Chapitre 14 : Un nouveau venu

ShiroiRyu
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Chapitre 14 : Un nouveau venu

« Prince Arnaud… Le roi et la reine voudraient vous parler. »

« Hum ? Et pourquoi cela ? Depuis quand se rappellent-ils que j’existe ? »

« S’il vous plaît… Si vous voulez bien me suivre, je vais vous guider jusqu’à leurs appartements. » dit la servante en s’inclinant respectueusement devant l’adolescent aux cheveux bleus, celui-ci soupirant aussitôt en murmurant :

« De toute façon, je ne le veux pas… Mais j’y suis presque obligé… Alors allons-y et débarrassons nous de cette corvée avant qu’il ne soit trop tard. Ca me fatigue clairement ce petit jeu stupide avec mes parents. »

« Prince Arnaud… S’il vous plaît, ne parlez pas ainsi de vos parents. Ils ont une grande nouvelle à vous annoncer. » reprit la servante alors qu’il haussait les épaules. Une grande nouvelle ? AH ! Il ne s’en souciait pas le moins du monde ! Depuis toutes ces années, il avait été parfaitement ignoré, c’était la même chose à faire de son côté.

Néanmoins, il était un peu intéressé… Car pour que ses parents lui disent de venir directement… C’est que cela était relativement important… Mais qu’est-ce qu’ils avaient à lui dire ? Il n’avait rien fait de spécial… Est-ce que… Ohla ! Si c’était ça ! Il allait avoir de sacrés ennuis ! Il espérait vraiment que ce n’était pas à cause du général ! Non pas qu’il craignait la colère de son père, non… Pas du tout même !

« Si vous voulez bien rentrer… Messire, Madame ! Votre fils est là ! »

« Qu’il rentre donc… Nous n’en pouvons plus d’attendre ! » vint dire une voix assez enjouée alors qu’il était de plus en plus surpris. C’était vraiment ses parents ?

Il pénétra à l’intérieur de la pièce, remarquant au final qu’il était dans la chambre de ses parents. Oh… Aussi coquette voir même bien plus que la sienne… Un lit à baldaquins avec des draps dans la soie la plus pure et belle qui existe. De l’autre côté… Il voyait sa mère couchée dans le lit, les draps remontés sur elle alors qu’il n’y avait que sa tête visible. Elle avait des cheveux bleus assez longs, lui allant jusqu’au milieu du dos et ils étaient détachés. Ses yeux saphir montraient d’où provenaient ceux de l’adolescent alors qu’elle lui souriait. Sa mère était jolie… très jolie… Mais il ne la voyait que trop rarement… Et pourquoi est-ce qu’elle lui souriait ? Il commençait à être relativement inquiet…

« Mère… Est-ce que vous allez bien ? Vous êtes souffrante ? Je n’ai pas l’habitude de vous voir dans votre lit… » murmura t-il en s’approchant d’elle.

Il détestait ses parents… Il leur en voulait tant pour ce qui s’était passé pendant son enfance… Mais là… Quand même… Et où était son père ? C’était pourtant lui qui lui avait dit de rentrer dans la pièce non ? Il passa son regard à gauche et à droite, remarquant finalement son père qui était assis sur un fauteuil en bois avec du tissu. Il avait lui aussi un léger sourire. Ah… Mais qu’est-ce que ça voulait dire ?! Ce n’était pas ses parents ça !

« Père… Vous allez bien vous aussi ? Pourrais-je savoir pourquoi je me retrouve dans votre chambre commune ? Et pourquoi vous vouliez me parler ? »

« Et bien… Je pense qu’il vaut mieux que cela soit ta mère qui te le dise. Nous avons voulu te cacher cela pendant plusieurs mois… Et bien que ces derniers temps, nous n’avons pas pu te parler très souvent… »

« Ces derniers temps ? Ces dernières années plutôt… Je ne vous ai pas revu pendant plusieurs mois, je tiens à vous le signaler, père. »

Celui-ci ne semblait même pas se soucier de ce que son fils venait de dire, l’invitant à se rapprocher de sa mère. Qu’est-ce qu’il y avait avec elle ? Cela était une bonne nouvelle non ? Sinon, ils n’iraient pas sourire. Hein ? Attendez un peu… Il observait sa mère… Puis aussi la bosse sous les draps… Elle était plutôt imposante non ?

