- Épilogue : Toujours plus - 7 juillet 2021
- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Chapitre 117 : Devant ses yeux
« Je vais te pourrir l’existence voire même la rayer de ce monde ! »
« Sélia, arrête donc tes sottises. Tu es maintenant une adulte, tu connais parfaitement comment ce monde est régit, n’est-ce-pas ? Est-ce que moi, je te dis quelque chose sur les actions de la Sainte Alliance ? »
« N’EN PARLE PAS ! CA NE TE CONCERNE PAS ! » hurla la jeune femme aux cheveux bleus, courant à toute allure vers Ranor. Et maintenant ? Les membres de l’Enceinte commençaient à former un périmètre autour de leur chef, celui-ci faisant un geste de la main avant de dire d’une voix calme et stoïque :
« Laissez-moi donc m’occuper de cela. C’est ma fille … Je ne peux pas lui en vouloir de me haïr à ce point. Je peux tout simplement l’arrêter et la calmer. »
Du moins, il pouvait essayer, chose bien plus difficile qu’on ne pouvait le croire. Car la jeune femme était comme enragée … vraiment très enragée même. Pourtant, de son côté, il n’avait aucun mal à la combattre sans lui faire mal. C’était bien la chose principale qu’il tentait de faire : de ne pas la blesser. Autant dire que c’était difficile.
« Sélia, ne veux-tu donc pas te calmer un peu ? Tu perds vers une mauvaise voie, une très mauvaise voie même si je peux te le dire. »
« NON ! TU NE ME DIRAS RIEN ! Est-ce clair ? JE NE VEUX PAS T’ENTENDRE ! Je n’ai rien à entendre de ta part ! »
« Arrête donc tes bêtises. Ça ne sert à rien de t’emporter. Ça ne fera pas apaiser ta colère. »
La jeune femme était pourtant en train de fulminer, donnant des coups de plus en plus enragés alors qu’elle ne regardait même pas où elle frappait. Tout ce qui l’importait, c’était de tuer son père. Elle ne semblait même pas hésité une seconde ! Si elle le pouvait, elle le ferait … Elle n’hésiterait pas un seul instant à … tuer son propre père.
« Sélia, le passé est le passé. Tu ne peux pas revenir en arrière. Ne me force pas à me répéter. Je ne veux pas que tu sois blessée. Malgré les années, tu restes ma fille. »
« Chef … Vous êtes vraiment sûr que l’on peut vous laisser seul ? Pendant ce temps, on pourrait alors ramener les types possédés à la base la plus proche. »
« Faites donc … Je ne devrai pas avoir de problèmes à retenir ma fille. Malgré son expérience maintenant, elle n’est pas de taille à lutter contre son père. »
« AH OUI ? NOUS ALLONS VOIR CA TOUS LES DEUX ! »
Elle ne pouvait pas retenir sa rage. Elle allait la déverser sur cet homme ! Sur celui qui lui avait retiré son bonheur ! Qui lui avait retiré sa mère ! Elle allait tout faire pour se venger de ça ! Elle allait tout faire pour venger sa mère ! Cet homme … Cet homme devait disparaître de son monde ! Il n’avait plus sa place ici ! Il n’avait plus sa place parmi eux ! Il était parti de son cœur après le crime qu’il avait commis en tuant sa mère !
Des années, il fallait remonter à plus de dix ans pour se rappeler de ce drame. Encore jeune, l’Enceinte aux esclaves n’avait déjà pas une bonne réputation à l’époque. Néanmoins, son chef, Ranor, était quand même apprécié par ses pairs. Il fallait dire que ses idées étaient des plus intéressantes et permettaient alors de combattre les spectres et les créatures ténébreuses avec leurs propres pouvoirs.
« Même si cela n’est guère joyeux d’utiliser nos ennemis comme armes et donc de ne pas valoir mieux qu’eux, nous faisons ce qui est bon pour les humains et les pokémons. Retenez ceci : peut-être que l’on vous détestera, peut-être même que l’on vous haïra pour ce que vous faites et ce que vous devenez mais ce n’est qu’un maigre sacrifice pour permettre à nos futurs enfants de vivre dans un meilleur monde. »
C’était l’un des nombreux discours qui avait permis à cet homme d’être un modèle pour les membres de l’Enceinte. Malgré les apparences, le bonheur de son peuple passait avant tout le reste, qu’importe s’il devait se salir les mains pour cela.
