- Épilogue : Toujours plus - 7 juillet 2021
- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Chapitre 4 : Perturbation
« Nous allons nous y rendre tout de suite alors. Perrine et Sarila sont avec vous donc … J’y vais seulement avec Crusaé et Metsubi. »
L’adolescent aux cheveux noirs poussa un léger soupir, une semaine s’étant écoulé depuis les derniers préparatifs. Sur quoi est-ce qu’ils allaient encore tomber ? Il se le demandait, n’étant guère réellement rassuré par tout ce qui se passait. Oh pas du tout même … C’était bien différent … Mais peut-être pas pour les raisons auxquelles on pensait. Avec toute cette histoire, il avait du mal à rester concentré mais bon … Son mental aussi en avait pris un sacré coup … et les deux adolescentes commençaient à le comprendre.
« Faites attention à vous … Normalement, les deux n’aiment guère que l’on vienne les déranger d’après ce que nous avons appris à leur sujet. » reprit Gégé alors qu’ils se trouvaient tous dans le bureau de ce dernier.
« Est-ce un souci ? Si je devais agir par rapport à ce qui plaît ou non, il y aurait beaucoup de choses qui n’auraient jamais été faites. » dit Luculos avec neutralité, les yeux violets de Gégé le fixant longuement après ces quelques mots. Hum … Ce n’était pas forcément une bonne chose qu’il soit envoyé … mais ils n’avaient pas d’autres moyens.
« Fais tout simplement attention à toi et aux autres. Ces légendaires sont aussi puissants qu’Hosor ou Elugabeth, ils ne sont pas à prendre à la légère … Même Arceus, dans l’état actuel où elle se trouve, aurait quelques problèmes. C’est pour cela qu’ils préfèrent privilégier la discussion au combat. »
« Si cela pouvait être le cas de tout le monde. Si la conversation est terminée, on ne va pas perdre plus de temps. Déjà qu’attendre une semaine pour cela … est assez risible. »
Risible n’aurait pas été le mot employé dans ce contexte. Une simple mesure de sécurité pour être sûr que tout se passe dans les meilleures situations. C’était … cela, n’est-ce pas ? Alors qu’il s’apprêtait à partir avec les deux adolescentes, Luculos, de dos par rapport à Gégé, reprit la parole d’une voix terne :
« De même … Je préfère que cela soit clair … Me dire de faire attention comme si vous aviez une quelconque inquiétude à mon sujet, j’aimerai que ça ne se reproduise plus. Je ne suis qu’un objet entre vos mains, rien d’autre. Alors, si je suis brisé, vous n’aurez qu’à me réparer comme les autres. Vous avez très bien remarqué que l’on ne peut pas me tuer, n’est-ce pas ? »
« Tu n’es pas immortel, je tiens à te le rappeler, Luculos. » murmura Crusaé, cherchant à terminer cette conversation qui était plus que dérangeante.
« Je me suis tailladé les veines et depuis, vous me collez avec Metsubi. Je ne suis pas immortel mais il y a de fortes chances que je m’en rapproche. Si Arceus elle-même me cherche, c’est bien parce que je suis spécial. Et j’en ai marre de ça. Alors arrêtez de faire semblant de vous préoccuper de moi, j’obéis et c’est tout ! Maintenant, on s’en va ! »
Il en avait assez … plus qu’assez de tout cela … Mais il ne pouvait rien faire d’autre ! Il quitta finalement le bureau, rapidement suivi par Crusaé et Metsubi. Ils allaient partir en mission et puis c’était tout ! Le reste, comme ce qu’il pensait, n’avait aucune importance.
Maintenant qu’il était seul, l’homme aux cheveux violets baissa la tête, ses deux coudes posés sur son bureau. Le visage tourné vers le bois du meuble, il ferma les yeux. Donnait-il vraiment cette impression de ne pas s’intéresser au reste des personnes ? Luculos … avait sûrement raison … oui … C’était vraiment cette impression qu’il donnait aux autres.
« Et bien … Ce n’est pas la première fois que je te vois ainsi. Tu commences à m’inquiéter, Gégé. » chuchota une voix derrière lui, bien qu’il ne bougea pas de sa position.
« Je ne vois pas où je suis inquiétant contrairement à lui. » répondit aussitôt l’homme aux cheveux violets, ouvrant faiblement ses yeux.
« Hum … Si tu commences à inquiéter ta mère alors que cela ne fut jamais le cas auparavant, c’est qu’il y a un souci, n’est-ce pas ? Pourtant, je ne suis pas de ce genre-là, tu devrais le savoir avec moi non ? » reprit la voix de Mimi qui se tenait debout sur le bureau.
