- Épilogue : Toujours plus - 7 juillet 2021
- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Chapitre 213 : Être seuls
« Kéran ! Je t’ai dit que je pouvais me débrouiller seule ! »
« Oui mais … Tu es tellement blessée. Tu ne veux pas que l’on aille nettoyer nos plaies dans le ruisseau ? Il doit bien y en avoir un dans les environs. »
« Non … Je ne suis pas motivée, pas du tout même. »
« D’accord … Enfin … Si tu me cherches, je serais là-bas, d’accord ? »
Elle fit un geste évasif de la main. Loa était partie depuis quelques minutes déjà, désirant être seule. Il avait trouvé cela étrange car ce n’était pas le comportement normal de la jeune femme, loin de là même. Mais bon …
« Qu’est-ce qui se passe avec les femmes ici ? J’aimerai bien le savoir. Elyséa, toi, tu vas bien ? Tu n’es pas différente ? Toujours envie de t’entraîner avec moi ? »
« Bien que cela fait longtemps, pourquoi pas, Kéran ? Pour répondre à ta question, je n’en ai aucune idée malheureusement, je suis désolée. »
« Ca ne fait rien mais tant mieux. Ce soir alors, pas de repos, juste de l’entraînement. Ca risque d’être intéressant. Tu m’aides à trouver un ruisseau s’il te plaît ? »
« Bien entendu, Kéran. Je pense que cela ne sera pas difficile à chercher, loin de là. »
Oui, il pensait pareil de son côté. Enfin, il remarquait surtout que lui et Elyséa avaient peu à peu le même mode de fonctionnement. C’était assez étrange en soi mais il reconnaissait bien que ce n’était pas si … problématique. Loin de là même !
« Quand même … Je remarque que Katérina s’énerve vraiment pour un rien. Le pauvre Hodan en a fait les frais aujourd’hui. Je suis désolé pour lui. »
« Tu n’as pas à l’être réellement. Il est autant fautif qu’elle. » murmura Elyséa alors qu’il haussait un sourcil. Fautif ? Par rapport à quoi ? Il ne savait pas pourquoi mais la femme aux cheveux blancs avait pris en grippe Katérina.
« Tu peux m’expliquer pourquoi tu en veux tant à Katérina ? »
« Pour une raison qui ne la concerne qu’elle dans l’idée-même. Mais … Si un jour … Non. Ce n’est rien. Ne cherchons pas les complications. »
« Elyséa ! Je pensais que nous devions tout nous dire ! Là, tu me caches quelque chose, ce n’est pas vraiment ce que j’attendais de toi ! »
« Kéran … Si je te disais quelque chose qui te ferait souffrir, est-ce que tu accepterais de l’entendre ? De ne pas te voiler la face ? De regarder la vérité les yeux dans les yeux ? Je ne pense pas, Kéran. Je veux juste te protéger … mais pas uniquement physiquement. Je veux faire bien plus que ça, Kéran. Beaucoup plus … et j’y arriverai. » termina de dire la voix en lui alors qu’il sentait comme une étreinte autour de son âme même.
Pourquoi est-ce qu’elle disait de telles choses ? Quand il l’entendait parler de la sorte, il était gêné, très gêné même. Beaucoup trop … Comme un adolescent, comme un enfant. Elle arrivait à chaque fois à le rendre confus.
« Pfff … Ce n’est pas très malin, Elyséa. Maintenant, je suis intimidé à cause de toi. Tu n’as pas besoin de parler comme ça hein ? C’est vraiment gênant quand tu dis ça ! »
« Ce n’était pas voulu que tu sois gêné, Kéran. Ou peut-être que si ? Cela reste à voir. »
« HEY ! Tu n’es pas comme ça d’habitude ! Ne te moque pas de moi ! »
« Désolée. » répondit-elle bien qu’il sentait qu’elle ne l’était pas le moins du monde. Tsss ! Elle se moquait ouvertement de lui ! Il allait le lui faire payer dans ce rêve ce soir ! Il allait même réussir à la battre ! Et ensuite ? Oh ! Il savait ce qu’il ferait !
