Chapitre 4 : Une carapace de fer

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 4 : Une carapace de fer

« Debout Zena ! Debout ! Zena ! Je rentre ! »

« Fais ça et j’appelle les flics ! T’iras droit en prison ! »

« Non mais sérieusement, je vais rentrer ! »

« Si je descends, je t’assomme à coups de batte dans la figure ! »

« Te moques pas de moi, t’as pas de batte ! Je le sais très bien ! Je connais cet endroit mieux que ma poche ! »

« Fais pas le malin sinon je t’écrase ! Je ne veux pas te voir ! Retourne parler avec Lunitia et me gonfle pas ! Je dois aller en cours moi ! Je ne vais pas me balader en courant dans les prairies fleuries pour aller cueillir quelques fleurs ! Tsss ! Tu me dégoûtes ! »

« Mais Zena ! On sort encore ensembles samedi ? »

« JAMAIS ! Ni ce samedi ! Ni ce dimanche ! Ne m’adresse plus la parole ! C’est tout ! »

Vraiment… Il ne comprenait pas ce qu’il avait fait de mal. Où était le problème ? Est-ce qu’il avait dit une bêtise ? Parler trop fort ? Il poussa un profond soupir, quittant la porte de la maison de l’adolescente en retournant chez lui. Vraiment, il détestait tout ça. Lunitia arriva vingt minutes plus tard, lui demandant si tout allait bien. Il hocha simplement la tête par l’affirmatif bien qu’il savait pertinemment qu’elle pouvait lire dans ses pensées.
Aujourd’hui, ils allaient rendre visite à Orian… Cet homme ne sortait que très rarement et il n’y avait aucune photographie de lui, du moins récente… Cela faisait dix à quinze années qu’il avait cette entreprise et ce n’était pas lui qui se chargeait de la politique… En fait, il laissait ça plutôt aux deux entreprises qui étaient adjacentes à la sienne. Un homme effacé et reclus dans son bureau, qui ne sortait jamais ou peu.

« Sois poli avec lui, par contre Alan. Je ne plaisante pas là-dessus. »

« Hein ? Mais pourquoi ? Je ne vais rien faire de mal que je sache ! »

« Non mais disons simplement que… Enfin, tu découvriras par toi-même. »

« Les gratte-ciels se ressemblent tous. C’est quasiment la même chose sauf en plus grand. »

« Ah… Bon… Je vois que je ne peux pas t’empêcher d’ouvrir ta bouche. Enfin, qu’importe, Alan. Je vais toquer et attend que je t’invite à rentrer. »

Ok ok ! Il n’allait rien dire ! C’est bon ! Il avait compris ! Cette journée allait presque lui gâcher sa mauvaise humeur mais heureusement pour lui, il en avait vu des biens pires… Comme son grand-père sous la douche… BRRRRRRR ! Rien que le fait d’y penser le faisait trembler d’effroi. Deux minutes passèrent alors qu’elle était rentrée dans le bureau d’Orian puis lentement, la porte s’ouvrit et la première chose qu’il constata était l’absence de lumière ou presque dans la pièce. Lunitia était debout à côté d’un fauteuil retourné en direction des vitres. Les rideaux étaient presque entièrement tirés. En parlant de fauteuil, il s’était attendu à quelque chose en cuir et dont on ne voyait pas la tête qui dépassait… Mais pourquoi il avait une mauvaise impression ?

Cette impression se confirma quand il entendit le bruit d’une roue qui grince. Avec lenteur, le fauteuil se retourna pour laisser voir un homme aux cheveux grisâtres, une barbe et une moustache de même couleur. Sur lui se trouvait une couverture en laine alors que Lunitia émettait un petit sourire triste. Elle prit la parole d’une voix calme :

« Faror et Orian sont frères jumeaux. »

« C’est pas possible ! Ils sont complètement différents ! »

« Il est tout simplement atteint par la maladie. Voilà tout. »

« Qui est… ce jeune homme ? Tu as parlé de mon frère… »

« C’est l’envoyé de votre frère, monsieur Faror. Celui qui se chargera des relations de son entreprise avec la vôtre et celles des autres personnes. »

