Chapitre 232 : D’amour ou d’amitié

ShiroiRyu
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Chapitre 232 : D’amour ou d’amitié

« Dire que c’est le bon moment pour que je me débarrasse de toi … »

Sélia avait toujours le sourire aux lèvres, un sourire mauvais et machaivélique. Comme si elle appréciait grandement ce qui était en train de se passer. Elyséa se maintient droite, fixant Sélia avant de faire quelques mouvements d’épée.

« C’est pour cela que tu m’as dit de venir ici ? Ou pour autre chose ? Nous sommes éloignées de l’auberge. Cette auberge ne se trouve même pas dans une ville mais sur une route. A cette distance, personne ne viendrait nous déranger, n’est-ce pas ? »

« A peu de choses près … Peut-être que c’est ça ? Si j’en termine avec ton existence, peut-être alors que Kéran sera libre définitivement ? Tu ne seras plus dans ses pattes ? »

« Si c’est tellement ce que tu désires … »

« Ce que je désire, c’est avoir Kéran pour moi seule. C’est aussi simple que ça. Tu es une femme trop importante dans sa vie … Je ne peux pas te laisser plus longtemps. »

« Je devrais m’énerver … mais je n’y arrive pas. » murmura faiblement Elyséa avec lenteur, baissant la tête avant de reprendre : « C’est comme ça que tu comptes conquérir Kéran ? En utilisant des moyens les plus vils et bas ? Est-ce que tu te sens obligée d’en arriver à ces extrémités pour obtenir son cœur ? Tu n’as pas honte de ta personne ? Je ne devrais pas exprimer de la pitié envers toi … mais pourtant, c’est le cas. »

« Comment est-ce que tu … Je pensais juste te menacer mais si tu le prends comme ça, je ne vais pas me priver pour te couper un membre ! »

La femme aux cheveux bleus courut en direction d’Elyséa, celle-ci fermant les yeux, parant l’arme de Sélia avec une extrême facilité. Les yeux clos, elle n’avait aucun mal à se défendre face à Sélia, celle-ci reculant, énervée :

« Comment est-ce possible ? Tu ne me regardes même pas ! On va voir si tu fais plus la fière face à la puissance des dragons. »

« Je ne veux pas te blesser. Je veux juste que l’on parle … toi et moi. Est-ce trop demandé ? »

Elle ne lui répondit pas, courant vers elle alors que déjà des flots aqueux et de poison sortaient de sa bouche. Elle combattait le plus sérieusement contre elle, n’est-ce pas ? Alors, elle allait faire de même de son côté.

« Il vaut mieux pour toi que tu arrêtes maintenant, Sélia. Si je ne retiens pas mes coups, cela pourrait très mal finir. Mais je ne veux pas te faire de mal. »

« De qui est-ce que tu te moques ?! Je sais parfaitement ce que tu veux ! Tu es comme cette Katérina ! Tu ne pourras pas me tromper ! »

« Le pouvoir t’aveugle … Ton amour aussi. Mais d’accord, je comprends ce qu’il faut faire pour que tu saisisses correctement la situation. »

La femme en armure noire prit appui sur son pied droit, se penchant un peu en avant, son épée tenue en arrière. Les jets d’acide et aqueux passèrent à côté, l’ignorant complètement alors que Sélia était déjà à moitié consumée par les pouvoirs liés aux dragons.

« Tu ne pourras pas me blesser ! Mon corps est devenu bien plus résistant que … »

« Il ne faut jamais penser que quelque chose est impossible à réaliser. »

Et elle allait lui en faire la démonstration. Un simple geste, un unique mouvement d’épée et elle se retrouva derrière Sélia, une entaille se dessinant le long de la hanche de la femme aux cheveux bleus, du sang s’en écoulant.

« Mais mais mais… Cette épée ! C’est cette épée ! J’en étais sûre ! C’est à cause d’elle … »

« Il n’y a pas que ça, loin de là. Tu ne comprends donc pas ? Tu ne pourras pas me battre, malgré toute ta puissance. Car oui, la force ne fait pas tout durant un combat. »

« J’AI APPRIS A ME BATTRE DEPUIS DES ANNEES ! Depuis plus de dix ans ! »

« Dix ans ? Et tu penses alors être une combattante aguerrie ? J’ai combattu depuis plusieurs millénaires, depuis tellement de temps que je ne peux être précise. Tu as la puissance, j’ai l’expérience. L’expérience primera bien souvent sur la puissance. Je suis désolée de devoir te le faire remarquer de la sorte. »

« Me le faire remarquer … POUR QUI EST-CE QUE TU ME PRENDS ?! J’ai réussi à battre Katérina ! Ce n’est pas toi qui va maintenant te mettre en travers de mon chemin ! »


Elle semblait comme enragée de constater que malgré sa force, elle n’arrivait pas à blesser Elyséa, celle-ci se mouvant avec une telle subtilité qu’elle semblait comme voler au-dessus du sol. Pourtant, ses pieds ne quittèrent pas ce dernier.

