Chapitre 214 : Pas très drôle

ShiroiRyu
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Chapitre 214 : Pas très drôle

« Tu es donc prêt, Kéran ? Je te sens encore un peu mollasson. »

« Tu vas voir si je suis mollasson ! »

C’est vrai qu’il avait encore un peu de mal à répliquer mais il se défendait plutôt bien contre Elyséa ! D’ailleurs, il arrivait à parer la majorité de ses coups. Il faut dire qu’elle était un excellent professeur, vraiment excellent même. Il n’avait jamais connu mieux depuis le temps ! Ah … Elyséa … Qu’est-ce qu’il appréciait ces moments.

« J’espère que ce n’est pas le froid qui te rend aussi lent quand même. »

« Comme si ça pouvait l’être ! Tu ferais mieux de faire attention à toi, plutôt ! Tu risquerais d’être surprise par un coup ! Imagine que je te touche ! »

« Imaginer que tu arrives à me toucher avec l’épée ? Hmm … »

Si tel était le cas, cela serait surprenant. Très surprenant même mais elle ne se laisserait pas faire, loin de là. Et en même temps, elle avait une petite idée. Mais à voir si elle allait la mettre en place ou non. C’était quand même risqué. Mais pour le moment, combat ! Elle vint faire quelques feintes mais même là, Kéran arrivait à les parer. Vraiment, qu’est-ce qu’il avait progressé durant tout ce temps, c’était étonnant, tellement étonnant. Mais c’était aussi remarquable, vraiment remarquable. Il fallait le reconnaître : le jeune homme avait fait des progrès fulgurants et surprenants. Elle devait le féliciter.

« Et alors ? C’est toi maintenant, Elyséa ? »

Il fit une petite remarque alors que le jeune homme se lançait à l’attaque. Au lieu de parer, il répliquait et ripostait. La femme aux cheveux argentés ne faisait que reculer alors qu’il s’avançait inexorablement vers elle. Pourtant, elle semblait toujours … neutre ? Ou alors, avec une petite pointe d’amusement.

Elle allait faire ça … Cela risquait d’être très intéressant, vraiment très intéressant. Mais seulement s’il arrivait à l’attein … Hein ? Elle hoqueta sur le coup alors que l’épée du jeune homme venait de se loger dans son ventre. A force de réfléchir à cela, elle avait baissé sa garde et Kéran en avait bien profité.

« Je crois que j’ai gagné, Elyséa. C’est bien la première fois que je … Elyséa ? C’est quoi ça ? » bredouilla le jeune homme.

Il avait remarqué le sang qui s’écoulait de la blessure au ventre d’Elyséa. Même lui, pendant l’entraînement, alors qu’elle le martelait et le touchait, il n’avait jamais eu ça. Mais elle ? Pourquoi ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? HEY ! Ce n’était pas très drôle !

« Kéran … Il y a une chose que je ne t’ai jamais expliqué. Lorsque dans un rêve, si tu arrives à battre la créature spectrale ou ténébreuse qui t’habites, tu la tues et elle disparaît définitivement. C’est l’un des moyens pour éliminer une créature qui possède une personne. »

« Hein ? Mais mais mais … ATTENDS ! Elyséa ! Je ne voulais pas de ça ! »

Mais mais mais … NON ! NON ! ET NON ! Il jeta l’épée au sol, s’approchant d’Elyséa qui s’écroula contre un rocher, haletant, une main sur son ventre. Il allait la soigner ! Il n’avait jamais voulu ça ! Pourquoi ?! Pourquoi ?! Pourquoi est-ce qu’elle ne l’avait pas prévenu ? POURQUOI ?! Il commença à déchirer sa tenue, bredouillant :

« T’en fait pas ! Je vais te soigner, Elyséa. Je vais te soigner hein ? Hein ? »

« Kéran … Allons … Si tu as réussi à me battre, c’est que tu es maintenant prêt à te débrouiller seul, tu ne crois pas ? »

« NON ! Je ne suis pas prêt ! Je ne suis prêt à rien du tout ! RIEN DE RIEN ! Aller ! Laisse-moi voir cette plaie. Je vais m’occuper d’elle ! » bredouilla-t-il en voulant retirer la main d’Elyséa de sa blessure mais celle-ci la gardait sur son ventre. L’autre main caressa avec lenteur la joue de Kéran.