« Mère… Qu’est-ce donc que cela ? »

« Oh… Tu veux parler de mon ventre, mon fils ? Et bien… Je voulais te laisser deviner mais… Je pense que je ne vais pas perdre plus de temps. Tu vas être bientôt grand frère. »

Il accusa le coup, restant bouche bée alors qu’il observait sa mère puis son père. Celui-ci se triturait la moustache et une petite barbe de couleur rouge. Ah… Attendez un peu… Il avait cru très mal comprendre ce qu’il venait d’entendre.

« Est-ce que tu peux répéter, maman ? »

Oups… Il oubliait les marques de politesse mais sur le coup, il n’en avait vraiment rien à faire de ces marques ! Il voulait plutôt tout savoir à ce sujet ! Il avait l’impression d’avoir très mal compris ce qu’il venait d’entendre. Pourtant, sa mère ne semblait pas s’en soucier et reprit doucement et délicatement :

« Tu vas être grand frère… C’est un garçon. Je pensais le cacher encore… mais visiblement… Il ne va plus tarder à venir. »

« Mais… Mais… Mais… Depuis quand ? Où ? Enfin ? Je… Vous êtes au courant depuis quand ? Et moi alors ? Enfin ! »

« Quand ? Il y a déjà plusieurs mois. Où ? Cela ne te concerne pas, mon fils. Nous sommes au courant depuis deux à trois mois… Ta mère nous a fait un petit évanouissement en public. »

« Mais mais mais… Pourquoi est-ce que je n’ai pas été au courant ? Et seulement maintenant ? » demanda t-il, éberlué par cette nouvelle.

« Nous avons essayé plusieurs fois de te prévenir mais tu n’étais jamais présent à ce moment-là. Nous sommes un peu inquiets… Il parait que tu causes des soucis à notre armée… »

« Inquiets ?! Pour moi ?! Et depuis quand ?! Ne vous foutez pas de ma gueule ! »

Il venait de crier, quittant la chambre en courant alors que les deux parents se regardaient longuement, la tristesse peinte sur son visage. C’était une blague ! Ses parents inquiets pour lui ! Et puis quoi encore ?! Et voilà que sa mère était enceinte et cela sans même qu’il ne le remarque ! C’était quoi cette chose ?! On se moquait de lui ! C’était impossible autrement !

« Comment ça va avec ton nouvel amoureux ? » demanda Alia à l’adolescente qui se présentait devant elle, un livre à la main.

« Je ne vois pas de quoi tu parles et avant même que tu n’ouvres la bouche, je te conseille de tourner sept fois ta langue à l’intérieur. »

« Hum… J’en ai clairement pas envie… Et puis, tu peux dire ce que tu veux, ce n’est pas moi qui manque aux enfants car je ne viens plus leur raconter des histoires »

Grrr… Elle était aussi un peu fautive sur ce coup, elle le reconnaissait… Ce n’était pas obligé de le lui rappeler de cette façon ! L’adolescente aux cheveux bruns reprit aussitôt :

« J’irai leur raconter des histoires à nouveau dès que tu auras disparue de ma vue. Je n’ai pas que ça à faire de t’adresser la parole, surtout si tu es là pour tenter de m’énerver. »

« Tu sais très bien que ce n’est pas mon genre… Je ne veux pas t’énerver… Juste te révéler… tes sentiments… Ce n’est pas dur non ? Rosa m’a tout raconté au sujet de Pete et elle. »

