Chapitre 17 : Lui tenir tête

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 17 : Lui tenir tête

« Qu’attends-tu alors, Earnos ? »

« Ce que j’attends ? Tu vas bientôt le savoir et cela ne risque pas de te plaire. »

Il avait haussé un sourcil aux propos de l’enfant-Aspicot. Est-ce qu’il avait une idée en tête ? Tant qu’elle n’était pas sinistre et mauvaise, tant mieux. Mais s’il s’avérait qu’il allait créer des problèmes, cela allait être bien moins plaisant. Mais non, il avait confiance en ce point pour Earnos. Il n’était pas du genre à chercher les ennuis.

« Essaies-tu de me faire perdre patience, Earnos ? »

« Ce n’est pas le cas, je t’étudie, rien de plus. » lui répondit calmement Earnos.


L’étudier ? Lui ? Réellement ? Il cligna de ses yeux violets avant de mettre une main sur sa joue en soupirant. Puisqu’il en était ainsi, autant lui montrer qu’il n’était pas là pour plaisanter non ? Son dard fonça vers Earnos, celui-ci venant parer d’un coup de lance avant de se diriger en courant vers Olistar, celui-ci faisant revenir son dard auprès de lui, prêt à l’abattre en direction de son adversaire plus jeune que lui.

« Penses-tu qu’en fonçant tête baissée tu arriveras à m’atteindre ? »

« Non, pas moi … mais ma lance, oui ! » s’écria Earnos avant de brandir son arme en avant, Olistar faisant un pas sur le côté pour l’éviter. Hum, il n’avait pas totalement tort. La portée de l’arme d’Earnos était plutôt grande … plus grande que celle de son dard. Mais avait-il remarqué justement qu’il était à sa portée depuis le début ? Comment aurait-il put donner un coup de dar avant ? Non, il avait encore tant à apprendre.

« Tu es si jeune dans l’art du combat, Earnos. Je suis désolé pour toi. » dit-il tout simplement avant que son dard ne donne un coup sur la joue du garçon-Aspicot, le faisant tomber sur le côté. Voilà qui devrait normalement le calmer.

« La valeur n’attends pas le nombre d’années ! Tu vas vite le comprendre ! »

Ohla ! Il ne savait pas d’où venait cette citation mais Earnos était très hargneux ! L’enfant-Aspicot s’était redressé presque aussitôt pour l’agresser, prêt à en découdre. Cette fois-ci, il avait remarqué que la distance entre lui et Olistar était assez grande pour lui permettre de l’attaquer sans qu’Olistar ne puisse s’approcher. Pourtant, celui-ci faisait quelques pas en sa direction, chaque attaque de lance le rapprochant inexorablement d’Earnos.

« Arrêtes donc ce combat inutile, Earnos. Tu n’as aucune chance et tu le sais parfaitement, non ? Pourquoi risquer ta vie ? »

« Pourquoi risquer ma vie ? Tout simplement car c’est comme ça qu’il faut se battre et pas autrement ! En garde ! Je vais m’occuper de toi ! »

Encore de bien belles paroles tandis qu’Olistar finit par arriver face à lui, à quelques centimètres. Un coup de dard dans le cou et ça en serait terminé, non ? Autant ne pas faire trop durer ce combat car Earnos n’a aucune chance de gagner.

« Stop … Earnos. Tu as perdu. » répéta Olistar, son dar au niveau du cou d’Earnos. Celui-ci l’attrapa d’une main, le serrant avec force avant de donner un coup d’épaule à Olistar pour le repousser en arrière. Il s’écria avec rage :

« NE ME PRENDS PAS POUR PLUS FAIBLE QUE JE NE LE SUIS ! »

Rien à faire ? Aucune possibilité de dialoguer avec lui ? Bon, puisqu’il en était ainsi et qu’Earnos ne voulait pas se montre coopérant, ça ne servait à rien de dialoguer plus longtemps. L’enfant aux cheveux violets prit une profonde respiration avant de se lancer au combat. Fini de plaisante alors. Une tape sur le ventre et une tape sur le cou.

« Désolé mais tu l’auras désiré, Earnos. »


Le pied d’Olistar frappa avec violence le visage d’Earnos, le projetant sur le côté, l’enfant-Aspicot tombant sur le moment, tenant néanmoins fermement la lance dans sa main. Il se redressa avec lenteur, fixant Olistar avant de pousser un râle, tenant la lance à deux mains, comme prêt à l’enfoncer dans la chair de son adversaire.

« Vraiment très tenace pour un jeune Aspicot. Ca en est impressionnant. »

« VAS-Y EARNOS ! TU PEUX LE VAINCRE ! VAS-Y ! »

« Et bien ? Terria ? Qu’est-ce qui te prends donc ? D’habitude, tu n’es pas aussi exaltée lors des combat avec Holikan. Quel diable te possèdes ? »

Sa mère lui avait posé cette question avec amusement alors que la jeune fille rougissait faiblement, un peu gênée. C’était juste comme ça … et pas autrement. Elle ne pensait pas à mal, loin de là, c’est juste qu’elle soutenait Earnos du mieux qu’elle le pouvait. C’était l’unique chose qu’elle pouvait faire dans une telle situation malheureusement.

