Chapitre 14 : Pardon

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 14 : Pardon

« Vous partez à quelle heure en direction de Joliberges ? Ca va prendre combien de temps ? »

Le marin l’observa de bas en haut, vaguement inquiet. Déjà que Thierry était en colère et le montrait au niveau du visage, le fait qu’il soit passé à la télévision comme étant un criminel n’arrangeait en rien les choses. Le marin recula légèrement avant de dire d’une voix inquiète et tremblante :

« Désolé… mais… Je ne peux pas. »

« Mais j’ai de l’argent ! Je peux payer le voyage ! »

« Je ne fais rien avec les criminels, au revoir. »

Il explosait littéralement de rage, poussant un hurlement strident alors que le marin s’éloignait en courant. Plusieurs têtes se tournèrent vers lui, la plupart remarquant qui il était. Il en avait marre ! MARRE ! MARRE DE TOUT CA ! Voilà à quoi il devait s’attendre en restant avec une CONNASSE de Sinnoh !

« Thierry ! Thierry ! Arrête toi ! Attend un peu ! S’il te plaît, attend ! »

Cynthia courait en sa direction mais il ne l’écoutait pas : Il en avait rien à faire d’elle. RIEN DU TOUT ! Si c’était pour avoir des emmerdes, il valait mieux qu’elle ne reste pas avec lui. La jeune femme s’arrêta à sa hauteur, lui murmurant :

« S’il te plaît… Ecoute au moins ce que j’ai à te dire ! »

« J’en ai rien à faire ! C’est pas dur à comprendre pourtant ! Tes emmerdes avec les journalistes, tu te les gardes ! »

« Non mais… Si on ne me voit pas avec toi, tu ne pourras pas prendre de bateau ! »

« Et pourquoi ça ?! Car tu vas leur demander de m’interdire d’en prendre un ?! »

« Non mais… Ce n’est pas ça. Je t’en prie… Calme toi. »
Elle lui prenait les deux mains, cherchant par là à ce que le jeune homme aux cheveux bruns arrête de s’énerver mais rien n’y faisait. Il retira rapidement ses mains alors que la foule s’agglutinait autour d’eux. Pour un spectacle, ça allait en être un.

« Les gens vont encore croire que tu es mon ravisseur. Si tu ne restes pas avec moi, tu ne pourras même plus participer aux combats d’arènes contre les champions pokémons ! »

« … Tu plaisantes, j’espère ? »

Elle allait lui répondre que non, elle ne blaguait pas à ce sujet mais elle fut violemment secouée comme un prunier alors qu’il lui criait de toutes ses forces :

« TU VEUX DIRE QUE J’AI PERDU DIX ANS A CAUSE DE TOI ?! »

« Tu tu tu me fais ma ma mal ! »

Déjà, deux pokéballs s’ouvraient derrière Thierry, Têtdenoeu et Mimolet apparaissant. Les deux pokémons joignirent leurs forces pour créer un mur invisible entre Thierry et Cynthia. Quelques secondes plus tard, le Saquedeneu faisait apparaître une poudre jaune autour de lui, Thierry fermant les yeux à moitié en murmurant :

« Marre…Marre de toi… Marre de vous tous… Je vous hais… Je vous hais tous… »

Elle rattrapa Thierry qui s’écroulait en direction du sol, endormi par la poudre de son propre pokémon. Il faisait son poids le bougre mais heureusement qu’elle était assez forte pour réussir à le porter. Néanmoins, Mimolet vint lui donner un petit coup de main alors que Têtdenoeu retournait dans sa pokéball. Quelques personnes marmonnaient entre elles, se demandant ce qui se passait ici. Cynthia cria :

« Il n’y a rien à voir ! »

Elle ne se sentait pas d’humeur à dialoguer calmement avec les autres. Mimolet l’aidant à garder Thierry sur elle, la jeune femme aux rubans noirs dans les cheveux se dirigea vers l’un des marins. Celui-ci semblait surpris de voir Cynthia s’avançait avec lui alors qu’elle prenait la parole, d’une voix calme mais légèrement irritée :

« Combien cela coûte pour un voyage vers Joliberges ? »

« Je ne peux pas prendre de criminels, je suis désolé, mademoiselle. »

« CE N’EST PAS UN CRIMINEL ! Arrêtez de juger à cause des apparences ! Est-ce que la victime d’un criminel irait aider ce dernier ?! Vous êtes vraiment inutile quand vous vous y mettez, tous abrutis par la télévision ! Vous voyez ça ?! »

Elle sortie une carte de l’une de ses manches. Une carte d’identité mais surtout la preuve officielle de qui elle était. Le marin observa la carte en marmonnant : Cette femme ou cet homme, ils étaient pareils, ils criaient inutilement.