« Et que comptes-tu faire, Kéran ? Sache qu’avec une telle motivation, il est très facile de lire dans tes pensées … comme dans un livre ouvert. »
« RIEN DU TOUT ! Je ne te le dirai pas ! »
« Je vais tirailler tes pensées jusqu’à le découvrir, tu vas voir. » répliqua Elyséa en lui alors qu’il rigolait faiblement. Elle pouvait toujours essayer, elle savait parfaitement que c’était inutile ! Il ne se laisserait pas faire de toute façon ! Il valait mieux pour elle qu’elle abandonne tout de suite sinon, elle risquait d’être très déçue. Hahaha !
Mais bon … Il avait fini par trouver un ruisseau. Tant mieux ! Il allait pouvoir se passer un peu d’eau sur ses plaies. Avec lenteur et en gémissant, il retira son haut, commençant à s’asperger le torse avec l’eau, gémissant un peu.
« Kéran … Je tenais à m’excuser … réellement et sincèrement. »
« Hein ? Et pour quelle raison ? Pourquoi est-ce que tu t’excuses maintenant ? »
« Par rapport aux … cicatrices sur ton corps. Si j’avais décidé de réagir plus rapidement, tout cela ne serait jamais arrivé. J’ai fauté … »
« Tu ne voulais pas que je te découvre et puis bon, si je suis vivant, c’est grâce à toi. Je dois le répéter combien de fois, Elyséa ? »
« Je le sais bien … mais … Enfin … Voilà, j’ai dit ce que je pensais avoir à dire. Et … »
« Tu sais parfaitement que je te pardonnerai tout. Enfin, à toi, ça serait beaucoup plus simple qu’à Katérina. Disons que tu veilles sur moi mais bon … »
Il s’arrêta de parler, remarquant Loa au loin. La femme aux cheveux violets n’avait toujours pas sorti Harno de son corps depuis le combat. Il s’apprêta à venir vers elle mais Elyséa lui demanda de plutôt aller se coucher sans se montrer. Se cacher ? De Loa ? Il n’était pas vraiment comme ça … Enfin bon … Ce n’était pas si … important que ça ? Il n’aimait pas tellement espionner, loin de là même. Mais si Elyséa le lui demandait.
« Comment vont tes brûlures, Anély ? »
« Ah … J’en ai un bon nombre sur les bras si tu veux tout savoir … Enfin, elles ne sont pas très visibles et il faut vraiment se rapprocher de moi pour les apercevoir. »
« Je t’avais pourtant prévenue à ce sujet … Anély. »
« Je le sais parfaitement mais le risque n’était pas assez important pour que je reste là sans réagir. Et maintenant que je l’ai fait, il n’y pas de retour en arrière. Mais je ne regrette rien, Harno. Loin de là même. Le souci sera d’expliquer cela à Kéran. Je n’aimerai pas lui mentir encore une fois. Tu sais, je le sens encore plus proche d’Elyséa que toi avec moi. J’ai l’impression qu’ils sont … unis depuis des siècles. »
« Unis depuis des siècles ? C’est quand même une grosse affirmation, tu t’en rends compte ? Cela voudrait dire … que ce qui les unit dépasse les liens physiques. »
« Je ne sais pas. Je t’ai dit que ce n’était qu’une idée de ma part, c’est comme ça que je le ressens quand je les vois. Elyséa est vraiment différente des autres pokémons. Je ne peux pas la considérer comme l’une d’entre eux. C’est bien trop peu crédible. J’ai l’impression qu’elle a pris une forme pokémon pour autre chose que de veiller sur ce monde. J’ai l’impression que sa place n’a jamais été de vivre pendant des siècles. Quelque chose cloche avec Elyséa mais ce n’est pas un véritable problème, c’est différent … et compliqué. »
« Ce n’est pas à nous de résoudre cela mais à Kéran et Elyséa. Je vais faire de mon mieux pour soigner tes brûlures mais évite d’utiliser trop longtemps ces derniers. »
