Chapitre 29 : Prise de décision

ShiroiRyu
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Chapitre 29 : Prise de décision

« Aïe ! Aïe, aïe… Ca fait… mal. »

« Désolée, mademoiselle… Mais le prince nous a forcé à vous soigner, que vous le désiriez ou non. Vous avez quand même sauvé la vie de notre prince à deux reprises. »

Elle gémissait de douleur alors qu’elle se trouvait dans sa chambre allouée. Ce qu’elle faisait ? Rien du tout justement. Elle était assise de côté alors qu’on lui avait demandé de retirer ses deux capes. Elle… Elle n’avait pas osé, les mettant simplement sur elle et devant son visage pour qu’on ne puisse pas réellement la voir. Oh, elle ne savait pas que cela ne servait strictement à rien mais… bon… Elle avait toujours autant de gêne. Et là, deux femmes dans des robes aux nombreuses teintes bleutées utilisaient des filets d’eau verts sur elle. L’eau s’écoulait sur une vilaine entaille dans le dos de la jeune femme aux cheveux blonds.

« Pourquoi ne voulez vous pas montrer votre visage, mademoiselle ? »

« Je trouve que depuis que je suis dans ce royaume, on me pose cette question… » murmura t-elle avant de pousser un profond soupir. Pourquoi ? Pourquoi ? Elle reprit avec lenteur : « Mais bon… C’est tout simplement que c’est comme ça depuis des années, voilà tout. Je porte ce masque blanc depuis environ… dix années ? Voir plus ? »

« Dix ans ?! Mais c’est vraiment long ! Pourquoi est-ce que vous le portez ? Vous nous avez dit depuis quand… Mais la raison… Même si cela est pour autrui… Vous faites partie d’une caste ? Ou quelque chose de ce genre ? »

« Non non… Enfin non… C’est juste que depuis … Enfin… Je ne sais pas trop… »

« Avoir des lignes blanches ou noires, ce n’est donc pas forcément une bonne chose. Qu’est-ce que vous ne pouvez pas faire d’autre à part ne pas montrer votre visage ? »

« Et bien, normalement, je n’ai pas le droit de montrer mon visage, je dois obéir aux règles de l’Oracle, je n’ai pas vraiment le droit de me rapprocher des autres. Je dois éviter de trop parler de ce que je dois faire, je… »

« Mais c’est tout simplement affreux ! » s’écria l’une des deux femmes alors qu’Elen se retournait, sa blessure ne lui faisant plus aucun mal.

« Pour… Pourquoi est-ce que vous dites cela ? » demanda Elen sur un ton légèrement inquiet, remettant correctement ses deux capes autour de son corps, se disant qu’elle ira les recoudre un peu plus tard. Elle attendit la réponse des deux femmes avec une légère impatience.

« Et bien, vous ne trouvez pas ça… étouffant ? »

« Etouffant ? Pour… Pourquoi ? Comment ça ? Je n’ai pas de problèmes pour respirer avec ce masque ! » dit-elle avec une légère appréhension sans réellement comprendre pourquoi.

« C’est une image ! Une façon de voir ! Vous êtes comme un oiseau mis en cage ! Vous ne pouvez pas sortir sans votre masque et vous ne pouvez pas vivre sans. Est-ce que je me trompe ? » vint dire l’une des deux femmes alors que l’autre acquiesçait d’un hochement de tête, Elen ne sachant pas du tout où elle devait se mettre.


Ce… Ce n’était pas forcément la vérité… non plus hein ? Enfin… Peut-être que si… Un peu. Mais ça ne les concernait pas ! En plus, elle… Elle…

« Peut-être un tout petit peu… Mais j’ai déjà montré mon visage ! » dit-elle avec un peu d’appréhension, espérant qu’elles allaient la croire bien qu’elle ne voyait pas l’importance que cela aurait dans sa vie. Les deux femmes la regardèrent avec un peu de suspicion.

« Ah oui ? Vous l’avez déjà montré ? Ou alors, c’était un accident ? » demanda l’une d’entre elles alors qu’elle bafouillait en murmurant :

« C’était… un accident. Je n’ai jamais voulut réellement… montrer mon visage à quelqu’un. »

« Hum ? C’est vraiment dommage alors. Je veux dire, les femmes sont faites pour être montrées ! Non pas comme des objets, hein ? Mais plutôt pour exprimer leur beauté. »

« Je ne suis pas belle… sous ce masque… Je n’ai donc pas à le retirer. »

« Est-ce c’est cela qu’ont dit les personnes qui ont vu votre visage ? »

« … … … Il n’y a qu’une personne qui a vu mon visage et c’était un accident. » murmura t-elle en baissant la tête, légèrement honteuse sans pour autant en savoir la raison.

