Chapitre 34 : Se sentir bien

ShiroiRyu
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Chapitre 34 : Se sentir bien

La nuit s’était mieux passé qu’elle ne l’aurai cru. Il s’était levé tranquillement, faisant attention à son masque toujours posé sur son visage même quand il dormait. Question de sécurité puisqu’il n’était pas seul. Il faisait confiance à la mère de Tery mais quand même. Pendant le reste de la journée, il ne fit rien, rien du tout même. Il n’avait même pas cherché à se promener dans le village. Il ne savait pas pourquoi mais il ne s’était pas senti motivé à faire une telle chose. C’est pourquoi il était resté avec Léa toute la journée. Du moins, avec … Juste dans la maisonnette. Il avait passé la majorité de son temps dans la chambre de Tery, pensant à celui et essayant de deviner un peu comment s’était déroulée son enfance. Finalement, la voix de Léa lui demanda de quitter la chambre pour venir la rejoindre. Celle-ci l’attendait dans la cuisine, un sourire tendre aux lèvres. Il s’installa sur une chaise, ne disant rien du tout jusqu’à ce que la mère de Tery ne prenne la parole :

« Vous semblez songeur… J’espère que ce n’est pas de ma faute… »
Il hocha la tête d’un air négatif avant de poser un coude sur la table, lui signalant qu’il mangerait dès que ce serait prêt. Il retourna dans ses pensées, se demandant ce qu’il comptait faire. Il ne devait pas rester ici, c’était beaucoup trop dangereux. Peut-être quelques jours encore, peut-être quelques heures… Mais après ? Il ne valait mieux pas se poser trop de questions et attendre trop longtemps. Il prit une profonde respiration, sursautant légèrement alors que Léa posait une posait une assiette devant lui :
« Voilà, c’est prêt… Messire… Vous ne voulez vraiment pas me donner votre nom ? Ça serait bien plus simple… pour s’exprimer. »
« A force, je me demande si ça ne serait pas une meilleure solution. Je… Je m’appelle… Ah… Je ne peux pas vous le dire. Votre fils ne le sait même pas et je n’ai pas envie qu’il le sache. Donc je ne sais pas si… »
« Vous n’avez pas à vous en faire. Je resterais muette. Il y a tellement de secrets dans ce monde. Moi-même, j’en porte un alors vous voyez … »
Elle ? La mère de Tery avait un secret ? Il la regarda d’un air dubitatif, se demandant s’il devait la croire ou non. Enfin si. Ce n’était pas impossible mais ce secret valait-il la peine d’être gardé ? Il y avait peu de chance mais bon… Contrairement à son secret personnel, il y avait tout un fossé… ou peut-être que non ? Etait-ce plutôt son secret qui était risible ?
« Je m’appelle… Neel… » murmura-t-il faiblement.
Hein ?! Ses mots avaient dépassé sa pensée alors qu’il tremblait subitement. C’était… C’était la première fois qu’il disait son nom à une personne autre que madame Liza et l’Oracle. C’était… affreux ! Comment avait-il pu faire une telle chose ?! NON ! Il la regarda avec effarement, la femme aux yeux verts semblant surprise de sa réaction. Avec délicatesse, elle posa sa main sur la sienne gantée de rouge, lui disant doucement :
« Je ne dirais rien sur ce nom, je vous le promets… Neel. »
« Sincèrement. Ne le dites à personne. Je… Je ne veux vraiment pas vous tuer. Comprenez-moi… Je déteste tuer des personnes… que j’apprécie. »
« Je ne comprends pas mais je peux accepter cette décision. Je vous le jure, je resterais muette. J’ai déjà mon propre secret mis sous sceau. » reprit la femme aux cheveux noirs.

