Chapitre 20 : Simulacre

ShiroiRyu
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Chapitre 20 : Simulacre

« Vous voulez nous aider ? Mais… »

« Ne me faites pas revenir en arrière. Dites moi simplement ce que je dois faire pour aller soigner cette grand-mère, c’est tout ! »

« Mais vous n’êtes pas en état de trop en faire. Les ingrédients nécessaires ne sont pas trouvables dans Célestia, il faut donc aller les chercher autre part. »

« Vous me fatiguez… Ecrivez moi donc cette liste sur un bout de papier, je vais aller les chercher. »

« Que devons-nous faire Anna ? »

Le vieil homme parlait à sa femme couchée sur le sol. Celle-ci lui murmurait de faire confiance à Thierry et de lui dire ce qu’il fallait faire pour le remède. Le vieil homme restait néanmoins réticent et une personne pénétra dans la modeste demeure, une voix juvénile et féminine se faisant entendre :

« Grand-père… Grand-mère… Je suis revenue. »

« Oh… Elisa… Tu es déjà rentrée ? Tu en as assez de t’amuser ? »

« Je ne peux pas en sachant que Mamie est malade … C’est qui ce monsieur ? »

« Hey, un peu de respect, gamine. »

Une jeune fille de moins de dix ans était apparue derrière lui. Elle avait des petites couettes blondes qui lui allaient jusqu’au milieu du dos et semblait surprise par les paroles de Thierry ainsi que sa présence.

« C’est qui ce monsieur alors ? Vous avez un nom ? »

Elle parlait poliment et gentiment et cela irritait Thierry plus que tout. Il avait presque l’impression de voir une Cynthia miniature devant lui. Il poussa un profond soupir en grognant, prenant la parole :

« Thierry, voilà comment je m’appelle. »

« Thierry… Hey ! C’est le nom du garçon dont parle grande sœur dans ses lettres ! »

« Nyé ? Hein ? Qu’est-ce qu’elle raconte la petite ? »

Elisa était déjà partie pour aller on ne sait où, revenant après quelques minutes avec des lettres à la main. Elle les présenta au vieil homme alors que Thierry croisait les bras en grognant à nouveau. Non mais c’était quoi cette famille ? On parlait de lui ? Comment pouvaient-ils connaître son nom, et c’était quoi cette grande sœur ? Oh merde… non… Quand même pas, ce n’était pas possible. Il soupira en pointant du doigt les trois personnes :

« Bon… Je crois que j’ai deviné. Vous êtes de la famille de Cynthia, c’est ça ? »

« AH ! Il connaît donc ma grande sœur ! »

« Vous connaissez ma petite-fille ? »

« Oué, je la connais… Pff… Je vous jure, quelle famille. »

Ils étaient pareils dans cette famille : Trop gentils, trop aimables et il n’appréciait pas ça. Il allait devoir faire encore plus attention à son comportement si il ne voulait pas le voir changer. Il se dirigea vers son sac, s’agenouillant devant ce dernier avant de l’ouvrir. Il sortit d’abord une feuille de papier puis plusieurs produits qui lui étaient inconnus. Le vieil homme s’était approché de lui, le questionnant :

« Qu’est-ce que vous faites ? »

« Ca ne se voit pas ? Je vais m’occuper de votre femme ! »

« Mais comment ? »

« Cynthia m’a filé la recette. Bon, qu’est-ce que je dois faire ? »

« Vous avez… les ingrédients ? Mais qui êtes vous ? Cynthia… doit vous faire confiance réellement pour vous donner sa recette personnelle. »

« Elle avait pas le choix. C’est pas une question de confiance ou autre. Maintenant, laissez moi tranquille. Où est votre cuisine ? »

Elisa s’approcha de lui, lui prenant la main pour le guider vers celle-ci. Vraiment, y avait un problème avec cette famille ou quoi ? Il regarda le morceau de papier, respectant à la lettre près ce qui était marqué dessus. Elisa restait près de lui, lui tendant les ingrédients nécessaires. Une bonne vingtaine de minutes plus tard, chacun tenait un bol rempli d’un liquide de couleur différent. Elisa s’approcha de sa grand-mère, faisant boire le liquide à la vieille femme alors que Thierry montrait l’autre bol au vieil homme.