« Hum ? Et cette personne alors ? Qu’est-ce qu’elle a dit ? »

Mais pourquoi est-ce qu’elles lui posaient cette question ?! Elles ne se connaissaient pas ! Elles voulaient discuter avec elle parce qu’elle avait sauvé le prince Royan ?! Parce qu’elle l’avait encore sauvé ?! Ils n’avaient pas besoin de la remercier pour ça !

« … … … Il m’a dit que c’était dommage que je cache mon visage, voilà tout. »

« Il ? C’est donc un garçon ? Est-ce qu’il a votre âge ? » demanda encore une fois l’une des deux femmes alors qu’elle ne savait plus du tout où se mettre, bafouillant :

« Il a mon âge… En fait, nous avons exactement le même âge, je crois… Nous sommes nés le même jour d’après ce que l’Oracle m’a dit. »

« Et bien, c’est le destin alors ! » s’écria l’une des femmes tout en reprenant : « Il ne faut pas lutter contre le destin ! Vous devriez montrer votre visage plus souvent à ce jeune homme. Où se trouve t-il ? Il n’est peut-être pas dans notre royaume ? »

« Il ne l’est pas … et puis … et puis … Je … … … Je lui ai envoyé une image de moi … sans mon masque … Il y a environ quelques heures avant l’agression. »

« Oh … D’accord. En fin de compte, vous voulez quand même vous montrer. Vous nous avez fait peur au départ … Nous pensions que vous ne vouliez faire aucun effort. »

« Mais je l’ai envoyé simplement à lui et à personne d’autre ! Personne d’autre ne doit voir mon visage ! » s’écria t-elle pour se redonner une contenance après ce qu’elle avait dit.

« Oui, oui, nous avons parfaitement compris. Nous allons devoir vous laisser. Normalement, un soldat ou un conseiller viendra vous chercher quand le prince voudra parler avec vous. Merci encore pour tout ce que vous avez fait, sans vous, notre royaume aurait été perdu. »

« De rien … De rien … Et d’accord pour le prince. »

Elle disait cela avec neutralité alors que les deux femmes s’éloignaient et quittaient la chambre en la laissant seule. … … … POURQUOI ?! Elle retira les deux capes qui camouflaient ses cheveux, se triturant ces derniers avec un léger énervement. Pourquoi fallait-il à chaque fois qu’on lui parle de ça ?! Pourquoi est-ce qu’ils étaient capables de savoir qu’elle était une femme ?! Est-ce que … Elle gardait son masque, se positionnant devant le miroir avant de prendre la parole :

« Bonjour. Bonjour. Bonjour. Bonjour. »

Elle n’arrêtait pas de répéter ce mot, remarquant une vérité dont elle ne s’était jamais doutée depuis tout ce temps. Elle entendait sa propre voix… Enfin… Sa voix véritable… Enfin, presque ! Sa voix était légèrement modifiée mais on entendait parfaitement qu’elle avait un ton féminin, que c’était une femme qui parlait. Pourtant, avant… Avec Tery, elle avait une voix complètement neutre… Est-ce que le masque ne marchait plus ?

« C’est quoi ce problème ? Est-ce que c’est le masque le problème ? »

Elle disait cela en le retirant, tapotant dessus comme pour voir s’il y avait un dysfonctionnement ou non. Non… Il semblait être normal… Il n’y avait aucun problème… Quand même, c’était vraiment bizarre, elle devait le reconnaître. Elle remit son masque, observant ses yeux bleus alors qu’elle murmurait :

« Peut-être que je prends un ton plus féminin quand je parle… sans m’en rendre compte. »

Est-ce qu’elle voulait vraiment que sa féminité ressorte ? Ce n’était pas … dérangeant… Enfin si ! Elle n’avait pas envie que tout le monde sache qu’elle était une femme ! C’était même pour cela qu’elle gardait toujours ses capes autour d’elle… parce qu’elle était une femme. Puis soudainement, elle s’était mise à réfléchir à une chose vraiment idiote… Une chose qui montrait à quel point elle avait tout fait pour se comporter comme une femme.

