Chapitre 31 : Pendaison

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 31 : Pendaison

« Où est-ce que nous sommes ? Ahhhh… Thierry ? Thierry ? »

Elle passait une main sur son crâne, une forte douleur l’envahissant alors qu’elle tentait de se lever. Malheureusement, elle glissa et se retrouva couchée sur le sol en poussant un petit cri. Thierry ne lui répondait pas mais autre chose se chargea de ça :

« Triopikeur ! Trio ! Trio ! »

Une créature tricéphale fit son apparition devant Cynthia, ses yeux exprimant une certaine joie de la voir. Néanmoins, il ne fallut qu’une dizaine de secondes au Triopikeur pour qu’il se rende compte que quelque chose clochait dans ce lieu.

« Tu… es un pokémon de Thierry ? Tapélétop ? »

« TRIO ! Triopikeur ! »

C’est vrai, même si elle ne comprenait pas ce que disait le pokémon, elle savait qu’il y avait un problème. Il n’y avait que peu de lumière et beaucoup de roche au-dessus d’eux. Où se trouvaient-ils ? Dans une grotte ? Ce n’était pas possible… Ce n’était pas une grotte souterraine. Est-ce que… le Triopikeur avait creusé cette galerie avec une extrême rapidité ? Maintenant qu’elle y réfléchissait, elle se rappelait avoir glissé longuement et pendant de longues secondes. Elle se retourna et remarqua que le terrain était en pente… mais qu’il y avait un plafond. Elle avait aussi un peu de mal à respirer mais ce n’était pas ça le plus grave. Elle cria en baissant son regard :

« THIERRY ! »

Le jeune homme était évanoui, une vilaine plaie sur le côté gauche de son front. Il avait été sévèrement ouvert par une pierre et du sang s’écoulait tel un ruisseau sur son visage. Qu’est-ce qui s’était passé ?! Non… C’était… C’était pour ça ? C’était donc pour cette raison qu’il avait décidé d’être le premier à atterrir ? Car il savait à l’avance ce qui allait se passer ? Imbécile ! C’était un imbécile ! Elle sortit son mouchoir blanc en même temps que sa pokéball, criant le nom de sa Milobellus :

« Venus ! Viens vite par ici ! J’ai besoin de toi ! »

« Milo… bellus ?! »

« Je n’ai pas le temps de t’expliquer, aide moi ! Je sais que tu as des dons pour te soigner grâce à de l’eau, tu peux faire pareil en trempant mon mouchoir ? »

La Milobellus était apparue, tentant de se mouvoir avec une grande difficulté dans cet espace exigu. Sa maîtresse désignait le jeune homme et le mouchoir blanc qu’elle avait en main. Les deux antennes de Venus se mirent à trembler légèrement tandis qu’elle ouvrait la bouche, laissant s’écouler un fin filet d’eau qui alla tremper le mouchoir blanc de Cynthia. La jeune femme s’approcha de Thierry, lui posant le mouchoir en boule sur la plaie avec douceur.

« Venus ? Tu… veux bien accompagner ce Triopikeur et voir si il y a une sortie dans cet endroit, s’il te plaît. »

La Milobellus cria légèrement alors qu’apparaissait Tapélétop à nouveau. Il s’était réfugié lorsque Cynthia avait appelé Venus mais maintenant qu’il savait qu’elles étaient pleines de bonne intention, il n’avait pas à s’inquiéter. Il se mit à disparaître rapidement pour apparaître à une dizaine de mètres, demandant à la Milobellus de bien vouloir le suivre. Comme il travaillait souvent sous terre, il pouvait la guider avec plus de facilité. De son côté, Cynthia restait près de Thierry, passant une main dans ses cheveux bruns, l’autre maintenant le mouchoir blanc trempé tel une compresse sur la blessure du jeune homme.

« Tu n’avais pas besoin de faire ça… Je pouvais appeler Tellus pour m’aider. Il faudra m’expliquer pourquoi tu as fait une telle chose. Ce n’est pas toi… ou alors est-ce plutôt ta vraie personnalité ? Je n’arrive pas à comprendre. Je n’arrive pas à te cerner Thierry. »

« En voilà une phrase touchante. »

« Hein ? Qui est là ?! »

« Allons bon… »

La voix résonnait dans le tunnel comme si il y avait de l’écho. D’où elle provenait ? Au-dessus ? Derrière ? Sur les côtés ? Elle ne savait pas ! Elle restait sur ses gardes, une pokéball dans sa main tandis qu’elle restait près de Thierry.

