Chapitre 196 : Séparation

ShiroiRyu
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Chapitre 196 : Séparation

« … … … Elyséa, est-ce que tu veux bien me parler, s’il te plaît ? »

« Pardon, Kéran, je n’ai pas vraiment la tête à cela. Je ne veux pas … Je préfère rester sagement en toi et ne rien faire d’autre si ça ne te dérange pas trop. »

« D’accord … Non … Ca ne me dérange pas … sauf le fait que tu me sembles plutôt aller mal … Tu n’as pas apprécié de contrôler mon corps ? Je comprendrais hein … »

« Non non ! Ce n’est pas du tout ça, Kéran ! C’est même tout le contraire ! C’est vraiment tout le contraire … Je te le promets … Mais toi, tu n’as pas l’air d’aller bien. »

« Ca passera … Ne t’en fait donc pas pour cela … Ce n’est pas bien important. »

Pas vraiment important ? Elle voulait dire dans ses pensées mais cette fois-ci, un véritable mur était présent autour des pensées du jeune homme. Un mur qu’elle ne pouvait même pas effrité. Le jeune homme était maussade, très maussade même. Il semblait ne pas aller très bien à cause de toute cette histoire. Elle pouvait remarquer que Katérina et Hodan, par contre, tous les deux semblaient bien plus apaisés. Comme quoi, il suffisait juste d’avoir un certain charisme et de se montrer sous sa forme véritable pour plaire à Katérina.
En même temps, le fait qu’Hodan ait raconté son histoire, le fait qu’elle en sache plus sur lui, toutes ces choses … Cela devait grandement améliorer leurs rapports à tous les deux. Comme quoi … Il ne fallait pas grand-chose. Ou alors … Non … Katérina n’était pas ainsi ? Ou peut-être que si ? Elle pouvait s’insinuer dans les rêves de la jeune femme ce soir et peut-être alors vérifier quelque chose ? Non …

Est-ce qu’elle pouvait réellement se mêler de tout cela ? Ca ne la concernait pas le moins du monde, loin de là même. Mais bon … Toute cette histoire entre Kéran et Katérina étaient très occupés. Elle devait essayer de leur donner un petit coup de pouce. Peut-être que … Hum … Elle n’était pas si sûre de comment tout cela devait marcher.

Mais elle allait vérifier et voir au cas où. C’était une simple mesure de précaution et en même temps, cela permettrait de discuter avec Hodan pour trouver un moyen de tout arranger. Ah … La journée passa tranquillement mais Kéran était d’une humeur de chien. Elle n’avait pas réussi à atteindre les pensées du jeune homme et cela la préoccupait plus que tout le reste. Elle avait même totalement oublié son petit problème personnel.
La nuit tomba et elle remarquait que Kéran ne dormait pas. Pas du tout même. Elle tenta de faire une conversation mais il lui signala que ce n’était pas grave, il trouverait le sommeil seulement lorsqu’il en avait besoin. Elle lui proposa son aide mais il signala qu’il ne voulait pas d’un sommeil forcé. Qu’est-ce qui se passait avec lui ?

Elle allait finir par le trouver. Sans un mot, elle s’insinua dans les rêves de Katérina, commençant à marcher dans le vide. Elle entendait des petits gémissements aigus qui lui firent hausser un sourcil. Qu’est-ce que … Ce n’était quand même pas ce qu’elle pensait, n’est-ce pas ? Ou alors …

« Hey ?! Pourquoi est-ce que tu t’arrêtes maintenant ? PUTAIN ! FAIS JAMAIS CA ! Frustrer une femme, c’est la pire des choses que tu peux faire ! »

« Je … Hum … Pour rien du tout. Pardonne-moi. Je pensais à quelque chose. »

« Ouais, ouais … Penser à quelque chose et puis quoi encore. Continue et fais ton boulot. T’es vraiment peu doué pour l’heure. Enfin, tu tiens quand même la cadence dans le rêve. En espérant que dans le réel, tu es plutôt endurant et aussi bien équipé. Et dire que pendant ce temps, je suis sûre que Kéran prend du bon temps avec Elyséa ! Tsss ! »