« Ne t’en fait donc pas. Dès le début, je t’avais dit que je te parasitais … que je regrettais ce qui s’était passé. Il est donc normal que je disparaisse. Au revoir, Kéran … ou adieu. »

ADIEU ? NON ! NON ! ET NON ! Pas d’adieu ! Rien du tout ! Rien ! Rien ! Rien … Rien … Rien … Il voyait le corps d’Elyséa qui disparaissait peu à peu entre ses mains. Non et non ! Il allait faire comment sans elle hein ? HEIN ? Il allait faire comment ? HEIN ? Elyséa … Elyséa n’était plus là du tout. Il n’y avait plus rien … plus rien du tout. Elle avait totalement disparue. Elle n’était plus présente. C’était vide, complètement vide. Complètement … sans aucun sens. Elyséa était morte ? Une nouvelle fois ?

« Elyséa ? Elyséa ? Tu peux revenir hein ? »

Elle pouvait revenir hein ? Ce n’était pas drôle du tout. Pas drôle … Mais … Le décor semblait se désagréger autour de lui. Ce n’était pas une illusion. Tous les souvenirs d’Elyséa étaient en train de disparaître … avec elle. Elle était morte ? Vraiment morte ? MAIS MAIS MAIS … Comment était-ce possible ? COMMENT ETAIT-CE POSSIBLE ?

« Ce n’est pas normal … Elyséa ne ferait jamais ça. Elle ne se laisserait jamais mourir ! Et qui pourrait me protéger ensuite hein, hein ? QUI ? »

Qui donc ? QUI DONC ? Il devait trouver une solution ! Il devait trouver la réponse ! Mais mais mais … Le décor se modifiait complètement, devenant totalement noir. Voilà … Il ne rêvait plus de rien. Plus rien du tout même.

« Elyséa… Je … Non … Elyséa … Réponds-moi s’il te plaît. »

Qu’elle lui réponde. Qu’elle lui dise qu’elle allait bien. Mais il n’y avait rien. Rien de rien. Rien du tout, rien de rien. Elyséa ? Elyséa ? Où est-ce qu’elle était ? Il marchait dans le noir, sans même savoir où il se rendait.

« Elyséa, s’il te plaît … Ce n’est pas drôle, je n’aime pas ça. Pas du tout … Pas du tout ! »

Mais aucune réponse. Est-ce qu’elle voulait jouer avec ses nerfs ? C’était réussi ! Mais le souci, c’est qu’Elyséa n’était pas une femme qui se prêtait à rire et s’amuser.

C’était la réalité … La vérité … Il le savait. Elyséa était morte définitivement. Le décor se modifia subitement autour de lui alors qu’il se retrouve dans une violente tempête de neige. Le froid lui martèle la peau et il a l’impression de vraiment le subir cette fois. Une tempête de neige … dans la montagne des dragons.


Mais là, cette tempête semble différente … Elle semble comme éternelle. Et pourtant, en ce lieu, c’était l’impression qu’il avait. Une mauvaise impression, il le savait bien mais il s’avançait dans la neige, sans réellement comprendre où il allait.

« Pourquoi est-ce que je pense à ça ? Est-ce que je me rappelle des souvenirs d’Elyséa ? »

Si tel était le cas, il aurait peut-être … un moyen de se souvenir d’elle. Enfin, quelque chose qui lui permettrait alors de découvrir la vérité. D’en savoir encore plus … Ah … Ah … Il ne pouvait même pas pleurer, il était encore sous le choc.

« Elyséa est morte … Elyséa est morte … Elyséa … est morte. »

C’était la seule chose ancrée dans sa tête alors qu’il continuait de s’avancer. Pourtant, lorsqu’il fit un pas, un pan du sol s’écroula et il eut l’impression que sa dernière heure était arrivée. Qu’est-ce qui se passerait … si lui … mourait dans un rêve ? Il ne voulait pas le savoir ! Il en avait déjà assez ! Il avait bien souffert là !

