Chapitre 281 : Un ultime recueillement

ShiroiRyu
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Chapitre 281 : Un ultime recueillement

« Kéran ? Kéran ? »

Il entendait une douce voix qui cherchait à le réveiller et il bougeait un peu mais sans ouvrir les yeux. Il était bien … et il voulait le rester. Il ne voulait pas bouger de cet endroit. C’était aussi simple que ça. Cet endroit était parfait … Il se sentait bien, terriblement bien même.

« Allons Kéran Il faut quand même que l’on se lève, toi et moi. On a autre chose à faire non ? Aller … Kéran. Un petit effort. »

« Je ne veux pas Elyséa … Je ne veux pas … Je reste ici ! Je ne bougerai pas ! »

« Pfff … Quel enfant tu fais. Bon, d’accord. Je veux bien que l’on reste ainsi pendant un bon quart d’heure. T’avoir contre moi, je pense que je peux facilement m’en contenter. »

Elle n’était pas très difficile non plus hein ? Avoir la tête de Kéran logée contre ses seins alors qu’ils dormaient nus, l’un contre l’autre, c’était son petit plaisir personnel. Et puis … Si elle pouvait lui offrir la douceur de son corps pour apaiser ses souffrances, ça serait avec grand plaisir qu’elle le ferait. Oui … Le pauvre petit Kéran qu’elle adorait. Enfin, petit … Ce n’était plus totalement le cas maintenant.

« Tu as bien grandi, Kéran. Tu ne trouves pas ? Tu as bien grandi … »

« Je ne sais pas mais hier, je me suis senti plus que grand avec toi. En fait … Enfin … »

Il ouvrit finalement ses yeux, la regardant avec une petite gêne. Qu’est-ce qu’il y avait ? Elle sentit que le jeune homme s’excitait à nouveau. Oh ? Déjà de bon matin ? Non … Même pas. Ça devait juste être une réaction à son corps quand il la voyait.

« Oui ? Plus grand avec moi ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »

« Juste qu’avec toi, je me sentais vraiment un homme, c’est tout. » rougit-il en disant ça, baissant la tête, honteux mais surtout pour ravoir cette vision paradisiaque de sa poitrine.

« Oh ? Moi aussi, je sens que tu es vraiment un homme actuellement, Kéran. »

« Pa… Pardon. Je … Enfin, c’est juste une réaction matinale. »

« Oh ? Ce n’est donc pas à cause de moi ? » dit-elle sur un ton faussement déçu alors qu’il hochait aussitôt la tête négativement, reprenant avec entrain :

« Bien sûr que si ! C’est bien toi qui me fait cet effet et personne d’autre, Elyséa ! »

« Alors… Hmm … Tu veux bien me le prouver ? » souffla plus que tendrement la jeune femme aux cheveux blancs, venant l’embrasser.

Ils pouvaient bien transformer ces quinze minutes à rester couchés en une occupation plus … « saine et sportive » non ? Le jeune homme accepta pleinement la proposition d’Elyséa, commençant à lui donner de cet amour bien trop tardif à leur goût.

« Aaaaaaaaaaah … Je ne peux rien dire d’autre à part que ça fait du bien. »

La jeune femme s’était mise debout, s’étirant longuement dans sa nudité alors que Kéran mettait une petite main sur sa bouche, bâillant à moitié. Avec force et agilité, elle vint le soulever pour le prendre dans ses bras, un sourire aux lèvres.

« Hop hop hop … On arrête la grasse matinée, Kéran. Bon … Si je me rappelle bien … Tu te lavais dans un grand seau d’eau de taille humaine … Je pense qu’à nous deux, nous pourrons nous y rendre, n’est-ce pas ? »

« Un bain avec toi … On va tellement vite … mais héhéhé … Ce n’est pas déplaisant. »

Il émit un petit rire, Elyséa l’accompagnant dans celui-ci avant qu’ils ne se dirigent vers une pièce de la forge. Bon … Bien entendu … Il fallait créer de l’eau et pour ça, il pouvait s’en occuper. Après, il fallait la faire chauffer … Pendant qu’elle chauffait, il observa le corps nu d’Elyséa, se donnant une claque à l’entrejambe.

« Mais qu’est-ce que tu fais donc, Kéran ? »

« Il s’excitait à nouveau.  C’est un vilain garçon. Il peut quand même se contrôler un peu. »

« Il est vrai que l’on ferait quand même mieux de se reposer un peu. Si on ne fait que ça, l’expression « d’amour et d’eau fraîche » risque vraiment de se concrétiser. Et puis bon … Nous aurons toute la vie pour ça n’est-ce pas ? »

Elle gardait son sourire et il fit de même de son côté même si dans le fond, il était un peu triste. Elyséa … Toute la vie ? Bien entendu, il était d’accord avec ça, complètement d’accord même. Mais bon … Il n’oubliait pas une chose.

