Chapitre 20 : Faire durer le plaisir

ShiroiRyu
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Chapitre 20 : Faire durer le plaisir

« Je me nomme Ebizaka … Je suis le Tengalice que vous recherchiez apparemment. Je suis celui qui gère les créatures ténébreuses de cette zone depuis des années. Bien que je ne paraisse pas, je possède ce corps dix ans environ. Je le connais parfaitement et je sais comment le manipuler de telle sorte que ses capacités soient optimales. »

« Je me nomme Kéran et la jeune femme avec moi s’appelle Sélia. »

« Tu n’as pas besoin de te présenter, Kéran. Nos adversaires n’ont guère besoin de connaître nos noms … même si ce sont les dernières choses qu’ils entendront. » murmura Sélia, serrant un peu les dents en même temps que ses deux armes.

« Ce qu’elle dit est correct … Vous ne devriez pas me donner vos noms aussi facilement. Néanmoins, j’ai fait de même de mon côté … Donc, ainsi, nous sommes quittes tous les trois. Voulez-vous venir à deux contre moi ? Ou voulez-vous un combat pour l’honneur ? »

Un combat pour l’honneur ? Qu’est-ce que c’était ? Il se tourna vers Sélia, celle-ci ne semblant guère intéressée par la proposition de l’homme en face d’eux. Elle répliqua sèchement :

« Qu’est-ce que l’honneur pour une créature comme toi hein ? Ne te moque pas de moi … Tu sais que tu as peu de chances de t’en sortir face à nous alors tu utilises des moyens plus que vils pour nous manipuler. Ca ne marche pas comme ça ! »

« Euh … Tu es sûre qu’il pensait réellement ça, Sélia ? Même si il est possédé … Il me parait quand même normal … Enfin, pas fou ou manipulateur contrairement à ce que tu sembles vouloir lui montrer. Enfin … C’est ce que je pense hein ? Je n’en sais rien de plus. »

« Tu penses très mal, Kéran, ça ne change pas de tes habitudes. Une créature ténébreuse reste une créature ténébreuse, qu’importe la forme qu’elle emprunte. »

Ce n’était pas très sympathique de sa part … mais il savait qu’elle avait parfaitement raison à ce sujet. Il n’était pas un modèle d’intelligence et il pouvait se faire trop facilement manipuler par ses adversaires. C’était même un peu trop souvent le cas avec Katérina d’ailleurs. Hum … Il se demandait où elle était.
Ebizaka resta debout et immobile, sortant tout simplement son arme qui était un katana à la garde rouge, de nombreux losanges dorés gravés dessus. Néanmoins, à part ce geste, il n’en fit aucun autre, puis il reprit la parole :

« Normalement … Mes sbires étaient présents le long de la montagne. D’après ce que je crois comprendre, vous n’en avez rencontré aucun ? »

« Oui, oui … C’est exact ! Nous sommes venus avec … »

Encore une fois, Sélia tendit sa main vers la bouche de l’adolescent pour qu’il se taise. Ca ne servait à rien de parler, ne comprenait-il pas ce qu’elle lui disait ou quoi ? Vraiment … Des fois, Kéran pouvait être un vrai boulet. Bon ! Cependant, il y avait quelque chose d’étrange et inquiétant. Il y avait quelqu’un d’autre qui venait vers cette montagne mais qui ? Elle n’était pas au courant qu’une …

Le corps de Sélia s’écroula au sol, la jeune femme s’étant évanouie sous le puissant coup qu’elle venait de recevoir dans la nuque. Ebizaka ne fit pas un seul mouvement alors que Kéran cria de surprise en apercevant une adolescente qu’il reconnaissait que trop facilement.

