Chapitre 215 : Sans jamais le laisser

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 215 : Sans jamais le laisser

« IMBECILE ! IDIOTE ! IMBECILE ! IMBECILE ! IMBECILE ! »

Il hurlait cela à chaque fois, à chaque seconde, quitte à perdre son souffle alors qu’il en voulait terriblement de ce qu’elle avait fait. Résultat ? Elle murmura :

« Je ne suis pas douée pour l’humour visiblement … Cela m’apprendra. »

« Ce n’est pas une forme d’humour ça ! C’est bête ! C’est stupide ! Ca t’amuserait toi si je me faisais passer pour mort ?! Tu sais parfaitement que je tiens énormément à toi ! Que je ne veux pas que tu me laisses ! Que je ne veux pas que tu disparaisses ! Tu sais parfaitement que je t’aime plus que tout ! Et toi … Toi, tu t’amuses à faire ça ! Tu n’as aucun sentiment ou quoi ? Tu ne te rends pas compte de ce que tu as fait ? Ca m’a fait souffrir, Elyséa ! Ca m’a fait terriblement mal ! J’avais peur que tu ne sois plus jamais là ! Tu m’aurais fait perdre quelque chose que je n’ai jamais eu avec Katérina ! Idiote ! Idiote ! Imbécile ! »

Il continua de pleurer et sangloter comme un enfant bien que l’empoignade de ses mains étaient fermes et celles d’un adulte. Il n’avait pas envie de la lâcher, pas du tout même. Mais elle, ce n’était pas ça qui l’interloquait. Elle avait sûrement très mal compris les propos du jeune homme. Et en même temps, ce n’était pas le plus important, loin de là.

« Kéran … Pardonne-moi. Y a-t-il un moyen pour que je me fasse pardonner ? Que j’ai grâce à tes yeux ? Je suis prête à tout. »

« Reste juste avec moi … C’est tout ce que je veux … Elyséa. C’est vraiment tout ce que je veux… Depuis ce départ de mon village natal, tu es la seule femme qui soit restée à mes côtés depuis le début. Et puis, tu as tellement fait pour moi. Je … »

« Kéran, j’accepte ce que tu désires et même un peu plus. »

Elle lui releva le visage, séchant ses larmes avec un doigt avant de coller ses lèvres contre ses joues, l’embrassant plusieurs fois avec une extrême tendresse. Il parut un peu choqué par les actions d’Elyséa mais se laissa faire. Elle continuait les baisers sur les parties de son visage autre que ses lèvres, caressant son dos avec ses deux mains.

« Voilà … Kéran … Tu n’as plus besoin de pleurer, d’accord ? »

« Je … Je … D’accord mais je … Elyséa … Enfin, je … »

« Je pense que c’est bon non ? Ça va mieux ? Je vais te montrer que tu peux compter sur moi pour rester à tes côtés indéfiniment. »

« Je veux une véritable promesse. Cette fois-ci, je veux être sûr et certain de tes paroles. Je veux que tu arrives à me convaincre, Elyséa ! »

« Comment convaincre un jeune homme troublé par les évènements, les émotions et les sentiments ? Est-ce qu’une embrassade de ma part arriverait à te convaincre ? Ou t’en faut-il encore plus, Kéran ? Je suis prête à tout pour me faire pardonner … vraiment à tout maintenant. Kéran … A toi de voir. »

Elle avait fait exprès de le retirer de ses bras pour lui laisser le choix mais lui … Il avait déjà décidé depuis le temps. Elle avait proposé plusieurs choses mais le plus important était de la sentir contre lui, c’était l’unique chose qui lui importait.

Avec anxiété mais vélocité aussi, il vint se jeter dans les bras d’Elyséa, enfouissant sa tête contre la poitrine de la jeune femme. Il n’osait pas quitter sa tête de ce cocon de chaleur et de tendresse dans lequel il se trouvait.