« Mettez lui ça comme cataplasme. Il faudra la surveiller mais cela prendra quelques jours avant qu’elle ne se sente mieux. »

« Merci beaucoup jeune homme. Vous avez été vraiment comme ce que ma petite-fille a écrit dans sa lettre : On peut croire en vous lorsqu’il s’agit de moments importants. »

« Mais qu’est-ce qu’elle a encore raconté sur moi celle là ? Bon, j’ai pas que ça à faire, je vais repartir vers Frimapic. »

« Ah non ! Vu que vous vous êtes occupé de ma femme et que vous êtes encore sérieusement blessé, je ne peux pas vous laisser partir après tout ce que vous avez fait pour nous. Vous restez avec nous jusqu’à ce que vos blessures soient rétablies. »

« Et si je refuse ? »

« Vous ne reverrez pas vos pokémons qui sont au centre pour des soins. »

MERDE ! Il avait l’impression de voir des clones de Cynthia en face de lui ! Ils appliquaient exactement la même méthode qu’elle ! Ce n’était pas possible ! Il eut un long gémissement plaintif en pensant à la situation alors qu’Elisa lui reprenait la main :

« Vous allez venir avec moi ! C’est rare que ma grande sœur ramène du monde. Je vais vous faire visiter la maison puis la ville. »

« J’y suis obligé ? »

« Et oui hihi ! On n’a jamais de visiteur alors un ami de Cynthia, c’est encore plus rare ! Vous êtes le premier qui vient de sa part ici ! »

Youpi… Cynthia était elle aussi une asociale, quoi de neuf à l’horizon ? Elle avait jeté son dévolu sur le pauvre pêcheur qu’il était et depuis, elle lui collait aux basques. Il n’eut pas le temps de plonger plus longtemps dans ses réflexions, Elisa lui faisant visiter la maison comme promis. La salle de bains, les toilettes, la chambre des grands-parents, celle de la jeune fille pour finir enfin sur la chambre de Cynthia. Il s’était attendu à ce qu’elle soit décorée comme une chambre de jeune femme mais il remarqua que ce n’était pas le cas. Beaucoup de livres, énormément de livres même se trouvaient un peu partout.

« Je crois que Cynthia est folle… Trop de livres va lui bousiller le cerveau. »

« Ma sœur adore tout ce qui touche à l’archéologie et aux mythes des anciens pokémons ! C’est une véritable encyclopédie ! »

« T’en est fière non ? De ta grande sœur ? »

« Bien entendu ! En plus, elle est SUPER forte ! »

« Oué… Je l’ai remarqué. »

Il passa une main sur son menton comme si il se rappelait d’un mauvais souvenir, Elisa ne comprenant pas ce geste. Il marcha à travers les livres, jetant quelques brefs coups d’œil sur les titres. « Mythe de Dialga », « Mythe de Palkia », « Les trois elfes » et bon nombre d’autres livres qui ne l’intéressaient pas. Son regard se posa finalement sur la table de nuit de la jeune femme. Dessus se trouvait une photo dans un cadre. Il prit le cadre en l’observant de plus près. Bizarre… Du moins pas tant que ça.

Un homme aux cheveux bruns avec une pioche sur l’épaule et un casque de mineur sur le crâne se trouvait sur la droite. Il devait avoir la trentaine bien avancée et avait des yeux dorés. Sur la gauche se trouvait une femme aux cheveux courts et blonds, elle aussi portant un casque de mineur mais une sorte de tablette de pierre à la main avec une écriture faite en Zarbis dessinée dessus. Elle avait des yeux argentés et au milieu de la photo se trouvait une enfant aux cheveux blonds… Elle portait deux couettes de cheveux blonds et une petite jupe blanche. Elle tenait un petit Griknot dans ses mains et souriait alors que ses parents l’entouraient chaleureusement. Thierry poussa un léger soupir, se tournant vers Elisa pour l’observer avant de regarder à nouveau le cadre puis de dire :

