Chapitre 33 : Parmi les rebelles

ShiroiRyu
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Chapitre 33 : Parmi les rebelles

« Le château est trop bien gardé … Beaucoup trop bien. »

Les jours s’étaient écoulés et il n’avait pas oublié un seul instant Terria. Il ne savait pas où elle était, il ne savait pas du tout ce que Douély faisait avec mais il savait juste une chose : ce château était beaucoup trop gardé comparé à auparavant. Il ne pouvait même pas passer par le petit trou secret, celui où lui et Terria avaient pour habitude de s’y rendre. Non … Pourquoi ? Car cela reviendrai tout simplement à du suicide. Il serait suicidaire de chercher à tuer le roi dans son château.

« Pas alors que je suis seul … Il me faut d’autres personnes. Il m’en faut d’autres. Je ne peux pas y aller seul. Je ne peux … Pas du tout ! Ce n’est pas possible ! »

Il quitta sa cachette, s’éloignant du château alors que la garde était de plus en plus forte et nombreuse. Ça ne servait à rien … Rien du tout même. Il était complètement perdu et déboussolé. Il n’avait plus d’amis, plus du tout. Il ne lui restait qu’à s’en faire d’autres alors.

Des « amis » bien spéciaux … Des amis qui n’avaient pas peur de ce qui se passait, qui voulaient mettre à mal la royauté. Il n’y avait alors pas cinquante mille solutions. Il n’y avait alors pas cinquante mille solutions. Il suffisait juste de se faire un nom. Un unique nom qui consisterait à se faire connaître … de la part des rebelles.
Dans les sous-sols du royaume des insectes, là où vivaient une bonne partie des Ningales, il se déplaça à visage découvert, tous le regardant avec étonnement. Il fallait dire que depuis quelques jours, il s’était négligé et une petite barbe et moustache commençaient déjà à pousser sur son visage. Ah … A son âge, avoir une telle chose ? Et pourtant, c’était bel et bien le cas.
Il s’y faisait … C’était ainsi la vie. Pourtant, il était encore facilement reconnaissable. Et cela était nécessaire puisqu’un Ningale s’approcha de lui, le jugeant pendant quelques secondes. Il s’était immobilisé, attendant de voir ce que l’homme allait faire. Celui-ci posa finalement la question qui le taraudait depuis quelques instants :

« Tu … es … Earnos ? Le Dardargnan qui a tué la princesse Terria ? »

« Je ne l’ai pas tuée. Tu te trompes lourdement. » déclara aussitôt le Dardargnan.

« Ouais, ouais, bien entendu. C’est l’autre « rumeur » alors. Celle qui reviendrait à dire que tu t’es enfui avec la princesse alors. C’est quoi ce que tu nous veux ? Tu serais pas un peu fou par hasard ? Tu cherches un refuge ici ? »

« Arrête de raconter n’importe quoi et d’essayer de te donner de l’importance. Tu ne connais rien de la vérité et tu tentes de faire tes grands airs de monsieur je-sais-tout. »

Le Ningale tiqua sur la remarque du jeune homme, marmonnant après quelques instants :

« Qu’est-ce que tu veux alors ? Si tu n’es pas là pour un refuge, tu es ici pour une autre raison. Dis-là au lieu de tourner autour du pot. Car on n’a pas que ça à faire … et s’il faut, je pense pas que tu puisses te battre contre plusieurs d’entre nous. »

« Maintenant la violence au lieu de discuter ? Je tenais simplement à vous dire que si vous êtes toujours prêt à vouloir tuer le roi … Cela peut s’arranger. »

Cela peut s’arranger ? Les paroles d’Earnos semblaient avoir fait mouche puisque le Ningale perdit aussitôt sa contenance, ne s’attendant pas à une telle déclaration. Pourtant, quelques secondes plus tard, il reprit sur un ton amusé :

« Ah ouais ? Le preux chevalier qui était toujours au service de sa princesse a décidé de se rebeller et de vouloir la tête du roi ? Pour qui est-ce que tu te prends ? Tu crois vrai … »

La pointe d’une lance se logea à quelques centimètres du cou du Ningale avant de s’approcher légèrement. Elle entailla un peu le cou du Ningale avant qu’Earnos ne murmure sur un ton enragé :

« Ne t’avise plus jamais de parler de ma princesse de la sorte, c’est compris ? Sinon, je te tue directement, qu’importe si je dois crever ensuite. »

« Tu n’auras même pas le temps de bouger que tu seras mort. Tu veux faire le con ? » dit le Ningale, essayant de jouer sur le fait qu’Earnos était entouré. Pourtant, le Dardargnan ne bougea pas d’un pli.

