Chapitre 36 : Par soi-même

ShiroiRyu
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Chapitre 36 : Par soi-même

« Alors ? Qu’as-tu de beau à me raconter, Earnos ? » demanda la femme aux cheveux rouges, ressemblant de plus en plus à sa mère.

« Euh … Je ne sais pas trop … désolé … grande sœur. Je voulais juste venir te voir. »

Ah bon ? C’était une excuse un peu simple, non ? Pourtant, elle ne fit que lui sourire, le garçon aux cheveux blonds continuant de regarder le bambin qui était installé dans son berceau. Elle avait déjà quel âge ? Il n’était même pas sûr de ça … Il n’avait pas posé la question. Par contre, il y avait quelque chose qui l’intriguait.

« Où est ton mari, grande sœur ? Je ne l’ai pas vu dans la maison. » demanda-t-il.

« Tu parles de Saralos ? Eh bien, il travaille. Ça ne te semble pas normal ? Moi-même, je travaille à la maison car je ne peux pas la quitter à cause de Cassiopi. »

Elle marquait un point. Ca paraissait plus logique quand c’était dit de la sorte. Quel idiot sur le coup ! Enfin, ça ne s’arrangeait pas avec le temps. Il bredouilla quelques excuses, cherchant à se faire pardonner aussitôt en demandant :

« Et Saralos étudie toujours les étoiles dans le ciel ou non ? »

« Toujours … Moi-même, je les regarde chaque soir. Il me faut bien apprendre leurs noms si je veux être la digne femme de Saralos, n’est-ce pas ? » murmura-t-elle en rigolant.

C’était si bien d’être marié ? A voir Passy qui était si heureuse, il se disait que oui. Mais bon … En plus, les bébés étaient si mignons ! Maintenant qu’il était assez grand, il remarquait à quel point ils étaient affectueux. Dommage qu’il était bien trop jeune quand les deux dernières de sa famille furent nées. Maintenant, il pouvait rattraper le temps perdu.

« Que veux-tu boire, Earnos ? Et on parle de moi, on parle de moi … J’ai cru comprendre que tu avais été renvoyé de l’armée des insectes ? »

« Euh … Euh … Oui … C’est parce que j’ai commis une faute très grave. J’ai emmené la princesse Terria hors du château. Elle voulait prendre un peu l’air, à force d’être enfermée dans sa chambre. Tu sais … Même lorsqu’elle peut sortir pour son travail d’ambassadrice, et encore, et bien, elle est toujours entourée. Elle ne peut jamais être seule, sauf quand elle est dans sa chambre et encore … C’est pour ça que j’ai accepté sa proposition. »

« Ahlala … Et laisse-moi deviner … Papa et Maman n’étaient pas d’accord avec ça non plus ? Il faut dire qu’en tant qu’adulte responsable, ce que tu as fait était une grosse erreur, une énorme erreur même. Mais en même temps, maintenant … Je ne peux pas te reprocher ça. Je sais parfaitement que Terria a besoin d’être un peu libre. Ce n’est pas bon pour une enfant de son âge de n’avoir aucune possibilité de se mouvoir. »

« Comment ça se fait que tu ne dis pas princesse Terria ? » questionna-t-il, un peu surpris par l’absence de terme royal dans la bouche de sa sœur.

« Et bien ? Nous connaissons le roi et sa fille non ? Je ne vois aucun mal à l’appeler de la sorte. Il n’y a bien que toi dans la famille qui l’appelle encore par son statut royal. Ca a un certain charme en soi. D’ailleurs, tu ne crois pas qu’il est l’heure d’avoir une petite amie ? Tu as maintenant l’âge non ? »

« Vous n’arrêtez pas avec ça, toi et Cassina ! » s’écria soudainement Earnos, apeurant un peu le bambin dans le berceau. Aussitôt, il vint la calmer, tendant son doigt en souriant.

« Car c’est notre rôle de grandes sœurs de t’embêter sur ce point. D’ailleurs, à son âge, Cassina était déjà avec Raor non ? Alors, qu’attends-tu donc ? »

« Je ne veux pas en parler car je ne pense pas que ça soit important, grande sœur. » marmonna Earnos en détournant le regard. C’était un sujet qu’il n’appréciait pas vraiment … pas du tout même. Pourtant, la jeune femme reprit :

« Et bien ? Si tu veux, nous pouvons parler d’autre chose non ? Qu’est-ce que papa et maman ont dit à ton sujet ? Qu’est-ce qu’ils comptent faire maintenant ? »

« Ils ont décidé qu’il valait mieux que je recommence à forer … Enfin, selon eux, c’est la meilleure chose à faire. Maintenant que j’ai un corps plus musclé. »

« Hum. Je ne suis pas sûre que ça soit la meilleure idée à avoir. Mais de toute façon, là, tu me dis ce que papa et maman veulent que tu fasses … mais toi ? Maintenant, qu’est-ce que tu veux faire ou devenir ? » demanda-t-elle une nouvelle fois.

