Chapitre 32 : Protéger jusqu’à la mort

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 32 : Protéger jusqu’à la mort

« Ah … Ah … Ah … AH ! »

Une femme s’était mise à courir à toute allure à travers les ruelles. Cheveux blonds, yeux vairons, la nuit était tombée depuis longtemps. Plusieurs bourdonnements se faisaient entendre derrière elle mais elle ne s’’arrêtait pas, la robe blanche dans son dos se déchirant faiblement alors qu’elle murmurait pour elle-même :

« Il fallait bien … que cela arrive un jour. Visiblement, ils attendaient ce moment, n’est-ce pas ? Hum … Je m’en doutais … Ils ont du courage de vouloir s’en prendre à moi. Dommage que j’ai derrière moi ces nombreuses années de combat. »

Des ailes se formèrent dans son dos alors qu’elle s’envolait, plusieurs voix se soulevant pour dire qu’elle venait de prendre la voie des airs. Dommage pour eux mais la majorité des insectes n’était pas capable d’envoler. C’était leur défaite. Ce n’était pas pour aujourd’hui qu’ils allaient pouvoir la tuer … Mais cela était inquiétant. Etaient-ils au courant ? Il y avait de fortes chances puisqu’elle avait été visée principalement.

« Si tel est le cas … Cela devient plus que problématique. Je vais devoir le prévenir. Dommage … C’était vraiment apaisant de pouvoir vivre ainsi. Qu’est-ce que … Ils sont déjà là ? Je n’ai même pas le temps de souffler. »

Elle s’était trompée … Ils étaient capables de la suivre dans la voie des airs. Visiblement, ils avaient de plus en plus de membres. Elle devait le prévenir avant qu’il ne soit trop tard.

Au loin, bien plus loin, à des kilomètres de là, dans le château, plusieurs personnes se levèrent en même temps dans leurs lits. Comme manipulées par un pouvoir inconnu, elles quittaient leurs chambres, laissant paraître différentes chevelures bien qu’elles ne représentaient qu’une unique race. Tous semblaient se diriger vers un unique endroit : Devant la porte d’une chambre. Sans même parler, certaines personnes, une partie semblant à peine adolescente, s’éloignèrent, marchant pieds nus en quittant les couloirs. Des Apitrinis … Il y avait un nombre plus qu’important d’Apitrinis … Plus d’une vingtaine. Des enfants, des adolescents et quelques adultes.
Dehors, sous le froid et la tempête, d’autres Apitrinis étaient présents, ne semblant guère être dérangés par le gel et le vent. Une fine pluie s’était même mise à tomber, leurs cheveux cachant une partie de leurs visages. Pourtant, malgré les chevelures, des yeux complètement rouges étaient visibles. Soudainement, plusieurs Apitrinis levèrent la tête en même temps, sautant dans les airs en même temps que des ailes apparaissaient dans leurs dos.

« Qu’est-ce que cela veut … »

« Faites gaffe ! Ce n’était pas prévu qu’il y ait des gardes ! »

« Mais ce sont des gamins ?! Des Apitrinis ? »

Plusieurs voix s’étaient levées en même temps que les Apitrinis percutaient une partie des ombres dans le ciel. Des corps tombèrent au sol, les Apitrinis venant les entourer, un vent violent se soulevant, des fissures se créant sur le sol à cause de celui-ci.

Elle se redressa subitement dans son lit. C’était quoi ces bruits ?! A cause de son redressement, elle avait mal au crâne. En plus d’être à moitié endormie, beaucoup trop fatiguée par ce qui s’était passé aujourd’hui. Hihi … Elle souriait quand même. Ca avait été une drôle de journée … Mais elle avait bien aimé. Par contre, qu’est-ce qui se passait ? Elle se leva, quittant son lit avant de mettre des socquettes ainsi que des petites pantoufles noires. Elle ouvrit la porte de sa chambre, poussant un cri de surprise.


