Chapitre 35 : Juste une mise au point

ShiroiRyu
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Chapitre 35 : Juste une mise au point

« Où m’emmènes-tu ? »

« S’il te plaît… Suis moi… Nous retrouverons notre chemin de toute façon. »

Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? Il avait remarqué facilement que le regard d’Aliréna sur Tyrania était différent… Un mélange de crainte et de respect. Est-ce que l’ancienne Feunard était revenue à la normale ? Des minutes s’écoulèrent et ils s’éloignaient de plus en plus de l’endroit où se trouvaient les tentes. Il était de moins en moins sûr de retrouver les tentes…

« Dis… Tu aimes les étoiles et l’espace, Xano ? »

« Pourquoi cette question ? »

Elle ne lui répondit pas, levant sa main droite pour pointer un doigt vers le ciel. Même dans ce monde… Les étoiles étaient présentes…Et la lune aussi… Mais bizarrement, il ne semblait pas plus intéressé que ça par la situation. Tyrania avait quelque chose à lui dire, qu’elle arrête de tourner autour du pot.

« Les étoiles sont belles… Elles semblent si lointaines… et si brillantes. »

« Les étoiles ne sont que… »

« Des boules gazeuses qui sont si éloignées de nous. Qui nous dit qu’elles n’ont pas déjà disparues au lointain ? »

Ses yeux vairons se posèrent sur la jeune femme : Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle lui donne une réponse de la sorte. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Il n’arrivait pas à prendre la parole, la jeune femme continuant :

« Même si c’est… stupide de penser ça, les étoiles sont éphémères… comme nos vies. Comparée à une étoile, ma vie est vraiment si… futile et rapide. »

« C’est quoi ça ? Tu désespères ? Je ne suis pas… »

« Xano… Ou DornRek… Aliréna m’a dit des choses à ton sujet. Elle semble très bien te connaître mais pourquoi… Tu ne t’en rappelles pas ? Est-ce que tu as déjà couché avec elle ? Réponds moi. »

« En quoi cela te concerne ? »

« Pourquoi me parles-tu comme ça ? »

Elle avait une voix triste et il se sentait légèrement pris de remords. Comment pouvait-il s’adresser à elle de cette façon alors qu’avant… Il l’embrassait avec affection. De plus, il ne faisait que parler avec Aliréna alors qu’ils ne se connaissaient pas plus que ça.

« Je m’excuse… Simplement… Non, je ne pense pas avoir fait quelque chose avec Aliréna. Du moins… Pas en tant que Xano. Tu es contente ? »

« Assez… J’avais peur que tu sois à nouveau volage. Tu as remarqué ? Luna recommence à t’aimer. Ce charme était peut-être un leurre mais certains sentiments restent vrais… »

« Ne me parles pas de ça. »

« Pourquoi ? Xano ? »

« Je n’ai pas envie d’en discuter. Ce n’est pas dur. Merci…Tu peux continuer à regarder les étoiles, je vais aller me coucher. »

« Reste ici s’il te plaît… »

Il s’apprêtait néanmoins à partir mais il eut un petit rictus de douleur en sentant sa main se faire tordre dans celle de Tyrania. Ses yeux se posèrent sur la jeune femme, elle avait pourtant toujours son regard triste. Qu’est-ce qui se passait ? Il soupira en murmurant :

« Bon… Je reste ici mais je ne suis pas un philosophe. »

« Pourquoi… est-ce que tu as peur ? »

« Comment ça peur ? Peur de quoi ? »

« Pendant le charme, tu ne semblais pas être réticent à être aimé. »

« Je ne vois pas où tu veux en venir. Je ne sais même pas pourquoi Aliréna a fait une telle chose et je m’en contrefiche. Là, je suis pleinement conscient et je n’ai pas peur d’être aimé ! Seulement… J’ai d’autres préoccupations en tête. »

« Tu as peur, voilà tout ! En tant que DornRek, tu ne devais pas être souvent aimé ! »

« Bien sûr que si ! Je couchais avec des centaines… non des milliers de femmes ! »

« Et tu en est fier ? »

Elle lui faisait une légère remontrance mais il ne la relevait pas plus que ça. Il s’était assis dans l’herbe alors qu’elle faisait de même. Elle gardait la main de Xano dans la sienne, serrant un peu moins fort. Elle voulait qu’il lui répondre ? C’est-ce qu’il allait faire.

