Chapitre 36 : Retour à la maison

ShiroiRyu
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Chapitre 36 : Retour à la maison

« Je… Je n’ai pas vraiment l’habitude de prendre des transports. » bredouilla Tery.

« Ca se voit, Lieutenant ! Vous êtes tout pâle ! »

Il se sentait un peu mal. Il fallait dire que même s’il se retrouvait dans une charrette, celle-ci était tirée par deux chevaux bicéphales et à la crinière de feu. Ils étaient peut-être une dizaine dans cette charrette et il y en avait quatre autres à côté d’eux. A cause des routes parsemées de cailloux, la charrette était parcourue par de nombreux tremblements et ce fut cela qui gênait Tery. Le jeune homme aux cheveux bruns hoquetait quelques fois, une main posée devant sa bouche alors qu’Olin était assis à côté de lui. C’est vrai qu’il était pâle… si pâle… comme s’il avait envie de vomir. Néanmoins, il se retenait pour ne pas répugner les quelques personnes autour de lui.
Pourquoi se trouvait-il dans cette charrette et où se dirigeait-elle ? C’était simple, très simple. Elle allait vers le village de Leskar, SON village natal ! Son village qu’il avait quitté depuis plusieurs mois ! Il s’était contrôlé difficilement lorsqu’il avait lue cette lettre de sa mère. L’Ombre était chez elle. Il n’y avait pas cru au départ mais maintenant s’il pouvait la revoir, alors tout changeait ! Mais avant cela, il y avait encore pas mal de choses à faire. Comme la mission pour laquelle on l’avait envoyé.

« Dites, lieutenant, ça fait quoi de retourner chez soi ? »

« Comment ça ? Qu’est-ce que ça me fait ? Disons que, je ne sais pas. Je sens que je vais me faire secouer comme un prunier par ma mère lorsqu’elle me reverra. Peut-être que je lui ai envoyé de l’argent mais ce n’est pas pour ça qu’elle me pardonnera je pense. Je suis quand même parti pendant tellement de temps et sans la prévenir. Je pense qu’elle doit être sacrément en colère. En fait, je me demande ce qui me fait le plus peur : la raison de notre envoi à Leskar ou alors ma propre mère. »

« Faut pas dire ça, Lieutenant ! Votre maman vous aime beaucoup ! J’en suis sûr ! Dommage que les autres n’aient pas pu venir avec nous. »

« Ils sont envoyés dans d’autres endroits. Shunter ne résume pas à Midès et Leskar, ça me fait penser que je devrais voir un peu mieux la carte de notre royaume. Dites, vous avez une carte de la région ? Ou de notre royaume ? Qu’importe ! Tant que c’est une carte. »

L’une des personnes observa les autres avant d’émettre un petit rire, lui envoyant une carte tirée d’un jeu. Une carte représentant un Gnomold avec le chiffre deux au-dessus de lui. Rapidement, d’autres rires se firent entendre quelques instants plus tard alors qu’il se mettait à soupirer, un sourire aux lèvres, reprenant d’une voix calme :

« Plus sérieusement ? Vous n’en avez pas une ? Ca me serait vraiment utile. »

Quelques secondes plus tard, il se retrouva avec un rouleau de papier jauni dans les mains, le dépliant tandis qu’Olin et lui se mettaient à le lire avec un certain intérêt. C’était donc une carte de Shunter. Avec les grandes villes marquées dessus. Comme il aurait dû s’en douter, il n’y avait pas le village de Leskar. Mais à côté, il savait maintenant que Midès se trouvait vers le côté ouest du royaume. Tiens, c’était lui où il n’y avait même pas le nom des frontières avec les pays voisins de Shunter ? C’était pour cela que l’Ombre lui avait dit que Midès était la capitale monde ? Car Shunter était l’unique ville plus qu’importante sur cette carte ? Mais il était sûr et certain qu’il y avait d’autres pays ! Enfin bon, ce n’était pas le moment de penser à ça. Donc Midès sur le côté Ouest… HEY ! Olian ! Il y avait le fleuve Olian vers le sud-est de la carte ! Il n’était pas à la frontière mais il fallait se dire qu’il n’en était pas loin … En fait, il continuait même sa route hors de la carte ?