« Hum ? De quoi est-ce que tu parles encore ? Qu’est-ce que tu racontes ? » demanda t-elle, visiblement un peu intéressée par tout ce qu’elle venait d’entendre. Alia haussa un petit sourcil de surprise, se disant qu’elle avait visé juste avant de reprendre :

« Et bien… Lui et elle se sont embrassés pendant qu’elle le soignait. Contrairement à toi, elle n’hésite pas à prendre les devants et inversement ! »

« Où est-ce que tu veux en venir ? «  demanda t-elle une nouvelle fois, faisant face à Alia.

« Pourquoi est-ce que tu n’embrasses pas Arnaud ?! Il t’aime et tu l’aimes non ?! »

« Hum ? Tu racontes n’importe quoi. Nous ne nous aimons pas. Il en a déjà une autre. »

… … … … … HEIN ?! Là, elle était complètement statufiée de surprise. Arnaud en aimait une autre ?! Quand ça ?! Depuis quand ?! L’adolescente reprit aussitôt la parole :

« Depuis quand ? Et comment est-ce que tu sais ça ? Il te l’a dit ? »

« Il ne m’a rien dit du tout… Je le devine facilement… Et il n’a pas nié cela. »

« Hum… Mon œil ! Je lui poserais moi-même la question puisqu’il en est ainsi ! Je ne sais pas ce que tu me racontes comme bobard et je demande clairement si tu ne me mens pas ! Car là, je ne crois pas que ça soit possible ce que tu me dis… J’en ai même bien peur que ce n’est pas du tout la vérité ! Tu vas arrêter de mentir pour rien ! »

« Je ne mens pas… Il en aime une autre et il faut accepter la réalité. Si tu n’as rien d’autre à me dire, Alia… Alors, je vais me retirer. »

Comme si elle n’avait rien d’autre à dire ! Là ! Elle lui tapait réellement sur les nerfs ! En un sens, elle n’avait pas nié qu’elle aimait encore Arnaud ! Non ! Elle avait simplement dit qu’Arnaud en aimait une autre ! Et ça… Ce n’était même pas confirmé !

« TU RESTES ICI, LILY ! Faut qu’on parle ! »

« La discussion est maintenant terminée… Si tu as besoin de moi, tu attendras demain. »

Elle attendra demain ? AH ! Oh que oui, elle allait attendre ! Elle s’éloigna de Lily avec fureur, serrant les deux poings avant de reprendre sa forme de poisson au niveau de ses jambes. Ce genre de choses, l’absence de sentiments, tout… Ca commençait à lui porter sur les nerfs ! Lily était sa meilleure amie et elle ne comprenait pas qu’en niant tout ça, elle se détruisait le moral peu à peu ?!

… … … La nuit était passée et dès l’aurore, elle s’était présentée à la sortie du palais royal, attendant Lily. Oh… Il était assez difficile de voir le soleil à travers le premier plafond mais qu’importe… Elle savait parfaitement qu’elle s’était levée bien assez tôt pour ça !

« Qui est-ce que tu attends ? » demanda une voix derrière elle, la forçant à se retourner pour apercevoir Lily qui avait deux livres dans les mains.

« TOI ! Tu m’accompagnes tout de suite sur la plage ! »

« Malheureusement, ça ne sert à rien. Tout le monde dort ou presque. Arnaud ne vient jamais à cette heure-ci et je n’ai pas envie de le voir. Je vais raconter une histoire aux enfants… Le temps que j’arrive, ils seront réveillés. »

« … … … Vas leur raconter une histoire mais d’ici deux heures, je te traîne de force là-bas. »

« Fais comme tu veux… Tu vas t’épuiser inutilement mais qu’importe… »

Qu’importe… Grrr ! Elle lui prenait sérieusement la tête quand elle parlait comme ça ! Ca commençait franchement à l’exaspérer de rester autant de marbre. Elle s’éloigna une nouvelle fois, oh… Dans deux heures… Oui dans deux heures…
Les minutes s’étaient écoulées rapidement, l’adolescente avec ses deux livres se retrouvant entourée par les jeunes filles et garçons des soldats partis à la guerre. Ah… Elle semblait plus émotive, racontant les histoires avec une envie plus grande… Même si elle ne le remarquait pas elle-même. Puis peu à peu… Une heure passa… Puis une seconde.