« Ben maman … Earnos est pas très fort comparé à Olistar mais c’est pas normal que je sois de son côté ? Pour que ça soit plus équilibré ? »

« Disons qu’Olistar a bien plus de chances de gagner qu’Earnos mais qu’il vaut mieux se méfier, on ne sait jamais ce que peut devenir un Aspicot. »

« D’ailleurs, cela me rappelle quelqu’un, n’est-ce pas Walane ? »

« Hum, mais je ne vois pas de qui tu parles. A l’époque, je n’étais pas aussi teigneux et surtout, je n’avais pas de Rapion en face de moi. Je trouve que mon fils n’a pas vraiment eut de chance par rapport à son adversaire mais voilà, le hasard fait parfois mal les choses. »

« Néanmoins, il faut avouer que c’est déjà surprenant. Contrairement à toi, il n’a aucune expérience dans l’art du combat et pourtant, il arrive à tenir tête à ce garçon. Mon amour ? Si je ne me trompes pas, cet enfant-Rapion est capable de rivaliser avec Holikan, n’est-ce point ? » demanda le roi en se tournant vers la reine Seiry, celle-ci hochant la tête positivement avant de dire d’une voix calme :

« C’est le cas, ce qui veut dire qu’Earnos tient bon face à l’un de nos meilleurs chevaliers. »

Olistar avait posé maintenant un pied sur le dos d’Earnos, appuyant bien sur ce dernier pour l’empêcher de bouger. Le fixant de ses yeux violets, son dard était au niveau du cou d’Earnos alors qu’il poussait un profond soupir, disant :

« Ce combat est unilatéral, Earnos. Pourquoi est-ce que tu t’évertues à vouloir me combattre alors que tu sais aussi bien que moi que tu n’as aucune chance ? Qu’est-ce qui te pousse à vouloir me tenir tête maintenant ? »

« Tais-toi ! Je ne veux aucune de tes remarques, compris ? Je peux me battre et je ne vais pas hésiter à te le montrer ! Tu vas comprendre ta douleur ! »

« Pourquoi est-ce que tu es aussi menaçant ? Ce n’est qu’un simple tournoi. Et tu n’étais normalement pas motivé à y participer alors pourquoi ? »

« Pourquoi ? Car il faut toujours se donner à fond, qu’importe la situation ! VOILA POURQUOI IL FAUT SE BATTRE ! TOUJOURS ! »

« Toujours se battre ? Sans jamais mériter de se reposer ? Ce n’est pas une bonne chose. Parfois, plus que le corps, l’esprit doit aussi trouver le repos qu’il mérite. Je vais devoir te le montrer d’une autre façon, Earnos. »

Il avait dit cela calmement tout en regardant l’enfant aux cheveux blonds. Le dard toucha le cou du garçon-Aspicot sans pourtant y pénétrer, s’immobilisant subitement. Quelque chose clochait à l’heure actuelle mais quoi ? Le dard s’enfonça dans le dos d’Earnos alors qu’il faisait un saut en arrière. Zut … Pour endormir sa cible et la paralyser, ce n’était pas le meilleur des endroits, surtout qu’il entendait les halètements d’Earnos.

« Certains insectes n’ont pas la possibilité de se reposer ! Ils doivent TOUJOURS … et TOUJOURS … et TOUJOURS rester prêts ! »

« Qu’est-ce qui se passe avec ton fils, Walane ? Il n’a pas l’air dans son assiette. »

« Je ne sais pas . Je ne l’ai jamais vu dans cet état. Est-ce que ce Rapion lui aurait fait quelque chose ? Non, son dard est encore juvénile et incapable de produire un tel effet. »

« Au cas où, est-ce que tu préfères que j’arrêtes le combat ? »

L’homme-Dardargnan hocha la tête négativement. Son fils était encore capable de se battre mais les râles avaient quelque chose d’inquiétant. On n’aurait pas cru qu’ils provenaient d’un jeune garçon mais plutôt d’un animal blessé et donc plus que dangereux.

« Earnos, je ne sais pas ce que tu prépares mais il vaut mieux pour toi que tu arrêtes cela tout de suite, je ne me répéterais pas. Je tiens à te prévenir. Est-ce que tu comprends ? »

Hein ? Il se pencha rapidement en avant avant d’esquiver la lance qu’Earnos venait de projeter. Qu’est-ce qui lui prenait de se comporter de la sorte ? Ce n’était pas … Il se surprit à tousser, posant un genou au sol avant de baisser son regard. Ce n’était pas aussi imposant que la lance et heureusement mais un dard qui devait faire la taille d’un doigt humain. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il cligna des yeux avant de regarder Earnos.

« Est-ce bien toi qui vient de … »

« Combattre … encore et encore ! OLISTAR ! »

Ce n’était pas plaisant. La point d’un dard sortait de chaque paume de l’enfant aux cheveux blonds. Etait-ce ses capacités d’Aspicot qui rentraient en jeu ? Si tel était le cas, il venait de devenir d’innoffensif à potentiellement dangereux. Mais bon, le poison d’un enfant-Aspicot n’avait rien de dangereux. Non, quelque chose clochait dans le regard de cet enfant.

« Je crois que tu n’as pas fini de me réserver des surprises, Earnos. »


Et généralement, elles étaient bonnes. Néanmoins, dans un tel combat, il n’y avait pas vraiment de possibilité de s’extasier. S’il ne voulait pas perdre ou avoir de graves problèmes, il n’allait pas devoir hésiter s’il voulait gagner contre Earnos. Il craqua son cou, frappant le sol de son dard plusieurs fois, le fissurant légèrement.

« Puisque tu veux tout donner dans ce combat, comme s’il était à mort, je ne me retiendrais pas de mon côté non plus. En garde. »

Pourtant, l’enfant était comme inconscient. Du moins, ses yeux rubis ne réflétaient rien du tout … sauf cette ardeur à se battre, une étrange ardeur … comme animale et bestiale. Il n’avait jamais vu ça au village des Rapions et Drascores, malgré tous les combats vus.

Laisser un commentaire