« Olin, tu vois ce fleuve ? Olian ? Et bien, c’est près de là que j’habite. Le village n’est pas marqué mais ce n’est pas forcément très grave ou important. » annonça le jeune homme.

« Olin… Olian… Faudra que je demande à Maman et Papa s’ils m’ont appelé comme ça à cause de ce fleuve. Peut-être qu’ils savaient que j’allais manier l’eau ? »

« Je ne peux pas répondre à leur place. Enfin bref… Donc le village de Leskar se trouve près du fleuve mais il nous est interdit d’accès car il y a une très grande tribu de Gnomolds pas très loin du fleuve. Il faut vraiment y faire attention, celui qui dirige cette tribu est connu de tous et de toutes, j’en suis sûr et certain ! » reprit Tery avec entrain.

« Euh… C’est quoi son nom, Lieutenant Tery ? Car moi, je ne le connais pas. »

Heu. Il observa Olin à travers ses yeux verts, comme pour réfléchir à la question. Est-ce qu’il se rappelait du nom de ce chef ? Cela était difficile, très difficile mais il faisait de son mieux pour ressasser ses souvenirs, s’il voulait bien sûr qu’ils reviennent. Il fronça légèrement les sourcils, se tenant la tête entre les deux mains avant de pousser un petit cri de désespoir :

« Non ! Vraiment ! Ca ne me dit rien du tout ! Je suis désolé, Olin mais je pense qu’on aura notre réponse que lorsque nous arriverons à mon village. Il n’y a pas trente six mille solutions de toute façon. Bon. Recommençons la lecture de cette carte, ça ne peut pas me faire du mal à la base. C’est à peine si je connais l’endroit d’où je proviens. »

« Faut pas dire ça, lieutenant Tery ! Moi non plus, j’y connais pas grand-chose vous savez ? »

« Si tu le dis. Enfin bon. Continuons voir cette fameuse lecture… »

Le royaume de Shunter n’était qu’un simple royaume. Il ne semblait pas y avoir de comtés ou de régions pour définir telle ou telle partie. La seule autorité semblait être celle du roi et son armée. Hum, bien entendu, il y avait quelques petits groupes armés comme la milice de son village mais ils devaient payer un droit d’exercer cette profession. Ce droit pouvait être nul si le groupe travaillait pour une ville ou un village. En quelque sorte, cela semblait être une délégation de pouvoir militaire pour éviter de trop s’embêter avec toute cette histoire. Mais ce qui était le plus étonnant, ce fut d’avoir ces informations sur une carte. Il y avait plusieurs noms comme la Confrérie des lames flamboyantes, la guilde des chapeaux éthérés et diverses autres choses. Il se tourna vers l’homme qui lui avait donnée la carte, lui demandant avec interrogation :

« Pourquoi il y a tous ces noms ? Ca gâche la moitié de la carte. »

« C’est simplement pour me souvenir des différents groupes que je connais, rien de plus. J’en ai fait partie de l’un ou deux donc je devais juste me rappeler de tout cela en temps et en heure à certains moments. Il n’y a rien de bien surprenant au final. T’as fini avec ma carte ? »

Oui. C’était bon. Il avait simplement vu les quelques grandes villes, le nom des organisations ou guildes chargées de faire régner l’ordre et la justice et aussi de remarquer que Midès se trouvait plus à l’ouest voir nord-ouest du royaume de Shunter qu’il le pensait. Enfin bon par rapport à Leskar, c’était assez compliqué mais est-ce que le royaume était plus petit qu’il ne le pensait ? Ou alors cette carte était très mal dessinée ? Et est-ce que l’Ombre l’avait réellement emmené jusqu’à Midès ? Pendant tout ce temps ? Il était sûr de se trouver dans la capitale mais tout était si bizarre. Est-ce que l’Ombre lui avait menti sur toute la ligne ? Peut-être qu’elle l’avait endormi pendant plusieurs jours ? Une telle distance en aussi peu de temps. Ou alors … pfiou… Il ne comprenait plus grand-chose à tout ce qui se passait autour de lui. Il devait y réfléchir mais plus tard.

