Chapitre 38 : Rejet complet

ShiroiRyu
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Chapitre 38 : Rejet complet

« Je… je… Est-ce que nous pouvons aller ailleurs ? »

« Tu comptes t’enfuir ?! Ca sert à quoi d’aller ailleurs ?! Si tu as quelque chose à me dire, dis le moi maintenant et en face ! »

Elle tenta de lui prendre la main pour le faire bouger. Ce n’était pas qu’elle avait honte de le dire en public mais elle voulait trouver un endroit calme. Il retira sa main avec une mine de dégoût avant de se mettre à la suivre. Elle ne perdait pour rien attendre. Ils marchèrent pendant une dizaine de minutes, toujours en direction du nord. Elle semblait avoir une idée en tête. Descendant les marches d’un long escalier puisque Rivamar n’était pas une ville considérée comme plane, ils se retrouvèrent sur une petite plage isolée. D’un geste lent, elle pointa un doigt vers l’horizon :

« Là-bas, à des dizaines voir des centaines de kilomètres, il y a une grotte au milieu de ce que l’on peut appeler la Route Victoire. De nombreux dresseurs doivent pénétrer à l’intérieur et réussir à passer cette dernière pour arriver à la Ligue Pokémon. J’ai dut y accéder aussi. »

« Tu cherches quoi là ? Je peux savoir ce que tu tentes de m’expliquer ?! »

« Essaye… de te calmer. Sais-tu pourquoi je suis là avec toi ? »

« Car ça t’amuse de jouer avec moi ?! Avec mes pensées et mes sentiments ?! Car tu penses que c’est très marrant de me cacher que tu es la maîtresse de Sinnoh ?! Depuis quand tu es cette dernière ?! »

« Depuis l’âge de quinze ans. Je suis la maîtresse de Sinnoh depuis cinq ans. »

« ET POURQUOI TU NE ME L’AS JAMAIS DIT ?! »

Aie, il recommençait à s’énerver. Elle devait maintenant tout lui avouer, sans rien lui cacher. Elle tenta de reprendre ses mains dans les siennes, cherchant par ce geste à l’apaiser mais rien n’y faisait, il ne cherchait même pas à taire visuellement son dégoût.

« Commençons par le commencement. Il y a plusieurs mois, la ligue pokémon de Sinnoh a reçu un étrange message de la part des champions d’arènes. Il paraissait qu’un jeune homme d’une vingtaine d’années avait ridiculisé les trois premiers champions d’arène en leur mettant une victoire parfaite et technique. Cela pouvait paraître invraisemblable mais pourtant, il valait mieux prendre ses précautions. Pourquoi autant d’inquiétude ? Car pendant une vingtaine d’années, nous avons vécu sous le joug des maîtres élémentaires. »

« Tsss… Et maintenant, depuis cinq ans, vous vivez tous en paix et en harmonie dans le meilleur des mondes. Que c’est mignon… »

« TAIS TOI S’IL TE PLAÎT ! »

Elle lui criait dessus mais n’était pas en colère. Elle était apeurée et attristée par la situation. Elle tentait de tout lui expliquer mais l’écoutait-il au moins ? Ce n’était peut-être même pas la peine si…

« Me gueule pas dessus ! Tu essayes de faire celle qui peut m’enguirlander alors que c’est elle la fautive dans cette histoire ?! »

« ARRÊTE ! LAISSE MOI FINIR ! »

« Tssss ! Vas y, continue de baragouiner, qu’on voie jusqu’à où ton plan machiavélique s’étend. Je suis « pressé » de savoir cela. »

« Nous avions peur que l’un des maîtres élémentaires ait pris un apprenti. Pourquoi cette pensée ? Car comment un nouveau dresseur pouvait-il ridiculiser autant les champions d’arène de cette façon ? J’ai été envoyé pour te surveiller et voir si tu étais au service des maîtres élémentaires. »

« Moi…. MOI A LEUR SERVICE ?! MAIS JE VAIS T’EGOR… »

« C’est ce que nous pensions ! Rappelle toi la façon dont tu m’as agressé la première fois ?! Si tu étais vraiment au service des maîtres élémentaires, tu m’aurais reconnu ! Te rappelles-tu de cette Milobellus qui t’a agressé dans la forêt ? Elle m’appartient et elle se nomme Vénus. Je voulais tester ta force pour voir si tu représentais un véritable danger. C’est là que j’ai appris que tu n’hésiterais pas à mourir pour ça… Tu avais le caractère parfait d’un élève lobotomisé pour accomplir leurs desseins. »

