Chapitre 45 : Pacte

ShiroiRyu
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Chapitre 45 : Pacte

« J’ai le temps de réfléchir ? »

« Fais comme tu le désires mais sache que je pourrais discerner si tu es sincère ou non mais rien qu’avec quelques minutes avec toi, je sais que tu ne mentiras point. »

« J’ai d’abord une question… Lors… de mes séances de torture… Après elles… Quelqu’un venait me donner à boire et à manger. Je n’ai jamais réussi à savoir qui c’était car j’étais vraiment très affaibli… Est-ce que… »

« C’est bien moi. On ne m’avait pas demandé de te tuer, je ne l’ai pas fait. »

« J’ai du mal à y croire. Malar ne vous a pas demandé de me tuer ? Je fus prisonnier pendant quasiment un mois et c’était l’un de ses Cavaliers qui m’a capturé. »

« Il voulait simplement te voir mal en point et souffrant ce que tu as été. D’un autre côté, rien ne m’interdisait de te nourrir et abreuver. »

« Oui mais… Tu n’étais pas obligée de le faire personnellement. »

« Ne me force pas à m’expliquer, Xano Likan. Je sais ce que je fais, je suis ce que je suis. Les humains sont souvent liés plus ou moins à la vilénie, c’est pourquoi je ne pouvais laisser un humain le faire à ma place. »

« Alors pourquoi ne pas laisser un … »

« MAIS TU VAS TE LA FERMER MERDE ?! »

Tyrania alla écraser le pied droit de Xano, le jeune homme hurlant de douleur en sautillant sur place. Gigana haussa un sourcil alors que Tyrania s’avançait vers elle. La jeune femme aux cheveux dorés soupira :

« Désolée… Vraiment désolée, des fois, il pose des questions complètement absurdes des fois. Il a du mal à comprendre comment ça marche les sentiments. »

« Ce n’est même pas vrai ! Simplement, je ne sais pas pourquoi elle a fait ça. »

« CAR ELLE EST COMME CA ! »
Elle alla lui écraser le second pied et essayer de sautiller sans les pieds, c’était plus que difficile. Il s’écrasa au sol, Gigana murmurant :

« Pourquoi lui faire une telle chose ? »

« Car c’est un imbécile qui a du mal à faire fonctionner son cerveau. Pendant que t’es en train de rouler sur le sol et de gémir, réfléchis à ce que tu dois dire. »

« Rien ne presse. Du moins… Cela n’est pas totalement vrai mais j’ai tout mon temps. Il faut simplement se dépêcher pour éviter de nouveaux soucis. »

Oui c’était bien beau mais Tyrania n’y avait pas été de main morte là ! Ses deux pieds étaient dans un sale état à cause d’elle ! Il avait même quelques larmes aux yeux tandis que Tyrania se mit à genoux pour vérifier son état. Elle avait peut-être écrasés un peu trop fort.

« Hey ? Xano ? Ne fais pas ça… Montre moi tes pieds. On va utiliser mes sutras pour faire une fausse malédiction. »

« C’est inutile ! Si tu ne voulais pas que j’aie mal, il ne fallait pas faire un tel truc ! »

« C’est pas de ma faute si tu es un écervelé qui a du mal à cerner les paroles implicites d’une personne ! L’adolescente est loin d’être mauvaise ! Je devrais même… »

Elle devait même… A travers ses yeux vairons, il remarqua que Tyrania s’était relevée. Elle se dirigea vers Gigana, celle-ci ne faisant pas un seul mouvement pour se défendre ou autre. L’ancienne Feunard posa ses mains sur son ventre, s’inclinant respectueusement devant l’aînée des quatre Rois.

« Te remercier pour ce que tu as fait. Sans toi, il serait peut-être mort depuis bien plus longtemps alors… Je tiens à te remercier. »

« Il n’y en a pas besoin. Je n’ai fais que ce que j’avais à faire. »

« Oui mais quand même… Cet étourdi a foncé tête baissée dans le vide. »

« Tu l’insultes beaucoup. J’ai remarqué que tu donnais beaucoup de noms à DornRek pourtant, ces noms ne semblent pas l’affecter particulièrement. »

« Parce qu’il sait bien que je l’aime cette andouille. »

« Ah… De l’amour, c’est vrai. Moi-même, je ne l’aurais jamais fait. »

Hum ? De quoi elle parlait ? Jamais fait ? Insulter quelqu’un que l’on aimait ? Gigana aimait quelqu’un ? Depuis quand ? Rah ! C’est sûr qu’à force de les considérer comme des ennemis, on oubliait souvent qu’ils avaient aussi des sentiments ! Ca ne devait pas être si différent pour les Rois ou les Atouts, elle avait bien remarqué avec Rocagiri.