« Sinon, c’en est fini de moi, c’est cela ? Hahaha …Savoir que mon Harno est devenu un pokémon spectre parmi les plus puissants … tellement puissants que mon corps ne le supporte pas. Peut-être que si je vis quelques années de plus, j’y arriverai … mais je ne crois pas cela possible, n’est-ce pas ? »
« Pas depuis que la flamme de ta vie s’atténue de jour en jour. Je n’ai jamais voulu cela … Anély. Je suis vraiment désolé … »
« Arrête de t’excuser encore une fois. Je te l’ai déjà dit à l’époque et s’il faut, je te le répèterai autant de fois que nécessaire pour que tu comprennes que je ne t’en veux pas. Je trouvais cela un bon compromis pour pouvoir rester avec l’homme que j’aime. »
« … … … Je t’aime aussi, tu le sais bien. Tu le sais parfaitement … sinon, je ne serai pas revenu sous cette forme. La majorité des pokémons spectraux et ténébreux qui reviennent sont liés à un sentiment. En grande partie, il s’agit de celui d’aimer un proche, une autre personne. Je ne pouvais pas mourir … et te laisser seule. »
« Je le sais parfaitement … Je le sais parfaitement. Merci pour tout. »
Il avait peut-être écouté quelque chose qu’il aurait mieux valu ignorer. C’était quoi cette discussion ? Des brûlures ? Il n’avait rien remarqué sur Loa pourtant. Et puis, ces paroles … Une partie d’entre elles le concernait. Enfin, les concernait puisqu’il s’agissait d’Elyséa et lui. Ca voulait dire quoi ? Les unir à travers les siècles ?
Il s’éloigna sans un bruit, soucieux et inquiet. Loa était en danger ? Mais quel genre de danger ? Il n’en savait rien ! Il n’avait qu’à moitié compris ce qui se passait réellement ! Voilà tout ! C’est ça le problème !
« Elyséa … Est-ce que tu peux m’aider ? Il s’agit de quoi pour Loa ? »
« Il semblerait que le corps humain ne supporte qu’en partie les pouvoirs liés aux pokémons spectraux et ténébreux. Du moins, ceux d’une très grande puissance. Je te l’ai pourtant déjà expliqué la dernière fois non ? Lorsqu’il s’agissait de fondre dans le sol pour se déplacer telle une ombre, non ? Tu t’en rappelles ? »
« Je m’en rappelle bien oui … Enfin, je vois où tu veux en venir … »
« Loa n’est pas si différente de toi sur ce point. Elle aussi a ses faiblesses même si cela doit faire déjà quelques années, comme toi, qu’Harno est en elle. Enfin, dans notre cas précis, nous sommes unifiés depuis des années. Harno ne rentrait en elle que si cela était nécessaire, ce qui a surement modifié un peu ton corps. »
« Tant que tu ne me mets pas de poitrine … »
Il essayait de faire un peu d’humour car il ne se sentait pas si bien que cela malheureusement. Il devait avouer qu’il était un peu perturbé. Il devait éviter que Loa ne fasse trop d’efforts. Surtout maintenant qu’il savait à ce sujet. Si elle utilisait trop ses pouvoirs, il avait peur des conséquences … Il ne voulait pas que cela arrive !
« Ne te complique pas la vie pour cela, Kéran, je tiens à te le signaler. »
« Facile à dire, pas à faire malheureusement. Je ne peux pas m’en empêcher malheureusement. C’est aussi bête que ça. »
« Retournons auprès du feu. Là-bas, tu iras te reposer … et je veux que tu sois en pleine forme pour le combat qui t’attends, Kéran. J’espère que tu as compris. »
« J’ai parfaitement compris, Elyséa, parfaitement compris. »
Mais il vint marcher avec lenteur, prenant tout son temps alors qu’il se dirigeait vers là où se trouvait Katérina. Celle-ci était toujours occupée à changer ses bandages alors qu’il remarquait qu’elle aussi … avait quelques lignes noires sur son bras et sa jambe gauche. C’est vrai … Il avait complètement oublié cela.
