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Epilogue : Le cœur en paix

ShiroiRyu
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Epilogue : Le cœur en paix

« Debout, la marmotte ! Il est l’heure de se lever ! »

« Mais… Quelle … Quelle heure est-il ? »

Il était couché dans le lit de la jeune femme bien que celle-ci n’avait pas dormie avec lui. Il fallait bien avouer que la tentation avait été grande mais elle s’était retenue et s’était couchée sur le canapé malgré les protestations du jeune homme. Celui-ci ouvrait ses yeux rubis, l’observant en émettant un faible sourire.

« Bonjour… Mais pourquoi me réveillez vous maintenant ? »

« Car c’est l’heure ! Il est six heures du matin ! »

« Six heures ? Oh et puis zut… »

Il referma ses yeux, recherchant le sommeil mais elle tira sur les draps, le faisant se recroqueviller alors qu’il portait uniquement un caleçon rouge et un t-shirt de même couleur. Sans même savoir si il allait se faire mal, elle le poussa sur le côté, le faisant tomber du lit tête la première alors qu’il émettait une plainte :

« Je souffre… beaucoup, mademoiselle Tyrania. »

« D’abord, tu ne m’appelles pas Mademoiselle mais Tyrania. Et ensuite, si je t’entends encore en train de me vouvoyer, je te donne une claque. »

« Mais je ne compte pas m’accaparer encore plus votre gentillesse. Dès que je serais complètement réveillé, je m’en irais. »

Hein ? De quoi ? S’en aller ? Et puis quoi encore ?! Il s’était redressé et elle l’observa avec un petit sourire. Elle voyait quand même qu’il était bien musclé sous sa tenue, quelque chose qui l’attirait plus que tout. Elle prit la parole :

« Pourquoi tu t’en irais ? Tu peux rester ici aussi longtemps que tu le désires. »

« Ah… Mais je ne veux pas abuser, made… Tyrania. Vous avez sûrement un petit ami ou des personnes que vous connaissez non ? Elles iraient se poser des questions. »

« Non, je n’ai pas de petit ami et je n’en veux pas. Quand aux personnes, je n’ouvre à aucune d’entre elles. Tu es une exception alors tu peux rester ici. Au passage… Je pensais avoir été claire sur le vouvoiement. Tu te moques de moi ?! »

« Non ! Non ! Surtout pas ! Est-ce que… Vous avez une douche ? »

« Juste une baignoire. Viens, je t’y conduis. »

Dès qu’il passa devant elle, elle lui donna un coup de pied dans les fesses, c’était la punition pour le fait de l’avoir encore vouvoyé. Elle allait le dompter et lui expliquer tout ce qu’il y avait à savoir sur elle et lui, quitte à ce que ça prenne des années !

« Heu… Vous… Non… Tu es vraiment certaine que toi et moi… »

« Si je te le dis, c’est que c’est vrai ! Tu ne me crois pas ? »

« Non, ce n’est pas ça. C’est juste que c’est bizarre… »

« Comment ça ? Exprime toi mieux. »

Il portait maintenant un pull noir ainsi qu’un jogging de même couleur, comme si Tyrania avait gardé des vêtements masculins à sa taille depuis tout ce temps. Elle lui tendait une tasse de chocolat avant de retourner dans la cuisine, le jeune homme lui tournant le dos.

« C’est quand même bizarre que tu me dis que toi et moi, nous sommes ensembles. Je ne sais pas comment le dire clairement… mais tu sembles un peu violente, tu n’es pas vraiment le style de femmes que je préfère quand même. »

« Ah bon ? Et donc ? Je ne suis pas assez jolie pour toi ? »

Elle lui déversa le contenu d’un pot de confiture à la fraise sur les cheveux, Xano se relevant en hurlant. Il s’était tourné vers elle en disant :

« Non mais tu es folle ?! Pourquoi tu as fait ça ?! »

« Car tu es n’es qu’un ingrat. Je t’offre le gîte et le couvert alors que je pourrais te mettre à la porte. Tu te permets des remarques désobligeantes alors que j’essaye d’être gentille avec toi. Ne me pousse pas à bout, Xano. »

« D’accord, d’accord ! Pardonnez… Pardon, Tyrania. »

Elle poussa un léger soupir, le prenant par le bras pour qu’il se lève de sa chaise. Direction la salle de bain… à nouveau. Les deux personnes dans la pièce, elle lui demanda de pencher sa tête en avant tout en lui demandant :

« Dis… Tu aimes les cheveux longs ou les cheveux courts ? »

« Chez toi ? Je ne sais pas… Je ne t’ai jamais vue avec des cheveux longs. »

« Je parlais plutôt pour toi. Tu ne veux pas plutôt que je te les coupe ? Après un bon shampooing hein ? C’est à toi de voir. »

« Vas pour les cheveux courts. Peut-être que ça m’ira bien. Un peu comme les tiens. »

« Tu insinues que j’ai une coupe à la garçonne ? »

Mais non, mais non. Elle voyait tout du mauvais côté. Il poussa un cri en sentant l’eau froide qui aspergeait ses cheveux et son visage. Ah ! La scélérate ! Elle allait le payer ! Il lui prit le pommeau de douche, l’arrosant subitement à son tour pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Rapidement, le principal objectif de la salle de bain avait disparu, chacun tentant d’arroser le plus l’autre pour le faire abandonner.

« A… A… A… ATCHOUM ! »

« Et c’est ça : Plusieurs jours à dormir sur le canapé, le corps trempé à cause de la scène du bain et voilà le résultat. Bon… Je ne suis pas aussi doué mais tiens… »

Il lui tendit avec affection une tasse de chocolat chaud, la jeune femme aux cheveux dorés le remerciant en émettant un petit sourire. Il avait maintenant les cheveux aussi courts qu’elle et ils étaient coiffés de telle façon qu’on dirait qu’il avait un rideau blanc derrière lui.

« Les Feunards sont bien plus sensibles aux effets de l’eau qu’on ne le croit, n’est-ce pas ? »

« Oui… C’est vrai… Mais j’aime beaucoup l’eau. »

« C’est pour ça que tu as décidée d’habiter près de la mer ? »

« Bien sûr ! J’aime énormément la mer ! Et je n’ai pas peur de me mouiller. »

Il rigola faiblement, attendant qu’elle boive son chocolat en la regardant. Cela faisait déjà une semaine qu’il était revenu mais pourtant, rien ne s’était passé entre eux. Rien du tout… Même pas un simple petit baiser. Elle n’osait pas lui demander cette petite chose puisqu’il était amnésique. Elle termina de boire, demandant d’une voix faible :

« Xano… Tu es vraiment sûr… que tu ne te souviens de rien ? »

« Je… Hum… Bien sûr. Je m’excuse… Je ne sais pas si tu dois t’attendre à grand-chose. »

« Pardonne moi de t’avoir posée la question. »

« Ca ne fait rien ! Je t’aime bien, tu sais. »

Il lui tapota ses cheveux dorés, la jeune femme aux cheveux blonds baisant la tête en rougissant subitement. Ce qu’elle voulait… C’était le verbe aimer sans le qualificatif à côté. Elle voulait simplement… qu’il l’aime.

« Est-ce que demain, nous pourrons sortir un peu ? Je n’ai pas pris l’air depuis longtemps. »

« Bien sûr. On va devoir se ravitailler, tu pourras m’aider. »

« Alors, il se fait tard. Je vais aller me coucher. Tu ne veux vraiment pas… »

« C’est bon. Je n’ai pas de soucis. Bonne nuit. »

« Je ne devrais vraiment pas te laisser dormir sur le canapé. Bonne nuit. »

Il alla subitement l’embrasser sur la joue droite, la jeune femme rougissant encore plus qu’auparavant. C’était… la première fois depuis son retour qu’il lui témoignait un geste d’affection. Peut-être qu’il n’avait pas vraiment perdu la mémoire ? Ou alors c’était parce qu’elle était plus faible à cause de son rhume ? Elle éternua une fois, le regardant partir vers sa chambre avec un faible sourire.

« A… A… A… ATCHOUM ! »

Snif… Ca ne servait à rien… Elle n’arrivait pas à dormir dans son état. C’était désolant mais en plus, cette couverture ne la recouvrait pas assez : Elle gesticulait dans le canapé et elle allait se casser la figure un moment ou alors à un autre. Elle se releva, titubant en posant une main sur sa tête, la couverture à ses pieds. Avec difficulté, elle se pencha pour reprendre la couverture et s’en entourer. D’un pas lent, elle se dirigea vers sa chambre, la porte grinçant alors qu’elle pénétrait à l’intérieur, demandant d’une voix faible :

« Xano… Tu dors ? »

Aucune réponse… Elle ne devait pas le déranger. Il n’avait pas besoin de se préoccuper de ces petits soucis maladifs. Elle s’apprêtait à refermer la porte avant de remarquer que Xano avait ses yeux grands ouverts, ses deux rubis semblant briller dans le noir.

« Bien sûr que non. Je me préoccupais un peu de ta maladie. »

« Est-ce… que… je peux dormir avec toi ? Pour cette nuit ? »

« Ce n’est pas mon lit donc je n’ai pas à décider. »

Elle prit la réponse du jeune homme aux cheveux blancs pour un oui, marchant d’un pas lent vers le lit alors qu’il se redressait subitement. Quelques secondes plus tard, Tyrania se penchait en avant, prise de malaise. Comment avait-il su ?

« Mer… Merci Xano. Je… crois que je suis un peu trop fatiguée. »

« Ca ne fait rien, ce n’est pas de ta faute. Viens donc par là. »

Il était tombé sur le lit, la jeune femme dans ses bras. Il l’installa délicatement sous les couvertures, passant une main dans ses cheveux dorés en lui disant de se reposer. Elle remarqua qu’il la tenait contre lui, une main sur son dos.

« Ne bouge plus, tu me sembles avoir une fièvre et je ne crois pas me tromper. »

« Co… Comment tu as que j’allais être pris de vertige ? »

« L’instinct peut-être ? Il n’y avait qu’à regarder tes pas. »

Pfff… L’instinct ? Elle tenta de rire mais toussa légèrement, lui demandant de lui pardonner car elle l’envahissait avec ses microbes. Pour toute réponse, il la colla un peu plus contre lui, sa tête posée contre son torse alors qu’elle ressentait à nouveau cette chaleur qui lui avait tant manquée. Xano… était contre elle… Son Xano… Elle poussa un petit glapissement de joie, une larme s’écoulant sur la joue alors qu’il haussait un sourcil en l’écoutant. Quelques instants plus tard, il caressa son dos et ses cheveux, la laissant s’endormir avec un visage ému. Lentement, elle s’endormit dans ses bras, respirant son odeur si particulière qui la faisait chavirer. Elle était sûre d’être soignée très rapidement avec lui à ses côtés, elle en était sûre et certaine. Elle murmura une bonne nuit, ses yeux fermés alors qu’il faisait de même de son côté, l’embrassant une fois sur le front.

« Promenons nous dans les bois, tant que le loup n’y est pas. »

Elle marchait, guillerette alors qu’il regardait la nature autour de lui. Des arbres, toujours des arbres autour d’eux. C’était magnifique comme décor et voir la jeune femme aux cheveux dorés s’amuser ainsi lui faisait chaud au cœur. Elle semblait si heureuse depuis qu’elle avait passé plusieurs nuits à dormir avec lui en attendant que sa fièvre et son rhume disparaissent.

« Et bien, Xano ? Tu ne bouges plus trop. Tu es fatigué ? Tu veux que l’on se repose ? On a encore beaucoup de chemin à faire avant d’arriver. »

« Non, non… C’est bon ! Ne t’en fais pas pour moi. »

Elle s’était remise en marchant, sautillant presque comme une enfant qui se baladait dans la forêt. Finalement, après une bonne demi-heure à l’intérieur, il annonça qu’il valait mieux faire une courte pause. Ils se dirigèrent vers un coin où il y avait de l’herbe. Comme il avait un sac sur son dos, il s’était retourné pour le déposer et l’ouvrir alors qu’elle disait :

« Xano… Est-ce que tu es heureux de vivre avec moi ? »

« Bien sûr. Pourquoi je ne le serais pas ? Même si au départ, on a eu quelques disputes, vous êtes… Tu es une personne très agréable. »

« C’est vrai ? Tu le penses sincèrement ? »

« Bien sûr… Prends donc cette bouteille. Si on reste sous ce soleil sans s’hydrater, on va mourir de chaud. Tiens Ty… »

Il s’arrêta subitement de parler, lâchant ses deux bouteilles d’eau alors qu’elle s’était mise assise devant lui. La bouche grande ouverte, il observa la jeune femme aux cheveux dorés sans réellement comprendre ce qui lui arrivait. Le soleil… la rendait cent fois, non, mille fois plus belle. Elle avait la jambe droite sur la jambe gauche, ses deux oreilles et ses neuf queues de Feunard étant apparues alors qu’elle le regardait avec un petit sourire, une teinte de rouge sous les yeux pour montrer sa timidité. Elle lui demanda :

« Xano ? Tu ne vas pas bien ? Tu sembles… perdu. »

Il s’approcha d’elle sans rien dire, comme hypnotisé par ce qu’il voyait. Elle le voyait venir vers elle, le jeune homme aux cheveux blancs se mettant à genoux devant elle, ses deux mains posées sur les siennes alors que son visage n’était qu’à quelques centimètres d’elle. Instinctivement, elle ferma les yeux, rougissant encore plus alors qu’il faisait de même. Elle… Elle était sûre que quelque chose allait gâcher ce moment. Il y avait toujours un problème à l’horizon qui l’empêchait de savourer pleinement cet instant. Et pourtant… Et pourtant… Il venait sceller ses lèvres sur les siennes alors que leurs mains se caressaient lentement et avec tendresse, la jeune femme aux cheveux dorés se retrouvant couchée dans l’herbe alors qu’il continuait de l’embrasser sans interruption. Pour une fois, rien ne les empêchait et c’était tout ce qu’elle voulait. Il se retrouva sur elle alors qu’elle ouvrait les yeux. Le jeune homme la regardait longuement et finalement… Elle se demanda si il avait vraiment perdu la mémoire, si c’était vraiment le cas. Le goût de ses lèvres, elle l’avait perdu pour finalement le retrouver. Elle passa ses deux mains dans son dos, continuant ce baiser qu’elle voulait tant.

« On arrête un peu ? On a autre chose à faire quand même. »

« Je confirme… Je me lève puis toi ? »

« Tu ne te rappelles de rien ? Rien du tout ? Même pas un petit souvenir ? »

Qu’elle était têtue quand elle s’y mettait. Il la regarda tendrement avant se coller sa tête contre sa poitrine, la jeune femme poussant un cri gêné :

« Non ! Rien du tout ! Ce que c’est doux ! »

« Hey ! Arrête un peu ! Tu en profites, Xano ! »

Plus le temps passait, moins elle était sûre de la véracité de ses dires. Elle le laissa bouger sa tête contre ses seins pendant une vingtaine de secondes avant de le forcer à se relever. Quelques minutes plus tard, ils remarchaient, main dans la main, l’autre tenant une bouteille d’eau. Il fallut une bonne heure de marche pour qu’ils arrivent enfin devant la magnifique demeure contenant plusieurs jardins de Gigana et de ses sœurs. Ekriné se présenta devant eux avec un léger sourire :

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous deux ? »

« Nous aimerions voir les quatre filles si c’est possible. Maintenant qu’elles n’ont plus de soucis à se faire, je pense que ça ne devrait pas être trop difficile. »

« Soit… Suivez moi… Je me demande si elles sont encore en train de s’amuser avec lui. »

S’amuser avec lui ? De qui parlait-elle ? Est-ce que cela voulait dire que… Le Dieu Originel était quand même revenu ? Il n’avait pas disparu ? Suivant Ekriné, les deux personnes observaient les alentours avant que Gigana ne leur fait face.

« Mademoiselle Gigana… Xano et Tyrania voulaient vous voir. »

« C’est le cas actuellement. Est-ce que je pourrais leur parler ? En privé ? »

« Aucun problème. Je serais à la position habituelle. »

Elle s’inclina devant Gigana alors que l’adolescente aux cheveux blancs émettait un petit sourire en voyant Tyrania et Xano, main dans la main. Elle se retourna, l’invitant à la suivre pour commencer la discussion.

« Je vois donc que Xano est revenu. Tu dois être contente, Tyrania. »

« Ca ne se voit pas ? Et vous ? D’après Ekriné… »

« Disons que c’est un peu différent de ce que l’on pourrait croire. Je vais vous montrer ce qu’il en est réellement. Vous comprendrez par vous-même. »

« Bonjour, mademoiselle Gigana sinon. »

Hein ? Il venait de dire son nom ? Il s’en souvenait ? Il se souvenait de Gigana mais pas d’elle ? Une minuscule pointe de jalousie alla l’envahir alors qu’ils arrivaient dans un majestueux jardin, l’adolescente aux cheveux blancs tendant la main droite. Quelques oiseaux se posèrent dessus alors qu’elle se remettait à marcher pour guider le couple.

« Gigana ! Gigana ! Regarde ce que j’ai fais ! »

Rocagiri se présenta devant l’adolescente, lui montrant une couronne faite de différentes fleurs rouges, bleues, blanches et grises. De très belles fleurs. Gigana posa une main sur la tête de Rocagiri, lui disant d’une voix douce :

« Elle est magnifique. Je ne pense pas que c’est pour moi. »

« Non ! Mais je t’en ferais après si tu veux ! »

« Vas la lui rapporter au lieu. Il doit être impatient. »

« D’accord ! Ah ! Bonjour Tyrania ! Et Xano ! Vous êtes enfin ensembles ? »

Tyrania ne répondit pas, détournant le regard alors que Xano lui répondait que oui avec un léger amusement. La jeune fille aux tresses s’éloigna en tenant sa couronne alors que Gigana se mettait à la suivre. Quelques instants après, une voix faible se fit entendre :

« Et c’est ainsi que se termine cette histoire. »

« Tiens… Papa ! C’est pour toi ! »

« Oh. ? Qu’est-ce que c’est ? »

« C’est une couronne de fleurs ! Tu veux bien te pencher ? »

Les trois filles étaient assises devant un arbre et devant une personne que Xano et Tyrania n’arrivaient pas à voir. Rocagiri s’était relevée, sa couronne dans les mains alors qu’ils pouvaient enfin apercevoir la personne à qui elle parlait. Xano ouvrit la bouche de surprise alors que Tyrania haussait un sourcil, étonnée par ce qu’elle voyait.

L’homme qui se tenait contre un arbre n’avait rien à voir avec Charkrowos. De longs cheveux grisâtres, des rides sur le visage et sur ses mains, il portait une robe aussi grise que sa chevelure alors qu’il avait les yeux à moitié clos. Une moustache assez bien touffue, il semblait avoir une cinquantaine d’années et bien avancée. Le vieil homme s’était penché alors que Rocagiri déposait la couronne dans ses cheveux. Il alla la prendre en la chatouillant au niveau des hanches, l’embrassant sur les joues pour la remercier.

« Elle est très jolie… Vraiment très jolie, Rocagiri. Merci beaucoup. »

« C’est parce qu’elle te va bien ! Elle ne pourrait pas aller à quelqu’un d’autre, Papa ! »

« Rocagiri, arrête de te l’accaparer un peu. On aimerait aussi lui faire des cadeaux ! »

Rocagiri tira la langue à Iglaré qui lui avait parlée tandis que les trois filles se jetaient dans les bras du vieil homme. Celui-ci demanda aux trois demoiselles de se calmer alors que Gigana approchait d’eux, accompagnée de Xano et Tyrania. Le vieil homme arrêta de sourire, Gigana prenant la parole :

« Tyrania… Xano… Je vous présente Charkrowos… Mon Père. »

« Bonjour à vous deux. Vous formez un très joli couple si vous voulez mon avis. Comme l’a dit ma fille Gigana, je m’appelle Charkrowos mais je ne me souviens que de ça… et de quelques petites choses sans importance. »

« Gigana, comment ça se fait que… »

« Qu’il est comme ça ? Je ne sais pas vraiment. Giradès et Juperus sont venues une fois, autant surprises que vous de le voir ainsi mais elles ont juste été se faire pardonner. Il ne semblait pas comprendre mais il a accepté leurs excuses. Elles ne sont plus revenues depuis. Je crois que c’est bon, Tyrania… Je crois qu’il est revenu pour de bon. »

« Ma fille… Est-ce que je peux parler à ce jeune homme s’il te plaît ? »

Ce jeune homme ? Xano ? Celui-ci posa son regard rubis dans celui de même couleur du vieil homme. Charkrowos se releva avec difficulté, les trois filles venant l’aider avant de lui tendre une canne. Même si on pouvait plutôt penser qu’il était leur grand-père, les trois filles ne semblaient pas se soucier de son âge. Tyrania observa Xano avant de lui dire :

« Et bien ? Tu attends quoi ? Que je te donne la main, Xano ? Vas le voir. »

« D’accord, d’accord. Où voulez vous que l’on aille, vénérable ? »

« Allons, allons, je ne suis pas si vieux que ça ! »

Charkrowos demanda aux trois filles de le laisser parler avec Xano, Rocagiri et ses sœurs acceptant avant de tourner autour de Tyrania et Gigana. Les deux hommes s’éloignaient peu à peu, côte à côte à l’horizon tandis que Sterivia disait avec un petit sourire :

« Hey, Tyrania ! Tu l’as déjà embrassé ton amoureux ? Depuis qu’il est revenu ? »

« En quoi ça te concerne, Sterivia ? Mais oui, c’est le cas et pas plus tard qu’aujourd’hui. »

« Vous attendez quoi alors ? C’est pour quand la suite ? »

« Sterivia, arrête d’embêter Tyrania. Merci… Tyrania. Et je devrais aussi remercier Xano pour tout ce qu’il a fait pour nous. Je crois que sans vous… Papa ne serait jamais revenu. »

Gigana essuya une larme discrète près de son œil droit alors que Tyrania observait le ciel. Oui… Sans Xano, rien de tout cela ne serait arrivé. Les mondes auraient été détruits, personne ne serait revenu, tout… aurait été saccagé. Xano était quelqu’un de vraiment formidable, dommage qu’il ait perdu la mémoire. Si cela n’avait pas été le cas, elle en aurait bien profité maintenant qu’ils étaient enfin seuls. Enfin bon… Maintenant… Xano l’avait embrassée à nouveau et donc, tout revenait à la normale.

« Je ne pensais pas vous revoir… Charkrowos. »

« Et moi donc, Xano. Et moi donc… Je vois que tu es vite revenu vers Tyrania, n’est-ce pas ? C’est bien… C’est très bien. Tu as le droit d’aimer. »

« Et de votre côté, vous avez enfin retrouvé Gigana et ses sœurs mais qu’est-ce qui… »

« Ce qui m’est arrivé ? Je ne le sais pas moi-même. Je croyais disparaître à tout jamais après t’avoir fait renaître mais au final… Me voilà dans un corps de vieillard. »

« Ce n’est pas forcément une mauvaise chose, n’est-ce pas »

« Où est-ce qu’elle le serait ? Maintenant… Je peux rester avec mes filles quand je le veux et quand je le désire. Et oui… Je suis immortel mais je n’ai plus de force, plus du tout. Je ne suis plus utile à personne. »

Il ne fallait pas dire ça ! Enfin… C’était vrai qu’il semblait être bien atteint par son âge et par son corps mais il était sûr qu’il était heureux, très heureux. Xano tapota délicatement le dos du vieil homme avant de dire d’une voix douce :

« Je ne voulais pas vous voir disparaître… Et vos filles non plus. Je crois que c’est ça qui a joué dans toute cette histoire. »

« Et toi ? Pour quelqu’un qui semble avoir perdue la mémoire, tu me sembles bien conscient de beaucoup de choses. Est-ce que Tyrania sait que tu fais semblant ? »

« Ca se voit tant que ça ? Je crois qu’elle se pose des questions mais non… Elle ne sait rien. »

« Tu penses vraiment que tu devrais lui cacher la vérité ? »

Il ne savait pas trop. D’un côté, il avait plusieurs raisons de faire tout ça. D’un autre côté, il ne voulait plus lui mentir mais c’était pour une bonne cause. Il reprit :

« J’aimerais la connaître depuis le début. Lorsqu’on ne s’aime pas, qu’on apprend des petites choses. C’est un peu stupide de penser comme ça. Enfin bon… Je crois que je vais tout lui dire d’ici aujourd’hui ou demain. »

« Et pourquoi pas devant Gigana et ses sœurs ainsi que moi-même ? »

Il était en train de lui préparer un piège. Il en était sûr. Néanmoins, il accepta, signalant qu’il serait bien qu’ils retournent près des cinq demoiselles qu’ils avaient laissées en plan. Les deux hommes arrêtèrent de sourire, marchant sans rien dire. Après quelques minutes, ils se retrouvaient en face des cinq personnes, les trois filles tournant autour de Tyrania qui était rouge de gêne. Qu’est-ce qui s’était passé pendant leurs absences ? Le vieil homme lui donna une petite tape dans le dos pour le faire avancer. Il tituba en s’approchant de Tyrania, celle-ci le regardant pendant quelques secondes avant de détourner le regard. Qu’est-ce qui s’était passé pour qu’elle soit dans cet état ? Il observa les trois filles qui ricanaient entre elles alors que Gigana s’approchait de son père, se mettant à sa hauteur sans poser une seule question. Elle n’avait pas à se mêler de cette affaire entre Tyrania et Xano.

« Xano ? Tu as parlé de quoi avec Charkrowos ? »

« Disons que… C’était sans réelle importance. Voilà Tyrania… J’ai quelque chose à te dire. Est-ce que tu veux bien m’écouter ? »

L’écouter ? Est-ce que ce que les trois filles avaient raison ? Est-ce qu’il allait enfin lui demander ce qu’elle voulait tant ? Elle baissa la tête alors qu’il continuait :

« Je prend ça pour un oui. Alors Tyrania… Ne me juge pas mais voilà… Disons que lorsque je suis revenu près de toi, je voulais voir quelle serait ta réaction si j’avais perdu la mémoire. Attention, ce n’était pas pour t’énerver ou me moquer de toi. Je voulais juste voir ce que tu ferais si c’était le cas et disons que… Tu as été parfaite. »

Hein ? Que quoi ? Il avait fait semblant ? Il n’avait jamais perdue la mémoire ? Elle releva son visage, surprise d’entendre ça de la part de Xano. Ca lui avait servit à quoi ? Est-ce qu’elle devait s’énerver ou réagir avec colère ? Non… Elle allait le laisser terminé avant. Ensuite, elle aviserait à son sujet.