« La princesse Lily doit partir les enfants… Je suis désolée mais elle doit aller voir son amoureux. J’espère que vous comprendrez qu’elle ne peut pas rester. »

« Mademoiselle Lily a un amoureux ? C’est qui ? C’est qui ?! Elle peut nous le montrer ? Dites, mademoiselle Lily ! Vous voulez bien nous le montrer ! »

« Je n’ai pas de personnes que j’aime… Alia raconte des sottises, les enfants. »

Pfff… Ils étaient sûrs que ce n’était pas la vérité ! Cela se voyait sur le visage de l’adolescente ! Celle-ci referma ses livres, suivant maintenant Alia sans même être forcée. Autant se débarrasser de ça tout de suite… Qu’elle comprenne enfin qu’il n’y avait rien à faire entre elle et Arnaud. Elles se dirigèrent à la surface, revenant sur la fameuse plage des monstres tandis que le soleil était maintenant bien levé dans le ciel.

« Il ne nous reste plus qu’à attendre l’arrivée d’Arnaud. Et tu restes à côté de moi. »

« Je ne comptais pas m’enfuir de toute façon… Ce n’est pas mon genre et je ne suis pas ainsi, tu devrais pourtant le savoir, Alia… Mais bon… Les années ont passé et tu préfères ignorer ce que je suis devenue en te rattachant à ce que j’ai été. »

« Arrêtes tes belles paroles, je te préviens tout de suite : ça ne marche pas avec moi. »

« Ah… Bonjour ? Lily… Alia… »

L’adolescent aux cheveux bleus était arrivé, le visage sérieux et tiré par quelques rides de sommeil. Il n’avait pas réussi à s’endormir cette nuit à cause de tout ce qu’il venait d’apprendre. Il se présenta devant les deux adolescentes, embrassant leurs mains :

« Vous allez bien toutes les deux ? Bien dormies ? Je viens à peine d’arriver alors… »

« Je vais vous laisser… Ah non ! Arnaud ! J’ai quelque chose à te dire de la part de Lily. Elle est un peu timide et n’ose pas te le dire en face alors je vais… »

« Je ne suis pas timide et je n’ai pas peur de lui dire en face. Il n’y a pas s’en faire à ce sujet. »

« De quoi est-ce que vous voulez parler les filles ? »

« Et bien, Lily t’aime, c’est tout ! Elle veut savoir ce que tu ressens pour elle ! »

Hein ? Il haussa les épaules comme pour signaler sa surprise alors qu’Alia écarquillait les yeux. Lily s’était déjà retournée pour repartir alors qu’Alia reprenait :

« C’est quoi ça ? Tu pourrais quand même réagir un peu plus ! »

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise, Alia ? Je ne sais pas quoi répondre moi… »

« Est-ce que tu l’aimes ou non ?! C’est pas dur à répondre pourtant ! Oui ou non ! Si c’est non, pourquoi est-ce que c’est non ?! Et si c’est oui… Embrassez-vous ! »

« Je ne sais pas trop… J’ai autre chose en tête. » souffla t-il alors qu’il passait une main sur son front, Alia ne semblant guère apprécier tout ça.

