Chapitre 16 : Des nouvelles pour la reine

ShiroiRyu
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Second axe : La vie à la surface

Chapitre 16 : Des nouvelles pour la reine

« Donnez-moi les nouvelles des villages et villes avoisinant nos frontières. »

« La guerre de ces dernières années et les nombreux mois de rébellion n’ont pas arrangé la situation malheureusement. Mais ils sont en train de se reconstruire, peu à peu, ce qui est une bonne chose, ma reine. »

« Hum … Envisagez de placer une visite ou deux de ma part dans ces derniers. Il me faut être présente dans ces moments difficile. »

« Vous avez déjà beaucoup à faire. Vous devriez plutôt vous reposer et envoyer quelqu’un d’autre se charger de cela. Vous pouvez déléguer une telle … »

« Un peuple en colère ne se contentera pas d’un simple envoyé. Il leur faut ma présence directement pour qu’ils puissent comprendre que je suis derrière eux. Voilà toute la différence. » continua de dire la femme aux cheveux argentés assise sur son trône. Elle possédait quelques parties d’armure noire sur son corps, au niveau de la poitrine et des hanches. Comme si elle était incomplète, elle servait plus de « vêtement » que de réelle protection si elle devait se faire attaquer.

« Mais tout le monde n’est pas encore d’accord sur votre intrônisation et … »

« Il est impossible de satisfaire tout le monde. Certains se contentent de peu, d’autres de bien plus. Je ne suis pas assise sur ce trône pour ça. Je suis à cette position car il faut une reine pour le royaume de Shunter et un symbole pour guider ce dernier depuis les dernières années en perdition. Je suis là pour corriger tout cela. »

« Un symbole se doit d’être respecté et protégé, Reine Manelena. »

« Est-ce que vous seriez en train d’insinuer que je suis incapable de me protéger ? » déclara la femme aux yeux rubis, finissant par se redresser.

« Non non ! Nullement ! Je n’oserai jamais dire cela ! Loin de là ! Mais simplement, vous êtes la reine du royaume. Vous ne pouvez pas aller n’importe où et … »

« Je n’ai aucune restriction à avoir dans mes déplacements. En tant que monarque de Shunter, je suis libre de mes mouvements et je peux me rendre où je le désires. Me suis-je bien faite comprendre ou non ? Si ce n’est pas le cas … »

« Mais .. Mais … Mais … La dernière fois, vous êtes partie pendant des semaines avec ce groupe à Omnosmos ! Et lorsque vous êtes revenue, les portes démoniaques de la capitale du monde étaient ouvertes et vous avez ramené cette jeune femme et … »

« ASSEZ ! J’IRAI ME RENDRE DANS CES VILLAGES QUE CELA VOUS PLAISE OU NON ! DISPARAISSEZ DE MA VUE ! »

« Co… Comme vous le désirez, reine … reine Manelena. »

Cette fois-ci, l’homme n’osait plus relever son regard alors qu’il s’éloignait et quittait la salle du trône. Il fallait dire que la femme aux cheveux argentés ne lui avait pas laissé la possibilité de répliquer. La restreindre uniquement à ses fonctions royales était une effroyable erreur qu’il avait commise et il valait mieux qu’il évite de recommencer la prochaine fois. Lorsqu’elle se retrouva seule ou presque, elle se leva du trône avant de dire aux gardes qui surveillaient les portes :

« Je vais me rendre dans ma chambre. Que nul ne vienne me déranger. »

« Voulez-vous que l’on vous accompagnes, reine Manelena ? »

« Je pense que dans mon propre château, je n’ai rien à craindre. Et personne ne serait assez stupide ou fou pour tenter quelque chose à ce moment précis, n’est-ce pas ? Donc … Non, je n’ai pas besoin d’assistance. Vous pouvez disposer. »

Du moins, eux-mêmes pouvaient rester à leurs positions alors que la femme à moitié recouverte par de l’armure était maintenant en train de se déplacer dans les couloirs. Quelques servantes et autres employés la saluèrent avec un mélange de respect et de crainte, les gardes qui se déplaçaient s’immobilisaient en prenant la pose pendant qu’elle-même était en train de se rendre sans un regard vers sa propre chambre.