« Alors… Je sais que ça ne va pas être très valorisant mais j’ai été surpris ! Je ne savais pas que tu cuisinais aussi bien, que tu étais capable de faire le ménage, de t’occuper d’une maison et toutes ces choses. Je te voyais bien plus en train d’attendre que ça soit moi qui fasse ça, je m’étais même préparé à ça lorsqu’un jour, tu découvrirais la vérité. Mais au final, je me suis complètement trompé ! Tu n’es pas nulle, acariâtre et embêtante. Tu ne flemmardes pas et tu es en fait quelqu’un de très bien. »

« A croire… que tu me connaissais très mal. »

Elle était déçue… Vraiment déçue… Tout ce cirque et ce manège pour ça ? Parce qu’il ne lui faisait pas confiance ? Les trois filles s’étaient trompées à son sujet, ce n’était pas possible autrement. Elle avait un goût amer dans la bouche alors qu’il reprenait :

« Oui… Je te connais très mal, vraiment très mal et c’est pour ça que je voudrais apprendre à mieux te connaître, dans les moindres détails. »

« Qu’est-ce… Ce que tu veux dire par là ? »

« Et bien… Disons que… Je crois te l’avoir déjà assez souvent dit dans le passé mais pas vraiment d’une manière officielle alors bon… Il serait temps. »

Il semblait gêné par tout ça, se grattant la joue en levant les yeux en l’air. Il voulait parler mais il n’y arrivait pas. Finalement, elle lui donna un léger coup de pied avant qu’il ne s’exclame avec douleur :

« Ca fait mal ça ! Qu’est-ce qui te prend ?! »

« Exprime toi clairement au lieu de tourner autour du pot ! »

« D’accord, d’accord ! Pas besoin d’être aussi violente. Voilà, je te le demande devant témoins : Est-ce que tu veux bien m’épouser et vivre avec moi ? »

Hein ? Que quoi ? Une bouffée de chaleur alla l’envahir alors qu’elle tentait de balbutier. Il ne manquait plus qu’il… AH ! Non ! Qu’il ne se mette pas un genou au sol devant elle ! Ce n’était pas propre ! Enfin non ! Ce n’était pas ça ! Elle entendait les ricanements des trois petites filles, les maudissant et les remerciant intérieurement. Elles avaient senti que le jeune homme voulait se déclarer à elle et elle n’avait préféré ne pas leur répondre bien que l’idée lui était passée par la tête. Il continua :

« Je comprends que tu ne voudrais pas me répondre tout de suite à cause de ce que je t’ai dis mais bon… Tu peux y réflé… »

« J’accepte ! J’accepte dès maintenant ! »

« Hein ? Mais tu n’es pas en colère ? Ou tu ne m’en veux pas ? »

Il s’était attendu à ce qu’elle s’énerve ou autre mais pas à ce qu’elle lui réponde aussi vite. Elle le força à le relever, lui prenant son visage entre deux mains avant de l’embrasser longuement devant tout le monde. Quelques instants plus tard, elle dit :

« Alors, je vais devoir m’appeler Tyrania Likan maintenant ? »

« Bien sûr ! Mais bon, là… Ce n’est pas encore officiel ! »

« Porter une robe de mariée… Toi, tu porteras une cravate rouge et une veste noire ! »

Voilà qu’elle partait dans ses fantaisies, se tournant vers les trois jeunes filles en se penchant vers elles. Quelques secondes après, elles étaient déjà toutes les quatre en train de discuter alors que Xano s’approchait de Charkrowos et Gigana, disant d’une voix calme :

« Je pense avoir fait le bon choix. Il était temps que je réponde à ses sentiments. »

« Je suis d’accord avec toi. Faire trop attendre n’est pas une bonne chose. »

« Charkrowos… Est-ce que vous voudriez être mon garçon d’honneur ? »

« Hein ? Que ? Moi ? »

Le vieil homme semblait surpris par la demande de Xano mais son regard se remplit de malice avant qu’il ne sourisse. Il lui répondit qu’il était d’accord pour une telle chose alors que Tyrania se présentait devant Gigana :

« Et toi ? Gigana ? Tu aimerais devenir mademoiselle d’honneur ? »

« Hein ? Euh… Je ne sais pas réellement en quoi ça consiste… mais pourquoi pas ? »

Bien ! Ils avaient déjà un garçon et une demoiselle d’honneur. Il ne manquerait plus qu’à prévenir la mère de Xano et ça sera parfait. Quand à son propre père, disons que… Ca ne sera pas franchement réalisable puisque ce dernier n’était qu’un Feunard. Qu’importe, tout allait être parfait pour ce jour là ! Il allait falloir prévenir tout le monde autour d’eux ! Même les quelques Taisos qui avaient aidés !

« Aie ! Mais ça fait mal ! Ca me pique ! »

« Il faut que tu arrêtes de bouger, Tyrania, sinon, comment tu veux que j’arrive à finaliser ta robe de mariage hein ? Ce n’est pas comme ça que je pourrais la terminer. »

« D’accord, d’accord… Pfff… C’est compliqué toute cette histoire ! »

Aliréna avait un fil dans la bouche, Oriane et Pandora la regardant faire alors que Tyrania ne tenait plus sur place. Dans ce monde, il n’était pas difficile de trouver les personnes capables de faire une robe somptueuse.

« Xano me manque… Je n’aime pas rester immobile. »

« Hého, coeur tendre, tu ne l’as plus vu pendant deux heures à peine. Tu pourrais bien patienter un peu non ? Quand même… Te marier alors que vous n’avez que dix-neuf ans. »

« Hé ho ! Xano et moi, on s’aime, c’est tout ce qui compte je crois, hein ? »

« Bien sûr et je suis contente pour toi. Bon… Ne bouge plus et je vais arrêter de te parler sinon Aliréna va me tuer sur place. »

Une racine sortie du sol, s’enroulant autour de la bouche d’Oriane pour la faire taire. La femme aux cheveux bleus tenta de la retirer mais sans succès alors qu’Aliréna se remettait en action. Pandora eut un petit rire alors que Tyrania soupirait.

« J’ai l’air d’un pingouin. Sincèrement, c’est pas mon truc le costume. »

« Fais un petit effort, Xano. On ne se marie qu’une fois. »

Il soupira, ayant un petit sourire après. Il ne savait pas pourquoi mais il se disait que Tyrania devait réagir comme lui en ce moment. Il se faisait prendre les mesures de son corps pour son costume alors que le vieil homme était avec lui. Quelqu’un pénétra dans le magasin, demandant à voir Xano. C’était un homme qu’il connaissait bien.

« Ryusuke ? Si je m’attendais à te voir… »

« C’est pas difficile. Devine pourquoi je suis là ? »

« Car tu t’es lancé dans le porte-à-porte ? »

« Hahaha. Gros malin. Non. Ce n’est pas du tout ça. Je suis venu pour voir comment tu te débrouilles avec ton mariage. Je me suis quand même marié à une pokémon moi aussi à la base donc je connais le sujet. »

Il haussa les épaules, se faisant gronder par l’homme qui prenait ses mesures alors que Ryusuke rigolait en l’observant. Oh que oui… Il était déjà passé par là. Ce mariage allait lui rappeler de bons souvenirs, il en était sûr. Il observa Xano avec un grand sourire, le jeune homme aux cheveux blancs faisant de même alors que Charkrowos restait immobile, attendant la suite des évènements. Et bien… Tout ça allait être mouvementé.

« Ronyl… Tu crois qu’un jour, toi et moi… »

« On se donnera en spectacle ? Non merci. Je ne sais même pas pourquoi je suis invité. »

« Mais merde, arrête d’être aussi coincé mon gars ! »

« Laisse le tranquille, Loxen. Ce n’est pas de sa faute si il est timide. »

« Timide ? Timide, moi ?! Non mais vous avez lu sa lettre ?! »

Il semblait assez énervé tout en désignant les quatre lettres que chacun avait reçues. Il était marqué dessus, Ronyl parlant à voix haute :

« Cher Monsieur Ronyl, blablablabla, Xano Likan et Tyrania sont heureux de vous confier à leur mariage le blablabla. Ce mariage se passera dans un environnement clos et en compagnie seulement de la famille et des amis. »

« Et alors, c’est où le problème ? »

« Depuis quand je suis son ami ?! Je ne crois pas m’être enregistré dans cette catégorie ! »

Il s’énervait tout ça pour ça ?! C’était assez pitoyable de sa part alors qu’il jetait la lettre au sol, Paria venant lui caresser le dos en lui murmurant de venir se calmer tandis que Loxen haussait les épaules, se tournant vers Frizy :

« Là, j’ai rien fait, Frizy mais quand même, avoue qu’il abuse là. »

« Tu parles de Ronyl ? Bien que ça soit rare, je suis d’accord avec toi. Ronyl… Tu devrais quand même venir au mariage. Peut-être que tu ne le considères pas comme un ami mais rappelle toi que sans lui, Paria ne serait jamais devenue une humaine. »

« Je te rappelle que lui et moi, on s’est battus et qu’on a tous faillis mourir ! »

« Et tu crois que ce n’est pas pareil pour moi ? T’exagères vraiment. A part Paria, t’es vraiment pas du genre social. A se demander comment je peux te supporter. C’est bon, je demande le divorce et je te quitte. »

Frizy et Paria le regardèrent avec étonnement alors que Ronyl l’observait longuement. C’était quoi cette phrase particulièrement stupide qu’il venait de prononcer ? Mais quel idiot parlerait de cette façon ? Il n’y avait qu’un imbécile dans les trois mondes pour s’exprimer ainsi et il l’avait en face de lui. Ronyl grogna avant de dire :

« C’est bon, c’est bon, je viens. Mais je ne veux pas être ridicule avec ma bosse dans le dos. »

« Mais tu n’es pas ridicule, Ronyl. Et si quelqu’un se moque de toi, je le corrige. »

Paria ? Elle ? Corriger quelqu’un ? Il aimerait bien voir ça de la part de la jeune femme aux cheveux bruns. Il émit un faible sourire, celui-ci disparaissant alors qu’il s’éloignait. Loxen tapa dans la main de Frizy pour dire qu’il venait de gagner cette bataille.

« C’est le jour J, Xano ! On doit se lever ! »

Elle alla l’embrasser tendrement sur les lèvres pour le forcer à se lever. Ils dormaient toujours ensembles mais rien n’avait été fait entre eux deux. C’était même loin de ça. Ils étaient restés au stade des embrassades bien qu’ils avaient déjà été dans des rapports plus profonds auparavant. Comme elle lui avait dit : Rien avant le mariage. Pour sa part, il avait accepté mais ce n’était pas pour ça qu’il n’aimait pas la serrer dans ses bras.

« Pourquoi le jour J ? Y a quelque chose de spécial aujourd’hui ? »

« Arrête tes bêtises et lève toi. Tu dois être en pleine forme car d’ici ce soir, tu ne pourras plus bouger, Xano. Tu seras tout à moi par les liens sacrés du mariage. »

« Tu sais très bien qu’il n’y a pas besoin de ces liens pour que je sois tout à toi. »

« Une simple mesure de précaution. »

Il se leva finalement, passant une main dans ses cheveux blancs alors qu’il regardait avec intérêt la jeune femme aux cheveux dorés qui lui tournait le dos. C’était le grand jour aujourd’hui ! Il avait fallu plus d’un mois pour que tout soit préparé et ils étaient finalement prêts à se marier ! Rien que le fait d’y penser le mettait dans un état proche de l’euphorie.

« Xano. J’espère pour toi que tu ne t’es pas recouché ! »

« Non, non ! C’est bon ! Pfiou… Dire que je vais devoir te supporter jusqu’à la fin de ma vie. C’est vraiment pas une bonne idée ça ! »

« Annonce moi que tu n’es pas content et on retrouvera ton corps ensanglanté au pied de l’église. Alors ? Qu’est-ce que tu dis ? »

« Que je t’aime, Tyrania. »

Bien, très bien, c’est ce qu’elle voulait entendre. Il quitta la chambre, passant dans la salle de bain pour se jeter un peu d’eau sur le visage. Il en avait besoin avec tout ça. Quelques minutes après, elle lui servait le déjeuner et la matinée passa tranquillement. Puis vint le moment fatidique… Un moment où elle s’était mise à pleurer alors qu’il la serrait dans ses bras. Il lui murmura avec tendresse :

« Allons… Arrête de pleurer. Ce n’est pas si grave que ça. »

« Oui… C’est vrai… Mais c’est l’émotion. »

« On ne voit plus pendant une demi-journée grand maximum. Sèche tes larmes et viens m’embrasser au lieu, grande nigaude. »

Elle répondit à sa demande, posant ses lèvres sur les siennes alors qu’il la serrait avec ardeur contre lui. Un petit baiser avant que la coutume ne veuille que le marié et la mariée ne se voient plus jusqu’à l’église. Il partit le premier, la laissant seule alors qu’elle se préparait de son côté. Chacun allait rejoindre son côté.

« Je me suis toujours demandé… Il n’y a pas de pokémon qui ressemble à un pingouin ? »

« Pourquoi cette question, Xano ? Ce n’est pas le moment d’y penser. »

« Car je crois que je lui ressemble ! »

Encore une fois, il n’appréciait pas vraiment sa tenue et il espérait en être débarrassé le plus rapidement possible. Il observa son nœud papillon alors qu’il était accompagné de Charkrowos et Ryusuke. Les deux hommes portaient une tenue de garçon d’honneur alors que Xano se demandait si sa mère allait être présente ce jour là. Ryusuke lui demanda :

« Un peu stressé quand même ? »

« Pas du tout ! Pas le moins du monde ! »

« Alors arrête un peu de trembler. »

« Sinon… Je me demandais : Où sont Clemona et les autres ? »

« Elles ont été voir ta future femme. Tyrania doit être morte d’inquiétude. »

Il haussa les épaules comme pour dire qu’il ne pensait pas que la jeune femme se mette dans tous ses états avant de se dire… que si lui était stressé intérieurement alors elle… Ca devait être pire. Il devait penser à autre chose !

« Est-ce que tout le monde est là ? Vraiment tout le monde ? »

« D’après ce que j’ai cru lire, c’est le cas. Mais quand même… Tu connais vraiment TOUTES ces personnes ? Y en a au moins quarante ou cinquante ! »

« Que veux-tu ? La rançon de la gloire ! Je suis une célébrité ! »

« Je préfère te signaler que si tu te loupes, tu finiras très mal. »

« Je crois que Tyrania ne me le pardonnerait jamais. »

Il baissa le regard, s’imaginant les pires choses qu’elle pourrait lui faire si il venait à rater son mariage. SALOPARD ! Ryusuke rigolait alors qu’il se décomposait devant ses deux : Cet enfoiré venait de lui mettre encore plus la pression ! Charkrowos toussa légèrement avant de dire d’une voix douce mais enrouée :

« Si vous voulez bien me pardonner, j’ai quelque chose à demander à mes filles. »

« Comme vous le voulez, nous vous attendrons, Charkrowos. »

Le vieil homme quitta la pièce, laissant Ryusuke et Xano seuls alors que ce dernier tentait de se donner une légère contenance. Ne pas écouter les absurdités de cet homme serait une bonne solution. AH ! Il devait boire un verre d’eau pour se concentrer et tout oublier ! Ca valait mieux ! Il ne devait pas se compliquer la vie à cause de Ryusuke ! Rah ! Il le détestait !

Plusieurs coups furent donnés à la porte, la jeune femme aux cheveux dorés demandant :

« Qui est là ? Je suis désolée mais je suis un peu occupée personnellement. »

« A enfiler ta robe ? Tu penses pouvoir rentrer dedans ? »

Hey ! Cette voix rieuse ! C’était Luna ?! La porte s’ouvrit pour laisser place à la jeune femme aux cheveux blonds. Pour l’occasion, elle avait décidée de s’habiller avec une robe une pièce moulante de blanche tandis qu’elle souriait à Tyrania. Derrière Luna apparaissait une femme habillée comme à son habitude… Une femme qui n’avait pas changée de tenue.

« Nelya… Tu aurais pu faire un effort quand même pour aujourd’hui ? »

« Pardonne moi Tyrania, c’est simplement que cette tenue… est celle dans laquelle je me sens le mieux. J’espère que tu peux comprendre. »

« Pas pendant le jour de mon mariage, on va te trouver autre chose ! Rocagiri, Sterivia, Iglaré, emmenez la autre part. Gigana et Luna restent avec moi ainsi qu’Oriane et ses sœurs. »

Nelya fut emportée par les trois jeunes filles, les quatre personnes quittant la pièce alors que la femme aux cheveux bleus semblait inquiète. Finalement, dès qu’elle partie, Luna s’approcha de Tyrania avant de se mettre à rire :

« Alors Tyrania, ça te fait quoi ? Tu vas te marier et tu es la grande gagnante ! »

« Tu n’es… pas jalouse, Luna ? Je t’ai pourtant… »

« Hého, ma grande. Si j’étais jalouse, j’aurais fait une scène dans l’église et je ne me serais pas présentée devant toi. Je te le promets ! Je ne suis pas comme toi ! De plus… Disons que j’ai déjà un autre chevalier servant. »

« Hein ? Qui… Qui donc ? »

Oriane semblait aussi surprise que Tyrania par cette nouvelle. Elle avait déjà trouvé quelqu’un d’autre pour remplacer Xano ? Ca avait fait assez vite dis donc. Avec un grand sourire aux lèvres, Luna reprit :

« C’est un homme un peu fou de jeux vidéos. Il n’a jamais décroché de sa console et je me demande même si c’est réalisable aujourd’hui. Il est déjà en train d’attendre dans l’église mais bon… Il me nomme sa princesse car il est encore dans ses jeux vidéo. »

« Jeux vidéo… Jeux vidéo… REK ! »

« C’est ça ! C’est bien Rek ! Par contre, même si je suis la princesse des Insectes et que ma mère est toujours la déesse supérieure des Insectes, je tente de le faire accepter parmi ces derniers. C’est assez difficile. »

Et pour cause : Rek était un ancien Etouraptor, un oiseau, un ennemi naturel des insectes donc. Tyrania ne put s’empêcher d’être légèrement émue. Elles étaient toutes là. Quelqu’un toqua à la porte, la jeune femme demandant qui c’était. La seule voix qu’elle entendit était celle d’un homme, puis accompagnée de deux voix féminines. Mais… Elle ne connaissait pas ces trois voix. Elle ne s’en rappelait plus si cela avait été le cas.

« S’il vous plaît, s’il vous plaît. S’il vous plaît. Veuillez tous vous asseoir correctement. La cérémonie commencera bientôt. Le prêtre va bientôt arriver. »

Gigana tapait dans ses deux mains pour que le calme s’installe alors que tout le monde respectait ses consignes. L’Eglise était assez grande, deux statues représentant Giradès et Juperus se trouvant de part et d’autre de l’autel alors que l’adolescente aux cheveux blancs étudiait les différentes personnes qui se trouvaient. Hum… Ils étaient bien tous présents. Bien sûr, il en manquait d’autres comme Luna, Nelya ou ses sœurs mais c’était normal. Par contre… Deux personnes venaient de pénétrer dans l’église : Deux femmes qu’elle ne connaissait pas. L’une d’entre elles semblait très âgée : Elle devait bien avoir soixante-dix ans et avait des cheveux gris… ainsi que des yeux argentés. Elle avait une certaine prestance indéniable et elle la regarda longuement. De l’autre côté, il y avait une femme aux longs cheveux bruns qui devait avoir la quarantaine d’années et il fallait reconnaître qu’elle était élégante. Elle se positionna devant les deux femmes :

« Pardonnez moi mais qui êtes vous ? »

« Nous ne sommes pas vivantes. Est-ce qu’il y a des places libres ? »

« Oui mais… Enfin… Vous savez que c’est un mariage privé. »

« Nous sommes envoyées par Juperus et Giradès. »

Elles connaissaient Juperus et Giradès ? Rien que le fait de dire leurs deux noms plus le fait qu’elles soient en ce lieu montraient qu’elles savaient ce qui se passait ici. Elle hocha la tête, leur désignant deux places au premier rang alors qu’elle quittait l’église. Il fallait maintenant trouver l’homme qui allait marier le futur couple.

« Lucate ? Est-ce que tu es prêt ? »

« C’est le cas, mademoiselle Gigana. J’ai tout ce qu’il faut. »

Il se présenta à elle dans une robe de cérémonie blanche, un chapeau cachant une partie de ses longs cheveux bleus alors qu’il attendait qu’Hosol arrive à son tour, celle-ci s’étant habillée en sœur. Les deux personnes allèrent à l’intérieur de l’église tandis qu’elle observait le ciel. Il faisait beau… très beau. Ca allait être une très belle journée.

« C’est à moi de me préparer aussi. Demoiselle d’honneur. Ah. »

Elle eut un léger sourire, s’éloignant de l’église pour se diriger vers la demeure où tout ceux qui étaient là pour aider le futur marié et la future mariée. Une bonne trentaine de minutes plus tard, Hosol s’était mise assise devant un piano à orgue, commençant à en jouer délicatement alors que tous les murmures s’arrêtaient. Tout allait commencer ! Lucate était déjà derrière l’autel, attendant que Xano et Tyrania arrivent, accompagnés de leurs garçons d’honneur et de leurs demoiselles d’honneur. Il fallait remarquer que même Loxen avait mis un chapeau haut-de-forme pour tenter de cacher sa coiffure afro et blonde.

La double porte s’ouvrit pour laisser apparaître un jeune homme aux cheveux blancs et aux yeux rouges. Habillé avec un costume noir et une cravate rouge ainsi qu’un nœud papillon de même couleur, il avait respecté les conditions de Tyrania. Charkrowos marchait derrière lui, ayant quitté sa canne pour la journée bien que l’on pouvait voir qu’il peinait légèrement à le suivre. Enfin… A côté de lui se trouvait une ravissante femme aux cheveux bleus courts et aux yeux dorés. Elle était si belle… que c’était à se demander si tout cela n’était pas irréel. La mère de Xano… Elis…

« Je la draguerais vo… »

Loxen se prit un coup dans le ventre pour qu’il se taise, Frizy portait un magnifique kimono blanc qui allait de pair avec son visage et ses cheveux. Tout était parfait… La musique continuait, le jeune homme et sa mère arrivant devant l’autel. Elis murmura à Xano :

« Bonne chance. Je suis fière de toi, Xano. »

« Et moi, je suis fier d’être ton fils, Maman. »

Elle lui fit un fin sourire, allant s’asseoir au premier rang à la droite de l’autel, à l’opposé de l’endroit où étaient assises les deux femmes avec qui Gigana avait parlées. Charkrowos s’installa à côté de Xano, lui tapotant une fois dans le dos alors qu’il tenait un petit coffret en écrin noir dans sa main gauche.

« La mariée va arriver. »

Ah ! Le clou du spectacle ! Il voyait que Luna et les autres femmes étaient présentes, déjà installées. Il y avait simplement les quatre sœurs qui n’étaient pas présentes ainsi que la mariée. La musique recommença à résonner dans l’église alors que les portes s’ouvraient à nouveau. Enfin… Elle arrivait. Il haussa un léger sourcil d’appréhension alors que plusieurs murmures se faisaient entendre. Qui était cet homme qui lui tenait la main ? Xano était surpris, très surpris. Il ne connaissait pas cet homme. Il avait une quarantaine d’années, de magnifiques cheveux rougeoyants avec des yeux argentés. Tout de suite, il fit la correspondance entre la fourrure de la Goupix qu’il connaissait et les yeux de l’homme. Mais le plus merveilleux était encore à venir.
Tyrania avait un long voile blanche qui cachait son visage mais il sentait qu’elle était heureuse… Très heureuse alors que l’homme aux cheveux rougeoyants tenait son bras en l’emmenant jusqu’à l’autel. Elle avait un bouquet de roses à la main tandis qu’elle laissait apparaître ses neuf queues de Feunard ainsi que ses deux oreilles. Le haut de son voile dans ses cheveux dorés était entouré de roses blanches et il en était de même pour le haut de sa robe de mariée. Elle avait les épaules nues et de longs gants blancs en dentelle et elle était resplendissante. Enfin derrière elle se trouvait Gigana qui portait une robe argentée et aux épaules recouvertes néanmoins tandis que ses trois petites sœurs tenaient le reste de la robe avec un grand sourire. Elle arriva à sa hauteur alors que l’homme aux yeux argentés le regardait en émettant un grand sourire. Il murmura quelque chose dans l’oreille de la jeune femme aux cheveux dorés, allant s’asseoir à côté des deux femmes. Il n’osa pas la regarder, droit dans les yeux, étant quand même un peu inquiet au sujet de cet homme et de ces deux femmes. Néanmoins, elle avait un grand sourire aux lèvres, signe qu’elle était heureuse bien qu’il releva un peu de tristesse. Lucate toussa légèrement, prenant la parole :

« Mes frères et mes sœurs, si nous sommes réunis aujourd’hui en cette église, c’est pour célébrer l’union de deux êtres par les liens sacrés du mariage. Xano Likan et Tyrania, vous avez vécues de belles choses ensemble et ce qui n’était au départ qu’une simple relation entre une pokémon et un dresseur s’est transformé en un sentiment bien plus profond et humain. Des épreuves, vous en avez traversées et vous en traverserez encore mais ensemble et unis. »

Un discours crée par Lucate ? Pour l’instant, tout était bon et il lui donnait un magnifique dix sur dix mais il fallait voir le reste. Est-ce que tout cela n’allait être qu’un simple amour volage ou quelque chose de bien plus grand ? Il n’osait pas prendre la main de Tyrania, n’osant même pas la regarder alors que Lucate continuait son discours. Après deux minutes, Lucate s’arrêta, tapant une fois dans ses mains avant de dire :

« Si les alliances veulent bien être données. »

Charkrowos et Gigana se levèrent, s’approchant de Xano et Tyrania en leur tendant un coffret en écrin. Ils ouvrirent pour y trouver une bague avec un rubis ni trop grand, ni trop petit. Lucate reprit en les regardant :

« Nous allons donc prononcer vos vœux : Xano Likan, est-ce que vous faites le vœu de toujours chérir cette femme, uniquement et rien que cette femme. Est-ce vous faites le vœu de vivre avec elle dans la joie comme dans la peine, dans l’allégresse comme dans la tristesse, de l’aimer que ça soit dans la vie ou dans la mort. Est-ce que vous voulez accepter Tyrania comme épouse ? Si c’est le cas, dites : Oui je le veux. »

Il prit l’anneau puis la main de Tyrania alors qu’il la regardait à travers son voile en rougissant. Il mis la bague à l’annulaire droite de Tyrania. Lentement, il murmura :

« Oui, je le veux. »

« Et vous Tyrania, est-ce que vous faites le vœu de toujours aimer cet homme, uniquement et rien que cet homme ? Est-ce que vous faites le vœu de vivre avec lui dans le bonheur comme dans la souffrance, dans l’utopie comme dans l’apocalypse, de l’aimer à chaque parcelle de votre existence ? Est-ce que vous voulez accepter Xano Likan comme époux ? Si c’est le cas, veuillez dire : Oui je le veux. »

Sans même réfléchir aux nombreuses questions, elle prit l’anneau, le mettant à l’annulaire droit du jeune homme avant de s’exclamer avec joie :

« Oui, je le veux ! »

« Alors, à partir de ce moment et à compter d’aujourd’hui, en la présence des nombreuses personnes en ce lieu, je vous déclare dorénavant mari et femme. Puissiez-vous vivre heureux. Vous pouvez maintenant embrasser la mariée. »

Oh que oui, il allait l’embrasser, relevant le voile en la regardant avec un léger sourire. Ils étaient tous les deux rouge de gêner : S’embrasser devant trois ou quatre personnes, c’était une chose. Devant toute une assemblée, c’était bien plus compliqué. L’histoire du courage, ils allaient s’en passer. Il embrassa longuement la jeune femme aux cheveux dorés alors qu’Hosol reprenait la musique à l’orgue, de nombreux applaudissement se faisant entendre.