« Papa, papa ! Maman m’a encore refusé l’accès à la salle d’entraînement ! »
Une jeune fille aux cheveux bleus, âgée d’à peine plus de dix ans et aux yeux rouges courait vers l’homme aux cheveux rouges. Celui-ci lui fit un sourire, tenant une épée dans ses mains. Elle semblait des plus basiques avant qu’il ne tende ses lèvres vers l’oreille de la jeune fille :
« T’en fais pas, Sélia. Quand Maman aura le dos tourné, on ira s’entraîner tous les deux et … AIE ! Mais ça fait mal ça ! Qu’est-ce que … »
« Arrête donc d’apprendre des bêtises à notre fille, s’il te plaît, Ranor. » déclara une voix féminine. L’homme se gratta le sommet du crâne, se relevant alors qu’il se mettait face à une femme qui ressemblait exactement à la jeune fille bien que plus âgée. Elle semblait grande, vraiment grande, au moins un mètre quatre-vingts dix. Mais il n’y avait pas que cela si on l’observait plus longuement. Elle avait des yeux rouges, des cheveux bleus qui lui allaient jusqu’au dos mais aussi des muscles puissants bien qu’ils n’altéraient pas sa féminité.
« Quand même, retiens un peu tes coups, Rozali. Tu me fais vraiment mal ! »
« Tu veux peut-être que je te redonne un coup de poing, Ranor ? »
« NON NON ! C’est parfaitement bon, Rozali. Sélia, bon, tu sais ce que je t’ai dit, n’est-ce pas ? Alors, maintenant, disparais avant que ta vilaine mère ne t’attrape et te man … AIE ! Mais sincèrement, tu me fais super mal, Rozali ! »
« Tant que tu n’arrêtes pas de raconter des âneries, je m’y sens obligée. » coupa encore une fois la femme aux cheveux bleus, la jeune fille disparaissant parmi les couloirs.
« Tu sais bien que Sélia est notre petite mascotte. Il se peut que dans quelques années, elle s’occupe de l’Enceinte aux Esclaves, hein ? C’est pourquoi il faut l’entraîner le plus tôt possible. On ne peut pas se permettre d’attendre trop longtemps. »
« Tant bien que même … Cette idée de la faire devenir une membre alors qu’elle n’a à peine que plus de dix ans, ça ne me plaît pas du tout. »
« Il le faut bien, Rozali. Il le faut bien … Ce n’est pas possible de faire autrement. Sa vie est liée à l’Enceinte aux esclaves. Nous ne pouvons pas laisser penser qu’elle aurait un autre avenir. De même, elle me répète souvent qu’elle veut devenir aussi forte que sa mère. »
« Je sais bien mais … les spectres et les créatures ténébreuses, même s’ils sont plus qu’affaiblis, on ne peut jamais savoir. Ils restent imprévisibles. »
« C’est pourquoi j’ai refusé à Sélia qu’elle utilise une arme possédée. Qu’elle apprenne déjà à se battre avant de faire cela. On ne sait jamais. »
« Tu me promets de faire attention à elle ? Des fois … Je ne sais pas quoi penser. »
« Mais je ne peux pas penser à ça sans m’en préoccuper. Elle est encore si jeune ! S’il te plaît … Vraiment … Si quelque chose arrive à l’autre, il faut se promettre de la mettre en sécurité mais surtout de la sortir de l’Enceinte. »
« Je te le promets même si je sais que ça n’arrivera pas car il n’arrivera rien du tout. Pourquoi se préoccuper pour cela ? Tu m’accompagnes ? Il faut aller mater quelques pokémons. »
La femme aux cheveux bleus hocha la tête, accompagnant son mari alors que celui-ci trouvait toujours les mots qu’il fallait pour la rassurer, chose qui était bien plus difficile qu’on ne pouvait le croire. Le couple partit vers une autre salle, salle où ils allaient tout simplement blesser les pokémons de telle façon qu’ils ne soient pas en mesure de répliquer ou alors qu’ils se sentent obligés de leur obéir pour ne pas mourir une seconde fois.