« Je m’appelle Alan ! Je suis heureux de vous connaître ! Vous êtes l’une des personnes les plus importantes dans cette ville donc dans ce monde ! »

« Ah… Je vois… Je vois…Un jeune garçon plein d’entrain… Cela me change… un peu. »

« Bon, Alan, pour cette journée, tu vas la passer avec monsieur Orian. Je te prierais de ne pas faire de bêtises, surtout pas, d’accord ? J’ai des choses très importantes à accomplir ! »

« Mais mais mais… Je ne veux pas rester ici tout seul ! »

« Tu n’as pas le choix malheureusement. Occupe-toi bien de lui. Je viendrais te rechercher en fin de journée, tu n’as pas à t’en faire. »

Mais mais mais… Ce n’était pas possible ! Lunitia l’abandonnait dans la pièce sombre, le laissant seul avec l’homme au fauteuil roulant. Il avait vraiment le même âge que Faror ? Il semblait… si vieux… comparé à lui. Il resta parfaitement immobile, ne sachant pas quoi dire alors que les secondes passaient. Il ne s’occupait que rarement des personnes âgées alors monsieur Orian… Dire qu’il ne l’avait pas imaginé dans cet état… C’est vrai… qu’il ne connaissait pas forcément tout ce qui se passait réellement dans l’intimité des personnes au pouvoir. Enfin, l’homme aux cheveux grisâtres alla dire :

« J’ai un rendez-vous avec l’agent de Plitana. Est-ce que tu voudras bien t’en occuper ? »

« Mais… Mais qu’est-ce que je dois dire ? Je ne sais pas du tout ! »

« Tu le verras parfaitement… Cela est fatiguant et éreintant… »

« D’accord… Mais je ne sais pas du tout comment faire moi… Je viens à peine d’arriver et on me demande déjà de telles choses ! Je ne suis pas un surhomme même si on le dirait en me regardant. Enfin… Je suis bien obligé de vous écouter héhéhé ! »

Le vieil homme hocha la tête pour lui dire que oui, tandis que l’adolescent cherchait à lui faire la conversation. Visiblement, il voulait en apprendre plus sur Orian. Celui-ci lui indiqua comment lui et son frère avaient capturés Solerion et Lunitia, leur expliquant à quel point ces deux pokémons correspondaient à eux deux. Alors que l’un était calme et réservé, l’autre était enjoué et plein d’entrain. Un peu comme le jour et la nuit… Un peu comme la lune et le soleil.

« Elle va bientôt arriver… »

« Qui donc ? Vous parlez de qui ? »

« Plitana… Ah. Elle va rentrer maintenant. »

La porte s’ouvrit avec une légère violence sans pour autant claquer. Autant dire qu’il avait sursauté sur le coup. Comment Orian avait-il pu savoir qu’elle arrivait ? Il se tourna brièvement vers l’homme sur son fauteuil avant de voir la nouvelle arrivante. Le visage froid, la peau grise, des cheveux violets et deux yeux rouges posés sur lui. Il s’était mis à trembler en continuant de l’observer. Elle portait une sorte de pull gris qui lui collait à la peau ou presque et ce fut seulement grâce à ses manches qu’il remarquait qu’elle portait un vêtement.

Ses deux mains sorties de ses manches étaient griffues, ses ongles rouges pointant dangereusement tandis qu’elle avait Par-dessus ce pull gris se trouvait une robe à bretelles bouffante brillant d’un vert métallique. Sur celle-ci était deux grosses pierres rouges rejointes par un morceau de tissu rayé de gris. Au bout de la robe enfin, se trouvait des rayures bleues métallisées… En y réfléchissant bien… Cela lui rappelait un pokémon. AH ! Et son chapeau ! Autant dire qu’il était original puisqu’il avait deux longues manches métalliques et il poussa un cri de surprise :

« Une Archeodong ! C’est tellement rare d’en voir une en vraie ! »

Abandonnée la petite peur qu’il avait eu au moment où elle était rentrée, il s’était déjà approché d’elle, tâtant son bras puis son visage pour voir si c’était bien réel. Oui, c’était une Archeodong ! Il n’arrivait pas à le croire ! Ces pokémons… étaient vraiment spéciaux ! Mais quand même, c’était une drôle de couleur de peau… Il est vrai que les pokémons dans leur grande majorité gardaient leurs attributs depuis qu’ils étaient humains.