« Katérina, tu veux que je te laisse dormir seule ce soir ? »
« Hein ? C’est quoi cette question de dégénéré ? Et c’est quoi cette tête de déterré ? »
« Non rien du tout. Enfin, je vais déjà aller me coucher, ça sera beaucoup mieux. Bonne nuit. Puisque ça ne te dérange pas de m’avoir à tes côtés. »
« Mouais … Kéran, je te trouve un peu bizarre. Attends-moi, j’arrive dans cinq minutes. Je crois qu’on va devoir parler, toi et moi, ça sera mieux. »
Sans un mot de plus, il vint dans la tente, se couchant avec lenteur à l’intérieur. Il ferma les yeux, réfléchissant à tout cela. Mais il sombra rapidement dans le sommeil, sans même attendre Katérina. Lorsque celle-ci pénétra dans la tente, elle remarqua Kéran, disant :
« Putain ! Il aurait quand même pu m’attendre ! Pour une fois que je voulais le remercier. »
« Et comment est-ce que tu aurais fait cela, Katérina ? »
« Oh toi, Hodan, il vaut mieux que tu fermes ta gueule après ce que tu as fait … ou plutôt pas fait aujourd’hui. C’est compris ? Ne l’ouvre pas ! »
« Je voulais que Kéran te sauve, cela me semblait nécessaire et logique à mes yeux. Je ne vois guère où je me suis trompé personnellement. »
« M’en contrefous qu’il vienne me sauver. C’était ton truc ! T’es en moi, tu dois faire ton travail, c’est pas compliqué pourtant ! »
« … … … Soit, la prochaine fois, je ne laisserai plus aucun élan de gloire à Kéran. Je me débrouillerai pour te sauver, quand tu le désires. »
« Pas quand je le désire, quand c’est nécessaire, espèce de bourrique. Bon, il a voulu dormir ? Alors, on va faire de même. Mais je te préviens, y a rien du tout ce soir. » déclara la jeune femme aux cheveux argentés avant de se coucher de l’autre côté de la tente, tournant le dos à Kéran, celui-ci étant déjà plongé dans ses rêves.
Le décor enneigé … Hahaha … Vraiment, elle avait vraiment prévu de l’entraîner, n’est-ce pas ? Il devait alors se préparer mentalement à cela. Prenant une épée plantée dans le sol devant lui, il fit face à Elyséa, celle-ci étant dans son habituelle tenue dans les rêves du jeune homme : un marcel blanc qui cachait difficilement ses formes ainsi qu’un pantalon de toile noire. Mais quand même … Il la trouvait bien jolie.
« Kéran ? Est-ce que tu es finalement prêt ? »
« Je le suis toujours pour toi, Elyséa. Mais je te préviens : plus le temps passe et plus je deviens fort ! Tu risques d’être surprise ! »
« Alors surprends-moi … Kéran. Je n’attends que ça. »
« Hahahaha … On va bien rire tous les deux ! »
Rire ? Considérait-il l’entraînement comme un amusement ? Auparavant, elle aurait bien déclaré que ce n’était pas le cas mais maintenant … Elle ne fit qu’un discret sourire camouflé derrière la lame qu’elle tenait à la verticale. Soit …
« Si tu veux rigoler, nous serons deux, Kéran. Mais … nous n’avons pas forcément le même humour, loin de là même. J’arrive. »
Oh ! Qu’elle arrive donc ! Il l’attendait avec une certaine impatience, il ne pouvait pas le nier. Il allait lui montrer ce dont il était capable maintenant ! Elle allait être surprise !