Elle avait décidé de ne pas changer de chambre après la mort de son père. Elle n’avait pas envie d’un endroit plus spacieux, richement décoré et autre. Ce à quoi elle s’était habituée toutes ces années lui convenait parfaitement et lorsqu’elle pénétra dans la pièce, celle-ci était d’une sobriété absolue.
Aucune décoration, aucune froufrou ou autre. Un bureau, un lit, une table de chevet, que des objets de commodité qui servaient pour la vie de tous les jours. La seule chose qu’elle s’était autorisée était un miroir géant pour pouvoir s’observer. Lorsqu’elle referma la porte de la chambre à clé, elle avait fini par faire disparaître son armure.

« Encore une journée épuisante. Ces hommes … Est-ce qu’ils pensent vraiment que je suis en sucre ? J’ai été la maréchale pendant des années. Je sais me battre et me protéger. Je n’ai pas besoin de ces idiots pour me sentir en sécurité ! »

Mais rien à faire, ces hommes ne voulaient que son bien. Elle avait évité de garder trop de nobles de son côté. Certains s’étaient rebellés pendant les dernier événements et ainsi, depuis qu’elle était reine, elle avait autorisé un mélange entre les hommes du peuple et ceux qui avaient du sang bleu en eux. Les premiers étaient honorés tandis que les secondes évitaient de trop se plaindre, pour ne pas la mettre en colère.

« Quel imbécile. Si seulement il avait été là … »

Mais aucune nouvelle depuis des mois. Ce n’était pas comme si elle voulait savoir comment il allait. Ce n’était pas comme si cela l’importait réellement de connaître son état de santé. Simplement, avec lui à ses côtés, la vie aurait été bien plus facile. Elle aurait eut une é…

« Hum ? Une lettre ? Il n’y a pas vraiment de monde qui peut m’en envoyer une. » dit-elle calmement en voyant une enveloppe ailée qui claquait contre une fenêtre de sa chambre.

Alors, elle avait regardé l’enveloppe tout en ouvrant la fenêtre C’était … Royan ? Oui, la couleur bleue mais surtout le sceau imposé sur l’enveloppe était celle de l’actuel monarque de Traslord. Dire que lui aussi avait beaucoup souffert à cause de toute cette histoire.

« Qu’est-ce qu’il me veut réellement ? D’habitude, il évite de m’écrire sauf si .. »

Oui, c’était ça ! Il n’y avait qu’une raison qui pouvait pousser l’adolescent devenu adulte à lui écrire une lettre. Avec un peu d’anxiété, voilà qu’elle déchirait le haut de l’enveloppe pour en extraire la lettre. Ses yeux rubis se posèrent sur l’écriture, commençant à le lire à voix haute bien qu’elle était seule dans la pièce :

« Manelena, si je t’écris cette lettre, c’est pour te donner des nouvelles par rapport aux invasions démoniaques sur mon territoire. Je sais parfaitement que de ton côté comme dans les autres royaumes, vous en subissez aussi. Néanmoins, toi et moi, nous nous sommes promis de tenir l’autre au courant par si une certaine situation se produisait. »

Cette situation, c’était bien celle qu’elle envisageait. Elle était devenue un peu fébrile mais elle devait continuer à lire cette lettre. C’était important, très important … et pas uniquement pour elle. Il y avait une autre personne aussi qui devait être mise au courant.