« Ca va mieux. Beaucoup mieux. Bon, je te donne ma réponse dans cinq minutes, Gigana. »

« Fais comme tu le désires. Tyrania peut discuter avec moi si elle le veut. »

Hein ? Elle voulait bien discuter avec elle ? Mais quand même… Elles étaient ennemies et ce n’était pas sûr qu’elles soient alliées après ça. Alors pourquoi proposer une telle chose qui pourrait peut-être très mal se finir. La jeune femme se positionna devant l’adolescente :

« De quoi voudrais-tu parler ? »

« D’amour… Savoir ta conception de l’amour pour une personne. »

« Que quoi ? T’es vraiment sûre de vouloir parler de… CA ?! »

Xano avait ouvert un œil, tout autant surpris que Tyrania sur les propos de Gigana. Celle-ci restait pourtant neutre, croisant les bras à hauteur de sa poitrine. Elle attendait visiblement que Tyrania se décide ou non à parler de ce sujet assez… spécial. La jeune femme aux cheveux dorés se tourna vers Xano, se demandant si c’était sérieux. Il la regarda en hochant la tête positivement et elle soupira :

« Bon… Je veux bien discuter le temps que l’autre buse se malmène le cerveau pour trouver un discours suffisamment convaincant. »

« Soit… Nous allons nous éloigner d’une quinzaine de mètres pour discuter entre femmes. »

C’était vraiment bizarre d’entendre Gigana parler de la sorte et Tyrania ne savait pas vraiment comment réagir avec elle. Bon, elle n’avait rien à perdre et Xano n’était pas hors de sa vue. Elle suivit l’adolescente aux cheveux blancs, les deux femmes s’éloignant au loin tandis que Xano refermait ses yeux.

« Alors alors alors… Qu’est-ce que je dois dire ? »

Il devait se parler tout seul, il devrait trouver les mots qui pouvaient faire pencher la balance en sa faveur. Plus facile à dire qu’à faire mais bon… Il devait réfléchir à tout ça ! Il s’était remis debout, gémissant de douleur à cause de ses deux pieds endoloris. Tyrania n’y avait pas été de main morte sur ce coup ! Vraiment, quelle dingue cette femme !

« De quoi tu veux me parler par rapport à l’amour ? »

« Simplement savoir ce que tu en penses. Je pensais que lorsqu’on aimait quelqu’un, on se devait de ne pas le blesser. »

« Bof, ça marche pas comme ça ! Du moins, pas avec moi ! »

Tyrania passa une main sur sa cicatrice traversant son œil, elle souffrait légèrement depuis qu’elle était ici. Son œil mort arrivait à lui faire mal sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Gigana s’était mise assise devant Tyrania, reprenant :

« Cela était stupide… »

« De quoi ? Qu’est-ce qui était stupide ?! »

« De ne pas hésiter un seul instant à venir nous défier, moi et mes sœurs, lorsque la sentence pour la mort de Xano allait s’accomplir. »

« Hého ! Il allait mourir comme tu le dis ! »

« Un acte irréfléchi, autant que celui qui a emmené Xano parmi nos prisons. »

« C’est bon, c’est bon, où est-ce que tu veux en venir au lieu de tourner du pot ?! »

« Disons simplement que malgré les insultes que tu portes au Joker Blanc, tu sembles l’aimer plus que de raison. »

Tsss… Elle était vraiment trop prévisible comme femme ou quoi ?! Elle détestait quand certaines personnes lui mettaient la vérité en pleine face, c’était une chose qu’elle n’appréciait pas du tout ! Tyrania alla s’asseoir en face de Gigana, fronçant son regard améthyste. Elle reprit d’une voix irritée :

« Et alors ? Où est le problème ? Je fais rien de mal que je sache ! »

« Je n’ai jamais dit cela… Simplement… Si lui n’hésite pas à prendre des risques inconsidérés pour combattre Malar, tu n’hésites pas à en faire autant. Alors pourquoi l’insulter ? »

« Car c’est ce qu’il mérite, voilà tout ! »

« Je n’arrive pas à cerner ce point de vue. Néanmoins… Sache que tu es la cible de Malar. Tu sembles l’irriter encore plus que le Joker Blanc. »

« Ah ? Malar n’a peut-être pas apprécier le fait que le charme n’ait pas marché sur moi et que je lui ai offert un petit cadeau lors de votre mise en scène. »