« Vraiment … Qu’est-ce qu’elle est ennuyeuse cette truie … Salut, Kéran ! Bien dormi avec elle ? Visiblement, tu lui as parlé du pokémon au sommet de la montagne hein ? Tu ne peux jamais fermer ta gueule quand il le faut, n’est-ce pas ? »

« Katérina ? De … De … Pourquoi tu as fait ça ? SELIA ! »

L’adolescent s’approcha de la jeune femme évanouie, cherchant à voir si elle n’avait aucun problème tandis qu’il tremblait. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que Katérina venait de faire une telle chose ? Puis subitement, toutes ses pensées se tournèrent vers ce qui avait été dit, fait ou vu depuis le début. Elle … C’était elle qui lui avait annoncé où se trouvait Ebizaka. Puis ensuite, le chemin normalement occupé par les spectres et les créatures ténébreuses … Mais il n’y avait rien, rien du tout même ! Alors, quand Ebizaka avait annoncé que ce n’était pas normal, il avait été aussi surpris que lui … jusqu’à maintenant.

« KATERINA ! C’est toi qui a tué ces spectres ! »

« Bravo ! Tu vois que ça t’arrive de réfléchir ! Même si j’avoue que sur le coup, tu m’as impressionnée ! Je ne pensais pas que tu trouverais aussi rapidement, Kéran. »

« Katérina … Tu es donc responsable de la mort de mes compagnons. As –tu une explication raisonnable pour expliquer de tels actes ? A part bien entendu la folie. »

« Je trouvais cela plutôt distrayant. Par contre, ils n’étaient pas vraiment très costauds. »

« Il s’avère donc que je me suis trompé … sur la personne à éliminer. » murmura calmement Ebizaka, pointant son katana vers Katérina.

« Tu es sûr de ce que tu veux faire ? » chuchota doucement Katérina, un grand sourire aux lèvres avant de sortir ses deux armes. S’il voulait se battre, elle n’allait pas se priver. Néanmoins, l’homme au katana fit quelques pas en reculant.

« Qu’est-ce que tu … es réellement, femme ? »

« Oh ! Ce que je suis ne te concerne pas, petit gars ! Bon … Kéran, t’as fini de larmoyer et de te plaindre ? Ce n’est pas que ça me fait chier mais je suis pas venue pour te voir pleurer ! »

« Mais mais mais … Pourquoi est-ce que tu as fait ça, Katérina ? » bafouilla l’adolescent, essayant de traîner Sélia pour la mettre à l’abri, ou du moins hors de portée d’Ebizaka.

« Je vais pas me répéter bordel ! J’avais envie de me distraire ! De m’amuser quoi ! BORDEL ! JE T’ORDONNE DE LE BUTER MAINTENANT ! »

« MAIS MAIS MAIS ! Je ne peux pas me battre sans Sélia ! »

« Bon, le petit ténébreux, tu peux attendre deux secondes ? J’ai des noix à briser. »

Des … noix à briser ? Ebizaka haussa un sourcil, un peu intrigué par les paroles de l’adolescente avant de la voir se rapprocher de Kéran. D’un coup sec, le genou de Katérina se plaça dans les bourses de l’adolescent, le faisant crier de douleur.

« … … … Même si je ne fais que posséder ce corps, je compatis à ta douleur de mâle. »

« Ah ! Pour avoir mal, t’en fait pas qu’il a eu mal le petit salaud hein ? PAS VRAI KERAN ?! T’arrête quand d’être une tafiole ? »

« Quand … Quand tu arrêteras de me taper là … »

Et en plus, il faisait de la rébellion ! Elle lui donna un coup de pied dans le ventre, lui arrachant un nouveau cri de douleur avant qu’elle ne le prenne par le bras, le forçant à se relever. Elle lui murmura doucement dans le creux de l’oreille :

« Je te conseille de faire du bon boulot si tu ne veux pas que je te les brise définitivement. »

« Qu’est-ce … Qu’est-ce que tu veux … Qu’est-ce que tu veux faire réellement ? C’est quoi … C’est quoi ton objectif réellement ? »

« Oh … Tu peux encore poser des questions ? C’est un petit conseil si tu veux survivre : ne t’avise surtout pas de me demander mon âge. »

HEIN ? Mais ce n’était pas du tout ça qu’il pensait ! Ce n’était pas cette question qu’il voulait lui poser ! Qu’est-ce qu’elle racontait ? Elle était complètement dérangée ou quoi ? Elle … Elle voulait quoi au final ? C’est ça qu’il devait savoir !