Elyséa … Il voulait retrouver la jeune femme. Il voulait la retrouver … Il voulait retrouver cette femme qui s’occupait de lui depuis des années … Elle était bien trop importante pour mourir comme ça ! Il se le refu… Hein ? C’était quoi ça ?

Un bâtiment ? De la lumière ? Il apercevait de la lumière et de la fumée … au loin ? Il commença à courir à toute allure, à travers la neige sans même se soucier. C’était quoi cette lumière ? Cet endroit ? Même avec les entraînements d’Elyséa, il n’avait jamais vu cet endroit ! C’était quoi ?! C’ETAIT QUOI ?!

« Une maisonnette ? Non … Ca ressemble à une forge … »

C’était le premier constat qu’il établit en regardant au loin ce qu’il pouvait voir. Cet endroit était … une forge ? De taille relativement modeste, elle semblait néanmoins être à l’abri du froid. En fait, elle ne semblait même pas être atteinte par le froid.

« Mais une forge ? Isolée du reste du monde ? Mais qu’est-ce que … Et la fumée montre qu’il y a quelqu’un qui habite à l’intérieur. »

Peut-être qu’il devait s’y rendre ? Non, ce n’était pas un peut-être. Il en était certain. Il en était convaincu. Il devait s’y rendre ! Quelque chose lui disait de s’y rendre ! Il en était sûr et certain même ! Il en était convaincu ! AH ! Vraiment ! Il devait faire attention !

« Je ne sais pas ce que je risque en faisant ça … »

Mais peut-être qu’il … AH ! Son épée ! Elle était maintenant recouverte d’une aura froide. Mais son épée … C’était celle d’Elyséa non ? Elyséa … C’était son épée. Et l’épée réagissait à cet endroit. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Non … Il savait ce que cela voulait dire.

« C’est là où l’épée d’Elyséa a été forgée. »

Mais pourquoi maintenant et pas auparavant ? Est-ce que la mort d’Elyséa … avait influencé à ce sujet ? Car lui, il ne s’en rappelait pas. Il ne s’en rappelait pas du tout ! Comment il aurait pu de toute façon hein ? Il s’approcha de la forge, faisant quelques pas avant de subitement se mettre de côté ! Il se retourna, apercevant une ombre encapuchonnée.

« Une personne ? C’est peut-être Elyséa ! »

Il voulait y croire ! Il voulait vraiment y croire ! Il s’approcha de l’être encapuchonné et bien qu’il sache que ce n’était pas possible qu’il soit vu, il restait quand même méfiant. Mais il fut plus que décontenancé quand il remarqua que … ce n’était pas Elyséa. C’était bien une femme d’une vingtaine d’années … mais elle semblait différente. Enfin, elle avait des cheveux blancs, elle aussi … mais des yeux dorés … Mais ses yeux semblaient terriblement froids.

Voilà … C’était le mot exact. Les yeux de cette femme ne montraient aucune émotion. Même ceux d’Elyséa … avaient un sentiment … parfois indescriptible mais présent. Il la vit pénétrer à l’intérieur de la forge. Aussitôt, il s’était mis à courir pour arriver jusqu’à une fenêtre. Une fenêtre mais il ne pouvait rien voir à cause de la buée à l’intérieur.

« Est-ce que nos armes seront bientôt prêtes ? »

« Bien entendu, cela devrait être bon d’ici deux ou trois heures. Je pense que tu ferais mieux de rester. Tu me tiendrais compagnie. »

« Tu n’aurais quand même pas une sombre idée en tête, n’est-ce pas ? »

« Sombre … Sombre … Enfin … Je … Tu es la première personne qui a réussi à venir jusqu’ici. Et puis … Enfin … Je pensais que toi et moi … »

« Tu penses mal … Du moins, pas maintenant. Tu te fais des idées. Je t’ai déjà dit que si tu te montrais très efficace, peut-être que j’accepterai d’aller plus loin avec toi. »

