Chapitre 131 : Rien qu’eux deux

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 131 : Rien qu’eux deux

« Je vais déjà me coucher. » déclara Kéran en s’étirant longuement, posant le plat au sol, plat dont il n’avait mangé que la moitié.

« Ce ne va pas, Kéran ? Tu es malade ? » demanda Loa alors qu’il y avait encore quelques heures, ils étaient dans l’usine. Mais cette fois-ci, ils s’en étaient sorti sans trop de problèmes.

« Je vais aussi aller me coucher. » déclara Katérina d’une fausse voix fatiguée, s’étirant à son tour alors qu’elle regardait devant elle. Hum … Vraiment … Ce n’était pas pareil, loin de là mais bon … Elle faisait très bien semblant.
Elle se leva avec lenteur alors que Kéran était déjà parti dans la tente. Néanmoins, lorsqu’elle vint à son tour dans la tente, elle remarqua que le jeune homme était déjà dans le sac de couchage. Elle s’approcha de lui, se penchant au-dessus avant de dire :

« Hey … Tu ne vas quand même pas me faire croire que tu dors déjà, Kéran. Ca ne marche pas. On ne peut pas dormir aussi rapidement. »

Elle vint lui touche le nez avec un doigt, remarquant aucune réaction. Ce n’était pas très drôle de faire autant semblant. Elle avait bien voulu … « s’amuser » avec lui après la petite session dans la rivière. Elle s’était faite un peu plaisir en s’étant imaginé le jeune homme et ses mains mais maintenant, ce n’était pas pareil. Il ne réagissait pas. Elle lui souffla que s’il ne se réveillait pas, elle ne lui ferait pas de petites gâteries. Oui … Elle était excitée … mais visiblement, Kéran ne réagissait pas le moins du monde. Il dormait … donc réellement.

« Pfff … Ce n’est pas très drôle. » marmonna la jeune femme avant de s’enfouir dans le sac de couchage à son tour. Elle plaça ses bras sur les épaules de Kéran, sa tête sur son torse avant de fermer les yeux. Comment était-ce possible de dormir aussi rapidement ?
Elle ne le savait pas mais elle allait le rejoindre au moins dans le pays des songes. Même si elle n’était pas réellement fatiguée, dormir à ses côtés ne devrait pas être trop difficile, loin de là. Elle devait facilement trouver le sommeil même.

Le jeune homme ? Lui ? Il était plongé dans l’obscurité, se retrouvant en position du fœtus alors qu’il avait les yeux fermés. Il s’imaginait … encore en train de rêver, n’est-ce pas ? Oui … mais rêver de quoi ? Est-ce qu’il allait encore plonger dans le rêve de Swar ?
Swar … Maintenant qu’il y réfléchissait bien, ce n’était pas un nom correct pour une femme. Oui … Swar ne devait pas s’appeler ainsi réellement. Comment est-ce qu’elle pouvait s’appeler en vrai alors ? Il ne l’avait jamais su … Il ne le savait pas.

« Ce n’est surement pas important. Ce n’est qu’un prénom … mais un prénom en un sens … définit une personne. Comment est-ce qu’elle s’appelle ? »

« Elyséa, est-ce que tu es encore en train de t’entraîner ? Elyséa ? »

Hein ? Quoi ? Il se retira de sa position de fœtus, ouvrant subitement les yeux. Elyséa ? Qui était cette Elyséa ? Et surtout, qui venait donc de parler ? Il regarda à gauche et à droite, sans trouver pour autant une réponse à sa question. Il était dans un pays froid, un pays très froid même. Très très froid … Trop froid peut-être.

Beaucoup trop même. Mais il ne ressentait pas le froid. Il regardait juste une femme d’une trentaine d’années, emmitouflée dans de lourds vêtements. Elle avançait dans le froid alors que la neige frappait tout son corps. Les chemins qu’elle utilisait semblaient plus que dangereux et escarpés. Il fallait qu’elle fasse attention.

