Chapitre 56 : La vérité

ShiroiRyu
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Chapitre 56 : La vérité

Il ouvrit faiblement les yeux pour voir où il se trouvait. Un plafond … Donc, il n’était pas dehors. Le plafond n’était pas blanc, il n’était pas à l’hôpital … Donc … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il se trouvait où ? Et d’ailleurs … C’était quoi ça ?

Il sentait quelque chose sur sa main. Sa tête pencha sur le côté, voyant le visage assoupi et endormi de Bel. Elle était penchée en avant, la tête déposée sur le lit tandis qu’il … HEY ! Il se trouvait dans un lit ? Mais la dernière chose dont il se rappelait, c’est quand même qu’il était à la piscine et qu’il avait failli se noyer ! Est-ce que … Bel ? Non … Quand même pas hein ? Ce n’était pas Bel qui aurait fait ça n’est-ce pas ?

« Bel, faudrait peut-être te réveiller. » murmura-t-il alors qu’il remarquait finalement que c’était sa main qui tenait la sienne depuis déjà combien de temps ?

« Pas encore Téo … Pas encore … Quelques minutes encore, s’il te plaît. »

Non mais, c’était quoi ce sourire niais ? Il lui pinça le nez, l’empêchant de respirer jusqu’à ce qu’elle ouvre ses yeux verts et la bouche en même temps. Elle se redressa, se mettant debout alors qu’elle était habillée. Mais oui bien sûr, quel idiot ! Normal qu’elle soit habillée ! A quoi est-ce qu’il avait encore pensé comme stupidité ?

« Téo ? Tu es réveillé ? Ca va bien ? » demanda-t-elle alors qu’il s’apprêtait déjà à l’esquiver puisqu’il sentait qu’elle allait lui bondir dessus.

Pourtant, rien de tout cela n’arriva, l’adolescente venant s’asseoir sur le lit, un petit sourire intimidé aux lèvres. Hum ? Pas de bondissement ? Enfin, il n’était même pas sûr que ce mot existe. Il se mit correctement assis dans le lit avant de dire :

« J’ai eu des jours meilleurs. Il s’est passé quoi ? Où est-ce que l’on se trouve ? Tu peux m’en dire plus car je suis assez perdu, je dois l’avouer, là. »

« Tu es dans une auberge. C’est moi qui ai payé la chambre pour nous deux. »

« La chambre pour nous deux ? Attends un peu, tu n’as quand même pas dormi avec moi hein ? Et ça fait depuis combien de temps que je suis endormi ? »

« Mais non, gros bêta ! Je dors dans le lit à côté ! On a deux lits séparés même si j’ai eu peur que tu aies froid. Je me demandais si je devais venir aussi dans ton lit au cas où. Mais sinon, ça fait quand même presque une journée que tu étais endormi. Il est tôt le matin. »

« Ouais … Endormi, ça reste à prouver on va dire. Je me rappelle plutôt m’être évanoui dans la piscine et ensuite, je ne sais pas ce qui s’est passé. »

« Téo, tu promets de ne pas te mettre en colère ? » bredouilla l’adolescente, tournoyant ses doigts sur l’une de ses mèches blondes tout en rougissant violemment.

« Je ne promets rien du tout car je ne sais pas ce que j’ai à promettre. Alors, raconte plutôt ce qui s’est passé puisque tu étais là. Et je veux tous les détails, c’est compris ? Je veux savoir exactement ce qui s’est passé. Ne me mens pas. »

« Euh … Je peux te dire alors ce qui s’est passé depuis le début. Enfin, après que tu te sois noyé, j’ai alors euh … ben, j’espère que tu me croiras. »

« Me dit pas que c’est Touko qui est venu me sauver hein ? Oh punaise … »

« Si, si ! C’est elle ! C’est elle qui est venue te sauver ! Et puis, elle t’a fait aussi un massage cardiaque et du bouche-à-bouche ! » mentit aussitôt Bel, ne comprenant pas pourquoi elle faisait une telle chose. Téo émit un petit rictus de surprise avant de répondre :

« Et … mer … J’aurai quand même préféré une autre façon pour mon premier baiser. En plus, avec elle quoi ! Purée ! Y a de quoi être dégoûté ! »