Mais il ne fallut que quelques temps plus tard après ces paroles pour qu’un drame se produise. Nul ne savait comment cela était possible, nul ne savait comment cela s’était produit mais les faits étaient là. Des corps étaient au sol, baignant dans des flaques de sang alors que Rozali se trouvait au milieu d’eux, deux griffes sur ses mains.
Ranor n’était pas très loin, serrant deux épées dans ses mains alors qu’il regardait sa femme. Celle-ci avait la tête penchée en arrière, caressant ses griffes l’une contre l’autre alors qu’elle avait un sourire aux lèvres, un sourire mauvais.
« Ah ce corps … Je sens la force de ce corps … tellement bon … Dire que j’ai attendu pendant des semaines entières, je me suis laissé faire, j’ai été sage pour ne plus être martyrisé … Hahaha … Que c’était bon de récupérer ce corps ! »
« Rozali … Est-ce que tu m’entends ? Rozali ? » murmura Ranor alors que les membres de l’Enceinte restaient autour de la femme, leurs armes sorties.
« Rozali ? Elle est morte ! Elle est définitivement morte au moment où je l’ai possédée ! Mais tu n’oseras jamais la toucher, hahaha. Qu’est-ce que cela fait de savoir qu’en tant que chef, tu as le devoir de tuer ta propre femme possédée ? Tu ne peux pas, n’est-ce pas ? »
Il ne le pouvait pas … Mais il devait le faire. Il devait le faire avant qu’elle ne commette encore plus de crimes ! Il ne pouvait pas la laisser dans cet état ! Il regardait sa femme, voyant les larmes dans ses yeux alors que l’être en elle disait :
« Hahaha ! On dirait bien qu’au final, elle n’est pas encore totalement sous mon contrôle. Dommage … Je vais devoir briser son âme jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’une poupée ! »
« Maman, Papa, qu’est-ce qui se passe ? Tout le monde court dans tous les sens. » dit une petite voix alors que Sélia rentrait dans la pièce où le carnage se déroulait.
Au mauvais endroit et au mauvais moment. Ranor avait planté la lame de son épée dans la poitrine de sa femme, un cri déchirant sortant de celle-ci, à moitié bestiale alors que Sélia écarquillait les yeux, n‘arrivant pas à croire ce qui venait de se dérouler devant ses yeux.
« Il faut la mettre à l’abri ! On ne sait jamais ! Viens par-là Sélia ! »
L’un des membres empoigna le bras de la jeune fille, la tirant au loin alors qu’à côté de Rozali, une créature faisait son apparition sous la forme d’un Ténéfix. Celui-ci était mort. Mais ce n’était pas encore le cas de la femme bien que celle-ci était mortellement blessée.
« Protège-là … d’accord ? Jure-moi de la protéger. Fais-la quitter cet endroit. C’est tout ce que je veux … C’était peut-être une erreur de … »
« Ne parle plus Rozali, tu vas te fatiguer encore plus. Attends que les soigneurs arrivent pour s’occuper de toi, d’accord ? »
Mais l’un comme l’autre savait que ça ne servait à rien. C’était déjà trop tard, bien trop tard. Il serra la main de sa femme dans les siennes, attendant qu’elle pousse son dernier soupir avant de se promettre de plus laisser une telle chose se reproduise.