« On arrivera d’ici quelques jours non ? Je me demande quelle sera sa réaction. »

« De votre mère, lieutenant ? C’est vrai que d’après ce que vous dites, elle n’a pas l’air commode. Mais bon, ça, c’était avant votre départ, non ? »

« Hein ? Ma mère ? Que quoi ? Euh… » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns.

« Ben oui, votre mère ! Vous rêvassez, lieutenant Tery ! »

Il bafouilla quelques excuses, passant une main dans ses cheveux bruns. Ce n’était pas vraiment qu’il rêvassait. En fait, il s’était trompé de personne. Il pensait plutôt à la réaction de l’Ombre lorsqu’elle allait le revoir. Depuis qu’il avait quelques informations au sujet de ses lignes noires comme leur origine. Il se disait qu’il pouvait un peu comprendre les gestes qui avaient poussé l’Ombre à l’attaquer. C’est vrai quoi. Le temps passa et Olin vint crier :

« Hey ! Lieutenant Tery ! On est arrivés à l’auberge pour la nuit ! »

« Hein ? Ah oui… Tu as entièrement raison. Bon ben, je ne suis pas contre le fait de descendre de cette foutue charrette ! Ce n’est pas que ça me fait mal au dos, mais ça n’en est pas loin. Bon. Je pense que je vais encore passer sur la boisson ce soir. »

« Mais je n’ai même pas propo… » commença à dire Olin.

« Simple mesure de précaution, Olin. Je vais plutôt aller dans ma chambre et continuer à préparer ma magie terrestre. Je ne peux pas perdre plus de temps que ça… »

« Comme vous le voulez. C’est un peu triste mais on ne peut pas vous forcer. »

« Merci bien. Amusez vous, de toute façon, on se reverra demain matin à l’aube. »

Olin le salua d’un geste de la main alors qu’il se dirigeait dans l’auberge, demandant sa chambre. Comme il était un lieutenant, il avait sa propre chambre, c’était tant mieux. On lui donna une petite clé, le jeune homme aux cheveux bruns montant les marches tout en sortant un livre de son sac de voyage. Ce livre. Dire qu’il avait commencé à l’étudier sérieusement depuis le jour où la maréchale Nali lui avait dit de s’y intéresser.
Et pour cause ! Ce livre était diablement utile. Comment créer son propre golem. Pour cela, il fallait avoir une prédisposition à l’élément terrestre, un peu comme lui. Enfin, il était prédisposé à tous les éléments dans son cas précis, c’était donc une bonne chose. Ces derniers jours, depuis qu’il avait appris que l’Ombre était présente chez lui, il avait passé la majorité de son temps libre à bouquiner et à faire de son mieux. Les résultats étaient plutôt mitigés. Il arrivait bien à créer un golem mais minuscule ! Il faisait bien une vingtaine de centimètres à peine, il tenait à peine sur ses jambes faites de terre mais au moins, il était vivant et capable de se déplacer. Il n’avait pu s’empêcher de pousser un cri de joie la première fois qu’il avait réussi. C’était comme avoir un animal de compagnie.

Déposant ses affaires sur le modeste lit, il ouvrit son livre, observant où il en était exactement. D’après ce qu’il lisait, ce n’était qu’un livre de base pour des choses bien plus grandes mais cela lui permettrait déjà d’avoir de solides connaissances. Comme quoi, il existait différentes sortes de golem suivant les matériaux utilisés. Néanmoins celui de terre ou plutôt d’airain était le plus simple. Mais d’après ce qu’il lisait, l’airain étant beaucoup trop fragile, cela n’avait servit à rien de garder ce dernier comme matériau de base et il devait passer directement aux golems de terre. En y réfléchissant bien. Cela semblait assez normal ou alors, était-ce encore un livre survalorisant l’élément de la terre par rapport aux autres ?