Les minutes s’écoulèrent et finalement, Sélia se retrouva à genoux, haletante et ensanglantée alors qu’Elyséa restait debout, des fissures sur son armure, des égratignures sur les rares parties de son corps visibles.

« Pourquoi ? Pourquoi ? POURQUOI ? »

« La raison est simple … Très simple. Je ne voulais pas me battre, loin de là. Je veux juste que tu me promettes de ne pas dire la vérité au sujet de Katérina à Kéran. »

« POURQUOI ?! POURQUOI JE NE LE FERAI PAS ?! Pourquoi est-ce que tu veux qu’il n’apprenne jamais ça ?! POURQUOI ?! »

« Car cela le ferait souffrir… Je ne veux pas qu’il souffre, je ne veux pas qu’il soit triste, je ne veux pas … qu’il ait mal, c’est tout. »

Sélia écarquilla les yeux plusieurs fois de suite, ses plaies commençant à se refermer peu à peu. Elles n’avaient été que légères donc la guérison était presque instantanée … Puis elle se releva, demandant à nouveau d’une voix plus calme :

« Et tu veux donc qu’il reste ancré dans son mensonge ? »

« Je ne veux pas qu’il souffre … Il a déjà perdu sa famille … Il a ensuite perdu sa grande sœur. Tu veux maintenant lui retirer de force son amour, son premier amour. Quel genre de monstre veux-tu être ? Si tu lui dis ceci, il perdra alors sa capacité à aimer. La seule chose que tu gagneras, ça sera son indifférence. Il ne pourra alors t’apprécier. »

« Qu’est-ce que tu insinues par-là ? Que tu es de mon côté ? Que tu veux que Kéran soit avec moi ? Pourquoi est-ce que tu ferais ça ? »

« Je suis seulement du côté de Kéran et rien d’autre. Mon seul désir est qu’il soit heureux … Et c’est avec toi qu’il le sera. Il le sera bien plus qu’avec Katérina. »

« Pourquoi est-ce que … ferais ça ? Tu es … bizarre. »

« Bizarre ? Où donc ? Je ne fais que ce que j’estime être bon, voilà tout. »

« Tu ne fais que posséder Kéran … mais tous tes actes ne concordent pas avec tes paroles. Si ce n’était même qu’une simple amitié, pourquoi tu irais jusqu’à faire tout ça pour lui ? POURQUOI ?! Je veux une réponse ! »

« Kéran … est Kéran. Voilà tout. » termina de dire Elyséa, faisant demi-tour sur elle-même, prête à retourner dans l’auberge.

« Arrête tes imbécilités ! Tu es une spectre ! Tu devrais seulement le posséder ! Tu ne devrais JAMAIS te préoccuper du corps que tu possèdes ! Tu ne devrais jamais faire tout ça ! Même pour un homme qui n’est pas de ton temps ! Même pour un garçon comme lui ! Et si c’était … vraiment ça … ce que je pensais … Tu ne ferais pas quelque chose envers les autres femmes. Pourquoi est-ce que tu ne cherches pas à lutter ? »

« Lutter ? Mais lutter pour quelle raison ? Toi … Tu ne voudrais pas que Kéran soit heureux ? Qu’importe la femme qu’il aime ? Qu’importent les actions qu’il a commises ? Qu’importe ce qu’il a vécu ? Toi, tu ne voudrais pas que la vie de Kéran soit la plus paisible possible ? La plus tranquille et calme ? »

« Toi … Qu’est-ce que tu fais réellement ? »

Elyséa s’arrêta de marcher, ayant à peine commencé en fin de compte. Elle tourna tout simplement son visage vers Sélia :

« Je veux le rendre heureux. »

« Jusqu’à quel point tu es prête ? » demanda Sélia.

« S’il faut crier sur lui, je crierai. S’il faut qu’il me déteste, je le ferai me haïr. S’il faut que je souffre pour sa joie, j’endurerai les pires douleurs. S’il veut que je disparaisse, je m’effacerai de sa vie. Si je ne dois plus exister … Je serai prêtre à lui donner mon éternité. »

« … … … Toi … … … Depuis quand tu … »

« Je vais retourner auprès de Kéran. Je n’aime pas être éloignée plus longtemps de lui. »

« Tu es morte … Tu es définitivement morte … Et pourtant … »

« Je vis avec lui. Je vis pour lui car à cause de moi, son existence paisible s’est arrêtée il y a de cela plus de dix ans. Je ne suis qu’un spectre, je ne suis rien d’autre. »

« Pourquoi tu n’essaies pas de te battre ? Pourquoi tu ne dis rien ! Kéran n’est pas stupide ! Il doit s’en douter ! Il doit se douter de quelque chose ! Je n’admettrai jamais qu’une femme comme toi puisse … »

« Ce n’est pas la première fois que tu me considères comme une femme ? Mais la réalité est toute autre … Je suis une pokémon … Je suis une créature ténébreuse … J’étais une femme … il y a de cela plusieurs millénaires. Mais aujourd’hui, je ne suis qu’une ombre. L’ombre d’un jeune homme qui a perdu sa famille par ma faute. Je ne suis pas faite pour vivre au grand jour, je ne suis pas faite pour m’exprimer devant tout le monde. »

« Ca me rend malade … Et pas pour une bonne raison. »

Le visage d’Elyséa resta imperméable à toute émotion alors que Sélia serrait le poing et les dents. Ce que venait de se passer … Elle ne l’acceptait pas. Cette femme en armure noire, elle pouvait obtenir tout ce qu’elle désirait ! Elle avait largement les moyens ! Elle avait tous les pouvoirs ! TOUT ! Elle pouvait avoir ce qu’elle voulait !