« L’une de mes troupes militaires a été défaite par les démons. Cela n’a rien d’étonnant et nous savions que cela allait se produire un jour ou l’autre. Les démons sont de moins en moins aptes à être surpris que nous pouvons déjà les combattre et cela avec aisance. Pour autant, c’est les propos du seul survivant qui est le plus intéressant à savoir. »

Le seul survivant. Comment est-ce qu’un simple soldat avait réussi à survivre à une agression par rapport aux démons ? Ce n’était pas normal. Il y avait quelque chose qui clochait. Normalement, c’était l’un ou l’autre groupe qui gagnait. Il n’y avait aucun survivant, ce n’était pas aussi aisé que ça, sauf si … sauf si …

« Ce survivant m’a déclaré que deux démons l’ont laissé vivre. Alors que le reste des démons sont morts aisément ou presque, ces deux démons ont fait preuve d’une férocité et d’une connaissance de Traslord des plus étonnantes. Dotés de la parole comme les autres, ils ont déclaré qu’ils étaient déjà venus à la surface. »

Déjà venus à la surface. Il n’y avait pas tant de démons que ça … qui étaient capables d’une telle chose. Cela voulait dire que … cela voulait dire … Elle devait le confirmer. Ses yeux parcouraient le reste de la lettre alors qu’elle se chuchotait à elle-même :

« C’est pas possible. Pas après tout ce temps. Enfin … Pourquoi maintenant ? Traslord ? Et pas à Shunter ? Ils sont ensemble ? Qu’est-ce .. Ah … L’un des démons était une femme aux cheveux auburn. Capable de s’enflammer sur l’intégralité de son corps, elle était la plus bouillonnante et violente des deux. Elle a été capable de combattre et raser l’intégralité des soldats de Traslord ou presque. »

Cette femme. Ce n’était sans aucun doute … Elise. La femme aux cheveux auburn, celle qui était une démone et qui avait réussi à contrôler son corps grâce au voyage fait avec eux. Elle avait … donc perdu la raison ? Non, ce n’était pas ce que la lettre impliquait sinon, Royan n’aurait jamais osé la lui envoyer, du moins, pas dans ces termes.

« C’est le second démon qui te concerne le plus. Le soldat m’a expliqué que c’était le plus calme dans cette situation. Il était étrangement … humain et contrairement au démon féminin, son corps ne s’était pas modifié. Mais il avait une particularité, il était capable d’invoquer des golems. Il a essayé de nombreuses fois de calmer la situation mais les soldats comme les démons n’ont pas voulu l’écouter. Le soldat m’a signalé qu’il fallait aussi prévenir Manelena, la reine de Shunter, de sa présence et que c’est uniquement grâce à ce démon qu’il a eut la vie sauve. Voilà, tu es au courant de tout. »

Bien que la lettre n’était pas terminée, ça ne changeait en rien son contenu. C’était ce qu’elle recherchait depuis le début. Elle en était convaincue : Tery était toujours vivant. Visiblement, il était dans le monde souterrain et il n’avait pas lâché Elen depuis le début. Ce qui voulait dire que malgré … ce qui s’était passé à Omnosmos, il avait encore gardé le contrôle de son corps. Alors POURQUOI ?! POURQUOI ?! Sa main froissa la lettre avec rage.

« Pourquoi est-ce qu’il ne revient pas ?! »

Elle connaissait la réponse. Elle n’était pas idiote. Il n’y avait qu’une unique raison pour que le jeune homme ne vienne pas : sa faute à elle. Ses dernières paroles avant qu’il ne traverse les portes démoniaques. C’était à cause de ça … Et uniquement ça. Elle avait tout simplement proclamé qu’il n’y avait pas de retour en arrière.

Mais ce … ce n’était pas vrai. Même ainsi … C’était stupide. Elle pouvait se montrer si déraisonnable, tout ça à cause d’un homme aussi bête que lui. Il ne cherchait pas à envahir la surface, il ne cherchait pas à ravager tout ce qui se trouvait autour de lui. C’était toujours le même … et s’il avait Elise à côté de lui, elle savait pourquoi.

« Il veut simplement la protéger … comme à son habitude Ca a toujours été dans son caractère, cela ne changera jamais. »

L’avoir à ses côtés, elle était certaine que cela lui permettait de garder une parcelle d’humanité. Comme un souvenir de la vie commune qu’ils avaient eut tous ensemble, n’est-ce pas ? Mais … Elle ne devait pas se leurrer. Ce n’était pas aussi simple. Ce n’était plus possible. Elle voulait se voiler la face, se dire que s’il ne cherchait pas à revenir, c’était tout simplement parce qu’elle lui avait dit qu’il n’y avait personne pour l’attendre.