« Il y a de fortes chances que ça soit le cas. Saches que personnellement, je n’ai rien contre vous. Nos… Atouts sont morts en vous combattant mais ceux qui sont revenus avant de mourir n’arrêtaient pas de vanter votre état d’esprit. Toujours unis, prêts à se sacrifier pour le Joker Blanc, une envie d’arrêter cette bataille sans verser le sang. »

« Dis ça à Xano, il n’a jamais apprécié de se battre inutilement. Surtout qu’il semble s’inquiéter de tout le monde même de vous. »

« Hein ? De quoi ? Comment ça ? »

Gigana sembla surprise par les dernières paroles de Tyrania. Le jeune homme aux longs cheveux blancs s’inquiétait à leurs sujets ? Tyrania poussa un profond soupir, se relevant. Elle se mit à faire les cents pas devant Gigana :

« Oui, cet idiot n’a surtout pas envie de vous voir mourir, encore moins que les Atouts. Qu’importe le fait que vous soyez super vieilles, vous ressemblez à des enfants ou dans ton cas à une adolescente. Il n’arriverait jamais à vous tuer de sang-froid. »

« Simplement… car nous ressemblons à des filles ? »

« Oui, c’est ça ! Complètement stupide hein ? »

« Je ne sais pas… Je n’avais jamais envisagé que… le Joker Blanc était si… inquiet à notre sujet. Cela est bizarre de se dire qu’il ne veut pas nous voir mortes. »

« Et ce n’est même pas à cause du fait que vous soyez celles qui gèrent ce monde ou autre, simplement car vous êtes des filles et des enfants ! »

Gigana ferma ses yeux : Ainsi, le Joker Blanc ne voulait pas les tuer ? Oh… Elle s’en était doutée mais parce qu’il voulait éviter des morts inutiles non pas à cause… de ça. Et Tyrania semblait vraiment sincère. Vu son caractère, elle n’était pas du genre à mentir.

« Gigana ! Gigana ! J’ai enfin ce que j’ai à te dire pour te convaincre ! »

Gigana se releva aussitôt, passant une main devant son visage pour ne pas montrer le léger sourire qu’elle émit en voyant le jeune homme aux cheveux blancs. Tyrania s’était tournée vers Xano, attendant qu’il prononce son discours.

« Bon alors… Je tiens à prévenir que je ne l’ai pas écrit, qu’il y a sûrement des fautes… »

« Balance le au lieu de tourner autour du pot ! »

« Je t’écoute, Xano Likan. »

Il posa une main sur son cœur, cherchant à ralentir ses battements. Il ne comprenait pas pourquoi il se mettait dans un tel état mais il savait qu’il jouait gros sur ce coup. Tyrania s’approcha de lui, lui tirant légèrement la joue. Elle lui murmura de se calmer, se mettant à ses côtés en croisant le bras. D’un ton solennel, il dit :

« Alors… Pourquoi tu devrais me rejoindre ? Et bien… Pour éviter des combats dont personne ne veut. Tu l’as toi-même dit : Si Malar ne te menaçait pas, tu ne te serais jamais intéressée à nous. Enfin, déjà beaucoup trop de morts sont tombés des deux côtés. Nous avons perdu plus de la moitié des Atouts rien qu’avec nos affrontements, c’est plus qu’une hécatombe ! Nous en avons déjà assez fait de chaque côté ! Ni l’un, ni l’autre ne voulons continuer sur cette voie ! Pour ma part, je ne vous considère pas comme des ennemis. Comme avec la majorité des personnes du côté de Malar, celui-ci vous a menacé ou manipulé. Pour ma part, je ne vous ferais pas de chantage, ce n’est pas mon genre. Je veux simplement avoir le maximum de forces dans la bataille contre Giradès MAIS… Je ne vous demanderais pas de vous mettre en première ligne. Vous serez même un peu en retrait car c’est à cause de moi que vous êtes dans cette galère. Et oui, réfléchissez un peu. Si je n’étais pas né, Malar ne vous aurait jamais menacé, vous ne seriez jamais devenu mes ennemis, les Atouts ne seraient jamais morts et je ne serais pas en train de m’expliquer ! »

Gigana ne fit aucun geste, écoutant en hochant la tête aux paroles de Xano. Tyrania restait près de lui, un sourire aux lèvres. Elle aimait quand le jeune homme se mettait à parler ainsi, ça lui donnait une prestance qu’il n’avait que trop rarement.

