Epilogue : Une ère sombre

ShiroiRyu
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Epilogue : Une ère sombre

« C’est un drame … C’est un drame ! C’EST UN DRAME ! UN DRAME ! PREVENEZ … »

« SEIRY ! SEIRY ! NON ! SEIRY ! »

« Roi Tanator ?! Qu’est-ce que vous faites ici ? La reine … Seiry ? »

Il était difficile de savoir qui parlait alors que tout un attroupement s’était fait autour du cadavre de la fleuriste. Pourtant, lorsque les soldats arrivèrent, accompagnés du roi, tous se poussèrent pour les laisser passer. Le roi était en pleurs, prenant la main de sa femme alors qu’il n’arrivait pas à le croire. Il se redressa, hurlant :

« POUSSEZ-VOUS ! POUSSEZ-VOUS ! Sinon, je vous enferme ! Je vous enferme tous ! Trouvez-moi les coupables ! Trouvez ceux qui ont fait ce crime ! Ils subiront la peine … »

« Ils l’ont déjà subi … Roi Tanator. » répondit l’un des soldats, sûrement plus gradé que les autres pour pouvoir s’adresser au roi.

Le roi tourna son visage vers les cadavres des assassins. Ils étaient recouverts d’entailles alors qu’il observait les alentours. Des Apitrinis étaient assis contre les murs, en larmes mais recouverts de sang. Leurs mains étaient devenues des semblants de griffes. Ils … Ils …

« Pardon … Pardon roi … Tanator … Nous … Nous ne savions pas … Nous ne savions pas qui elle était … Nous n’avons pas eut le temps… »

« Vous n’êtes pas en faute … les enfants. Non … J’ai accepté cette stupidité. Je n’aurai pas … »

Non … Ca ne servait à rien, ce n’était pas l’heure de penser ainsi. Ce n’était pas le moment ! On n’avait pas à trouver des coupables parmi eux ! Les cadavres … Les soldats se rapprochaient d’eux pour les étudier.

« Qu’est-ce que … Qu’est-ce que cette race fait ici ?! Comment est-ce que des Scorplanes ont-ils pu pénétrer dans le royaume ? PREVENEZ L’ARMEE ! »

ASSEZ ! ASSEZ ! ASSEZ ! Il souleva sa femme avec facilité, retenant de nouvelles larmes avant de passer une main sur son visage. Deux lentilles, l’une rouge et l’autre bleue glissèrent de ses yeux pour tomber sur sa robe blanche. Il devait … prévenir sa fille qui n’était pas encore au courant. Déjà cet événement … qui la concernait elle … mais maintenant sa mère. Cela allait être difficile, très difficile.

« Aidez les Apitrinis … Emmenez-les à nos soigneurs … Que tout le monde s’occupe d’eux. Ils ont réussi … à sauver la princesse. » murmura t-il avec un petit trémolo dans sa voix alors que les soldats hochaient la tête pour dire qu’ils avaient compris.


Ces Apitrinis … Les personnes les plus fidèles du royaume. Personne … ne pouvait prétendre le contraire. Si il y avait des personnes dont on pouvait être sûr que la mort de l’Apireine les affecterait tout autant que les proches de celle-ci, c’était bien eux. Il suffisait de les voir … de les regarder … Dès leur plus jeune âge, ils étaient au service de la royauté, toujours prêts à la servir. Et aujourd’hui … En dépit du sacrifice de bon nombre de leurs vies … Elle était morte.

Une cérémonie avait été faite pour son enterrement. Une cérémonie silencieuse … Et le jeune garçon avait eut du mal à rester de marbre. On lui avait expliqué, il n’était pas plus bête qu’un autre. Il avait appris que la fleuriste, celle qui lui offrait des fleurs chaque année était la reine Seiry. Il n’arrivait pas à le croire … Depuis toutes ces années, il n’avait jamais fait la comparaison, il n’était pas le seul dans ce cas précis.

Il avait détourné le regard en voyant les yeux rougis de la princesse. Holikan était à côté d’elle, la jeune fille se serrant dans ses bras en sanglotant plusieurs fois de suite. Elle était en pleurs et il la comprenait. Sa mère … Il avait remarqué à quel point elle tenait à la reine Seiry. Il le savait ! Il le savait parfaitement ! Et lui … ET LUI !