« TU PEUX ME DIRE CE QUI EST PLUS IMPORTANT QUE CA ?! »

« Ma mère et mon père vont avoir un enfant… Je vais être grand frère, voilà tout. » souffla t-il en haussant les épaules, reprenant aussitôt : « Donc tu peux remarquer que j’ai autre chose dans la tête que ça et… »

« Normalement, tu ne devrais pas détester tes parents ? Alors pourquoi est-ce que tu es au courant de tout ça, Arnaud ? » demanda aussitôt l’adolescente aux cheveux bruns en se retournant à nouveau vers lui pour lui faire face.

« Merci de mettre les pieds dans le plat de cette manière aussi délicate qui te caractérise tant maintenant, Lily. » souffla t-il en serrant les dents.

« Vous me fatiguez tout les deux… Débrouillez-vous sans moi ! »
Elle en avait plus qu’assez ! Elle salua Lily et Arnaud, les laissant seuls alors qu’elle quittait la zone. Elle en avait marre de ces deux personnes. L’un comme l’autre n’arrivait clairement pas à dire ce qu’il ressentait exactement. Arnaud la regarda partir avant de demander :

« Tu sais ce qui lui prend ? Elle n’avait pas l’air dans son assiette. »

« Je crois qu’elle n’a pas accepté le fait que tu aimes quelqu’un d’autre que moi. »

« Ah ? C’est juste ça ? Ce n’est rien de bien dramatique alors puisque je n’aime personne. »

« Ah ? Je pensais que tu aimais une autre fille. »

Elle se positionnait correctement en face de lui, l’adolescent étant quand même plus petit qu’elle. Ah… C’était ça les Barpau… Au fur et à mesure, ils grandissaient et peu à peu… Non… Rien que l’idée d’y penser n’était pas une bonne chose.

« J’ai déjà dit que je n’aime pas réellement pas quelqu’un, je vous apprécie. Qu’est-ce que vous avez toutes à vouloir que je sois amoureux ? C’est si important que ça ? »

« Cela ne m’importe pas du tout. Je n’ai que faire de tout ça. »

« D’accord ! Merci de me soutenir pfff ! J’en ai vraiment ras la tête de tout ça ! »

« Et alors… Comme ça… Tu vas être grand frère ? »

Hein ? Ah… Oui… Elle venait de s’adresser sur un ton presque doux. Il poussa un profond soupir, la jeune demoiselle l’invitant à s’asseoir à même le sable et à cet endroit alors qu’il cherchait les mots pour prendre la parole correctement :

« Oui… Mon père et ma mère… Enfin non… Ma mère est enceinte et c’est pour bientôt. »

« Pourquoi est-ce que tu n’es pas heureux ? Tu devrais l’être non ? »

« Pourquoi je le serais ? Sincèrement… C’est peut-être la première fois… depuis plus de dix ans… que j’ai vu un sourire sur les lèvres de mon père… Et ma mère qui me parlait gentiment… Nous ne sommes plus une famille ! Nous ne le sommes plus ! »

« C’est ta vision des choses… Je ne sais pas quoi de te dire exactement mais je pense que tu te trompes lourdement sur tes parents. Vous devriez prendre cette naissance pour vous rapprocher tous ensembles. Tu devrais être content non ? Même pas un peu ? »

« Je suis vraiment… content d’avoir un petit frère… Oui… Vraiment… Je vais pouvoir m’occuper de lui car mes parents n’auront jamais de temps pour ça. Je vais peut-être même demander à ce que l’on déplace ma chambre pour qu’elle soit proche de mes parents. Comme ça, s’il y a un problème, je serais là très rapidement. »

« Hum… Tant mieux alors… Je dois signaler que je suis contente pour toi, n’est-ce pas ? »

« Si tu pouvais déjà sourire un peu, ça serait plus crédible que ton regard froid et glacial. »

Sourire ? Elle pouvait se forcer pour lui… Elle ouvrit la bouche, émettant un petit sourire légèrement triste alors qu’il soupirait une nouvelle fois.

