Chapitre 32 : Une autre forme

ShiroiRyu
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Chapitre 32 : Une autre forme

« C’est moi qui l’ai tué … C’est moi qui ait tué Terria. Je l’ai tuée … Je l’ai vraiment tuée … Je suis responsable de sa mort. Je suis le seul responsable de sa mort. »

Il était celui … Celui qui avait tué Terria. Car il avait décidé de fuguer avec elle. Car il avait décidé de l’emmener avec lui. Il était le seul … Le seul qui était responsable de tout ça. Il était le seul, vraiment le seul. Uniquement le seul responsable. Ah … Ah … Ah …


Il s’était retrouvé encore dans une ruelle, le corps de Terria collé contre le sien. Cela faisait bientôt une journée et elle était devenue rigide. Il avait les larmes aux yeux. Il devait trouver les Arakdos, il devait les trouver pour leur demander de la garder dans cet état ! Pour qu’elle reste belle et parfaite ! Il ne voulait rien d’autre ! Rien du tout pour le moment sauf … Sauf une chose … Une seule chose … Il voulait juste une chose …

« Earnos ? Que fais-tu donc ici ? » demanda une voix calme et féminine.

AH ! Il sursauta sur le coup, déposant Terria contre le mur avant que deux lances ne sortent de ses mains, fusionnant avec elles. Qui était là ? QUI ? Il n’avait surtout pas envie de perdre son temps avec d’autres personnes ! Il était vraiment prêt à tuer maintenant ! VRAIMENT !

« Je crois t’avoir posé une question. » murmura la même voix alors qu’il regardait autour de lui. Il n’y avait personne ! ALORS … ELLE ETAIT EN HAUTEUR ! Sans hésitation, il s’envola de la ruelle, prêt à en sortir par la voie des airs mais une main se posa sur son visage avant qu’il ne soit violemment projeté au sol. « Tu es un imbécile ou quoi ? Tu veux que les gens se demandent ce qui s’est passé ? Que tu te fasses repérer ? »

Cette voix ? Il ne l’avait plus entendu depuis des années. Même s’il ne pouvait pas voir son visage, il sentait quand même que la main de la personne posée sur l’arrière de son crâne était douce, très douce même. La voix reprit :

« Pendant toutes ces années, qu’est-ce que tu es devenu hum ? »

« D… Douély … Tu me fais mal … » marmonna le jeune homme aux cheveux blonds.

« Est-ce que tu t’es calmé ? Que je sache si je peux te libérer. »

« C’est bon … C’est bon … Mais pourquoi tu es maintenant là ? Tu aurais pu être là auparavant ! Tu aurais pu l’être ! Mais … mais … mais … Non. Je suis le seul responsable de ce qui s’est passé … Je suis le seul coupable. »

Elle ne répondit pas, arrêtant finalement de poser sa main sur le Dardargnan. Celui-ci peut se relever, passant sa main sur son visage pour essuyer la saleté. Ah … Pourquoi se préoccuper de ça ? Dorénavant, c’est ainsi qu’il allait vivre. Mais Douély … Elle était là ? Pourquoi est-ce qu’elle était là ? Ca faisait tellement longtemps … qu’il ne l’avait pas vue.
« Tu n’as pas changé … depuis toutes ces années. » murmura-t-il faiblement alors qu’elle émettait un petit sourire. C’est vrai, elle était exactement comme auparavant.

« Disons que chez les Munjas, l’emprise du temps n’a aucun effet. »

« D’accord … Mais je n’ai pas le temps de parler, Douély. Je … J’ai autre chose à faire. »

« Quoi donc ? » demanda-t-elle, posant ses yeux sur le cadavre de la princesse.

« Je dois … Je dois faire quelque chose pour Terria. Tu es au courant, tu vas me rapporter au roi toi aussi ? Tu crois que je l’ai tuée ? Dis … »

« Pas le moins du monde. Ce n’est pas du tout ton caractère donc je ne te vois pas vraiment comme un tueur de princesse. Surtout que bon … Pour tuer, il faudrait une bonne raison, n’est-ce pas ? Et d’après ce que j’ai pu voir et entendre depuis toutes ces années, je pense que ça serait plutôt le contraire, n’est-ce pas ? Ou je me trompe ? »

« Non … Je … C’est le roi ! C’est le roi qui a tué Terria ! Il voulait me tuer mais elle est venue se mettre entre nous deux et elle a pris le coup à la place ! Il n’a pas accepté que je l’aime ! Il ne l’a pas accepté et … »

Il se prit une claque, le stoppant net dans ses paroles alors qu’il allait déjà se perdre. Elle le regarda fixement de ses yeux bruns, reprenant d’une voix courroucée :

« Ça ne sert à rien de s’emporter. Elle n’est pas morte. Terria n’est pas morte. »

Hein ? Que quoi ? Que ? Qu’est-ce que la jeune femme venait de dire ? C’était tout simplement invraisemblable ! Pourquoi est-ce … Pourquoi est-ce qu’elle ne serait pas morte ? Il ne comprenait pas ! Il était perdu ! Complètement perdu !