« Tyrania… Je voulais te demander… »

« Que y a-t-il mon amour ? Ne me dit pas que tu as le trac. »

« Non, non… Ce n’est pas ça mais je me demandais : Qui sont ces trois personnes ? »

Il désigna du regard l’homme et les deux femmes assez âgés, Tyrania faisant un petit sourire triste. Oui, elle était un peu triste. Il lui passa une main sur la joue, tentant de comprendre ce qui se passait réellement. Elle lui murmura :

« C’est mon père… Ma mère… Et ma grand-mère. »

« C’est vrai qu’ils étaient morts donc nous les avons sûrement ramenés à la vie en même temps. C’est ça non ? Je devrais aller les saluer. »

« Ce n’est pas une bonne idée mais si tu en as envie, vas y. Pour ma part, je vais aller parler avec tout le monde. On se retrouve ici après. »

Le couple se séparait pour quelques minutes. Xano se dirigea vers le trio, ne savant pas comment s’adresser à eux. En fait, parler avec sa belle famille le stressait au plus haut point. L’homme se tourna vers lui, émettant un sourire :

« Et bien… Voilà mon futur genre. Que me vaux l’honneur de ta visite ? »

« Vous êtes bien Merak ? Le… père de Tyrania ? »

« C’est exact. Et voilà ma mère Kalix et ma femme Zyla. »

« Bonjour, mesdames. Je suis… »

« Xano Likan, nous avons entendu ton nom lors de la cérémonie. »

« Ah… Euh… Oui… C’est vrai. »

Il passa une main dans ses cheveux blancs, ne sachant pas quoi dire. Luna arriva, lui prenant le bras pour le tirer vers elle et qu’il l’invite à danser. Il se laissa faire, jetant un dernier regard aux trois personnes qui s’étaient mises à parler entre elles.

« C’est un bon garçon… Un très bon garçon même. »

« Je crois que ma petite-fille a très bien choisi son homme. »

« Vous parlez de moi ? »

Tyrania se positionna devant eux, les joues rougies par l’émotion. Voir sa famille… était quelque chose auquel elle ne se serait jamais doutée. La femme aux longs cheveux bruns serra sa fille contre elle avant de lui dire d’une voix douce :

« Je m’étais trompée… trompée sur toute la ligne. »

« Mais non… Ce n’était pas de ta faute, Maman. Si seulement… La possibilité de devenir une humaine avait été possible, tu aurais été heureuse. »

« Mais je le suis. Dis toi que si j’avais été une humaine, tu ne serais pas née. »

« Oui… C’est vrai… »

« Zyla… Il va être bientôt l’heure. »

« Vous… Vous partez déjà ? Mais ce n’est pas terminé ! »

Elle les regardait d’un air affolé, tendant ses bras en sanglotant. Ils… Ils ne pouvaient pas déjà partir. Pas maintenant ! Zyla et Merak allèrent la serrer contre eux, la jeune femme se retrouvant entre ses trois parents.

« Il le faut bien… Giradès et Juperus se fatiguent beaucoup trop. »

« D’accord… mais… Je… Je… vous… »

Elle n’avait pas besoin de terminer sa phrase. Ils comprenaient parfaitement ce qu’elle voulait dire. C’était si facile à comprendre. Xano remarqua ses pleurs, s’approchant d’elle en lui demandant si tout allait bien. Merak lui dit :

« Veille bien sur elle. Tu me le promets ? »

« Hein ? Euh… Oui… Mais… Vous partez ? »

« C’est exact, nous avons des obligations qui nous attendent ailleurs. »

« Je vous souhaite un bon départ et je veillerais sur votre fille comme sur la prunelle de mes yeux. C’est une promesse et je les respecte toujours. »

Soit… Ils n’avaient donc pas à s’inquiéter de ça. Merak posa ses mains sur les épaules de Xano avant de dire au revoir à Tyrania. Celle-ci alla dans les bras de son mari alors que le trio quittait la salle. Elle continuait de pleurer et il ne pouvait s’empêcher de la questionner :

« Raconte moi tout. Je n’aime pas te voir en train de pleurer. »

« Papa… Maman… Et grand-mère… Ils sont déjà morts… »

« Hein ? Comment ça ? Ils étaient bien vivants. »

« Ils s’étaient déjà réincarnés mais… Giradès et Juperus se sont entraidées et ont extrait les âmes de mes trois parents… pour leur redonner un corps physique et leurs souvenirs. Mais ce n’est pas permanent car leurs âmes ont maintenant une nouvelle vie et elles doivent retourner dans leurs nouveau corps. »

C’était donc ça… Leurs départs… C’était un cadeau de Giradès et Juperus. C’était l’un des plus beaux cadeaux que Tyrania pouvait avoir. Il la serra tendrement contre lui avant de lui demander d’une voix tendre et délicate :

« Est-ce que tu me ferais l’honneur de danser avec moi ? »

« Bien sûr… grand bêta. Et puis… C’est du passé. »

Du passé et ils avaient tout l’avenir devant eux. Il alla l’embrasser fougueusement devant tout le monde, quelques rires se faisant entendre alors qu’elle se laissait faire. Quelques secondes après, la musique revenait et ils commencèrent à danser. Elle se retint de crier en lui disant :

« Tu sais pas danser… Pas du tout. »

« Hey ! Ce n’est pas de ma faute si je ne suis pas doué. »

« Je le confirme, Tyrania. Fais gaffe ! Même Rek sait mieux danser que toi, Xano. »

« Hey, je peux pas être parfait hein ? »

Mais il l’était pour elle. Elle colla sa tête contre son torse, la musique devenant un slow, chaque couple se formant alors qu’elle fermait les yeux. De son côté, il regardait tout le monde. A sa grande surprise, il vit Nelya habillée d’une façon très élégante avec une jupe bleue lui allant jusqu’aux genoux. Mais surtout, sa surprise était fixée sur le ventre de la jeune femme. Celui-ci avait légèrement grossi.
Du côté de Ryusuke… On dira qu’il avait fort à faire. Il devait alterner ses danses entre Riza et Clemona, les deux femmes se disputant en rigolant pour savoir à qui allait être la prochaine danse. Il fallait remarquer qu’au niveau de la poitrine, les deux femmes ne s’étaient pas privées pour laisser apparaître un décolleté généreux. Finalement, ce ne fut aucune des deux femmes qui eut la prochaine danse mais Juperus qui était apparue devant le jeune homme en lui murmurant avec délicatesse :

« Il est aussi le père de mon enfant… Je pense donc que je pourrais avoir une danse avec lui puisque je viens à peine d’arriver. Ryusuke ? »

« D’accord, d’accord… Rahhhh… C’est quand même moche d’être un homme à femmes. »

Il se prit deux claques de la part de Clemona et Riza en même temps. Ce n’était pas des claques qui se voulaient violentes mais plutôt amusées. Qu’il se taise bon dieu ! Luna criait un peu sur Rek, l’homme à la mèche bleue continuant de jouer à sa console au lieu de l’inviter à danser. Sans même prévenir, elle alla éteindre la console devant les yeux écarquillés de Rek qui bégaya :

« Mais mais mais … Je … Je n’avais pas… »

« En tant que chevalier servant, tu te dois de m’inviter à danser ! »

Aie aie aie… Quelle plaie ! Enfin non… Pas une plaie ! C’était lui qui s’était invité dans la ruche malgré les dangers. Bon, faire un effort et tenter de danser avec elle. Il se redressa, prenant la main en lui souriant alors qu’ils allaient sur la piste. Xano termina de danser avec sa femme, lui demandant si il pouvait aller voir Nelya.

« Et pourquoi je ne voudrais pas te laisser partir ? »

« Je ne sais pas vraiment… Tu veux venir avec moi ? Je crois que… Nelya est enceinte. »

Elle parut étonnée des propos de Xano et elle jeta un regard vers la jeune femme aux cheveux bleus qui restait parfaitement immobile dans son coin, refusant poliment toutes les invitations. C’est vrai qu’elle avait pris du ventre. Bon… Ils pouvaient bien faire ça. Ils se dirigèrent vers Nelya, la jeune femme posant ses yeux saphir sur Xano et Tyrania :

« Toutes mes félicitations, vous deux. »

« Merci beaucoup, Nelya. Alors ? Combien de mois ? »

« Environ un ou deux. Je dirais plus aux alentours de deux mois. »

« Tyrania, je ne m’étais pas trompé ! Qui est le père ? »

« Il n’a pas de père. »

Aie… Ahem… Sujet délicat. Tyrania donna un petit coup dans la hanche de Xano, celui-ci détournant le regard. Il n’était pas très malin d’avoir parlé de ça maintenant. Quel imbécile ! Nelya reprit la parole en faisant un petit sourire :

« Non… Non… Il ne m’est rien arrivé de mal. Je n’ai pas eu une aventure ou autre. C’est simplement… un enfant comme toi, Xano. »

« Xano… Qu’as-tu fait à Nelya dans mon dos ? »

« Hey ! J’ai rien fait ! J’ai rien fait du tout ! »

« Non… Ce que je veux dire… C’est que je suis comme Elis : Mon enfant n’a pas de père. »

D’accord… C’était différent. Tyrania poussa un soupir de soulagement alors que Xano croisait les bras, attendant des excuses de sa part. Elle alla l’embrasser sur les lèvres, se faisant pardonnée tout de suite alors qu’il demandait à Nelya :

« Tu veux danser ou ton ventre t’en empêche ? »

« Je ne suis pas incapable de bouger non plus. Je ne sais pas danser seulement. »

« Tant mieux, on sera deux ! Pardonne moi Tyrania mais j’invite cette demoiselle. »

Elle fit un petit geste évasif de la main pour dire que c’était bon alors qu’elle étudiait toutes les personnes dans la pièce. Loxen… dansait comme un fou sur la piste, Frizy tentant de l’arrêter avant de le suivre dans la danse. Paria et Ronyl… dansaient tranquillement, chacun baisant la tête sans regarder les personnes autour d’eux. Ils étaient seuls dans leur monde. Une main se posa sur l’épaule de Xano à la fin de la danse :

« Et moi messire ? Ai-je le droit de danser ou non ? »

Dès qu’il tourna la tête, il eut un décolleté plongeant devant lui… ainsi qu’un visage avec des yeux verts et des cheveux de même couleur. Telle mère… Telle fille… Les deux avaient des proportions là où il fallait. Shymi… était devant lui.

« Heu… Bien sûr ! Enfin… Bonjour Shymi. Ca fait… longtemps. »

« Et oui ! Que veux-tu que je te dise ? J’ai perdu donc j’ai le droit au lot de consolation. »

« C’est-à-dire ? Une danse avec moi ? »

« Bien sûr. Enfin je crois… »

Il s’inclina respectueusement devant elle, lui prenant la main alors qu’une nouvelle danse commençait. Un petit regard vers Ryusuke et il voyait l’homme aux cheveux bruns en train de danser avec Drimali. La jeune femme aux cheveux bleus semblait aux anges. Tyrania quand à elle, elle n’appréciait pas vraiment le fait que Xano dansait avec Shymi mais elle préférait ne rien dire. Il pouvait faire ça.

« Shymi… J’y pensais mais… Tu m’as menti n’est-ce pas ? »

« A quel sujet ? Je ne vois pas de quoi tu parles. »

« Tu sais très bien où je veux en venir… Je parle de ce qui s’est passé. »

« De l’enfant ? Je suis désolée… Je ne pensais pas que… »

« C’est bon, c’est du passé mais la prochaine fois, ne mens pas. »

D’accord… De toute façon, pourquoi mentir ? Elle n’était plus enceinte et puis il était maintenant un homme marié. La musique s’arrêta, la jeune femme le remerciant d’un baiser sur la joue avant de s’éloigner et de retourner vers ses parents. Lui de son côté, il s’approcha de Tyrania, lui faisant un petit sourire :

« C’était Shymi. Je ne sais pas si tu t’en rappelles. »

« Oh que si je m’en rappelle très bien ! Bon… Il se fait tard non ? »

Elle tapa deux fois dans ses mains pour que les discussions s’arrêtent, signalant qu’elle allait faire un discours. Elle toussa une première fois, prenant la parole :

« Je vous remercie à tous et à toutes d’être venus pour mon mariage et aussi nombreux. Je ne vais pas m’attarder trop longtemps car je vais vous libérer. Je ne sais pas si je dois faire le traditionnel jet de fleurs car c’est peut-être un peu tard maintenant. Je me répète mais je tiens à remercier chacun d’entre vous pour le déplacement, même certains ont du traverser une dimensions pour venir jusqu’ici. Je ne parlerais pas plus que cela car même si pour certains, la nuit se termine bientôt, pour ma part, elle ne fait que commencer. Sur ce, je me dois de vous annoncer que Xano et moi allons vous quitter maintenant. Merci encore. »

Quelques discrets applaudissements se firent entendre alors qu’il rougissait. Elle venait de dire clairement que la nuit n’allait pas se terminer ce soir et cela… devant tout le monde. Puis des applaudissements plus nourris se firent entendre, Tyrania s’inclinant devant l’assemblée, invitant Xano à faire de même. Quelques instants plus tard, elle sauta dans ses bras, le forçant à la prendre à la manière d’une mariée.

« Désole mais nous devons vous laisser maintenant ! Bonne soirée à tous ! »

Elle salua les différentes personnes alors qu’il se dirigeait avec la sortie. Ahhhh ! Lorsqu’ils se retrouvèrent dehors, il lui demanda si elle était tentée qu’ils marchent pendant une ou deux heures avant d’arriver chez eux.

« Mais si tu es trop fatigué… On ne pourra pas passer notre lune de miel. Alors, je veux bien que tu me portes jusqu’à la maison mais tu n’as pas intérêt à être épuisé sinon je te le ferais regretter ! J’ai bien été claire ? »

« Oui cheffe ! Au passage… Je me disais… Tu n’étais pas obligée de balancer ça en public. »

« De quoi ? Que cette nuit allait être la grande nuit entre toi et moi ? »

« Oui, y a de ça quoi. Je ne pense pas que notre vie… sur la chose les intéresse beaucoup. »

« Moi j’y pense : Luna et toi, vous l’aviez fait combien de fois ? »

« Mais en quoi ça te concerne ?! »

« REPOND c’est TOUT ! Je veux savoir ! »

Bon… Combien de fois l’avait-il fait avec Luna ? Ca remontait à fort longtemps aussi. Il ne s’en rappelait pas forcément. Bon… Si… C’était quelque chose d’assez spécial puisque ça avait été un nombre assez important. Elle lui tira la joue alors qu’ils marchaient dans la nuit, elle dans ses bras. Il cria un peu de douleur avant de dire :

« Dix ! Dix fois ! Voilà ! Pourquoi tu veux savoir ça ? »

« Car on arrêtera pas avant de le faire vingt fois, j’ai été claire ? »

« Mais tu veux ma mort ?! »

« Non je veux simplement ma dose d’amour que je n’ai pas reçue depuis toutes ces années et avec les suppléments. Je te préviens : Tu as intérêt à pas flancher une fois. »

« On peut pas étaler ça sur plusieurs jours ? »

« JAMAIS ! On le fera jour et nuit si il le faut ! On ira boire mais c’est tout ! Et peut-être un peu manger car je ne sais pas si on a faim après ça. J’y connais rien moi ! Et puis bon… Essaye d’y aller doucement la première fois, d’accord ? »

« Mais oui… Mais oui… Je te le jure… »

Il poussa un léger soupir amusé alors qu’elle avait ses yeux rubis posés sur lui. Elle pencha un peu sa tête en avant, tendant ses lèvres pour qu’il l’embrasse, chose qu’il fit avec tendresse. Maintenant, ils allaient pouvoir vivre heureux et ensembles, c’était tout ce qu’elle voulait. Après une bonne heure et demi de marche, ils se retrouvaient devant la maisonnette de la jeune femme… et maintenant la sienne.

« Comment vas-tu ouvrir la porte ? »

« Je peux la défoncer ? »

« Je t’autorise pas à faire ça ! N’abuse pas ! Tu dois être capable de l’ouvrir sans me déposer au sol. C’est la tradition ! C’est comme ça ! »

Pfff ! Quelle chieuse ! Mais… MAIS… MAIS… C’était SA chieuse ! La tenant complètement avec sa main droite, il ouvrit la porte de sa main gauche alors qu’elle poussait un sifflement admiratif avant de dire d’une voix amusée :

« Et bien…. Quel homme fort ! »

« Juste pour celles qui le méritent. »

« Et je le mérite ? J’aimerais bien sentir cette force. »

Ca n’allait pas tarder mais auparavant… Il devait la déposer sur le lit et ouvrir d’autres portes. Une… et deux ! Voilà qui était fait. Ils se retrouvaient devant le lit à deux places, la jeune femme aux cheveux dorés tendant ses bras, prenant une forte respiration pour bien soulever sa poitrine devant les yeux de Xano.

« Et après ? Que faisons nous ? Tu te jettes sur moi ? »

« On va essayer une approche plus douce non ? Par contre… J’ai une petite demande… »

« Et c’est laquelle ? Voyons voir ce que tu as prévu de bizarre. »

« Et bien… Je ne sais pas si je devrais avoir honte de te demander ça mais… »

Allons… Qu’il s’exprime au lieu de tourner autour du pot. Elle se redressa, se mettant assise en croisant ses bras au niveau de sa poitrine, lui disant de poser sa question au lieu de rester ahuri devant elle. Il murmura d’une vois gênée :

« Est-ce que tu… peux… garder tes oreilles de Feunard et tes neuf queues ? »

« Hein ? Que ? Tu parles de mes attributs de Feunard que je n’arrive pas toujours à cacher ? »

Oui, oui. C’était de ça qu’il voulait parler. Il hocha la tête pour lui signaler que c’était ce qu’il voulait. Elle poussa un petit soupir amusé, tendant sa main pour agripper sa cravate et le tirer vers elle. Elle le regarda longuement… avant de lui répondre qu’elle était d’accord et que ce n’était pas un problème. De plus, cela prouvait qu’il ne se préoccupait pas du tout de son apparence physique… ou alors qu’il avait des goûts prononcés pour le fétichisme.

Quelques minutes après, il se retrouvait couché sur elle, la recouvrant de baiser sur le visage alors qu’elle se laissait faire en poussant des petits rires. L’une de ces mains remontait le long de sa robe de mariée pour se faufiler sous cette dernière. La blancheur de sa robe n’était pas là pour rien : Elle désignait que la jeune femme était encore vierge au moment du mariage et qu’elle était prête à se donner complètement à son futur mari. Il lui descendit ses collants blancs, les jetant par-dessus le lit avant de faire de même avec ses gants, embrassant sa main droite en la recouvrant de petits baisers.

« C’est à qui cette petite main ? C’est à ma petite Tyrania. »

« Xano… C’est comme ça que ça doit se passer ? J’ai l’air un peu… ridicule. »

« Mais tu ne l’es pas, pas du tout. »

Il se coucha complètement sur elle, arrêtant de jouer avec ses mains alors qu’il lui demandait de le mettre torse nu. Bien qu’elle était gênée puisqu’elle savait que personne n’allait l’arrêter, elle tentait de faire son mieux, passant ses mains sur le corps du jeune homme avec une légère appréhension. Elle lui demanda :

« Est-ce… que je le fais bien, Xano ? »

« Mais oui, Tyrania. Mais oui… Bon… Attention… »

Il posa une main sur le haut de sa robe, s’apprêtant à l’abaisser pour dévoiler sa poitrine. Elle était rouge de gêne mais il lui murmura que ce n’était pas la première fois qu’il la voyait ainsi. Mais là… C’était différent hein ? Elle allait se donner à lui ! Et puis… Xano… Ahhh ! Xano allait enfin s’unir avec elle ! Elle se cacha la poitrine alors qu’il abaissait le haut de sa robe. Il put constaté qu’elle avait pris du volume à ce niveau, lui donnant un corps absolument divin. Il alla l’embrasser tendrement, lui murmurant :

« Et bien… Tu n’as pas à cacher ton corps. »

« C’est vrai mais… J’ai remarqué que depuis quelques mois, j’ai continué de grandir au niveau de … Voilà… Et tu ne m’aimes pas uniquement pour ça hein ? »

« Mais non, si ça avait été le cas, je me serais marié à Luna. Est-ce le cas ? Je n’étais même pas au courant de ça avant aujourd’hui. Promis ! »

« Alors… C’est bon… Tu peux voir… »

Elle retira lentement sa main, dévoilant ses deux seins devant les yeux de Xano. Celui-ci déposa un petit baiser sur chaque téton, mettant un peu sa langue dessus alors qu’elle poussa un gémissement de plaisir. C’était… C’était… Ah… Elle avait tellement attendu ce moment que chaque geste sur son corps lui passait un courant électrique. Elle se laissa faire alors qu’il descendait de plus en plus sa robe, la mettant complètement nue devant ses yeux. Elle alla dire d’une voix faible et chétive :

« Et toi ? Je… ne dois pas te déshabiller ? »

« Il ne vaut mieux pas si tu es intimidée… »

« Intimidée ? Moi ?! Non mais pour qui tu me prends ?! »

Elle détestait qu’il lui dise la vérité surtout quand elle ne l’acceptait pas ! Elle transforma ses deux mains en griffes, déchirant le pantalon de Xano pour le mettre complètement nue. Il sembla surpris, poussant un soupir avant de dire :

« Ce costume n’était pas le mien. »

« Maintenant… Tu es dans la même tenue que moi… »

C’était donc ça… Xano… dans son plus simple appareil… et bien en face d’elle. En le regardant de haut en bas, surtout en bas, elle poussa un petit glapissement confus avant de prendre le sexe du jeune homme en main. Rien qu’à le sentir vibrer dans sa main, elle se sentait si chaude… Une chaleur l’envahissait dans son corps.

« Hey… Je ne dois pas rester inactif ! »

« Laisse… Laisse moi gérer ça ! Je dois… montrer que je suis capable d’être aimée par toi. »

Bon… Qu’est-ce qu’elle devait faire après ça ? Elle n’y connaissait rien… En avant… En arrière… Les gémissements de Xano lui montraient qu’elle était dans la bonne voie mais il n’avait pas l’intention de se laisser faire. Il posa deux doigts sur son entrejambe déjà trempé, pinçant le bouton d’amour de la jeune femme.

« AHHHHH ! Xano ! Imbécile ! Imbécile ! »

Et bien… Ca n’avait pas duré… Il retira sa main avec un grand sourire alors qu’elle haletait, crispée comme si elle venait de subir un électrochoc. Une petite flaque de liquide venait de se former au niveau de son entrejambe alors qu’il disait avec amusement.

« Et bien… Une fois. Ca va être bien plus simple que prévu on dirait. »

« LA FERME XANO ! »

Elle le prit par les deux bras, le regardant avec férocité et amour avant de le tirer vers elle pour le faire tomber sur son corps. Elle l’embrassa longuement avant de lui coller sa tête contre sa poitrine, entourant ses hanches de ses deux pieds avant de lui dire d’une voix bien plus calme et fragile :

« C’est bon… Je suis prête… Mais vas y doucement. »

Du blanc au noir… De la démone à l’ange… Elle changeait de caractère tellement vite qu’il en aurait été déconcerté si il ne la connaissait pas. Or… Ce n’était pas le cas. Il sortit sa tête de sa poitrine, collant ses lèvres contre un téton pour le mettre dans la bouche et le mordiller avant de rentrer en elle lentement. Il retira ses lèvres pour aller lui mordiller son oreille de Feunard tout en donnant un petit coup puis un autre jusqu’à ce que son hymen se brise. Le glapissement de bonheur qu’elle avait fait à ce moment là équivalait à toutes les plus belles musiques qu’il avait connues de son existence. Il alla l’embrasser pour finalement la serrer contre lui, la jeune femme aux cheveux dorés pleurant légèrement.

« Mon amour, je t’aime vraiment plus que tout. »

« Et moi aussi, Tyrania… Moi aussi… Ce n’est que le second de la soirée. »

Elle fit un petit rire amusé, le serrant contre elle de tout son corps et tout son âme alors qu’il recommençait à la pénétrer. Maintenant, ils étaient mari et femme. Ce qui se passa le reste de la nuit ne les concerna qu’eux, est-ce qu’il avait réussi ou non ? Nul ne le savait à part Tyrania et Xano. Couchés l’un contre l’autre, nus mais recouverts de la couverture, elle lui souffla dans l’oreille avec affection :

« Xano… Je crois qu’après tout ce que nous avons vécus… »

« Nous avons le droit de vivre heureux et ensembles ? Dans notre monde ? »

« Je me sens… apaisée enfin… après tout ça. Merci pour tout. »

« C’est à moi de te remercier d’exister. »

Ils se serrèrent l’un contre l’autre, le jeune homme fermant ses yeux avec elle, leurs deux visages collés ensemble. Il alla lui faire un petit baiser esquimau en s’endormant, la tête de la jeune femme posée contre son torse. Oui… Leur monde… Rien qu’à eux… Un monde où seuls elle et lui existaient dorénavant.

Chapitre 99 : J’ai été heureux de te connaître

ShiroiRyu
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Chapitre 99 : J’ai été heureux de te connaître

« Xano, pourquoi être resté avec moi ? »

« Car si je n’étais pas là… Vous seriez mort, n’est-ce pas ? »

« C’est exact… Mais tu dois penser à toi aussi. »

« Je penserais à moi quand tout sera terminé. »

« Tout est terminé… Il n’y a plus personne à faire revivre… à part toi. »

Le vide… Le noir… Le néant… Il n’y avait rien à part deux voix qui se parlaient entre elles. Deux voix facilement reconnaissables : Celle de Charkrowos et celle de Xano. Les deux hommes étaient en train de discuter bien qu’ils n’avaient plus de forme physique.

« Je sais très bien ce qu’il en est : Si vous me faite renaître, vous disparaîtrez. »

« En quoi cela est-il un problème ? Ne veux-tu pas être heureux ? »

« Je le suis… Je le suis. Tant que je fais plaisir à tout le monde, tant que tous sont heureux… Je suis heureux et je ne vais pas vous abandonner. »

« Mais tu as une vie… »

« Et vous avez la vôtre aussi. Gigana et ses trois sœurs ! »

C’était une discussion de sourds. Aucun ne voulait accepter la réalité : Ils avaient tous les deux une chose qui leur disait de revenir… et une chose qui leur en empêchait.

« Xano… Je crois que tu as été beaucoup trop longtemps à mes côtés. »

« C’est normal, je suis une partie de vous ! J’ai vos idéaux et vos… »

« Mais c’est mal ! Tu ne comprends donc pas que tout ce qui est arrivé est à cause de moi ? De mes idéaux ? De ma personnalité ? Ne refais pas la même erreur que moi ! »

« Je sais très bien ce que je fais et je ne trouve pas que c’est une erreur. »

« Et Faran… Tyrania dans cette histoire ? Est-ce que tu y as pensée ? »

Oh… Tyrania… Il était sûr qu’elle compren… Non. Elle n’allait pas pouvoir comprendre et cela était normal. Il était certain qu’elle ne pouvait pas accepter ce qu’il était en train de faire. Pfff… C’était bas de parler d’elle en ce moment.

« Xano… Suis moi… Je vais te montrer ce qu’elle est devenue depuis la dernière fois. »

Lui montrer ? Comment ça ? Qu’est-ce qu’il allait faire ? Un flash de lumière et si il avait des yeux, il aurait pu voir… de l’herbe… Une plage… De l’eau… Et une maisonnette isolée de tous et de toutes ? C’est là-dedans que vivait Tyrania ? Il pénétra à l’intérieur à la façon d’un fantôme, accompagné de Charkrowos. Comme ils n’avaient pas de consistance physique, personne ne pouvait les voir. La première remarque de Xano fut :

« C’est vraiment propre ici ! C’est vraiment ici… »

« C’est exact. Elle habite en ce lieu. Continuons. »

Bien sûr qu’ils allaient continuer ! Ils se dirigèrent vers une autre pièce, pénétrant dans la chambre de Tyrania. Un lit double recouvert d’un drap rouge… avec une couverture en laine à l’intérieur. De nombreux rideaux, une lampe de chevet, un bureau en bois, tout était bien ordonné et rangé et il se demandait si c’était bien réel.