« Tery … Mais quelle idiote ! Mais quelle idiote ! »

C’était maintenant normal qu’on sache que c’était une femme ! Dès qu’elle parlait de Tery, elle s’emportait et vu à quel point elle en parlait, ça ne pouvait pas être un homme qui s’adressait de cette manière… Ah… Mais quelle imbécile ! Elle n’avait jamais pensé à cela avant maintenant… Voilà pourquoi les princes et les autres personnes le savaient.

Et puis, il y avait aussi l’histoire de l’image… et du miroir. La servante avait facilement deviné que c’était une femme qui lui demandait ce renseignement quand elle avait demandé ce qui pourrait faire plaisir à un jeune homme… NONNNN ! Mais quelle idiote ! Mais quelle idiote ! Elle laissait trop facilement ses émotions paraître au grand jour !

Elle s’était mise assise sur un fauteuil, attendant que le conseiller ou le soldat arrive. Elle préférait cela que de penser à Tery, il valait vraiment mieux éviter une telle chose. Cinq … Dix … Quinze … Une demi-heure et voilà que ses pensées vagabondaient à nouveau. Cette histoire était terminée, n’est-ce pas ? Elle allait avoir les médaillons et elle pouvait ensuite revenir chez l’Oracle. C’était donc une bonne chose.

« Pardonnez-moi de vous déranger. » dit une voix alors que plusieurs coups furent donnés à la porte. Elle se leva aussitôt alors que la voix reprenait : « Je suis envoyé par le prince et les conseillers, ils aimeraient discuter avec vous. »

« J’arrive tout de suite. Je fais quelque chose et je suis disponible. »

En fait, c’était plus une sorte de phrase toute faite puisqu’elle se dirigea aussitôt vers la porte, l’ouvrant après avoir vérifié que tout était bien en place, que ça soit son masque ou ses capes.

« Nous pouvons y aller dès maintenant alors. Je vous accompagne. »

« Merci bien, ils semblent être assez nerveux et je préfère éviter tout retard. »

« Nerveux ? Pourquoi cela ? A cause de ce qui s’est passé ? »

« L’absence ou plutôt la faiblesse de la sécurité dans le palais, les soldats morts, les quelques conseillers aussi … Enfin, vous savez, ce n’est guère reluisant. »

« Je vois, je vois … Je comprends parfaitement. »

Elle avait juste un peu de mal à imaginer le prince assez stressé. Il avait toujours fait preuve d’un calme exemplaire, c’était bien là l’unique chose qu’elle pouvait lui reconnaître comme qualité. Il restait toujours calme et réfléchi … et ne s’emportait pas par rapport à ses sentiments. En plus, il ne s’était même pas énervé ou alors mis à pleurer devant la mort de ses deux frères, oui … Il était plutôt fort comme adolescent.

Mais bon, hors de question de le lui dire en face, il risquait de prendre la grosse tête. Enfin, de croire qu’elle l’appréciait, chose qui était tout le contraire actuellement. Enfin bon, elle allait bien voir ce qu’ils lui voulaient. Elle en avait fait beaucoup pour eux, beaucoup trop même à son goût ! Elle ne s’était pas attendue à autant de problèmes.

« Si vous voulez bien patienter, je vais signaler que vous êtes arrivée. »

« … … … C’est un peu suspect ce genre de choses. On me demande de me dépêcher car ils veulent me voir mais ensuite, je dois attendre devant les portes. »

« C’est ainsi que ça se passe. Merci. » répondit le soldat alors qu’il demandait aux quatre gardes devant la double porte de prévenir que l’être masqué était présent.

Hum… Elle avait le temps de remarquer maintenant que l’emblème sur la double porte représentait un albatros… Ces fameux oiseaux de mer. Toujours en relation avec l’eau, n’est-ce pas ? Mais cette fois-ci, en relation aussi avec l’air. Cela devait correspondre au défunt prince Sammy, n’est-ce pas ? Ah… Lui comme l’autre prince, elle aurait bien aimé en savoir un peu plus sur eux. Ils lui avaient fait une bonne impression pour le peu qu’elle connaissait d’eux. Mais bon… C’était la vie malheureusement… et elle pouvait être très laide.


