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Chapitre 34 : Le peuple du désert
« Qu’est-ce que vous faites ici ? Je ne crois pas vous connaître … » murmura Earnos. Oh … Il l’avait déjà vu cet homme … mais après ça … Et bien rien d’autre.
« Et bien, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de me présenter. Néanmoins, je pense qu’être à côté de cette personne te prouvera que je ne suis pas un être qui te veut du mal. »
L’homme aux cheveux verts fit un petit sourire alors que derrière lui se présentait un garçon qu’il reconnut facilement. S’agissant de Férast, le Pomdepik restait imperturbable comme à son habitude. Pourtant, ce fut lui qui prit la parole avec calme :
« Earnos, je devais vous accompagner à chaque instant. Mais à cause des dernières actions du roi, vous avez quitté l’armée sans même m’en laisser la possibilité. »
« Férast, je t’ai déjà demandé d’arrêter de ne penser qu’à moi. Essaie d’avoir une personnalité propre … où tu ne penses qu’à toi et pas aux autres. »
Pour toute réponse, le Pomdepik haussa simplement les épaules, comme si les paroles d’Earnos ne l’affectaient pas le moins du monde. Pfff … Ca ne servait à rien de parler avec lui. Par contre, que cet homme très proche du roi soit présent, ça voulait dire autre chose. Car bon, ce n’était sûrement pas pour présenter uniquement le Pomdepik à lui hum ? Il n’était quand même pas crédule à ce point. Il lui demanda :
« Qui êtes-vous réellement ? Si vous servez le roi, vous ne devriez pas vous trouver près du quartier des Munjas. Je ne crois pas que ça soit la meilleure chose à faire. »
« Je suis libre de mes actes et de mes choix. Le roi a toute autorité sur son peuple mais est-ce que tout son peuple acquiert à son autorité ? »
Après une telle phrase, il s’était mis en position de défense. Là, il n’appréciait pas le moins du monde ce qu’il venait d’entendre. Cet homme … Qu’est-ce qu’il était réellement ? Il n’allait pas se laisser faire. Avec son entraînement, son corps était fait pour tenir le coup. Pendant ce temps, Férast allait pouvoir prévenir les autres et …
« Tu n’as nul besoin de te mettre en situation de combat. Je ne suis pas belliqueux. Je veux simplement dire par là que le roi n’a pas besoin de connaître tous mes faits et gestes, n’est-ce pas ? Tu n’es pas d’accord à ce sujet ? »
« … … … Vous parlez de la princesse Terria. Vous savez parfaitement où tout cela m’a mené … Et je ne le regretterai pas. Mais vous ne m’avez toujours pas dit ce que vous voulez. » rétorqua le garçon aux cheveux blonds.
« Je crois que tu as eu une conversation des plus intéressantes avec les Munjas ou je me trompe, hum ? » murmura calmement l’homme aux yeux rubis. « C’est pourquoi je suis là … J’ai envie de tester ta volonté. Cela pourrait être physiquement mais la différence est telle que ça serait parfaitement inutile. C’est pourquoi je vais tout simplement te demander jusqu’où serais-tu capable d’aller pour ton royaume et pour ta princesse ? »
« … … … Je comptais aller dans le désert. » chuchota faiblement Earnos.
« C’est bien ce que je pensais … Je me doutais de cette réponse. »
Ah oui ? Il aurait bien voulu ironiser sur la chose mais il préféra rester muet. Et maintenant qu’il était sûr de ça, qu’est-ce qu’il comptait dire ou faire ? Il attendait de voir ce que l’homme allait annoncer puisque visiblement, c’était la raison de sa présence ici.
« Par où devrai-je commencer ? Je ne sais guère … Peut-être par t’expliquer un peu ce que je compte faire de toi ? Mais avant, je devrais peut-être te poser une autre question ? »
« … … … Posez là s’il vous plaît au lieu de tourner autour du pot. Je pense que ça serait beaucoup mieux pour tout le monde. »
« Hahaha … Voilà pourquoi il faut se méfier de certaines personnes. On ne dirait pas aux premiers abords, mais elles sont plus impétueuses qu’on ne le croit. Je vais te poser donc une question : que sais-tu de l’histoire de notre royaume ? De la raison qui a poussé les Rapions et les Drascores à s’opposer à la monarchie depuis tellement de siècles ? » demanda l’homme.
« Je n’en sais rien … alors arrêtez de tourner autour du pot. Je ne sais rien du monde qui m’entoure si c’est ça que vous voulez connaître. Maintenant que c’est fait, pouvez-vous me dire de quelle race vous faites partie ? Car je ne le sais pas … Vous n’avez pas l’air d’être un Yanma bien que vous ressemblez à cette race … »
« C’est le cas … Je ne suis pas un Yanma, je suis d’une race inconnue à ton existence et à celle d’une majorité des insectes du royaume. Néanmoins, cela ne veut pas dire que je ne suis pas un insecte. Contrairement aux apparences, je suis autant un insecte que vous. Mais nous ne sommes pas là pour parler de moi, n’est-ce pas ? Je vais donc te donner les bases qui te permettront alors de te poser les bonnes questions. »
Les bonnes questions ? Les bases ? De quoi est-ce qu’il parlait ? Comme il n’y avait encore que quelques minutes, ils discutaient des Rapions et des Drascores, il y avait des chances que cela soit en rapport avec eux … ou le passé du royaume ?