« Ainsi, ce n’est pas à vous de vous prendre les coups car vous décidez de vous allier avec moi. Si je le pouvais, si j’avais la puissance, je te demanderais même de garder Tyrania et les autres avec toi et de les mettre en sécurité mais cela est incongru de ma part. Tyrania doit même se contrôler en ce moment pour ne pas me sauter à la gorge après ce que je viens de te dire. Si nous sommes alliés, j’aimerais que ça soit côte à côte et je vous protégerais de tout mon être comme je le fais avec Pandora, Galpha, Aliréna ou mes Reines. Vous n’êtes pas mes ennemis mais vous n’êtes pas mes amis non plus. C’est pourquoi je pense qu’il faudra essayer d’apprendre à se connaître mais sache que je ferais tout pour que tes sœurs soient à l’abri car je ne veux pas faire couler plus de sang. Même si tu refuses ma proposition, je te demanderais simplement et à genoux si tu le désires, de bien me laisser passer et de ne pas te mettre en travers de ma route. Vous savez… Après tout ça… Je ne sais pas si c’est possible mais… Ne donne pas ta réponse à cause de ce que je vais dire… Mais voilà… Disons que nous arrivons à vaincre Malar tous ensemble, j’aimerais bien vous aider à retrouver votre Dieu Originel. Il semble si important pour vous que ça serait malhonnête de ma part de ne rien faire pour vous épauler dans cette tâche. Ainsi après tout ça, Tyrania et moi, nous pourrons vous aider à le chercher. Voilà… Je crois avoir terminé, enfin je pense. »

Il prit une respiration assez rapide, ayant terminé ce qu’il avait à dire. Le silence régna pendant plusieurs secondes, Gigana dardant son regard doré sur Xano et Tyrania. Celle-ci le félicita dans l’oreille et lui signala que ça serait avec plaisir qu’elle irait voyager avec lui à la recherche de ce Dieu Originel.

« Hum… Je ne sais pas quoi dire. Dois-je vraiment ne pas prendre en considération tes dernières paroles ? Est-ce que tu es sûr de cela ? »

« Je pense que même… si nous sommes ennemis, cela ne m’empêchera pas de partir à sa recherche. J’ai quelques questions à lui poser et je me demandais si… Il n’était pas capable de ramener à la vie les Atouts et ceux qui sont morts. »

« Il est vrai que dans le cas des humains, Juperus peut accomplir de telles prouesses. Dans le cas des âmes, c’est Giradès qui peut s’en occuper. »

« Et ta… réponse à ce que j’ai dit ? Est-ce que… »

« Dois-je considérer tes propos ou non ? Ceux que tu as prononcés à l’encontre du Dieu Originel ? Tu ne m’as pas répondu. »

« Non. Tu ne dois pas juger mon discours uniquement par rapport à ça. Je veux que tu donnes ta réponse sur la totalité. »

« Alors je suis au regret de te signaler que… j’accepte cette proposition. Je te fais confiance et je sens que tu n’es pas un homme mauvais. Simplement, tu sembles ne pas avoir de chance dans ton existence, c’est pourquoi tous ses malheurs s’abattent sur ta personne. Ainsi, il est temps de prévenir tout le monde que dorénavant, nous serons ensembles. Si vous voulez bien me suivre, nous retournons voir mes sœurs et vos compagnons. Joker Blanc, est-ce que je pourrais te demander de me prendre la main ? J’aimerais vérifier quelque chose. »

Hein ? C’était une demande assez bizarre mais il ne voyait pas pourquoi il allait la refuser. Il était très content de cette nouvelle alors bon, il pouvait bien faire ça. Il prit la petite main de Gigana, celle-ci restant immobile pendant une trentaine de secondes, fixant longuement Xano de ses yeux dorés. Il se sentait assez gêné et commença à rougir. Tyrania s’empêcha de grogner et de serrer les dents en les regardant. Gigana retira sa main avant de dire :

« Merci beaucoup. Mon choix était le bon. Allons y. »

Hein ? De quoi ? Vraiment, il n’arrivait pas à comprendre l’adolescent aux cheveux blancs. Pourquoi une telle chose ? Pfiou, des fois, il se demandait si il était vraiment du même monde que les personnes qu’il côtoyait. Il avait été DornRek donc les divinités, etc, il aurait dû y être habitué mais là ce n’était pas le cas.

Au-dessus du groupe composé des trois sœurs de Gigana, d’Heyrisi et de Miviari, une tempête de plumes de coton s’abattit sur elles, créant un sarcophage se refermant sur les cinq femmes. Quelques secondes après, Heyrisi et Miviari étaient allongées sur le sol, des entailles sur leurs corps. Elles étaient conscientes mais il n’y avait plus de trace des trois sœurs.

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