Chapitre 41 : La tête pensante

ShiroiRyu
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Cinquième partie : Qu’importe celui qui lui fait face

Chapitre 41 : La tête pensante

« AH ! Ça pique ! Ça pique un peu, Douély ! » s’écria le corps ectoplasmique de Terria. Son véritable corps avait la poitrine mise à nue, Douély disant calmement :

« Je t’ai déjà expliqué ce que cela voulait dire. Il m’est difficile de leur donner ce qu’il faut puisqu’ils proviennent de ton corps. Donc, arrête de te plaindre et donne ton lait. »

Oui mais ça picotait quand même ! Elle ne savait pas pourquoi. Pourquoi est-ce qu’elle ressentait tout comme si elle était dans son propre corps ? Mais en même temps, ça la faisait tellement souffrir de voir tout cela d’un point de vue extérieur. Les deux enfants que Douély tenaient dans ses mains, leurs bouches sur les tétons laiteux de Terria, c’était les siens ! C’était ses enfants ! Ses enfants et ceux d’Earnos !

« Douély, quand est-ce que tu vas tout m’expliquer ? Pourquoi est-ce que tu me fais souffrir ? » bredouilla l’esprit ectoplasmique sur un ton triste.

« Je ne te fais pas souffrir. Arrête de t’imaginer des choses comme ça. Je n’ai pas que cela à faire malheureusement. Bon … Vous avez bien vu les enfants ? »

Des petits gazouillis se firent entendre la part des bébés alors qu’elle soulevait la petite fille, lui tapotant doucement le dos jusqu’à ce qu’elle rote. Puis ce fut au tour du petit garçon, les deux enfants allant s’endormir quelques minutes plus tard dans un seul et même berceau. Terria ? Elle ne savait toujours pas où elle se trouvait avec tout ça. Mais elle savait juste que Douély partait quelques temps puis revenait aussitôt pour s’occuper des enfants ou de son « corps » qui était toujours allongé. C’était horrible.

Enfin, en un sens, ça l’était mais … bon … Il valait mieux ne rien dire pour ne pas énerver Douély. D’ailleurs, la Munja s’occupait vraiment bien des deux enfants ! Enfin, elle se débrouillait bien mieux qu’on aurait pu le croire en la voyant. Mais bon, il n’y avait pas que ça, n’est-ce pas ? Il fallait se méfier des apparences car elles étaient très souvent trompeuses. Douély était une jeune femme vraiment très utile et capable de grandes choses. La preuve en était avec le fait qu’elle était encore « vivante » si on pouvait dire.

« Tes enfants ont besoin de repos et moi aussi. »

« Comme tu le désires, je vais veiller sur eux pendant que tu dors, Douély. » dit la personne ectoplasmique alors que la Munja hochait la tête.

« Comme tu le désires, si ça commence à brailler, tu me réveilles. »

« Aucun problème mais ce sont de vrais petits anges ! Ils dorment si paisiblement ! »

Déjà, l’Apireine fantôme était penchée au-dessus des deux petits corps, un sourire candide aux lèvres. Cela faisait déjà trois mois qu’ils étaient nés, un an qu’elle était morte mais elle commençait à s’y faire en même temps. Le plus important était que les deux enfants allaient bien et ça, c’était vraiment une bonne chose. Elle voulait retrouver la vie … pour pouvoir les serrer contre son corps et les présenter à Earnos.

Earnos ? Celui-ci était maintenant bien ancré parmi les rebelles et pas seulement les Ningales. Non, il y avait aussi autre chose. Il était maintenant ancré parmi tous les rebelles, même ceux qui se cachaient depuis des années. Pourtant, nombreux étaient ceux qui étaient suspicieux par rapport à ses actes.

« Pourquoi est-ce que tu te décides à ne tuer personne ? »

« Car si ce n’est pas nécessaire, je ne le fais pas. J’ai déjà répondu à cette question auparavant. J’aimerai ne pas avoir à me répéter, c’est bien simple. » déclara le jeune homme aux cheveux blonds, posant son regard sur l’un des rares Ningales présents autour de lui puisque maintenant, la majorité des races était confondue parmi les rebelles dans la place où il se trouvait. Le Ningale haussa les épaules avant de reprendre :

« Ce n’est pas vraiment une réponse ça. Tu n’arrêtes pas de la répéter. Les morts sont nécessaires pour avancer et imposer notre … »

« La seule mort que je désire est celle du roi, aucune autre. Et je te déconseille d’essayer de me forcer à faire ce que je ne désire pas. »

« Ok, ok … J’ai compris, on ne peut pas discuter avec toi, visiblement. » dit le Ningale avant de s’éloigner, poussant un soupir. Il était tout simplement inquiet de la situation. Il ne faisait pas confiance au Dardargnan, voilà tout.