« Ne le répétez à personne… Je ne devais pas le donner mais ma langue a fourché. Je pensais être plus capable que cela et je vois que je me suis trompé. Je ne suis… »
« Personne n’est parfait. Tout le monde est faillible. Vous autant qu’un autre. »
Oui mais… Mais… Il ne devait pas être perfectible… Ce n’était pas comme ça que l’Oracle l’avait élevé ! Il devait être parfait ! Ne jamais parler de lui, de ce qu’il était, garder sa mission secrète. Garder sa mission secrète. Non ! Ça, c’était une bêtise. Car sinon, il aurait échoué depuis le départ, dès le moment où il s’était adressé à Tery ! Encore que maintenant, c’était déjà trop tard. Peut-être qu’ils devaient manger ? A force de discuter, ils en oubliaient les raisons qui les avaient fait venir dans la cuisine.
Léa commença à préparer le repas tandis qu’il restait plongé dans son mutisme, n’ouvrant plus la bouche pour s’adresser à elle. Qu’est-ce qui… Qu’est-ce qui lui avait pris de parler de tout ça avec elle ? Il n’arrivait pas à comprendre pourquoi il lui avait donné son nom ! Il ne l’avait jamais fait auparavant ! Même pas à Tery ! Pourtant, il aurait bien voulu… Il aurait même voulu lui dire plus… mais à cause de ses bêtises, il n’avait rien pu faire. Est-ce qu’il se sentait plus en confiance avec elle ? Peut-être…

Pendant qu’il était plongé dans ses réflexions, Léa était en train de préparer la table. Les assiettes, les couverts, tout fut déposé les uns après les autres. Finalement, Neel vint réagir en se redressant de sa chaise, bredouillant quelques excuses :

« Pardonnez-moi ! J’aurai dû vous aider au lieu de rester assis à ne rien faire ! »

« Ce n’est pas bien grave. Restez donc plongé dans vos réflexions. Le repas ne sera prêt que dans quelques minutes. » répondit avec douceur la femme aux cheveux noirs.

Et pendant ce temps, il n’allait rien faire ? Il en était hors de question ! Mais comment est-ce qu’il pouvait aider la mère de Tery ? Car elle n’allait pas vouloir de changer d’avis par rapport aux couverts sur la table. Hmm …. C’était quand même gênant, très gênant même. Un coude posé sur la table, l’être au masque blanc observa la femme qui s’affairait à préparer de quoi se sustenter pour la journée. Le temps s’écoula sans que l’un ou l’autre n’ouvre la bouche, jusqu’à ce qu’elle prenne une assiette. Finalement, elle vint dire :

« Bon appétit, messire Neel. Au moins, dorénavant, vous aurez un prénom… »
« Si vous pouviez… essayer de l’utiliser le moins possible… Je vous en remercierais. »
Elle hocha la tête pour lui dire qu’elle avait bien compris, commençant à lui servir son repas tandis qu’il se mettait à manger de la même façon qu’il buvait, c’est-à-dire à travers son masque. De cette façon, il était peut-être ridicule mais au moins, personne n’arrivait à voir ce qu’il y avait dessous. Ils mangèrent tranquillement, chacun allant se coucher dans sa chambre tandis qu’il plongeait dans ses songes… Tery allait-il venir dans son village ?
Peut-être… que oui… Peut-être que non… Tery était quand même la première personne extérieure à l’orphelinat avec qui il s’était lié, c’était quelque chose de vraiment important à ses yeux. Cela comptait énormément et il ne pouvait le nier… C’était pour ça qu’il regrettait amèrement tous les gestes commis dans la grotte de Litan Deseria. Demain serait un autre tour de toute façon. Il resta plongé dans ses pensées, son masque se retirant très légèrement, laissant voir une mèche de cheveux blonds se positionner devant son œil droit. Fatigué. Tellement fatigué. Il devait se préparer à partir de toute façon.
Lorsque le lendemain arriva, il remarqua tout de suite que quelque chose avait changé… Mais quoi ?! Il se redressa complètement, voyant son masque blanc qui tombait de son visage. NON ! Il n’était pas attaché ? Et cette couverture ? Comment cela se faisait-il qu’elle soit aussi bien placée sur lui à son réveil ? Ah… Qu’il arrête de penser comme ça… Sinon, il allait sombrer dans la paranoïa, ce n’était pas la meilleure des idées.