« Je ne pense pas … qu’il faut parler d’un autre homme ou d’une autre femme pendant un rapport sexuel, non ? Cela me semble assez horrible d’avoir en tête cela. »

« Ouais, ouais … Je le sais bien mais fais gaffe à pas t’attacher à moi. M’enfin, t’es juste un mort et de toute façon, tu penses plus à ta petite sœur qu’à moi donc comme ça, c’est résolu ! Un échange de bons procédés comme ils diraient ! »

« J’en ai assez entendu … Je n’ai pas de raison de rester ici plus longtemps. » chuchota très faiblement la femme aux cheveux blancs avant de disparaître.
Elle était de retour … dans le corps de Kéran. Celui-ci avait les yeux rivés sur Katérina, cherchant à approcher sa main de la bosse bien visible dans la culotte de la jeune femme. Il voulait la toucher, la faire réagir … lui montrer qu’il l’aimait mais il n’en était pas aussi sûr … Il avait peur de commettre encore une bêtise … encore une.

« Kéran ? Tu n’arrives toujours pas à dormir ? Je crois que je vais t’y obliger … »

« Ne fait pas ça … S’il te plaît, j’ai envie de réfléchir. J’en ai besoin. »

« Kéran, concernant Katé … Non, rien du tout. Ce n’est pas important. »

« Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as dit quelque chose ? » demanda le jeune homme. Elle allait parler de Katérina, non ? Alors, elle pouvait le lui dire, n’est-ce pas ?

« … Elle t’aime réellement. Même si elle l’exprime d’une manière un peu spéciale. »

Hein ? Quoi ? Le jeune homme haussa un sourcil, surpris par la déclaration d’Elyséa. Pourquoi est-ce qu’elle lui disait cela ? Même si ça lui réchauffait le cœur. Il se sentait quand même bien mieux mais en même temps …

« Elle ne fait rien pour le montrer ! Elle traîne toujours avec Hodan maintenant qu’il s’est montré sous son apparence humaine. C’est … »

« La même chose que moi. Bien que je ne me montre pas souvent. Je crois que moi-même et … Hodan … Nous nous sommes un peu trop investis par rapport à vous. Dorénavant, Kéran, je pense qu’il vaut mieux mettre un terme définitif à nos entraînements. »

« Hein ? Mais pourquoi ? Attends un peu ! Est-ce que tu peux m’expliquer pourquoi ? »

« C’est la meilleure solution. De même, je ne viendrais plus t’embêter dans tes rêves. »

« Toi aussi, tu m’abandonnes, c’est ça ? »

Mais non ! Surtout pas ! Comment est-ce que le jeune homme s’était mis cette idée en tête ? Pourquoi est-ce qu’il pensait ça ? Comment était-ce tout simplement possible ? Finalement, le mur autour des pensées de Kéran vint faiblir et elle s’insinua en lui. Quel idiot … Vraiment … Quel idiotie de la part de Kéran. Il ne comprenait pas, n’est-ce pas ? Mais ça ne faisait rien du tout. Ce n’était pas non normal.

« Idiot. Je ne pense pas à mal en ce qui te concerne. Je ne t’abandonnerai pas. Je te l’ai déjà dit, nous sommes liés à la vie, à la mort. »

« Alors pourquoi est-ce que tu as dit ça ? POURQUOI ? »

« … … … Kéran. Pardon. Je vais faire une dernière chose. »

Une dernière chose ? Mais il n’aimait pas quand elle parlait comme ça ! Pas du tout même ! De la fumée noire sortit du corps du jeune homme, prenant l’apparence de la femme aux cheveux blancs. Celle-ci était dans sa tenue habituelle pour s’entraîner, c’est-à-dire un marcel blanc en haut et un pantalon de toile noir. Qu’est-ce que …

Il se retrouva enlacé par Elyséa mais non pas une petite étreinte dénue de sentiments comme elle le faisait d’habitude. Non pas … Cela … C’était autre chose … C’était plus sincère, plus tendre. Il … Il avait l’impression que c’était la dernière fois qu’il la voyait. Et il se sentait déjà sur le point d’éclater en sanglots.