« Pfff. Tery, arrête donc de t’imaginer de ces choses. Comme si ces livres ne pensaient qu’à cela. Bon, on va recommencer, j’ai du pain sur la planche ! » dit-il avec entrain.

Il retroussait ses manches, déposant finalement son livre sur la table de chevet qui était à côté de lui avant de sortir un sac plus petit et de l’ouvrir vers le sol. Plusieurs morceaux de terre tombèrent sur le plancher, émettant un bruit assez conséquent pour signaler qu’ils étaient loin d’être légers. Il reprit son livre, se disant que cela n’était pas si grave si son golem était ridiculement petit au départ, il fallait simplement être patient.

Se redressant pour se diriger vers la porte, il observa s’il avait bien fermé cette dernière à clé avant de tirer les rideaux de l’unique fenêtre dans la chambre. Allumant une petite lampe pour être sûr d’y voir clair, il se concentra enfin sur son expérience. Des veines noires commencèrent à apparaître le long de ses bras, ses yeux verts s’étant fermés tandis qu’il s’approchait des morceaux de terre. L’heure était venue de donner vie.

Pendant deux à trois bonnes heures, il s’était mis à faire de son mieux. Puisqu’il ne pouvait pas encore jouer sur la taille, il essayait de consolider les appuis de son golem. Comme il avait pu le remarquer, celui-ci avait du mal à tenir correctement debout mais cela était de l’histoire ancienne ou presque. Il était devenu quand même plus fragile pour une liberté de mouvement plus grande. Vraiment. Il y avait tant de paramètres à appliquer ! Et tout cela pour une créature qui ne savait même pas parler.

« Je ferais mieux d’aller me coucher. De toute façon, ce n’est pas en quelques semaines que j’arriverais à faire quelque chose de réellement bon. »

Cela prenait plusieurs mois voire plusieurs années mais. Est-ce que c’était la bonne voie pour lui ? Dire qu’il avait cru être au départ intéressé par l’élément du vent, il s’était lourdement trompé ou non ? Enfin peut-être qu’il devait faire pas par pas. D’abord commencer par tout ce qui concerne la terre, ensuite le vent, puis le reste. De toute façon, ce n’était pas le moment de réfléchir. Il ne prévoyait jamais sur le long terme.

Les journées s’écoulèrent depuis sa réponse envoyée à sa mère mais il se rapprochait peu à peu du village de Leskar. Ils avaient plusieurs raisons d’être sur le terrain : cette créature qui semblait malmener le village et ses environs, le clan de Gnomolds, les nombreux groupes qui arrivaient dans le village, repartaient le lendemain et disparaissaient à jamais. Vraiment. Il y avait beaucoup trop de travail pour les pauvres soldats qu’ils étaient.

« Lieutenant Tery ! Lieutenant Tery ! Je crois qu’on arrive dans votre village ! »

« Hum ? Laisse-moi voir si tu ne racontes pas n’importe quoi, Olin. »

Et ce n’était pas le cas. Le jeune homme aux cheveux bruns ne cacha pas la surprise qui parue sur son visage à ce moment là. Le village était animé de partout ! Des touristes, des troupes armées aussi bien voir mieux que la milice locale. C’était à se demander si le village n’était pas en plein essor.

« Mais c’est… Léa … Elle n’avait pas menti. » murmura une voix autour d’eux.

« Il semble si différent… du fainéant d’autrefois. »

Visiblement, en sortant de la charrette dès que celle-ci s’était arrêtée, il était loin de passer inaperçu. Dommage pour lui. Il passa une main dans ses cheveux bruns, paraissant gêné par la situation avant d’annoncer aux autres gardes qu’il allait saluer sa famille puisqu’ils étaient dans son village natal. Les autres gradés lui rappelèrent qu’il ne devait pas oublier qu’ils étaient en mission et donc que dormir chez soi était bien peu conseillé surtout de la part d’un lieutenant. Il hocha la tête pour dire qu’il avait bien compris le message tout en soupirant légèrement. Il ne pouvait pas faire abstraction à la règle pour une fois ? Enfin. Il n’était là que depuis un mois et quelques semaines. Ce n’était pas comme s’il était un ancien. Vraiment. Il arriva devant sa maisonnette, ayant marché sous les regards étonnés des personnes autour de lui. Il donna quelques coups à la porte, une voix féminine disant :