« Ben, tu n’aimes pas Touko ? Elle est pourtant très gentille non ? Pourquoi est-ce que tu ne l’aimes pas ? Je pensais que … Enfin bon … Ca te ferait plaisir que ça soit elle. »

« Ouais, bien sûr. C’est pas qu’elle est vilaine mais vu son caractère, j’aurai encore préféré que ça soit toi plutôt qu’elle. Question de principe. »

De principe ? Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Comme s’il venait de comprendre ce qu’il venait de proférer, il détourna le regard, reprenant aussitôt :

« Attention, ne te fait pas des idées, Bel. C’est comme choisir entre mourir par la fusillade ou la pendaison. Je préférai encore la fusillade car c’est fait en un instant. »

« C’est moi qui t’ai sauvé. » bredouilla Bel, baissant la tête en rougissant.

« Hein ? Quoi ? J’ai cru mal entendre, Bel. Qu’est-ce que tu viens de dire ? » demanda Téo, cherchant à savoir s’il avait rêvé.

« C’est moi qui t’ai fait du bouche-à-bouche aussi. »

Il se statufia sur place, ne disant plus un mot alors qu’elle se triturait les doigts, n’osant plus le regarder. Pourtant, elle continuait de parler, bafouillant :

« Téo, tu sais, moi aussi hein ? J’ai jamais fait ça. Puis bon, en même temps, tu m’as craché de l’eau sur la figure puis j’ai continué encore un ou deux fois jusqu’à ce que tu sois plus chaud à l’intérieur. Puis finalement, tu as arrêté de cracher de l’eau mais j’ai préféré encore vérifier une fois et voilà tout … C’est tout. »

Ok. Il devait reprendre ses esprits. Il avait signalé qu’il aurait préféré que ça soit avec Bel pour le sauvetage plutôt qu’avec Touko. Il avait pensé que c’était cette dernière qui lui avait sauvé la vie et non pas Bel. Mais voilà que Bel lui avait menti avant de signaler la vérité et d’annoncer que c’était elle qui lui avait sauvé la vie et embras … fait du bouche-à-bouche.
Oh purée … La honte … La honte. Il ne savait plus du tout où se mettre. Il ne savait plus où regarder, ce qu’il devait faire ou surtout quoi dire. Ce n’était pas dans ses habitudes d’être gêné mais là, il y avait de quoi l’être. Surtout que c’était Bel. Elle n’était pas vilaine du tout, il était certain que beaucoup de garçons auraient aimé être sauvés par elle mais là … Là … Pfiou … Il devait reprendre un peu ses esprits car là, il était perdu voir bouleversé.

Enfin non … Il en avait parlé à N et Bel lui avait sauvé la vie … Il était alors normal de lui en parler. Il tapota le lit à côté de lui, reprenant la parole :

« Bel … Si tu veux bien te rapprocher de moi, j’ai quelque chose à te dire. »

« Hein ? Oui, bien entendu, Téo. » dit l’adolescente aux cheveux blonds, un peu surprise du ton employée par Téo. Elle se rapprocha de lui, venant s’asseoir à ses côtés alors qu’il gardait toujours la couverture sur son corps. Ah … Bon … Il devait le lui dire … C’était normal, c’était son amie. Bel était celle qui lui avait sauvé la vie. Il lui en était redevable et pour ça, il devait le lui dire. Il murmura faiblement :

« Bel …Je … Tu sais, la fatigue qui m’envahit, le fait que je ne marche pas très rapidement, que je ne suis pas très fort non plus, enfin … Toutes ces choses … Je … Comment te dire exactement pour que tu n’aies pas de soucis pour comprendre. Je suis malade, vraiment très malade. J’ai une maladie grave qui s’appelle une myasthénie. Elle consiste tout simplement à ce que mon corps se paralyse au fur et à mesure de l’avancée de la maladie. Ainsi, si des fois, si je ne montre aucune émotion au visage, ce n’est pas que je n’ai aucun sentiment, c’est juste que mon visage ne réagit pas. Des fois, j’ai aussi des paralysies sur mes muscles, cela peut toucher mes cuisses comme mes bras ou plus gravement mes poumons, mon cœur, enfin toutes ces choses. Je pourrai t’en parler pendant des heures mais je ne veux pas me plaindre. »

Sans prévenir, elle se jeta à moitié sur lui, venant l’enlacer longuement. Et voilà, elle allait exprimer de la pitié à son égard. Maintenant, elle allait tout faire pour éviter qu’il ne se blesse ou autre. Comme d’habitude … Ah … Bon … Pour l’heure, ça ne faisait rien et puis, de toute façon, il avait encore besoin de parler.