Une chose malheureusement plus qu’importante : il allait vieillir et pas elle. Ah … Mais bon, dans ce cas précis, le but était de profiter du moment présent et il allait le faire. Il embrassa subitement Elyséa, sans chercher à la prévenir, descendant de ses bras avant de l’emmener avec lui dans ce seau géant qui servait de bain. Avec douceur, alors qu’il se calait contre un coin du seau, il plaça son bras autour de la taille d’Elyséa, la tirant contre lui.

« Hum ? Quel est cet excès de tendresse de la part de mon homme ? »

« Pas grand-chose … Ce n’est que le début. Et c’est pour me faire pardonner de ne penser qu’avec mon sexe depuis hier. »

« Oh penser … Penser … Rien que le fait que tu ne me sautes pas dessus dès que tu es excité montre que tu es loin de ce cas, Kéran. »

« Peut-être, Elyséa, peut-être … Aller … On se repose. »

Encore ? Elle rigola mais se laissa faire, se calfeutrant contre lui. Elle prit néanmoins sa main pour la poser sur son sein gauche. Tout était à lui chez elle dorénavant, il n’avait pas à avoir peur de placer sa main à cet endroit, loin de là même. Les deux amants restèrent ainsi pendant quelques instants avant de se laver mutuellement.

Enfin, après tout cela, ils étaient habillés tous les deux. Le jeune homme vint embrasser Elyséa sur les joues puis la bouche, murmurant :

« Elyséa, avant que l’on quitte la forge, j’aimerai me rendre quelque part si ça ne te dérange pas trop … Enfin, à toi de voir. »

« Bien entendu mais où, Kéran ? »

« Devant nos tombes. »

Elle haussa un sourcil, étonnée de ce que le jeune homme venait de dire. Elle n’avait pas mal entendu, n’est-ce pas ? Il proposait bien ça ? Vraiment ? Elle le regarda, intriguée, penchant la tête sur le côté avant de murmurer :

« Mais pourquoi donc, Kéran ? Qu’est-ce que … tu veux faire là-bas ? »

« Me recueillir devant l’ancêtre que j’étais … et puis aussi devant toi. J’aimerai pouvoir te toucher réellement, Elyséa … Enfin, tu es réelle, vraiment réelle … Mais j’aimerai te voir, tu le sais ? Juste une fois. »

« Je … Kéran, tu sais, après tous ces millénaires, je suis surement … Enfin …. Comment te dire ça … Et puis, ce corps est peut-être parfait en un sens alors que celui que tu verras risque de ne pas l’être, Kéran. Je ne suis pas sûre que ça soit une bonne idée, pas sûre du tout même. Ca ne me plait pas vraiment, Kéran, sincèrement. »

« Je te promets que tout se passera bien. Et puis, ça nous permettra de tirer un trait sur tout ça ? Comme ça, tu ne seras plus triste d’être morte sans m’avoir revu en ce temps. »

« Plus triste ? Qu’est-ce que tu as comme idée en tête, Kéran ? »

« Tu veux tout savoir ? Tu veux que je te le dise sincèrement, Elyséa ? »

Il se positionna en face d’elle, prenant ses mains en posant la sienne dessus. Elle hocha la tête, murmurant que oui avant qu’il ne lui dise :

« Elyséa … Tu es morte … Je suis vivant. Cela veut dire qu’un jour, je vais vieillir et mourir … Mais toi, tu resteras la même, comme une âme errante. Alors, ce que je veux … C’est pouvoir soulager ta peine le plus vite possible et te permettre alors de te réincarner. Je ne sais pas où, je ne sais pas quand … Mais ce que je veux, c’est qu’après ma mort, il soit possible que toi et moi, nous nous retrouvions dans une autre vie. C’est aussi simple que ça … Peut-être que tu trouveras stupide mais … »

Elle l’empêcha de continuer, venant l’embrasser follement en passant ses bras autour de son cou, le plaquant contre un mur pendant de longues minutes. Oui, elle n’arrêta pas le baiser, empêchant Kéran de respirer par la bouche. Il remarqua quelques larmes dans les yeux de la jeune femme, se demandant s’il avait dit une bêtise mais pour ça, il fallait qu’elle le laisse parler. Pour l’heure, ce n’était pas le cas, pas du tout même. Puis finalement, elle retira ses lèvres des siennes, le regardant avec une tendresse infinie avant de murmurer de sa plus douce voix bien qu’elle semblait parcourue de trémolos :

« C’est la plus belle déclaration d’amour que tu pouvais me faire, Kéran. »

« Je sais … Je sais … Mais tu me comprends alors ? »

« Oui … Parfaitement. Nous devrions y aller alors, Kéran. »

Elle voulait bien. Tant mieux alors … Il voulait qu’elle se sente apaisée et c’était ce qu’il allait faire. Le jeune homme accéléra le pas, ouvrant la porte de la forge pour qu’Elyséa passe la première. Ensuite, main dans la main, ils commencèrent à prendre un chemin différent de celui à partir duquel ils étaient venus.