« POURQUOI ?! POURQUOI ?! POURQUOI ?! »

« Pour son bonheur. Je prierai pour que ça soit toi qu’il choisisse … mais ne te trompe pas de voie … Ne continue plus cela … »

« Vraiment, quelle stupidité. Je me suis peut-être transformée en grande partie pour obtenir ces pouvoirs mais toi … Tu ne cherches même pas à combattre ! »

Elyséa fit un simple geste de la main, la levant vers Sélia avant de retourner dans l’auberge. Sélia vient quelques minutes plus tard, remontant dans la chambre jusqu’à retrouver Kéran. Elyséa était déjà retournée en lui, Sélia pestant.

« Tu te sens mal maintenant, Sélia ? »

« Tiens donc … Tu as décidé de parler après tout ce temps, Hyathéna ? Je pensais que tu ne voulais pas prendre la parole quand elle était dans les alentours. »

« Ne parle donc pas avec ironie. Tu devrais être heureuse, n’est-ce pas ? Concernant Kéran, elle semble décidée à t’épauler. »

« Elle n’a jamais … réellement penser à cela. Elle n’a jamais envisagé ne serait-ce qu’un instant de se battre. Elle considère que c’est perdu d’avance. En fait, même pas … Elle a toujours gardé cela pour elle. Ca m’énerve … Ca m’énerve, ça m’énerve ! »

« Tu n’as pas à t’énerver à cause d’elle. Mais … Elle n’est pas une ennemie. »

… … … Elle le savait parfaitement. Elle l’avait compris à force. C’était aussi … « simple » que ça même. Elle regarda Kéran, celui-ci marmonnant dans son sommeil avant d’ouvrir les yeux. Il tourna sa tête vers elle, Sélia lui souriant.

« Qu’est-ce qui s’est passé, Sélia ? Je … Pourquoi je suis dans un lit ? »

« Tu n’es pas dans un lit mais sur un lit. Tu as eu un petit coup de fatigue. C’est étrange, je trouve … Mais tu vas bien non ? »

Il avait du mal à mettre de l’ordre à ses idées mais … il ne se rappelait pas exactement de ce qui s’était passé. Est-ce qu’Elyséa pourrait lui en parler ? Elle lui expliquerait surement la situation, n’est-ce pas ? Il …

« Tu t’es évanoui mais Sélia t’a rattrapé à temps, Kéran. »

« C’est donc ça ? Mais quand même … Je … Comment ça se fait que je me sois évanoui ? Ca m’étonne un peu et c’est effrayant en même temps, tu ne trouves pas ? »

« Effrayant est un bien grand mot, Kéran, tu le sais ? »

« Pardon … Je ne vais pas te causer plus de problèmes que ça quand même. Désolé, c’est de ma faute, je ne veux pas te causer d’ennuis, Elyséa. »

Il se redresse sur le lit, s’étirant pendant quelques secondes avant de sourire à Sélia. Il vint la remercier pour ce qu’elle avait fait tandis qu’il se demandait maintenant ce qui allait se passer. Est-ce que Sélia avait une idée en tête ?

« Kéran … Si ça ne t’embête pas, qu’est-ce que tu penserais de venir m’accompagner pour une chasse au dragon ? D’après ce que je ressens, il y en a un qui ne doit pas se trouver si loin que ça … Peut-être à une cinquantaine de kilomètres, cela fait un peu de marche mais qu’importe, ça ne te dérangerait pas non ? »

« Pas vraiment … Enfin, ça ne m’embête pas plus que ça aurait pu l’être, je pense. Mais bon … C’est à voir avec le reste, bien entendu. »

« Tant mieux alors. Tu as faim ? Peut-être que … Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Tes habits ont l’air un peu déchiré. Tu peux me dire ce qui s’est passé exactement ? » dit le jeune homme, un peu méfiant maintenant.

« J’ai encore du mal à contrôler mes pouvoirs donc ne t’en fait pas … Comme je fus inquiète à cause de ton évanouissement, j’ai été un peu trop anxieuse et tu as le résultat devant toi … Mon corps a eu quelques difficultés à se contrôler. »

« Oh … Je vois, je vois … »

Ca avait tout l’air d’un mensonge mais en même temps, il lui faisait confiance sur ce coup. Elle ne voulait pas l’inquiéter et elle ne semblait pas avoir perdu ses esprits. Mais quand même, il ne se rappelait pas exactement ce qui s’était passé auparavant.

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