« Mais attendez un peu… Vous êtes Cynthia ? Celle qui s’est faite enlevée par Thierry ? J’ai vu son visage à la télévision mais personne n’avait montré le vôtre ! »

« Je ne me suis pas faite enlevée ! C’est si dur à comprendre ou quoi ?! »

« Bon bon bon… On se calme, on se calme. Vous voulez aller à Joliberges, c’est ça ? Je vais vous y emmener, vous me payerez là-bas. Montez à bord. »

« Je vous remercie chaleureusement. »

Elle poussa un léger soupir alors que le marin l’invitait à le rejoindre. Il devait avoir une trentaine d’années, l’âge parfait pour se laisser manipulé par les médias. Aidée par le M.mime du jeune homme, elle emmena ce dernier à l’intérieur de la cabine, le couchant sur le lit du marin alors qu’elle restait à ses chevets pour veiller sur lui. Déjà, le marin s’éloignait de la rive de Vaguocéan.

« Vous pouvez me raconter ce qui se passe ? Si vous n’êtes pas kidnappée, alors pourquoi la télévision a dit ça ? »

« Car ils avaient besoin des nouvelles percutantes et intéressantes ! Ce jeune homme est avec moi et il n’a pas osé lever une seule fois la main sur moi ! »

Ce n’était pas totalement vrai, leurs premières rencontres avaient été assez … violentes mais bon… Maintenant, c’était du passé… comme leurs relations. Elle espérait simplement qu’au réveil du jeune homme, celui-ci allait la laisser s’expliquer. Elle avait tant de choses à lui dire en espérant qu’il ne soit pas trop tard. Visiblement, le regard qu’elle portait sur Thierry ne passait pas inaperçu puisque le marin lui répondit en lui tournant le dos :

« Vous l’appréciez non ? »

« Hein ? De ? Thierry ? »

Elle avait été prise de cours. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’on lui pose cette question et elle ne savait pas trop quoi répondre au marin. Ca faisait combien de temps qu’elle se baladait avec le jeune homme ? Presque un mois ? Non quand même pas…Qu’est-ce qu’elle pensait de lui ? Et bien…Elle dit au marin :

« Je crois que je l’apprécie beaucoup. Il reste encore un mystère pour moi mais je ferais tout pour découvrir pourquoi il est comme ça. »

« Haha… Vous savez ce qui est bizarre ? »

« Quoi donc ? »

« Je pensais que les maîtres de Sinnoh étaient tous des types prétentieux, pétants et qui ne pensaient jamais aux autres. Vous êtes vraiment la maîtresse de Sinnoh ? C’est quand même bizarre de vous voir sortir de votre ligue. »

« Il ne faut pas croire que les maîtres de Sinnoh sont tous pareils… que les derniers. »

« Ah ceux là… Vraiment… Je m’en souviendrais tout le temps. Le pire était qu’ils avaient la télévision avec eux ! »

« Ils avaient les moyens de l’acheter, voilà tout. »

La discussion s’arrêta là alors qu’elle restait auprès de Thierry. Cette époque… Cette époque à laquelle elle avait mise un terme il y a de cela des années. Cette époque révolue grâce à ses pokémons et grâce à elle, est-ce… qu’il y avait un rapport avec Thierry ? En y réfléchissant, c’était peut-être là la clé de l’histoire et du comportement du jeune homme. Après Joliberges, elle allait devoir faire quelques recherches.

Quelques heures s’écoulèrent et la nuit était déjà tombée, la moitié du voyage avait été fait et Cynthia s’était assoupie sur une chaise qu’elle avait posée contre un mur. Le marin quand à lui, continuait de faire naviguer le bateau en direction de Joliberges. Thierry ouvrit les yeux, comprenant tout de suite ce qui s’était passé : Encore une fois, Têtdenoeu avait utilisé sa poudre pour l’endormir ! Il allait voir ce qu’il allait voir ! Il tenta de se lever mais le bateau tanguait et il s’écroula sur Cynthia qui se réveilla en poussant un petit cri de surprise. Il avait sa tête enfouie dans sa poitrine et elle n’eut même pas le temps de lui dire de se retirer qu’il l’avait déjà fait :

« Où est-ce qu’on est ?! Qu’est-ce que tu fous là ?! »

« Thierry, tu es réveillé. S’il te plaît, maintenant que tu es calme, ne t’énerve pas. Laisse moi te parler. »

« J’ai rien à savoir de toi ! Tu me caches des choses ! Dès que nous sommes à Joliberges, tu te barres ! Je ne veux plus te voir ! »

« Tu devrais écouter la demoiselle. De toute façon, tu seras forcé de l’écouter, nous ne serons pas à Joliberges avant quatre heures du matin, je dirais. »

« Bon… J’ai pas le choix de toute façon ! »