« Je crois que je t’en ai trop demandé, Lily. Laisse tomber en fin de compte. »

« Je n’arrive pas à me forcer… à sourire. J’en suis désolée. »

Désolée de quoi ? Pfff… Il valait mieux ne rien dire pour ne pas être déçu. Il vint prendre sa main, lui disant de le suivre pour qu’ils puissent se balader un peu. Au moins, ils allaient discuter de son futur petit frère, cela ne serait pas une mauvaise chose. Marchant sur la plage, il reprit la parole après quelques secondes :

« Je n’ai jamais eu de petit frère ou de petite sœur. Je ne sais même pas comment je dois m’en occuper, comment je dois l’amuser et toutes ces choses… »

« Est-ce que tu penses que j’ai de la famille à part mes parents ? Ce n’est pas le cas… »

« Mais il paraît que tu t’occupes d’enfants ! Comment est-ce que tu fais ?! Comment est-ce que tu les calmes ?! Comment est-ce que tu les amuses ? Les berces ? Les distraits ? »

« Wowowow… Arnaud… C’est bon, calme-toi… Pas besoin de s’emporter non plus. »

Oups… Il avait fait un peu de zèle, il l’avouait… Et elle remarquait parfaitement que l’adolescent était plus que ravi par l’arrivée de son petit frère. Hum… Bon… Qu’est-ce qu’elle pouvait dire en fin de compte ?

« Leur raconter des histoires provenant de différents livres. Les enfants aiment écouter mais ne va pas leur donner des livres compliqués. Ils veulent des contes et des histoires qui finissent bien. Je ne sais pas… Celle de la Barpau si laide mais qui finalement fut aimée malgré sa laideur au point qu’elle en devint belle. »

« Oui… Je vois… Ce genre d’histoires à l’eau de rose et super gnangnan. Enfin bon… Et après ? Pour les nourrir ? Les bercer ? »

« Ce ne sont pas des bébés mais de jeunes enfants. Ils doivent avoir quatre à cinq ans. »

Ah… D’accord… Il n’avait pas compris ça comme ça à la base… Enfin bon… Et ensuite ? Et après ? Qu’est-ce qu’ils devaient faire ? Elle reprit la parole, un peu étonnée de l’écoute que l’adolescent avait envers elle. Il était vraiment fasciné…

« Ensuite… Hum… Pour les repas… Il faut éviter de leur préparer des choses trop lourdes et aussi les emmener aux toilettes quand ils doivent faire leurs besoins. »

« D’accord… Euh… Ca… Je laisserai peut-être les servantes le faire à ma place… Car là, je ne me sens pas du tout qualifié pour ce genre de choses. Pfiou… »

« Hum… Là… Je suis plutôt déçue de ce que tu viens de dire… Tu ne veux pas t’occuper complètement de ton petit frère ? »

« Je suis son grand frère, pas sa nourrice… Enfin bon… Je reste dans mon rôle de grand frère, pas de père… Hého… Je suis trop jeune pour avoir un enfant. »

« Qui a parlé d’avoir un enfant ? Tu as des idées vraiment saugrenues, Arnaud… Il faut se l’avouer. Enfin bon… Ce n’est pas cela le problème. »

« Et c’est quoi alors le problème, mademoiselle Lily ? » dit-il en lui souriant. L’adolescente détourna le regard, le dirigeant vers l’océan avant de s’accroupir. Elle prit un peu de sable, reprenant d’une voix lente et calme :

« Si tu veux… Un jour… Je peux t’emmener sous l’océan… »

« Et je respire comment ? Car je te rappelle que je ne sais pas vraiment nager… et surtout respirer sous l’eau… Donc c’est un peu difficile en fin de compte… »

« Hum… Et tu ne t’es pas demandé ou dit que je pouvais te faire respirer sous l’eau si je le désirais ? Ou alors mes parents pourraient faire cela ? »