« On doit s’être trompés, ce n’est pas possible. »

« Pourquoi cela ? Il y a un problème ? »

« Ca ne peut pas être Tyrania qui vit ici. Je ne la vois pas aussi ordonnée ! »

« Il y a des choses que tu connais pas sur elle, loin de là. »

« Hey… Charkrowos… Enfin… Dieu Originel, j’ai vécu avec elle pendant plus de six ans, je sais quand même le caractère de Tyrania. »

« Ou peut-être que tu ne sais rien du tout ? »

Pffff ! Comment ça : Il ne savait rien du tout ? Et puis encore ! Ils quittèrent la chambre et il entendit subitement des bruits. Cela provenait de la cuisine ! Il demanda au Dieu Originel de la guider vers cette dernière où il vit la jeune femme aux longs cheveux dorés qui coupait quelques légumes. Elle avait un tablier par-dessus sa robe noire et bleue.

« Elle fait la cuisine ? Ou je rêve ? »

« Xano… Sincèrement… Comment considères-tu Tyrania ? »

« Et bien… Je la vois plus couchée sur un canapé en train d’attendre que je fasse le reste du travail et non pas l’inverse. »

« Et là, quel est ton sentiment ? »

« Ben… Je me suis trompé lourdement, je le reconnais. »

C’était bizarre de voir la jeune femme en train de préparer un repas. Elle passa à travers lui en tenant un couteau de cuisine, s’arrêtant devant le réfrigérateur en s’observant dans le reflet que lui montrait la boîte métallique.

« Pauvre fille… Tu es vraiment pathétique. Comme si il allait revenir… Je ne sais même pas pourquoi je devrais continuer à garder mes cheveux comme ça. »

Elle prit ses longs cheveux dans son autre main, tranchant d’un coup sec ces derniers pour lui redonner sa coiffure d’antan. Néanmoins… Elle gardait le couteau en main, le détaillant de tous les côtés comme pour l’étudier. Elle semblait si triste, mélancolique… et sérieuse.

« Mais qu’est-ce qu’elle fout ? Je n’aime pas son regard ! »

« Xano… Si elle meurt… Elle ne reviendra pas te voir. Je tiens à te le signaler… Son âme ira déjà dans un autre corps. Est-ce que c’est ce que tu veux ? »

« Hein ? Mais non ! Je ne veux pas ça ! HEHO ! TYRANIA ! TU M’ENTENDS ?! »

Il lui criait dessus, espérant qu’elle l’entende mais rien. Même en haussant la voix, elle ne bougeait pas d’un poil comme obnubilée par le couteau. Elle le présenta au niveau de son bras gauche, l’observant longuement.

« Je pourrais… toujours vérifier si c’est vrai ou faux. »

« ARRÊTE TOUT DE SUITE TES CONNERIES ! Repose ce couteau immédiatement ! »

Pourquoi n’avait-il pas un corps physique maintenant ?! Il devait la stopper avant qu’elle ne commette une bêtise ! Finalement, d’un geste désinvolte, elle jeta le couteau en arrière, celui-ci tombant dans le lavabo comme si elle avait déjà tout prévu. Elle soupira longuement, observant les cheveux dorés au sol avant de dire :

« Je vaux mieux que ça. Vraiment bien mieux… »

Elle quitta la cuisine sans un mot alors qu’ils disparaissaient complètement pour retourner dans le néant. Tout était redevenu complètement noir autour d’eux et Charkrowos prit la parole d’une voix lente mais assez dure :

« Alors Xano ? Quel est ton constat ? »

« Je reste avec vous ! Enfin non… Ou si… Ou non… »

« Tu ne sais plus quoi décider ? »

« Je sais que ce que je fais est bon. Si je vous abandonne, vous disparaîtrez ! Vous êtes beaucoup trop faible et moi aussi… Nous sommes tous les deux affaiblis. »

« Et alors ? J’ai encore la force… nécessaire pour te ramener mais seulement si tu le désires… Je n’aimerais pas te forcer contrairement aux autres. »

« Je ne sais plus quoi faire… vraiment plus… »

Il était tiraillé de tous les côtés, ce n’était pas normal d’être aussi complexé ! Il voulait retrouver Tyrania mais d’un autre côté, il avait tellement vécu avec le Dieu Originel… Il était une partie de son âme ! Il ne pouvait pas… le laisser seul en ne pensant qu’à lui ! Si il faisait cela, il serait vraiment… égoïste.

« Xano, tu devrais arrêter de penser à moi. »

« C’est bien simple à dire, moins à faire. Si je pars, vous n’existez plus. Vous pensez vraiment que Gigana et ses sœurs comprendront ? »

« Je pense que… ça ne sera pas le cas. »

« Alors vous voyez bien, vous êtes dans le même cas que moi. »

« ASSEZ ! JE SUIS LE DIEU ORIGINEL ET TU N’ES QU’UNE PARTIE DE MON ÂME ! EST-CE BIEN CLAIR XANO ?! »

Si il aurait eu un corps, il aurait tremblé de tout son être en entendant la voix colérique de Charkrowos. Qu’est-ce qui lui prenait ?! Il venait de lui faire sacrément peur !

« Si JE décide que tu dois retourner près de Tyrania, TU acceptes d’accord ?! »

« Mais mais… et vous ? Je… »

« Qu’est-ce que je viens de dire ?! »

« Je… Je… Je… Je… Dieu Originel, mais écoutez… »

« Prépares toi ! Je te redonne ton corps d’ici quelques minutes ! »

« D’accord… Je… veux… retrouver Tyrania. »

Il ne lui laissait pas le choix. Il devait accepter l’ordre de Charkrowos. Mais pour lui, qu’est-ce qui allait se passer ? Il n’allait plus pouvoir rester avec Charkrowos et donc… Son âme de Dieu Originel allait disparaître.

« Tu es prêt, Xano ? Par contre… Vue ma force, peut-être que… Tu n’auras plus ta mémoire… Je vais essayer de faire que tous tes souvenirs en ce qui concerne Tyrania et les autres restent en toi mais je ne peux rien te promettre. »

« Et… pour vous ? Est-ce que… je me souviendrais de vous ? »

« Tu es resté trop longtemps avec moi… Je crois que par rapport aux cinq fragments de mon âme, c’est toi… qui était le plus proche de moi. Je préfère éviter que tu te souviennes de moi, Xano. Cela vaut mieux pour toi. »

« NON ! Ne me retirez pas ça ! Ne me le retirez pas ! Je… »

Il fut coupé dans ses paroles alors qu’il se sentait disparaître pour rejoindre le monde de Gigana et de ses sœurs. Il allait retrouver Tyrania ? C’est ça ? Sa mémoire… allait-elle vraiment être détruite ? Il n’espérait pas… Vraiment… Il ne voulait pas les oublier. C’était impossible pour lui… Il… Il…

« Xano… Je crois… que mon rôle est terminé en ce monde. Si il y a une personne qui mériterait le plus d’être heureux en ces mondes, c’est toi. J’ai été heureux de te connaître. Je crois que… J’en ai assez fait. Pardonnez moi Gigana… Rocagiri… Sterivia et Iglaré. »

« C’est quoi encore tout ça ? Encore de la neige ? Ou alors quelqu’un qui apparaît ? »

Elle venait de poser son regard rubis à travers la fenêtre de la cuisine. Encore une fois, il y avait plusieurs sphères blanches qui tombaient au sol. Elle ouvrit la fenêtre, passant sa main pour remarquer que c’était bien de la neige qui disparaissait dans ses mains. Quelqu’un toqua à la porte et elle arrêta de regarder la neige. Qui ça pouvait bien être ? Elis ? Oriane ? C’est bon, elle avait sa dose maintenant.

« Qui c’est ? Je n’ouvre pas aux inconnus. »

« Je… Je… Je viens d’arriver et je suis un peu perdu. Il n’y a personne et… Vous êtes qui ? Il n’y a pas d’autres maisonnettes et… »

Pfff… Maintenant, elle avait affaire à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Si c’était un bandit ou un malfaiteur, il allait facilement se casser les dents. Elle n’avait rien à faire de toute façon. En tant que bonne samaritaine, elle n’allait pas le laisser dehors. Enfin… Elle connaissait sa voix… Du moins, elle l’avait déjà entendue quelque part.

« Il fait un peu froid dehors… Vraiment très froid… »

« C’est bon, c’est bon, j’arrive. »

Elle se dirigea vers la porte, ouvrant celle-ci en regardant la personne qui se tenait devant elle. La première chose qu’elle remarqua était ses yeux rubis… puis ses longs cheveux blancs… Et ensuite son visage… Elle restait sur le pas de la porte, l’observant longuement pour voir si il était bien réel.

« Est-ce… que je peux rentrer, mademoiselle ? »

« Xano ? Xano ? C’est bien toi ? »

« AIE ! Oui, je suis bien Xano ! »

Elle venait de lui pincer la joue pour être sûre de ne pas rêver. D’habitude c’était plutôt l’inverse mais dans ce cas, elle voulait être sûre qu’il était bien en chair et en os devant ses yeux. Elle poussa un cri de joie, sautant au cou du jeune homme pour le faire tomber au sol dans le début de neige qui s’était formé autour d’eux.

« Hey ! Hey ! Hey ! Mademoiselle… Calmez vous ! »

« Arrête de m’appeler Mademoiselle ! On rentre, il fait froid ! »

Elle le souleva, remarquant l’air surpris du jeune homme sans réellement le comprendre. Elle l’installa sur le canapé, lui disant qu’elle retournait en cuisine pour lui faire un repas bien plus chaud que prévu. Bon… Où était cette soupe ? Où est-ce qu’elle se trouvait ? Le bouillon… Voilà ! Après… Quoi ? Des légumes ou des vermicelles ? Il lui fallait quand même quelque chose de consistant ! Elle opta pour des vermicelles, un grand sourire aux lèvres alors qu’elle lui demandait si ça lui convenait. Il répondit que oui et quelques minutes plus tard, elle l’invita à s’installer à la table, la jeune femme se mettant en face de lui.

« Alors, raconte moi tout ! Tu ne bouges plus d’ici maintenant ! »

« Euh… D’accord mais… Vous êtes ? J’aimerais remercier ma bienfaitrice. »

« Comment ça, qui je suis ? Je suis Tyrania ! Farankard ! Une ancienne Feunard ! »

« Ah oui… Oui… Bien sûr. Vous êtes Farania. Merci pour votre hospitalité. »

« Arrête, ce n’est pas drôle, Xano. »

Elle le laissa terminer de manger, ne posant plus de questions en le regardant amoureusement. Ses neuf queues étaient sorties, battant l’air pour exprimer sa joie alors qu’il paraissait surpris par ces neuf queues. Après le repas, elle alla nettoyer l’assiette, lui demandant de s’installer sur le canapé car elle allait revenir dès qu’elle aurait terminé. Alors qu’il était assis, elle alla s’asseoir à côté de lui, lui prenant sa main gauche dans la sienne.

« Alors… Tu ne m’as pas dit. Enfin non… C’est bon… Je ne veux rien savoir. »

« Le Dieu Originel… Il est mort… »

« Ah… Je suis désolée… Sincèrement… Je lui en veux toujours de t’avoir ramené en dernier mais il paraît que c’était de ta faute aussi ! J’étais morte d’inquiétude après les paroles de Giradès qui me disaient que tu n’allais pas revenir ! »

« Mais pourquoi vous me tutoyez ? On se connaît ? »

« Xano… Ce n’est plus amusant du tout là. »

« Mais je ne plaisante pas, mademoiselle Tyrania ! »

Il… ne plaisantait pas ? Qu’est-ce qu’il y avait ? Il s’était pris un violent coup sur la tête ? Comment ça, il ne se souvenait plus d’elle ? Elle perdait son sourire alors qu’il retirait sa main. Elle avait besoin de savoir.

« Qu’est-ce qui s’est passé avec le Dieu Originel ? »

« Il m’a dit que… Je perdrais peut-être la mémoire. »

« Perdre la mémoire ? Il ne manquait plus que ça ! »

« Nous… nous connaissons donc ? »

« Bien sûr qu’on se connaît, imbécile ! Tu disparais et tu reviens amnésique ! »

Elle aurait du se mettre en colère contre lui… Elle aurait du… Mais ce n’était pas le cas. Elle s’écroula sur lui, le jeune homme lui demandant de se pousser alors qu’elle ne répondait pas à sa demande. Elle était simplement soulagée de le savoir près d’elle, qu’il soit amnésique ou non. Il était là et c’était la chose la plus importante à ses yeux à l’heure d’actuelle. Le reste pouvait bien attendre maintenant.

Chapitre 98 : Ses dernières forces

ShiroiRyu
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Chapitre 98 : Ses dernières forces

« Tyrania, sors un peu de chez toi ! Tu ne vas pas rester cloîtrée à l’intérieur toute ta vie ! »

« Je fais ce que je veux maintenant. On n’a plus besoin de moi alors laissez moi tranquille ! Je n’ai pas envie de parler, je pense que c’est facile à comprendre ! »

« Mais tu ne dois pas ! Ecoute moi un peu ! »

« Vas chier, Oriane ! J’ai pas envie de te parler ! »

Elle tambourinait contre sa porte alors qu’Aliréna et Pandora lui demandait d’arrêter. Si elle ne voulait pas parler et si elle ne voulait voir personne, c’était son problème. Elles ne pouvaient pas la forcer à sortir.

« Tyrania ! Arrête un peu tes idioties ! Tu ne vas pas vivre comme ça ! »

« Si c’est ce dont j’ai envie, t’as pas à m’obliger ! »

« Si tu ne m’ouvres pas, je serais forcée de défoncer la porte ! »

« Fais le et je t’étripe ensuite ! »

Aliréna créa plusieurs racines, tirant Oriane en arrière alors que Pandora demandait à la jeune femme aux cheveux violets de se calmer. Il ne fallait pas embêter Tyrania. Elle vivait un moment difficile, ce n’était pas de sa faute… Si elle avait perdu ses deux sœurs, elle se serait morfondue elle aussi, non ?

« Bon… Tyrania… Je reviendrais demain, et après-demain, et ainsi de suite… Jusqu’à ce que tu m’ouvres et que tu sortes un peu ! »

« Vas te faire foutre ! Je n’ai pas envie de revoir ta tête ! »

Finie la petite Tyrania qui pleurait dans ses bras il y a environ un mois. Maintenant, elle était redevenue acariâtre car elle savait que Xano n’allait jamais revenir. C’était vraiment dommage d’en être arrivé à là pour une raison comme ça. Ce n’était pas en se bloquant chez soi qu’on allait pouvoir tenir le coup.

« Vous êtes parties ? Répondez pour voir. »

Aucune réponse donc elles étaient bien parties. Elle ouvrit la porte, regardant à l’extérieur : Oui… Il n’y avait plus personne. Tant mieux, c’était bien mieux lorsqu’elle restait seule. Elle alla se coucher sur son canapé rouge, serrant un coussin contre elle en murmurant :

« Si seulement… Ca pouvait être lui… »

« Bonjour ? Est-ce bien Tyrania qui habite ici ? »

Qui c’était ?! Ce n’était pas la voix d’Oriane ou de ses deux sœurs ! Elle se redressa subitement, s’approchant de la porte en restant sur ses gardes. Elles avaient envoyé quelqu’un d’autre maintenant ?! Elle demanda en grognant :

« Qui c’est ?! Je ne veux voir personne ! »

« Mais… J’aimerais vous voir… »

« J’ai pourtant été claire. Je ne veux rien avoir à faire. Je veux simplement qu’on me laisse tranquille avec mon désespoir, c’est pas trop en demander ! »

« J’aimerais parler… de Xano si c’est possible. C’est… C’est Elis. »

Elis ? LA Elis ? La mère de Xano ? Enfin sa mère… Sa mère biologique ou fausse mère, elle était la mère de Xano mais qu’importe. Oh et puis zut, c’était trop compliqué comme histoire ! Elle ouvrit rapidement la porte, observant la femme aux cheveux bleus. Elle n’avait pas changé depuis sa mort, elle était restée la même.

« C’était donc vrai… Vous vivez toute seule, Tyrania ? »

« Rentrez plutôt à l’intérieur s’il vous plaît. »

Elle n’allait pas la laisser dehors quand même ! Surtout qu’elles avaient peut-être des choses à se dire. Elis avait à nouveau ses lunettes devant les yeux alors que Tyrania lui demandait si elle voulait boire quelque chose. Dire qu’il était assez tard… Ce n’était pas une heure pour arriver chez les gens ! Elis demanda un thé vert alors que la jeune femme aux longs cheveux dorés s’affairait dans la cuisine.

« C’est quand même bizarre… Pourquoi êtes vous venue ici ? »

« J’avais envie… de vous parler. Est-ce un mal ? Vous êtes quand même la femme que Xano aime non ? Ca se lisait dans son regard lorsque… »

« Malar vous a manipulé. Mais vous êtes réellement une humaine ? »

« C’est le cas. Lorsque Malar m’a ressuscitée, j’avais récupéré mes pouvoirs mais là, je suis comme auparavant. Une simple femme. »

« Sinon… Pourquoi êtes vous venue parler de Xano ? »

« J’en avais envie… Je comprends pourquoi Xano vous aimait. »

« Co… Comment ça ? Qu’est-ce que vous voulez dire ? »

Elle venait de déposer une tasse dans une coupole devant Elis, la regardant en attendant qu’elle lui réponde. Pourquoi parler de l’amour que lui portait Xano, elle voulait la faire souffrir encore plus ? Elle savait que ce n’était pas dans son intention mais bon…

« Vous êtes une femme très jolie et je sais que Xano vous aimait énormément. D’après ce que j’ai appris, vous vous disputiez souvent avec lui, n’est-ce pas ? »

« C’était souvent le cas… Même lorsque j’étais une pokémon… Une simple Feunard. »

« Qui aime bien, châtie bien. Xano devait donc vous adorer. »

« Disons… qu’il avait toujours un petit souci ou quelque chose qui l’empêchait d’exprimer correctement ses sentiments. Toujours un problème. »

« Le problème du Dieu Originel non ? »

« Mais comment vous savez tout ça ? »

« Le Dieu Originel m’a tout raconté avant de me redonner la vie. Tu n’as pas à t’en faire, n’est-ce pas ? Si Xano reviendra un jour, je suis sûre qu’il t’aimera vraiment… J’en suis même certaine et je vous donne mon accord. »

« Vot… Votre accord ? Mais pourquoi ? Comment ça ? »

« Et bien, pour que puissiez fonder une famille et vous marier. Même si c’est un peu vieillot, il faut avoir l’accord des parents. C’est généralement une bonne chose. »

Se marier avec Xano et fonder une famille ? Pffff ! Voilà qu’elle avait une bouffée de chaleur rien qu’en imaginant Xano et des petits enfants leurs ressemblants. Rien que l’idée même de l’imaginer en ce moment… Elle baissa la tête, gênée :

« Merci… beaucoup pour vos paroles mais… pour ça… Xano… doit revenir. »

« Il reviendra, j’en suis certaine. Il ne peut pas te laisser seule. »

« Et qu’est-ce qui vous fait dire ça ? »

« L’intuition. C’est ce que je pense et je ne me trompe jamais à ce sujet. »

« L’intuition féminine ? Si seulement, je m’y fiais… Il y aurait longtemps que Xano serait revenu. Je le vois partout… Je m’imagine avec lui à chaque instant… »

« Je parlais de l’intuition d’une mère, non d’une femme. »

« Ah… Je m’excuse, j’avais mal compris. »

La discussion la mettait mal à l’aise… Elle n’aimait plus réellement parler depuis tout ce temps. Elle observa la tasse vide, lui signalant qu’elle allait la nettoyer à la cuisine. Depuis qu’elle vivait ici, elle…

« Tu es devenue vraiment une belle femme… et tu feras une parfaite épouse. Tu sembles… »

Un petit fracas se fit entendre alors qu’un objet tombait au sol. Des morceaux de la tasse étaient maintenant au sol alors que Tyrania ne savait plus où se mettre. Une bonne épouse, une belle femme, Elis n’était pas avare de compliments sur elle et ça la gênait plus que tout. Comment pouvait-on s’imaginer une telle chose en la voyant ?

« Tu as besoin d’aide, Tyrania ? J’ai entendu… »

« Non, non ! C’est bon ! Il se fait tard ! Vous avez un endroit où dormir ? »

« Disons que c’est un peu loin donc je vais devoir… »

« Vous pouvez rester ici. Dormez dans le lit, je vais dormir sur le canapé. Attendez un peu. Je vais prendre une couverture et un oreiller. »

« Ne fais donc pas tout ça pour moi. »

Voilà qu’elle était complètement perturbée par tout ça. La soirée se passa plus calmement, Elis ne lui posant plus de questions gênantes ou alors ne lui disant pas de propos qui la mettait mal à l’aise. Heureusement pour elle, tiens. Le lendemain, Elis était partie et elle retourna à sa vie habituelle. Passant un coup de balai, elle observa les nuages blancs dans le ciel à travers la fenêtre, se murmurant pour elle-même :

« Moi ? Une bonne épouse ? Si seulement… C’était lui qui pouvait me dire ça. »

Mais ça ne sera jamais le cas. Elle arrêta de balayer, se dirigeant vers sa chambre avant d’observer les différents vêtements dans sa buanderie. Elle opta pour un manteau de fourrure couleur crème, l’enfilant avant de quitter sa maisonnette. Elle allait marcher un peu, ça n’allait pas lui faire du mal non ? Ce qui n’allait être qu’une petite marche dura plusieurs heures, la jeune femme terminant sa balade par quelques kilomètres sur la plage.

« Tiens… Il commence à neiger ? Et il fait déjà nuit ? »

Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait de la neige… mais si… En tant qu’humaine. C’était bizarre… Elle tendait la main, laissant quelques flocons avant de voir que ces derniers ne fondaient pas dans ses mains. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Ce n’était pas des flocons ? Mais des petites sphères de lumière blanche. Comment avait-elle pu se tromper ?

« Mais qu’est-ce qui se passe ici ? Est-ce que … »

Ces sphères blanches lui rappelaient étrangement le fait quand quelqu’un d’important mourrait. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Est-ce qu’il y avait une chance que…

« Xano va revenir… Il revient… »

Elle observa de ses yeux rubis le ciel, regardant les différentes sphères. Il allait enfin revenir avec elle… Elle était contente… Si heureuse… Elle devait suivre ces sphères blanches. Elle s’était mise à courir avec frénésie dans le sable. Quelques minutes après, elle s’arrêta subitement, les sphères blanches se réunissaient devant elle, formant un corps qui était à genoux. Elle évitait de sourire pour montrer sa joie… et subitement d’autres sphères mais noires apparaissaient pour former un autre corps. Qu’est-ce… Xano ? Xano et qui ? De la joie, elle passa à la surprise avant de devenir de la colère en voyant Giradès et Malar devant elle pour finalement devenir de la tristesse. Ah… C’étaient eux… C’étaient donc eux… Juste eux… Quelle fille pathétique qui courait derrière une chimère. Sans même leur adresser la parole, elle s’éloigna en se retournant, marchant d’un pas lent dans le sable.

« Ah ! Farankard ! Farankard ! Attend un peu. »

« Qu’est-ce que vous me voulez ?! Je ne veux pas vous adresser la parole ! »

« Non mais c’est au sujet de Xano… »

« Vous allez m’annoncer quoi ? Qu’il est mort, c’est ça ?! »

Elle en avait marre de tout ça ! Marre de toutes ces illusions, marre de toutes ces fausses joies ! Elle, elle n’avait pas le droit d’être heureuse alors que tous les autres planaient dans les cieux avec leurs fichus petits bonheurs ! Qu’est-ce qu’ils leurs voulaient encore ?! Ils n’en avaient jamais assez ?!

« Non… Ce n’est pas ça… Enfin si… »

Enfin si ?! Enfin si ?! Xano était mort ?! Elle se retourna, dardant son regard rubis sur Giradès et Malar. Au passage, qu’est-ce que l’homme aux cheveux noirs faisait ici ?! Il semblait complètement perdu et dans l’espace. Il avait quoi comme souci ?!

« Vas y explique toi. Je te laisse deux minutes. »

« Mon âme était presque disparue… Et Père… Charkrowos a tout fait pour me la rendre et me permettre d’avoir un nouveau corps. »

« Que c’est intéressant… Ca concerne en quoi Xano ? »

Déesse ou non, elle s’en fichait royalement. Le ton qu’elle employait était rude et Giradès ne semblait plus correspondre à la femme qu’elle était auparavant.

« Malar n’avait plus d’âme… et Père a décidé de lui en recréer une grâce à mes indication. Voilà donc Malar… Ma punition… est de m’occuper de lui. »

« Mon dieu… Quelle punition. Tu dois aimer en recevoir si elles sont toutes comme ça. »

« Tyrania… Je vais t’appeler comme ça. Ecoute moi. »

Oui, oui, elle l’écoutait mais elle s’en fichait pas mal de ce qu’elle disait. Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’ils disparaissent de son champ de vision. Malar, elle l’avait apprécié il y a de cela tellement de temps. Giradès, elle ne l’appréciait pas, c’était claire comme de l’eau de roche. C’était à cause d’elle que Xano n’était plus là et elle venait lui annoncer qu’il était mort ?! Si c’était le cas, alors elle… Elle…

« Il ne reste plus que Xano avec le Dieu Originel. »

« Ca veut dire que Xano sera le prochain ! »

« Mais… Il y a un mais… Charkrowos est au bord du gouffre. Sans… Xano… Je ne serais jamais revenue ici… Et il en est de même pour Malar : Sans… Xano, nous ne serions jamais devant toi. Sans lui… Charkrowos n’aurait jamais réussi tout ça. »

Xano… était un héros… ou un grand zéro. Il n’allait jamais revenir, c’est ça ? Elle devait se faire une raison ? C’est ça ? Où elle se trompait encore lourdement et elle ne comprenait rien ! Elle était fatiguée, vraiment fatiguée par tout ça.

« Oui… Xano est quelqu’un de bien et alors ? »

« Xano et Charkrowos sont trop faibles… L’un comme l’autre n’ont plus la force de se créer une enveloppe charnelle et de revenir dans ces mondes. Je suis désolée… »

« Tu veux donc me signaler… que Xano s’est sacrifié pour sauver toutes ces personnes parce que TOI, tu as décidé de foutre un bordel monstre, c’est ça ?! »

« C’est… Je m’excuse… sincèrement. »

« Et tu crois que tes excuses me le feront ramener à la vie ?! Tu crois que tes paroles vont servir à quelque chose ?! Est-ce que tu crois que je vais me contenter de tout ça ?! »

« Non mais… Tu… »

« Tu espère vraiment que je vais te remercier de m’avoir prévenue ?! »

Il était impossible de l’arrêter maintenant qu’elle s’était lancée. Malar se mit devant Giradès comme pour la protéger. Il ne savait pas ce qui se passait mais l’autre femme semblait s’énerver un peu trop rapidement. Tyrania reprenait :

« Ne t’approche plus de moi, ne m’adresse même pas la parole ! Je ne veux plus revoir personne ! PLUS PERSONNE ! »

« Mais tu… Qu’est-ce que tu vas faire ? »

« Ce que j’aurais du faire en attendant qu’il revienne ! Aller le rejoindre ! Voilà tout ! Je n’aurais jamais du accepter la proposition de Charkrowos ! »

« Ne fais pas de bêtises ! Ton âme n’ira pas rejoindre Charkrowos ! »

« J’en ai rien à faire ! Disparais ! »

Elle s’éloigna furieusement, faisant réapparaître ses queues et ses oreilles de Feunard, chose qu’elle n’avait plus fait depuis des mois. Elle retourna dans sa maisonnette, s’enfermant dans chaque salle qu’elle pénétrait avant de s’écrouler sur son lit. Elle n’allait pas pleurer… Elle n’allait pas… Elle était plus forte que ça. Mais… Mais pourquoi Xano avait-il décidé d’aider le Dieu Originel ?! Il ne voulait pas la revoir ? Elle ne lui plaisait plus ?