« Tu devrais pourtant me reconnaître, moi… Le troisième maître élémentaire. »

Le troisième maître élémentaire… Elle replongeait dans se souvenirs pour tenter d’y mettre de l’ordre. Il y avait cinq éléments et ces cinq types en dominaient un chacun. Néanmoins, ils étaient plus ou moins puissants et il ne fallait pas spécialement se fier à leurs dominations.

« Tu veux un indice ? Je suis responsable de la fissure qui a causé votre perte en vous enfonçant dans les profondeurs héhéhé. »

« Teram ?! Où est-ce que tu es ?! Montre toi, espèce de lâche ! »

« Moi ? Un lâche ? Allons bon… Tu ne devrais pas m’énerver alors que tu es entre la vie et la mort, ensevelie sous des tonnes de terre ! Remercie donc ce fiston à son papa, il a réagit au bon moment pour te sauver ! »

Un cri d’éléphant résonna maintenant dans les tunnels alors qu’elle restait parfaitement immobile. Elle ne pouvait pas bouger avec Thierry près d’elle. Elle serra le jeune homme contre elle, celui-ci ne semblant pas réagir depuis déjà plusieurs minutes.

« C’est quand même dommage qu’il soit mort pour te sauver. Une chute pareille, on ne peut pas survivre héhéhé. »

« NE RACONTE PAS N’IMPORTE QUOI ! Montre toi ! »

« Me montrer ? Comme tu le désires. Le seul prix sera ta vie ! Toi, celle qui a gâché nos existences depuis ce jour ! »

Le mur de pierre qui se trouvait à sa droite se fissura légèrement puis explosa subitement alors qu’apparaissait une sorte d’éléphant miniature et de couleur grise. Enfin, miniature, il mesurait quand même bien un mètre dix de hauteur et son dos semblait recouvert d’une armure noire et épaisse rattachée à sa trompe.

« DONNNNNN ! »

Le Donphan émit un barrissement alors qu’une forme humaine apparaissait derrière lui : Des cheveux bruns en bataille, un homme d’une quarantaine d’années se tenait fièrement, un grand sourire aux lèvres, un sourire maléfique et dénué de bonnes intentions.

« Cela faisait longtemps n’est-ce pas ? Petite garce. »

« Je n’ai eut aucun mal à vous battre, toi et ton équipe. Tu as décidé d’enfin te montrer après toutes ces années où vous vous êtes enfuis comme des lâches, n’est-ce pas Teram ? »

« Tu l’ouvres un peu trop pour une jeune prétentieuse qui s’inquiète pour l’homme qui se tient auprès d’elle. Tu as vérifié si il étai encore vivant ? »

« Son cœur bat encore ! Qu’est-ce que tu fais là ?! »

Elle gardait la main posée sur sa pokéball, prête à l’utiliser dès l’instant où il tentait de faire ne serait-ce qu’un seul geste envers elle. Elle devait protéger Thierry de tout son corps, il avait bien fait ça pour elle, c’était la moindre des choses !

« Mon chef te l’avait pourtant promis. Tu n’as même pas eut peur… comme cet homme que tu tiens dans tes bras. Des fous… Voilà ce que vous êtes. Vous êtes revenus malgré nos menaces, vous avez continué à vous battre et tu nous as porté un sacré coup, un coup bien plus fort que le père de Thierry ! »

« Après ce que vous aviez fait à ce dernier, c’était mon devoir de vous arrêter. »

« Mais pour ça… Tu as perdu quelque chose de précieux. »

Un sourire se dessinait à nouveau sur ses lèvres, un sourire qui montrait qu’il se moquait ouvertement de la jeune femme. Elle avait souffert de leurs fautes, elle avait tellement souffert à cause d’eux… en fait surtout à cause de lui mais elle devait se douter de ça.