« C’était juste une petite erreur… Rien de bien grave… Ce n’est pas comme si… »
Et si c’était le cas ? Et si… Léa avait vu son visage ? NON ! Si c’était le cas, la décision était irrémédiable. La mort. C’est ce qui l’attendrait ! Mais ce n’était pas possible ! Il n’allait quand même pas lui poser de questions à ce sujet. Peut-être qu’en observant la réaction de Léa pendant les prochaines heures, il allait tout de suite savoir si quelque chose avait changé ou non ! Il repositionna correctement son masque devant lui avant de se diriger vers la cuisine. Lorsqu’il arriva, la mère de Tery le salua et il fit de même.
Rien. Rien de bien différent. Elle semblait être la même qu’auparavant. Peut-être qu’il se faisait des illusions. Oui. Ça devait être ça. Ça devait être comme ça. Il n’y avait pas d’autres solutions toute façon. Il poussa un léger soupir, Léa lui demandant s’il y avait un problème. Il lui répondit que non, que tout allait bien et qu’il allait passer la journée à faire ses explorations bien que cela servait à rien. Elle s’écria :

« Ne dites pas cela ! Vous n’allez pas abandonner maintenant ! Je vous l’ai pourtant répété ! Si vous avez quelque chose à accomplir et que cette chose est importante, vous devez TOUT faire pour y arriver ! Est-ce bien compris ? »
« Et si… cela mènera à la perte d’une personne que l’on apprécie ? Est-ce que je devrais quand même continuer ? Est-ce que vous pensez que cela en vaut la peine ? »
« Là… Je… Je pense qu’il faut peser le pour et le contre. Mais surtout laisser de côté tout ce qui concerne les personnes autour de nous. J’ai dû prendre des décisions très graves dans le passé, quitte à tout abandonner. Mais tout ce qui m’importait était MON bonheur et celui de l’homme que j’aimais. C’est pourquoi j’ai pris la décision qui me pensait être la meilleure. »
« Je me demande si j’ai fait le bon choix à ce moment. Des fois, j’aimerais vraiment revenir en arrière. Je pars tout de suite, je ne mangerais pas. » annonça l’être masqué.
HEY ! Mais… Mais… Il devait se nourrir correctement ! Elle alla le retenir par le bras, des veines brunes apparaissant sur sa main droite, la forçant à s’asseoir alors que Neel paraissait surpris par une telle puissance. En fait, c’était même la première fois qu’il la voyait ainsi. Pourquoi une telle femme se trouvait dans un village de ce genre ? Il retira légèrement son bras, se le massant avant de baisser la tête.
Forte. Cette femme savait parfaitement utiliser sa magie. Ce n’était pas quelque chose que l’on utilisait occasionnellement. Cette femme était vraiment inquiétante. Il y avait de quoi l’être. Méfiance. Il devait réellement se méfier d’elle aussi. Cette personne était loin d’être normale. Le reste de la journée se déroula sans lui, il était parti pour tracer peu à peu une carte des environs. Puisqu’il ne pouvait pas avoir d’informations sur l’endroit où se trouvait précisément cette créature, pourquoi ne pas se créer une carte en notant quelques mots dessus… Peut-être qu’à partir de là, il pourrait tracer un parcours régulier l’emmenant jusqu’à cette créature ou alors dans l’endroit qu’elle préférait…


Enfin bon, ça ne changeait rien du tout à tout ce qui allait se passer. Il était encore très loin d’avoir de bons résultats. En fait, son gros problème était plutôt le fait qu’il avait l’impression de ne pas avancer car il restait là, à discuter avec Léa de tout et de rien. Parfois, ils sortaient tous les deux de la maisonnette mais en même temps, il n’avançait pas dans ses recherches. Il prenait beaucoup trop de temps … et il le savait parfaitement. Il devrait avoir honte de ce qu’il était en train de faire … ou plutôt de ne rien faire. Le temps allait s’écouler inexorablement tandis qu’il allait échouer dans sa mission.