« Pardon, pardonne-moi, Kéran. Je n’avais pas envie de briser tout cela. Si seulement j’avais décidé de ne jamais apparaître devant toi, peut-être que tout cela ne serait jamais arrivé. Pardon … Je vais rester calme et sage dorénavant. »

« Mais qu’est-ce que tu racontes ? Elyséa ! Où est-ce que tu veux … en venir ? »

« Je crois avoir causé assez de problèmes … pour le moment. Pardon. »

Mais pardon pourquoi ? Pour quelle raison ? POUR QUELLE RAISON ?! La femme se transforma en fumée noire mais … C’était différent … Il ne la ressentait plus en lui. Elle avait réellement … quitté son corps ? Mais … Elle avait dit … Elle avait dit qu’il … ne pouvait pas se séparer d’elle. Alors … Alors …

Qu’est-ce qu’il … NON ! Ca voulait dire quoi ça ? POURQUOI ? POURQUOI ?! Il cria le nom d’Elyséa dans son fort intérieur mais rien du tout. Rien de rien … Elyséa ne lui répondait pas. Il ne la sentait plus. Avec lenteur, il vint caresser les cheveux de Katérina. C’était de sa faute … Sa faute à sa jalousie maladive. Car elle ne voulait rien comprendre. Car elle n’avait pas cherché à comprendre.
Il se redressa, quittant la tente avant de s’éloigner sans un mot. Deux soldats qui faisaient les veilleurs le virent partir, ne cherchant pas à l’arrêter. Peut-être avait-il besoin de se soulager la vessie ? Nul ne le savait à part lui. Mais le jeune homme semblait décider à ne pas revenir après quelques minutes. Au sol, une ombre se déplaçait, invisible dans l’obscurité. L’ombre s’éloigna à son tour, suivant le même chemin que Kéran.

Le lendemain matin, il n’était pas présent dans le tente, ni même lors du petit déjeuner. Ce fut seulement lorsque l’heure fut de partir en remontant les tentes que les personnes commencèrent à s’inquiéter, la princesse en première.
Pourtant, il vint réapparaître, le visage sombre, les yeux légèrement rougis, il se présenta face à la princesse, s’inclinant respectueusement devant elle. Tout le monde sembla surpris par le geste de Kéran, celui-ci prenant la parole :

« Princesse Iyasminé, après ce qui s’est passé dernièrement, je pense qu’il est temps que vous retourniez là d’où vous venez. Ainsi, vous ne serez plus en danger. Je pense que les soldats qui vous accompagnent seront d’accord avec moi pour dire que c’est la meilleure solution. De toute façon, maintenant, vous êtes accompagnée par Zénark. Vous ne devriez plus avoir de soucis de votre côté. »

« Hein ? Mais héros Kéran, qu’est-ce qui vous prends de dire cela ? »

« Je ne vous veux plus dans mes pattes. Dorénavant, nos chemins se séparent. Vous risquez d’être plus une plaie qu’autre chose. Veuillez partir avec le Dominion Naturel et ne plus jamais vous présenter devant moi. C’est beaucoup trop dangereux pour les personnes comme vous. Vous êtes beaucoup trop faible. »

« Kéran ! Y a des trucs qui se disent pas quand même ! » cria Katérina, Hodan se trouvant à côté d’elle, étudiant le jeune homme avec suspicion. Quelque chose clochait chez lui mais quoi ? Le jeune homme fit une moue ironique, un rictus mauvais peint sur le visage.