C’était … C’était quoi ça ?! Elle se retenait de s’évanouir, ne pouvant que contempler l’horreur. Des corps, il y avait des corps d’Apitrinis sur le sol, des plaies béantes sur ces derniers. C’était … C’était horrible ! Elle posait une main sur sa bouche, s’empêchant de vomir alors qu’elle remarquait que ses pieds trempaient dans le sang. AH ! Elle sauta en arrière, entendant des bourdonnements stridents en même temps que des cris :

« La princesse est sortie ! TUEZ-LA ! Faites tout ce que vous pouvez pour la tuer ! Il ne faut pas qu’elle en sorte ! Ce sont les ordres ! »

« … … … … … »

Un craquement sonore résonna dans le couloir alors qu’elle pouvait apercevoir plusieurs enfants et adolescents en pyjama. Le craquement venait d’eux ? Mais c’était … des Apitrinis ? Ils tournèrent leurs visages vers elle, laissant paraître des yeux complètement rouges. Elle fit quelques pas en arrière, reculant avant qu’un bruit de verre cassé résonne derrière elle, la forçant à se retourner. Des êtres encapuchonnés étaient là, accroupis, des dagues à la main, d’autres possédant des griffes. Ils fonçaient déjà vers elle, n’ayant qu’un but en tête.

Elle était là … immobile … sur le sommet d’un immeuble de pierre. Elle observait le ciel et sa lune … C’était magnifique … Malgré les feuillages, elle pouvait apercevoir la magnificence de l’astre lunaire. Elle tendit sa main, des lignes de sang s’écoulant le long de ses doigts pour venir s’infiltrer à l’intérieur de sa robe blanche déchirée en de nombreuses parties.

« Dommage … Il est vraiment dommage … Pourquoi refuser une telle chose ? Une telle avancée ? Êtes-vous des anciens membres … de l’armée ? »

Elle s’était adressée dans un sourire aux nombreuses personnes en face d’elle. Un sourire qui contrastait avec l’état déplorable dans lequel elle était. Oui … Elle était sanguinolente, prête à tomber au moindre moment. Elle …

« Une partie de nos membres est bien dans cette idée. Enfin … Nous … On a pas participer exactement à la guerre, faut dire qu’on s’en foutait réellement. Mais ceux qui nous ont engagés sont contre vos idéaux … Reine Seiry. »

Elle gardait son sourire, passant une main sur le diadème rouge qu’elle portait habituellement sur ses cheveux blonds. Elle le tapota doucement, l’objet se fissurant avant de tomber en poussière. Pourtant, le rubis restait là, bien ancré dans son crâne.

« Bien au courant … Il semblerait que le secret des Apireines aie été divulguée. Je ne demanderai pas comment cela a été possible. Cela reviendrait à soupçonner mon mari or j’ai pleinement confiance en lui. A quoi pensez-vous que tout cela rime en me tuant ? Vous tenterez de mettre à mal les fondations même de notre royaume. »

« Ca … Ca nous importe peu. On est déjà pas dans votre foutu royaume à la base, juste parce qu’on a des petites « manies » qui dérangent le royaume. Alors … »

« Assez. Vous n’êtes pas là pour discuter mais la tuer. » reprit soudainement une voix qui coupa celle de l’une des personnes qui s’adressait à la femme. Peu à peu, un être ailé atterrissait sur le toit, entre la reine Seiry et les autres personnes. « Alors, mademoiselle la fleuriste Florensia … » reprit l’être aux ailes d’Aeromite tandis que des bourdonnements se firent entendre peu à peu autour d’eux. Il claqua des doigts pour signaler de vérifier ce qui se passait, disant à la femme aux cheveux blonds : « Nous n’avons rien de spécial contre vous … Mais vouloir faire la paix avec les Rapions et les Drascores est une mauvaise idée. Vous êtes un peu trop avant-gardiste … Et comparée à la précédente reine, votre mère, il s’avère que votre mode de pensée déplait à beaucoup plus de personnes que vous ne le croyez. Qu’avez-vous à dire ? »