« Co… Comment ça ? » bredouilla l’être masqué de blanc.
« Si ! Si ! C’est la vérité ! Regardez cette lettre, messire Neel. » annonça Léa.
Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis la petite scène où elle lui avait pris le bras avec force. Mais combien de temps était-il resté ici ? Cela faisait déjà plusieurs semaines non ? A force de ne pas partir en expédition, il n’avait jamais remarqué qu’il s’était habitué… à vivre ici. Mais bon… Toute chose avait une fin n’est-ce pas ? Heureuse ou non, ça ne changeait rien.

Léa lui tendait la lettre avec un grand sourire. Il récupéra le papier, le parcourant brièvement du regard. C’était bien l’écriture de Tery. Du moins, d’après ce qu’il se rappelait. Cela faisait tellement … longtemps … Oui. Tellement de temps. Il la lut à haute voix :
« Elle est vraiment là ?! Je n’arrive pas à y croire ! Peut-être que c’est le Destin Maman ! Tu veux savoir quelque chose ? Je suis dans la troupe qui se dirige vers le village de Leskar. Je me demande comment vont réagir les villageois lorsqu’ils me verront. Par contre, je n’ai pas d’armure scintillante, je suis peut-être un lieutenant mais je ne suis qu’un débutant. Je n’ai pas encore les muscles pour prendre de gros morceaux de métal sur moi. Enfin bon, tout ça pour te dire que je te présenterais l’un de mes amis, Olin. Il n’est pas forcément très malin mais c’est le premier à venir aider dès qu’il y a besoin d’un coup de main. Préviens l’Ombre de rester à la maison, j’ai à lui parler. Je ne peux pas t’envoyer d’argent par contre, ça ne fait pas encore un mois pour la nouvelle paye, pardon. »

Après avoir terminé de lire, l’être masqué de blanc paru un peu gêné par les écrits de Tery. Non … Ca ne servait à rien. Il ne fallait même pas y penser. C’était tout simplement absurde d’imaginer une telle chose. Il ne pouvait pas … C’était impossible ! Impossible pour lui !

« Rester ici ? Je ne peux pas… Je dois partir… Je m’en excuse. »
Il avait prononcé ces quelques paroles d’une voix confuse alors que Léa arrêtait de sourire. Il lui rendit sa lettre, la femme aux cheveux noirs fronçant les sourcils comme si quelque chose la gênait. Elle lui demanda d’une voix calme :
« Qu’est-ce que vous comptez faire ? Vous ne semblez pas vouloir que mon fils vous revoie… n’est-ce pas ? Alors, vous allez quitter le village ? Quelles sont réellement vos… relations avec mon fils ? Neel ? »
Plus de messire ? AH ! Il n’avait pas à s’expliquer. Il soupira longuement, fermant ses yeux bleus derrière son masque sans lui répondre. Il hocha simplement la tête. Il s’excusa avec une pointe de tristesse dans la voix, lui disant qu’il ne pouvait pas rester plus longtemps… Ce n’était pas à cause de Tery mais de lui. Même s’il n’avait rien dit au sujet de sa tentative de meurtre sur Tery, il se sentait mal envers Léa.
« Je vais prendre… mes affaires et m’en aller maintenant. Au revoir… madame Léa. »
Il évitait d’avoir des trémolos dans la voix, c’était simplement que … Il ne savait pas comment l’exprimer. Il s’était simplement senti parfaitement bien ici. Il retourna dans la chambre, prenant ses affaires tout en essayant de ne plus penser à toute cette histoire. Lorsqu’il quitta la chambre, Léa était là, le visage triste.

« Vous êtes sûr de votre choix, Neel ? » demanda-t-elle faiblement.