« C’est dommage quand même. Nous sommes dans un tunnel qui risque de s’écrouler d’une minute à l’autre, tu as demandé à tes pokémons de partir à la recherche d’une sortie. Tu n’as guère de solutions. Tu devrais te laisser mourir tranquillement. »

« Je ne m’arrêterais jamais avant que vous soyez tous les cinq en prison ou morts ! »

« Morts ? Toi ? Tu voudrais donc nous tuer ? Je vois que le caractère de ce jeune homme s’est ancré un peu en toi. Un désir de vengeance… Tu voudrais nous tuer mais tu sais que tu ne pourras pas y arriver. Pendant ces années qui se sont écoulées, nous sommes devenus plus forts, bien plus forts. La victoire ne te sera plus acquise héhéhé ! »

« Désolée pour toi mais je ne suis pas prête à me laisser faire et ce que tu dis n’as aucun sens. Je n’ai pas été influencée par Thierry ! »

« NE FAIS PAS UN GESTE ! »

Elle allait activer la pokéball contenant Tellus mais Teram ne semblait pas de cet avis. Il avait sorti un second pokémon ressemblant à une sorte de mante religieuse faite de roche mais sans ailes. Elle avait deux faux à la place de griffes et poussa un petit cri tout en ramenant l’une des faux au niveau de la gorge de Cynthia.

« Kabutops ! »

« Ahhhh… C’est vraiment une bonne nouvelle : Dire que tu vas mourir et que le fils de cet homme va aussi mourir. Le pauvre garçon, dire qu’il a fait tout ce chemin pour nous… et qu’il n’est même pas au courant de la vérité. Dire qu’il a toujours cru que nous étions responsables de la mort de son père, c’est vrai… Je confirme, nous en sommes la raison de sa mort. Tout avait été prémédité pour que tout cela ressemble à un meurtre mais en fait… Nous n’avons rien fait du tout. »

« Qu’est… Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »

« Oh, ce pauvre type nommé Quentin, on n’a même pas eut besoin de s’en débarrasser après sa défaite contre le grand chef. Tu sais celle où il a tout perdu. »

« Et ça te fait rire ? »

« Je t’ai dit de ne pas bouger ! »

Elle gardait difficilement son sang-froid mais la lame du Kabutops sur sa gorge lui demandait de rester calme. Ce salopard, où est-ce qu’il voulait en venir ?! Elle savait bien ce qui s’était passé lors de ce dernier combat ! Ce pauvre Quentin…

« Après cette défaite, il n’a plus été le même. On a bien essayé de le menacer mais il ne répondait plus. Il n’avait plus la même ferveur. Il n’y avait qu’à voir sa tête à la télévision ! Ah ces fameux journalistes qui acclamaient la victoire de notre grand chef ! On a ridiculisé ce type, on l’a traîné dans la boue, tout ce qui avait fait de lui une idole s’est brisée en un instant ! Mais tu vois le pire, c’est qu’il n’a même pas pensé à son fils. Il a abandonné le jeune homme qui est dans tes bras ! »

« JAMAIS ! Quentin n’aurait jamais fait ça de son vivant ! »

« Et pourtant si, tu veux savoir ce qu’il s’est fait dans la chambre de son hôtel ? C’est vrai qu’il y avait un peu d’eau sur le sol et que cela faisait penser à l’un d’entre nous mais je vais te donner un petit indice. Tu devrais t’en rappeler… »

Teram passa une main sur sa gorge comme pour s’étrangler, l’autre lui tirant les cheveux alors qu’il sortait sa langue. Ses yeux bruns semblaient partir dans tous les sens… C’est vrai que cela pouvait paraître ridicule en un sens quand on l’observait mais elle avait tout de suite compris ce qu’il voulait dire par là. Voilà… Voilà pourquoi elle avait complètement oublié Thierry. Elle se rappelait du regard du jeune garçon lorsqu’il avait été le premier à découvrir son père pendu dans la chambre de son hôtel… Un regard complètement vide : Il s’était mis à pleurer pendant une dizaine de minutes en s’écroulant à genoux sur le sol alors qu’elle était partie appeler la police. Thierry avait été choqué pendant plusieurs semaines et était resté à l’hôpital pendant tout ce temps. Il n’avait plus parlé et elle était passée tous les jours pour le voir… Mais rien, aucune réponse de sa part. La seule chose qu’il avait fait avait été d’observer la télévision et ses nombreuses émissions qui relataient le décès de son père. Et puis un soir… Alors qu’elle allait partir, il lui avait retenu le bras :