Mais pourtant, elle arriva à ce qui semblait être une plaine non-recouverte par la neige … Peut-être était-ce à cause des nombreux rochers d’importantes tailles ? Mais pourtant, la neige n’était que présente en de rares points. Et au milieu de cette plaine, une adolescente aux cheveux blancs tenait une épée dans sa main. Elle avait une poitrine de taille moyenne mais surtout, c’était sa tenue. Elle ne portait qu’un simple marcel de couleur noir ainsi qu’un pantalon de toile de même couleur.

« BON DIEU ! Tu vas mourir de froid sous cette neige ! Elyséa ! »

« Ah … Je suis donc repérée … madame Valérie. » déclara l’adolescente, ses yeux bleus comme des saphirs se posant sur la femme qui se trouvait en face d’elle.

« Je t’ai déjà dit de ne pas me parler sur ce ton ! Surtout quand tu es dans cette tenue ! Arrête donc de te battre dans le vide et reviens dans la grotte ! »

« Je ne peux pas arrêter mon entraînement … Il faut que je continue de me battre et m’entraîner. Je ne peux pas m’arrêter maintenant. »

« Elyséa, je t’ordonne d’arrêter ça ! Même si tu es anormalement résistante au froid, ça ne change rien du tout à ça ! Ecoute-moi quand je te parle ! »

« Madame Valérie, vous allez attraper froid si vous ne rentrez pas maintenant. »

« RAAAAAAAAH ! Je te veux dans la grotte dans dix minutes ! »

Comme elle le désirait. Comme elle le désirait même. La femme s’éloigna, laissant seule l’adolescente qui planta son épée dans le sol, venant s’asseoir contre la lame. Le froid ne semblait même pas l’atteindre. Elle observait le ciel recouvert par la neige, murmurant :

« De toute façon … Pour qui est-ce que Madame Valérie se prend ? Pour ma mère ? Je n’ai plus personne … Plus du tout même. La seule chose qui m’importe maintenant, c’est de combattre ces dragons devenus complètement fous. Tous ces pokémons dragons … »

Elle poussa un profond soupir, semblant en proie à la tristesse et au désespoir, tout cela mêlé à un sentiment d’abandon et de solitude. Lui ? Kéran ? Il regardait juste l’adolescente. Elle ressemblait encore à Swar. Est-ce que c’était Swar ?

« Ah ! » dit-il soudainement dans un souffle.

Il venait de se réveiller dans la tente. Pourtant, il ne bougea pas, sentant une légère pression contre lui. Katérina dormait contre son torse, un petit sourire aux lèvres. Quelle heure était-il ? Sans même sortir de la tente, il sentait qu’ils étaient en pleine nuit.

« Que se passe-t-il, Kéran ? Tu sembles avoir fait un mauvais rêve. »

« Hein ? Swar ? Je … Non … Ce n’est pas bien grave, El… Swar. Je ferai mieux d’aller dormir une nouvelle fois. Ca ne sert à rien de se réveiller en pleine nuit. »

« … … … Soit. »

Pfiou. Elle n’allait pas lui poser de questions. Tant mieux. C’était tant mieux pour lui. Il avait eu peut de trop en dire et surtout d’avoir de sérieux problèmes et …

« Kéran. Je suis en toi, je peux lire dans tes pensées. Je suis capable de … »

« Désolé, désolé, Swar ! Je suis vraiment désolé ! Je … J’ai encore fait un rêve où je voyais … Enfin … Je crois que je te voyais en tant qu’adolescente. Tu … J’ai entendu aussi ton véritable prénom. C’est vrai que … »

« Swar fait penser à une épée … Swar fait penser à la guerre … C’est ainsi que j’ai vécue … Je préfère ce nom à celui que je portais … quand j’étais humaine. »

« C’était un joli prénom. Enfin … Elyséa … Je trouve ça joli, très joli. » déclara Kéran alors que Swar plongeait dans son mutisme pendant une bonne vingtaine de secondes.