« Et que dois-je dire alors pour que tu me laisses tranquille ? »
« Et bien … En essayant de me rassurer ? Ce que tu as visiblement beaucoup de mal à faire entre nous hein ? Alors … Tu m’expliques ce qui se passe avec toi ? »
« Et si je ne sais pas ce qui se passe ? Si je ne comprends pas … mère ? »
Hein ? Lui ? Il ne comprenait pas ? Qu’est-ce que … Son habituel sourire disparut alors qu’elle s’approchait de son fils, posant une main sur son front. L’homme aux cheveux violets fronça les sourcils, demandant d’une voix neutre :
« Qu’est-ce que vous faites, mère ? C’est bizarre … »
« Ça s’appelle prendre la température. C’est ce que font les humains pour savoir si leurs enfants sont malades … Je sais bien que tu n’as pas l’habitude que l’on te fasse ça mais quand même … Il ne faudrait pas voir à trop abuser à ce sujet. »
… … … Il se laissa faire, la jeune fille aux cheveux roses grimpant sur ses jambes avant de palper ses bras, ses cuisses puis de remettre à nouveau sa main sur son front. Elle restait … inquiète à ce sujet ? Enfin, c’était elle qui se montrait inquiète. Lui, il se sentait bien. Enfin, c’est ce qu’il pensait mais ce n’était visiblement pas au goût de sa mère.
« Tu me couves quelque chose … Ou peut-être que tu as envie d’en parler. »
« Je ne pense pas que cela soit important au point que j’ai une discussion avec une jeune fille âgée de dix ans et qui est considérée comme ma génitrice. »
« Tu vois … Tu reprends un peu du poil de la bête ! Mais ce n’est pas suffisant pour me rassurer. Aller … Tu vas tout me raconter, d’accord ? »
Il n’en voyait pas l’utilité … mais sa mère semblait bien décider à ne pas le laisser tranquille. Etait-ce que Luculos avait ressenti avec Crusaé et Metsubi ? Une légère irritation … de ne pas pouvoir être seul … mais en même temps … Un petit apaisement … car quelqu’un s’inquiétait de son sort ? Il ne savait pas … Ils n’avaient jamais … discuté tous les deux.
Ailleurs … Dans un endroit dont la localisation était incertaine, une jeune femme était en pleurs. A genoux sur le sol, ses deux mains recouvraient son visage parcouru par les sanglots tandis que tout autour d’elle était détruit. Aucune végétation, aucune eau, aucune vie … Juste un immense terrain rocheux, ouvert en de nombreuses fissures.
« Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que ce monde continue d’être une cible ? »
Pourquoi ? Pourquoi ? Elle se sentait mal … rien qu’à l’idée de le voir se détruire. Elle se sentait mal … très mal … trop mal … Elle voulait tellement … revenir en arrière … empêcher ces événements de se produire. Elle se redressa, séchant ses larmes alors que ses deux yeux bleus observaient le sol. Avec lenteur, elle fit apparaître une légère végétation.
« Ça ne sert à rien … Je ne suis pas assez forte … pour cela … Je ne peux pas refleurir ce monde toute seule. Il faudrait que tout cela stoppe … Ou alors que … »
« Ne fait pas de choses insensées, Célys … » murmura une voix derrière elle.
Elle ne bougea pas de sa place, recommençant à pleurer, son visage baigné par les larmes qu’elle enfouit dans ses deux mains. Elle balbutia :
« Mais c’est trop dur … Beaucoup trop dur ! Ce monde … Ce monde est en train d’être détruit ! A cause de cette guerre insensée ! »
« Cette guerre va bientôt s’arrêter … Je peux te le promettre, Célys … » reprit la voix comme pour la rassurer. « Mais il ne sert à rien de modifier le passé pour espérer que le présent change … Cela causerait beaucoup trop de problèmes. »
« Je le … Je le sais … Je sais parfaitement ce que ça veut dire … Mais … Si seulement c’était possible … Je peux retourner dans le passé, je peux le modifier. »
« Attends la fin de ce monde … Attends que cette guerre s’arrête. Ensuite, je serai le premier à venir t’aider à le reconstruire. Tu peux compter sur moi. » termina de dire la voix.
Si seulement … C’était vrai. Elle avait du mal à le croire … à l’admettre … Mais elle voulait y croire … sincèrement. C’était tout ce qui lui importait … Revoir la beauté de ce monde avant que tout ne s’enclenche … il y a bientôt dix-huit ans.
« Mais … Ce ne sont que des paroles … Je ne veux pas participer à cette guerre. Je ne veux pas que mes mains soient salies par le sang. »
« Elles ne le seront pas … Tu ne combattras pas … Tu n’auras pas à prendre position. »
« J’aimerai tellement que cela soit vrai … Il faut que je me retire d’ici … Je me sens mal … Quant à toi … Tu dois retourner à tes obligations. »
Elle avait entièrement raison … Même si cela le faisait souffrir de la laisser seule dans cet endroit. Elle allait partir … Il le savait … Mais il n’aimait pas la laisser seule …Elle paraissait si fragile … de plus en plus à chaque fois qu’il la voyait. Il devait accélérer la fin de cette guerre …