Ses parents ? AH ! C’est vrai qu’il n’avait jamais vu les parents de Lily… et inversement. Enfin bon… Pourquoi il devrait présenter ses parents ? Ils étaient très bien ensembles et ils étaient heureux, tout ça quoi… Ils ne se connaissaient pas plus que ça. Ah ! Il compliquait tout dans sa tête ! Il s’écria légèrement :

« Ca va ! Ca va ! J’ai compris ! Je ferais des efforts ! Je n’ai pas besoin de venir voir tes parents ! Et puis de toute façon, pourquoi est-ce que je voudrais aller dans l’océan ?! »

« Je… pensais que cela te ferait plaisir… Mais visiblement, je me suis trompée. Désolée. »

« Hein ? Attends… Un petit peu… Lily… »

Il venait de commettre une grosse bêtise et il le sentait parfaitement. Il vint serrer l’adolescente dans ses bras, celle-ci restant contre lui alors qu’il lui caressait le dos. Oh punaise… Il ne savait même pas pourquoi il faisait cela… Il n’avait pas l’habitude. A croire qu’il était juste capable de serrer des personnes pour les réconforter.

« Si tu n’as pas besoin de moi… Et de toute façon, tu n’es pas pardonné. »

« Je sais parfaitement que je ne suis pas pardonné… Mais bon… Ne t’en fait pas… »

« C’est à toi de t’en faire, nullement à ma personne. » répondit-elle bien qu’elle ne bougeait pas de ses bras. Il savait parfaitement ce qu’elle voulait à ce moment.

Maintenant qu’il savait quoi faire de son côté avec ses parents, il allait devoir retourner auprès d’eux et attendre le bon moment… Celui de la naissance de son petit frère. Et tout ce qu’il savait, c’est que cela était pour bientôt, héhéhé ! Il embrassa l’adolescente sur les joues, disant qu’il devait partir pour épauler les soldats des Barpau avant de repartir chez lui.

Ah… Dès l’instant où il posa un pied dans le château, plusieurs serviteurs arrivèrent vers lui, complètement affolés. L’un d’entre eux s’écria :

« Prince Arnaud ! Prince Arnaud ! C’est pour aujourd’hui ! »

« Hein ?! Mais je croyais que cela devait prendre quand même un peu de temps ! Où est ma mère et mon père ?! Dans la chambre ?! »

« Nous allons vous guider là-bas, nous avons déjà appelé les médecins pour qu’ils viennent s’occuper de ça ! »

« Tant mieux ! » dit-il avec un peu de stress. Vraiment… Cela ne pouvait pas attendre un peu ?! Le bébé allait venir aujourd’hui ?! AH ! Il devait se trouver avec sa mère et son père pour la naissance ! Enfin non… Après la naissance…

Il se retrouva devant la double porte de la chambre de ses parents, plusieurs soldats bloquant l’entrée alors qu’il s’approchait d’eux. Ils se positionnèrent de telle sorte pour l’empêcher de pénétrer dans la pièce, disant calmement :

« Nous sommes désolés… Mais cela est très dur… pour le roi… et la reine… »

« Comment ça ? Très dur ? Qu’est-ce que vous voulez dire par là ?! »

« Je ne peux rien vous dire, j’en suis désolé mais il semblerait que l’accouchement se soit mal passé… Ou plutôt est en train de très mal se passer… »

« Pardon, pardon, veuillez nous laisser passer ! Pardon ! »

Plusieurs personnes aux ailes cotonneuses rentrèrent dans la chambre, ayant différents sacs en main alors qu’il restait immobile. Comment ça… Qu’est-ce que ça voulait dire ?

« Vous allez me laisser passer ? Ou alors, je vais devoir vous forcer la main ? »

« Pardonnez-nous, prince Arnaud mais les ordres sont les ordres et… »

« J’en ai STRICTEMENT RIEN A FAIRE DES ORDRES ! » hurla t-il alors qu’il faisait apparaître ses ailes dans le dos, les soldats semblant plus qu’inquiets par cela.

