Chapitre 28 : Un exil nécessaire

ShiroiRyu
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Chapitre 28 : Un exil nécessaire

Il était prêt … Complètement prêt même. Il ne l’avait jamais été avant aujourd’hui. Il avait son cœur qui battait à deux cents à l’heure alors qu’il avait lu l’heure et l’endroit où il devait se rendre. Un exil … Un véritable exil. Ne plus voir sa famille ? Ne plus voir sa famille ? Il avait envie de pleurer mais il se retenait. Il faisait ça par amour.

« Elle en met du temps … Peut-être que … » commença-t-il à murmurer alors qu’il était adossé à un mur. Un mur bien spécifique puisque de nombreux buissons cachaient une bonne partie de ce dernier. Finalement, un corps plus grand que le sien s’enfonça dans ses bras, à travers les buissons, venant l’embrasser longuement.

« Earnos, tu étais donc là. C’est bien ce qu’Olistar m’avait dit. » murmura une voix féminine qu’il reconnut facilement puisqu’il s’agissait de celle de la femme qu’il aimait.

« Visiblement, nous avons eu la même idée, Terria. Je … Je suis désolé pour hier, enfin, cette après-midi … J’aurai voulu le dire aux yeux de tous mais … «

Il se prit une violente baffe de la part de Terria, celle-ci venant de lui couper la parole. Avant même qu’il ne pose de questions, elle reprit :

« Ça, c’est bien parce que tu la méritais. Maintenant, je veux que dorénavant, tu assumes complètement ton amour pour moi. Tu ne pouvais pas savoir comme j’aurai voulu que tu hurles que tu gagnerais le tournoi ou alors que tu refusais une telle chose mais non, tu as encore préféré jouer l’indifférent devant tout le monde. Tu as du mal à y croire ou quoi ? »

« J’ai beaucoup de mal à croire que la princesse que je sers depuis des années m’aime … Oui, c’est surtout cela. Mais j’ai encore plus de mal à croire que les gens accepteraient qu’un simple Dardargnan … puisse être roi … et surtout aimé par leur Apireine. »

« EARNOS ! Arrête ça, j’ai été claire à ce sujet non ? Je t’aime, tout simplement. Arrête de te faire des idées autrement. Je suis prête à partir au bout du monde avec toi ! Mais est-ce que toi, tu en es capable hein ? Je veux le savoir … avant que l’on prenne cette décision. »

« Tu ne reverras plus personne … Terria. Tu ne reverras plus jamais ton père. »

« Sans être dans ma crise, je peux te promettre que son sort m’indiffère complètement. Je ne suis pas un objet qu’il peut manipuler à sa guise ! »

« Il t’aime, c’est tout, Terria. Il t’aime vraiment mais d’une façon …un peu spéciale. » murmura l’adolescent, Terria croisant les bras.

« Je le sais parfaitement … Je sais parfaitement que mon père m’aime et qu’il fait tout cela pour que je sois en sécurité quand il ne sera plus là ! Je sais parfaitement qu’il perd complètement la tête mais il est encore le roi actuellement ! »

« Calme-toi … Calme … toi s’il te plaît. De toute façon, nous ne verrons plus personne dorénavant. Nous ne verrons plus Olistar, plus Holikan, plus Férast … Je ne reverrai plus jamais mon père. Peut-être même qu’il partira à ma recherche et cherchera à me tuer sous ordre du roi. Tu … Tu comprends, Terria ? Tu comprends ? »

Il s’était mis à trembler, reniflant sans pour autant montrer de larmes. Elle … était bête sur ce coup. Earnos faisait un plus grand sacrifice qu’elle sur le coup. Elle vint l’enlacer, l’embrassant plusieurs fois à la suite, sans que les baisers ne durent très longtemps.

« Pardon Earnos … Je sais parfaitement tout ce que tu fais pour moi. Tu es plus que mon chevalier, tu es beaucoup plus. Tu es trop important … et l’exil ne me dérange pas. Nous fonderons notre propre royaume … Je lui ai déjà trouvé un nom. Qu’est-ce que tu penses de « notre famille » ? » demanda-t-elle en lui souriant tendrement.

La petite anecdote fit rire légèrement le jeune homme qui sécha une larme discrète avant de lui sourire à son tendre. Une famille ? Avec elle ? Il était convaincu que c’était la plus belle chose qui soit. Il chuchota faiblement :

« Ça serait avec grand plaisir, ma princesse. Mais ne perdons pas de temps, d’accord ? »

« Bien sûr mon … amour ? Qu’est-ce que tu penses de ce titre que je te donne ? Mon chevalier d’amour ? Bon, ça fait un peu pathétique donc on garde juste mon tendre amour. » répondit-elle avant qu’il pousse un peu les buissons, montrant par là le trou par lequel ils passaient auparavant. Toujours présent, toujours pas réparé, hahaha.
Il passa en premier pour être sûr qu’il n’y avait personne avant que Terria ne vienne le rejoindre. Voilà … Ils étaient sortis du château. Maintenant ? Ils étaient libres comme l’air.
Oh … Ils avaient juste pris quelques affaires, des vêtements mais sans que ça soit le plus important. C’était bête mais vivre d’amour et d’eau fraîche ne semblait pas les effrayer.

