Chapitre 243 : Liés pour l’éternité

ShiroiRyu
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Chapitre 243 : Liés pour l’éternité

« Dites au revoir à Papa, les enfants. »

« Maman … Maman ? Pourquoi est-ce que Papa ne prend pas le même chemin que nous ? »

« Papa a quelque chose de très important à faire. Il ne reviendra pas avant très longtemps. Avancez donc, je dois lui dire quelque chose. »

Les deux enfants s’exécutèrent, le jeune garçon portant un petit sac sur le dos tandis que la petite fille tenait juste un sachet, suivant son grand frère. La femme aux cheveux bleus avait elle-même plusieurs sacs sur les épaules et le dos, regardant Kurym.

« Est-ce que tu veux bien me pardonner ? »

« Je ne veux pas te pardonner … surtout après ce que tu comptes faire mais … Je ne suis pas la mieux placée pour te dire ça. Tu sais que tu es un égoïste ? »

« Je le sais parfaitement … Vous faire ça … Mais normalement, ce que tu as dans les sacs, tu devrais pouvoir mener une bonne vie avec les enfants. Tu ne devrais jamais avoir un seul problème d’argent, tu comprends ? »

« Ces métaux si rares, capables de produire du grand froid … et aussi … Tu es sûr de vouloir nous les donner, Kurym ? »

« Là où je vais, je n’en aurai plus besoin. Et puis, c’est bien la dernière chose que je peux faire pour vous. Vous les méritez tellement. Je veux que mes enfants soient heureux … et toi aussi. J’espère que … »

« Si tu voulais vraiment que l’on soient heureux, tu nous aurais … »

« Je ne peux pas, je ne peux plus tenir ! Je suis désolé, vraiment désolé ! C’est impossible pour moi maintenant ! Vraiment … Je … »

La femme aux cheveux bleus fit un profond soupir avant de déposer les sacs sur le sol enneigé. Elle vient prendre Kurym dans ses bras, le serrant pendant de longues secondes contre elle.

« Je comprends parfaitement ce que tu veux dire par là. Je ne vais pas t’arrêter, j’accepte pleinement le choix que tu as décidé de prendre. »

« … … … Mais c’est un choix vraiment horrible pour vous. Dis … Est-ce que tu m’as vraiment aimé un jour ? »

« Quelle question stupide ! Bien sûr que oui ! Je ne m’offre pas à n’importe quel homme ! Il est vrai … que … Au départ, je t’ai utilisé et puis … Enfin … Quand je suis revenue … »

« Je ne t’en demande pas plus, ne t’en fait pas. »

« Merci beaucoup … Et puis, tout ce que tu as fait pour moi, je pense que c’est plus que suffisant, ne t’en fait pas. Aller … Je vais rejoindre les enfants. Ils vont être tristes sans toi. »

« Je ne suis pas l’exemple d’une bon père à la base… »

« Ne dit pas ça ! Je te l’interdis ! Même si tu as toujours aimé … Elyséa … Tu n’as jamais repoussé tes enfants ! Tu les as aimés ! Moi, je peux m’en passer de ton amour et … »

« Pardon. » murmura Kurym avant de clore la discussion par un rapide baiser sur les lèvres de la femme aux cheveux bleus.

Elle ne vient dire du tout …Rien de rien … Mais elle resta parfaitement muette alors qu’il s’éloignait sans un mot. Il n’avait rien à leur offrir, rien du tout même. Quoi donc ? Qu’est-ce qu’il aurait pu leur donner ?

« Je suis un mauvais père … Un très mauvais père. »

Et qu’importe ce qu’elle disait, c’est comme ça qu’il se voyait. Comme un monstre qui allait abandonner sa famille … pour une femme morte. Une femme qui était tout simplement morte depuis des années. Une chimère …

« Elyséa ? Je suis finalement là … J’espère que tu m’attendais. »

Il murmura cela avec douceur devant une simple croix en bois … Voilà ce que ces foutus gens avaient offert à celle qui … avait œuvré pour la paix. Une simple … croix … Cela lui donnait envie de pleurer. Plus que de pleurer … Snif …

« Désolé de ne pas être venu auparavant, je n’y arrivais pas. C’était trop dur, beaucoup trop dur pour moi … Ah … Tu ne peux pas comprendre hein ? Tu étais morte ! Définitivement morte ! Et je n’arrêtais pas de te voir ! Snif ! »

Il commença à sangloter alors que dans un autre endroit, bien loin de cette montagne enneigée, une créature ténébreuse était visible, assise contre un arbre. Faites de noir, son corps flottait au-dessus du sol néanmoins. Elle avait une flamme blanche comme chevelure, des yeux bleus et un col rouge.

« Je ne peux pas l’empêcher d’être heureux … C’est le plus important … Il a une famille maintenant … J’ai perdu toutes ces années snif … Je … Je suis devenue un monstre. »

La créature ténébreuse commença à sangloter de tout son corps, étant prise de convulsions. Elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle était en pleurs, comment ne pas l’être ? Elle n’avait plus rien, plus rien du tout.