« Merci… Tu n’arranges pas ton cas là ! T’as d’autres choses que tu m’as cachées ?! Peut-être que ta famille n’est pas ta famille mais des comédiens ? »

Co… Comment osait-il penser une telle chose de sa part ?! Ses grands-parents et sa petite sœur étaient des comédiens ? De simples acteurs faits pour l’apitoyer ? C’était à elle de se mettre à trembler. Le jeune homme pouvait être en colère, il avait toutes les raisons de se mettre en colère mais… il y avait certaines limites.

« Puis… Normalement, après le petit incident comme quoi tu m’avais enlevé, le conseil des quatre m’a envoyé une première lettre à laquelle je n’ai pas répondu. Ils voulaient que je revienne… puis une seconde lettre est arrivée : Je devais rejoindre à tout prix la ligue pokémon car les cinq maîtres élémentaires ressortaient de l’ombre à nouveau. »

« Tsss… C’est le moment où tu t’es mise à pleurer comme une madeleine dans mes bras pour que j’aille voir ta famille à Célestia, c’est ça ?! »

« Exactement… Et lorsque je suis arrivé à la ligue pokémon, ils m’ont signalé qu’en fait, tu étais en danger. Tu vois ? UNIQUEMENT pour me dire cela ! Les cinq maîtres élémentaires avaient un rapport avec toi mais je ne voyais pas quelles étaient tes relations avec eux. J’étais inquiète, très inquiète ! »

« Pour qui ? Te fous pas de moi ! Toi, tu es inquiète pour personne ! »

« JE NE MENS PAS ! Tu es quelqu’un de très important pour moi ! J’ai perdu plusieurs journées inutilement et j’ai refusé de rester à la ligue pokémon même si c’était l’endroit le plus sécurisé ! Je suis visée par les maîtres élémentaires mais tu l’es aussi ! C’est pour ça que je voulais rester avec toi ! J’en ai rien à faire de mon rôle de maîtresse de Sinnoh si je ne peux même pas protéger ceux que… »

« Que quoi ? Tu n’es même pas capable de terminer ta phrase ! Ne te fous pas de moi ! Toi, la maîtresse de Sinnoh, tu ne pensais qu’à ton pouvoir ! »

« Est-ce que je suis réellement comme ça pour toi ?! EST-CE QUE JE NE PENSE QU’A MOI-MÊME ?! »

Elle lui criait dessus, sa main droite posée sur son cœur. Etait-ce vraiment l’image qu’il avait d’elle à ce jour ? Un petit rictus mauvais se dessinait sur les lèvres de Thierry tandis qu’il reprenait la parole :

« Si ce n’était pas le cas, pourquoi alors avoir décidé de me laisser soigner ta famille ? Tu pouvais y aller mais tu as préféré consolider ton rôle de maîtresse de Sinnoh. »

« Je t’ai dit que… »

« J’ai pas terminé. Je te l’ai dit ce jour : Tu me dégoûtais. Tu préférais penser à autre chose qu’à ta propre famille. A ce moment-là, je n’étais pas sincère mais maintenant, je le suis. Tu sais pourquoi tu me répugnes ? Car la seule chose qui t’intéresse est ta propre personne. Tu joues avec les personnes qui t’entourent pour simplement te distraire et les utiliser. »

« JE NE SUIS PAS COMME CA ! »

« Alors si tu n’es pas comme ça, pourquoi ne m’avoir jamais dit que tu étais la maîtresse de Sinnoh ? Toute ton histoire, je m’en fiche au final. Quelle est donc cette raison qui te retenait de tout me dire ? Le fait que ta couverture serait brisée ? Que je ne voudrais plus te protéger et t’emmener loin de Sinnoh ? C’est vrai quoi… Tu n’avais pas besoin de moi pour combattre les maîtres élémentaires puisque tu avais déjà réussi une première fois. »