« ZUT ! ZUT ! ET ZUT ! ZUTTTTTTTTT ! »

« Qu’est-ce que tu fais, Earnos ?! Mais arrête ! Chéri ! » s’écria sa mère alors que le jeune garçon aux cheveux blonds frappait le sol avec insistance, s’ensanglantant ses deux poings. Son père vint l’arrêter. C’était ça sa promesse ?! C’était ça ?! Il n’était même pas capable de remarquer ce genre de détails ! Il était complètement stupide !

Pourquoi ? Pourquoi ? Trois jours s’étaient écoulés depuis la cérémonie. Il avait encore du mal à s’en remettre personnellement. Pourquoi ? Pourquoi ? Est-ce qu’il se trouvait devant le roi ? Il voyait la mine triste de la princesse, assise sur le trône où avait siégé sa mère, la reine Seiry, il y a de cela encore quelques semaines. Car oui … Ce n’était pas la véritable reine qui s’était trouvée là pendant qu’elle jouait son rôle de fleuriste. Toute sa famille était présente comme pour un certain événement. Ce n’était pas une distribution de fleurs …

« Walane … Si ce n’était pas à cause de cet événement … Je n’aurai jamais pensé te revoir … dans ces circonstances et ainsi … »

« Tanator, je sais à quel point ton rôle est important. Si tu m’as convoqué ainsi que le reste de ma famille, cela est pour une bonne raison. »

« Seiry … Avant de mourir … Du moins … Elle m’avait prévenue … Durant ces dernières années … Et plus récemment avec ce qui s’était passé lors du premier attentat … Elle me l’avait demandé … Mais avant, faudrait-il peut-être raconter tout à tes enfants ? »

Le roi s’était levé alors qu’un peu de surprise se fit voir dans les yeux de la princesse mais pas uniquement. Que cela soit le jeune Aspicot ou ses sœurs, tout le monde restait un peu étonné. De quoi ? Raconter quoi ? Leur père prit la parole après quelques secondes :

« Je ne serai pas très long … Je suis un ancien général qui était au service de la mère de la reine Seiry mais aussi un ami proche de cette dernière et du futur roi Tanator. Mais durant mon adolescence, j’ai rencontré Niny et il s’avère qu’après la guerre avec les Rapions et les Drascores, j’ai quitté mon rôle de général pour pouvoir être présent auprès de ma future famille. Je n’ai jamais regretté ce choix. »

« Papa … était un Dardargnan général ? » demanda le jeune garçon d’un air éberlué alors que le roi répondit aussitôt en s’adressant à lui :

« Bien entendu. Et pas l’un des moindres. Néanmoins, à part dans la hiérarchie militaire vieillissante, il n’est guère reconnu au statut qu’il mérite. C’est bien dommage mais je respecte son choix et sa décision car je suis convaincu qu’il a fait les bons. Est-ce que je peux continuer Walane ? »

« Bien entendu … Tu es le roi … dorénavant. »

Même si ce n’était pas l’heure, ni le moment pour sourire, le roi en fit un en direction du père d’Earnos. Il se tourna vers le jeune garçon, celui-ci attendant de voir ce qu’il allait dire.

« Les premiers mois furent difficiles pour ton père et ta mère. Il s’avère que quitter le train de vie d’un général, cela était compliqué. Mais ils pouvaient compter sur Seiry et moi-même pour les épauler. Bien entendu, ton père voulait se débrouiller seul car sa fierté de soldat est toujours présente en lui. Je suis sûr que s’il devait reprendre les armes, il n’aurait aucune réticence à le faire maintenant que vous êtes plutôt grands et âgés. »

« Pourquoi … est-ce que … la reine est devenue une fleuriste ? » demanda le jeune garçon une nouvelle fois alors le roi semblait songeur.