« Bel, tu sais pourquoi j’ai commencé à voyager en tant que dresseur pokémon ? »

« Je ne sais pas … Pas pour devenir maître pokémon, ça c’est sûr. » marmonna l’adolescente toujours la tête plongée contre la poitrine de Téo.

« J’ai besoin d’argent, de beaucoup d’argent. Beaucoup plus que tu ne le crois. J’ai besoin de devenir le maître pokémon … ou plutôt de le battre. »

« Pourquoi ça ? Car il te donne de l’argent non ? Ou alors … C’est autre chose ? »

« Bel, tu as été à l’école, n’est-ce pas ? Donc je pense que tu es au courant. Mais je veux bien te l’expliquer une nouvelle fois au cas où. Alors … Je … Comment te dire cela. Quand tu récupères un badge, généralement, ils te donnent un médaillon, n’est-ce pas ? Ce médaillon peut être échangé contre de l’argent. Il en est de même au final pour la ligue pokémon. Lorsque tu arrives à battre l’un des membres du conseil des 4, tu récupères aussi un médaillon, tu es d’accord sur ce point ? »

« Oui, oui, bien entendu, Téo … Mais ensuite ? Est-ce que tu veux parler du cas spécial ? »

« Visiblement, tu sais ce que je veux évoquer. Mais d’abord, il faut le signaler. Chaque mois, un tournoi est organisé sur le plateau de la ligue pokémon. Celui qui gagne ce tournoi a le droit d’affronter le conseil des 4 puis le maître pokémon. Néanmoins, celui qui gagne ce tournoi ne pourra combattre le conseil qu’une fois tous les trois mois. Par contre, rien ne l’empêche de participer chaque mois au tournoi mais dans le cas où il gagne, ça serait tout simplement le second qui prendrait sa place. »

« Je connais ça … Oui, oui, je connais parfaitement ! Enfin bon, je … Je connais bien mais de loin, très loin même. Enfin, à peu près. »

« Et tu sais que si tu arrives à battre le maître pokémon, tu peux décider de ne pas prendre sa place ? Mais en contrepartie, tu ne pourras pas devenir maître pokémon pendant un an ou deux, je ne sais plus. Enfin, si tu décides de ne pas prendre sa place, à la place, tu as le droit à une forte récompense en argent. C’est pour ça que le délai est bien plus long, pour éviter qu’une seule et même personne ne continue d’accumuler de l’argent. D’ailleurs, je crois qu’il est uniquement possible de faire cela que deux ou trois fois. Après, tu es obligé de devenir le maître pokémon de la ligue mais bon … Réussir à battre le conseil des 4 et le maître pokémon une fois, c’est déjà un grand exploit. »

« C’est pour ça … Téo, hein ? Tu veux devenir le maître pokémon de la ligue d’Unys ? »

« Bien entendu … Au moins, comme ça, j’arrêterai d’inquiéter ma mère et surtout, je ne serai plus un poids. Tu ne peux pas savoir comme ça coûte horriblement cher tous ces médicaments. Tu peux facilement te ruiner à cause de tout ça. »

« Je veux bien te croire, Téo … Je veux bien te croire. »

Mais elle ne quittait pas les bras de l’adolescent, semblant très bien dans ces derniers. Lui ? Il ne faisait rien pour éviter cela, c’était même tout le contraire. Il la gardait contre lui, ses mains posées sur le dos de Bel. Et maintenant ? Qu’est-ce qu’il pouvait dire ?