« Qui… Qui est-ce ? »

Aie ! Il restait planté là, immobile comme une statue. Cette voix était bien celle de sa mère bien qu’elle semblait légèrement différente. Il ne savait pas quoi dire. Comment devait-il s’adresser à elle ? Un petit « Bonjour, Maman, c’est moi ! » ? Non ! C’était trop direct ! Comment lui parler ? La voix reprit :

« Il y a quelqu’un devant la porte ? »

RAHHHHHHH ! Elle n’avait qu’à ouvrir pour le savoir ! Il lui suffisait simplement d’ouvrir cette fichue porte et de le voir ! Après, il réagirait en conséquence ! Non mais qu’est-ce qu’elle pouvait être idiot. Il ne savait pas du tout où se mettre. Il nageait en pleine confusion. Comment lui parler ? Il revenait de plusieurs mois de fugue. Elle devait être furieuse.

« Maman. C’est Tery. Je suis revenu. » murmura-t-il faiblement.

Il baissa la tête, s’en voulant d’avoir pris la parole. Maintenant, c’était fait. Un petit cri lui signala que sa mère ne croyait pas ce qu’elle venait d’entendre. Pourquoi n’était-il pas rentré tout simplement à l’intérieur ? Qu’est-ce qui l’en empêchait ? Il n’avait qu’à ouvrir cette fichue porte et…

« TERY ! C’EST BIEN TOI ! TERY ! » hurla une voix de l’autre côté de la porte.

HEIN ?! C’était quoi cette femme ? Cette femme vraiment maigre qui venait de se présenter à lui ? Il fut emporté avec entrain à l’intérieur de la maisonnette, le faisant crier de surprise avant de se retrouver enlacé avec tendresse par cette femme qu’il ne connaissait pas. Où alors… c’était pourtant la voix de sa mère. Il n’avait pas rêvé.

« Aie, aie, aie ! Ca fait mal, très mal. Vous me serrez trop fort. »

« Depuis quand est-ce que tu vouvoies ta mère ? Je ne suis pas une inconnue ! »

Un petit regard sur les mains de la femme et il remarqua les veines brunes. Elle utilisait la force de la terre pour l’étreindre plus que de raison. Après plusieurs secondes, il fut enfin libéré tandis qu’il reprenait sa respiration. Il avait presque senti ses os se briser alors qu’il la regardait avec inquiétude. Cette femme, c’était vraiment…

« Qu’est-ce qu’il y a mon fils ? On dirait que tu me vois pour la première fois de ta vie. »

AH ! Maintenant ! Il s’en souvenait ! Il s’en souvenait parfaitement ! Il se rappelait où il avait déjà vue cette femme ! Devant l’air complètement étonné de son fils, Léa fronça les sourcils alors qu’il commençait à balbutier :

« Ma, maman, c’est bien… toi ? Mais qu’est-ce qui… »

« Qui veux-tu que ça soit d’autre ? Ahhhhh ! Tout ces mois passés ne t’ont pas rendu plus intelligent, mon fils. Est-ce que tu ne veux pas venir un peu dans la cuisine ? Pour parler ? Ou alors, tu comptes rester planté là en attendant que je te traîne ? » demanda-t-elle.

« Non ! Non ! C’est bon ! Ma… man. Je ne sais pas comment réagir, c’est tout. Tu ressembles vraiment au dessin mémorisé. » bredouilla le jeune homme.

« Tiens. Tu l’as donc remarqué ? Je pensais que tu mettrais plus de temps. »

Même si le ton était ironique, le sourire qu’elle lui lança était plus que chaleureux et ravi. Son propre fils s’en rappelait. Et dire qu’elle pensait tout le contraire. Ah ! Elle venait même de le lui dire. Elle lui prit lentement la main, l’emmenant vers la salle de repos où elle l’installa sur un fauteuil avant de s’éloigner de lui.