« Et bien … Je pourrais aussi te parler des Munjas … De ce qu’ils sont … ou ce qu’ils étaient auparavant. Mais je pense que cela attendra. Le plus important pour toi est de te rendre dans le désert … mais nullement à l’endroit où se trouvent les Rapions et les Drascores. Je ne vais pas tergiverser plus longtemps à ce sujet : la raison que les Rapions et les Drascores affrontaient le royaume se trouve au sein même de la royauté. Ils sont liés à cette dernière depuis la création du royaume des insectes. A cause d’un malheureux incident … qui a permis la création de ce royaume, il a fallu que les Rapions et les Drascores soient exilés. A cause de la haine de cette race, les insectes ont pu se réunir et former le monde dans lequel tu vis aujourd’hui. Néanmoins, chaque race d’insecte n’est pas fondamentalement mauvaise en soi … Sache ceci, Earnos, chaque insecte a sa place dans le royaume. Si tu n’envisages pas un royaume où tout le monde peut vivre, ton royaume est voué au déclin. Malgré les siècles qui se sont passés, la haine des Rapions et des Drascores a perduré. Ce fut la reine Seiry qui a tendu en première la main vers ce peuple. C’est elle qui a permis d’œuvrer pour une paix fragile et qui est éphémère … s’il s’avère que le roi continu sur cette voie. Mais toi-même, tu sais parfaitement que les Rapions ne sont pas mauvais. Le seul qui soit présent auprès de la royauté est un ami que tu estimes fortement, n’est-ce pas ? » termina de dire l’homme aux cheveux verts après sa longue tirade.
Il hocha la tête. Il ne se mentait pas … Olistar était un ami fidèle et sincère. Et prétendre le contraire juste pour obtenir les faveurs de la noblesse et de la royauté, ce n’était pas du tout son style, loin de là même. En réponse à son hochement de tête, l’homme fit un petit sourire avant de reprendre la parole :
« Méfies-toi des apparences à son sujet … mais aussi de son rôle. Contrairement à ce qu’il croit être, ce Rapion est bien plus présent dans les rouages de la royauté que tu ne le crois. Et toi-même, tu es ancré dans ce mécanisme. Il en est de même pour ton ami Pomdepik bien que son rôle soit moins important. Si tu veux pouvoir protéger le royaume, je te conseille de te rendre dans le désert au nord-est du royaume. »
« Mais attendez un peu … Il n’y a rien du tout au nord-est ! Il n’y a aucune civilisation ! »
« Que viens-je de te dire ? De te méfier des apparences … Si tu es jugé à ta juste valeur alors, tu découvriras la vérité … mais pas seulement … Ta personnalité aidera beaucoup à la construction future de ce royaume. »
La construction future de ce royaume ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Et surtout … Être jugé à sa juste valeur ? Il voulut connaître la réponse mais l’homme à la chevelure verte fit apparaître des ailes dans son dos avant de s’envoler.
« Dorénavant, tu es libre de ton destin. Mais ne t’inquiètes pas à ce sujet, je suis sûr de tes compétences. Tu seras capable de les rencontrer. Fais attention à toi … car le désert n’est pas seulement ton ennemi … mais un allié précieux. »
Mais mais mais … Qu’est-ce que ça voulait dire ? HEY ! Qu’il ne s’enfuit pas pendant qu’il avait encore des questions ! Pourtant, l’homme disparu sans laisser plus de traces, laissant seuls Earnos et Férast. Le Pomdepik se rapprocha de lui, disant :
« Qu’allez-vous donc faire, Earnos maintenant ? »
« Je ne sais pas … Mais tu devrais retourner chez toi … Je compte voir ce que je vais faire … peut-être me rendre dans le désert … Mais un tel voyage se doit d’être préparé. »
« Comme vous le désirez, je tiens à signaler que je vous accompagnerai. »
« Tout simplement car tu n’es pas capable de réfléchir pour toi-même et que tu es obligé de me suivre, c’est ça ? » dit avec un peu d’ironie Earnos.
« C’est exact. » répondit calmement Pomdepik, confirmant par là son rôle d’objet qu’il continuait d’ancrer dans sa personnalité.
« Fais comme tu veux, je ne suis pas sûr de partir de toute façon. » termina de dire Earnos, faisant un geste de la main pour signaler qu’il n’en avait rien à faire. Il était un peu las d’essayer de lui faire perdre cette habitude.
Le désert … C’était un endroit dangereux … très dangereux même … Mais c’était aussi l’endroit où il devait se rendre. Peut-être pour devenir plus fort ? Pour obtenir des réponses ? Mais lorsqu’il les obtiendrait, qu’est-ce qu’il allait faire ? Pour l’heure, il ne savait pas.