« Kéran … Quand même … Je suis une femme … Et tu sais, je ne crois pas que toutes les femmes acceptent qu’un homme vienne s’installer ici. »

« Ca … t’embête ? Je peux me retirer si … tu veux … Je … Je veux juste rester le plus longtemps contre toi possible. »

« Même si tu dois te mettre Katérina ou Sélia à dos ? » demanda-t-elle alors qu’il extirpait sa tête de la poitrine d’Elyséa. C’était une drôle de question de sa part.

« Même si ça ne plaît pas à Katérina ou Sélia … Enfin, surtout Katérina. De toute façon, il n’y a pas grand-chose qui plaît à Katérina alors bon … »

« Est-ce vrai cela ? Que tu n’hésiterais pas à me défendre face à Katérina ? Je trouve cela un peu étrange, jeune homme. Comment en être convaincue ? Par la justesse de tes paroles ? »

« Alors, mets-moi à l’épreuve ! On peut repartir s’entraî … Non … De toute façon, ça ne prouverait rien et je ne veux surtout pas ça. »

Alors … Il n’avait pas grand-chose à lui montrer … Enfin, pour … C’était compliqué. Il avait l’impression qu’ils avaient inversé maintenant leur position. Il la regarda lentement, l’observant avec une petite pointe d’émotion. Elle était imperturbable. Un vrai… glaçon … Une vraie statue qui ne laissait paraître aucune émotion. Puis finalement, il remarqua le fin sourire qui était dessiné sur ses lèvres.

« Pourquoi m’observes-tu ainsi, Kéran ? J’ai l’impression d’être un morceau de viande que tu juges du regard. Cela est un peu déplaisant. »

« AH NON NON ! C’est juste que tu sois vraiment si … belle quand tu souris. C’est tout. »

« Oh ? Tu n’es jamais avare de compliments, je le sais bien. Je le sais parfaitement même. »

« Hahaha … Mais juste quand je suis sincère, désolé. » répondit faiblement Kéran alors qu’elle hochait la tête positivement.

« Kéran, alors, qu’est-ce que tu as décidé ? J’ai bien une proposition mais c’est à toi de voir … D’ailleurs, c’est à toi de juger … »

De juger sur quoi ? Par rapport à quoi ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? AH ! Le décor se modifia un peu autour de lui avant qu’il ne se retrouve dans une pièce faite de bois. Au milieu de la pièce, il n’y avait qu’un simple lit, pas de table de chevet, rien du tout. Rien de rien … Juste un lit. Qu’est-ce que ça veut dire ?

« Euh … Pourquoi cette pièce ? Elyséa, je tiens à te prévenir que … »

« Non. Je crois que tu te fais des idées, jeune homme. Je ne suis pas intéressée par cela … et de toute façon, je ne suis pas portée sur cette chose. Je voulais juste te proposer un véritable lit … pour dormir avec moi, si cela ne te dérange pas trop. Mais avant de dormir, je pense que nous pourrons parler tous les deux … parler longuement. »

« De tout et n’importe quoi, c’est ça ? Je … Je veux bien. »

« Alors hop. Dans le lit, et plus vite que cela. »

Il s’exécute, ne pouvant qu’obéir aux propos d’Elyséa. La jeune femme aux cheveux blancs le regarda retirer son pantalon, gardant néanmoins sa chemise avant de rentrer sous les couettes. Il est plutôt gêné, très gêné même. Enfin, ce n’est pas la première fois qu’il dort ou se repose dans un rêve avec Elyséa mais là, quand même, ce n’est pas le même décor non plus. C’est différent, vraiment très différent.

SURTOUT LORSQU’ELLE RETIRAIT AUSSI SON PANTALON ! Il se cacha les yeux, gêné, plus que confus, s’engouffrant dans les couettes jusqu’à ne plus rien voir. Pfiou ! Il avait failli faire une bêtise ! Mais quand même … C’était vraiment perturbant, très perturbant même ! Elle … Elle pouvait faire quand même attention un peu non ? Il était un homme !