« Ce sont vos parents ? Ils sont mineurs ? C’est toi sur la photo ? »

« Non ! C’est ma grande sœur avec Papa et Maman. »

« Elle était plutôt jeune… Elle devait avoir quel âge ? »

« Huit ans, c’est ce que Mamie me disait. »

« Moué… Elle paraissait presque mignonne à cette époque. C’est fou ce que les poids des années peuvent faire sur l’innocence et la pureté d’une femme. Et où sont vos parents ? »

« Ils sont morts lorsque j’avais seulement deux ans. C’est grand-père et grand-mère qui m’ont élevé depuis tout ce temps. »

Là, pour une gaffe, il avait sérieusement gaffé et il se sentait sacrément mal à l’aise. Il aurait put retenir sa langue sur ce coup. Il tenta de tousser pour se donner une contenance mais n’y arrivait pas. Cette fois-ci, il ne sentait vraiment pas dans son assiette et il regarda Elisa qui l’observait de ses petits yeux argentés. Elle avait les yeux de sa mère…

« Je suis… sincèrement désolé. »

« Ca ne fait rien ! Je suis sûr qu’ils sont heureux là-bas ! »

Il hocha la tête en baissant son regard rubis. Tant que cette petite fille pensait ça, ils l’étaient alors, il en était sûr. Mais les excuses qu’il avait dit à ce moment étaient-elles vraiment destinées à Elisa ? Purée… Il n’aimait vraiment pas ça. Si Cynthia revenait à Frimapic, il allait avoir quelque chose à lui dire.

« Ca ne va pas ? Monsieur Thierry ? »

« Hein ? Euh… Si… Si… Ca va bien. Sortons de la chambre de ta grande sœur, ça ne se fait pas de fouiner quand elle n’est pas là. »

Elisa poussa un petit rire tandis qu’il déposait le cadre avec la photo. Il rejoignit la jeune fille aux couettes blondes devant la sortie de la maison, Elisa l’attendant pour lui faire visiter la ville. Il hocha la tête d’un air négatif en murmurant :

« Est-ce que je peux me balader seul ? »

« Mais… Vous ne connaissez pas le village ! Vous allez vous perdre ! »

« Je retrouverais mon chemin. Signale simplement à tes grands-parents que je serais de retour dans quelques heures. J’ai juste besoin de réfléchir. »

Elle remarqua que le ton du jeune homme avait changé et elle lui annonça qu’elle était d’accord et qu’elle allait le laisser seul. Elle rentra à l’intérieur de la modeste maisonnette de la famille de Cynthia alors qu’il s’éloignait déjà de celle-ci. Les mains dans les poches, ses cheveux bruns en bataille, le front bandé, la douleur qu’il n’avait n’était pas située dans son crâne mais simplement dans son cœur.

C’était bien beau de vouloir jouer les caïds, de faire le grand dur alors qu’elle était toujours en train de sourire et de rire. Comment aurait-il put se douter d’une telle chose en rapport avec Cynthia ? Est-ce qu’elle avait prémédité son coup ? Cette fois-ci, il savait que ce n’était pas le cas. Elle était vraiment soucieuse envers ses grands-parents, il était normal qu’elle veuille les soigner. Il n’avait pas d’explications sur le fait qu’elle ne pouvait pas les revoir d’aussitôt mais cela ne l’intéressait pas. A force de juger les gens sur les apparences… A force de se créer sa propre apparence… Il avait complètement loupé la mentalité de Cynthia et il devait l’avouer : Il s’en voulait. Lui qui s’en fichait de ne rien savoir d’elle, lui dire à chaque fois qu’il en avait rien à faire de sa vie…Un tel égoïsme de sa part le mettait en rage mais contre lui-même. Il donna un violent coup de poing dans un arbre, quelques têtes se tournant vers lui alors qu’il se remettait en route.