« Mais tu avais déjà disparu avant même que je puisse t’expliquer ce qui s’est passé. »
« Ce qui s’est passé ? Ce qui s’est passé ? MAIS JE SAIS EXACTEMEN CE QUI S’EST PASSE ! JE SAIS PARFAITEMENT CE QUE J’AI VU ! »
« Mais tu feins de ne pas comprendre la situation. Ta mère n’aurait jamais voulu que tu continues une telle existence, surtout pour sacrifier d’innocents pokémons pour t’équiper et combattre les pokémons spectres et ténébreux. »
« LA FERME ! Je ne tomberai pas dans ce piège ! Si ma mère ne voulait vraiment pas que … je devienne comme ça, elle ne serait pas morte ! Elle ne serait pas morte ! Elle est morte par ta faute ! Tu l’as tuée ! »
« Indirectement … C’est vrai que je suis responsable de sa mort. Je n’ai pas été assez prudent. J’aurai dû me douter qu’un jour, ils se rebelleraient. Mais je ne pensais pas que ça serait sur quelqu’un de proche. J’ai manqué de clairvoyance et j’en ai payé le prix. »
« Ne fait pas comme si tu regrettais, salopard … Tu ne regrettes rien du tout, ça se voit ! »
« Comment est-ce que tu peux dire cela ? C’est à partir de ce moment que j’ai décidé qu’il fallait briser avant d’être brisé. C’est à ce moment que j’ai créé la seconde partie … »
« NE DIT PLUS UN MOT DE PLUS ! Je vais te tuer maintenant ! » hurla Sélia alors que les paroles de son père ne semblaient guère la calmer.
Le tuer maintenant ? Elle pensait vraiment que c’était réalisable ? Mais comprenait-elle tout simplement la portée de ses paroles ? Le simple fait de dire qu’elle comptait le tuer ? Un parricide ? Tuer son propre père ?
« Ma pauvre fille … Tu as complètement perdu la tête. »
« La tête ? Je l’ai complètement perdu ? Est-ce que c’est une blague de ta part, Ranor ? Je ne veux plus rien entendre de toi ! Ma famille est morte, il y a dix ans ! La seule personne qui est un tant soit peu comme ma famille, c’est … »
« Kéran, n’est-ce pas ? Le jeune homme qui n’a pas hésité à avoir une Stalgamin avec lui, qu’importe si celle-ci deviendra une Momartik. Si jeune et si naïf … Je me demande ce qu’il est devenu depuis qu’il a quitté l’Enceinte. »
« N’insulte pas KERAN ! Est-ce clair ?! NE L’INSULTE PAS ! »
« Je ne faisais que le complimenter mais visiblement, tout ce que je dis est pris de travers par toi, Sélia. Et je suis désolé pour toi mais je ne suis pas enclin à me battre contre ma propre fille, encore moins si cela est un combat à mort. »
« Tu ne t’enfuiras pas ! RESTE ICI ET ASSUME TES ACTES ! »
La jeune femme aux cheveux bleus courut vers Ranor, prête à l’embrocher avec son arme mais celui-ci était déjà prêt à parer, la repoussant puissamment en arrière. La jeune femme roula sur plusieurs mètres, s’écriant de douleur :
« RESTE LA RANOR ! ASSUME TES … »
« Assez. J’ai assez perdu de temps avec toi, Sélia. J’ai été heureux de te revoir après toutes ces années. Tu as bien changé, tu es devenu une jolie femme, comme ta mère. Je vais tout faire pour t’extirper de la Sainte Alliance, qu’importe si cela doit me prendre du temps. Nous reformerons une famille tous les deux en mémoire à ta mère. »
La femme poussa un hurlement de rage alors qu’il disparaissait au loin, les membres de l’Enceinte faisant de même de leur côté. Les rares soldats de la Sainte Alliance encore présents vinrent entourer Sélia, l’un d’entre eux demandant :
« Mademoiselle Sélia, qu’est-ce que nous faisons ? »
« Vous me lâchez, c’est compris ? VOUS ME LÂCHEZ ! Il ne doit pas être très loin ! Je vais lui mettre la main dessus et ensuite … »
« Et ensuite quoi ? » dit l’un des soldats alors que la jeune femme s’était relevée, commençant à courir en direction de l’endroit où était parti Ranor et les membres de l’Enceinte.
Elle était devenue folle, n’est-ce pas ? Ou presque … Les soldats ne pouvaient pas ignorer la scène qui s’était passée alors que la jeune femme était maintenant le bras droit d’Elian. Ils allaient devoir le prévenir au sujet de cette humeur plus que violente dès qu’il s’agissait de parler de Ranor mais surtout signaler que ce dernier était son père.