« Kéran, sache que je porte quand même des sous-vêtements sous mon pantalon. Du moins, un unique sous-vêtement … bien que je trouve cela assez gênant. Mais néanmoins, c’est plus facile à porter qu’une culotte. »

De quoi est-ce qu’elle est en train de parler ? Il rouvrit les yeux mais heureusement, il se trouvait encore sous la couette. Maintenant qu’elle avait parlé de cela, il avait envie de savoir de quoi elle parlait ! Pfiou ! Il était confus ! Très confus même !

« Kéran ? Tu peux quand même sortir de sous les couettes non ? C’est plutôt offensant … Sauf si tu attends que je sois à l’intérieur pour me regarder mais après, je risque de te prendre pour un pervers, ce qui n’est pas une meilleure chose. »

« … … … Je veux bien sortir de la couette mais dès le moment où tu seras dedans. »

« Arrête donc de faire l’enfant. Tu as déjà vu une femme nue … bon … une hermaphrodite nue. Tu ne devrais pas être choqué par une autre femme portant un peu de tissu. »

Elle marquait un point mais … C’était Elyséa. Il n’arrivait pas à la considérer comme une simple femme … Une femme comme les autres. C’était tout, il n’y arrivait pas du tout. Mais deux mains se posèrent sur son visage, l’extirpant hors de la couette. Elyséa était en train de le regarder, le fixant de ses yeux bleus alors qu’elle était assise sur le lit.
Il ne put s’empêcher de baisser la tête, déglutissant en remarquant que la jeune femme portait … de la dentelle noire. Elle ? Vraiment ? Elyséa portait quelque chose de ce genre ? Et elle semblait assez légère. Enfin … Ca n’avait pas l’air de cacher grand-chose sur le derrière d’Elyséa. Mais qu’est-ce qu’il était en train de regarder ?! Il avait honte ! Terriblement honte maintenant ! Il n’osait plus du tout la fixer !

« Je sais bien que ce genre de tenue ne me convient pas … Mais je me sens plus libre dans celle-ci. Cela me permet un meilleur déplacement. »

« Je … Enfin, ça te convient ! T’es une femme comme les autres ! Tu as le droit de porter une telle tenue ! Enfin ! Je crois ! Je n’en suis plus sûr maintenant ! »

Elle déposa une nouvelle fois ses lèvres sur la joue de Kéran alors qu’il paraissait profondément choqué. Elyséa … était une femme. Il évitait à chaque fois de le penser, trouvant toujours une excuse pour imaginer autre chose mais la réalité était là. Elle était à côté de lui, couchée dans le lit.

Mais normalement, Elyséa ne se comportait pas comme une femme. C’était méchant à dire mais … Elle était plutôt assez stoïque mais là, ce soir, il avait eu le droit à des embrassades mais aussi à des baisers. Un peu comme une véritable femme.

« Je sens que tu es troublé, Kéran. Mais c’est ma façon à moi de me faire pardonner. Je sais parfaitement que je ne suis pas très … douée pour être féminine. »

« Tu l’es ! Tu l’es vraiment ! C’est juste que je n’y suis pas habitué, c’est tout. »

« Merci … Viens donc par là … On va parler tous les deux. »

Ah ! Bien entendu ! Mais par où ? Venir par … Oh ! Elle avait pris son bras pour ramener son corps jusqu’au sien. Il sentit la poitrine d’Elyséa contre son torse, tremblant un peu mais surtout, c’était le contact de ses jambes avec les siennes. Comme il n’y avait rien pour les recouvrir, la sensation était décuplée.

La tête posée sur l’épaule de la jeune femme, il attendait qu’elle prenne la parole mais rien n’arriva. Pendant de longues secondes qui devinrent des minutes, elle caressait juste sa chevelure blanche-grise alors qu’il respirait son odeur. Elle sentait bon … Il se sentait bien… Il adorait cette sensation familière.