« Pardonnez-nous d’insister… Prince Arnaud… Cela ne prendra que quelques minutes ou heures… Soyez patient, je vous en prie. »

« C’est bon… Vous avez réussi à me prendre la tête. DEGAGEZ MAINTENANT ! »

Il venait de créer un puissant vent, repoussant les soldats sur les côtés avant de pénétrer avec violence dans la chambre, regardant à l’intérieur. Ah… Ah… Ses parents… avaient besoin de lui… Et là… Qu’importe ce qui s’était passé pendant ces dernières années, il devait être là ! C’est tout ! C’était presque comme une obligation ! Ah… Des petits cris… Des petits pleurs… Il entendait les cris d’un bébé… Avec lenteur, il s’avançait vers sa mère couchée dans le lit, son père étant à genoux à côté du lit du lit tandis que les médecins vérifiaient une dernière fois que tout se passait pour le mieux. Puis après… Ils partirent… tout simplement…

« Tu peux venir, Arnaud… Il ne va pas te manger… »

« Maman… Qu’est-ce qui s’est passé ? J’ai entendu… que c’était dangereux… que… Qu’il avait des problèmes et que… »

« Le cordon ombilical s’était entouré autour de ton petit frère… Mais maintenant, c’est bon… Tu veux le voir ou non ? » demanda sa mère alors qu’il ne savait pas quoi faire.
S’approcher ? Ne pas s’approcher ? Il regardait son père, puis sa mère, un peu surpris et apeuré. Apeuré de quoi ? Qu’est-ce qui lui faisait si peur que ça ?

« Est-ce que tu as déjà un nom… à lui donner, Maman ? »

Il ne savait pas où se mettre, il ne savait pas quoi dire. Il était complètement perdu et déboussolé, ah… ah… Le petit enfant… aux yeux bleus comme lui mais il avait aussi des cheveux rouges. Un curieux mélange… mais il était vraiment mignon.

« Tu veux qu’on te laisse décider ? Tu peux choisir si tu le désires… »
« Je… Maman… C’est quand même… important… Et si je disais un nom… stupide ? »
« Nous te faisons confiance à ce sujet, mon fis… ton. » murmura l’homme alors qu’Arnaud retenait ses larmes. Non… Il ne devait pas pleurer, bordel ! Pourquoi maintenant ?
« … … Icare ? » souffla Arnaud tandis que ses parents le regardaient assez stupéfaits.
« C’est un nom assez spécial… n’est-ce pas ? Mais sa sonorité ne me déplait pas. Tu en penses quoi, mon amour ? » demanda l’homme en s’adressant à la mère d’Arnaud.
« Personnellement, je trouve que c’est un très joli nom. Il a quelque chose d’assez mystique. »
Alors, c’était bon ! Dorénavant, le bébé allait s’appeler ainsi ! Le père tapa dans ses deux mains, se levant finalement tout en disant :
« Nous attendrons quelques temps mais nous organiserons une fête pour la naissance de ton petit frère, Arnaud. Nous en avons fait une pour toi, il est normal que ton petit frère en reçoit une aussi. »
Ah… Une fête… Bien entendu… L’adolescent arrêta de sourire mais son père reprit aussitôt :
« Bien entendu… Il faut que tu sois présent, Arnaud. Il est même grand temps que tu nous accompagnes pour les festivités que nous organisons. Tu pourras même inviter la jeune demoiselle avec qui tu parles un peu trop souvent à notre goût. »
Hein ? Ils… Ils parlaient d’Elizabeth ? Ah… Oui… Peut-être… Pfiou… Comment est-ce qu’ils étaient au courant ? Il vint rougir légèrement, ses parents souriant. Au final… Il n’avait pas été si inexistant que ça… à leurs yeux… Il se sentait fautif… Mais maintenant qu’Icare était né… Il était temps de reformer une véritable famille.

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