« Bute-le … C’est un ordre, Kéran. » termina t-elle de dire.

Il hocha la tête positivement, ne taisant , ne prononcant plus aucune parole alors qu’il tenait son épée fermement. Ne plus rien dire … Juste combattre … C’était tout … Il devait juste combattre. Ebizaka avait observé la scène d’un air détaché, prenant finalement la parole :

« Je ne sais pas ce qu’est cette femme mais tu ne devrais plus traîner avec elle. »

« Je … Je ne devrais plus parler … » murmura l’adolescent.

« J’ai l’impression que le démon en ce lieu n’est guère celui auquel on s’attendait. » termina de dire l’homme, pointant son katana maintenant vers Kéran.

« Les apparences sont trompeuses … Les apparences sont trompeuses. »

« C’est exact … Ne te fie jamais à ce que tu vois … C’est bien le dernier conseil que j’ai à te donner avant que tu ne périsses de ma lame, Kéran. » murmura l’homme à l’adolescent.

Hahaha ! Il éclata de rire avant de sangloter, des larmes s’écoulant le long de son visage. Il était pitoyable au point que même son adversaire voulait lui donner un conseil ? C’était ça … Il ne savait pas se battre ! Il ne savait pas du tout se battre ! C’était seulement ça qu’il pouvait admettre ! Il était nul ! Complètement nul et il n’allait rien réussir !

Sans attendre plus longtemps, Ebizaka fonça vers lui, donnant un coup en direction de sa hanche. En réponse à ça, Kéran se protégea la hanche avec son arme, les deux lames se percutèrent. Ebizaka fit un saut en arrière, observant l’adolescent qui tremblait de tout son corps, comme apeuré et effrayé par ce combat.

« Pourquoi … es-tu devenu un combattant ? »

« Car je voulais servir à quelque chose … » murmura Kéran.

« Plus de baston, moins de blabla, les deux bouffons ! » cria Katérina, assise sur un rocher, les jambes croisées, ses deux lames plantées dans le sol à côté d’elle.

« Un véritable monstre … Même moi, je ne peux guère lutter contre elle sans risquer mon existence. Il vaut mieux pour toi que je te tue dès maintenant. » annonça Ebizaka.
Et c’était quoi le rapport entre ce qu’il pensait de Katérina et ça ? HEIN ? HEIN ? Il avait besoin de le savoir car il avait terriblement peur sur ce coup ! Ah … Ah … Ah … L’homme fonça une nouvelle fois vers lui, tentant une attaque à la verticale avant que l’adolescent ne pare le coup comme si de rien n’était.

« Deux fois de suite … et avec une telle facilité. Ce n’est pas normal. » souffla Ebizaka bien que ses paroles n’arrivèrent pas à Kéran.

Ce n’était pas normal … Ce n’était pas possible. Si cet enfant était un débutant, alors comment pouvait-il réussir à parer ses coups ? Il y avait quelque chose d’illogique dans cette histoire. Il devait trouver en quoi ! Il recommença à donner des coups, certains plus puissants que les autres tout en étudiant ce que l’adolescent faisait. Malgré la peur, le fait qu’il ne répliquait pas, il arrivait toujours à parer les coups comme si …

« Son épée est vivante. Je viens de comprendre … Hum … »

Il donna un coup bien plus violent que les autres, Kéran se faisant repousser au loin en arrière, roulant sur plusieurs mètres en direction du vide. Néanmoins, Katérina l’arrêta d’un simple coup de pied dans les côtes, lui arrachant un nouveau cri de douleur.