« Idiot… Idiot ! Idiot ! Idiot ! Ta mère s’est trompée ! »

Elle frappa plusieurs fois dans l’oreiller, cherchant à passer ses nerfs sur ce dernier sans y arriver. Xano… Pourquoi ne pouvait-elle pas le rejoindre ? Pourquoi ? Tout le monde était heureux dans les TROIS mondes et elle… Elle était la seule à ne pas avoir ce qu’elle voulait. C’était injuste… vraiment injuste ! Elle voulait disparaître…

Chapitre 97 : Un manque qui ne pourrait être comblé

ShiroiRyu
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Chapitre 97 : Un manque qui ne pourrait être comblé

« Farankard, merci encore pour votre aide. »

« C’est bon, c’est bon, Gigana. Bon… Il faut recommencer à se concentrer, c’est ça ? »

« C’est exact… La formation d’une île volante requiert beaucoup de mental et avec vous, ça sera bien plus simple et rapide. Il faut que l’on fasse s’adapter les différentes îles suivant les différentes régions où elles se trouvent. »

« Je m’en rappelle à peu près. Ce n’est pas trop difficile. »

« Ce n’est pas difficile… mais fatiguant. Rocagiri, Iglaré, Sterivia ? Mettons nous en position si vous le voulez bien. Nous devons nous préparer. »

« Ouiiiii ! J’arrive grande sœur ! C’est bon ! »

Rocagiri en tête, les trois petites filles se dirigèrent vers l’adolescente aux cheveux blancs. Farankard, de son côté, s’était mise à fermer ses yeux rubis, passant une main dessus pour être sure de ne pas rêver. Oui… Elle avait bien ses deux yeux. Elle n’était plus…laide.

« Comme d’habitude… La création d’une île requiert à nous toutes une coordination exemplaire. Nous allons faire renaître une des îles d’Iglaré aujourd’hui. »

« La ville capitale de ma région ? Ca va demander du temps ! »

« Nous devons le faire… pour le Dieu Originel. »

Le Dieu Originel… Rien qu’à ce nom, les quatre filles étaient déjà en osmose entre elles. Farankard les observa, ayant un fin sourire en se disant qu’elles devaient vraiment aimer leur Père. Elles en avaient de la chance… Mais elle… Elle avait aussi quelqu’un à aimer. Les cinq personnes se coordonnèrent ensemble, une lumière émanant de chacune d’entre elles. Les trois jeunes filles parlèrent à la suite, accompagnées par Gigana :

« Pour qu’un jour, notre Père puisse revenir. »

« Pour qu’un jour, notre Père puisse se reposer. »

« Pour qu’un jour, notre Père puisse nous revoir. »

« Nous créerons et gérerons ce monde en son absence ! Que Père puisse être fier de nous ! »

Qu’elles étaient motivées… C’était plaisant à voir. Ca lui réchauffait un peu le cœur. Des jeunes filles aussi motivées… ne pouvaient qu’être heureuses en fin de compte. Elle devait faire de même ! Elle s’écria :

« Car un jour, Charkrowos et Xano reviendront ! Nous les accueillerons ! »

Les cinq personnes s’illuminèrent complètement, la pièce baignant dans un flot de lumière alors que rien, ni personne ne pouvait venir les déranger. Une nouvelle île allait être crée… Encore une nouvelle île. Mais c’était ça, son lot quotidien à elle ! Elle ne rechignait pas à sa tâche… Charkrowos lui avait permis d’avoir sa propre existence, elle ne pouvait pas refuser une telle chose même si… Xano n’était plus là, elle l’attendrait !

« Encore une nouvelle journée qui se termine. Je vais vous quitter. »

« D’accord, Farankard ! Tu reviendras demain ? »

Elle fit un petit sourire en se tournant vers Rocagiri. Cela faisait déjà trois semaines voir un mois qu’elle était revenue. Elle lui posait à chaque fois la même question depuis environ une semaine. Au départ, la relation avait été assez froide mais maintenant, cela avait bien changé. Elle répondit d’une voix douce :

« Pourquoi je ne viendrais pas ? On a encore besoin de moi. »

« Alors tu seras encore là demain, c’est super ! »

« Bon… Maintenant, il va falloir que vous alliez vous reposer. »

« Alors bonne nuit, Farankard ! »

Rocagiri s’éloigna en rigolant alors qu’Iglaré et Sterivia s’inclinaient plus respectueusement pour la remercier d’être présente le lendemain. Elle fit la même chose, se retournant pour recommencer à marcher et à s’éloigner de cet endroit. Elle vivait maintenant dans une petite maisonnette éloignée de tout et surtout, près d’une plage.

« Farankard… C’est difficile non ? »

« Gigana ? Tu ne devais pas surveiller tes sœurs ? »

« Elles dormiront tranquillement sans mon aide. Est-ce que tu veux parler ? »

Lui parler ? Ce n’était qu’une adolescente aux cheveux blancs mais bon… C’était Gigana et elle lui avait montré à plusieurs reprises qu’elle était loin d’être une adolescente ordinaire. Elle continua de marcher, ralentissant ses pas pour que Gigana la suive.

« De quoi tu veux parler ? Nous n’avons pas grand-chose à nous dire. »

« Mes sœurs ne le montrent pas mais elles sont tristes. Elles attendent encore le retour de Charkrowos. En fait… Nous avons été réunis lorsqu’il est revenu et même si ce n’était pas physiquement… Nous savions que nous étions tous ensembles. »

« Je m’excuse Gigana mais je ne suis pas douée pour être psychologue. »

« Je ne veux pas parler de ça… mais de toi. »

« De moi ? Il y a un souci ? Je ne suis pas apte à faire ce que tu veux ? »

« Non… Je veux dire… Ton comportement a changé. Tu étais bien plus… vivante auparavant. Tu étais aussi bien moins… amicale dira t-on. Ne le prend pas mal mais ce n’est pas toi. »

Ce n’est pas elle ? Pfff… Cette adolescente était très douée en ce qui concernait de lire son cœur mais ce n’était pas pour ça qu’elle allait l’apprécier plus pour autant. Elle s’arrêta de marcher, se positionnant devant elle avant de reprendre :

« Que veux-tu que je te dise ? Que sans Xano, je n’ai plus de raison de m’énerver ? Qu’il était le catalyseur de toute ma gentillesse ? Que sans lui, je n’ai plus besoin d’être méchante, égoïste et de ne penser qu’à moi-même ? »

« Papa me manque… vraiment… mais je le cache. »

« Pfff… Je n’ai plus de famille, c’est même à se demander si finalement, j’en ai réellement eu. Maintenant que je sais qui je suis, je ne considère plus vraiment ceux qui étaient avec moi comme ma famille. De toute façon… »

« Je pensais que je pourrais le revoir, en chair et en os. »

« Et tu crois que moi, je penses quoi ? Moi aussi, j’aimerais revoir Xano. »

Voilà, elle était contente ?! Elle avait annoncé à Gigana qu’elle aussi aurait aimé voir le jeune homme aux cheveux blancs. Ce n’était pas si difficile que ça à savoir pourtant ! Comme si elle pouvait penser à autre chose que lui !

« Tu dévoiles vraiment avec difficulté tes sentiments. »

« Qu’est-ce que tu je te dise d’autre ? Je ne suis pas comme ça, c’est bon. »

« Moi aussi… Je ne suis pas très expressive. Je me dis à chaque fois que je pense à Papa que si j’avais été plus expressive ce jour là, j’aurais pu éviter un drame. »

« Ce n’est pas de ta faute. On est juste deux imbéciles. »

« Mais maintenant… Si Papa revient un jour, je l’empêcherais de partir, quitte à utiliser la force même si je déteste ça. »

« Utiliser la force ? Tu as vu où tout cela à mener en utilisant la force ? »

« Ce n’était qu’une expression. »

Elle ne comptait pas réellement blesser son père. Surtout pas. Elle ne le toucherait jamais pour le blesser. Surtout pas ! C’était une chose qu’elle s’interdisait. Elle n’arrivait même pas à se mettre en colère contre lui. C’était impossible.

« Bon, il se fait tard. Bonne nuit, Gigana. »

L’adolescente aux cheveux blancs lui souhaita de même alors qu’elle se dirigeait vers sa maisonnette. Quand elle pénétra à l’intérieur, elle observa les murs de bois, passant une main dessus avant de se diriger vers sa chambre. Elle se coucha sur le lit à deux places, sa tête plongée dans l’oreiller. Encore une nouvelle journée où elle avait accompli encore des prouesses mais ce n’était pas ça qui allait le faire revenir.

« Rocagiri, nous avons de la visite. Iglaré et Sterivia… Regardez qui est présent. »

Les yeux des trois jeunes filles pétillèrent de bonheur en apercevant les six personnes qui s’avançaient vers elles. Elles… Elles ne rêvaient pas ! C’était bien…

« Granor ! Gaiarma ! Vous êtes à nouveau vivants ?! »

La plus jeune des sœurs s’était mise à courir vers les six personnes, sautant dans les bras de l’homme à l’armure verte de roche qui la souleva en souriant. Elle alla l’embrasser plusieurs fois sur les joues avant de faire de même avec Gaiarma. Elle s’était rapidement mise à sangloter en leur disant qu’ils lui avaient tant manquée. Iglaré s’était approchée de la jeune femme à lunettes et aux cheveux blonds ainsi que du jeune homme aux cheveux blancs et aux yeux violets. Avec un petit trémolo dans la voix, elle leur dit :

« Professeur… Orvonix… Vous voilà donc enfin revenus parmi nous. »

« Nous n’étions jamais réellement disparus. »

Du côté de Sterivia, elle s’était positionnée devant la jeune femme en armure grise et devant le robot. A la place de ses longs droits griffus, il avait deux mains normales bien que faites de métal. Il n’avait pas réellement changé mais elle le regarda en murmurant :

« Je veux un bilan de tout ce qui se situe dans ton corps… Birébot. »

« Circuits opérationnels, fonctions vitales stables, énergie à son maximum, je suis en parfait état de fonctionnement, maî… mademoiselle Sterivia. »

« Je suis heureuse… de savoir que tu vas bien. Et pour vous aussi, Ekriné. »

La femme hocha la tête pour dire qu’elle pensait de même à son égard. Birébot posa sa main droite sur l’épaule de Sterivia, lui signalant avec un peu de difficultés qu’il était content de savoir qu’elle allait bien elle aussi. Tout le monde était réuni… Il manquait seulement deux personnes, deux personnes qui se positionnèrent derrière Gigana. Une bulle de chewing-gum éclata à côté de son oreille, l’adolescente aux cheveux blancs ne détournant pas son regard de ses trois sœurs et des six Atouts.

« On ne réagit même plus ? On n’est pas heureuse de me retrouver ? »

« Bien sûr que si, Heyrisi. Ta sœur t’attend dans l’une des pièces de notre demeure. A toi de la trouver si tu en as le courage. »

Sa sœur ? Elle arrêta de mâchonner son chewing-gum ainsi que de sourire. Si sa sœur était là, ça changeait tout dans l’histoire ! Elle signala à Gigana qu’elle avait une course à faire alors que des ailes blanches entouraient l’adolescente.

« Comment allez vous, Gigana ? Est-ce… »

« Miviari, Papa… fait de l’excellent travail. Mais il s’épuise et je suis… inquiète. Je ne sais pas quoi penser. Il en fait vraiment trop. »

« C’est ainsi… que ça doit se passer. Il en a bientôt terminé avec les âmes normales, c’est pour ça qu’il nous a ramenés. Nous allons vous aider le plus tôt possible mais… Vous étiez toutes seules ? Vous n’aviez pas d’aide ? »

« Si. Bien sûr. Farankard était avec nous. Elle doit être… »

Les ailes blanches arrêtèrent d’entourer Gigana, l’adolescente tournant sur elle-même pour rechercher la jeune femme aux cheveux dorés. Où était-elle ? Elle avait complètement disparue de la circulation ? Miviari lui signala que ce n’était pas grave et qu’il valait mieux la laisser seule puisque c’était ce qu’elle désirait.

Elle se retrouvait assise là, sur la plage, observant l’eau qui s’écoulait devant elle. C’était l’île principale… L’île capitale… C’était là que se trouvaient la ville où était localisées Gigana et ses trois sœurs donc il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’une plage se trouve là. C’était un endroit plutôt tranquille et elle se coucha sur le sable.

« Ils viennent les uns après les autres. Xano n’est qu’un humain… »

Il n’était qu’un humain… puisque DornRek était réellement Charkrowos. C’était si compliqué qu’elle ne savait pas si ce qu’elle disait était vrai ou non. Si c’était aussi facile que ça, Xano serait de retour depuis longtemps et il serait avec elle, hein ? Il n’aurait jamais été avec quelqu’un d’autre même si… Elle s’était battue jusqu’à la mort avec lui.

« Qui aime bien châtie bien… J’espère que tu comprends ça… Xano… »

Elle se parlait toute seule, étendant ses bras en regardant le ciel. D’une main, elle prit ses cheveux dorés, remarquant qu’ils avaient grandement poussés pendant son séjour dans le corps de Charkrowos. Est-ce que… Xano préférait les cheveux longs ? Elle ne lui avait jamais posé la question. Elle ne savait même pas ce qu’il aimait.

« Je suis stupide… Complètement stupide… J’aime un homme dont je ne connais rien. »

Et c’était de sa faute. A force de lui crier dessus, elle avait complètement oublié les choses réellement importantes à son sujet. Ah… Si il pouvait seulement apparaître devant ses yeux, elle se promettait de venir le serrer dans ses bras pendant une heure sans discontinuité.

« Ca ne te fera pas revenir… Comme si ça pouvait le faire revenir de toute façon. »

« Tu dialogues avec le vent maintenant ? »

Elle se redressa subitement dans le sable, tournant son visage pour apercevoir trois personnes. Elles aussi… C’était vrai… C’était plus que normal qu’elles soient là. Charkrowos faisait de l’excellent boulot. Tout le monde revenait peu à peu. Elle ne répondit pas à la femme aux cheveux violets alors que celle aux cheveux blonds ne disait rien, l’adolescente aux cheveux bruns dorés restant immobile en lui souriant.

« Ca te va pas si mal que ça les cheveux longs. »

« Dommage que tu sois pas restée plus longtemps là-bas. Ca me faisait des vacances. Je dois t’appeler comment maintenant ? Shala ou Oriane ? »

« Et toi ? Tyrania ou Farankard ? Je pense que tu connais déjà Aliréna et Pandora. »

Bien sûr qu’elles les connaissaient, c’était évident quoi. Elle salua brièvement du regard les deux autres personnes alors que Shala venait s’asseoir à côté d’elle bien qu’elle n’était pas invitée. Quel toupet quand même !

« Je peux savoir ce que me vaux l’honneur de ta visite ? »

« J’avais simplement envie de voir comment la sac à puces se débrouillait seule sans son maître. Ca doit te faire bizarre, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas drôle. C’est même loin de l’être. »

Elle savait pertinemment qu’elle ne se moquait pas d’elle, qu’elle voulait détendre l’atmosphère mais ce n’est pas ça qui allait lui permettre de revoir Xano. Aliréna alla s’asseoir de l’autre côté de Farankard tandis que Pandora s’asseyait près de Shala.

« Qui a dit que c’était sensé être drôle ? Enfin bon… Les trois mondes recommencent à vivre et cette fois-ci, il n’y aura plus de perturbations majeures. »

« Tant mieux pour eux… Si les quatre enfants n’ont plus besoin de moi, c’est bien mieux. »

« Ils ont retrouvé tout le monde et à part quelques vagues criminelles, on n’a plus à s’inquiéter d’une quelconque catastrophe. »

« C’est bien… C’est très bien même mais ne me raconte pas ta vie. »

« Que tu es grincheuse, c’est bon quoi. J’essaye de t’aider ! »

De l’aider ? Ah ! Elle n’avait pas besoin d’aide ! Ce n’était pas de l’aide dont elle avait besoin, c’était d’autre chose. Elle s’était mise à trembler, ne regardant que sa robe rouge et bleue sans rien dire. Qu’elles partent, c’est tout ce qu’elle voulait !

« Dis Tyrania… Si je peux t’appeler comme ça… »

« Qu’est… Qu’est-ce que tu veux encore ? »

« Un être vous manque et tout est dépeuplé. Je sais que c’est dur mais bon… Xano… »

« Qu… Quoi ? Qu’est-ce cela a à voir avec… »

Elle ne termina pas sa phrase, s’arrêtant de parler avant d’exploser en larmes, sa tête enfouie dans ses genoux. C’était évident qu’il lui manquait ! Qui serait assez stupide pour ne pas remarquer que Xano était tout pour elle, qu’elle n’arrivait pas à vivre sans lui, hein ? Une main se posa sur son épaule puis une autre alors qu’elle retirait sa tête pour venir pleurer dans les bras de Shala. La jeune femme aux cheveux violets lui caressait le dos, lui signalant qu’elle devait pleurer, pleurer tout ce qu’elle pouvait. Aliréna avait baissé les yeux tandis que Pandora jouait du doigt dans le sable. Plus le temps passait, plus elle souffrait.

Chapitre 96 : Avant que le dernier jour n’arrive

ShiroiRyu
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Chapitre 96 : Avant que le dernier jour n’arrive

« Alors d’après mes informations, le flux du Temps a repris son cours bien qu’il soit encore assez confus. C’est une bonne chose néanmoins. De ton côté, Paria ? »

« Tout semble concorder ! Quand même… Comment le Dieu Originel a-t-il pu nous confier une telle chose ? Nous sommes des meurtriers… »

« Je ne sais pas… Peut-être qu’il voulait qu’on se rachète ? »

« Qu’on se rachète ou non, tant que moi, je suis avec toi, ça me suffit. »

Il ne lui répondit pas, continuant de regarder les différents écrans devant lui. Comment tout ceci était arrivé ? Il ne le savait toujours pas. Ils avaient été transportés avec Loxen et Frizy sans qu’ils ne puissent dire quelque chose. Maintenant, ils étudiaient les différents flux et les données qu’ils avaient pour vérifier que tout allait correctement.

« Yo ! Ronyl ! T’as pas un petit creux ?! L’est l’heure de bouffer ! »

« Loxen, tu vois très bien que je travaille. »

Il ne se retourna même pas, sachant pertinemment qui s’était adressé à lui. Devant le pas de la porte du bâtiment dans lequel ils se trouvaient, Loxen et Frizy étaient ensembles, la jeune femme aux cheveux blancs ne disant rien du tout.

« Pfff… T’es vraiment pas marrant comme mec. Toujours à rester sur ton bureau. »

« Il y en a qui ont autre chose qu’à se remplir le ventre. »

« Bon… Paria, tu viens avec nous ? »

« Désolée… Je préfère continuer à travailler avec Ronyl. »

« Impayable… Bon… On va vous rapporter de quoi vous nourrir. »

« Merci beaucoup, Loxen. Désolée… de ne pas pouvoir venir. »

Il haussa les épaules, demandant à Frizy de le suivre alors qu’il quittait le bâtiment. La jeune femme aux cheveux bruns se remit au travail, prenant divers papiers avant de les entasser correctement. C’était vraiment quelque chose de difficile… Ils étaient là en tant que précurseurs des évènements qui allaient se passer dans les deux autres mondes. Charkrowos avait été formel : Ils devaient réussir à jouer avec le Temps, l’Espace et le Néant en même temps que lui car il avait besoin d’aide à cause de son affaiblissement permanent. Ils devaient dormir le moins possible et être en constante vigilance. Il ne devait y avoir aucun problème. En échange… Ils pourraient avoir…

« Hiiiaaaa ! »

Elle poussa un petit cri, le faisant se retourner alors qu’il la voyait par terre, les papiers dispersés autour d’elle. Elle s’était violemment cassée la figure et il soupira. Il se leva de sa chaise, l’aidant à se redresser alors qu’elle s’excusait plusieurs fois. Il lui signala que ce n’était pas très grave. D’un ton triste, elle lui demanda :

« On doit faire de notre mieux… n’est-ce pas ? Tout ça à cause de mon… »

« On ne fait pas ça uniquement à cause de toi. Je suis aussi problématique que toi ! »

« Mais ce n’est pas toi… qui est stérile. »

« On fait ça pour tous ces mondes et pour le Dieu Originel. Ce n’est pas à cause de ta stérilité ! Donc ne t’en fais pas et remettons nous au travail. »

« D’accord ! Je suis désolée… Je n’aurais rien dû dire… Pardon. »

Il ne lui répondit pas, allant s’asseoir sur sa chaise sans un mot tout en recommençant à pianoter sur le clavier puis à observer les écrans. Du coin de l’œil, il observa l’air attristé de la jeune femme aux cheveux bruns et murmura après quelques secondes :

« Paria… Pour le Dieu Originel et ta stérilité… J’ai accepté car je ne veux plus que ça soit le cas. Ce n’est pas très difficile à comprendre. »

« Oui… Oui… Je me disais aussi. On va y arriver. »

« Non mais… Je ne pense pas que tu saisis mes paroles. Ce n’est pas dur : Quitte à prendre les risques et à faire ça pour une entité supérieure, ce que je veux… C’est juste un enfant de toi, pas d’une autre femme. Et même si tu… ne deviens pas féconde, ça ne fait rien. »

Bien qu’il ne lui montrait pas, il était en train de rougir, tapotant bien plus rapidement sur son clavier alors qu’elle s’était immobilisée. Elle baissa la tête en rougissant avant qu’un cri tonitruant se fasse entendre, la porte s’ouvrant à nouveau :

« J’ai tout entendu ! Je me disais bien qu’il y avait anguille sous roche ! »

« Loxen ! Tu… Tu… Tu… Je… Je crois que je… »

« C’est bon, calme toi, mec ! Je vais pas te jeter la pierre ! Je vais même pas me foutre de ta gueule pour une fois. T’es capable d’avoir des sentiments et de raisonner comme un humain, ça me suffit amplement ! Hey ! »

« Comme un humain… Tu me considérais comment avant ? Comme un monstre ? »

« A peu de choses près… Ouais, ça devait pas être loin ! »

Il se prit une légère claque de Frizy, celle-ci tenant dans son autre main différents fruits et repas chauds. Puisqu’il n’allait jamais manger avec eux, il se demandait toujours comment ils trouvaient ces fameux repas chauds. Frizy dit d’une voix douce :

« Ce que Loxen tente d’expliquer bien qu’il soit pas du genre à s’exprimer correctement, c’est que nous aussi, nous faisons tout ça pour nous-mêmes. Comme vous le savez… Je suis une Momartik et en tant que telle… Je suis un fantôme. Charkrowos nous a promis de pouvoir me rendre humaine et vivante… Comme ça je peux vivre avec Loxen. »

« C’est sûr que… Ce n’est pas cool de savoir que je vieillis alors qu’elle reste la même. »

Pour une fois, le ton de Loxen ne semblait pas amusé ou désinvolte. Il prit deux repas chauds, les tendant à Ronyl et à Paria. Il signala à Frizy qu’ils allaient manger dehors, partant le premier alors que Ronyl le regardait partir. Il se leva de sa chaise, se tournant vers Paria pour lui dire qu’ils allaient manger avec eux pour une fois et qu’elle devait déposer les papiers sur le bureau à côté de ses écrans. Elle s’exécuta, le couple allant rejoindre l’autre pour une séance de déjeuner en plein air.

« Hey ! Qu’est-ce que je dois faire ? »

« Dépose donc tout ça dans un coin. »

« Pfff… Vous faites que travaillez dans cet endroit. En plus, le terrain est à moitié détruit. Heureusement qu’Elena et Helena sont là. »

La personne qui s’était adressée à Ronyl était tout simplement un jeune garçon aux cheveux bruns et aux yeux rouges. Ses nombreuses bandelettes entouraient quelques caisses qu’il alla installer dans un coin de la salle, observant les différents écrans.

« Pourrais-tu partir ? J’ai encore beaucoup de travail. »

« Je m’en vais, c’est bon. Pfff… Je sais pas ce qui me retiens de… »

« De quoi, Bal ? Tu as un petit souci ? Je t’ai pourtant dit que ça ne servait à rien maintenant que tout est terminé. Tu es bien indiscipliné ! »

« Aie, ma mère… Je crois qu’elle m’a entendu. »

Il disparu subitement dans une faille alors qu’une femme aux longs cheveux bleus pénétrait dans le bâtiment, demandant à Ronyl où se trouvait Bal. Celui-ci répliqua qu’il ne savait pas et qu’il n’avait pas que ça à faire ! Il n’arrivait pas à comprendre pourquoi Charkrowos avait ramené ces personnes à la vie mais maintenant… Il savait pertinemment : Ces personnes étaient capables de redonner vie à la végétation luxuriante qui avait disparu. Il y avait aussi les rivières et autres. D’après ce qu’il avait compris, le domaine céleste était peu peuplé, néanmoins, il était beau et riche en décors majestueux.

« Bon… Si tu le trouves, préviens moi ! Je vais lui passer un savon ! »

« Oui… Oui… Je le ferais… Je le ferais… Veuillez partir maintenant. »

Terranuelle quitta la pièce alors qu’un soupir de soulagement se faisait entendre. Derrière Paria se trouvait le jeune garçon qui remercia l’ancienne Evoli. Celle-ci lui fit un petit hochement de la tête pour lui dire que ce n’était rien.

« Bon, c’est pas ça mais mes sœurs m’attendent, je vais m’éloigner ! »

Il quitta la pièce, un cri se faisant entendre en même temps qu’une plainte. Terranuelle venait de l’avoir ! Il s’était fait berné par sa mère ! Saleté ! Comment avait-il pu tomber dans un piège aussi grossier ?! Sa mère n’était pas n’importe qui ! C’était… sa mère quoi ! Elle savait tout de lui ! Elle savait tout ! Et zutttttttttt !