« Fier de coucher avec différentes femmes pendant des millénaires voir plus que ça ? J’ai connu de ces positions et autres dont tu ne douterais même pas. »

« Sauf que toi et moi m’avons rien fait. »

« Tu marques un point. Néanmoins, je ne me sens pas fier de ça. Je n’ai même pas plus de souvenirs que ça. Je me rappelle de mes périodes en tant que DornRek… Ma trahison envers Giradès et… En y réfléchissant, je n’ai jamais connu les Rois. »

« Et pourtant, tu te fais du souci pour eux. C’est bizarre de se dire que ce ne sont que des enfants mais… Elles sont fortes, très fortes. »

« Ce sont des enfants ! Malgré les apparences, elles restent des enfants ! Tu n’as pas vu le regard de Rocagiri quand Granor est arrivé ? »

« Je n’y ai pas prêté attention plus sérieusement. »

« Elle… Je ne sais pas comment l’expliquer mais… J’ai eut mal… Très mal… Lorsque j’ai appris que Shala avait tué Granor même si elle prétend le contraire. Pourtant, tout ce sang argenté, ce n’est pas possible autrement. »

« Granor est mort, il faut l’oublier. Luna est devenue la plus puissante d’entre nous puisqu’elle a deux âmes d’Atout en elle. »

« Je ne vais pas oublier un mort ! Surtout quelqu’un qui visiblement n’était pas notre ennemi ! Je crois que j’ai assez parlé avec toi. Bonne nuit, Tyrania. »

Il se releva, retirant vivement sa main pour qu’elle ne puisse pas la serrer comme auparavant. Il n’avait pas de temps à perdre avec ça. Elle ne pouvait pas savoir ce qu’il pensait de tout ça. Lui-même avait du mal à se l’exprimer correctement ! Il avait cette sensation de se faire souffrir lui-même à chaque fois. Cette sensation s’était décuplée depuis son arrivée dans ce monde. Birébot, Gaiarma, Zipou et Granor, tous étaient des Atouts et ses ennemies et pourtant… Il s’apprêtait à partir, levant son pied droit mais s’arrêta subitement :

« Xano… Assis toi. »

Un courant électrique traversa son échine. Cette voix… Dure et froide… Comme un souffle glacé qui lui caressait le dos. Il avait beau faire l’intéressant ou se comporter assez sèchement ces derniers jours, cette voix l’effrayait toujours autant. Il se retourna lentement, tentant de contrôler ses émotions :

« Je vais aller… »

« Xano, assis. »

Comme dirigé par un automatisme, il se mit rapidement assis en face de Tyrania. La jeune femme avait le regard froncé, ses neuf queues étant apparues alors que son œil violet était dirigé vers Xano. Le jeune homme se mit à déglutir, tirant un col imaginaire pour dire qu’il se sentait très mal à l’aise. Il avait un peu profité de la situation depuis qu’elle était devenue si gentille et mielleuse mais le bon temps était terminé.

« Il se fait tard… Nous devrions vraiment… »

« Xano, tais toi. »

« D’accord ! »

Il s’écriait presque, se mettant à trembler comme un gamin. Oublié Granor, oubliée Rocagiri, oubliés les Rois et les Atouts, là, il avait un sérieux problème en face de lui. Un problème de taille. Tyrania ne semblait pas décolérer et ce n’était pas bon signe. Ses jambes étaient revenues à la hauteur de son visage, visage toujours fixé sur lui.

« Xano, qu’est-ce que tu ne comprends pas ? »

« Hein ? Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« N’as-tu rien remarqué ces dernières semaines ? »

« Sur le fait que tu me sautais toujours dessus ? Que tu étais vraiment très amoureuse ? Et très attachante ? Que tu venais te coller contre moi ? Je crois que si quelqu’un ne l’a pas remarqué, il doit être sourd et aveugle. »

« Oui… Mais à part ça, n’as-tu rien remarqué d’autre ? »

« Et bien… Je ne pense pas. »

« Tu ne t’es pas demandé ce qui s’était passé ? Pourquoi j’ai changé autant ? »

« Non… Je me disais que finalement, tu devenais plus féminine. »

Il ferma subitement sa bouche, mettant ses deux mains devant cette dernière alors que Tyrania poussait un léger grognement. Et pourtant… Elle ne s’emportait pas. Non, c’était différent. Ce n’était pas son ancienne Tyrania mais ce n’était pas celle qu’il connaissait depuis quelques semaines alors… Qui était cette femme devant lui ?

