Chapitre 30 : Deux enfants et une fleuriste

ShiroiRyu
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Chapitre 30 : Deux enfants et une fleuriste

« Earnos ? Quand comptes-tu te rendre chez Florensia ? Rappelles-toi qu’elle t’a offert des fleurs comme à son habitude pour ton anniversaire. »

« Je comptais y aller aujourd’hui, maman … Est-ce que madame Florensia sera là ? » demanda t-il en s’adressant à sa mère, celle-ci lui répondant aussitôt :

« Elle doit sûrement être là. Tu devrais néanmoins aller vite la voir et passer la journée avec elle pour te faire pardonner d’avoir mis autant de temps à la remercier. »

C’était ce qu’il allait faire ! C’était une très bonne idée même ! Il se leva de sa chaise, prenant sa foreuse dans ses deux mains avant de quitter la demeure familiale. S’il restait toute la journée avec la fleuriste, c’était un bon moyen pour s’excuser. Une bonne vingtaine de minutes de marche et il pénétra dans la modeste boutique … Pourtant, elle ne devait même pas être ouverte ? Comment cela se faisait-il que …

« Madame Florensia ? Madame … Florensia ? Où êtes-vous ? Votre magasin est déjà ouvert ? » dit-il avec un peu d’appréhension dans la voix.

« Et bien … Ne me remarques-tu donc pas, Earnos ? » murmura une voix douce sur le côté, lui faisant tourner la tête vers cette direction. La femme aux cheveux blonds était présente, un sourire aux lèvres, cachée dans l’ombre. Pourquoi est- ce qu’elle faisait cela ?

« AH ! Ne me faites pas peur comme ça, madame Florensia ! Je voulais vous remercier pour les fleurs … Même si c’est assez tard. »

« Oh … Ca ne fait rien … C’est l’intention qui compte, n’est-ce pas ? » dit-elle dans un sourire tandis qu’il rougissait en la regardant. C’était … gênant quand elle réagissait ainsi. Il ne savait pas réellement expliquer pourquoi mais voilà quoi …

« Euh ! J’ai décidé qu’au lieu de travailler aujourd’hui, j’allais vous aider toute la journée ! Je ne suis pas aussi doué que ma maman et mes sœurs mais je sais quand même me débrouiller ! » reprit-il pour éviter de trop réfléchir et de sentir trop gêné par tout cela.

« Hum … Pourquoi pas ? Je suis sûre que tu pourrais m’aider … Tu n’es pas un garçon ordinaire, n’est-ce pas ? Même si tu n’es pas un Coxy comme tes deux sœurs ou ta mère, tu as des connaissances liées à ces derniers. Sache que nos races n’ont jamais notre chemin tracé tout de suite. Nous pouvons dévier de ce dernier pour devenir ce que nous voulons. C’est pourquoi je suis une fleuriste. »

« C’est vrai … Vous n’avez pas l’air d’une Coxy. Tiens … Madame Florensia, vous êtes quelle race d’insecte en fait ? Je n’arrive pas à le savoir en vous regardant. »

« C’est … un … se … cret ! » dit-elle en lui tapotant doucement le nez quatre fois de suite à chaque syllabe, le jeune garçon rougissant en la voyant faire.

« D’accord … C’est comme … vous le voulez. Euh … Alors, vous me dites en quoi je peux vous aider ? » demanda t-il alors qu’elle hochait la tête. Bien entendu ! Qu’il l’accompagne ! Il allait lui montrer quoi faire pour l’occuper.

Plusieurs heures passèrent, trois ou quatre, il n’avait pas réellement cherché à calculer. Lorsqu’il travaillait, c’était pour travailler, pas pour flâner. Tout ce qu’il savait, c’est que tous et toutes étaient surpris de voir un jeune « apprenti » avec la fleuriste. Elle signalait que c’était plus qu’un simple apprenti sans donner plus d’explications à ce sujet. Finalement, ce fut elle qui s’adressa au jeune garçon, lui murmurant :

« Je crois que quelqu’un t’observe discrètement … ou du moins en essayant de l’être. »

Qui donc ? Il déposa le pot de fleurs qu’il avait en main pour se tourner vers la direction que la femme aux cheveux blonds regardait. … … … C’était une blague, n’est-ce pas ? Il apercevait une petite ombre ridicule qui tentait de se cacher sans y arriver réellement. Mais cette ombre … Il la reconnaissait entre mille ! Il sortit de la boutique, l’agrippant par le bras.