« Combien de temps cela fait que nous sommes ici ? »

« Deux mois, Ronyl. Le temps passe vite, n’est-ce pas ? »

« Disons plutôt qu’à force… On ne le voit plus passer. »
« Vous en avez assez faits. C’est à nous de prendre la relève. »

Une voix masculine se fit entendre dans la pièce… Une voix impériale qui avait des allures de divinité. Néanmoins, il poussa un léger soupir exaspéré, comme si il en avait assez d’être dérangé à chaque fois. Il se retourna, prenant la parole :

« Et cette fois-ci… Qui est-ce ? Car j’ai du boulot. »

« Je me nomme Diarès… Et mon frère se nomme Palars. »

« Et… ? Qu’avez-vous fait de si importants ? Charkrowos m’a confié un objectif précis. »

« Et nous sommes là pour te remplacer. Nous sommes le Temps et l’Espace. »

Ils se moquaient de lui ? Le Temps et l’Espace ? Paria s’était rapprochée de lui, légèrement inquiète à cause des yeux noirs que Diarès et Palars avaient. Ronyl se redressa de sa chaise comme à son habitude, haussant un sourcil avant de dire :

« Rien que ça ? Et avez-vous une preuve de ce que vous avancez ? »

« Tu gères et manipules le flot du Temps sous les ordres de Charkrowos. »

« N’importe qui en ce lieu pourrait le savoir. »

« Soit… Dois-je donc te faire replonger dans un souvenir douloureux de ton passé ? »

Hum ? Souvenir douloureux ? Il tiqua légèrement, ses deux poings se refermant alors qu’il observait Diarès. Non… Ce type ne plaisantait pas : Il était des plus sérieux. Il ne voulait surtout pas avoir affaire à son passé ! Plus maintenant ! Il en avait terminé !

« Et maintenant ? Vous allez prendre ma place ? Et donc, Charkrowos ne fera rien au sujet de sa promesse, c’est ça ? Puisque je ne gère plus… »

« Ce n’est pas correct. Nous reprenons simplement nos places qui nous sont dues… Néanmoins… Quelqu’un vous attend dehors. »

Quelqu’un qui les attendait dehors ? Sans même leur répondre, il indiqua du regard à Paria de le suivre alors qu’ils quittaient la pièce. Maintenant, ils allaient faire quoi ? Il n’aimait pas du tout être manipulé de la sorte. Loin de là même ! Lorsqu’il sortit, il eut la grande surprise de voir trois personnes devant lui : Une femme aux cheveux auburn, un homme aux cheveux bleus et une femme aux longs cheveux argentés… qu’il connaissait bien.

« Déesse Juperus ? Nous avons accompli ce que vous vouliez. Nous avons même fait bien plu que prévu. Je pense qu’il est normal que nous obtenions notre gain. »

« Je viens à peine de réapparaître que vous m’agressez déjà, Ronyl ? Ne vous en faites pas pour cela… Hosol va se charger de tout cela. Pour le cas de Loxen et Frizy, c’est moi-même qui vais gérer cette affaire. Nous sommes de retour et nous allons remettre correctement le domaine céleste. C’est tout ce qu’il nous a demandé. »

« Charkrowos ? Tsss… Dans la famille, vous êtes tous des magouilleurs. »

« Si la jeune demoiselle veut bien me suivre. »

Hosol s’était approchée de Paria, tendant sa main pour que la jeune femme l’accompagne. Celle-ci était plutôt réticente à accompagner Hosol et cela pouvait être compréhensible : Elle avait été une ennemie mais Ronyl lui murmura qu’il n’avait pas à s’en faire. Finalement, elle partie en rejoignant Hosol alors que Ronyl croisait les bras. Juperus lui demanda :

« Y a-t-il un souci, Ronyl ? Ton vœu va être accompli. »

« Comment va le dieu Originel ? Les flots étaient très perturbés ces derniers temps. »

Une ombre passa dans le regard de Juperus, la femme fermant les yeux à moitié en regardant Ronyl. Il était direct : C’était une qualité… comme un défaut. Elle murmura :

« Le Dieu Originel… est convalescent. Les Atouts sont revenus, les As aussi, il en est responsable. Tous ceux qui sont morts à cause de cette guerre reviennent peu à peu. »

« Même ceux qui ont commis des crimes ? C’est un peu hâtif comme décision. »

« Pè… Charkrowos est ainsi. Il ne juge pas les personnes mais je… »

Elle n’osait pas dire qu’elle était inquiète. Ce n’était pas son genre mais c’était ainsi et elle ne pouvait le cacher à Ronyl surtout que l’homme était l’un des plus intelligents qu’elle n’ait jamais connue de ses derniers siècles. Ronyl continua :

« Si son état de santé est trop grave, il ferait mieux de s’arrêter. Tout cela peut attendre à ce que je sache. Il reste beaucoup de personnes ? »

« Quelques Atout assez personnels, de nombreux humains et … Il veut essayer de ramener Giradès à la vie même si cela… le malmène. »

« Le malmène ? D’après ce que j’ai compris, vos âmes… »

« Giradès continue de dévorer l’âme de Charkrowos. En sachant que l’âme de Giradès était déjà très affaiblie, il se peut que les deux disparaissent définitivement. »

« Et pour… l’âme de Xano ? Comment cela se passe ? »

Encore une question très dérangeante. Il était spécialiste dans ces choses ? Lucate n’avait rien dit, il s’était même éloigné pour laisser les deux personnes discuter entre elles. Juperus passa une main dans ses cheveux argentés avant de dire :

« C’est encore plus compliqué… Dans le cas de Giradès, Charkrowos se rappelle exactement de sa forme physique et de son vécu. Dans le cas de Xano, il faut lui reconstruire un corps, lui insuffler tous ses souvenirs alors qu’une bonne partie provenait de Charkrowos. Tout est bien plus compliqué dans le cas de Xano. »

« Cet homme a toujours été une source de problèmes. »

« Ronyl ! Ronyyyylllll ! C’est bon ! »

La jeune femme aux cheveux bruns courait vers lui, s’enfonçant dans ses bras alors qu’il paraissait surpris. Elle n’était pas du genre à se montrer trop en public surtout qu’elle savait qu’il n’appréciait pas vraiment ça. Hosol était revenue près de Juperus, annonçant :

« Le Feu Sacré m’a permis de faire fonctionner ses deux trompes. »

« Tu as entendu, Ronyl ? Ca veut dire que maintenant, je peux en avoir. »

« Oh, s’il te plaît, lâche moi un peu avec ça. Quand même… »

Il évita de soupirer, posant une main sur son front en se disant que ce n’était pas le genre de choses qui se disaient en public. Elle pouvait quand même éviter d’en parler. Juperus eu un léger sourire avant de dire :

« Je vais maintenant aller voir Loxen et Frizy maintenant. Merci encore pour tout ce que vous avez fait. Charkrowos… et nous tous vous sommes redevables. »

« L’humanité n’est peut-être pas si mauvaise… et les pokémons non plus. »

« Je n’ai pas fait ça pour vous mais pour Paria. »

Ronyl infirmait les propos d’Hosol, celle-ci haussant un sourcil avant d’émettre une mimique sur son visage pour dire qu’il l’amusait. Juperus demanda à Ronyl si il voulait qu’elle lui corriger ses infirmités comme sa bosse ou ses doigts en trop. Pour toute réponse, il lui signala que cela faisait ce qu’il était. Paria remercia finalement une nouvelle fois Hosol alors que celle-ci s’éloignait en même temps que Juperus. La jeune femme aux cheveux bruns restait dans les bras de Ronyl, ne bougeant plus en fermant les yeux. Elle était si contente ! Si heureuse… Maintenant, il n’y avait plus rien entre eux.

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, Loxen se présenta accompagné d’une femme qui semblait avoir son âge… Oh… Elle n’était pas vieille, loin de là… Elle était simplement encore plus féminine dans ses traits gracieux et princiers. Paria s’exclama en signalant que c’était Frizy alors que celle-ci hochait la tête. Loxen éclata de rire en annonçant que tout était bon pour lui, que finalement, il avait obtenu ce qu’il voulait ! Maintenant, il n’y avait plus besoin de rester ! Ou non ? Les deux hommes se regardèrent dans les yeux pendant quelques secondes avant de hocher la tête en concert. Ils devaient rester.

Chapitre 95 : Une princesse ouvrière

ShiroiRyu
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Chapitre 95 : Une princesse ouvrière

« Où en sont les bâtiments ? J’ai besoin de vite savoir ! »

« On fait de notre mieux mais la partie Est devrait être bientôt reconstruite. »

« Pfiou… Je ne veux pas de bientôt… Je m’y mets tout de suite ! »

Elle retroussa ses manches blanches, ayant abandonnée sa tenue habituelle pour quelque chose de moins confortable et moulant. Maintenant, elle avait un haut noir à manches blanches ainsi qu’un jean noir. La personne qui s’était adressée à elle était tout simplement Rek, celui-ci jouant avec sa console portable. Elle la prit d’un geste rapide avant de dire :

« Stop la console, Rek ! Je me demande ce qui est passé par la tête d’Iny pour que tu restes avec moi alors qu’elle s’occupait avec Oria et Nelya d’une autre partie ! »

« Hey ! Mais c’est ma console ! Rend la moi ! J’ai pas sauvegardé ! »

« Et en quoi ça m’intéresse ?! Si tu n’aides pas, tu n’auras plus de piles ! Ca serait bête que je t’arrête ta partie en cours hein ? »

« C’est ok ! C’est ok ! Je promets de venir t’aider ! Je vais plus flemmarder ! Promis ! »

Quelle tortionnaire ! Qu’est-ce qui était passé par la tête d’Iny de le laisser ici avec elle ?! Luna le regarda longuement avant de lui tendre sa console. Il passa une minute à enregistrer sa partie avant de soupirer. Il éteignit sa console, la rangeant dans une poche en grognant :

« Les gens reviennent de plus en plus. Les pokémons aussi… Et la végétation repousse. On n’a pas besoin de moi à ce que je sache. »

« Tais toi, je t’ai dit ! Tu es bien plus fort que n’importe quel humain ou pokémon. C’est pareil pour moi ! Même si ça fait ça va faire un mois que j’ai perdu les autres âmes pour que Charkrowos puisse les récupérer, je travaille moi ! »

« Pire qu’une colonie d’Apitrinis dans un seul corps. J’ai pas de bol, je crois. »

« AU BOULOT ! Et plus vite que ça ! »

Elle lui donna un léger coup de pied dans le derrière, le jeune homme à la mèche bleue poussant un gémissement de douleur en sentant la douleur qui arrivait jusqu’à ses fesses. Elle pouvait faire quand même un petit peu plus attention quoi ! Il était fragile ! Autant que la console portable dans sa poche !

« C’est bon, c’est bon, j’y vais quoi ! »

« On a du pain sur la planche, la construction majeure requiert toute notre puissance pour ça ! Tu ne pensais pas que tu allais te la couler douce parce qu’Iny et Oria ne sont plus là hein ? Tu t’es mis le doigt dans l’œil ! Je suis Luna, la princesse des Insectes et en tant que telle, il est de mon devoir de faire que l’ordre règne dans ce monde ! C’est ce que m’a confié Charkrowos et j’accomplirais cette mission ! »

Pfff… Elle était complètement folle et zélée ! Elle allait le tuer à la tâche ! Le pauvre, comment est-ce qu’il allait faire sans ses six heures de jeu quotidiennes ?! Il n’allait pas survivre ! C’était impossible pour lui ! ARGGGGGGGGGGGGG ! Il poussa une longue plainte, résonnant comme un cri du cœur. En plus d’un mois, de plus en plus de gens étaient revenus… Ils avaient la mémoire effacée mais au moins, ils les aidaient. Grâce aux pokémons, les constructions étaient grandement accélérées. Il y avait même quelques Atouts qui étaient revenus ! C’était bizarre mais ce n’était pas un mal.

« Je suis crevé ! Vraiment crevé ! »

« Hého, ce n’est que le début. Quitte à perdre plusieurs années, tu devras te motiver. »

Elle lui tendait une canette de coca, le jeune homme aux cheveux bruns l’acceptant en la regardant brièvement. Il n’avait même plus la force d’allumer sa console pour la soirée.

« Bois un peu de ça. Ca te remettra en forme. »

« Pfff… J’en ai déjà marre et ça fait à peine un mois que je bosse. »

« Tu vas devoir te forcer mon grand, on est encore loin d’en avoir terminé. »

« Et dire que la première fois que je t’ai vu, t’étais super timide. T’as trop changée depuis le temps. C’est à se demander si t’es la même personne. »

« Hého, j’ai grandie, je te rappelle. Ce n’est pas parce que tu étais déjà un adulte que moi, j’avais terminé ma croissance ! »

« T’excite pas comme ça, c’est tout bon. Pfff… T’es trop excitée. »

Il ouvrit sa canette, la buvant cul sec en râlant de plaisir. Que ça faisait du bien à son gosier ! Heureusement qu’il avait au moins de quoi boire ! Vivement que tout soit terminé, il retournerait alors à sa vie bien pépère et tranquille ! Des nouveaux jeux qui allaient sortir, une nouvelle console portable et puis…

« MERDE ! Je n’y ai pas pensé mais… mais… »

« Qu’est-ce qu’il y a ?! Qu’est-ce qui te met dans cet état ? »

« Si le monde a été détruit, cela veut dire que les studios de jeux vidéos ont été détruits, donc qu’il n’y a pas de nouveaux jeux qui sont planifiés ! »

« Et alors ? Où est le problème ? On va les reconstruire, tout le monde est en train de reconstruire. Berthra est arrivée donc tout est bon, ça veut dire que tout se reconstruit de plus en plus rapidement. Elle est très puissante ! »

« Ouais mais enfin bon… Ce n’est pas ça qui va me rendre heureux. »

Mais c’était quoi ce type ?! Toujours à penser à ses fichues consoles ! Il ne pensait à rien d’autre ! Elle commençait à en avoir marre de voir un garçon comme lui se rendre complètement accro à un truc électronique ! Elle lui prit la main, le forçant à se lever avant de lui crier qu’ils allaient prendre l’air malgré la nuit, ça lui fera le plus grand bien !

« Nelya… Encore plongée dans ces dessins ? »

« Ces… schémas plutôt. Je réfléchis à tout ce que nous devons construire. »

« Arrête de te compliquer la vie ! Il est plus de minuit. Tu devrais aller dormir au lieu. »

« Je suis d’accord avec Oria. Regarde là, elle dort à moitié. »

« Hey, pas de ma faute ! J’ai peut-être obtenue un peu de votre force mais c’est tout. Je ne peux pas soulever des montagnes ou autres, moi ! »

« Ce n’était pas une plainte, Oria. Simplement… Il est vrai que tu tiens moins la distance que moi et que moi, je tiens moins la distance que Nelya. Il n’y a qu’à la regarder. »

« Pourriez vous partir et éviter de me déranger… s’il vous plaît ? »

D’accord, d’accord, c’était bon. Elles avaient compris ! Les deux femmes saluèrent celle qui était assise sur une chaise. Sur le bureau devant elle, de nombreux papiers étaient entassés correctement alors qu’elle avait un crayon en main. Un mois s’était écoulé et tout recommençait à se peupler. Il fallait reconstruire, trouver des explications pour leur dire que tout était détruit et autres… Pfiou… C’était compliqué mais chacun avait un rôle à accomplir. Elle soupira longuement, se penchant en arrière sur sa chaise :

« L’Avenir ne m’avait jamais prédit que je devrais me retrouver sur une chaise. »

Elle se parlait toute seule, posant une main sur son ventre en l’observant avec tristesse. Un mois s’était écoulé mais elle n’arrivait pas à se retirer Xano de son esprit. C’était vrai… qu’au final, c’était peut-être de sa faute ? Elle n’avait pas les mêmes idéaux que les autres Reines. Elle voulait simplement un enfant… Un être dont elle aimerait s’occuper mais comme elle était avare de sentiments… C’était trop dur.

« Je crois qu’au final, j’ai besoin de me reposer. »

C’était une phrase qui sonnait comme une évidence alors qu’elle se levait de son fauteuil. Elle se dirigea lentement vers le lit qui se trouvait non loin de son bureau, se couchant dessus sans même retirer la couverture. Elle n’aimait pas dormir lorsqu’il n’y avait personne à côté d’elle. La présence d’autrui lui manquait…

« Quel… joli plafond. Hum… Voilà que je mets à dire des absurdités sans importance. »

Vraiment… Qu’est-ce qui lui arrivait ? Etait-ce normal ? De commencer à parler comme des humains car elle se sentait seule ? Car elle n’avait plus ses camarades à côté d’elle ? Elle appréciait Oria et Iny mais elle n’avait pas vécues avec elles plusieurs années. Tyrania… Luna… Oriane… Et Xano… Les quatre personnes lui manquaient, elle le reconnaissait volontiers. C’était stupide… Elle était une ancienne Xatu et pourtant, elle avait besoin de ses sentiments si elle voulait se donner envie d’accomplir tout ce que le Dieu Originel lui avait demandé. Elle ferma ses yeux, s’endormant en gardant ses mains sur son ventre.

« On m’avait dit que tu étais là, Nelya. Je vois que tu travailles encore. »

« Qui est-ce qui me demande ? Je ne crois pas avoir… »

La nuit s’était passée tranquillement mais elle avait déjà recommencé à travailler dès le lever du soleil. Elle s’arrêta d’écrire, se retournant avant de se redresser, la surprise se lisant sur son visage. Cette femme aux cheveux bleus… à l’allure impériale… Et ses yeux rouges. Keli ? Mademoiselle Keli était là ? Charkrowos avait déjà fait ? Tout ça ?

« Tu travailles beaucoup trop, Nelya. Je te l’ai déjà dit. »

« Cela n’est pas un problème. Mais vous êtes donc revenue à la vie ? »

« Et je ne suis pas venue seule. »

« Bon… Bonjour, Nelya. C’est moi. Je suis là pour t’aider. »

De l’aide ? Les lunettes translucides et rouges de Malasa se firent voir derrière Keli alors que la jeune femme se montrait devant Nelya. Elle portait un T-shirt vert qui recouvrait sa poitrine contrairement à son habituel haut qui en montrait beaucoup trop.

« Malasa ? Et mademoiselle Keli ? Que faites vous ici ? »

« Charkrowos te l’a pourtant signalé. Nous sommes là pour vous épauler. Il nous a redonné la vie à nous, comme à tous les êtres des trois mondes. Enfin, il reste quand même quelques petites choses à faire mais c’est en bonne voie. »

« C’est alors une bonne chose mais… Je n’ai pas besoin d’aide pour tout ça. »

« Tu as toujours besoin d’aide. Malasa, tu lui montres ce que tu sais faire ? »

« Aucun problème ! Nelya… Est-ce que tu veux bien te pousser ? »

Malasa s’adressait à elle d’un ton respectueux et craint. Elle avait encore peur d’elle ? C’est vrai qu’elle n’avait pas résolu son problème avec elle. Elle lui fit un léger sourire, se mettant à côté de Keli en disant d’une voix lente :

« Tu peux accéder à mon bureau. »

« Je vais te montrer comment on dessine ! »

« Elle sait très bien dessiner, cela s’explique par le fait qu’elle avait l’habitude de tracer différentes choses dans le sable. Et je ne te parle pas de ses constructions, du grand art. »

« Je peux la laisser… alors ? Mais j’ai du travail… »

Keli lui prit le bras, lui indiquant qu’elles avaient pas mal de chose à discuter entre femmes, Malasa signalant qu’il n’y avait aucun souci ! Il y avait tout à refaire de toute façon dans les dessins de Nelya ! L’ancienne Xatu devait-elle se sentir vexée ? Elle haussa les épaules, accompagnant Keli en-dehors de la chambre qui lui servait de lieu de travail. Malasa s’était mise à griffonner plusieurs choses, mettant un désordre dans les nombreux papiers de Nelya. Oh mon dieu… Qu’est-ce que cela allait donner.

« Ca faisait vraiment longtemps, Luna. »

« Mais c’est… Valésia ! Tu es revenue aussi ?! »

La jeune femme aux franges blanches se jeta dans les bras de celle avec les cheveux serpentés, les deux femmes rigolant entre elles. A côté de Valésia se trouvait le jeune homme à lunettes, celui-ci la saluant d’un petit geste de la tête. Luna alla embrasser Parapapa sur la joue, celui-ci reculant légèrement en rougissant.

« Bonjour à toi aussi, Luna. Qui est ton ami ? »

« Ah ! Cette feignasse, c’est Rek, un ancien pokémon comme moi. »

« Un Etouraptor d’après ce que je vois… »

« Et toi, t’as tout l’air d’un geek mais on me l’a fait pas à moi ! Je suis sûr que t’es même pas capable de terminer le premier niveau d’un jeu pour les moins de cinq ans. »

« Arrête tes bêtises, Rek. On n’est pas là pour jouer. »

« C’est un défi ? Si c’est le cas, je le relève. »

Hein ? Et zut… Comment ça Parapapa allait se battre contre Rek ? Celui-ci sortait déjà sa console portable, retirant une disquette de jeu pour en insérer une nouvelle alors que Parapapa s’approchait de lui. Luna poussa un soupir, Valésia reprenant la parole :

« Laisse les se distraire entre eux ces imbéciles ! Nous deux, on va aller boire un petit peu ensemble. Qu’est-ce que tu en penses ? »

« J’en pense que j’ai du travail… mais que vu comme c’est parti, on pourra pas les décrocher de ce fichu gadget pendant deux heures. »

« Alors, on va discuter un peu ? Tu en as des choses à me raconter depuis tout ce temps ! »

« Mais… Si vous êtes là, est-ce que ça veut dire ? »

« Et oui ! Berthra est retournée dans le monde de Gigana tandis que Snakiante est venu aussi. Ils sont tous là donc on n’a pas à s’en faire. Nous sommes là pour vous épauler ! »

« Je crois que c’est pas de refus. Bon, les garçons, on s’en va. »

Ouais, ouais ! Qu’elles partent, ce n’était pas une grande perte. Les deux jeunes hommes étaient plongés sur l’écran de la console tandis que Luna et Valésia préféraient ne pas répondre à cette pathétique provocation infantile. Les deux jeunes femmes s’éloignèrent sans s’intéresser plus longtemps aux deux fous des jeux vidéo. Maintenant que Valésia était là, elles allaient avoir à discuter toutes les deux.

Chapitre 94 : Reconstruire

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Chapitre 94 : Reconstruire

« Où… sommes nous ? »

« Ca ressemble à un jardin. »

La sphère dorée venait d’éclater comme une bulle, les membres des Taisos et les deux Reines pouvant bouger librement alors que Luna soulevait le corps de Farankard pour la transporter avec eux. Où avaient-ils atterris ? C’était une bonne question…

« On reste sur nos gardes au cas où. Je prends les commandes du groupe. »

« Ronyl… Tu es déjà très blessé ! »

« Ce n’est pas un problème. »

Paria s’inquiétait pour lui mais qu’importe, il n’allait pas se laisser abattre de cette manière alors qu’ils étaient encore envoyés dans un autre monde. Le petit souci, c’est que ce monde aussi féerique soit-il… était en train de se détruire ? Il ne savait pas pourquoi mais certaines fleurs commençaient à se faner comme si l’automne arrivait en ce lieu.

« AH ! Il y a des corps ! Faites attention ! »

Luna venait de crier, désignant quatre corps au loin alors que tout le monde restait regroupé pour éviter de se faire attaquer par surprise. Loxen signala qu’il allait passer devant les autres, demandant à Frizy de l’accompagner. Lorsqu’il s’approcha des quatre corps, il cria pour que le reste du groupe puisse entendre :

« C’est juste quatre gamines ! AIE ! Mais pourquoi Frizy ?! »

« Juste ?! Tu vois des personnes couchées dans un endroit comme ça et tu dis juste ?! »

« Mais je ne l’ai pas fait exprès… Rah ! Y en a une avec des cheveux blancs, elle semble plus âgée que les autres. Sinon les trois autres filles doivent avoir dix ans au grand maximum. »

« Gigana ! C’est Gigana et les autres ! »

« Mais qu’est-ce qu’elles font là ? »

« Lorsque Gigana est morte, Xano a signalé qu’il avait transporté les quatre corps dans sa propre dimension. Comme sa dimension est celle du Dieu Originel, il est donc normal que… Hum… Voilà… Nous avons la réponse à notre question. Nous sommes dans la dimension du Dieu Originel. Comme Charkrowos est en train de disparaître, sa dimension s’affaiblie. Je pense néanmoins qu’il a prévu quelque chose car il ne serait pas du genre à nous faire mourir ainsi. Si il y a les quatre corps, cela veut dire que… »

Que, quoi ? Elle ne savait pas la suite ? C’était assez rare de la voir s’arrêter au beau milieu de la discussion mais ce n’était pas pourtant une mauvaise chose. Elle-même ne savait pas ce que Charkrowos avait prévu. Luna déposa le corps de Farankard à côté des quatre filles, poussant un léger soupir en se disant que ce n’était pas du luxe de ne plus avoir à la porter.

« On fait quoi maintenant ? On est bloqués. »

« On patiente et on attend, ce n’est pas trop dur à faire. »

« Oui mais quand même… Tout ceci est inquiétant. »

« C’est vrai que vous n’y êtes pas habitués mais pour moi et Nelya, c’est devenu quelque chose d’assez commun. Je crois qu’avec Xano, on a vécu des choses vraiment… effroyables dont vous n’avez même pas idée ! »

Elle semblait assez motivée malgré tout ce qui s’était passé et c’était une bonne chose. Il ne fallait pas prendre la vie du mauvais côté, surtout dans ces moments là. Mais bon… Ce n’était pas ça qui allait arranger leurs affaires, loin de là même. Luna se coucha sur le sol, observant le ciel en poussant un nouveau soupir. Tout était terminé… enfin… Mais en voyant tout ce qui avait été détruit, le constat était loin d’être super sympathique.

« Je n’aime pas attendre à ne rien faire. »

« Il le faudra bien. On n’a pas le choix, nous sommes ici et nous ne pouvons pas en sortir. »

« Quand même… Nelya… Je me disais… Tu crois que le … Dieu Originel est mort ? »

« Je ne sais pas du tout. Ce qu’il a fait va au-delà de tout raisonnement logique et compréhensible. Je ne peux rien dire à ce sujet. »

« J’ai l’impression… qu’il était content ou heureux… »

« Toute cette histoire ne nous concerne pas. »

« Mais nous sommes des Reines ! »

« Ce ne sont que des titres, Luna. Simplement des titres. »

Nelya alla s’asseoir à côté du corps de Farankard, l’observant de ses yeux bleus. Qu’est-ce que l’ancienne Feunard aurait fait dans ces moments là ? Elle ne serait pas restée un seul instant en ce lieu, elle aurait tout fait pour en sortir. C’est vrai… Et Shala aussi. A force de passer du temps avec Xano, Tyrania et Oriane, elle s’était… attachée à eux mais maintenant, ils n’étaient plus présents. La vie allait être bien triste… Les Taisos s’étaient réunis entre eux, c’était chose normale puisqu’ils se connaissaient bien.

« Rien que l’idée que les pokémons puissent devenir des humains n’est déjà pas une chose scientifique, Ronyl ! Admet le ! »

« Je l’admet, je l’admet… Mais je tenterais de savoir pourquoi… »

« Car nos pokémons sont attachés à nous, que tu le veuilles ou non ! Il en est de même pour Paria et toi. C’est parce que vous avez des sentiments l’un envers l’autre que Paria est devenue une humaine. Tu l’as déjà embrassée, Ronyl ? »

Voilà qu’Oria se mettait en mode commère et ricanait alors que Ronyl posait une main sur son visage et ses yeux pour montrer à quel point elle était pathétique. Paria ne répondit pas, baissant la tête en rougissant. Loxen éclata de rire en s’exclamant :

« Mouahahaha ! Ronyl a roulée une pelle à Paria ! »

Il se prit un violent coup de poing de la part de Frizy, celle-ci prenant la parole à sa suite :

« Mais tu vas te taire, bon dieu ?! Ils ne sont peut-être pas aussi délurés que toi les pauvres ! »

« Ca… Ca ne fait rien… Ce n’est pas de sa faute. Euh… Puis oui… Ronyl m’a… »

C’était ça l’alchimie entre deux personnes. A part Oria, Iny et Rek, les deux autres étaient des couples… Des couples forts différents mais des couples. Tout le monde n’avait pas été perdant dans cette affaire. Luna les observa en soupirant :

« Ils ont l’air de bien s’amuser entre eux. »

« Ils ne comprennent pas tous les mécanismes complexes qui les entourent. Ce ne sont que des humains et des pokémons… Nous aussi, nous le sommes. »

« J’ai l’impression que nous avons été mises de côté trop longtemps, Nelya. »

« Depuis le début même… Mais nous sommes… ses Reines. »

« Nelya ? Luna ? M’entendez vous ? »

Hein ?! Les deux femmes sursautèrent subitement, se tentant la tête entre les mains. C’était quoi cette voix ?! Elles n’avaient pas rêvées ! C’était bien de la télépathie ? Mais cette voix ? C’était celle de Charkrowos. Comment c’était possible ?