« J’ai tout entendu de ta conversation avec Nelya et les autres. Tu fais des cauchemars n’est-ce pas ? Des cauchemars où je t’étrangle et je t’agresse. »

« C’est… vrai. J’ai fais ce genre de cauchemars plus d’une fois. »

« J’ai donc décidé de me calmer et de prendre sur moi. Je voulais jouer à la femme qui veut montrer tout son amour à l’homme qu’elle aime. Des câlins, des caresses, des baisers… ou alors des petites choses érotiques comme le décolleté. »

« Tu… Tu avais prévu depuis le début ? Donc… Quand je t’ai… »

« Vu, j’avais ouvert intentionnellement ma robe mais toi… Je pensais que tu étais heureux de cette façon. Pourtant, nous n’avons rien fait et nous n’avons pas été très loin mais j’ai une question, Xano. Une question qui me taraude… »

Elle s’était mise à quatre pattes, s’avançant vers lui alors qu’il tentait de reculer. Cela aurait put donner une connotation perverse et sensuelle mais le regard qu’elle avait excluait cette idée. Elle reprit la parole :

« Est-ce que cette nouvelle Tyrania te plaisait ou non ? »

« J’avoue que… Je l’ai bien appréciée. Elle était assez spéciale et tendre. La sentir contre moi et la voir si mignonne, c’était spécial et vraiment bon. »

« Alors je vais te demander : Pourquoi tu me mens ? Je te fais peur et je suis dans tes cauchemars qu’importe le caractère que j’ai. Tu crois que je n’ai pas entendu ce que tu disais à Aliréna il y a quelques jours ? Avant qu’on quitte sa maisonnette. »

Il était encore pris en flagrant délit. A chaque phrase qu’elle prononçait, il reculait alors qu’elle avançait. Il percuta un arbre, ne poussant même pas un cri malgré la douleur qu’il venait de subir. Il était rouge… mais rouge de honte.

« Alors au final, je me suis dit : Et si au final, ce n’était pas lui le problème dans cette affaire. Qu’importe que je sois violente ou tendre, tu as toujours peur et tu es effrayé. Tu cauchemardes sur moi mais pas uniquement d’après ce que j’ai compris. »

« Tyrania… Tu peux t’éloigner s’il te plaît. »

« Je ne le ferais pas. »

Elle était finalement à sa hauteur, posant ses deux mains sur l’écorce de l’arbre. Il se trouvait au milieu d’entre elles et il tremblait. A chaque fois que Tyrania était devant lui et sérieuse, il réagissait toujours de cette façon, c’était presque maladif. Elle reprit :

« On va s’expliquer toi et moi. C’est quoi ton souci ? Les pokémons devenues femmes ne sont pas assez bien pour toi ? Tu te rappelles de moi en tant que Feunard ? »

« Non, ce n’est pas ça, c’est différent. Ca date d’après le charme donc ce n’est pas à cause de ça. Tu es une très jolie femme mais… Dès que tu m’aimes… Je dois m’enfuir. J’ai l’impression de faire une bêtise, une erreur monumentale. »

« Est-ce que par là, tu veux dire que je ne suis pas assez charmante ? Que je te dégoûte ou je te répugne ? Non pas en tant que femme, mais en tant… qu’être normale ? Car tu es un Dieu ou quelque chose de ce genre ? »

« Non ! Ce n’est pas ça ! Je n’ai pas dit ça ! Loin de là ! Ne me fait pas dire ce que je n’ai pas dit ! Juste que… »

« Xano… Je ne sais pas sur quel pied je dois danser avec toi. Je me demande même si des fois, tu ne me prends pas pour une imbécile. »

« Tu… Tu sais bien que ce n’est pas le cas. »

Elle rapprochait son visage à quelques centimètres du sien, soufflant sur ses lèvres. Elle ne semblait même pas rougir alors qu’il fermait déjà les yeux à moitié. Xano se sentait prêt à être embrassé même si il continuait de trembler. Vraiment… Il était si mal avec elle, il était comme un enfant face à sa mère… Enfant… Mère… Il reprit subitement la parole :