« Kéran … L’endroit que tu as découvert … Cette forge … »

« C’est là où ton épée a été forgée. Enfin, avec des pouvoirs liés au froid. »

« C’est le cas … Mais tu sais … Je n’ai jamais réussi à rentrer à l’intérieur. Pourtant, la voix que j’entends … Je ne sais pas … Elle me réchauffe le cœur. J’ai l’impression de la connaître … Mais en même temps, j’ai aussi cette impression que je ne dois pas l’écouter. »

« Hein ? Mais pourquoi ? Pourquoi ne pas l’écouter ? Qu’est-ce qui t’en empêche ? »

« Je ne sais pas … Je crois que je suis bloquée … ou paralysée. Je ne peux pas lutter contre ça … Je crois bien … Ca m’est impossible. »

« Mais si ! Tu sais quoi ? On va tout faire pour y arriver ! On y arrivera à deux ! Je suis sûr que l’on peut réussir à rentrer dans cette forge ! Mais cette femme … Elle me semblait étrange. J’avais aussi l’impression de la connaître mais ce n’était pas toi … Elle avait aussi un regard assez froid et sinistre. Enfin … Elle … Je ne sais pas … Hein ? Elyséa ? »

« Je ne sais pas … J’ai peur, Kéran. »

La jeune femme aux cheveux blancs s’était mise à trembler. Ce n’était pas un petit tremblement. Elle tremblait de tout son corps, de toute son âme. Il le remarquait bien … mais surtout, il sentait qu’elle pleurait faiblement aussi.

« Mais de quoi voudrais-tu avoir peur, Elyséa ? »

« Je ne sais pas … Je ne sais pas … Je sais juste que … Si je ne peux pas rentrer dans cette forge, c’est que je ne le voulais pas … Je me le suis refusée. »

« Mais si … Ne t’inquiète donc pas à ce sujet, Elyséa. »

« Non ! Tu ne comprends pas, Kéran ! Moi aussi, j’ai une partie … que j’ai voulu effacer de ma mémoire. Tu sais … Après que je sois morte … Je ne me rappelle plus de grand-chose. Comme si j’avais effacé un mois de mon existence. »

« Mais pourquoi faire ça ? POURQUOI ? » cria-t-il en cherchant une réponse.

« Je ne sais pas, Kéran ! Je ne sais pas ! Je ne sais pas du tout ! Je sais juste … que je me suis sentie plus soulagée … et vide … ensuite. Je crois que j’ai préféré tout abandonner après ma mort. Voilà tout … »

« Mais … ça ne concorde pas avec ce que tu as fait depuis des siècles … »

« Je m’en fiche de tout ça ! Je m’en fiche ! Kéran … Je … Reste auprès de moi … Tu me rappelles tant ce qui me manque. »

Hein ? C’était elle qui lui demandait ça ? Bien entendu qu’il allait rester près d’elle. C’était bien sûr ! Enfin, il allait le faire ! Il embrassa la jeune femme sur le front, celle-ci lui rendant son baiser. Il passa à son tour son doigt sous les yeux d’Elyséa, retirant ses larmes.

« Je dois être affreuse … à pleurer comme ça. »

« Pas vraiment … Tu es juste plus féminine que tu ne l’as jamais été. »

« Insinues-tu … qu’il faut pleurer pour être une femme ? Qu’est-ce que je dois dire alors de toi, Kéran ? Hein ? » rétorqua-t-elle, cherchant à faire un faible sourire.

« Ohla ! On m’agresse sur mes pleurs, vilaine femme. Vous reprenez vite du poil de la bête. » déclara Kéran avant de commencer à lui chatouiller les hanches.

« Ah ! Non ! Kéran, je suis … Non ! Arrête ça ! »
Elle bredouillait cela tout en se mordillant les lèvres pour ne pas rire. Lui ? Il était surpris. Il venait de trouver un point faible chez elle. Héhéhé ! Il commença à grimper à moitié sur elle, continuant ses chatouilles alors qu’elle pleurait mais avec des larmes de rire. Vraiment … Elle était donc comme ça ? Aussi douillette ? Héhéhé ! C’était très bon à savoir ! Il allait découvrir ses autres talons d’Achille. Cela allait être distrayant.

Laisser un commentaire