Chapitre 11 : Une haine raciale

ShiroiRyu
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Seconde partie : Comprendre les autres

Chapitre 11 : Une haine raciale

« Earnos ? Est-ce que tu as révisé tes cours pour aujourd’hui ? »

« Pourquoi esr-ce que tu me poses la question, Olistar ? Je n’ai pas à t’adresser la parole. »

Voilà, ce fut dit aussi simplement que ça. Le garçon aux cheveux blonds avait pris la parole, lui répondant de façon assez sèche tandis qu’Olistar restait de marbre, assis devant une table d’école juste à côté de celle d’Earnos. Il reprit calmement :

« Ce n’était qu’un simple renseignement. Rien de plus, rien de moins. »

« Je m’en contrefiches énormément. Je n’ai pas à te répondre que je saches, normalement hein ? Alors bon, je ne te répondrais pas, c’est aussi simple que ça. »

Finalement, le Rapion ne fit qu’hausser les épaules en réponse à Earnos. Pourquoi devrait-il chercher à se battre contre lui ? C’était parfaitement inutile, ce n’était pas dans son intention, loin de là. L’enfant se remit correctement au travail alors que le professeur arrivait.

Quelques heures plus tard, il était possible pour tous de pouvoir se reposer pendant une demie-heure, le temps de pouvoir discuter et manger entre eux. Earnos restait seul dans son coin bien que quelques insectes s’approchaient de lui pour le questionner au sujet du cours. Malgré les apparences et son histoire, il semblait plus qu’apte à comprendre et apprendre.

« Dis, Earnos, tu peux m’expliquer tout cela ? Et ceci aussi ? »

« Hein ? Euh, je veux bien mais je suis pas sûr d’y arriver hein ? »

« Mais je suis sûr que si ! Viens nous expliquer, ça sera plus simple ! Viens manger avec nous, c’est mieux ! Tu seras moins seul ! »

Il haussa un sourcil. Il n’avait pas décidé d’être seul, c’était juste une habitude. Et puis, même si cela faisait quelques mois, il était … toujours en territoire inconnu. Et cette personne encapuchonnée, il savait parfaitement de qui il s’agissait mais il faisait semblant de ne pas le comprendre et de ne pas le remarquer. Pourquoi chercher des ennuis ? Surtout en plein château. Il n’y avait bien qu’envers Olistar qu’il montrait une vraie animosité.

« Je me demande ce que je lui ait fait pour mériter cela. »

Encore qu’il connaissait la réponse. Elle n’était pas difficile à deviner : il était un Rapion, Earnos était un Aspicot. A partir de là, il ne se faisait aucune illusion sur le devenir de leur relation. Même s’il n’en connaissait pas l’origine, il était au courant de la haine viscérale des Aspicots envers les Rapions et inversement.

« Il faudra que je me renseigne à ce sujet. Je ne pense pas que cela soit mauvais. »

Mais pour l’heure, il devait plutôt envisager de retourner en cours s’il ne voulait pas avoir de problèmes avec le professeur. Ces nombreux retards n’étaient guère appréciés.

« Earnos ? Pouvons-nous parler tous les deux maintenant que les cours sont terminés ? J’ai à converser avec toi et j’aimerais que tu acceptes. »

« Tu peux continuer à aimer et à espérer. Je suis occupé, je dois retourner chez moi. »

Et voilà, aucune conversation, ni rien. Pourtant, même si l’enfant aux cheveux blonds le détestait, il ne faisait plus aucun geste belliqueux. L’animosité était là, présente, toujours très présente mais en même temps, il n’y avait que ça.
Aucune agression verbale, aucune agression physique, rien de tout cela. C’était surprenant, très surprenant, mais non pas forcément désobligeant, loin de là. Soit, puisqu’il en était ainsi, il valait mieux continuer à lui répondre, non ?

« Comme tu le désires, je voulais que l’on discute, toi et moi. »

« Et je ne le veux pas, comme ça, nous sommes encore en désaccord. C’est tout. »

« Soit. Maintenant que j’ai ta réponse, je reviendrais te questionner à ce sujet la prochaine fois que tu repasseras en cours. Au revoir, Earnos. »

L’enfant-Aspicot fit une mimique de dégoût avant de s’éloigner de la place, hochant la tête en direction de la personne recouverte par le tissu. D’ailleurs, si lui-même le savait, comment cela se faisait que personne d’autre ne le sache ? Bon, Olistar, il s’en doutait qu’il devait être au courant mais les autres élèves ? Ils donnaient l’impression de ne pas le savoir.

« Où est-ce qu’il part ? Ce n’est pas le chemin de la maison. »

Des fois, il lui arrivait de vouloir suivre Earnos et de voir où il se rendait. Mais cette fois-ci, c’était étrange, il ne partait pas vers le quartier de ses parents mais … Hein ? Ce n’était pas plutôt le quartier des Munjas ? Mais c’était dangereux.

« Il donne l’impression de connaître le chemin, ce n’est pas la première fois qu’il vient. »

C’était pour cela qu’il devait alors le suivre, par mesure de précaution. C’était la meilleure chose à accomplir, s’il y a un problème, il peut venir l’aider. Mais voilà, est-ce qu’il a vraiment des problèmes ou non ? Car il n’en a pas l’impression.