« Il a tenté de tuer Elen, qu’il soit possédé ou non. Cet acte n’est pas possible … à oublier Cet acte n’est pas possible à ignorer. »

Si elle décidait de mettre ça de côté, cela voudrait dire qu’elle se laisserait posséder par ses sentiments ! Elle n’était pas aussi faible et ridicule au point de se laisser avoir par ces derniers, n’est-ce pas ?! HORS DE QUESTION ! Ce n’était pas ainsi que ça se passait ! Elle n’avait pas vécu plus de deux décennies comme ça pour se laisser avoir par … ses sentiments.

« Un seul moment de faiblesse … et tout se brise. »

Elle avait finit par déchirer la lettre d’un geste rageur. Elle avait lu la fin de celle-ci. Royan demandait des nouvelles … des autres … Elle allait lui répondre car il n’en était pas possible autrement mais … mais … Pas maintenant. Elle avait juste envie de se vider l’esprit. Elle regarda la bouteille qui traînait sur son bureau. C’était juste un petit remontant.

Mais une bouteille, quand on était seule, c’était d’une tristesse infinie. Elle regarda le verre à côté, finissant par le remplir d’un liquide violet avant de finalement le porter à ses lèvres. C’était doux, ce n’était pas un puissant alcool, ce n’était pas son but. Elle ne voulait pas finir ivre s’il n’était pas là. Elle finit par se positionner devant le miroir, s’observant longuement, le verre à la main.

« Pauvre fille, t’es devenue aussi désespérée que ça d’attirer le regard d’un homme ? »

Elle était là, en train de parler à son image qui se reflétait à l’intérieur du miroir. Elle était grande comme femme, ses bras et ses jambes laissaient paraître des muscles saillants, montrant par là des années de service dans l’armée de Shunter. Elle n’était pas aussi élégante et raffinée que d’autres. Elle n’avait pas un charme naturel comme Elen ou Elise. Les filles du peuple ou alors celles issues des familles nobles, avec leur bal et tout le reste, c’était une toute autre engeance qu’elle-même.

« Lorsque l’on est fille de roi et qu’on se doit de le succéder, on ne peut pas se permettre ces fantaisies, n’est-ce pas ? Je n’ai pas à chercher à envier les autres. »

Son seul atout féminin n’en était pas un. Oh … Par rapport à sa taille, elle n’avait rien à reprocher à sa féminité mais Elen avait presque les mêmes attributs pour bien vingt à trente centimètres de moins. Cela donnait alors l’impression qu’ils étaient plus imposants et …

« MERDE ! A QUOI EST-CE QUE J’EN SUIS REDUITE ?! »

Son poing s’était refermé, brisant le verre entre ses doigts avant de venir frapper contre le miroir, l’éclatant lui aussi en morceaux. Du sang se mélangea au liquide violet tombé au sol, des cris fusant de l’autre côté de la porte.

« REINE ! REINE MANELENA ! QUE SE PASSE T-IL ?! »

« Laissez-moi tranquille ! Que l’un d’entre vous m’emmène quelques bandages et une bouteille d’alcool pur ! Du coton aussi ! »

Elle n’avait pas besoin de se montrer ainsi aux soldats. Ce n’était pas ça … Ce n’était pas elle. Elle n’était pas aussi faible, elle n’était pas aussi … ridicule. Elle n’était pas ainsi. Ah … Ah … Ah … Elle devait tout simplement attendre que Tery se représente à elle. A ce moment précis, elle prendra les dispositions nécessaires pour régler ce conflit interne.