« De toute façon, j’ai à discuter avec lui. » murmura une voix douce.

Une voix douce mais qui fit parcourir un léger frisson au Dardargnan. Il ne la connaissait pas mais déjà, il sentait que ça n’allait pas être une partie de plaisir. Peu à peu, une forme masculine s’avança vers lui. Des cheveux violets hérissés, une paire de lunettes devant des yeux bleus, l’homme avait une certaine stature. Assez petit par rapport aux autres insectes, sa tenue était néanmoins celle d’un homme ayant des goûts assez nobles.

« Peut-être devrai-je d’abord commencer par les présentations ? »

« Je pense ça serait une bonne idée. Malheureusement, je ne crois pas vous connaître. » murmura le jeune homme aux cheveux blonds par rapport à cette personne. Il était de quelle race ? Un Aéromite ? Ils étaient rares, ces insectes.

« Je m’appelle Arkanar, Aéromite de son état comme tu peux l’avoir remarqué. »

« Earnos, Dardargnan et ancien chevalier de la princesse, exilé car je me suis enfui avec elle et que le roi a tué sa fille. »

« Il a fait quelque chose que nous tentions depuis des années mais vois-tu, je pense qu’il est préférable que tu comprennes que l’on se méfie de toi depuis le début. Cela ne m’étonnerait guère que tu m’en veuilles terriblement et … »

« Vous avez essayé, vous ne l’avez pas tuée. Je veux juste tuer celui qui est responsable de sa mort. Ensuite, je disparaîtrais, c’est aussi simple que ça. » murmura le jeune homme aux cheveux blonds, peu enclin à discuter avec cet Aéromite.

« C’est une bonne chose, une très bonne chose, oui. C’est simplement cela que je voulais te mettre au courant. Une simple « précaution ». »

« J’espère que la précaution va disparaître maintenant et que tu es rassuré. »

« Je ne le serai jamais … Du moins, pas aussi facilement si c’est cela que tu espères. Il vaut mieux toujours se méfier de ses amis autant que de ses ennemis. » déclara l’Aéromite avant de s’éloigner, Earnos le regardant avec suspicion. Il ne l’aimait déjà pas, il ne savait pas pourquoi mais il ne l’appréciait pas le moins du monde.

Et pour cause, car quand il partit, les différents rebelles l’observèrent pendant quelques instants. Puis finalement, ils parlèrent entre eux, disant :

« C’est bizarre qu’Arkanar se déplace. Ce n’est pas dans ses habitudes. »

« Tu crois que c’est à cause de lui ? » dit l’un des rebelles en regardant Earnos.

« Je ne sais pas du tout mais c’est plutôt peu convaincant. Pourquoi est-ce que le chef s’est déplacé ? Juste réellement pour se rassurer par rapport à ce Dardargnan ? C’est vrai qu’il était quand même très proche de la famille royale mais bon … »

« Tu vas pas me dire que tu lui fais confiance, toi ? »

« Ça fait quand même un bout de temps et même s’il ne tue personne, il est quand même sacrément efficace hein ? Je veux pas dire mais voilà quoi … »

Voilà quoi quoi ? Tant mieux si les rebelles lui faisaient confiance, ça permettrait alors un meilleur travail ensemble. Mais d’un autre côté, il ne faisait rien du tout pour se lier à ces derniers. Il ne mêlait pas le travail et … le reste. De toute façon, il se fichait beaucoup de tout ce qui se passait. Il n’avait qu’une seule idée en tête, une seule.

« Quand même Arkanar est là depuis le début de la rébellion mais on ne sait jamais pourquoi il a créé la rébellion. Puis en même temps, y a d’autres trucs qui sont un peu suspects, tu ne trouves pas ? Je … Je ne sais pas trop. Y a cette histoire avec la reine Seiry, il paraitrait qu’il est aussi responsable de sa mort. Enfin, c’est lui qui a réussi à retrouver sa trace lorsqu’elle se déguisait en tant que fleuriste. »

« Mais tu veux pas plutôt te taire un peu ? Et je te rappelle que considérer le chef comme suspect, c’est te mettre dans de sales draps si des personnes t’écoutent. »

« Ouais, je sais, je sais … Je vais la boucler. » marmonna le rebelle alors qu’Earnos avait tendu l’oreille pour écouter toutes les conversations. La reine Seiry ? Cela faisait depuis si longtemps … qu’il n’avait plus entendu ce nom.
L’assassin de la reine Seiry était là … Non … Le commanditaire. Celui qui était responsables des problèmes de ces dernières années. Arkanar … Cet Aéromite était celui qui était derrière tout ça … depuis le début. Il ne devait pas oublier son nom car il était sûr d’une chose : il allait l’entendre à nouveau, et très souvent, il en était sûr et certain. Mais maintenant, ils n’étaient plus ennemis … mais tous les deux des alliés.

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