« Qu’est-ce que vous faites là, princesse Terria ?! Vous n’êtes pas au château ?! »

« Aie, aie ! Mais lâche-moi ! Ca fait mal ! » s’écria la jeune fille alors qu’il retirait son bras, marmonnant une petite excuse. Elle reprit la parole : « Ne crois pas que je t’ai suivi. Je voulais juste voir où tu allais et puis, quand j’ai demandé à madame Niny, elle m’a répondu que tu étais partie ici. Je suis juste venue voir ce que tu faisais. »

« Vous avez vue, vous pouvez donc partir. » répliqua le jeune garçon sans même chercher à se dire que les paroles de la jeune fille étaient plus que louches.

« Non ! Euh … Je voulais visiter aussi l’intérieur du magasin de fleurs. » répondit-elle, bafouillant à moitié alors qu’elle pénétrait dans la boutique pour confirmer ses dires. Lorsqu’elle vit Florensia, elle parut légèrement surprise, la femme lui souriant.

« Et bien … Si je m’attendais à avoir la princesse devant moi. Bienvenue dans ma modeste boutique, princesse Terria. »

« Euh … Euh … Bonjour madame Florensia. » murmura la jeune Apireine en baissant les yeux, légèrement rouge de honte.

Qu’est-ce qu’elle venait faire ici réellement ? Il n’arrivait pas à le croire mais la princesse lui collait vraiment à l’arrière-train. Il avait cette impression à force de la voir autour de lui. C’était quand même assez inquiétant en un sens. Elle ne cherchait quand même à se faire excuser, n’est-ce pas ? Ca ne servait à rien ! Il lui avait pardonné pour la foreuse mais pour le reste, il en était hors de question !

… … … Qu’est-ce qu’elle voulait faire ? Maintenant qu’il était là … Qu’elle était là … Elle ne pouvait plus reculer ! Elle s’était encore enfuie une fois du palais, ce qui n’était pas dans ses habitudes ! Après avoir revu le jeune garçon il y a quelques jours, elle s’était ancrée en tête de devoir se faire pardonner ! C’était vital à ses yeux ! C’était bête de penser comme ça mais elle voulait se faire pardonner plus que tout ! Elle ne comprenait pas pourquoi elle devait faire ça pour un simple Aspicot mais elle sentait que c’était important.

« Est-ce que je peux … vous aider dans votre boutique ? » demanda la jeune fille.

« Bien entendu. » répondit aussitôt Florensia, sans même laisser le temps à Earnos de donner son avis sur la question.

Comme il s’en doutait et contrairement à ce qu’il pensait, deux choses contradictoires, elle mettait de l’ardeur à la tâche mais elle ne faisait pas d’erreurs ou de fautes. Enfin, à part être trop zélée, elle semblait bien réussir dans ce que la fleuriste lui demandait. C’était plutôt étonnant quand on la regardait bien … Mais bon …

« C’est … Tu travailles bien, Terria. » dit le jeune garçon après plusieurs heures de travail. Il le reconnaissait … Comme lors de la première fois … où il l’avait revue, elle faisait des efforts pour apprendre. Mais contrairement au forage, jouer les fleuristes était beaucoup moins difficile. Il remarqua que la jeune fille aux cheveux blonds rougissait violemment à ces propos, n’ayant aucune explication à cela.


C’était la première fois qu’elle entendait un compliment de la part d’Earnos. C’était bizarre … Ca lui faisait chaud au cœur d’apprendre ça. Pourtant, des compliments, elle en recevait souvent de la part des nobles, des Apitrinis, d’Holikan … mais c’était peut-être parce … que ce n’était pas habituel de la part d’Earnos que ça lui faisait un tel effet ?

« Ben … Ben … Euh … Euh … Ben … Euh … Merci beaucoup Earnos. Je fais de mon mieux ! »

Elle se remettait au travail. Comme elle portait une fine robe blanche offerte par la fleuriste pour éviter que les gens ne la reconnaissent, elle pouvait travailler sans aucun problème. Elle semblait vraiment très bien se débrouiller … C’était plutôt étonnant pour une jeune fille qui n’avait jamais réellement travaillé quand on y réfléchissait à tout cela.

Pendant ce temps, alors que les deux enfants marchaient à gauche et à droite, la fleuriste les regardait, accoudée au comptoir, un sourire aux lèvres. Elle aussi semblait heureuse … Le jeune garçon tentait de reprocher de nombreuses choses à la jeune princesse mais il ne pouvait que constater et la remercier pour son aide.
Les minutes s’écoulèrent puis les heures. Vint le moment où ils purent se reposer plus que cinq à dix petites minutes. Lui ? Il ne s’était pas attendu à avoir à manger de la part de la fleuriste. Elle avait préparé un repas tout aussi succulent que ceux de sa mère et il remarquait que même la princesse appréciait le met. Il s’était attendu à une petite pique comme quoi, la nourriture n’était pas aussi bonne qu’au château mais visiblement, ce n’était pas du tout le cas. La fleuriste prit finalement la parole en les regardant manger :

« J’espère que cela vous satisfait les enfants. Je n’ai pas l’habitude de cuisiner pour d’autres personnes à part moi-même. Je ne peux donc pas juger sur la qualité. »

« C’est vraiment bon, madame Florensia ! » répondit le jeune garçon.