« Il est venu… cette après-midi. »

« De qui tu parles, Thierry ? Hey ! Mais attends, tu me parles ! »

« Bande de faux-jetons. Depuis le départ, vous vous êtes moqués de lui. Vous vous êtes moqués de mon père. »

Le regard qu’il lui avait lancé, voilà la raison qui l’avait poussé à l’oublier. Cette chambre qu’elle avait scellée dans sa mémoire. Ses yeux remplis d’une haine et d’une profonde tristesse : Une haine envers Sinnoh. Elle serra avec plus d’insistance le jeune homme qui était évanoui dans ses bras. Maintenant qu’il était là, il n’était plus question de l’abandonner ou de se cacher. Ce jour là, elle aurait dut l’arrêter. Ce jour là, elle aurait dut éviter de le laisser s’enfuir de l’hôpital ! Il avait disparu pendant des années, ne laissant plus aucune trace de sa personne. Les recherches avaient été faites dans Sinnoh mais il ne se trouvait plus dans cette région. Il était déjà parti ailleurs. Un centre pokémon avait même été cambriolé, un seul pokémon ayant été volé.

« Je vois que la mémoire t’es revenue finalement. Tu as toujours ignoré l’existence de ce jeune homme depuis plusieurs années. Seule ton idée de nous battre restait en toi. Tu devais sauver le pitoyable honneur sali de ce fameux Quentin ! AH ! Ce type était un moins que rien ! Il ne méritait même pas de vivre et c’est pour ça qu’il s’est pendu ! Il a tout abandonné après la mort de ses pokémons ! Tout ce qu’il avait fait pendant ces années ont servi à rien ! Il était faible et impuissant face à nous et il est mort ! MORT ! Tu comprends ça ?! »

« Raclure… Je ne te laisserais plus vivre, c’est décidé. Même si mon rôle de maîtresse de Sinnoh devrait me l’interdire, je ne vous laisserais pas vivre une journée de plus, TOI et tes AMIS ! J’irais vous traquer pour THIERRY ! VENUS, HYDROCANON ! »

« Hein ? De quoi ?! »

Il se retourna vivement en même temps que son Kabutops et son Donphan alors qu’apparaissait l’immense serpent de mer. Le problème venait surtout des tremblements de terre qui se produisait au-dessous de la Milobellus. Cynthia rappela rapidement Venus tandis qu’elle faisait sortir Tellus de sa pokéball. La Carchacrok recouvrit le corps de Cynthia qui maintenait Thierry contre elle. Tellus poussa un cri en direction du Triopikeur du jeune homme, celui-ci hochant ses trois têtes avant de creuser un trou dans le sol. Il était temps de partir et d’enterrer vivant cet enfoiré ! Le sol et le plafond se mirent à trembler alors que Teram ne comprenait que trop tard ce qui se passait. Il tenta d’appeler ses différents pokémons tandis que Tellus criait de toutes ses forces en détruisant le plafond avec un puissant rayon. Sortir de cet abîme de désespoir et de haine, enterrer l’un des cinq maîtres élémentaires, voilà ce qui venait de se dérouler. Au milieu d’une plaine désertique mais herbeuse, un trou se forma, une Carchacrok s’en extirpant en s’envolant alors qu’apparaissait à côté d’elle un Triopikeur. Tellus déposa Cynthia sur le sol, la jeune femme couchant Thierry dans l’herbe.

« Tout… est terminé pour l’un d’entre eux. Je… m’excuse, Thierry. J’aurais dut être là pour toi il y a de cela dix ans. Maintenant, je dois rattraper le retard perdu. »

Elle alla se coucher contre lui, se disant qu’elle était épuisée par ce qui venait de se passer. Tout cela avait duré une heure ou deux au grand maximum et pourtant, elle s’était donnée à son maximum. La Carchacrok rabattit ses ailes sur elle-même pour se reposer, Tapélétop rentrait dans sa pokéball.

Laisser un commentaire