« Marre de ça. Faudra vraiment qu’on discute, toi et moi quand on se reverra. »

Voilà, il l’avait dit clairement. Ils devaient parler tous les deux, il devait tout lui dire et lui expliquer. Pourquoi il était comme ça, pourquoi il avait toute cette haine envers les gens de Sinnoh. Finalement, il s’arrêta devant le centre pokémon du village de Célestia. Voir et retrouver ces pokémons ? Leur dire qu’il allait bien ? Non… Il n’en avait pas envie, il voulait simplement être seul. Il s’éloigna de la ville, marchant sur le chemin avant de trouver un arbre solitaire, un arbre éloigné de tous les autres, un arbre comme lui. Il s’adossa contre ce dernier, observant les montagnes autour de lui, ses rivières qui s’écoulaient, il était en hauteur mais le ciel était vraiment beau… très beau… Il aurait aimé le lui montrer ce ciel… mais elle n’était pas là… Elle n’était pas avec lui.

« Vivement que j’en termine avec cette histoire. Je me sens beaucoup plus fatigué maintenant. Je n’aurais jamais dut venir ici, je le regrette. »

Mensonge ou vérité ? Il n’arrivait pas à être clair dans son cœur mais savoir ce qu’il venait d’apprendre aujourd’hui lui rappelait qu’il n’était pas seul dans cet univers… seulement que Cynthia et lui avaient pris des chemins différents. Il se releva, se dirigeant vers Célestia pour retourner voir la famille de la jeune femme aux cheveux blonds. Finalement, les journées se déroulèrent rapidement et l’état de la vieille femme était de moins en moins alarmant jusqu’à ce qu’elle se sente définitivement mieux. De son côté, ses bandages étaient retirés et seule une petite croûte était visible sur son front et le dos de son crâne. Il était temps pour lui de partir et les trois personnes étaient devant l’entrée de leur maisonnette, entrée qu’il venait de quitter.

« Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait, jeune homme. Sans vous… Je ne sais pas ce que j’aurais fait. »

« Ce n’est pas moi qu’il faut remercier mais Cynthia. »

« Vous pourrez la saluer de ma part lorsque vous la verrez ? Avec son travail, elle n’a guère le temps de nous voir… »

« Je lui passerais vos mots. Je dois me retirer, je vais me diriger vers Frimapic. »

« AH ! Attendez un peu, s’il vous plaît. »

Visiblement, la grand-mère de Cynthia se remettait rapidement puisqu’elle se dirigea à petits pas rapides à l’intérieur de la maison. Deux minutes plus tard, elle revenait avec une longue écharpe de couleur blanche. Elle demanda au jeune homme de se pencher vers elle pour la lui mettre autour du cou. Cette écharpe ressemblait étrangement à celle de Cynthia mais il ne disait rien de plus qu’un simple :

« Merci beaucoup. Je ne sais pas si nous nous reverrons par contre. J’ai des choses à accomplir et je ne sais pas ce qui se passera après tout ça. »

« Comme tous les jeunes, comme tous les jeunes. J’espère simplement que vous y arriverez, Thierry. Au revoir et bonne chance. »

Il salua les trois personnes avant de s’éloigner, se dirigeant vers le centre pokémon de Célestia pour récupérer ses quelques pokémons sans pour autant les faire sortir de cette dernière. Il devait maintenant retourner dans le Mont couronné, monter ce dernier et se dirigeait vers une altitude plus importante pour être sûr qu’il allait bien vers Frimapic. Les deux personnes âgées le regardèrent partir avant que la grand-mère de Cynthia ne dise :

« Un brave garçon… Il ressemble à l’enfant de cette photo que notre petite-fille nous montre souvent en parlant de son héros. »

« Cette photo qu’elle garde toujours avec elle … Allons, rentrons Anna et Elisa, il commence à faire froid. »

« Tu as raison, Hector. »
La famille de Cynthia rentra dans sa maisonnette, refermant la porte derrière elle.

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