« Je… J’étais heureuse de savoir que quelqu’un ne connaissait pas mon identité. Pour toute l’île de Sinnoh, je représente la personne à suivre. Je suis une idole, une célébrité, ma puissance et mon caractère m’ont rendue admirée de tous et de toutes mais… Je n’ai aucune relation à part ma famille. Toi, tu t’en fichais pas mal de moi… Que j’ai une Carchacrok ou non, tu en n’avait rien à faire. Puis… Toi, je pouvais être moi-même. Je n’avais pas l’habitude de dialoguer avec des personnes au sujet de tout et de rien. Je suis enfermée dans une cage dorée : Avoir le pouvoir implique le fait que j’ai une image à préserver, que je suis là pour des millions de personnes, ces personnes… que je dois protéger. Mais moi… Qui me protégera ? Je suis peut-être considérée comme la plus forte des dresseuses de Sinnoh, cela n’empêche pas que… Je suis une femme avant d’être une dresseuse mais cela… Tout le monde s’en fiche. Même les dragueurs sur la plage devaient se douter de ma renommée. Les rares personnes qui s’approchent de moi le font car je suis la maîtresse de Sinnoh et non Cynthia. Mais toi… Tu n’étais pas au courant, tu ne connaissais que Cynthia, pas une autre femme. C’est pour cela que… Je m’en fichais du comportement que j’avais en public puisque j’étais avec toi… »

« Oh… Tu vas me faire pleurer. Voilà les grandes eaux qui remontent à la surface. »

Qu’il était infect et infâme, rien à voir avec le jeune homme prévenant de ces derniers jours. Retour à celui qu’elle avait connu. Elle avait une mine déconfite alors qu’elle observait de ses yeux argentés Thierry. Celui-ci avait toujours son sourire aux lèvres, un sourire mauvais pour lui montrer qu’il se fichait pas mal de tout ce qu’elle avait dit.

« Ce que j’ai dis pendant toutes ces journées, ce que j’ai fais avec toi, rien n’est faux. Toutes mes paroles et tous mes gestes sont véridiques. Je me suis inquiétée pour toi. J’avais peur que tu te morfonds sur toi-même, que tu arrêtes de vivre ou d’exister car tu n’avais plus de buts dans ta vie. Comment est-ce que tu aurais réagit si je t’avais énoncé dès le départ qu’il n’existait plus de maîtres élémentaires ? Que les cinq maîtres avaient disparu dans la nature ! Je ne voulais pas te faire souffrir ! Tu m’as annoncé tant de fois que tu n’avais pas d’autres buts que de battre les maîtres élémentaires ! JE NE VOULAIS PAS TE VOIR DISPARAÎTRE ! Tu comprends ça ?! »

« Tsss… Des excuses, de parfaites excuses. Tu penses sincèrement que j’allais faire quoi après tout ça ?! Tu m’as menti ! Depuis le début ! Et ça, tu ne pourras pas me le faire oublier ! Tu penses quoi là ?! Que j’allais te dire « Oh, c’est bon, ce n’est pas trop grave. » ? Et bien tu t’es trompée ! »

« Je suis venue à toute vitesse ce matin, j’avais peur que tu fasses une bêtise. Tu m’as écrit que tu n’avais plus de raisons de vivre. Qu’est-ce que je devais en penser ? »

« Que je compte me suicider après tout ça ? »

Elle resta interdite, le regardant d’un air effaré. Il ne semblait pas plaisanter sur ce coup malgré son sourire. Sans même attendre de réponse de la part de Cynthia, il s’était mis à marcher sur le sable pour s’éloigner. Elle lui attrapa le bras, le serrant avec force avant de dire d’une voix inquiète mais sérieuse :

« Bien entendu ! J’avais peur que tu fasses une bêtise après tout ça ! »

« Et qu’est-ce que j’ai dis la dernière fois ? Preuve que tu ne m’écoutes pas, que tu en as rien à foutre de ce que j’ai dis ! Qu’est-ce que j’ai dis hein ?! »

Il retira son bras avec vélocité, empoignant ses deux bras avant de la tirer vers lui. De ses yeux rouges, il la regardait alors qu’elle n’était qu’à quelques centimètres de lui. Vraiment… Même si il était en colère, elle ne pouvait pas s’empêcher de …

« J’ai dis que je te protégerais ! Que malgré tous les problèmes que je vais avoir, je te cacherais dans Hoenn ! Que ta famille allait te rejoindre ! Mais tout ça, tu t’en foutais n’est-ce pas ?! Cela te faisait rire intérieurement. Ce pauvre type qui disait de bien belles paroles alors qu’il ne servait à rien ! »