Deux minutes s’écoulèrent, la jeune femme masquée patientant devant la double porte avant que le soldat n’en ressorte, annonçant d’une voix calme :

« Vous pouvez rentrer maintenant. Le prince vous attend. »

« Merci beaucoup. » répondit-elle sur le même ton que le soldat avant de pénétrer à l’intérieur de la salle du trône.

Le sang avait été rapidement nettoyé visiblement. A peine en quelques heures et voilà que tout était déjà propre et parfait, comme si rien ne s’était passé. Elle observa le jeune prince, celui-ci étant entouré par les deux conseillers qui étaient encore vivants.

« Vouliez-vous me voir, prince Royan ? » demanda t-elle bien qu’elle connaissait la réponse.

« Oui, les conseillers et moi-même, du moins, les deux conseillers de mon grand frère ici présents ont pensé à quelque chose vous concernant. »

« Si c’est au sujet de me faire devenir soldate de Traslord, je préfère décliner aussitôt la proposition. Je suis plutôt du genre à être libre comme l’air. »

« Non, non, voudriez-vous bien me laisser parler ? Cela est assez perturbant mais dans le fond, c’est la meilleure idée actuelle et je ne peux que l’approuver de la part de mes deux conseillers. Ils ont très bien réfléchit à tout cela visiblement. »

« De quoi est-ce que vous parlez ? Quand vous êtes aussi sérieux et que vous dites que c’est perturbant, ca l’est vraiment de votre part. »

Oui, elle était sûre qu’elle n’allait pas apprécier cette idée, elle ne savait pas comment l’expliquer. L’instinct féminin ? Ah ! Il était temps qu’il se réveille en fin de compte non ? Peut-être qu’un jour, elle pourrait être une véritable femme… Enfin, ce n’était pas pour maintenant non plus visiblement.

« … … … … … Hum, comment dire … Mes conseillers pensent que vous confiez mes deux médaillons est une bonne solution mais à une seule condition. »

« Ah ? Vous êtes sûr de cela, prince Royan ? Vous voulez enfin me confier les médaillons ? A voir votre tête, vous ne semblez guère réellement ravi, je tiens à le signaler. »

« Disons que la condition risque de ne pas forcément vous plaire d’un autre côté. »

« … … Ne tournez plus autour du pot, vous me faites vraiment peur, maintenant. »

« Et bien, tout est très simple en fin de compte. » dit l’un des deux conseillers alors qu’il reprenait aussitôt la parole : « Comme la vie du prince Royan n’est plus très sûre actuellement, nous aimerions que vous vous rendiez avec lui dans le royaume qui est allié avec nous depuis la nuit des temps. Là-bas, il sera en sécurité avec vous, nous l’avons très bien vu. » termina le conseiller alors qu’elle s’écriait aussitôt :

« Encore ?! Mais vous pensez vraiment que je suis faite pour ça ? Je n’ai pas pour habitude d’avoir une personne pour m’accompagner ! »

Elle mentait légèrement, s’imaginant souvent refaire ses aventures avec Tery mais bon… Elle n’avait pas vraiment envie d’avoir à nouveau le prince dans les pattes.

« Les médaillons de nos alliés ont une chance d’être pour vous en vue de la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Nous pensons que vous êtes la plus à même de pouvoir gérer tout ceci. »

« Mais mais mais … Et le prince dans cette histoire ? Et votre peuple ? »

« Nous ne signalerons pas la disparition du prince mais plutôt ses intentions. Cela sera assez dangereux mais nous ne pouvons pas laisser le peuple sans nouvelles. »

« Ce que je veux dire, c’est comment le peuple va être dirigé sans le prince ? »

… … … Elle avait l’impression d’avoir mis un froid à la discussion, ce qui n’était pas pour lui déplaire car elle n’avait pas réellement envie d’avoir le prince avec elle. Pourtant, l’adolescent comme les deux conseillers ne semblaient pas perturbés par tout ceci.

« Ne vous en faites pas pour cela, il n’y aura aucun problème. Notre royaume n’est pas une monarchie réellement à la base. »

Pas une monarchie réellement ? Le prince n’était pas réellement le prince ? Elle regarda l’adolescent avec ses yeux bleus comme les siens. Le prince ne semblait avoir aucun problème avec les paroles des conseillers. D’accord… C’était vraiment perturbant.