« Stupide … C’est stupide. Vraiment stupide. »

Elle se répétait ce mot en regardant son poing ensanglanté. Des minuscules morceaux de verre s’étaient plantés dedans mais voilà qu’elle serrait le poing avec encore plus de force, laissant paraître ses veines noires dessus. Toute sa main prit une couleur onyx, à son grand étonnement avant de retrouver une couleur plus normale … et surtout sans aucune marque de blessure. D’autres coups à la porte se firent entendre :

« Reine Manelena ! Reine Manelena ! Nous avons ce que vous vouliez ! »

« C’est bon … Appelez une servante avec un balai, il y a des débris de verre. »

Elle avait finit par ouvrir sa porte après avoir fait réapparaître son armure sur son corps. Ce n’était pas bien grave. Les soldats rentrèrent dans la pièce, observant les débris de verre et le miroir brisé alors qu’elle leur désignait ce dernier pour qu’il le sorte de la chambre. Elle avait devoir en trouver un autre. Une servante arriva quelques minutes plus tard, un balai en main, s’inclinant avec peur devant la reine.

« Je … Je … Où sont les morceaux de verre, je … »

« Faites le plus vite possible. Je ne veux plus les voir d’ici cinq minutes. Dès que vous aurez fini, vous pourrez disposer et prévenir que nul ne vienne me déranger. J’ai une lettre à écrire. »

« Comme … D’accord, reine Manelena. Je vais me dépêcher alors. »

Et que cela soit vite fait. Elle n’avait pas de temps à perdre avec toutes ces sottises. Elle avait beaucoup mieux à faire du reste de sa journée. Bien entendu, la servante n’était en rien responsable de l’état d’énervement de la femme aux cheveux argentés et celle-ci le savait bien. C’est pourquoi elle la laissait faire son travail sans la brusquer plus que ça.

Lorsqu’elle se retrouva à nouveau seule, elle était maintenant assise devant son bureau, sur une chaise, une plume en main dont la pointe avait été trempée dans l’encre. Il était temps de répondre à Royan, par courtoisie et surtout pour les questions qu’il avait posées à la toute fin de sa lettre. Ah … Des nouvelles d’Elen, n’est-ce pas ?

« Si seulement tout pouvait aller pour le mieux, j’ai de plus en plus de mal à me contrôler. »

Et ce qui était arrivé à sa main droite, ce n’était pas la première fois … mais ce n’était pas aussi intense. Depuis l’ouverture des portes démoniaques, ses lignes d’Alzar, elle avait du mal à les contrôler mais surtout, cette main entièrement noire, elle ne savait pas ce que c’était. Elle n’en avait aucune idée et elle évitait de montrer le fait qu’elle soit soucieuse.

« Bon … Donnons-lui des nouvelles de ce côté, c’est bien ce qu’il mérite. C’est la moindre des choses par rapport à la situation. »

Ridicule, c’était d’un ridicule. Elle avait encore perdu son calme. Cela arrivait à chaque fois qu’une petite partie de ses pensées était tournée vers Tery. Mais maintenant qu’elle avait vent de ce qu’il faisait, de l’endroit où il résidait, il allait être temps de se mettre en route, n’est-ce pas ? D’aller le cueillir lors de l’une de ses sorties à Traslord.

« Je vais plutôt prévenir Royan de ne pas le tuer, mieux vaut deux fois qu’une. »

Même si elle s’était promise de faire payer le jeune homme aux cheveux bruns, elle ne voulait pas que ça soit autrui qui lui inflige cette punition. Et Royan avait très mal accepté le départ d’Elise. La preuve en était avec cette guerre ouverte par rapport aux démons. D’ailleurs, elle allait devoir lui dire de faire attention au cas où.


Rien n’était moins sûr que ces derniers et ils n’avaient aucune idée de comment les démons vivaient en communauté dans ce monde souterrain. Ainsi, s’ils commençaient à montrer des signes belliqueux et qu’ils décidaient de s’en prendre réellement à Traslord, cela pouvait tourner très vite au désastre s’ils ne faisaient pas attention.