« Maman ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Pour que tu sois à nouveau comme ça ? »

« Je me suis simplement faite un sang d’encre pour mon idiot de fils qui est parti sans me prévenir. Pendant des mois, je n’ai pas eu une seule lettre de sa part et il a fallut que ça soit une personne encapuchonnée de brun et au masque blanc qui me signale qu’il était encore en vie, chose dont je n’étais pas certaine après tout ce temps passé ! »

Elle prit une profonde respiration après sa longue tirade, le jeune homme baissant la tête d’un air confus sans lui répondre. Elle marquait un point. Il toussa légèrement, préférant se taire et rester muet sur ce coup. Elle revint vers lui après quelques minutes, lui montrant un tableau qu’il reconnu après tout ce temps… Dans une petite pièce en bois, un homme aux cheveux bruns assez courts d’une vingtaine d’années ou plus serrait la main d’une jeune femme aux cheveux noirs et aux yeux verts. On pouvait voir qu’ils étaient habillés plus que correctement mais ils souriaient. L’autre main de la jeune femme était posée sur son ventre arrondi tandis que Tery savait parfaitement qui était ces deux personnes.

« C’est bon. Je l’ai assez vu. On peut ranger ce tableau. »

« Je ne comprendrais jamais pourquoi tu… » commença à dire Léa avant d’être coupé.

« Je ne veux pas en parler, Maman. Est-ce que tu vas mieux ? Je veux dire… Comment… Pfff, est-ce que tu crois que tu vas redevenir grosse maintenant ? »

Elle s’immobilisa, tenant le tableau entre ses deux mains alors qu’il se demandait ce qui se passait. Avec délicatesse, elle posa le tableau contre un mur, se tournant vers son fils en émettant un grand sourire amusé. Mais contrairement à ce qui aurait dû se passer, il ne semblait pas aussi amusé que sa mère. Non, c’était plutôt le contraire. Il semblait terrifié. Il s’engouffra dans son fauteuil, comme s’il ne pouvait pas s’enfuir.

« Mon fils. Est-ce que tu insinues que je devrais être plutôt grosse et laide à tes yeux ? »

« Je n’ai jamais dit ça maman. Je ne le pensais pas ça. Je te le promets ! »

« Promettre est une chose. Remplir ses promesses en est une autre ! »

Elle était à sa hauteur, ses veines brunes réapparaissant sur ses deux mains alors qu’il sentait sa dernière heure arriver. Il se cacha le visage comme pour se protéger avant de se faire soulever par sa mère, celle-ci venant le serrer avec tendresse contre elle. Elle lui murmura dans un trémolo :

« Tery … Ne me rend plus inquiète comme ça ! Et morte d’inquiétude … s’il te plaît. Je … Je ne veux pas te voir disparaître. J’avais l’impression de ne plus avoir de famille. »

« Ce n’est pas vrai, Maman ! Je ne suis pas mort ! Je ne suis pas prêt à mourir maintenant ! »

« Tu ne comprends pas, Tery ?! TU ES L’UNIQUE PERSONNE QUI ME RESTE ! »

« Maman… Je… Pardon… »

Il ne pouvait pas s’en empêcher. Il était fautif, de A à Z. Peut-être qu’elle le montrait d’une manière un peu spéciale mais il en était certain et ils le savaient aussi bien l’un que l’autre : Ils s’aimaient… Chacun était la seule personne qui leur permettait d’être encore une famille.

« Je repartirais avec l’armée de Midès mais je te promets de ne pas mourir. Je t’en fais la promesse ! Moi aussi, tu es la seule. Maman je t’aime. »

Il s’était mis à sangloter en posant ses mains sur le dos de la femme aux cheveux noirs. Bien sûr qu’il l’aimait, comment cela aurait-il pu être différent ? Ils restèrent ainsi pendant plusieurs minutes, chacun heureux de revoir l’autre après tout ce temps.

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