« Je ne peux pas voir votre fils … J’en suis désolé mais c’est une question de sécurité. »

« Une question de sécurité ? Et pour quelle raison cela devrait-il être une sécurité ? Expliquez-vous donc au lieu de toujours chercher à fuir. »

… … … Il ne pouvait pas. C’était aussi simple que ça. Il passa à côté d’elle, se dirigeant vers la sortie de la maisonnette. Il quitta celle-ci, regardant derrière lui alors que Léa était sur le pas de la porte. Tery … Si Tery savait qu’il était ici, ça serait trop grave. Il ne pouvait pas prendre le risque mais en même temps … En même temps …

« En même temps, qu’est-ce que j’y perds ? Non. Je ne dois pas penser de la sorte. »

Sans se retourner, il s’éloigna de la maisonnette. Il allait sûrement trouver une auberge pour dormir aujourd’hui. Ce village devait en posséder un. Il n’était pas aussi pauvre que ça quand même non ? Le village bien entendu, pas lui.

D’ailleurs, pourquoi est-ce qu’il se posait la question ? Il avait visité le village avec la mère de Tery alors il savait qu’il y avait une auberge. Mais en même temps, peut-être qu’il tentait d’oublier cela ? D’oublier qu’il savait ?

« Hum ? Vous n’êtes pas avec Léa, aujourd’hui ? C’est étonnant. »

Hein ? La vieille femme qui avait emporté avec elle la mère de Tery la première fois. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Ah ! Elle portait un cabas qui semblait bien lourd pour une si frêle femme. Aussitôt, l’être masqué de blanc prit le cabas avant de dire :

« Laissez-moi donc vous aider, madame. Et oui, aujourd’hui, la mère de Tery ne m’accompagne pas. Pourquoi une telle question ? »

« Oh … Car depuis que vous êtes là, elle est toujours avec vous. Vous semblez en savoir tellement sur son fils qu’elle est presque accrochée à vous pour en apprendre toujours plus. C’est une bonne chose … puisqu’elle ne sortait plus depuis plusieurs mois. »

« C’est ce que j’ai cru comprendre. Mais quand même, elle aurait pu se déplacer un peu non ? Ce n’est pas comme si ne pas avoir de nouvelles de Tery était si dramatique que cela. »

« Vous ne savez pas … Vous ne voyez pas à quel point il est difficile pour une femme de perdre son mari alors que leur enfant était en bas âge. La seule personne qui lui restait fut alors son fils, Tery. A partir de là, la chose la plus importante dans son monde n’était que son jeune garçon. C’est pourquoi il est alors facile de comprendre sa préoccupation quand Tery a décidé de partir sans même la prévenir. Sans vous, elle n’aurait peut-être jamais eu de nouvelles de son fils. Mais vous êtes arrivé et alors, à partir de là, elle a recommencé à vivre. Mais la plus grande joie de Léa serait de retrouver son fils, qu’il vienne lui donner de ses nouvelles en personne. Oui … Ça serait la meilleure chose à faire. »

« Je … Je vois … » murmura l’être masqué de blanc sur un ton gêné.

« Je vais vous laisser tranquille dès maintenant alors … Merci de vous occuper d’elle en attendant que son fils revienne. Je suis sûre qu’elle est heureuse que vous soyez là. »

« Je ne sais pas vraiment … Enfin, je l’espère. »

Pourtant, la vieille femme semblait réellement convaincue par ses propres paroles. C’était aussi simple que ça d’y croire ? Elle ne savait pas … pas du tout même. C’était un peu étonnant mais en même temps, peut-être qu’elle avait fait une bêtise. Peut-être qu’elle devait retourner là-bas ? Et lorsque Tery reviendrait, elle disparaîtrait comme par magie, sans même laisser de traces de sa présence.

« Merci pour tout. » dit la personne encapuchonnée à la vieille femme qui s’était déjà éloigné. Elle avait parlé assez fort pour qu’elle puisse l’entendre.

Mais la vieille femme ne se retourna pas, ne faisant qu’un petit geste de la main pour la saluer. D’accord … Elle comprenait parfaitement ce qu’elle avait à faire. Faisant demi-tour sur elle-même, la personne masquée se dirigea vers la modeste demeure de Léa. Celle-ci l’attendait sur le pas de la porte, un sourire aux lèvres.