« Ce n’est pas à moi de lui dire comment gérer son royaume. »

Elle était très mal placée par rapport à ça. Shunter venait à peine de se relever de tout ce qui s’était déroulé ces dernières années. Que cela soit avec la guerre contre les autres royaumes, la rébellion, la mort du précédent roi, son intronisation. Tout cela était encore frais dans les têtes des citoyens et il était alors plus que difficile de tout résoudre en un claquement de doigts. C’était pour ça qu’elle prenait à coeur le fait de rendre visite aux villages sinistrés par la guerre, les frontières avec les autres royaumes et les rébellions.
C’était à elle de réparer les erreurs de ce royaume. C’était cela depuis le début. Elle avait toujours servi le royaume sans jamais penser à elle. Tery lui avait permis d’envisager autre chose, il lui avait dit d’exister pour elle, de réfléchir à ce qu’elle voulait faire pour sa propre vie. C’était pour ça qu’elle l’avait suivi, qu’elle avait décidé d’être encore à ses côtés. Ce qu’incarnait le jeune homme aux cheveux bruns, depuis son arrivée dans l’armée de Shunter, son insouciance, son envie de voyage, sa sincérité, sa … candeur. Tout cela était à l’extrême opposé de ce qu’elle avait été.
Elle avait toujours été quelqu’un de froid, renfermé, et cette armure noire qui paraissait sur son corps était comme un rempart autour de son propre coeur. Chaque adepte de Zélisia et Alzar possédaient une force qui lui était propre, qui le rendait unique. Cette armure était la preuve qu’elle s’était forgée comme une carapace autour d’elle. Une carapace que le jeune homme avait effritée puis brisée au fil des années passées à ses côtés.
Mais voilà, il n’était pas parfait, il avait montré des faiblesses, toujours plus de faiblesses. Il n’était qu’humain et son coeur l’était encore plus. Les cornes de démon avaient été sa principale préoccupation : le fait de ne pas être comme les autres, comme Elen, comme elle, comme Royan et le reste du groupe. Etait-ce juste cela ? L’arrivée d’Elise lui avait permis de se réconforter, de se dire qu’il n’était pas le seul à être différent mais qu’ensemble, ils pouvaient réussir à être comme les habitants de ce monde.
La mort de Clari. Cela avait été le début de la fin. Elle ne l’avait compris que trop tard. Elle n’avait pas été assez présente et les autres non plus. Tery était toujours là, à se préoccuper de ceux qui l’entouraient et chacun pensait qu’il se montrait assez fort pour surmonter la mort de Clari. Cela avait été sa plus grande erreur : elle n’avait rien compris. Elle n’avait pas saisi l’importance de Clari aux yeux du jeune homme. Elle avait été là … comme la grande sœur qu’elle représentait, cette chaleur accueillante et tendre, toujours là pour le soutenir. Elle avait été la plus proche du jeune homme, même Elen ne l’avait pas été autant.

Et sa mort avait laissé un vide que nul n’avait cherché à combler. Nul n’avait cherché à la remplacer car chacun estimait que ce n’était pas à eux de le faire, que personne ne voulait devenir sa grande sœur ou son grand frère. Tery … avait été le chef de la troupe, alors que chacun avait montré des capacités à être plus aptes que lui dans ce rôle. Les épaules du jeune homme n’avaient pas été assez solides.

Merde … Elle avait saisi la psychologie du jeune homme depuis le début, preuve de son attachement à ce dernier et cela l’enrageait. Au moment où il avait traversé les portes démoniaques, cela avait été une défaite. Non pas du jeune homme par rapport à ses origines, mais d’elle-même. C’était contre elle. Elle s’en voulait. Elle se haïssait car elle n’avait pas été assez courageuse dans les moments les plus importants de la vie du jeune homme.

2 réflexions sur « Chapitre 16 : Des nouvelles pour la reine »

  1. Ah non.
    Ce qu’il faut comprendre, c’est que dans le château, les hautes autorités, comme les généraux militaires, les diplomates, etc …
    Proviennent des classes nobles mais aussi du peuple, tout simplement pour éviter de nouveaux conflits. ^^

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