Il croisa ses bras, allant s’asseoir sur l’unique lit qui se trouvait là alors qu’il attendait que Cynthia prenne la parole. Maintenant, il allait l’écouter et elle poussa un petit soupir d’apaisement : Il valait vraiment mieux ne rien lui dire au sujet de son rôle de Maîtresse de Sinnoh. Elle toussa légèrement, prenant la parole :

« Alors dorénavant, je te promet de tout faire pour que tu n’ai plus aucun problème avec les journalistes. Si tu veux toujours de moi… comme compagnonne. »

« Pourquoi je changerais d’avis en quelques minutes ? Non, c’est non. Je ne veux plus de toi. Tu me causes tellement de problèmes, donne moi une VERITABLE bonne raison de te garder avec moi. »

« Je n’ai pas à m’expliquer normalement ! Alors sois content que je veuille bien parler avec toi et tenter de m’expliquer ! »

« Non mais pour qui tu te prends, toi ? Je te rappelle que les embrouilles avec les journalistes, c’est de TA faute ! »
Il se releva une nouvelle fois mais le bateau tanguait et il se retrouva… encore dans la poitrine de Cynthia ?! Il ferait mieux de rester couché plutôt que de faire de telles choses !

« C’est bien ? Tu profites ? Tu veux un peu d’aide ? »

Elle ne semblait pas amusée par la situation et lui non plus. Il extirpa sa tête en grognant, posant une main sur son nez qui s’était mis à saigner légèrement. Il se dirigea vers la sortie de la cabine, murmurant :

« La discussion est terminée. »

« On la reprendra plus tard, ça vaudrait mieux. »

La discussion s’était arrêtée alors qu’elle n’avait que commencée. Dire qu’elle ne s’était pas encore faite pardonnée pour tout ce qu’elle avait fait contre lui…

« T’aime la mer ? »

« Hein ? »

Le marin venait de lui adresser la parole alors que cela faisait une bonne quinzaine de minutes qu’il regardait l’océan bleu. Il faisait déjà nuit et les seules lumières provenaient du bateau qui les conduisaient vers Joliberges. Thierry poussa un léger soupir avant de murmurer :

« Oui… Ca va… J’aime pas mal la mer. Pas mal du tout, on dira. »

« Si tu le dis… Je t’aurais bien dit d’essayer de piloter à ma place mais je ne crois pas que tu y arriverais, je me trompe. »

« Vous avez totalement raison. »

Quinze minutes s’écoulèrent et Cynthia alla à côté de Thierry, ne disant rien du tout alors que ce dernier gardait son visage baissé vers l’océan. Ils ne disaient rien, chacun étant plongé dans ses pensées les plus intimes. Il arrivait maintenant à se tenir bien droit, s’aidant de la barre lorsqu’il devait se déplacer.

« Thierry ? Est-ce que je peux rester avec toi à Joliberges ? »

« D’accord. Je te pardonne pour ce qui s’est passé à Vaguocéan. »

Hein ? Ca avait été aussi simple que ça ? Il avait accepté aussi facilement ? Il s’éloigna du bord du bateau pour retourner sur le lit, se couchant dessus. Il annonça qu’il allait se reposer jusqu’à Joliberges et que son caractère l’empêchait d’être galant et de laisser le lit à Cynthia. Elle eut presque un sourire si cela n’avait pas été dit sur un ton triste. Finalement elle aurait peut-être du lui dire la vérité, il aurait alors moins souffert.

« Il est un peu bizarre, je trouve. On ne dirait pas la même personne. »

« Peut-être que… la mer lui rappelle des mauvais souvenirs… ou alors des souvenirs liés à quelqu’un. Je ne sais rien de lui. »

« Vous feriez bien mieux de vous reposer. Vous n’êtes pas habituée à rester debout aussi tard et surtout sur un bateau, n’est-ce pas ? Votre ami s’est endormi sans prendre la couverture. Soulevez le couvercle de la grosse boîte à côté du lit. Elle se trouve dedans. »

« Merci beaucoup, je vais faire comme vous me le dites. »

« De rien, je vous réveillerais quand nous serons arrivés. »

Elle hocha la tête pour le remercier à nouveau avant de se diriger dans la cabine. Thierry s’était déjà endormi au bout très rapidement. Il avait la respiration rapide, la mine abattue. Elle ne savait pas ce qui se passait avec lui mais elle aurait bien voulu l’aider. Elle récupéra la couverture, rapprochant sa chaise du lit de Thierry. Elle déposa la couverture sur ses propres jambes et sur le torse du jeune homme, c’était le mieux qu’elle pouvait faire après tout. D’ici demain, ils allaient arriver à Joliberges et il allait récupérer le sixième badge.

Laisser un commentaire