« Les compliments sont sans effet sur moi, Kéran. Néanmoins, j’apprécierai que tu ne te mêles pas de mes souvenirs pour y pénétrer. Cela est un espace privé. »

« Ce n’est pas de ma faute ! Je te le promets ! Je ne voulais pas … »

« Je préfère encore que tu dormes. Dors. » déclara Swar à l’intérieur de Kéran avant que celui-ci ne plonge dans un profond sommeil.

Quel idiot … Mais quel idiot … Il était temps de lui donner une leçon. Une leçon bien spéciale même. Le jeune homme se retrouva à nouveau plongé dans le noir, ne sachant pertinemment pas où il se trouvait. Où est-ce qu’elle l’avait emmené ?

« Ce n’est clairement pas drôle, Swar. Je préfère quand même que tu me laisses sortir de ce rêve. D’accord ? Swar ? Tu m’entends ? »

« Qui a dit que cela allait être un rêve ? Et non pas un cauchemar ? »

« Car tu ne me feras pas croire que tu veux me faire du mal, Swar. Ca ne marche pas comme ça. Enfin … Swar … Je ne sais pas trop. »

« Tu ferais mieux de t’inquiéter … Vraiment … Tu ferais mieux. » souffla la voix de Swar.

« Je me demande si je ferai mieux de t’appeler Elyséa pendant que je rêve. »

« … … … Tu risques de le regretter fortement. Mais tu vas voir … où le rêve se termine pour devenir un cauchemar. Est-ce que tu es prêt à souffrir, Kéran ? » murmura Swar alors qu’il hochait la tête négativement. Puis soudainement, il se prit une violente tempête de neige en pleine face, le faisant tomber en arrière. Qu’est-ce que …

Swar ? Enfin … Elyséa était en face de lui ? Et il se rappelait de cet endroit. Il s’en rappelait parfaitement puisqu’il s’agissait de l’endroit … où elle s’entraînait ? Mais surtout, Elyséa était aussi dans la même tenue qu’auparavant quand elle était adolescente. Sauf que voilà … Un marcel pour une femme aussi joliment proportionné qu’elle …

« Même si je ne peux pas lire dans tes pensées pendant que nous sommes sous cette forme dans ton esprit, je sais parfaitement à quoi tu penses. »

« Je … Vraiment désolé … Je ne pensais à rien de mal. »

« Je ne suis pas féminine, je le sais parfaitement. »

« Hein ? Quoi ? Mais si ! C’est justement ça ! Tu es bien plus féminine que tu ne le crois ! » s’exclama aussitôt le jeune homme, confus. Elle avait pensé très mal ! Très très mal même ! Il n’avait pas pensé du tout ça d’Elyséa !

« Ne mens pas s’il te plaît … Il suffit de regarder cette tenue pour voir que je ne suis pas faite pour ressembler à une femme. Tu as pu voir dans mes souvenirs et tu as pu le remarquer … J’étais anormalement résistante au froid … Comme tant de choses en ce qui me concerne, je n’étais pas unique, loin de là … mais je n’étais pas une femme. »

« Euh … Pour moi, tu es féminine, très féminine, que tu le veuilles ou non. Même si c’est peut-être des paroles qui ne te plaisent pas, tu es féminine. »

« … … … Merci Kéran. » chuchota Elyséa, faisant un sourire des plus discrets, Kéran s’exclamant aussitôt :

« Tu vois ! Tu as en plus un joli sourire ! Vraiment un très beau sourire même ! »

« Que … N’en profite pas trop non plus, Kéran ! » s’écria Elyséa.

Et voilà maintenant qu’elle s’emportait. Où est-ce qu’elle n’était pas féminine ? Hein ? Il y avait erreur de jugement là ! Non mais … Que … Tiens ? Pourquoi est-ce qu’elle faisait apparaître une épée dans sa main ?