« Et ce royaume allié ? C’est celui de … Enfin de ces hommes-oiseaux qui vivent dans cette ville dans les nuages ? C’est bien cela ? »

« C’est exact, le royaume de Claudiska est notre allié et est celui qui domine les airs depuis des millénaires. Le corps des habitants leur permet de voler de nuages en nuages. Il y a même de nombreux nuages qui servent d’aire de repos pour les longues distances. Enfin, ce n’est pas à nous de vous faire un cours sur ce royaume. »

« J’aurais bien aimé dire que je dois réfléchir à la situation mais dans le fond, je n’ai pas vraiment le choix … Soit, j’accepte et je peux donc avoir ces médaillons avec moi. Soit, je refuse et ces médaillons ne viendront jamais dans mes mains alors. » dit-elle sur un ton neutre bien qu’on sentait bien qu’elle était assez mécontente de la tournure des évènements.

« Pardonnez-moi mademoiselle Neel, c’est moi-même qui ait proposé cette idée à nos conseillers et ils sont déjà deux à avoir accepté. Les conseillers des autres parties du royaume de Traslord ne tarderont pas à accepter cette proposition, je le pense. » répondit le prince alors qu’elle le regardait avec un petit air effaré.

Co… Comment ? C’était vraiment le prince qui avait fait cela ? Mais pourquoi ? Il se sentait plus en sécurité auprès d’elle qu’avec des dizaines voir des centaines de gardes ? C’était une blague, n’est-ce pas ? Non, le regard du prince était sérieux, terriblement sérieux… Et zut !

« Et quand est-ce que l’on doit partir vers Claudiska ? »

« Dans deux à trois jours normalement. Nous devons préparer quand même son départ et lui permettre de communiquer avec son peuple. De même, il nous faut prévenir Claudiska de l’arrivée du prince sur leurs terres. »

« D’accord … D’accord … J’ai compris. Je vais me préparer pour les prochains jours alors. »

Elle disait cela avec une certaine monotonie avant de demander si elle pouvait quitter la salle du trône. Le prince accepta, la jeune femme partant sans un autre mot. Lorsqu’elle ne fut plus là, l’adolescent aux cheveux bleus se tourna vers ses deux conseillers :

« Cela ne pose véritablement pas de problèmes, n’est-ce pas ? »

« Au sujet de votre départ ? Non, ceci est la meilleure solution à l’heure actuelle. Nous ne pouvons pas vous garder plus longtemps en sécurité et plus vous aurez de distance avec Shunter, plus vous serez protégé. Quand à cette personne masquée, elle a montré plusieurs fois que ce n’était pas qu’une question de médaillons au sujet de ses agissements. »

« J’ai donc fait le bon choix, n’est-ce pas ? … Pour l’enterrement de mes deux frères, je vous laisse faire des célébrations royales… Si vous le pouvez, envisager des cercueils de glace éternelle pour eux. Il ne faut pas que leurs corps soient altérés par le temps… Comme pour mes deux parents. Je vous en remercie. »

« Nous le ferons dans les plus brefs délais. Pensez-vous avoir le temps d’assister à la cérémonie pour vos deux frères ? »

« Je ne sais pas … Il faut tout préparer en … Non. C’est bon. J’y serais. »

Il disait cela avec une étrange monotonie, le regard légèrement baissé vers le sol tandis que les deux conseillers se jugeaient du regard. Il valait peut-être mieux arrêter maintenant…

« Nous allons vous laisser seul si cela ne vous dérange pas, prince Royan. »

« Faites donc … Je me dois de … réfléchir à ce que je vais prononcer dans les prochains jours. Merci pour tout ce que vous avez fait. »

Les deux conseillers s’éloignèrent et quittèrent la salle, Royan s’adressant maintenant aux gardes sur le même ton qu’auparavant :

« Vous pouvez vous retirer aussi… Restez près de la double porte si vous avez peur au sujet de ma sécurité … bien que cela ne soit plus autant nécessaire. »

« Comme vous le désirez, prince Royan. » annoncèrent les gardes.

Voilà … Quelques minutes plus tard, il était seul, complètement seul dans cette salle gigantesque où plus un bruit ne se faisait entendre à part sa propre respiration. Accoudé sur l’un des bords du trône de son frère, il avait une main posée sur son front et ses cheveux, ses yeux semblant complètement vides d’émotion. Il n’avait plus rien …

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