« On m’a retiré la seule parcelle de bonheur que je possédais … Snif … »

Elle n’avait peut-être pas le droit d’être heureuse comme les autres ? C’était peut-être ça ? Elle devait œuvrer pour les autres … C’était ça. Elle ne deviendrait pas un esprit mauvais … Pas du tout. Elle ne pouvait pas.

« Je dois protéger le monde dans lequel les descendants de Kurym vivront … quittes à ce que je me mettes tous ceux qui y habitent sur le dos. Qu’importe ce qui se passera, qu’importe ce que les gens penseront, je dois le protéger. »

Ailleurs, devant la tombe sommaire d’Elyséa, Kurym était à genoux, la tempête de neige se faisant de plus en plus forte, recouvrant son corps d’un manteau blanc. Il avait les mains gelées mais ne semblait pas s’arrêter dans ce qu’il faisait.

« J’aurai dû t’accompagner … J’aurai vraiment dû … »

Mais cela n’allait pas l’arrêter. Pas du tout même ! Creusant la terre avec ses mains, quitte à ce que les gelures le fassent souffrir, il arrivait peu à peu … à déterrer son corps … Il était comme au premier jour où il l’avait rencontré.

« Tu es si belle … dans ce cocon de froid … et de glace … »

Il ne voyait que son visage mais celui-ci n’avait pas subit les aléas du temps à cause du froid qui avait permis de conserver son corps maintenant. Avec douceur, il vient embrasser ses lèvres gelées, ne s’attendant à aucune réaction.

« Tu sais … J’ai une famille … Enfin … Des descendants … Mais je voulais que ça soit toi qui porte mes enfants. Et puis, tu sais, elle est revenue … Et j’ai accepté son pardon. Elle n’était pas méchante, loin de là même. Elle s’est excusée … tellement de fois. Je crois qu’elle m’aimait réellement. Mais pourquoi je te dis ça ? »

Pourquoi ? Il continua de creuser pour déterrer le corps comme si de rien n’était, s’arrêtant subitement lorsqu’il vit sa poitrine … Il poussa un cri de surprise, explosant en sanglots alors qu’il regardait l’armure noire … Cette armure … C’était ça.

« Ma faute … C’est de ma faute … C’est de ma faute … C’EST DE MA FAUTE ! »

C’ETAIT DE SA FAUTE SI ELLE ETAIT MORTE ! Le trou dans son armure ! C’était parce qu’elle n’était pas assez résistante ! Parce qu’elle avait été plus fragile ! NON ! NON ET NON ! NON ET NON ! NON !

« De ma faute … Je t’ai tué … Je t’ai tué … Elyséa, tu es morte par ma faute. C’est moi qui t’ai tué … Je voulais juste t’offrir cette armure. Tu es si belle, tellement belle … tellement belle, tu es magnifique même quand tu es morte … »

Tellement belle … Et c’est pour ça qu’il allait la rejoindre. Il avait fini par déterrer complètement le corps. Personne ne venait ici … de toute façon … C’était un endroit isolé de tous et de toutes. Il en était convaincu … et puis, il allait faire cela.

« Tu sais, je crois que … Que ce que tu as combattu n’est pas mort, même … C’est tout le contraire mais je ne vais pas laisser ce monde disparaître. Ce monde pour lequel tu t’es battu. Je vais venir avec toi … Si près de toi. Mais je ne vais pas les laisser sans rien … »

Il allait continuer à se battre, comme Kyurem. Il allait offrir son existence à cette montagne pour qu’elle puisse contenir ce monstre qui l’habitait. Oui … C’était la meilleure chose à faire. Couché sur le corps gelé d’Elyséa, il resta immobile pendant de longues minutes, attendant tout simplement que la mort vienne le chercher.

« Elyséa … Je voulais te demander … Est-ce que tu crois à la réincarnation ? »

Est-ce qu’elle croyait au fait que même après la mort, il y avait une vie ? Quelque chose ou quelqu’un qui les attendait ? Pas que ça … Non … Il voulait encore lui en parler … En dire plus … Lui en dire tellement plus.

« J’espère que dans une autre vie, nous nous retrouverons, tous les deux. J’aimerai être à tes côtés pour l’éternité … que cela soit en tant qu’être vivant ou mort. Je veux juste que mon âme soit conjuguée à la tienne, que mon cœur soit lié au tien. Je ne veux plus me passer de toi, je veux voir la fin de cette planète avec toi, je veux juste … être là pour toi. »

C’était tout ce qu’il désirait, rien de plus même. Rien du tout … Rien de rien … Ses yeux se fermèrent peu à peu, sombrant dans un sommeil qui allait être éternel. La neige allait recouvrir leurs deux corps et cette croix … Il en avait décidé ainsi. Il serait alors l’esprit qui allait protéger cette montagne, comme son père adoptif.