« Ne me prends pas en pitié, ça me ferait encore plus mal que ce que j’ai actuellement, d’accord ? Je suis malade, je le sais mais tu vois, je ne m’en plains pas. On doit vivre avec ce que l’on a. C’est tout … »

« Téo … Dis, dis … C’est pour ça que tu te montres aussi méchant avec les autres ? »

C’était quoi cette question stupide ? Elle redressa la tête, le regardant de ses yeux émeraude et brillants, un peu en larmes sans qu’il n’en sache la raison. Il répliqua aussitôt :

« Ce n’est pas du tout la même chose ! Compare ce qui est comparable ! »

« Mais je ne veux pas comparer. Je veux juste savoir pourquoi tu es si méchant avec les autres Tu n’aimes pas quand on s’intéresse à toi ? »

« Ce n’est pas du tout ça, Bel … Loin de là. Comme souvent, tu comprends tout simplement à moitié. Mais bon … J’ai pris l’habitude avec toi. »

« Mais euh … Tu vois, tu es encore méchant, Téo ! » rétorqua Bel, tirant légèrement la langue alors qu’il haussait les épaules. Il lui en fallait peu pour qu’elle pense ça.

« Disons que je suis plutôt réaliste, Bel, c’est pas la même chose. Enfin, tu comptes rester dans mes bras pendant combien de temps ? Et bien sûr, je veux que ça soit clair, tu n’en parles à personne. Surtout pas à Touko et aux autres, c’est compris ? »

« Bien sûr … Ca sera notre secret à tous les deux, Téo. »

« Ouais, bien entendu, notre secret … Et purée, il faudrait que j’aille prendre une douche maintenant. Tu veux bien te pousser un peu ? »

« On ne peut pas rester plus longtemps comme ça ? Un tout petit peu ? »

Même pas en rêve, c’était quand même plus que gênant et même s’il sentait lui aussi qu’il se rapprochait de Bel, il valait mieux stopper là. Il n’avait pas d’avenir avec elle … tant qu’il ne serait pas soigné. Et après ça ? S’il arrivait à se soigner ? Ah … Il verrait en temps et en heure, ce n’était pas le moment de se poser ce genre de questions.

« Bon … Tu me libères ou alors j’utiliserai la force pour ça. » continua de dire Téo bien qu’elle ne le relâchait pas. Il se leva sans un mot, Bel faisant de même de son côté. Finalement, ce fut lorsqu’il se trouva dans la salle de bain qu’elle le relâcha.

« Téo, ne ferme pas la porte non plus hein ? Si tu ne vas pas bien, je … »

« Même pas en rêve ! Tu ne crois pas que je vais te permettre de me voir à poil non plus ! »

« Si c’est comme ça, tu te mets en maillot de bain et moi aussi ! On prend alors un bain tous les deux ! Comme ça, je suis sûre que tu ne fais pas de bêtises ! »

« DE-HORS ! » hurla l’adolescent de toutes ses forces tout en désignant la sortie à Bel. Celle-ci une profonde moue boudeuse mais il l’attrapa par le col, la tirant hors de la salle de bain avant de reprendre : « Non mais, je te jure ! Y a des limites à l’inquiétude hein ? »

« AIE ! Ça fait mal, Téo ! Très mal de ta part ! VILAIN ! Pour la peine, je viendrai t’embêter toutes les deux minutes pour savoir si tu vas bien ! »

Ah ouais ? Ben qu’elle le fasse ! Ca ne le gênait pas du tout ! Il ferma la porte à clé, se déshabillant avant d’aller dans la baignoire. Aussitôt, des coups répétés se firent entendre à la porte, Bel venant dire :

« Téo ! Tu vas bien ? Dis, dis ? »

« Je viens à peine de rentrer dans la baignoire ! N’abuse pas non plus ! » hurla-t-il.

« Ben on ne sait pas … Tu aurais pu glisser dans la baignoire et te faire très mal, Téo. »

« Y a que toi pour te planter de la sorte ! Maintenant, arrête de m’embêter ! Je vais bien, je ne suis pas au seuil de la mort ! »

« On ne sait pas, Téo ! On ne sait pas ! Je reviens dans deux minutes ! » cria l’adolescente alors qu’il laissait s’écouler l’eau dans la baignoire.
AH ! Un bain … En y réfléchissant, cela faisait depuis longtemps. Mais était-ce l’eau qui lui donnait l’impression d’être si soulagé ? Ou alors, était-ce peut-être le fait qu’il avait finalement avoué à Bel au sujet de sa maladie ? Il ne savait pas.
HEh

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