« Vous semblez surprises… Mais bien moins que les Taisos. »

Les Taisos ? Ah oui… Ils s’étaient arrêtés de parler entre eux. Pour une surprise, c’en était une. Le Dieu Originel n’était pas mort, c’était donc une bonne nouvelle. Mais où était-il ? Où est-ce qu’il se trouvait ? Les regards se tournaient dans tous les sens sans réponse.

« J’ai une dernière… mission à vous confier. »

« Mais où est-ce que vous vous trouvez ? Pourquoi ne vous vous montrez donc pas ? »

« Car je suis en train de réguler le flot de l’Espace, du Temps et du Néant. Je suis en train de tout remettre dans l’ordre mais je vais avoir besoin de vous… en attendant que tous et toutes se réveillent de ce cauchemar sans fin. »

« Qu’est-ce que vous vous nous voulez ? Comment pouvons nous aider ? »

« C’est très simple… Je vais avoir besoin de toute l’aide nécessaire pour reconstruire ces mondes et surtout leur permettre de tout remettre en place. Cela sera une tâche très difficile et éreintante. En contrepartie… Vous pourrez me demander ce que vous vous voulez. »

« Comme si nous avions besoin de quelque chose. »

« Réfléchissez néanmoins à cette proposition. »

« Il n’y a pas à y réfléchir, on accepte tout de suite ! »

Luna et Nelya étaient d’accord pour l’épauler mais du côté des Taisos, c’était un peu différent. Chacun avait ses propres réclamations mais ils semblaient se résoudre à l’aider. Tant mieux, ensemble, ils allaient pouvoir faire un excellent travail. La voix de Charkrowos se fit entendre, maintenant tonitruante dans la dimension :

« Soit… Vous allez donc tous êtres réunis et vous découper en trois groupes. »

« Nous sommes neuf. Nous pouvons donc couper en trois groupes de trois. »

« Nous… Vous vous trompez… Vous êtes quatorze. »

« Quatorze ? Comment ça ? »

« Il veut parler de Gigana et de ses sœurs ainsi que de Farankard. »

Les cinq cadavres ? Il y avait donc une raison pour qu’ils ne disparaissent pas ? Qu’est-ce qu’il comptait faire ? En y réfléchissant plus sérieusement… Ses paroles avaient été claires pourtant. Il était capable de leur…

« C’est exact. Je vais ramener Gigana et ses sœurs à la vie. Il en sera de même pour Farankard. Je pense que… »

« Mais je croyais que l’âme de Farankard n’existait plus ?! »

« Je pensais que c’était le cas…. Mais je me suis fourvoyé. Je crois que chaque partie de mon âme s’est crée une individualité propre qui fait que même lorsque je me suis réuni… Elles étaient encore là. Voilà toute l’explication. »

« Ca veut donc dire que Xano peut revenir aussi ?! »

Il n’était pas difficile de savoir qu’elle était si heureuse d’apprendre cette nouvelle. Si Farankard pouvait revenir, cela voulait dire que Xano allait revenir aussi ! Revenir, revenir… Ce mot restait dans sa mémoire comme un automatisme mais le Dieu Originel ne lui répondit pas, s’adressant à elle par télépathie.

«

Chapitre 93 : Tout s’achève

ShiroiRyu
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Chapitre 93 : Tout s’achève

« Puisque c’est ainsi… Combattons nous. »

Il ferma les yeux, transformant ses deux mains en de fines lames blanches, courant en direction de Giradès qui transformait ses deux mains en griffes. Les membres se percutèrent, ricochèrent les uns contre les autres tandis que des gémissements se faisaient entendre du côté de Giradès. Celle-ci avait de plus en plus de mal à rester consciente, ses yeux rubis à moitié clos alors qu’il profitait de cela pour l’attaquer.
Ah… Ah… C’était bien trop difficile. Elle avait envie de fermer ses yeux, de disparaître maintenant mais elle savait bien que ce n’était pas possible. Elle devait user de tout ce qu’elle pouvait pour combattre Charkrowos et être sûr qu’il se dirigeait vers le bon chemin dorénavant. Elle poussa un cri strident, plusieurs trous dimensionnels se formant au-dessus d’elle pour laisser tomber de nombreuses météorites.

« PERE ! Disparais si tu n’as pas la volonté ! »

« La volonté ?! Je l’ai mais ce n’est pas ça qui anime seulement mes lames ! »

C’était bien beau de prononcer de telles paroles mais pour éviter une pluie de météorites, c’était déjà autre chose ! Il fit plusieurs sauts en arrière et sur les côtés, remarquant que les météorites à défaut d’être grandes tombaient en grande quantité sur le terrain. L’une le frappa à l’épaule, lui arrachant une plainte alors qu’il fermait ses yeux pour tenter de se concentrer correctement. Un… Deux… Un… Deux… Voilà comme ça !

« Père… Vous vous permettez de croire que vous pouvez tout esquiver sans difficultés. Vous oubliez une chose… Je suis encore là ! »

Elle passait du tutoiement au vouvoiement, du vouvoiement au tutoiement… Est-ce qu’elle… commençait à perdre la raison ? C’était peut-être ça… Au final… Elle était déjà peut-être très atteinte par son âme dévorée par les trois autres ? Elle courue en direction de Charkrowos, prête à l’attaquer et à le griffer pendant qu’il fermait les yeux mais l’une de ses propres météorites alla la frapper dans le dos, la faisant s’écrouler au sol.

« AHHHH ! Zut zut zut ! J’ai complètement… »

« Fatiguée ? Tu es fatiguée ? Je peux t’extraire les âmes… »

« Laisse tomber, Papa. Je ne tomberais pas dans ton piège. Je n’ai pas oublié ce que je dois accomplir pour être sûre que tu saches ce que tu feras dans l’avenir ! »

« Mais tu vas disparaître ! Tu comprends ?! Ca sera comme… Malar ! »

« Malar… Malar… Oui… »

Elle poussa un profond soupir, se redressant avec aisance malgré la grosse fatigue qui l’animait. Malar… qui était définitivement mort par Galpha… Malar… qui n’avait pas forcément mérité un tel châtiment. C’était elle qui méritait de disparaître complètement pour tout ce qu’elle avait fait comme crimes… tout cela pour Charkrowos et Gigana.

« Ma fille… Je croyais que l’on ne devait pas détourner le regard du combat. »

« Hein ? Que ? Quoi ? »

Elle n’avait pas remarqué qu’il se tenait devant elle alors qu’elle vagabondait dans ses pensées. Elle ne vit que trop tard sa main posée sur son ventre, une faible lueur en émanant… Il n’essayait pas de la tuer cette fois-ci.

« PERE ! NON ! Vous ne le ferez pas ! »

« Laisse moi te les extraire… »

« JE VOUS AI DIT NON ! »

Quel imbécile ! Il allait tout gâcher par cette trop grande gentillesse ! Les six tentacules allèrent se planter dans le torse de Charkrowos mais celui-ci gardait sa main posée près du ventre de Giradès, la forçant à crier à nouveau :

« Ne me touchez pas ! Je vous interdis de me toucher ! »

« Pourquoi tu devrais disparaître à cause de mes bêtises ? »

« Car c’est ce que je mérite ! Je ne vous demande pas de me sauver ! »

Les tentacules se retirèrent pour se planter une nouvelle fois dans le corps de Charkrowos, le faisant cracher du sang blanc alors qu’il continuait à garder sa main sur le ventre de Giradès. Ah… Il y était presque… Il sentait toute cette puissance emmagasinée dans le ventre de la jeune femme. Il se prit un violent coup de pied dans le ventre, le repoussant en le faisant tomber au sol alors que Giradès s’exclamait :

« Je vous l’interdis ! Tu n’as pas à le faire ! »

« Arrête tes enfantillages ! Tu es dans un sale pétrin ! »

« Et alors ?! Si j’en suis à l’origine, ce n’est pas toi que ça concerne ! Préoccupe toi bien plus du fait que je ne vais pas hésiter à te tuer ! »

« Tu n’en serais pas capable ! Arrête toi là ! Laisse moi m’occuper de toi, ensuite, je reconstruis ce monde et je promets de ne plus me préoccuper des autres… »

« Paroles… Toujours des paroles… Ce n’est pas avec ça que je vais pouvoir vous croire ! Je vais m’occuper de vous puisque vous êtes blessé ! »

Maintenant qu’il s’était amusé à prendre des risques, c’était le bon moment pour le tuer ! Ses six tentacules noirs se réunirent en deux tentacules d’une taille bien plus grande, ressemblant plus à de longues et grosses queues de scorpion maintenant. Elle frappa à l’endroit où se trouvait Charkrowos, celui-ci ayant roulé sur le sol pour l’esquiver. Il se releva correctement, se disant qu’il devait la faire s’évanouir. Elle n’allait plus tenir très longtemps à cette allure ! Il voyait même le demi masque… qui se fissurait.

Merde… Elle avait mal… Très mal… En fait, la tentative de son Père avait fait empiré la chose. Maintenant, les âmes s’acharnaient sur la sienne pour savoir qui aurait le dessus sur les autres et donc qui allait l’avaler… Elles étaient en colère, n’aimant pas être extraites du corps dans lequel elles étaient. C’était ça les âmes…

Il n’y avait vraiment pas moyen de la faire flancher de son côté ? En sa faveur ? Rah ! Il devait pourtant tout essayer ! Il y avait encore un moyen de l’arrêter mais elle n’allait pas se laisser faire et elle restait très dangereuse malgré son apparente faiblesse. Il lança un petit regard au loin, se demandant ce que les Taisos et les deux Reines faisaient. Euh non… Ce que les humains faisaient… Pourquoi pensait-il de cette façon ? Taisos… Reines…

« Je ne comprend plus trop ce qui se passe moi. »

« C’est simple… D’un point de vue scientifique et logique, ils se battent pour rien. »

« Comment ça pour rien ?! Tu n’as pas vu le décor ?! Complètement détruit, Ronyl ! »

« Héhéhé ! La fille aux gros seins ne comprend rien. AIE ! »

Loxen venait de se prendre une claque de Frizy, l’homme aux cheveux blonds afro signalant qu’il était blessé, chose à laquelle Frizy rétorqua que ça ne l’empêchait pas de dire des conneries aussi grosses que le volume de cuir chevelu qu’il avait sur la tête. Luna observa sa poitrine, se demandant si elle était vraiment si imposante que ça. En regardant de plus près les autres poitrines… Il était vrai que la sienne… avait un certain volume. Et puis bon… en voyant le décolleté de Farankard, elle se sentait moins honteuse. La femme aux cheveux dorés cachait très bien son jeu en fait.

« J’ai pas à m’en faire au final ! »

« Hein ? De quoi ? Qu’est-ce qu’il y a Luna ? »

« Hiiiiiiiii ! De rien, de rien ! Je parlais à voix haute, je suis désolée ! »

Elle bafouilla quelques excuses, baissant la tête en rougissant alors qu’Iny lui avait demandé ce qui n’allait pas. Heureusement qu’elle n’avait pas remarqué ce qu’elle était en train de regarder. Quelle idiote de penser à ça dans un tel moment ! C’était de sa faute à Loxen aussi ! Elle s’approcha de lui, lui donnant une violente baffe avant de retourner près du corps de Farankard, Nelya la regardant sans rien dire.

« HEY ! Mais merde, j’ai rien fait cette fois ! »

« Si elle ne sait pas pourquoi elle t’a baffé, toi tu dois le savoir, Loxen. »

« Tsss ! Je vais avoir les joues comme les fesses d’un babouin maintenant ! »

Quelques rires éclatèrent bien que ce n’était guère le moment, Loxen croisant les bras en ronchonnant et en gémissant de douleur. De son côté, Luna s’était assise près du corps de Farankard. Dommage qu’elle ne soit pas plus vivante … Elle aurait pu aider Charkrowos contre Giradès… Oui… Tout se serait réglé bien plus rapidement.

« Père ? Jusqu’où iras-tu pour défendre tes principes ? »

« Comment ça ? Où est-ce que tu veux en venir ? »

« Réponds moi… Est-ce que tu serais prêt à tout protéger… jusqu’au bout ? »

« Là… Mon but premier est de t’arrêter, Giradès. »

« Hum… Non… Ca… Ce n’est déjà plus possible. »

Elle eut un petit soupir amusé alors qu’elle faisait apparaître deux sphères au-dessus de ses mains. Le sol se mit à trembler alors qu’apparaissaient différentes fissures dimensionnelles autour d’elle et de Charkrowos. A l’intérieur de ces fissures, ce n’était pas le vide que l’on pouvait voir mais… des morceaux du monde de Juperus ?!

« L’Espace n’a plus de secret pour moi. Le sablier du Temps est entre mes mains. Je suis l’avatar du Jugement Dernier. Je suis celle qui gère le monde des Morts. Je suis Giradès et je suis omnisciente… Père… »

« Qu’est-ce que tu manigances ?! »

« Père… Vous êtes le Dieu Originel, n’est-ce pas ? Ce genre de petits problèmes ne devrait vous poser aucun souci, non ? »

Mais qu’est-ce qu’elle fabriquait ?! Tout était en train de se désagréger. Les failles se dévoraient, s’entrelaçaient, s’entrechoquaient tout en produisant des bruits horribles alors le décor redevenait celui de l’apocalypse… mais d’un apocalypse lié au chaos… Les Taisos et les deux Reines s’étaient regroupés en se serrant entre eux, ne pouvant rien faire à part regarder cette scène qui ne présageait rien de bon.

« Vous êtes le Dieu Originel… Vous devriez être capable d’arrêter une telle chose… »

« Le Temps… L’Espace… Tout se tord… »

« C’est exact, Père. La puissance des quatre âmes est en moi et je les utilise à leurs maximums ! Père… Voilà mon projet ! »

« Tu es complètement folle ! Tout ça pour me… »

« Que tu trouves la force de m’arrêter… C’est tout. »

Elle eut un petit sourire attristé alors qu’il se tenait la tête entre ses deux mains. Arrêter Giradès ?! Déjà qu’avec Juperus et elle, il avait totalement disparu la première fois tout en se faisant briser son âme alors… Avec Diarès et Palars… Mais… Pourquoi était-il aussi… craintif ? Il était le Dieu Originel… Il avait la force pour arrêter tout ça non ? Il était capable de prouesses mais là… Là… C’était peut-être au-dessus de ses moyens. Mais la voix de Giradès lui restait en mémoire. La force de l’arrêter ? Elle voulait qu’il l’arrête ?

« Père ! Voilà l’apogée de mon projet : Que tout ce qui a été crée soit renvoyé au Néant ! »

Ce qui se passa à ce moment là ne pouvait être décrit par les mots. Il fallait le vivre pour le ressentir pleinement, pour assimiler le degré de déchaînement des éléments et non éléments qui se produisaient autour de Charkrowos et Giradès. Des cris, des plaintes, une véritable cacophonie auditive et mentale se faisait entendre tout autour de lui alors qu’il tenait sa tête entre ses deux mains. Instinctivement, il pensa immédiatement aux personnes dans la sphère dorée. Instinctivement, il pensa à Giradès dont les pieds disparaissaient peu à peu. Son âme allait se faire dévorer. Il… Il devait faire quelque chose mais il ne se sentait pas le courage. Il n’avait aucune idée… Au final… Il ne pouvait pas sauver tout le monde et cela l’enrageait. Gigana… Sa fille… Il n’allait pas pouvoir la retrouver.

« Non mais je te jure, arrête de t’apitoyer sur ton sort et relève toi ! »

Une voix… Une voix dans sa tête ? Et cette voix… Il la reconnaissait ! Mais comment… Comment c’était possible ?! Est-ce qu’il devenait schizophrène ?! Oui… Il était en train de devenir fou, rongé par le désespoir mais la voix résonna à nouveau en lui comme si il se prenait une nouvelle claque mentale :

« Stoppe la maintenant ! Extrait lui son âme maintenant qu’elle est exténuée ! »

Il devait écouter… Il devait écouter cette voix ! Cette voix féminine ! En y pensant… Il n’y avait pas qu’elle… Il y en avait d’autres… Tellement d’autres… Il avait l’impression qu’un chœur de voix lui répétait de se diriger vers Giradès. Galvanisé par ces voix, il se redressa subitement, se mettant à courir vers la femme aux cheveux argentés dont les bras disparaissaient à leurs tours tandis que tout se détruisait.

« Giradès ! Je suis là ! Attend moi ! Je viens… Je viens te sauver ! »

« Père ? C’est un peu tard… non ? Vous devriez… plutôt sauver ce monde. »

Le demi masque continua de se fissurer, un petit morceau tombant au sol alors qu’il arrivait à la hauteur de Giradès. Sans aucun remord, il enfonça sa main dans le cœur de la femme aux cheveux argentés, un cri mélodieux comme un chant de cygne sortant de la bouche de Giradès. Il… Il avait les quatre âmes dans sa main… Une sphère noire de grande taille était en train de se faire avaler peu à peu par une sphère argentée, une sphère violette et une sphère bleue. Mais Giradès… était encore vivante ? Le fait d’avoir été une déesse originelle pendant un moment lui octroyait un gain de temps ?

« Père… C’est inutile… Vraiment inutile… »

« Rien n’est inutile ! Rien du tout ! Regarde ton âme… Tu la vois ? »

Bien sûr qu’elle la voyait… Son âme dévorée par sa sœur et ses deux Cavaliers… Son âme qui se réduisait en même temps que son corps disparaissait… Ni pieds, ni mains… Elle ressemblait à plus rien. Mais qu’est-ce que Charkrowos allait faire ? Qu’est-ce qu’il pouvait faire ? Elle écarquilla les yeux alors qu’elle le voyait ouvrir la bouche à son tour. Son demi masque éclata en morceaux, révélant ses yeux rubis larmoyants. Il… Il ne comptait pas faire comme elle ?! C’était complètement stupide ! Elle s’écria :

« Père ! Arrêtez ça ! Vous vous… Vous… »

« Je, je, je ? Je te permets simplement de survivre, voilà tout. »

« Ca ne marchera pas comme ça ! C’est votre âme qui va être dévorée ! »

« Tu as montré que tu avais la possibilité de devenir une déesse originelle… Juperus pourrait l’être aussi… Pour ma part… J’en ai peut-être trop fait… »

Oh que oui… Il en avait trop fait… Beaucoup trop… Le corps de Giradès continuait de disparaître mais il l’avait pris dans ses bras, la serrant contre lui alors qu’elle s’était mise à pleurer. Ca ne devait pas se passer comme ça ! Ca n’aurait jamais dû !

« Père… Et Gigana ?! Et… Et… J’ai tout fait pour que vous puissiez avoir des sentiments… que vous puissiez être un homme normal ! Et vous… Vous allez maintenant… »

« Disparaître ? C’est ça ? Mais au final… Si j’ai mes sentiments… C’est tout ce qui importe ? Je ne devrais plus penser aux autres. »

« C’est égoïste… de dire ça… alors que les mondes se détruisent. »

« Très… égoïste, oui. Reste près de moi. »

Les voix lui répétaient à quel point il avait fait le bon choix. Maintenant, qu’importe si il devait disparaître par ses propres créations, c’était tout ce qu’il voulait… Tout ce qu’il désirait… Gigana… lui pardonnait… Ses sœurs aussi… A sa grande surprise… Xano et Tyrania étaient encore là… Il ne savait pas pourquoi… Il n’arrivait pas à comprendre comment c’était possible mais les deux êtres s’étaient crées leurs propres âmes… Une âme assez faible puisqu’elle n’avait plus sa protection mais elle était bien là. C’étaient toutes ses voix qui étaient là pour lui… Il ne restait plus que le visage de Giradès qui lui faisait un sourire tendre. Maintenant qu’elle était là… sans rien, elle était jolie, très jolie.

« Père… Si vous disparaissez… Je disparaîtrais avec vous. »

« Tu n’as pas à te faire pardonner pour tes actes. »

« Ce n’est pas une question de pardon… ou de rédemption. Je veux être là… avec vous… pour vos derniers instants. Je veux être là… avec vous… jusqu’à la fin. »

Puis plus rien… Plus rien du tout… Le visage se décomposa en plusieurs petites sphères noires lumineuses qui s’envolaient. Maintenant… Il était seul… Tout seul… Ou non… Il ne l’était pas… Il se leva, se tournant vers le groupe de Taisos et des deux Reines :

« Et bien… Vous avez assisté à un spectacle rare. Je suis désolé de vous l’annoncer mais c’est là la fin de la représentation. Je vous remercie encore pour tout ce que vous avez fait. »

Il fit un petit salut militaire en leur souriant, la sphère dorée qui entourait le groupe se téléportant subitement ailleurs. Où donc ? Seul lui le savait. C’était simplement dans un endroit sûr… en attendant que tout se reconstruise… et en espérant qu’il en aurait la force avant de disparaître complètement. Des rayons sortirent du sol, aveuglant toute la scène alors que le monde n’était plus…que les mondes n’étaient plus.

Chapitre 92 : Car je ne peux les oublier

ShiroiRyu
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Chapitre 92 : Car je ne peux les oublier

« Adieu Père… Je pensais que vous étiez plus résistant… mais lorsqu’on a de sentiments ou de réels buts à vivre, on n’est faible. »

La lame de métal blanc s’abattit sur Charkrowos mais celui-ci avait rouvert les yeux, arrêtant subitement la lame de ses deux mains. Du sang blanc s’écoulait entre ses doigts alors qu’il s’écriait avec une légère colère :

« Je ne peux pas mourir ! »

« Pour sauver ces mondes ? C’est cela ? »

« NON ! Car j’ai… J’AI UNE PROMESSE ! »

« Une promesse ? Est-ce celle à laquelle je pense ? »

La lame disparue alors qu’elle faisait un saut en arrière, le laissant se redresser. Dès qu’il fut debout, une sphère noire alla le frapper au niveau du front et du visage, lui créant quelques entailles alors qu’elle reprenait :

« Vous ne vous battez plus pour ces mondes ? »

« SI ! Mais mais mais… J’ai une promesse à tenir… Et je la tiendrais ! »

« Gigana… Et ses trois sœurs. Une adolescente très gentille… »

« Tu le savais bien… Tu le savais très bien… »

« Mais elle est morte… et elle est maintenant en vous. »

Oui… Il s’en rappelait… Gigana s’était laisser tuée par Xano pour éviter qu’il ne meure. Elle… Elle était même morte dans ses bras. Ses bras… Il se rappelait du corps chaud de l’adolescente aux cheveux blancs.

« Cela vous fait quoi ? Elle est morte à cause de vous et de l’homme que je possédais. »

« Mais elle reviendra… Elle renaîtra. »

« Pour cela, il faudra réussir à me faire disparaître… »

« Ou à te retirer les trois âmes qui t’accompagnent. »

Il pensait vraiment qu’elle allait le laisser faire aussi facilement ? Elle eut un léger sourire, tendant sa main droite vers lui avant qu’elle chargeait une sphère électrique. Mais au lieu qu’elle soit uniquement constituée d’électricité, des flammes l’entouraient en même temps qu’un brouillard glacial. Elle envoya la sphère en direction de Charkrowos mais celui-ci l’arrêta complètement, faisant un geste pour la détruire avec facilité. Elle émit un nouveau sourire, faisant apparaître maintenant six sphères de même format et taille avant de les envoyer en direction du jeune homme aux cheveux blancs.

« Il vous faudra faire bien mieux que ça. Je commence peu à peu à mourir. »

« Ca ne fait rien. Je reconstituerais ton âme. »

« Mais ça ne sera pas possible, héhéhé. Tu le sais très bien Père. »

« Tu me tutoies ? Ca sera bien plus facile maintenant. Je vais te montrer à quel point tu t’es trompée Giradès, j’ai aussi des sentiments ! »

Des sentiments ? Lui ? C’était bien beau de le dire… Ensuite, il fallait que ça soit réellement le cas ! Si il avait des sentiments, qu’il les montre ! Il n’y avait qu’une façon de les montrer face à elle ! Et c’était très simple… Il fallait la battre ! Elle se jeta sur lui, ses six tentacules tournoyant autour d’elle avant d’essayer de s’abattre sur lui.

Une… Deux… Trois… Quatre…Cinq…Six ! Il venait d’arrêter les six tentacules, les maintenant avec force dans ses mains alors qu’il cogna sa tête contre le demi masque de Giradès, celle-ci le regardant avec une légère surprise. Pas mal… Pas mal du tout… Du sang blanc tachait le demi masque alors qu’il plaçait sa main sur le cœur de Giradès, lui donnant une nouvelle impulsion avant de s’écrier :

« Tu comprends donc ? Je ne peux pas disparaître ! »

« Tu n’as toujours pas dit pourquoi tu ne peux pas disparaître, Papa ! Est-ce pour ce monde ? Ou alors pour une personne ? Si c’est une personne… Dis son nom ! »

Un nom ? Le seul nom qui lui venait en tête était… Gigana ? Mais en y repensant, il y avait d’autres noms qui venaient aussi : Juperus, Ryusuke, Riza, Luna, Nelya, Shala, Shymi, il y en avait totalement de noms… Et surtout… Il y avait aussi Farankard. Il ne répondit pas à la question de Giradès, la repoussant une nouvelle fois alors qu’il s’était mis à disparaître complètement, murmurant d’une voix calme :

« Je m’en vais… J’ai d’autres personnes à aller voir. »

« Et tu va laisser ce monde se détruire ? »

« Il me reste deux autres personnes encore à protéger. »

« Et ton idéal de protéger tout le monde ? Tu l’as oublié Père ?! »

« Non… Simplement… J’ai des priorités… »

Des priorités ? Lui ? AH ! Il avait peut-être réellement changé mais en aussi peu de temps ? Peut-être que le fait d’être à l’article de la mort avait réussi à le réveiller psychologiquement ? Tout n’était pas perdu grâce à elle. Heureusement qu’elle était là… Heureusement ! Elle abandonna complètement ce monde, commençant à créer des nombreuses failles dimensionnelles avant de se téléporter à nouveau dans le domaine céleste. Lorsqu’elle arriva, elle remarqua avec surprise que Charkrowos y était déjà. Et pour cause… Luna et Nelya étaient restées dans la sphère dorée… Sphère qui disparue alors qu’il s’approchait des deux femmes et du cadavre de Farankard.