« Je pense que c’est mal de t’embrasser ou de coucher avec toi ! J’ai l’impression de coucher avec quelqu’un de ma famille ! Nous avons été jusqu’aux caresses mais je ne me sentirais pas prêt à coucher avec toi. Que ça soit toi ou une autre, je n’y arriverais pas ! J’ai l’impression que nous sommes tous issus de la même famille et que ça serait de l’inceste de commettre un tel acte ! Tu ne peux pas savoir à quel point je me dégoûte de me laisser faire par tes baisers. Oui, tu as raison, le problème, ce n’est pas toi mais moi, moi et moi ! Tu es contente ?! »

Il plongea sa tête entre ses jambes, se mettant à sangloter. Entre Xano qui combattait les Rois et celui-ci qui se trouvait devant elle, il y avait tant de différences mais… Elle était choquée. Oui, il y avait de quoi être choqué quand on entendait parler d’inceste de la bouche de quelqu’un que l’on apprécie. Il pensait ça ? Il pensait réellement ça ?

« Xano… Est-ce que tu blagues ? »

« Est… Est-ce que j’ai l’air de blaguer ? Je me sens sale de t’embrasser ! Tu n’imagines pas dans quelle situation je suis ! J’ai l’impression de tuer des personnes de ma famille à chaque fois qu’un Atout meure, j’ai l’impression de faire souffrir mes propres filles quand je regarde les Rois, j’ai l’impression… d’embrasser mon enfant quand je te vois. »

« Allons… Xano… Xano ? »

Il ne lui répondait plus, continuant de sangloter alors qu’elle restait devant lui. Maintenant, elle était triste, vraiment triste… Non pas à cause de Xano, mais à cause d’elle. Le jeune homme semblait dans un état de grande détresse et elle lui releva la tête. Les larmes s’écoulaient sur le visage de Xano. Du mucus s’écoulait de son nez mais avec un geste tendre et bien qu’impropre, elle alla l’essuyer avec sa manche de sa robe rouge.

« Xano… Tu es un grand garçon n’est-ce pas ? Tu sais très bien que ce que tu dis n’est pas logique. Tu n’es pas mon père, loin de là. Tu es tout simplement un jeune homme fort mignon mais qui n’a plus de famille. Je ne me serais pas douté que la mort de madame Elis resterait gravé en toi de cette façon… Ne t’en fais pas, d’accord ? »

« C’est… trop dur… »

« Est-ce que ma façon de t’embrasser te dégoûte tant ? »

Elle collait son front contre le sien, touchant leurs deux nez alors qu’il séchait ses larmes. Il l’observa dans les yeux, murmurant :

« Non… Enfin je ne crois pas mais c’est de moi… que le problème vient. »

« Alors apprécie pleinement ce baiser car tu es mon seul et unique amour. »

Elle alla l’embrasser longuement et délicatement. Il refusa au départ le baiser, se disant qu’après tout ça, c’était plus que malsain mais Tyrania n’avait pas l’air de vouloir arrêter ce moment. Elle le fit pencher sur le côté avant de le coucher au sol, retirant ses lèvres en se retrouvant sur lui.

« Dorénavant, dès que tu as un véritable souci, je t’interdis de m’insulter sinon, je serais… très en colère. Je vais arrêter de jouer les mijaurées et si quelqu’un me provoque, je le corrigerais tout de suite. Alors fais attention à ce que tu me diras et tu sais quoi ? Ce soir, on va dormir ici, dans l’herbe, et je t’interdis de me contredire. Tu as bien besoin de passer du temps avec moi pour arrêter d’avoir ces idées absurdes. »

Il n’appréciait pas vraiment l’idée de dormir dans l’herbe et sous le froid mais Tyrania ne lui laissait pas vraiment le choix. Ses deux mains posées sur le dos de la jeune femme, il ferma ses yeux vairons, cherchant à tout oublier au sujet de ce qu’il avait dit. L’ancienne Feunard l’observa pendant qu’il s’endormait peu à peu. Même si ce n’était qu’une couverture basique, ses neuf queues les entourèrent, formant une chrysalide de poils doux et soyeux sur elle et lui. Elle se logea plus précisément, posant sa tête sur le cœur de Xano pour être sûre qu’un jour, elle puisse l’atteindre.

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