« Messire Neel, vous avez oublié quelque chose ? » demanda-t-elle avec douceur.

« Euh … Vraiment … Je ne peux pas dire ça comme ça … Enfin bref … »

« Oui ? Si vous avez quelque chose à dire, dites-le au lieu de tourner autour. »

« Si ça ne vous dérange pas … J’aimerai savoir si je peux revenir ou non … en attendant que Tery revienne. Après, je ne sais pas ce que je ferai. » chuchota l’être masqué de blanc, baissant la tête sur un ton plus que confus.

« Hum … Je dois y réfléchir. Je ne sais pas, vous êtes partie comme un voleur, vous ne croyez pas ? Ainsi, je ne suis pas sûre que ça soit… Hé ! Qu’est-ce que vous faites ? Je ne faisais que rire ! Bien entendu que vous pouvez revenir ! »

Ah ? Il s’était déjà apprêté à partir sans même demander plus que ça. Mais si Léa avait le sens de l’humour, c’était alors qu’elle allait réellement mieux. Il n’était jamais réellement sûr par rapport à la femme aux cheveux noirs.

« Je pensais que vous étiez … sérieuse, je suis désolé. »

« Pour la première fois depuis longtemps, je suis soulagée grâce à vous. Vous ne pensiez quand même pas que j’allais refuser que vous veniez non ? »

« Je ne sais pas … Je n’ai pas l’habitude de l’humour ces derniers temps. Disons que je préfère éviter dans de telles circonstances mais merci … de bien vouloir m’accueillir à nouveau. » murmura l’être masqué.

« Et vous attendez que je vous prenne la main pour que vous puissiez rentrer ? »

Elle continua de lui sourire alors qu’elle se positionnait sur le côté pour l’inviter à rentrer dans sa modeste demeure. L’être masqué hocha la tête avant de pénétrer à l’intérieur. La femme aux cheveux noirs referma la porte derrière eux, disant :

« Rendez-vous donc dans la cuisine, je pense que nous avons encore à parler longuement de tout ce qui s’est passé, n’est-ce pas ? »

« De tout … ce qui s’est passé ? » bredouilla Neel.

« Exactement. Car je ne compte pas vous lâcher après cette petite scène où vous vouliez partir sans même me donner d’explications. »

Gloups … Elle n’allait pas le lâcher sur cette histoire. Il en était sûr et certain. Il valait mieux pour lui qu’il accepte cela car sinon, il était mal barré. Il accompagna la mère de Tery dans la cuisine, celle-ci lui désignant une chaise pour qu’il vienne s’asseoir.
Pourquoi est-ce qu’à chaque fois qu’il voyait la mère de Tery … ou du moins, quand elle prenait la parole … Il avait l’impression qu’il valait mieux pas la contredire. Elle faisait preuve d’une telle autorité … C’était assez effrayant en soi. Il valait mieux ne pas l’embêter, loin de là car sinon … Gloups.

« Euh … Alors de quoi est-ce que vous voulez parler, madame Léa ? » demanda-t-il après quelques minutes, un peu intimidé.

« Hum ? Maintenant, vous me donnez du madame ? J’ai l’impression de revoir mon fils quand il est effrayé par moi. Sauf que chez lui, c’est un peu ironique. »

« Tery est un peu une tête brûlée. Je vous ai déjà raconté son combat contre un chef de clan gnomold ? Quand il a décidé de partir tout seul ? C’était tout simplement fou et stupide de sa part ! Mais au moins, ça montrait qu’il avait un bon fond. »

« Vous me l’avez déjà raconté … mais je suis toujours disposée à l’écouter une nouvelle fois. » annonça la femme aux cheveux noirs tandis que Neel reprenait la parole. Si tout pouvait être aussi simple … si seulement la tentative d’assassinat ne se serait jamais déroulée, elle aurait pu rester ici bien plus longtemps … oui.

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