« Tu veux que l’on essaye pour voir ? Je vais te dire ce qui se passe réellement. Je ne veux pas tuer le roi car il a décidé de mettre ma tête à prix. J’en ai vraiment rien à faire de ça ! J’étais prêt pour cette conséquence quand Terria et moi, nous nous sommes enfuis ! »

La lance avait disparu alors que le Dardargnan prenait maintenant le Ningale par le col, avançant avec lui tout en reprenant la parole :

« Mais ce que je ne supporte pas … CE QUE JE NE PEUX PAS SUPPORTER, C’EST QU’IL AIT TUER LA FEMME QUE J’AIME ! »

Sans prévenir, il projeta le Ningale en arrière, celui-ci roulant au sol sur quelques centimètres, nageant en pleine confusion. Aussitôt, d’autres Ningales vinrent entourer Earnos, le Dardargnan présentant ses lances. Le Ningale au sol chercha à se relever, bredouillant :

« Attends un petit peu … Qu’est-ce que tu racontes là ? Tu veux dire que … »

« C’EST POURTANT CLAIR, ABRUTI ! Le roi a tué sa propre fille ! Il a tué la princesse Terria parce qu’elle ne voulait pas revenir avec lui ! Elle voulait vivre avec moi ! »

« Wow. J’ai besoin que ça soit vraiment plus clair. Le roi a vraiment … »

« Mais qu’est-ce qui cloche avec toi ? T’es lent ou quoi ? Purée … Ah … Ah … Le roi … Le roi … C’était un accident ! Le roi voulait me tuer mais elle a préféré me défendre. AH … AH … Bordel, ça ne sert à rien ! Ce n’est pas avec des types comme vous que je pourrai le tuer ! Ça ne sert à rien ! Je peux connaître le château, ce n’est pas avec des abrutis incapables de discernement que je vais pouvoir l’attaquer ! DEGAGEZ ! »

Il avait hurlé les dernières paroles avant de s’éloigner. Repoussant les Ningales devant lui, il quitta la zone avec rage, semblant incontrôlable. Il en avait assez … ASSEZ ! Ce n’était pas avec eux ! Ce n’était pas avec eux !

Il vagabondait maintenant de quartier en quartier, s’envolant dès que les ennuis arrivaient. Son expérience sur le terrain lui était amplement suffisante, lui permettant d’échapper à quiconque tentait de l’arrêter. Pour le moment, il n’avait rencontré personne et c’était une bonne chose. Il était … Il était seul … Mais il fallait des personnes pour mener l’assaut.

« Je te vengerai, Terria … Je te vengerai pour ce qu’il a fait. »

Et même si … Même si elle devait revenir à la vie grâce à la Munja, il ne pouvait pas … Il ne pouvait pas accepter de se voir vieillir alors qu’elle resterait jeune toute sa vie ! Ah … Terria, ce n’était pas le fait qu’elle soit une Munja. Ça serait toujours la même fille … La même femme qu’il aimait, juste une race d’insecte différente.

Hahaha … Il avait envie de pleurer, il avait envie de pleurer de rage, de frapper n’importe qui, de détruire tout ce qui se trouvait en face de lui mais ça ne la ramènerait pas. Ca ne la ramènerait pas ! Il allait contacter d’autres rebelles, encore des rebelles. Les Scorvols et Scorplanes belliqueux, ceux qui n’avaient pas voulu rejoindre le royaume. Oui … Il y en avait. Il y en avait tant. IL Y AVAIT TANT DE PERSONNES QUI VOULAIENT LA MORT DU ROI ! Il suffisait juste de tendre la main. Il allait mener une armée contre le roi ! Il allait lui en faire baver ! Il allait tous les rayer ! Il allait éliminer ce roi ! Par tous les moyens nécessaires et possibles ! Sa mort … allait être lente et douloureuse, tout le contraire de ce que Terria avait subi. Ah … Ah … Ah … Les rebelles.

Dans un endroit éclairé par une faible lueur, le corps de l’Apireine était déposé sur une table en bois. A ses côtés, debout, la Munja regardait le trou dans le ventre sans être dégoûtée ou autre. Non … Elle plongea même sa main dans le ventre, sans que pour autant du sang s’en échappe. C’était même tout le contraire. Sa main semblait immatérielle. Elle en extirpa une sphère blanche, la pressant entre ses mains avant de la jeter devant elle.
Peu à peu, la sphère s’allongea tout en se modifiant complètement, prenant la forme d’une jeune femme aux longs cheveux blonds, robes rayée de noire et de jaune. Des yeux rouges qui fixaient avec surprise la Munja.

« Qu’est-ce que … cela veut dire ? Où suis-je ? Tu es … Douély ? »

« Oh … Je vais mettre les choses directement au point : tu es morte. »

« Morte ? Mais comment … Non … Je … C’est normal. J’ai voulu sauver Earnos et je suis morte … par mon propre père. De la main de mon propre père. »

« Oh … Et ce n’est que le début de tes problèmes. Sais-tu ce dont sont capables les Munjas ? Je ne suis pas sûre que tout le monde le sache. Je ne vais pas tergiverser très longtemps à ce sujet. Il paraîtrait qu’ils sont capables de dévorer les âmes. Devines ce que tu es à l’état actuel. » annonça la Munja tout en émettant un grand sourire.

De … De quoi ? Douély n’essayerait quand même pas ça non ? Pourtant, si elle se retrouvait seule avec elle, ça voulait tout dire sur la situation actuelle.

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