« Tout simplement car elle appréciait ta mère, jeune enfant. Je crois même que c’était là la raison qui l’a poussé à choisir de devenir une fleuriste … »

« La reine Seiry voulait aussi voir comment était les enfants que nous avions. » murmura soudainement sa mère. « Lorsque j’étais seule avec elle, nous parlions de la princesse et d’Earnos. En y réfléchissant, c’est même à partir de l’une de nos discussions qu’elle a décidé de présenter la princesse à Earnos. Elle voulait que … sa fille soit proche du peuple … mais aussi de notre famille. C’est pour cela aussi que nous étions invités assez souvent au château bien que nous n’avions pas à parler de notre relation avec la famille royale. »

« Je pense que je dois … passer à la raison de votre présence en ce lieu. Earnos … Ma femme m’a souvent annoncé qu’elle désirait que tu deviennes l’un des chevaliers personnels de ma fille. En l’honneur de sa mémoire, je me dois de respecter ses dernières volontés mais … Je ne peux pas te forcer. C’est à toi de choisir. »

Hein ?! Quoi ?! Il posa son regard sur le roi puis sur la princesse. Celle-ci semblait aussi surprise que lui par les dires de son père. Avant même qu’elle ne dise quelque chose, il décida de répondre à au roi Tanator :

« Mais … La princesse Terria … a déjà … le Yanma et … le Rapion pour la protéger. »

« Réfléchis-y. Je ne peux pas te forcer, jeune garçon. » reprit le roi alors que l’enfant ne savait plus où se mettre. La reine … Si elle devait mourir un jour … Si elle devait …

« Je … Je peux aller demander … de quoi boire ? »

« Bien entendu … Un soldat va te guider vers les cuisines. » répondit le roi Tanator en faisant un geste de la main.
Tous … sauf ses deux jeunes sœurs, comprenaient pourquoi il demandait une telle chose. Il avait besoin de réfléchir … à cette proposition. Tout le monde aurait accepté normalement … Tout le monde … Mais lui, c’était différent. Ca lui rappelait les journées où ses parents tentaient de l’emmener aux arènes. Il avait montré par là sa faiblesse.

Ah … Ah … Ah … Il était là … dans la cuisine royale … Plusieurs personnes le regardaient. Certaines étaient plutôt imposantes et il reconnut de nombreux Caratrocs mais il n’avait pas la tête à ça. Le verre d’eau déposé devant lui, il réfléchissait, il réfléchissait à tout. Il devait prendre une décision. Ses deux mains tremblaient alors qu’il se murmurait pour lui-même :

« Comment est-ce que je suis sensé faire ça ? Je ne pourrai plus voir papa et maman … Puis mes sœurs … Mais … Mais … »

Mais il ne pouvait pas refuser. Il ne le pouvait pas ! Il en était hors … de question … Et puis, un soldat, c’était mieux payé non ? Peut-être que si il rejoignait l’armée, il aurait alors plus d’argent à donner à ses parents. Ca permettrait … Ca permettrait ! OUI ! Ca permettrait à Jiane et Olly d’aller à l’école ! Il était encore temps pour ses deux sœurs ! C’était pour ça … C’était pour ça …

« Alors ? Visiblement, tu sembles avoir pris ta décision, Earnos. »

Il était retourné dans la salle du trône. Ses parents, sa famille, le roi et la princesse étaient toujours là. Ils l’avaient attendu ? C’était normal … Vraiment normal … Il posa son regard sur ses deux plus jeunes sœurs. C’était pour elles … Uniquement pour elles … mais aussi sa famille qu’il allait faire ça.

« Monsieur le roi Tanator … Je … Je … »

Il coupa sa phrase en plein milieu, ses yeux se posant sur la princesse. Non, il s’était trompé sur toute la ligne. Il n’y avait pas que sa famille dans cette histoire, il y avait aussi cette promesse … Tout ce qui tournait autour de celle-ci. Il fit un petit hochement de tête envers la jeune fille aux cheveux blonds, celle-ci paraissant étonnée de sa réaction. Par respect pour la reine Seiry, pour cette promesse et parce qu’il … II … ne voulait pas que Terria soit triste …

« Roi Tanator, je veux bien devenir un soldat de votre armée. »

« Un chevalier. Ce n’est pas le même statut, Earnos. » corrigea le roi avant de se lever de son trône.

A partir d’aujourd’hui, il n’était plus au service d’un Scarabrute … Non … Il allait servir son royaume … Même si il n’avait que dix ans … Même si il était faible … Il continuerait de veiller sur la princesse Terria, comme il l’avait promis à la reine Seiry il y a de cela cinq ans.

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