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Chapitre 14 : Difficile à oublier
« Hémaltone ? Est-ce que tu m’en veux ? »
« Je ne vois pas pourquoi je t’en voudrais. Tu es libre de garder tes secrets. Je n’ai jamais forcé une femme à m’en dire plus que nécessaire à ce sujet. »
« Je vais t’en parler. Je veux que tu comprennes pourquoi j’ai dit cela. Que tu ne crois pas que j’ai tué Faldéla alors que … »
« Parles donc au lieu de tourner autour du pot, ça sera bien plus simple pour toi et moi, non ? Tu ne crois pas ? Tu ne trouves pas ? Alors accélères. »
« Pardon … Hémaltone, je ne veux pas que tu te mettes en colère. Faldéla était toujours trop proche de toi, beaucoup trop à mes yeux. Qu’importe ce que je faisais, qu’importe ce que je disais, qu’importe ce que je voyais, c’était Faldéla, Faldéla, Faldéla. Il n’y avait que ça en face de moi, que ça ! Comment est-ce que je pouvais lutter, Hémaltone ? Dis-le moi, je veux savoir. Dis moi comment réussir à passer outre ça ? Je ne pouvais pas. »
« Est-ce que je dois répondre ou non ? »
« Tu ne dois pas répondre, Hémaltone. Tu ne dois pas répondre, ce n’est pas à toi de répondre. Hémaltone, est-ce que tu as compris ce que je veux dire ? Par rapport à toi ? »
Il reste muet cette fois, ne faisant que la regarder. Elle place une main sur son cœur, le fixant longtemps, très longtemps, comme si elle avait un message à délivrer.
« Jamais auparavant, jamais, je n’ai ressenti une telle chose. Jamais ! Chaque jour, chaque heure, chaque nuit, chaque instant, j’avais les mains moites, j’étais en sueur, sans réellement comprendre la portée de tout cela. Tu étais intouchable, impossible à atteindre. Est-ce que j’étais jalouse de Faldéla ? Je l’étais. Car elle pouvait te voir à chaque instant, même quand tu dormais, même quand tu étais sans protection, désirable. Tu étais tout pour moi, Hémaltone. Je n’ai jamais été aimée et je n’ai jamais aimé. Je ne connaissais pas ce sentiment. On me traitait de traînée, on abusait de moi, on me violentait, on m’insultait de tous les noms, on me forçait à faire des choses abominables, que ça soit avec des humains et des pokémon. »
Il s’arrête aussitôt de la regarder, détournant le regard. Elle … n’avait pas besoin d’aller jusque là. Il en avait assez entendu de toute façon. Pourtant, elle reprend, les tremblements dans sa voix ne laissant aucun doute sur la véracité de ses propos :
« Je me suis posé plusieurs fois cette question. Quand je t’ai vu à l’écran, la première fois, quand je t’ai entendu dire la vérité, toute la vérité sur ton enfance, sur tes parentss, quand j’ai put écouter ta musique, j’ai alors pensé que tout n’était pas si laid dans ce monde. Tu es beau, Hémaltone, tu es tellement beau. Tu es un objectif à atteindre, un but que je veux toucher mais dont je ne pourrais jamais poser les doigts. Je sais bien que je ne suis qu’une traînée, une simple célébrité sans cervelle, imbue d’elle-même mais je voulais au moins que tu puisses comprendre quelque chose. Que je te confirme quelque chose que j’ai sur le cœur depuis des mois et des mois. Je veux que tu crois pour toujours ces trois mots, Hémaltone. Ces trois mots sont plus importants que tout le reste … Au final, c’est plus difficile que je ne le pensais. J’ai du mal … mais Hémaltone. Je t’aime, Hémaltone. »
Voilà. Elle l’a enfin dit. Elle pousse un petit soupir de soulagement, comme si son cœur était enfin apaisé après tout ce temps. Elle fixe Hémaltone qui finit par se relever pour la regarder pendant quelques secondes avant de dire :
« Cette femme odieue, imbue d’elle-même, qui a été salie par son passé. »
« C’est moi, Hémaltone. Je ne pourrais jamais réellement … »
« Elle n’existe plus. Cette femme n’est pas celle qui se tient en face de moi. Ce n’est pas celle qui a eut le courage de me suivre en décidant de tout abandonner, ce qu’elle avait accumulé pendant des semaines, des mois, des années. Cette femme dont tu parles s’appelais Kastry. La femme qui se trouv en face de moi s’appelle Flutina, d’accord ? »
« Hémaltone, je … vraiment, je voulais juste te dire que … »
« Par contre, je ne peux pas oublier Faldéla comme ça. Ça m’est tout simplement impossible de la mettre dans un coin de mon cerveau et de l’oublier comme si de rien n’était. »
« Je n’ai jamais demandé de réponse, Hémaltone. Plus maintenant. Tu restes une chimère, un but, un objectif .. .mais non pas une fin. Ca reviendrait à dire que j’ai fini par t’atteindre et ça … je ne veux pas. Je suis sale. »
« Arrêtes avec ces bêtises. Tu sais aussi bien que moi que je n’ai jamais considéré une telle chose possible, d’accord ? Alors, abstiens-toi de parler ainsi. »
« Mon but n’est pas de te mettre en colère, Hémaltone, pas du tout. »
« Si tu veux tout savoir, je t’apprécie énormément … et encore un peu plus depuis que tu as eut le courage de tout me dire. Mais maintenant, je veux que tu fasses des efforts, qu’importe ce que les autres pensent ou disent, d’accord ? »
« Je te promets de faire de mon mieux. C’est tout ce que je peux te dire. »
« Ce n’est pas suffisant. Je veux plus que ça, je veux bien plus. Demain, tu m’accompagneras au chant pendant que je joue sinon … J’estime que c’est l’unique preuve qui me permettra de voir que tu cherches vraiment à t’en sortir. »
« Est-ce que ça peut attendre … enfin, est-ce que l’on peut changer de sujet, s’il te plaît ? Je ne veux pas continuer à faire cela, s’il te plaît. »
« D’accord, pour ce soir, nous allons tout simplement manger, rien de plus, rien de moins. »
« Comme tu le désires, Hémaltone. J’espère que tu n’es pas trop déçu de moi. »
Il fait un mouvement de la main comme pour signaler qu’il ne s’y intéresse que très peu en fin de compte. Elle lui répond par un petit sourire. Elle est heureuse de voir qu’il le prend bien. Enfin, qu’il lui laisse une chance. Même si elle s’est révélée et qu’il n’y a plus aucune doute sur ses sentiments, elle sait qu’il n’y aura rien entre elle et lui. Elle s’en empêche, il s’en empêche. Il en est ainsi et pas autrement. Elle l’a accepté après tout ce temps.