Mais il espérait qu’Elyséa l’attendrait de l’autre côté. Il voulait la retrouver … Il voulait vivre avec elle pour l’éternité. Et c’était ce qu’il désirait le plus au monde. Finalement, il ne vint plus jamais se réveiller.

Et Kéran ? Lui … Il sentait que c’était terminé. Définitivement terminé même … Il avait fini de connaître le passé d’Elyséa. Il savait tout à son sujet … Son premier et unique amour. Un amour qui avait très mal tourné. Il s’en voulait … de ne jamais avoir considéré les sentiments d’Elyséa de la sorte. Et puis … Comment dire … Comment faire exactement ?

« Hmm … Je … Elyséa … Elyséa … »

Il ouvrit finalement ses yeux bleus, regardant au-dessus de lui. Blanc … C’était complétement blanc et il y avait de la neige sauf qu’elle ne le recouvrait pas. Il y avait aussi un certain poids sur son corps.

« Tu es donc réveillé ? Tant mieux. Vraiment tant mieux … »

Cette voix ? Il tourna son visage vers la gauche, apercevant une étrange femme en kimono blanc avec un obi rouge. Elle avait de magnifiques cheveux bleus en chignon et des yeux dorés. Elle portait aussi un masque blanc sur son visage.

« Vous ressemblez à la femme que Kurym a aimée. »

« Qui est donc Kurym ? Je ne crois pas le connaître. »

« Kurym ? Euh … Enfin bon … Je … Qu’est-ce qui s’est passé ? Où est-ce que je … Elyséa ? » murmura le jeune homme aux cheveux argentés, remarquant qu’Elyséa était endormie sur lui, du moins, la partie supérieure de son corps était couchée sur son torse.

« Je pense que les explications attendront un peu. Tu n’es pas en … »

La Momartik était maintenant muette alors que Kéran caressait les cheveux d’Elyséa comme un automatisme. C’était normal … vraiment normal qu’il fasse ça … Une telle chose. C’était si logique et si … classique. Ah … Elyséa, la petite Elyséa qui était sur lui, c’était bien celle dont il avait découvert les dernières parcelles de son passé.

« Elyséa … Je sais tout à son sujet. Mais tu es Sarène ? »

« Je suis Sarène, c’est vrai … »

« AH ! MAIS ALORS TU PARLES ! »

Il venait de comprendre finalement ce qui se passait ! C’était bien sa Momartik ! Il en était sûr et certain maintenant ! Sa Momartik n’était pas n’importe quelle Momartik ! Elle était Sarène ! Elle était bien capable de parler !

« C’est le cas … sinon, je ne pourrai pas t’adresser la parole, n’est-ce pas ? » murmura avec douceur la femme aux cheveux bleus.

« J’aimerai juste savoir ce qui s’est passé … C’est tout. Pfiou … Mais je crois que j’ai fait quelque chose de vraiment bizarre. »

« Tu es mort … ou presque … voilà tout. »

« Rien que ça ? Je suis mort comment ? Je … Je suis dans un rêve ? Enfin dans mon rêve ? Mais … Oh … Je m’en rappelle … Ce Dracaufeu, ses flammes … Tout ça, je … »

Oh et puis zut, il n’avait pas envie de réfléchir plus longtemps. Il voulait juste comprendre exactement ce qui se passait. Enfin … Pas exactement … Pour l’heure, il voulait juste parler avec Elyséa, la remercier pour tout ce qu’elle avait et s’excuser.

« Elyséa … J’ai envie de … »

Il avait envie qu’elle se réveille … et c’est ce qui se passa. Quelques marmonnements et voilà qu’il sentait des mouvements sur son corps. Elyséa était en train de se réveiller.

« Qu’est-ce que … Kéran est toujours inconscient ? Il n’y a aucun changement ? Ca va faire … un mois … Un long mois … Un long mois … »

« Coucou, Elyséa. Je suis réveillé. »

Elle avait murmuré cela mais après les paroles de Kéran, elle se redressa aussitôt, choquée et étonnée. Elle n’avait pas rêvé, n’est-ce pas ? Elle …

« Kéran … C’est bien toi … Kéran, tu es conscient. »

« Oui, oui … Enfin … Elyséa, j’ai fait un drôle de rêve … Oh … Ne pleure pas, s’il te plaît, je ne voulais pas t’inquiéter. Tu sais bien que je … »

Elle était en train de recouvrir son visage de larmes mais ce n’est pas ça qui l’arrêta dans ses paroles. Pendant qu’elle pleurait, elle avait posé un doigt sur ses lèvres pour qu’il se taise, le retirant pour ensuite placer ses lèvres sur les siennes. Elle était en train de l’embrasser ? Il n’était pas en train … de rêver ? Pas du tout ? Elle était vraiment en train … de … Il … Il … Oh … C’était si bon … Comme s’il n’avait attendu que ça depuis le début de son existence, avant même qu’il soit né. Il avait envie … que cela continue.

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