Une heure plus tard, il le voit sortir d’une maisonnée, le visage souriant et un peu rouge. Hum ? Ça n’a pas l’air dangereux, pas du tout. Peut-être qu’il s’est fait des illusions à ce sujet ? Ça ne serait pas étonnant en soi.

« Je ferais mieux de ne pas m’intéresser à ça. Cela concerne sa vie privée … même si être en contact avec un Munja est assez dangereux. »

Mais il n’est pas convaincu que l’enfant soit en danger. En fait, c’est plutôt le contraire. Est-ce que Earnos n’est pas plutôt en sécurité ? Les Munjas se désintéressent de lui ou presque. Mais hmmm … il doit plutôt faire attention à lui-même.

« Je vais rentrer, cela sera plus rassurant pour moi. »

Surtout que dans un endroit qu’il ne connaissait à peine, il ne savait guère comment les Munja pouvaient réagir en sa présence. Par mesure de précaution, il valait alors mieux ne rien faire et s’éloigner, oui.
Une demie-heure plus tard, il avait accéléré le pas sans se retourner. Non pas qu’il tremblait, non pas qu’il était inquiet, non pas qu’il répétait ces mêmes pensées pendant toute la durée du trajet mais … c’était une simple mesure de précaution, oui.
Mesure de précaution .Les Munjas. Il devait trouver un moyen de les étudier, ça serait mieux pour lui. Pour pouvoir réagir en conséquence. Il n’y avait que peu de chances que les parents d’Earnos ne sachent pas au sujet des Munjas mais pourquoi ?

« Je ne suis pas le mieux placé pour lui donner des conseils. »

Surtout que l’enfant ne l’écouterait pas donc bon … C’était particulièrement inutile. Couché sur son lit de la chambre qui lui était réservée dans le château, il étudia le plafond pendant de longues minutes, réfléchissant à ce qu’il allait devoir faire par rapport à Earnos.

« Humpf, la prochaine fois qu’il ira, je verrais avec qui il communique. »

Le mieux à faire. Mais voilà, Earnos n’y allait que rarement. S’il devait envisager de le suivre tous les jours, l’enfant-Aspicot allait se poser des questions. Alors ? Comment faire exactement ? Comment savoir quand il y allait ?

« Je ne vais pas lui poser la question. Cela serait particulièrement simplet de ma part. »

En même temps, pourquoi portait-il un intérêt particulier à Earnos ? Peut-être parce que pour un Aspicot, il avait montré de grandes qualités ? Peut-être à cause de sa relation avec la princesse ? Pour être sûr qu’elle soit en sécurité ensuite ?

Des raisons, il en avait beaucoup, vraiment beaucoup mais est-ce qu’elles étaient toutes convenables ? Satisfaisantes ? Non, c’était assez puéril de sa part, vraiment. Mais bon, peut-être avait-il le droit de se comporter comme un enfant des fois ?
Est-ce qu’il pouvait se décider de réagir de la sorte ? Il se redressa, venant se regarder devant le petit miroir posé sur une table. Oui, ses cheveux violets, son regard améthyste, sa tenue un peu négligée de Rapion.

« Je ne suis moi-même pas vraiment très présentable en un sens. Je n’ai aucune leçon à donner à Earnos de ce côté. Bon … Je jugerais d’après ses réactions, cela sera beaucoup plus simple pour trouver quand il ira voir ces Munjas. »

Mais pendant ce temps, il se renseignera Oui, il se renseignera sur les Munjas pour savoir ce qu’ils sont exactement mais surtout ceux qui se trouvent dans le royaume des insectes. Car oui, il existait quelques tribus hors du royaume des insectes.
Mais autant dire que celles-ci étaient introuvables ou presque. Les Munja s étaient des insectes mystérieux, aux pouvoirs des plus surprenants … et surtout des plus inquiétants. Même lui n’oserait pas s’aventurer près d’eux sans aucune précaution auparavant.

« Je verrais demain … oui. »

Il avait finit par trouver le sommeil après toutes ces réflexions. Le lendemain, il était retourné en cours, assis à côté de la princesse encapuchonnée. Celle-ci lui demanda :

« Tu as une petite mine, Olistar. Tu as pas réussi à bien dormir cette nuit ? »

« Disons que j’étais perdu dans mes pensées. Je réfléchissais par rappot … »

« A Earnos, hein ? Comme moi. Il est vraiment super … enfin, je trouve. »

Voilà que la princesse s’était mise à compliment le jeune garçon Aspicot. Alors qu’auparavant, elle n’aurait même pas chercher à en savoir plus à son sujet. Vraiment, les mois et les différents événements avaient réussi à changer sa perception de tout cela mais … il restait malheureusement le fait qu’Earnos ne lui pardonnait pas.

« Mais voilà, j’ose pas lui dire qui je suis car sinon, il me reparlera plus … et pas envie de ça, Olistar. Dis, tu sais pourquoi il ne veut pas ? »

« Pas le moins du monde. Attention, les cours vont bientôt commencer. »

Et voilà comment il arrivait à détourner le sujet. Aussitôt, la princesse se concentra sur le professeur qui arriva, celui-ci leur demandant de sortir leurs affaires. Terria poussa un profond soupir, regardant la place vide à côté d’elle. Olistar fit semblant de l’ignorer.

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