« Je n’y connais rien du tout … J’espère que … Enfin … Que tu ne m’en voudras pas. »

« Humpf. Nous verrons cela. Pendant ce temps, tu parles, tu parles, mais je ne vois pas les armes et les boucliers qui sont forgés. »

« Je m’en occupe dès maintenant ! Sois un peu patiente mais ne t’en fait pas, ça sera quand même de l’excellent travail, comme tu le désirais. »

« Ce sont surtout des objets très légers mais avec une résistance remarquable. Je n’avais jamais trouvé de tels forgerons chez nous. Pourquoi est-ce que tu ne veux pas quitter cet endroit ? Tu aurais largement plus de choix ailleurs. »

« Je ne peux pas … Non … Je ne veux pas. Tu sais, je suis né ici. Enfin, j’ai toujours vécu ici et donc je … »

« Cela ne m’intéresse pas. Arrête donc de parler et continues à forger. »

C’était quoi cette discussion ? Il pouvait entendre une femme et un homme. L’homme était surement un forgeron mais cette femme ? Est-ce qu’elle était sa petite amie ? Enfin, elle semblait être plus qu’une simple connaissance.
Mais en même temps, il avait l’impression qu’elle lui faisait miroiter des choses qu’il n’aurait jamais. C’était l’impression qu’il ressentait. Il avait besoin de savoir à quoi ressemblaient cette femme et cet homme !

Il s’approcha de la porte mais n’arriva pas à l’ouvrir. Qu’est-ce que … ça voulait dire ? Pourquoi ? POURQUOI EST-CE QU’IL N’Y ARRIVAIT PAS ?! Il se retourna, remarquant que le sol s’effondrait derrière lui.

C’était quoi ça ? Le décor devenait brusquement noir … mais d’un noir sinistre et mauvais. Comme s’il se faisait happé par le décor, il n’aurait alors aucune chance de s’en sortir ! C’était quoi ça ?! Qu’on lui explique ! Il commença à courir mais remarqua qu’il était paralysé sur place, ne pouvant s’échapper de la porte.
Et le sol qui s’effondrait de plus en plus, laissant paraître le vide … un vide qui allait le dévorer ! S’il tombait dedans, il n’en ressortirait plus ! Il le savait parfaitement ! Il savait parfaitement qu’il risquait de mourir dans son propre rêve ! Enfin, celui d’Elyséa !

« N’aies pas peur, tu es en sécurité. »

« Hein ? Qui … Qui … Elyséa ? »

C’était la voix d’Elyséa ? Deux mains se placèrent sur son ventre, venant de son dos comme pour l’enlacer. Il se sentit happé en arrière alors qu’il cherchait à se retourner. Elyséa … Elyséa était là … devant ses yeux … Et elle volait au-dessus du sol.

« Si tu avais été … perdu dans ce gouffre, je n’aurai pas pu faire quelque chose. Tu ne te serais jamais réveillé. Tu serais … mort à l’intérieur. »

« Elyséa … Elyséa … C’est bien toi ? Je … Mais je … »

« Kéran, je ne sais pas exactement ce que tu as trouvé … mais j’ai eu l’impression que tu te rendais sur le même chemin que moi et … Qu’est-ce qui se passe, Kéran ? Tu es prêt à pleurer, ce n’est pas normal. »

« Pas … Pas … PAS NORMAL ?! JE CROYAIS QUE TU ETAIS MORTE ! »

« Oh cela ? Bien que ça ne soit pas dans mes habitudes, je trouvais cela assez drôle … Même si c’est venu subitement … Je ne pensais pas que tu me blesserais pendant que j’y réfléchissais. Au moins, cela m’a fait un bon effet de sur … »

« IDIOTE ! IMBECILE ! »

Elle n’avait pas terminé sa phrase qu’elle s’était pris une violente baffe de la part du jeune homme. Une baffe qui lui fit atrocement mal … mais pas seulement au visage. Kéran venait d’exploser en sanglots dans ses bras. Il y avait des blagues à ne pas faire.

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