Il n’avait qu’une idée en tête. Une seule sur le moment. Elle n’était pas bien compliquée mais complètement aberrante, voilà tout. Il prit la parole, murmurant :

« Je comptais aller dans le désert. J’ai vu l’homme aux cheveux verts qui est toujours à côté du roi. Enfin … Il m’a dit de me rendre dans le désert et de trouver un peuple qui n’est pas les Rapions ni les Drascores. Est-ce que tu sais quelque chose à ce sujet ? »

« Sur le moment, ça ne me dit rien du tout, je suis désolée, Earnos. Mais tu as quand même réfléchit à ce que tu viens de dire ? Ce n’est pas une décision à prendre à la légère. D’ailleurs, depuis quand écoutes-tu aussi facilement les inconnus ? »

« Je ne sais pas … Il m’a donné l’impression de ne pas mentir … et de me confier une mission. Je ne sais pas exactement pourquoi mais c’est comme ça que je l’ai ressenti, grande sœur. Est-ce que je fais une bêtise si je vais dans le désert ? »

Elle poussa un petit soupir, arrivant à sa hauteur alors que Cassiopi dormait maintenant dans son berceau. Elle avait tout du petit ange, avec ses petites tignasses rouges qui se présentaient peu à peu sur le sommet de son crâne.

« Sûrement … Ca va être même une grosse bêtise. C’est un endroit dangereux … mais contrairement à maman et à papa, je pense qu’il vaut mieux que tu y ailles … mais accompagné. Essaie de trouver une personne ou deux en qui tu as parfaitement confiance. Ainsi, au moins, tu ne seras pas seul s’il y a un problème. »

« Merci Passy ! Tu es vraiment chouette comme grande sœur ! »

Il s’était redressé correctement, serrant sa grande sœur dans ses bras. Au moins, avec elle, il était sûr de son choix. Elle venait de confirmer ce qu’il pensait. Enfin, maintenant … Ce qu’il allait faire, c’était de prévenir ses parents qu’il ne comptait pas changer d’avis. En même temps … Il allait peut-être voir avec Férast, ça risquait de le changer ce petit voyage.

« Bon … Je crois que je vais partir. » annonça Earnos.

« Je crois qu’il est l’heure oui. Dis bonjour à papa et à maman de ma part, d’accord ? »

« Bien entendu, Passy ! Au revoir, Cassiopi. Lorsque je reviendrai, tu auras déjà un peu grandi depuis le temps, je pense. »

Aucune réponse de la part du bébé. Il fallait dire que puisqu’il était endormi, cela aurait été difficile de toute façon. Il embrassa sa grande sœur sur les joues avant de se diriger vers la sortie. Voilà tout … Il n’avait rien d’autre à faire. Il quitta la demeure de Passy, retournant vers la boutique de fleurs familiale.
Pourtant, lorsqu’il revint, il ne dit rien au sujet de sa conversation avec Passy. Il n’y arrivait pas … Il n’aimait pas mentir. Mais là … S’il prenait la parole … S’il leur disait … ce qu’il comptait faire, ça risquait de ne pas très bien se passer. Hum … Gloups …

« Et bien ? Tu ne dis rien ce soir, Earnos. Tu ne nous en veux pas, j’espère ? » demanda sa mère alors qu’il hochait la tête négativement. « On fait ça car c’est pour ton bien. Tu veux commettre une folie et on ne peut pas te laisser faire. »

Il ne répondit pas une nouvelle fois. Oui … Il était désolé, vraiment désolé pour eux … mais il était hors de question de ne rien faire. Il ne voulait pas rester là sans rien faire … Il était stupide, il le savait parfaitement mais bon. C’était ainsi et il ne pouvait pas changer. Il ne voulait plus rester un foreur, pas après ce qu’il avait vécu.


La nuit était tombée et il était pourtant toujours réveillé. Il était même debout, au beau milieu de sa chambre. Un sac déjà préparé, il prit une profonde respiration. Il était désolé, tellement désolé mais il en était ainsi. Avec discrétion, il quitta la demeure familiale, se dirigeant au travers des ruelles de son village. Il savait où se rendre … par où partir.

« Je suis sûr qu’ils vont m’en vouloir pendant de longs mois. »

Il avait soufflé cela alors qu’il marchait dans la nuit. Pourquoi est-ce que ça se passait ainsi ? Il était sûr qu’il allait au-devant de gros problèmes, de gros ennuis, très gros ennuis même mais bon … Il en était ainsi. Vraiment … Il se stoppa au beau milieu de la rue. Il n’y avait personne à cette heure, loin de là. Il avait embarqué aussi sa foreuse, prêt à l’utiliser au cas où il y aurait des soucis.

« Peut-être que je vais devoir me battre … Peut-être que je ne reviendrai plus … »

Peut-être que c’était la dernière fois … qu’il les voyait. Brrr … Maintenant qu’il y pensait, il n’était pas trop tard hein ? Il n’avait pas à avoir honte de ne pas partir mais en même temps … Ne pas continuer reviendrait à abandonner … S’il faisait cela, c’était pour connaître, pour apprendre la vérité. Pour retrouver Douély et protéger la princesse Terria … à distance.

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