« CE N’EST PAS VRAI ! Tu ne peux pas savoir comme cela m’a fait plaisir. Tu étais là pour moi, rien que pour moi ! Tu ne pensais qu’à Cynthia et pas la maîtresse de Sinnoh ! Pendant des mois, je t’ai vu changé peu à peu à mon contact, j’ai appris à te connaître et je te découvrais des qualités que nul ne soupçonne ! J’ai remarqué à quel point tu étais doux, tendre, que tu aimais les pokémons et que tu ne faisais que semblant depuis le départ ! Tu n’as donc pas compris à quel point je tiens à toi ?! »

Il arrêtait de sourire, l’écoutant parler pendant qu’il ne disait plus rien. Pour qui se prenait-elle de lui parler de la sorte ? Tenir à lui ? Et depuis quand ? Après tout ce qu’elle avait dit, après tout ce qu’elle avait, après tous ces mensonges, qu’est-ce qu’elle espérait…

« Tenir à moi ? Alors que tu prétendais le contraire hier ? Dois-je te rappeler ce que tu m’as dit ?! Que tu ne voulais pas que je sois malheureux à cause de toi ! Est-ce que j’ai l’air heureux pour toi ?! »

« Non mais… »

« Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi ! Tanguy m’a tout dit à ton sujet ! Il y a cinq ans, tu as affronté Tanguy ! Il y a cinq ans, tu as décidé de sacrifier tes parents ! »

Elle resta stupéfaite. Sacrifier ses parents ? Qu’est-ce que… Tanguy n’aurait jamais dit ça. Ses yeux grands ouverts, elle était immobile devant les yeux de Thierry. Celui-ci claqua des doigts pour la faire réagir mais ça ne servait à rien.

« Hého, cocotte ! Tu dors ?! »

« J’aurais… délibérément sacrifier mes parents ? »

« Oui, c’est ce que j’ai crut comprendre. Tanguy a parlé de deux sacrifices pour devenir maîtresse de Sinnoh. »

« Est-ce que tu… le penses vraiment ? Est-ce que tu me crois capable de faire ça ? »

« Oui… Tu en serais bien capable vue la façon dont tu … »

Une claque vola sur la joue droite de Thierry. Non pas une simple claque mais celle donnée avec violence, tellement violente que le jeune homme se retrouva allongé sur le sable, sonné par le coup. Elle était en train de trembler de tout son être, des larmes aux yeux en s’écriant :

« Tu n’es qu’un pauvre con ! Comment est-ce que j’aurais put faire ça ?! TU PENSES SINCEREMENT QUE JE TUERAIS MES PARENTS ?! Tu n’es qu’un imbécile ! JAMAIS je ne l’aurais fait ! JAMAIS ! »

Elle sortie une pokéball de sa poche, faisant apparaître Tellus en grimpant dessus. Elle était tout autant en colère que Thierry, celui-ci s’étant relevé.

« TU RESTES LA ! »

« NON ! JE N’AI RIEN A FAIRE AVEC UN TYPE QUI JE PENSE QUE JE SUIS UNE MEURTRIERE PARRICIDE ! »

Elle s’envolait déjà sur le dos de sa Carchacrok, se murmurant pour elle-même à voix haute :

« Comment est-ce que j’ai put t’aimer ? Comment ? JE TE HAIS THIERRY ! JE NE VEUX PLUS TE VOIR ! JAMAIS ! »

« C’EST PAREIL POUR MOI ! »

Elle s’éloignait au-dessus de la mer, un dernier regard vers Thierry qui était debout sur la plage. Quelle imbécile… Elle y avait cru… Hier, elle avait tout fait pour refouler ses sentiments, elle avait eut peur de sa réaction… Elle s’était attendue à ce qu’il soit en colère et elle pensait qu’après quelques heures, cela serait passé mais lui… Il avait été odieux, pire que ça même. Dire qu’il pensait qu’elle avait tué ses parents, qu’elle ne pensait qu’à son pouvoir en tant que maîtresse de Sinnoh… Comment… Comment est-ce qu’elle avait put l’aimer ?! Elle continua de pleurer, s’accrochant au cou de Tellus, collant son visage contre ce dernier en laissant ses larmes se déverser dans la mer. Elle allait retourner à la ligue pokémon et tout oublier… Oublier jusqu’à la moindre parcelle de cet homme.

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