« Est-ce que en as terminé avec moi ? Tu me dis si je te dérange. »

La voix résonnait comme une lame de métal plantée en plein cœur. Il recula, commençant à bafouiller quelques excuses en s’inclinant devant elle. Quel idiot il avait fait ! C’était simplement qu’il se demandait si tout était bien réel. Une Archeodong, voir monsieur Orian, c’était vraiment parfait ! Mais était-ce le début de son aventure ? Il se le demandait… Sans un mot, elle s’approcha de l’homme au fauteuil, mettant son visage à la hauteur de celui d’Orian. Quelques instants plus tard, elle se tourna vers Alan :

« Je vois je vois… Tu es donc Alan n’est-ce pas ? Cela sera toi qui m’occuperas toute l’après-midi ? Tant mieux… Cela changera un peu d’Orian qui n’ouvre guère la bouche. Bon… Tu me suis ? Nous allons donc parler des relations entre Orian et Oricalk. Je m’appelle Plitana et je suis la pokémon de Plitana. Cela peut paraître bizarre d’appeler son pokémon pareil que soi-même mais c’est ainsi et ça ne changera pas. Accroche-toi. »

Oh que non ! Il n’allait pas se laisser téléporter de cette manière ! Il s’était mis à reculer alors qu’elle émettait un grand sourire qui contrastait avec sa voix. Il poussa un cri strident avant d’être téléporté, se retrouvant tête la première plongée dans une poubelle tandis qu’elle apparaissait à côté de lui, l’observant s’extirper des ordures.

« Visiblement, je maîtrise très mal ma téléportation. Si tu veux bien me pardonner. »

« Tu veux une banane ? »

Il plongea sa main dans les ordures, ressortant une banane à moitié mangée et recouvertes d’épluchures de pomme de terre. Elle resta immobile pendant quelques secondes, comme pour réfléchir à ce que l’adolescent venait de dire. La main droite d’Alan se leva, venant planter la banane sur son front alors qu’il recommençait à crier de surprise.

« Non merci mais c’est bien gentil de proposer. »

« Tu préfères peut-être des las… Ah non, faut quand même pas abuser. Et dire que je pensais être tout beau, tout propre dans mon costume. »

« Visiblement, ce n’est plus le cas. Bon, fais attention, je vais te sortir de là. »

Elle pointa sa main vers lui, Alan restant parfaitement statufié et immobile alors qu’il se retrouvait en train de léviter au-dessus du sol. C’était quand même sacrément bizarre cette histoire ! Il n’avait pas de pokémons psychiques, c’était plus pour les… riches… Enfin, quand il voyait les M.Mime des centres de téléportation, il se disait que cela ne donnait pas envie mais là… Quand il apercevait Plitana, il était complètement émerveillé ! Il alla atterrir avec délicatesse devant elle alors qu’elle disait :

« Attention, cela risque de te faire très mal. »

Hein ? Comment ça ? Ses lèvres se scellèrent subitement alors qu’il avait des larmes aux yeux. Qu’est… Qu’est-ce qui se passait ?! Des lambeaux de peau se retiraient de ses bras, des lambeaux où la saleté s’était incrustée ?! Il tomba à genoux, cherchant à comprendre alors qu’il voulait hurler sans y arriver.