« Est-ce que tu veux bien me guider, Elyséa ? »

« Bien entendu, Kéran. Bien entendu … Je sais où je me trouve … et toi aussi normalement. Ah … Un peu tremblante, je t’avoue. »

« Ce n’est pas le froid, n’est-ce pas ? »

« Pas vraiment, non … Juste l’émotion. »

L’émotion ? Il pouvait parfaitement comprendre cela. Il était aussi dans son cas … mais en même temps, il était un peu anxieux. Car bon, d’après ce que son ancêtre avait dit, il se sentait responsable de la mort d’Elyséa. Alors bon … Il espérait ne pas réagir trop mal lorsqu’il le verrait, c’était assez important en soi.

Voilà … Ils étaient en train de marcher dans le froid et la neige bien que celle-ci ne les touchait pas le moins du monde. Puis finalement, après un laps de temps assez court, ils finirent par arriver … à cet endroit.

« Qu’est-ce que tu veux faire d’abord, Kéran ? »

Elle tremblait encore une fois, appréhendant ce moment alors qu’il posait un genou au sol, fermant les yeux. Il voulut poser la paume de ses mains l’une contre l’autre mais se rappela qu’il n’en possédait plus une.

« Je ne peux même pas prier puisque je n’ai pas de main … Mais bon … On va dire que c’est le geste qui compte, n’est-ce pas ? »

« Attends un petit peu, Kéran. Tu vas voir ce que l’on peut faire tous les deux. »

Elle se plaça juste à côté de lui, se mettant à genoux à son tour avant de coller sa main contre la sienne. Voilà … Dans cette position, ils pouvaient prier tous les deux.

« Nous prions pour quelle raison exactement ? »

« Le salut de nos âmes, ma petite demoiselle ! Le salut de nos âmes ! »

Quand il parla ainsi, elle ne put s’empêcher d’éclater de rire. Il était vraiment sérieux, très sérieux … ou presque ! Hahahaha ! Elle était … si amusée.

Puis … Finalement, le rire laissa place à la mélancolie. Elle était devant sa tombe, sa propre tombe … C’était triste, vraiment triste en soi.

« Qu’est-ce que … Kéran ? »

« Attends, je ne peux pas faire ça maintenant ! Sans te voir ! »

« Mais mais mais … »

Il était en train de creuser dans la neige avec une main ? Même s’il supportait le froid … Même si son corps ne souffrait plus tellement, il allait mourir avec ses bêtises ! Alors, elle commença à l’aider, plus qu’anxieuse qu’autre chose.

« Je ne sais pas ce que tu comptes faire avec, Kéran mais … »

« Juste une chose. Te voir comme tu étais … »

« Et si j’étais un cadavre ? Enfin, un corps sans peau ? Juste un squelette démembré ? Je ne veux pas … Je ne veux surtout pas t’effrayer. »

Roh ! Il n’y avait pas de quoi s’en faire autant non plus ! Ce n’est pas comme ça qu’il aurait peur … Il savait à quoi s’attendre tout simplement. Puis finalement, il s’arrêta de creuser, murmurant avec douceur :

« Je crois que c’est bon … Elyséa … »

« Je … Je ne veux pas regarder, Kéran. »

« Il le faut, Elyséa. Regarde … Je crois que nous sommes heureux, tous les deux. »

Heureux ? Tous les deux ? Qu’est-ce qu’il … voulait dire par là ? Elle s’approcha de Kéran, remarquant … Deux corps … Deux corps enlacés l’un contre l’autre. Protégés par le froid, ils étaient comme au premier jour.

« Tu es encore plus belle … en étant de chair et de sang … Elyséa. »

« Kéran, c’est vraiment gênant … Qu’est-ce que tu fais ? »

Elle posait la question alors que Kéran remarquait qu’elle portait son armure. Le corps de Kurym enlaçait la femme aux cheveux blancs dans son armure noire.

« Je veux juste te voir … C’est étrange quand même. Je me sens plus que bizarre. Tu as vu, Elyséa ? Ton corps et le mien ? »

« Kéran, tu as pu te réincarner et … »

« Qui te dit que je me suis réellement réincarné pendant tout ce temps ? C’est peut-être la première fois ? Je ne sais pas … Mais ça me semble si étrange … Kurym est heureux avec Elyséa …. Et moi, Kéran, je suis heureux avec Elyséa. »

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