« Je ne fais que dire la vérité. Combien de membres sont morts face au Noctunoir ? La prochaine fois, ils n’auront pas autant de chance. S’ils veulent vivre, il vaudrait mieux pour eux qu’il se séparent de nous dès maintenant. Quant à ta remarque sur ce qui se dit ou ce qui ne se dit pas, je préfère encore me percer les tympans plutôt que d’entendre tes conseils de ta part sur ce sujet, Katérina. »

« Qu’est-ce que tu me bara … »

« D’ailleurs, c’est la même pour toi, Hodan et Loa. Disparaissez de ma vue. »

Il ne lui laissa pas le temps de répliquer, Katérina se levant, serrant les poings alors qu’Hodan restait suspicieux. Quelque chose avait changé mais quoi ? Le jeune homme était radicalement différent d’hier.

« Hé … Héros Kéran … Vous … Vous le pensez vraiment ? » bredouilla l’adolescente aux cheveux rouges, tremblante un peu après les propos de Kéran.

« Ai-je l’air de plaisanter ? Il vaut mieux pour vous que vous quittiez ce chemin que j’ai pris. Vous n’êtes pas faits pour cette vie. Et pas besoin de me sortir les yeux de pokémon battu, ça ne m’émeut pas le moins du monde. »

« Je … D’a … D’accord. Pardonnez-moi de vous avoir dérangé, héros Kéran. » termina de dire Iyasminé, demandant aux soldats de se préparer à partir. L’adolescente était comme choquée, incapable de raisonner correctement alors que Zénark s’approchait de Kéran.

« Je peux savoir ce à quoi tu joues, humain ? »

« Tu la protégeras, n’est-ce pas ? Tu veilleras sur elle, n’est-ce pas ? »

« Là n’est pas la question. C’est quoi ce que tu es en train de faire en ce moment même ? Et … Je te sens un peu … vide ? »

« Ne pose pas de questions et répond à la mienne. Tu la protégeras, n’est-ce pas ? Tu veilleras sur elle, n’est-ce pas ? »

Il ne semblait pas être devenu comme fou … Non, ce n’était pas exactement cela. Il n’avait pas perdu la tête non plus. L’Absol ne savait pas comment expliquer cela … C’était étrange, vraiment très étrange même.

« Ce que je compte faire ne te concerne pas … Pas le moins du monde. »

« Je considère cela comme le fait que tu as accepté mes propos. Maintenant … Disparaissez. »

« u donne l’impression d’être vide. Comme si on t’avait retiré toute ta substance. Cela est étrange, c’est la première fois que je vois ça. »

Kéran le regarda sans cligner des yeux. Qu’il ne commence pas à chercher des réponses auxquelles il n’aura jamais accès. L’Absol retourna auprès de la princesse, se plaçant à côté d’elle avant de lui dire quelque chose très faiblement.
La princesse tourna vers Kéran, faisant un petit sourire avant de sécher les larmes qui s’étaient écoulées à partir du moment où il avait proféré de tels mots. D’ailleurs, elle s’avançait vers lui, déclarant que cela ne prendrait pas trop de temps. Elle se positionna en face de Kéran, demandant d’une voix faible :

« Héros … Kéran … Est-ce que vous pouvez vous pencher en avant ? Vous êtes un peu trop grand pour moi. »

Il s’exécuta, cherchant à voir où elle voulait en venir. Lorsqu’il avait son visage à sa hauteur, elle l’embrassa sur le front, pleurant une nouvelle fois avant de bredouiller :

« Je comprends … Merci pour tout. »

« Je me sens vide … tellement vide … Vraiment vide … »

« Ca ne fait rien. Sachez que vous n’êtes jamais seul, Elyséa est toujours près de vous. Et nous le sommes tous. Je sais que vous êtes destiné à de grandes choses. »

« … … … Je me sens las … vraiment las … tellement las. »

Elle l’embrassa une nouvelle fois sur le front avant de s’éloigner de lui. L’adolescente retourna auprès de l’Absol et des soldats, saluant une dernière fois Kéran, Loa, Katérina et Hodan. Bizarrement, Elyséa n’avait pas donné de nouvelles d’elle. C’était étrange, vraiment étrange de sa part. Ce n’était pas dans ses habitudes.

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