« Ca ressemble un peu aux repas que ma mère me fait quand elle n’est pas occupée avec les Rapions et les Drascores. » signala la jeune fille aux cheveux blonds, continuant de manger sans attendre réellement de remarques de la part des deux personnes présentes.

« Hum … Je vois, je vois … Je peux vous poser une question les enfants ? Vous semblez très bien vous entendre, n’est-ce pas ? »

Il commença à tousser violemment, s’étranglant à moitié après les paroles de la fleuriste. Lui ? Bien s’entendre avec la princesse ? Même pas en rêve. Il fit un geste négatif de la main pour signaler que c’était tout le contraire tandis que la princesse détournait le regard d’un air triste, arrêtant de manger.

« Ce n’est pas du tout ça, madame Florensia. Il n’y a aucun doute qu’Earnos et moi soyons amis. Je lui ai fait beaucoup de mal. »

Hum ? Il posa son visage sur elle. Si elle pensait que c’était en racontant à quelqu’un d’autre qu’il allait l’excuser pour cette raison plus profonde, elle se trompait lourdement. Pourtant, avant même qu’il ne lui réponde, ce fut Florensia, les deux mains soutenant son visage au-dessus de la table qui prit la parole :

« Tu es sûre de cela ? Pour quelqu’un qui doit t’en vouloir, j’ai l’impression qu’Earnos est souvent là pour éviter que tu ne te fasses mal. Tu n’as pas remarqué ses doigts comparés aux tiens ? Normalement, une débutante en tant que fleuriste a les doigts recouverts de petites entailles et blessures à cause des épines. »

Hein ? Quoi ? Alors qu’elle observait ses doigts qui étaient dans un parfait état, le jeune garçon avait aussitôt caché les siens, les mettant sous la table. Florensia reprit :

« Earnos me donne plus l’impression de te protéger qu’autre chose. Hum … Tiens. Cela me fait penser. Earnos, que penses-tu de faire une promesse à la princesse ? De toujours la servir et la protéger ? Bien que tu ne le montres pas concrètement, tu te préoccu… »

« AH ! » s’écria subitement la jeune fille aux cheveux blonds, pointant du doigt Earnos. Le jeune garçon recula son visage, surpris par cette réaction alors qu’elle se levait de sa chaise. Elle positionna son visage en face du sien, penchant sa tête sur la gauche puis sur la droite. « Tu es le petit garçon très sale de la grotte ! Euh … Euh … Le petit garçon qui a fait la promesse de me protéger à ma mère ! » reprit-elle aussitôt d’un air gêné. Ca n’avait pas été un compliment ses premières paroles, elle le reconnaissait parfaitement.

… … … Il l’observait sans sourciller. Elle s’en rappelait ? M’enfin … Sous la forme du jeune garçon très sale … Il ne pouvait pas s’empêcher d’émettre un discret sourire alors que la jeune fille murmurait :

« C’est mon … premier protecteur. Enfin … Il n’est pas forcément très fort comme Holikan ou alors Olistar mais c’est ma mère qui l’a choisi. Je ne savais pas que c’était toi, Earnos ! »

Elle lui prit les deux mains, le regardant avec un grand sourire, ses deux yeux rubis posés sur son visage. Elle semblait relativement heureuse … et soulagée n’est-ce pas ? Elle avait l’impression que tout était enfin terminé. Il n’avait guère pris la parole alors qu’elle semblait continuer à parler :

« Je ne savais pas que tu étais le fils de madame Niny déjà avant ! En fait, j’aurai dû te voir bien plus souvent ! Mais pourquoi tu ne m’as jamais dit qui tu étais ?! »

« Car ce n’était pas important. Ce n’était qu’une promesse d’enfant. »

« C’était une promesse dont tu t’es rappelé depuis tout ce temps ! » dit-elle en modifiant les dires du jeune garçon. « Et moi … Je ne m’en rappelais même pas … Pardon, Earnos. »

« Ce n’était pas important. Je ne suis qu’un simple garçon dans le fond. Je fais de mon mieux dans ce que je suis le moins doué. Il vaut mieux qu’Holikan et Olis … »

« Et bien, Earnos ? Je ne t’ai pas entendu faire cette promesse si tu le désirais une nouvelle fois. » coupa Florensia en regardant les deux enfants, n’ayant pas pris la parole depuis plusieurs minutes. Elle avait observé l’Aspicot et l’Apireine sans rien dire. Allait-il réitérer sa promesse ou alors conclure que ça ne servait plus à rien ?

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