s’est passé depuis la mort de la reine Seiry, puis avec cette Munja … Enfin, j’ai entendu dire qu’il allait tout faire pour purger le royaume de l’intérieur. Tu savais que le commandant Loran était un traître ? Qu’il préparait un coup d’état avec d’autres personnes. Ca m’a étonné … Il était plus que respecté. »

Des soldats discutaient entre eux des derniers évènements du royaume. Depuis maintenant plus d’un trimestre, le roi était devenu comme obnubilé par la protection du royaume et de sa fille. Il était tout simplement impossible de ne pas se faire surveiller en permanence maintenant. Le jeune garçon aux cheveux blonds était assis sur son habituel banc, ayant remarqué depuis tout ce temps qu’il n’avait pas revu la princesse ou presque. Cette dernière n’avait vraiment pas de chance d’ailleurs à ce sujet … Oh que non … Il la plaignait et sincèrement … En même temps … Il se demandait où était Douély. Autant de temps et aucune nouvelle, elle lui manquait terriblement.

« J’espère qu’elle va bien … C’est tout ce que je veux … » se murmura-t-il à lui-même.

« Encore en train de te parler tout seul, Earnos ? Je t’ai pourtant déjà signalé que ce n’était pas une bonne chose. » annonça une voix sur sa droite, Earnos tournant son visage pour voir Olistar. Malgré tout ce qui se passait, le fait qu’il paraissait encore plus suspicieux, le Rapion semblait plutôt bien vivre les évènements actuels.

« Je pense que je suis encore capable de savoir ce qui est bon pour moi, Olistar. Ne me dit pas que tu veux que je te serve encore de sac de frappe ? Holikan n’appréciera pas du tout. »

« Oh laisse tomber ce qui se passe avec lui. Viens plutôt t’entraîner. Tu n’es pas encore assez renforcé … Et tu sais bien que les autres se moquent de toi. C’est une raison de plus pour les faire taire. Ne me force pas à te prendre la main. »

« Pfff … D’accord, d’accord … Je viens … Je prends ma foreuse et j’arrive. D’ailleurs … Pourquoi est-ce que tu ne t’entraînes pas avec les nouvelles recrues ? Elles sont bien meilleures que moi non ? Ça serait bien plus équitable. »

« Et si je te dis que je n’en ai pas envie ? Je préfère t’avoir comme adversaire. Non pas parce que tu ne me feras aucun mal mais parce que tu me donnes envie de te voir progresser et ça depuis le début. » dit Olistar avec calme et sérénité.

Depuis quand est-ce qu’Olistar était aussi amical envers lui ? Depuis qu’il était dans l’armée des insectes non ? C’était assez surprenant … Mais en même temps, il se méfiait au cas où. Bien qu’il ne soit pas paranoïaque comme Holikan, il restait quand même assez … sur ses gardes par rapport au Rapion. C’était des années de méfiance et surtout des siècles et des millénaires d’histoire entre les Rapions, les Drascores et le royaume des insectes.

« Bon ? Est-ce que tu viens ? Ou alors, je dois te traîner ? » reprit Olistar alors qu’il n’avait pas répondu après ses courtes phrases.

« Oui … Oui … C’est bon. J’arrive, j’arrive. Je vais prendre ma foreuse. » répéta le jeune garçon aux cheveux blonds avant de se lever de son banc.

Quelques minutes plus tard, il était face à Olistar, comme à son habitude. Le Rapion lui souriait, s’élançant vers lui sans même prendre la peine de se défendre. Il avait peu à peu compris à quoi jouait le Rapion avec lui. Il ne le remarquait que peu mais son propre corps devenait plus … résistant. Ainsi, il n’avait pas à avoir peur de se prendre des coups puisque son corps supportait la douleur mais en même temps …

« Je ne suis pas un sac de frappe ! » s’écria t-il subitement, courant en avant alors qu’Olistar tenta de donner un coup de pied.
L’adolescent aux cheveux violets tomba en arrière, Earnos sur lui. Le jeune garçon tenait sa foreuse dans ses mains, la soulevant dans les airs comme pour être prêt à l’abattre sur Olistar. Ce n’était qu’un entraînement donc il n’allait pas tuer Olistar mais il fallait quand même que le Rapion admette sa défaite sur ce coup.