« Que viens-tu faire ici, Charkrowos ? »

« Je vais seulement les mettre à l’abri en même temps que les humains qui sont encore dans cet endroit. Je crois que ce sont les Taisos. »

« Et tu penses que je te laisserais aller les chercher ? »

« Tu peux toujours essayer de m’arrêter si tu penses en être capable. »

Pfff… Elle claqua des doigts, de nombreux cris se faisant entendre en même temps qu’une faille dimensionnelle apparaissait à côté de Charkrowos. Plusieurs corps tombèrent à côté de lui, des gémissements se faisant entendre alors qu’il était étonné par le geste de Giradès. Qu’est-ce qu’elle venait d’accomplir devant lui ? A quoi ça lui servait ?

Hey ! Mais c’était… Rek ! Et puis… Il y avait aussi Oria et les autres ! Et aussi Iny ! Ils étaient tous là ! Hey ! Mais c’était quoi cette sphère dorée qui réapparaissait autour d’eux ? Ils étaient maintenant tous ensemble mais elle ne comprenait pas… Ses yeux rubis se posèrent sur Giradès et Charkrowos. Elle pensait qu’ils allaient être sortis d’affaire.

« Mais qu’est-ce que vous foutez tous les deux ?! C’est quoi votre souci ?! »

« Voilà… Ils sont là. Maintenant, tu ne t’enfuiras plus, Père. »

« Tu m’appelles d’abord Charkrowos, puis Père. Ensuite, tu me vouvoies puis me tutoies. Giradès… Je commence à ne rien comprendre avec toi. »

« Disons que maintenant, le vouvoiement n’est plus de mise. Je n’ai plus besoin de parler comme ça. Tu as maintenant compris les enjeux ? »

« Je remettrais de l’ordre dans ce monde, voilà tout ! »

« Ah… En fait… Je crois que tu n’as pas tout compris ! »

Dire qu’elle pensait un court instant qu’il avait bien cerné le problème, en fait… C’était loin d’être réglé ! Quand est-ce qu’il allait bien comprendre qu’il ne pouvait pas tout gérer ? Quand est-ce qu’il allait comprendre qu’il fallait qu’il pense d’abord à lui-même avant de penser aux autres ?! Elle croyait qu’avec Gigana, il allait enfin se remettre sur le droit chemin mais au final… Ce n’était pas le cas.

« Bon… Charkrowos… Maintenant qu’ils sont sauvés, tu pourrais peut-être réfléchir à tout ce que je t’ai dit ? Comme le fait de penser à toi-même ? Quel est ton sentiment ? »

« Je n’ai pas de temps à perdre avec ce genre de questions. J’ai des projets bien plus importants, Giradès ! Il faut que je crée un nouveau monde ! »

« Tu le créeras… seulement si tu arrives à m’abattre ! »

L’abattre ?! Ce n’était pas du tout prévu ! Il ne voulait pas l’abattre ! Loin de là ! Il voulait simplement créer un nouveau monde… voir deux ou trois… et puis… et puis… C’était tout ! Enfin, il croyait ! Comment dire… C’était compliqué toute cette histoire. Bon, d’abord, il devait retirer les trois âmes en Giradès si il voulait tenter de la sauver. Il transforma sa main droite en une griffe violette, s’envolant en direction de la femme aux cheveux argentés alors que celle-ci faisait de même. Le choc fut des plus terribles, le terrain déjà malmené étant encore plus détruit qu’auparavant. Pendant qu’ils combattaient, Ronyl se tourna vers Luna :

« Vous voulez bien m’expliquer ce qui se passe ? Cette femme, c’est qui ? »

« Giradès… Celle qui possédait l’âme de Malar. »

« D’accord… Et cet homme ? Il ressemble à Xano… Mais ce n’est pas lui, hein ? »

« C’est correct ! C’est le Dieu Originel ! Charkrowos ! »

« Je ne vois pas de quoi tu parles… La déesse Juperus n’a pas été très loquace. »

« Mais et vous… Vous allez bien ? Nelya ? Tu peux ? »

En fait, elle était déjà en train de commencer à soigner les différents humains, que ça soit de la plus infime entaille à la plus grosse des blessures, elle s’occupait des Taisos sans se soucier qu’ils étaient des ennemis auparavant. C’était ainsi…Un petit cri se fit entendre :

« Mais mais mais… Qui est cette femme ?! AH ! »

« C’est Tyrania… ou Farankard. »

« Qu’est-ce… Qu’est-ce qui s’est passé ? Elle est … »

« Oui, elle est morte. Elle l’a fait pour Xano mais au final… »

Au final ? La voix de Luna alla s’éteindre sans qu’elle ne termine sa phrase. Seule Nelya pouvait deviner ce qu’elle avait dit : Au final, Xano et Tyrania n’existaient plus, ils n’avaient jamais existés… Oui… Ils n’étaient que des illusions. Son… Xano n’était rien qu’une chimère. Elle eut une larme discrète, détournant le regard. Autant voir ce que Charkrowos et Giradès étaient en train de faire.

Déjà qu’avant, cela avait été très difficile avec trois âmes, maintenant qu’elle en avait quatre, c’était encore plus compliqué que prévu ! En plus, elle savait se battre et il se demandait pourquoi il n’avait jamais essayé de la comprendre… Peut-être qu’il aurait pu éviter une catastrophe. Si seulement, il avait passé plus de temps avec elle ! Et aussi avec Gigana… Et Farankard… Hein ?! Mais non ! Farankard n’existait pas… Farankard n’était qu’une partie de son âme… Elle n’existait pas !

« Charkrowos, n’oublies pas de vue ton combat ! »

Elle s’était positionnée à sa hauteur, lui donnant un coup de pied dans la hanche avant de donner un coup de coude dans la nuque, ouvrant la bouche pour lui créer un puissant souffle de flammes violettes. Tout ceci eut pour résultat de l’envoyer au sol, créant un sillon alors qu’il gémissait de douleur. Maintenant… Il commençait à avoir mal mais… Il n’oubliait pas ses objectifs ! C’était impossible ! Et en plus… Il… Il…

« J’ai une promesse à tenir ! Gigana, Rocagiri, Sterivia et Iglaré m’attendent ! Mes filles m’attendent ! Je… Je… veux les revoir ! »

« Tu veux ? Tu veux donc une chose, Père ? Toi ? Tu es capable de désirer ? »

Elle parlait avec ironie alors qu’il semblait bien sérieux tout d’un coup. Oh, il l’avait toujours été depuis qu’il était revenu mais là… Il y avait quelque chose de différent dans son regard : Une volonté bien présente et une idée précise.

« Gigana et ses sœurs ? Pourquoi elles et non pas des autres ? »

« Car car… Car… Gigana… a été ma fille la plus précieuse ! Rien à voir avec toi ou Juperus qui n’arrêtaient pas de vous battre sans cesse ! »

Oh… Elle devait être en colère ? Il venait d’énoncer clairement qu’il n’avait aucun intérêt envers elle ou Juperus. C’était même bien différent : Il pensait principalement à ses quatre petites filles. Au final, il était un véritable…

« Père… n’est-ce pas ? Tu penses à des enfants… »

« Père ? Tu as terminée ta phrase mais tu ne l’as pas commencée. »

« Je disais que tu étais quelqu’un qui aime énormément ses enfants. »

« Je vous aime tous ! Je te l’ai pourtant dit ! Tu veux donc bien que… »

« Non, c’est faux. Tu ne peux pas tous nous aimer. »

Elle n’allait pas tomber dans le panneau aussi facilement. Le combat s’était peut-être arrêté mais tout était loin d’être terminé. Le combat pouvait reprendre d’un moment à un autre et c’est ce qui se passa alors que Giradès remontait son demi masque. Il pouvait revoir ses yeux rubis, c’est vrai qu’ils étaient jolis… et qu’elle était belle ainsi. Elle avait un certain charme mais… il ne ressentait rien pour une personne qui était sa fille.

« Tu sais ce qui m’énerve chez toi, Papa ? »

« Je croyais que c’était le fait que je ne puisse pas t’aimer. »

« C’est correct… et c’est incorrect. Lors de nos nombreux combats entre moi et Juperus, nous nous battions pour savoir qui tu aimais le plus. Tu nous considérais l’une comme l’autre à juste valeur et au fil du temps… Lorsque tu as disparu par notre faute, nous étions toutes les deux à ta recherche et nous t’avons retrouvé sous cette… ancienne forme. »

« Tu parles de celle où j’ai été nommé DornRek par Farankard. »

« C’est exact… Même quand tu étais sous cette forme, chacun de notre côté, nous avons essayé de te manipuler pour que tu puisses nous aimer. D’un autre point de vue… Gigana restait imperturbable. Elle attendait patiemment ton retour, discutant avec toi sans savoir qui tu étais réellement. Au final… J’ai arrêté de t’aimer… J’avais une autre idée en tête. »

« Une idée qui te pousse à tout détruire autour de toi ?! »

« Aux grands maux les grands remèdes. Tu es le Dieu Originel, on ne peut pas te soigner par de simples paroles comme tu l’as remarqué. »

Elle marquait un point… Il avait du se faire presque tué pour se rappeler du dernier moment passé avec Gigana et ses trois sœurs, c’était le moment le plus important de son existence d’après ses souvenirs. C’était un moment qu’il… chérissait ?

« Tu pourras tout reconstruire, tu en es capable et cela ne date pas d’hier. Néanmoins, il va falloir me prouver que tu es capable d’avoir des sentiments. Tout ce que je désire, c’est que Gigana et ses sœurs soient heureuses… et ce n’est pas en te laissant complètement froid comme un bloc de glace qu’elles pourront l’être. Elles ont besoin d’un père présent la majorité du temps près d’elle, surtout Gigana. »

Elle faisait tout ça pour Gigana ? Tout ça pour une adolescente… qu’elle avait tué ? Cela sonnait presque faux mais le visage de Giradès était pourtant des plus sérieux. Elle remit son demi masque des yeux, commençant à bouger ses six tentacules noirs. Il remarqua qu’il y avait quelque chose d’étrange avec elle : Elle commençait à haleter et de la sueur s’écoulait de son visage. En fait… Son ventre émettait de drôles de bruit..

« Il y a longtemps que j’ai arrêté de t’aimer, Charkrowos. Maintenant, je me bats pour que tu puisses aimer et que ton omniscience disparaisse à jamais ! Tu veux revoir Gigana ? Tu veux pouvoir resserrer tes filles dans tes bras ? Il te faudra me battre et m’arrêter… jusqu’à ce que je ne sois plus ! Ensuite… »

« Ensuite quoi ? Tu es dans un tel état. Tu ne… »

« ASSEZ ! C’est bon ! Ca suffit ! Je sais pertinemment ce que tu fais ! Je t’ai dit d’arrêter de penser aux autres ! Pense à toi-même ! Penser un peu à ce que les filles diront et feront quand elles te reverront ! Pour ma part, je n’ai pas besoin que l’on se préoccupe de moi ! J’en ai déjà assez fait ! J’en ai déjà trop fait ! »

Elle posa une main sur son ventre, se l’empoignant avec difficultés. Voilà que les crampes arrivaient… signe que son âme commençait peu à peu à se faire avaler. Le temps pressait et elle n’était toujours pas sûre que Charkrowos accomplisse réellement ce qu’elle voulait. Dire qu’elle avait accompli toutes ces choses, même les plus infâmes pour… lui. C’est vrai… Elle ne l’aimait plus mais il restait son Père… Enfin en quelque sorte. Elle eut une petite pensée amusée, poussant un petit râle de douleur en crachant du sang blanc dans sa main. Et zut.. Voilà que ça devenait de plus en plus pressant !

Sauver l’âme de Giradès… La sauver… Si il pouvait la sauver, maintenant qu’il savait tout à son sujet, les raisons qui la poussaient à faire une telle chose. Personne… Personne n’était mauvais dans l’histoire : Il y avait juste des manières complètement différentes ! Tout ça… pour ça ? Pour qu’il puisse cerner et comprendre les sentiments ? Pour qu’il puisse… vivre comme un homme normal ? Un homme… comme Xano ? Rien qu’à l’idée de repenser à ce nom, il tremblait un peu. Ce nom était lié à Farankard…Ces deux êtres n’étaient que le fruit de son imagination…Il ressentit une petite pointe de tristesse en pensant à eux deux. Dire que si il n’était pas revenu… Ils seraient encore là ? Maintenant, tout allait se terminer.

Chapitre 91 : Un Père pour tous

ShiroiRyu
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Chapitre 91 : Un Père pour tous

« Papa ! Papa ! Paaaaaaaapa ! »

Une jeune fille aux cheveux bruns venait dans les bras d’un homme aux cheveux blancs qui s’était agenouillé pour l’accueillir. Elle poussa des petits cris ravis, l’homme la faisant tournoyer autour de lui en rigolant lui aussi.

« Mais c’est ma petite Rocagiri. »

« Tu es revenu ? Tu restes avec nous ? C’est vrai ? »

« Oui… Oui… Elles se sont calmées mais pour combien de temps ? »

« Tu viens voir ? Sterivia a crée une nouvelle machine pour accompagner Birébot ! »

En parlant de Birébot, celui-ci venait vers lui, marchand d’un geste machinal et robotique dans le champ de fleurs dans lequel ils se trouvaient. D’une voix mécanique, le dixième Atout lui demanda tout en prenant une fleur dans ses mains :

« Bonjour… Char…Kro…Wos. »

« Bonjour Birébot. »

« J’ai une question : Pourquoi… m’avoir crée ? »

« Car le monde aura besoin de technologie et un jour, il faudra que tu te montres aux humains, que tu leurs montres à quel point les robots peuvent être utiles et réussis. »

« Vous… me trouvez réussi ? »

« Bien sûr. Pourquoi je ne rendrais pas l’un de mes enfants égal à un autre ? »

Le robot resta immobile, tentant de se raisonner aux paroles de Charkrowos. Il hocha finalement la tête, se retirant sans un mot alors que Rocagiri quittait les bras de l’homme aux cheveux blancs. Elle lui prit la main avant de dire :

« Allez ! On va voir les autres ! »

« Rien ne presse, Rocagiri. Rien ne presse. »

« Mais elles t’attendent toutes ! Tu manques à tout le monde, Papa ! »

« Je veux bien te croire, ma fille. Je veux bien te croire. »

Il lui fit un léger sourire, se laissant tirer par la jeune fille à la force prodigieuse. Et oui, elle n’avait aucun mal à le forcer à la suivre, les deux personnes courant légèrement dans l’herbe. Cinq minutes passèrent jusqu’à ce qu’ils se retrouvent devant deux autres jeunes filles, bien plus que plus âgées que Rocagiri. L’une avait des cheveux bleus et l’autre avait des cheveux gris. Iglaré et Sterivia. Les deux filles tournèrent leurs visages vers lui, se mettant à courir vers lui avant de l’enlacer tendrement en criant.

« C’est Papa ! Tu es enfin revenu ?! »

« Ca fait beaucoup trop de temps que tu n’étais pas venu ! »

« J’ai beaucoup de travail, Sterivia. Et oui, je suis revenu Iglaré. »

« Tu veux que je te présente mon nouveau robot ? »

« Non ! Je veux d’abord lui montrer la statue de glace que j’ai fais ! »

Les deux filles commencèrent à se disputer se donnant des petits coups de main comme les enfants qu’elles étaient. Il alla s’agenouiller pour les arrêter, les prenant dans ses bras en leur murmurant avec tendresse :

« Ca ne sert à rien de vous disputer toutes les deux. Je ne pars pas tout de suite. »

« Mais on ne sait jamais quand tu pars… »

« C’est vrai… Tu t’en vas si souvent… »

« Je suis quelqu’un d’assez occupé. »

« Hey ! Laissez moi un peu de Papa aussi ! »

Oups… Il voyait Rocagiri qui courait vers lui, lui sautant dessus pour le faire tomber dans l’herbe en éclatant de rire. Elle alla l’embrasser sur la joue, les deux autres jeunes filles venant les rejoindre en embrassant les joues de leur père. Quelques instants plus tard, ils étaient tous les quatre couchés au sol, les trois jeunes filles ayant leurs têtes posées à divers endroits sur le torse de Charkrowos.

« Papa… Je ne veux pas que tu partes… Je veux pas… »

« Dors un peu, Rocagiri. Tu n’as pas à t’en faire. »

« Papa… Pourquoi tu dois toujours partir ? Tu pourrais… rester ici… »

« Ce n’est pas si facile, Iglaré. J’ai des choses à accomplir. Le monde ne peut pas se passer de moi. Je ne peux pas le laisser seul. »

« Mais tu nous laisses seules… à chaque fois. Ce n’est pas normal : Nous sommes tes filles et c’est nous qui te voyons le moins ! »

« Chuuuuut Sterivia… Rocagiri s’est déjà endormie. Ce n’est vraiment pas simple toute cette histoire. Je suis désolé… Reposez vous, d’accord ? »

Voilà qu’il évitait encore les questions et les sujets gênants. Ce n’était pas forcément de sa faute si il était omniscient non ? C’était comme ça… Il avait des choix à faire et il savait qu’il rendait tristes les trois filles. Il serra les trois demoiselles contre lui, les laissant s’endormir en fermant les yeux à son tour. Une vingtaine de minutes plus tard, il se redressa, évitant de réveiller les trois filles avant de claquer légèrement des doigts. Un léger feuillage recouvrit les trois jeunes filles, comme une couverture faite d’herbes alors qu’il s’éloignait avec un fin sourire. Il ne savait pas pourquoi mais quand il les voyait… Il se sentait si triste…

« Père… Vous étiez donc bien là ? »

Ah ! Cette voix…Il sursauta un peu, se tournant légèrement pour apercevoir l’adolescente aux cheveux blancs… blancs comme lui. Une femme très belle en devenir, il en était certain… si elle voulait continuer à grandir mais il savait que ce n’était pas le cas. Elle s’approcha de lui d’un pas lent, son visage rougissant alors qu’il prenait sa main pour tenter de la baiser. Elle la retira, tendant sa joue droite en murmurant :

« Je suis votre fille… Mais je ne suis pas votre princesse… »

« Ces paroles sont dures à entendre. »

« Mais elles sont véridiques, Père. »

« Je préfère quand tu m’appelles Papa. »

Il alla se pencher en avant, embrassant l’adolescente aux cheveux blancs sur la joue alors qu’elle lui tendait maintenant la main pour qu’il puisse la prendre et marcher avec lui. C’était ainsi que ça se passait avec Gigana… Elle était si calme…

« Alors… Papa ? Comment cela se passe dans les autres mondes ? »

« Assez mal je dirais… Le domaine céleste est toujours dans un sale état car Juperus et Giradès n’arrêtent pas de se disputer. »

« Les adultes sont si compliqués… Je ne veux pas devenir une adulte. »

« Tu es à mi-chemin entre l’enfance et l’adulte, Gigana. »

« Je le sais très bien Papa mais cela me satisfait amplement. »

« Tu es vraiment une demoiselle très spéciale. »

« Ces paroles me réconfortent. Voulez vous encore marcher ? »

Il hocha la tête pour dire que oui, émettant un faible sourire. Lorsqu’il était avec les quatre filles, il se sentait bizarrement bien. Il ne comprenait pas pourquoi mais savoir que ces filles avaient besoin de lui lui réchauffait le cœur. Maintenant que les trois autres filles étaient couchées, il pouvait vague librement à ses occupations et Gigana était là pour le guider. Ils marchèrent pendant de longues minutes, arrivant jusqu’à un arbre majestueux et en fleurs, l’adolescente lui demandant si il voulait s’asseoir pour se reposer. Il la regarda longuement de ses yeux rubis, Gigana lui rendant son regard de ses yeux dorés en attendant une réponse de sa part. Finalement, il accepta, venant s’asseoir en collant son dos contre le tronc. Quand à Gigana, elle restait debout.

« Cela fait vraiment du bien… de pouvoir souffler. »

« Vous travaillez trop durement. »

« Gigana… S’il te plaît… Est-ce que tu peux me tutoyer ? Tes sœurs le font bien. »

« Je ne sais pas trop… si cela est une bonne chose mais je vais essayer encore une fois. Donc je disais : Tu travailles trop durement, Papa. »

Il eut un nouveau sourire, l’adolescente croisant ses bras au niveau de la poitrine, ses sourcils légèrement froncés. Il ne la prenait pas au sérieuse et elle n’aimait pas cela. D’une voix légèrement remontée, elle reprit la parole :

« Papa… Je vais être franche avec toi : Tu n’as pas à t’occuper de tout ça. Nous sommes là pour gérer ce monde. Tu n’es pas seul. »

« Mais vous n’êtes pas omniscientes. C’est différent. »

« Nous n’avons pas à l’être. L’omniscience est une chose déplorable à mes yeux : Être partout à la fois fait que l’on oublie des choses vraiment importantes comme la famille. »

« Est-ce une phrase dite pour me montrer que je ne prend pas assez soin de vous ? »

« Tu peux la considérer comme tu veux, Papa. »

« Viens par là que je t’explique un peu mieux ce qu’il en est réellement. »

Il tapota ses genoux avec amusement, l’adolescente restant à sa place sans bouger. Il haussa un léger sourcil, se demandant quel était le problème encore. Lorsqu’il faisait ça, les trois petites filles n’hésitaient pas à venir. Il en était de même pour Juperus et Giradès : Les deux femmes étaient néanmoins des… femmes comme c’était le cas et donc… Cela était un peu plus gênant. Avec les trois petites filles, c’était différent.

« Je sais ce qu’il en est réellement. Je ne suis pas stupide, Papa. Vous avez beaucoup trop de choses à accomplir. Comme Juperus et Giradès se battent continuellement, tu dois réparer leurs erreurs. Tu dois aussi créer des êtres supérieurs aux personnes qui vivent dans ces mondes pour tenter de faire régner l’ordre. »

« Il y a le monde de Juperus qui me pose aussi quelques soucis. »

« Tu lui as créé ce monde car elle veut se rendre utile et te montrer qu’elle sait gérer un monde elle aussi. Tu ne fais pas assez confiance, Papa. »

« J’ai l’impression que tu lis en moi comme dans un livre ouvert. Néanmoins, tu n’as pas totalement raison. Je fais confiance aux différents mondes… mais pour réparer les erreurs, il n’y a pas que moi. Sans moi, qui pourrait faire un retour en arrière et permettre aux différents mondes d’exister ? »

« Et si tu les laisser se débrouiller seuls ? »

Il poussa un léger soupir, se disant que ça ne servait à rien de discuter avec elle. Au final, elle pensait le comprendre et le connaître mais il savait pertinemment que ce n’était pas le cas. Comment pouvait-elle le comprendre ? Il eut un petit sursaut de surprise en sentant la tête aux longs cheveux blancs qui se posaient sur ses genoux avec délicatesse.

« Papa… Tu devrais faire un effort de ton côté. »

« De quoi parles-tu, Gigana ? Je ne vois pas ce que tu veux dire. »

Il passa une main dans les cheveux de l’adolescente, s’amusant avec ses doigts alors qu’elle se laissait faire. Elle eut un petit soupir de bonheur, contrastant avec l’attitude froide qu’elle avait habituellement. Elle était heureuse en ayant sa tête posée sur ses genoux mais ce n’était pas pour ça qu’elle perdait ses habitudes.

« Je parle de ta compréhension. Tu es beaucoup trop buté. Il faudrait que tu crées une créature avec une personnalité aussi forte que la tienne, que tu comprennes ce que cela fait de se voir en face dans un miroir. »

« Hahaha. Ma fille… Vraiment… Quelle idée saugrenue. Créer un double de moi ? »

« Et pourquoi pas, Papa ? Tu penses que ça serait irréalisable ? »

« Je n’ai pas vraiment envie d’imaginer un clone. »

« La peur de la vérité est quelque chose que même toi tu peux posséder. »

« Arrêtons de parler inutilement d’accord ? »

Il n’aimait pas toujours discuter avec l’adolescente aux cheveux blancs. Il ne savait pas pourquoi… mais il avait un petit haut le cœur comme si… Elle disait la vérité. Lui ? Avoir peur de la vérité ? C’était ridicule ! Aussi ridicule que de créer un être aussi borné et buté que lui. Comme si tout ça pouvait exister… Ahhhh ! Il continua de caresser les cheveux de Gigana, l’adolescente ayant fermés les yeux.

« Que tu es jeune… Tu ne peux pas comprendre tous mes problèmes, Gigana. »

Comment pouvait-elle comprendre ses problèmes de toute façon ? Ce n’était pas que c’était des problèmes d’adulte, loin de là. Gigana avait la mentalité d’une adulte, elle était même… Il eut une petite pensée émue en la regardant. Gigana… était même bien plus adulte que Juperus et Giradès… Les deux premières femmes qu’il avait créent. Elle ne se mettait jamais en colère, elle restait calme et responsable.

« C’est ma petite fille… Giradès… Une enfant pas comme les autres. »

Gigana… était quelqu’un de bien… Avec elle, il savait qu’il n’avait pas de soucis à se faire. Il pouvait lui confier le monde… Qu’est-ce qu’il pensait ? Confier un monde ? Ne plus s’en occuper ? Que c’était bête de penser ça. Gigana était encore une adolescente. Une adolescente pas comme les autres. Il ferma ses yeux rubis, gardant sa main dans les cheveux blancs de Gigana, les caressant pendant son sommeil.

« Papa ! Papa ! Réveille toi ! »

Hein ? Que quoi ?! Il ouvrit subitement ses deux yeux rubis, se redressant en voyant le regard inquiet de Gigana. Qu’est-ce qui se passait ?! Il observa les alentours, remarquant que le décor se modifiait légèrement. Qu’est-ce qui se passait ?!

« Juperus et Giradès recommencent à se battre. »

« Elles ne peuvent donc jamais s’arrêter ? »

« Ca m’a l’air très grave, Papa. Cette fois-ci… Elles utilisent leurs techniques. »

« Bon, j’y vais tout de suite. Je n’ai pas de temps à perdre ! »

« Père, attendez un peu ! »

Elle le retint par la manche, la tête baissée. Elle avait ce regard triste qu’il ne lui connaissait que trop rarement. Elle… Elle était adorable comme tout. Si un jour… Il devait comprendre des sentiments, il espérait que ça serait les siens.

« N’y allez pas… C’est vraiment trop risqué. »

« Ne t’en fais pas… Je reviendrais… »

« C’est… C’est une promesse ? »

Elle le regardait de ses yeux dorés et il aperçu quelques larmes qui se préparaient. D’un geste délicat, il alla les essuyer avant de dire d’une voix tendre :

« Bien sûr, Gigana. Je te le promets. Je reviendrais dès que tout ça sera terminé. Et tu sais quoi, Gigana ? Je vais te montrer que je te fais confiance. »

« Co… Comment ça, Pè… Papa ? »

« Pendant que je ne suis plus là, je te laisse t’occuper de ce monde, d’accord ? Toi et tes sœurs, vous allez être celles qui gèrent ce monde pendant que je ne suis plus là. »

« Je… Vous… Tu penses que j’en suis capable ? »

« Tu en es bien plus capable que n’importe qui que j’ai crée. Je dois m’en aller. »

« Faites… attention à vous… Père. Revenez vite. »

Elle s’était mise sur la pointe des pieds, venant l’embrasser sur la joue. Il lui fit la même chose, passant une main dans ses cheveux blancs avant de disparaître complètement. Ce fut la dernière fois qu’il avait vu Gigana et ses sœurs. C’était la dernière fois qu’il avait eu ces petits pincements au cœur, ses moments où il se sentait enfin au calme et apaisé. Si il avait été capable d’avoir réellement des sentiments, peut-être qu’il aurait pu éviter tout ça… Si seulement… Il avait écouté Gigana plus tôt.