« Debout le cloporte ! Tu ne crois pas abandonné maintenant hein ? »

« AIE ! MAIS TU N’ES PAS OB… »

« Mais qu’est-ce qui lui prend au vilain garçon ? » murmura Katérina, qui s’était penchée pour bloquer ses lèvres avec l’une de ses mains. « C’est des façons de remercier la personne qui vient de te sauver le vie ? Tu aurais préféré peut-être passer par-dessus bord ? Il n’y a aucun problème à cela, je peux même t’y aider ! » dit-elle alors qu’il bafouillait quelques remerciements. « Ah … Mais voilà ! Tu vois quand tu veux ! Aller ! Fais des efforts et bute-moi ce type ! C’est compris ? Alors, tu arrêtes de glander et de te taper une branlette et tu bouges ton boule ! » cria Katérina, donnant une claque sur les fesses de Kéran après qu’il ait avancé.

Mais c’était qui le garçon entre eux deux ? Elle avait quand même de ces manières plus que douteuses ! Et puis … Elle ne voulait pas toujours du mal, n’est-ce pas ? Ou alors, il s’imaginait des choses de plus en plus bizarres à cause d’elle.
C’était vraiment perturbant … autant que le regard inquisiteur d’Ebizaka sur lui-même. Il se posait quand même une sacrée question à son sujet ou quoi ? Ebizaka dirigea sa lame vers le sol, prenant la parole sur un ton neutre bien qu’un peu étonné :

« Pourquoi combats-tu avec lui ? »

« Hein ? Avec qui ? » demanda Kéran, regardant à gauche et à droite. Il ne parlait quand même pas à Katérina, il le savait d’après le regard dirigé vers lui et non vers l’adolescente. Alors à qui … Est-ce que … Il avait déjà compris ? Il espérait que non … mais il ne faisait pas d’illusions. « Si tu parles de mon arme, je … »

« Je m’adresse bien à la créature à l’intérieur. Pourquoi combats-tu contre moi ? Tu ne m’as pas l’air d’être un spectre d’après ce que je peux sentir. »

Ce n’était pas un spectre ? Qu’est-ce que … ça voulait dire ? Swar n’était pas un spectre ? Mais alors, qui était à l’intérieur de son arme ? Swar se fit entendre :

« Je suis mon propre chemin. Je ne suis l’esclave de personne. Je n’ai guère besoin d’autres créatures spectrales ou ténébreuses en face de moi. »

« Quitte à combattre ceux issus des mêmes origines que toi ? Tu es un être ténébreux, comme moi. Nous ne devrions pas nous battre l’un contre l’autre … Non pas alors que tu es manipulé par un humain. » répondit Ebizaka assez sèchement.

« Hum ? Qui a dit que j’étais manipulé par cet humain ? Est-ce que je donne cette impression ? Peut-être est-ce le cas … Néanmoins, je suis libre d’avoir mes propres convictions et avis à ce sujet. »

« Et pour cela, tu n’hésites pas à protéger cet humain ? »

Swar ? Le protéger ? Et comment ça ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? L’adolescent posa son regard sur l’arme, attendant sa réponse. Celle-ci ne tarda pas, la lame venant tracer une entaille sur la propre joue de Kéran, lui arrachant un énième cri de surprise. HEY ! Mais qu’est-ce qu’il venait de faire ? Il posa la question à Swar qui lui répondit :

« Ne te déconcentre pas du combat, cela pourrait t’être mortel. »

« Mais c’est pas une raison pour m’entailler comme ça ! Vous êtes vraiment tous cinglés ou quoi ? » hurla l’adolescent, remarquant son erreur.
Il se tourna vers Katérina, espérant qu’elle n’allait pas lui en vouloir. Mais celle-ci avait les bras croisés à hauteur de sa poitrine, les jambes elles aussi croisées. Elle avait la tête des mauvais jours, enfin, le visage sérieux et neutre. Elle ne disait rien, attendant simplement la suite du combat comme si toute cette histoire ne la concernait pas. Mais ils avaient quand même intérêt à se dépêcher car sinon …

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