« Au lieu de perdre du temps à te nettoyer, je te propose simplement ma méthode. »

Tout… Tout avait été retiré alors qu’il se retrouvait complètement nu, la peau à vif voir même enlevée sur certaines parties de son corps. Elle utilisait ses pouvoirs psychiques d’une étrange manière. Enfin, les morceaux de peau et ses vêtements revenaient sur lui alors qu’il était couché au sol. Ses lèvres émettaient à nouveau mais ce fut des hoquets et des sanglots. Affreux… C’était vraiment affreux… Il… Il avait fait quoi pour mériter ça ? Il fut soulevé à nouveau, alors qu’il tournait son visage horrifié vers Plitana :

« Ne… Ne m’approchez pas du tout ! Ne me faites pas de mal ! »

« Ce n’était pas mon but, loin de là. Je voulais simplement que tu sois propre et correct pour notre discussion. Tu sais… Contrairement aux autres personnes qu’Orian me donnait pour m’occuper des relations, tu es la première qui a de l’humour. »

« S’il… S’il vous plaît… Je veux rentrer chez moi… »

« Mais pourquoi cela ? Est-ce que je n’ai pas été gentille ? »

« Sincèrement… Vous vous… Vous me faites plutôt peur. »

« C’est de ma faute. Je le reconnais. Généralement, je préfère les laisser discuter avec moi au restaurant en les laissant dans cette tenue. Je ne sais pas exactement comment se comporte les humains mais cela s’appelle se moquer de l’autre. Je ne veux pas me moquer de toi. »

« Mais vous m’avez arrachée la peau ! C’est affreux comme sensation ! Le… Le moindre souffle d’air me faisait pleurer ! Vous ne comprenez pas ?! »

« Je ne comprends pas… du tout. Est-ce que tu veux bien m’expliquer ? »
Il continua de la regarder. Elle semblait vraiment sincère. Quel âge avait-elle pour penser à de telles atrocités ? Il n’était qu’un adolescent mais il savait bien que ce genre de choses ne se faisait pas ! Il renifla un bon coup, passant une main sous son nez pour nettoyer la morve qui s’y trouvait avant de la tendre vers Plitana. Celle-ci l’observa avant de la serrer, c’était le premier pas qu’elle allait faire pour lui montrer qu’elle était prête à commencer dès maintenant. Il lui fit un léger sourire, toujours inquiet.
Ce n’était pas que la journée s’était mal passée mais disons qu’il s’était senti plutôt… apeuré pendant celle-ci. Depuis que Plitana avait fait cette chose… Il restait sur ses gardes bien qu’il ne pourrait rien faire. Elle pourrait le tuer quand elle le voulait si elle le désirait ! Mais… Devant l’entrain de la femme aux cheveux violets et à la peau grise, il avait arrêté de faire sa mauvaise tête. Ca ne lui correspondait pas de toute façon.
Ils avaient discuté pendant toute cette durée, la femme lui expliquant tout ce qu’il voulait savoir, sans même lui cacher une parcelle de secret. Il apprenait qu’au final qu’il existait huit personnes à la tête des huit entreprises (les cinq plus les trois succursales) et qu’elles se nommaient exactement comme leurs entreprises et qu’elles ne possédaient qu’un seul pokémon. Seuls les cas de Faror et Orian étaient spéciaux : Ils n’avaient pas de pokémons qui se baptisaient pareil qu’eux mais ce n’était pas un problème.

Enfin, elle le raccompagna jusqu’au gratte-ciel d’Orian, celui-ci demandant d’une voix lente comment ça s’était passé. Elle laissa l’adolescent s’exprimer, celui-ci lui signalant que tout s’était très bien déroulé et qu’il espérait la revoir. Encore une fois, elle parue surprise des dires d’Alan, ne faisant qu’un léger sourire tandis qu’elle disait à son tour qu’elle serait ravie de présenter les autres chefs d’entreprise à Alan. Lunitia arriva quelques minutes après eux, Plitana répétant mot pour mot ce qu’elle venait de dire alors que la femme aux cheveux blonds platine semblait ravie de voir qu’Alan s’était débrouillé comme un chef.

Enfin… Il fut ramené chez lui, Lunitia lui signalant que c’était bien la première fois qu’une personne arrivait à avoir la sympathie de Plitana et qu’il était destiné à de grandes choses à cette allure. Elle le laissa finalement, se téléportant alors que Zena arrivait devant lui, son sac à dos sur ce dernier. Il alla ouvrir la bouche mais elle détourna la tête sans même s’adresser à lui. Cette journée… Il ne savait pas comment la prendre… C’était une bonne ou alors… une mauvaise… journée au final ?

Laisser un commentaire