« Je fais tout ce que j’estime être bon pour le bien du peuple et non le bien personnel. Vos privilèges étaient trop grands dès le départ. »

« Nos privilèges, nos privilèges … Vous avez … Il existe certaines règles dites « officieuses » dans le royaume. Comme celle que nul ne connait au sujet de l’Apireine qui joue un double jeu … Mais généralement, les Apireines restent dans les environs de leur château avec leur seconde « personnalité ». Vous …. Reine Seiry, vous avez décidé de prendre des risques et c’est cela qui va vous perdre. Je vous déconseille de garder ce sourire aux lèvres. Votre fille y passera bien assez tôt. Des assassins sont déjà envoyés chez elle. »

Pourtant, elle continuait d’avoir le sourire aux lèvres malgré son état. Elle n’avait pas peur pour sa fille ? Pauvre folle … L’homme sortit un petit flacon de sa tenue, celui-ci étant bouché. Elle murmura avec tranquillité :

« Ces règles … officieuses … Il semblerait que vous ne soyez pas au courant de ces dernières. Vous n’en connaissez qu’une partie … Bien qu’il soit trop tard pour moi … Ma fille est en sécurité … Qu’importe le nombre d’assassins que vous enverrez. »

Comment pouvait-elle en être aussi sûre ?! Ca ne servait à rien d’attendre plus longtemps ! Le flacon s’ouvrit, une fine poudre en sortant alors qu’elle gardait les yeux grands ouverts. Le royaume … était attaqué de l’intérieur. Qu’importe ce que l’on pouvait croire, c’était la triste vérité … Comment est-ce que des personnes ainsi intentionnées … pouvaient en intenter au royaume ? Tout cela … la rendait triste … Elle gardait son sourire aux lèvres, pensant à l’homme qu’elle avait décidé d’aimer, la fille qu’elle avait eut avec lui … et son royaume … Pour une Apireine … Son royaume était tout … Et elle se sentit trahie … C’était cela qui lui faisait mal … Elle ne pouvait s’empêcher de pleurer, chuchotant :

« Qu’importe ce que j’ai fait … Je l’ai toujours accompli en voulant rendre mon peuple heureux. Visiblement, en plus d’avoir été une mauvaise mère, trop absente pour Terria, il semblerait que j’ai été aussi une mauvaise reine, incapable de comprendre les désirs de mon peuple. Peut-être est-ce alors normal … que je m’éteigne maintenant. »

« Vous n’êtes pas à remettre en cause totalement … reine Seiry. Il est juste impossible de contenter tout le monde. Adieu … »

Il avait entendu des cris alors que l’immeuble s’était mis à trembler. Plusieurs des personnes qui l’accompagnaient revinrent vers lui en sautant sur le toit, blessées avant d’hurler de se dépêcher car ils avaient affaire à des monstres. Il jeta la poudre en direction de la reine, celle-ci restant parfaitement immobile. Ses yeux se fermèrent sur le spectacle d’un homme qui s’envolait alors que d’autres se faisaient sauvagement lapidés par plusieurs adultes issus des Apitrinis. Son corps s’écroula au sol, l’un des rares assassins encore vivants lui laissant une marque significative sur le front. Tout était terminé pour elle mais … Même couchée sur le sol, elle gardait le sourire. En tant que mère … Peut-être qu’elle n’avait pas tout échoué … Sa fille … Sa fille ne serait pas seule dans les futures épreuves qui allaient l’attendre. Qu’elle l’excuse pour le royaume qu’elle lui laissait. Qu’elle lui … pardonne … pour tout. Sa poitrine se souleva une dernière fois avant de ne plus bouger, la femme au rubis ancré dans le front ayant ses deux mains posée sur son ventre. La reine du royaume des insectes n’était plus.

Laisser un commentaire