Alors qu’ils s’éloignaient du château en pleine nuit, ils ne prenaient pas forcément la fuite en courant comme des dératés. Non … Ils n’avaient rien à se reprocher. Lui comme elle s’aimaient tous les deux, c’était chose normale que de marcher …

« Ça me fait bizarre … de ne pas être immobilisée dans un coin, Earnos. Tu sais … D’être libre tous les deux sans se poser de questions. »

« Je comprends parfaitement ce que tu veux dire … Ça me fait le même effet, j’ai l’impression vraiment que … C’était la meilleure chose à faire. »

« Hahaha … C’était la meilleure chose à faire, oui ! Tous les deux, nous pouvons nous aimer librement maintenant ! Viens donc par-là ! »

Comme elle était plus grande et plus forte que lui, elle prenait les devants, venant l’embrasser tendrement au beau milieu de la rue qu’ils parcouraient. Oh, ils étaient en pleine nuit, il était surement vingt-trois heures voire minuit et donc il n’y avait personne mais qu’importe ! Même s’il y avait une personne ou une dizaine de personnes, ça ne changeait rien ! Il se lécha les lèvres et celles de la princesse quand elle commença à arrêter le baiser.

« Ca te fait quel effet, Earnos ? De s’embrasser à l’air libre ? Sans aucune contrainte ? »

« Je me sens vraiment bien … très bien même … »

« Et moi donc ! On recommence à partir ? On doit quitter le royaume. Tu sais où l’on va se rendre ? Du moins, est-ce que tu as une idée ? »

« On va aller retrouver la communauté Libegon dans le désert. Ils seront avec nous car ils n’ont pas appréciés l’histoire de la première Apireine et celle qui se déroule en ce moment. »

« Je comprends ce que tu veux dire, Earnos. Je pense que c’est une bonne idée ! On va vivre dans le désert, ça m’étonne un peu mais ne t’en fait pas, je suis très solide. » dit-elle en rigolant avec amusement. « Bien sûr, n’oublie pas que j’ai servi quand même comme ambassadrice pour les Rapions et les Drascores. »

« Mais je te fais entièrement confiance. Terria ? Je peux te proposer quelque chose ? Enfin, c’est à toi de voir mais … bon … C’est un peu une requête inutile. »

« Mais dis-là au lieu ! Tout ce que tu proposes n’est pas inutile ! Tu parles si peu, tu es si timide, Earnos. Et dire que tu as convaincu Férast de parler beaucoup plus et de s’ouvrir, tu devrais faire de même de ton côté. »

« Alors … Je vais te proposer quelque chose. Ca sera juste … bref … pour cette nuit hein ? Rendons-nous chez Douély. Je ne pense pas qu’elle soit revenue … Mais tu parlais d’une famille, pourquoi ne pas commencer dès maintenant ? »

« Earnos ! Nous n’avons pas … » bredouilla la jeune femme aux cheveux blonds, rougissant violemment à l’idée qu’elle se faisait de la proposition du Dardargnan.

« Du genre, tu es la femme de la maison et moi l’homme. J’aimerai bien qu’on … fasse une soirée où on serait tous les deux dans une famille normale. »

« Mais c’est quoi cette idée ? » dit-elle, étonnée par la proposition d’Earnos.

« Elle est stupide, je sais … C’est juste que … pour moi … La famille, c’est très important … alors, je voulais déjà m’imaginer en fonder une avec toi. »

« Mais non ! Elle est excellente ! Viens donc ! On va commencer tout de suite ! » répondit-elle dans un grand éclat de rire avant de lui prendre la main.

Elle lui tira le bras, les deux personnes se mettant à courir pour se diriger vers le quartier des Munjas. Ils arrivèrent devant la demeure de Douély, Earnos voulant pénétrer en premier pour être sûr qu’elle n’était pas là. Pourtant, Terria l’arrêta, lui disant de la laisser d’abord rentrer. Elle avait une petite idée en tête.
Après quelques instants, elle lui demanda de toquer à la porte puis de pénétrer dans la maison de Douély, chose qu’il fit. Lorsqu’il rentra dans la demeure de la Munja, Terria l’attendait, ayant un tablier autour de la taille et une spatule. Elle dit dans un grand sourire :

« Bonsoir mon amour ! Tu as une dure journée de travail ? Viens donc te reposer. »

Le visage d’Earnos s’illumina, ne semblant jamais avoir été aussi heureux. Oh, il était peut-être minuit et ce n’était clairement pas le moment de jouer à cela mais qu’est-ce qu’il était fou de joie ! Cette vision lui brûlait le cœur de mille feux.

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