« Très bien très bien ! ENFIN tu réagis comme il le faut, Earnos ! Tu sais bien que ce n’est pas en restant simplement inactif que tu pourras protéger la princesse de la sorte. Néanmoins, tu devrais faire plus attention à toi … Car tu es sans protection … »

Sans protection et où ça ? Il abaissa rapidement la foreuse au niveau du cou du Rapion, celui-ci le frappant violemment au ventre. Earnos fut pris de convulsions, toussant violemment avant de s’écrouler sur le côté. Le Rapion reprit :

« Bon … C’était vraiment bien … Mais j’ai l’impression que tu te rapproches de plus en plus du Coconfort … Ah … Ce terme utilisé … L’évolution …Des fois, cela change complètement notre corps. Oui … A tout jamais … »

Olistar poussa un profond soupir, comme si quelque chose le dérangeait plus que tout dans cette histoire. Il se releva, regardant si Earnos allait bien avant de lui dire :

« Demain, on refait la même, Earnos. Je t’attendrai alors ne t’avise pas de me faire faux bond. Je n’aimerai pas à avoir à te tirer de ta chambre. »

« … … J’ai compris … Je serai là demain. Mais quand est-ce que tu combattras sérieusement ? Car le coup … que tu m’as donné était différent des autres. » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds, restant couché au sol.

« Quand j’estime qu’il sera l’heure voilà tout. »

« … … … Je vois, pardon de t’avoir posé la question. Je vais aller retourner m’asseoir sur le banc maintenant que c’est terminé. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, Earnos se redressa pour se diriger vers son banc. C’était bizarre … d’être aussi démotivé … Il ne savait pas pourquoi il l’était … Pas le moins du monde … Pffff … Douély … Douély … Terria, la princesse Terria aussi. Ça ne devait pas être très joli de son côté. Hum … Il aimerait bien savoir comment elle allait. Il avait fait une promesse à la reine Seiry, il comptait la respecter mais comment faire en étant éloigné de la princesse ?

Il n’eut guère à attendre trop longtemps pour le savoir. Alors qu’il se dirigeait vers les quartiers où il demeurait pour dormir le soir, tandis qu’il marchait dans un couloir du palais, il put la voir. Mais comme il s’en était douté, elle n’était plus seule. Les deux Apitrinis à ses côtés n’avaient rien de bien surprenant … C’était plutôt les quatre soldats lourdement protégés autour des trois enfants le « problème ».

« Princesse Terria. » dit-il tout simplement alors qu’ils arrivaient à sa hauteur, la jeune fille aux cheveux blonds se tournant vers lui, un petit sourire triste aux lèvres.

« Earnos. » dit-elle avec neutralité alors que l’un des gardes se plaçait entre le trio d’enfants et Earnos. Il prit la parole à son tour :

« Princesse Terria, veuillez continuer à avancer et à vous rendre dans votre chambre s’il vous plaît. Nous ne pouvons pas vous laisser parler à un étranger. »

« Earnos est l’un de mes chevaliers personnels. Ce fut la dernière volonté de ma mère, la reine Seiry. Je pense quand même qu’il fait une exception non ? » demanda t-elle calmement.

« Les ordres de votre père sont formels. Seul Holikan peut vous adresser la parole parmi l’armée du royaume des insectes. Si vous voulez bien avancer … » reprit le soldat tandis qu’elle poussait un profond soupir.

« J’ai été contente de te voir, Earnos. Merci encore. Je dois m’en aller. »

Il ne fit qu’hocher la tête en réponse aux paroles de la princesse Terria. Il laissa passer la petite troupe avant de soupirer à son tour quand il n’y eut plus personne. Ce n’était pas vraiment une vie pour elle. A force, il allait finir par comprendre la réaction de la jeune fille … Celle qui consistait à s’enfuir dès qu’elle le pouvait.
Dans sa chambre, il se coucha, fermant les yeux longuement comme pour réfléchir à la situation. Il avait de la peine pour la princesse Terria mais il ne pouvait rien faire. Il n’était pas dans les bons papiers du roi … surtout après l’échec avec Douély. Qu’est-ce qu’il pouvait faire d’autre hein ? Il n’était pas faiseur de miracles.

« Mais … Si elle refait une fugue … Qu’est-ce que je vais faire ? »

Il parlait à voix haute puisqu’il était le seul … dans sa chambre. Mais il devait y réfléchir. Oh … Son cœur lui dictait déjà sa réponse mais son cerveau signalait le contraire. Il ne devait pas commettre de bêtises. Plus facile à dire qu’à faire … Mais … Bon …

« La princesse Terria est ma princesse. Je dois la servir … Et je dois aussi servir mon roi … Mais aussi mon royaume … Mais qui dois-je servir au-dessus des autres ? Les ordres du roi ? De la future Apireine ? Du peuple ? De tous ? Je n’ai que dix ans … bientôt onze … »

Et il se posait beaucoup trop de questions comparé à un enfant de son âge. Il aurait aimé … continuer son travail de foreur. Ça lui manquait déjà. Couché sur le lit, il chercha le sommeil pour quelques heures. Peut-il devait-il voir sur le moment ? Même si … La promesse faite à la reine était plus importante que les paroles du roi. Cela … Il en était sûr et certain. Mais pour l’heure … Il laisserait … les évènements se dérouler tranquillement.

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