« Fais donc de même de ton côté … Kéran. Tu as la possibilité de faire apparaître une épée. »

« Mais … Pourquoi est-ce que je le ferai ? Je veux une bonne raison car sinon, je préfère encore refuser si tu veux tout savoir. Pourquoi est-ce que je ferai ça ? »

« Car c’est là que ton cauchemar va commencer, Kéran. Un douloureux cauchemar même. »

« Qu’est-ce que … tu veux dire par là ? Tu me fais un peu peur, tu sais. »

« Oh … Rien de bien spécial … sauf que tu vas avoir le plus éreintant des entraînements depuis que tu es né. Tu risques de le regretter amèrement … Oh que oui … J’espère que tu es prêt, mon petit Kéran. » termina-t-elle de dire dans un souffle.

… … … Quand elle disait cela, il n’avait pas vraiment l’impression d’être rassuré. C’était même plutôt le contraire. Le petit Kéran était effrayé. Il fit apparaître une épée, la serrant dans ses mains avant de reculer.

« Kéran … Tu voulais en savoir plus à mon sujet, n’est-ce pas ? »

« Euh … De ton passé … Oui … Enfin … J’aurai aimé en savoir plus … si tu veux bien. »

« Si tu arrives à me battre, un jour, alors, je t’en dirai plus. » déclara finalement Elyséa avant de foncer vers lui. Un premier coup d’épée vint percuter la lame de Kéran puis en même temps, elle lui donna un coup de pied dans le ventre. Aussitôt, le jeune homme pouffa, la femme prenant son bras grâce à son autre main libre. Elle le tira vers lui, Kéran tombant la tête contre la poitrine d’Elyséa avant de se retrouver projeté au-dessus d’elle pour atterrir violemment au sol. Elle vint se mettre assise sur lui, plantant sa lame à côté de son visage.

« Je … Hey ! C’était de la triche ! Je … Je n’étais pas prêt ! »

« Nous avons tout notre temps … Kéran … Oh que oui. Tout notre temps … Mais j’espère que tu vaux mieux que ça hein ? Tu ne voudrais quand même pas trahir mes attentes, n’est-ce pas ? Tu n’es pas du genre à décevoir les autres ? »

« NON ! Il en est hors de question ! »

« Tant mieux … Tu ne veux pas me décevoir … C’est ce que je voulais entendre. »

Et lui … Il ne voulait pas souffrir ! Il ne voulait pas souffrir ! Pas souffrir ! Pourquoi est-ce qu’il subissait ça ?! Lorsqu’il fut réveillé par Katérina qui le secouait légèrement, il avait des rides de fatigue sous les yeux, la jeune femme lui demandant :

« Qu’est-ce que … Tu as fait un mauvais rêve, Kéran ? »

« Je … Ah … Je me sens mal … Vraiment exténué … Je ne comprends pas pourquoi … »

« Et moi donc ! Enfin bon … Relève-toi … ou tu veux que je te redonne un peu de quoi te mettre sur pied le plus rapidement possible ? »

« Et comment est-ce que tu vas faire ce miracle ? » demanda-t-il avant qu’elle ne place une main sur l’entrejambe du jeune homme, le caressant longuement.

« Je ne sais pas … Je ne pense pas que tu sois du genre à ne pas réagir à ça … non ? Peut-être que si je m’attarde un peu plus sur … »

« Euh ! C’est bon ! C’est bon ! Je suis réveillé, Katérina ! » s’exclama Kéran.

Il était rouge de gêne mais surtout excité par Katérina. Le problème ? C’est qu’après ce rêve avec Ely … euh Swar, il avait eu quelques pensées assez incorrectes par rapport à sa protectrice. Et là, il faisait le plus grand vide dans son esprit pour ne plus y penser. Mais quelle idée de porter une telle tenue pour se battre aussi hein ? C’était … difficile à ignorer quand elle était aussi proche de lui !

Laisser un commentaire