« Sais-tu d’où proviennent les Munjas exactement ? »

« Je n’ai pas le temps de me poser la ques … Bon, d’accord, je préfère t’écouter. Ils proviennent d’où alors ? Car si tu ne vieillis pas … » murmura le jeune homme aux cheveux blonds, ayant remarqué le regard qu’elle lui avait lancé quand il avait failli s’emporter une nouvelle fois. Il valait mieux se taire.

« Les Munjas naissent des personnes mortes d’une façon horrible ou alors en ayant de grands regrets. Qu’importe l’âge qu’elles avaient … »

« Attends, tu ne veux quand même pas dire que … Terria … Elle … »

« Il y a de fortes chances qu’elle devienne une Munja. D’ailleurs, en tant que Munja, il faut qu’elle abandonne complètement son ancienne vie. Ainsi, si elle était la princesse du royaume, elle ne sera plus rien qu’autre qu’une simple Munja. »

« Mais elle sera vivante non ? Ce n’est pas le plus important ? » demanda Earnos avec inquiétude mais néanmoins un peu d’espoir.

« Earnos, qu’est-ce que tu penses du fait que tu sais qui tu es mais que tu ne peux pas l’annoncer aux autres ? Terria est la princesse de ce royaume mais qui la croira ? Et au cas où, si elle dévoile un jour sa véritable apparence, cela reviendrait à disparaître … C’est l’un des rares moyens pour un Munja de s’éteindre à jamais. Lorsque l’on désire annoncer la vérité aux autres … On meure alors quelques minutes après. »

Quelques minutes après ? Mais c’est horrible ! Il ne voulait pas que Terria devienne une Munja ! Il ne voulait pas du tout ! PAS DU TOUT ! Il en était hors de question ! Il n’allait pas laisser faire ça ! Il ne voulait vraiment pas !

« Je ne laisserai pas Terria devenir une Munja ! Je refuse ! »

« Penses-tu vraiment avoir le choix, Earnos ? Est-ce que tu es prêt à me confier son corps ? Ainsi, je la préparerai à ce qu’elle est devenue. Mais peut-être que tu préférais qu’elle ne devienne pas un Munja ? Peut-être que tu préfères la mort à la non-mort ? »

« Je veux qu’elle soit en vie ! Je veux que Terria soit en vie et que nous puissions nous aimer tous les deux ! C’est tout ce que je désire ! Je ne veux rien d’autre ! RIEN DU TOUT ! »

Mais ce n’était pas aussi simple qu’il le croyait. Il ne pouvait pas désirer cela. Il le savait parfaitement. Il voulait que Terria reste comme avant … Mais est-ce que cela serait possible ? Non … Sûrement que ce n’était pas le cas.

« Je veux qu’elle reste belle … comme maintenant. » murmura faiblement Earnos.

« Je peux te promettre que sa beauté ne flétrira pas si tu me la confies. Qu’en penses-tu, Earnos ? Il vaut mieux cela … Tant qu’elle ne dévoile pas son véritable prénom, elle sera toujours en vie, non ? Même si elle te verra vieillir et disparaître, elle restera toujours en vie. »

« C’est … C’est le plus important. Est-ce que les Munjas se rappellent de ce qu’ils ont été ? »
« C’est le cas même si … Depuis le temps, certains Munjas préfèrent oublier car ils sont là depuis des siècles et des siècles. D’autres préfèrent dévoiler leurs identités pour disparaître et enfin trouver le repos. » chuchota la Munja avec tendresse.

« Je … Fais-y attention, dis-moi où je pourrai la trouver, que j’aille la voir. » dit le Dardargnan, tendant le corps de la jeune femme aux cheveux blonds à la Munja. Celle-ci put la prendre avec facilité avant de dire d’une voix douce :

« Je te le dirai … Mais maintenant, je veux savoir ce que TOI, tu vas faire ? »

Ce qu’il allait faire ? Ce qu’il allait faire ? Il commença à trembler, serrant les poings puisque les lances avaient disparu. Ce qu’il comptait faire ? Ce qu’il comptait faire ? AH ! AH … Il n’y avait qu’une seule chose à faire ! QU’UNE SEULE !

« Je vais tuer le roi. Je vais lui faire payer pour ce qu’il a fait. Sa folie va s’arrêter. Il ne doit plus être sur le trône. Il est rongé de l’intérieur depuis la mort de la reine Seiry ! Si personne n’a osé le lui dire, je ne vais pas me priver pour le faire ! Mais non … Lui faire quitter le trône serait trop doux … Ca ne changerait rien … Rien du tout ! Les gens ne comprendraient pas ! »

« Fais comme tu le désires, Earnos. Je ne te forcerai pas à changer de voie. Tu es libre de tes choix. » souffla Douély avant de s’en aller, s’envolant dans les airs avec le corps de Terria. Quelques instants plus tard, elle murmura pour elle-même : « L’idiot.  Il ne comprend donc pas ce qui se passe avec lui ? Il est en train de se détruire à petit feu. Et maintenant qu’il m’a donné ce corps, je vais le mettre en sécurité et m’atteler à ma tâche. »

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