Chapitre 59 : Cornet de glace au chocolat

ShiroiRyu
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Chapitre 59 : Cornet de glace au chocolat

« Veuillez applaudir nos deux vainqueurs : Thierry et Lapinette ! »

Cela ne faisait que rajouter une nouvelle victoire à son palmarès mais il s’en fichait pas mal. Ce n’était pas ça qui l’intéressait personnellement. Bien entendu, il était heureux de gagner et il s’inclina avec un grand sourire devant les nombreux spectateurs venus pour ce concours. Il avait menti… Il continuait de faire quelques combats pour le plaisir. Il ne recherchait plus les badges puisqu’il les avait déjà, ni la gloire… Il faisait simplement ça pour s’amuser et vivre. Avec l’argent gagné dans les tournois, il arrivait à faire sa petite vie vagabonde. C’était comme ça qu’il vivait… Il n’avait pas d’endroit fixe mais cela ne le gênait pas. Une quinzaine de minutes après quelques autographes signés pour ses fans, il poussa un léger soupir, regardant le ciel.
Du temps s’était écoulé depuis qu’il avait quitté Sinnoh. Combien ? Il ne pouvait pas le dire, il ne s’amusait pas à compter le nombre de jours où il n’avait plus vu son visage. Lapinette se montrait moins entreprenante mais toujours très affectueuse. Elle savait que le cœur du jeune homme était pris par Cynthia et elle ne pouvait pas empêcher Thierry de l’aimer. Maintenant, il restait là, vagabondant sans réels buts dans la vie. C’était bien ce qu’il avait dit à Cynthia : Puisque les maîtres élémentaires n’étaient plus là, il ne savait pas se donner une idée de ce qu’il devait faire. Oh… Il attendait le jour où elle allait arriver… Où elle allait le prévenir qu’elle arriverait à Hoenn pour le voir.

« Cela fait trop de temps à mon goût. »

Il regarda l’écharpe blanche autour de son cou. Le premier cadeau reçu avec la première lettre de la jeune femme. Il l’avait un peu oublié et il s’en était voulu. Comme si elle avait deviné ses pensées, Cynthia lui avait envoyé son écharpe blanche avec un petit mot doux et affectueux. Ils étaient deux gamins… Deux parfaits gamins mais cela lui convenait parfaitement. Du moins, il trouvait ça tendre et attachant d’écrire des lettres à la personne qu’on aimait mais qui n’était pas près de nous.

Aller… Pour aujourd’hui, il avait donné ! Direction l’hôtel où il demanda une chambre double bien qu’il n’y avait personne avec lui, c’était simplement… pour s’habituer à imaginer le corps de la jeune femme contre lui. C’était de plus en plus difficile au fil des journées et c’était logique mais qu’importe, l’image de la jeune femme restait gravée dans sa mémoire. Même si cela ne remplaçait pas le contact physique, ça lui suffisait.
Oh… Il avait de nombreuses admiratrices qui tentaient d’avoir un rencard avec lui mais ce n’était pas vraiment pour ça qu’il continuait les combats et les concours. Il refusait poliment chaque marque d’affection de la part des jeunes femmes tandis qu’il émettait un petit sourire désolé à chaque fois. Il s’écroula sur le lit de son hôtel, observant maintenant le plafond avec un grand soupir.

« Je me demande ce qu’elle fait… »

Les dernières lettres parlaient de ses recherches sur Dialga et Palkia, deux entités qui d’après les légendes, avaient crées l’île de Sinnoh. Elle avait maintenant un peu plus de liberté puisqu’il n’était plus là et donc, elle se rendait dans de nombreuses bibliothèques. Il était heureux pour elle, très heureux. La savoir en train de fouiner dans des livres lui arrachait un petit sourire, il se rappelait maintenant la scène de Verchamps… où il avait un peu haussé la voix contre elle. Et ainsi de suite… Avec sa petite glace à la vanille.


Le second avait été un peu plus spécial… et personnel on pourra dire. Il ne le montrait à personne comparé à l’écharpe blanche car disons… que cela ne se montrait pas vraiment à d’autres personnes. Il ouvrit son portefeuille, sortant une photo en l’observant avec un grand sourire : Cynthia était encore plus magnifique dessus et cela se comprenait ! Elle était en petite tenue noire ! Ce n’était même pas la nuisette noire habituelle, non c’était autre chose… Un ensemble de dentelle noire et elle s’était couchée sur son lit avec une position aguicheuse.
Lorsqu’il avait reçu la photo, il l’avait rapidement caché pour éviter que Lapinette la voie, ne sachant pas quoi faire. Qu’est-ce qui lui avait pris ?! C’était la première idée qu’il avait eut en tête en voyant la photo. Lorsqu’il avait écrit la lettre pour la remercier, il n’avait pût s’empêcher de faire son homme légèrement jaloux pour savoir qui avait fait cette photo. Puisque elle était dessus, ce n’était pas elle… Et c’est elle qui lui répliqua que des minuteurs étaient disponibles sur les appareils photos.

« Moi et la technologie moderne, vraiment… »

Il rigola légèrement sur son lit d’hôtel, observant la photo à nouveau avant de faire ce qu’un amoureux transi ferait. Il embrassa la jeune femme qui s’y trouvait : C’était pathétique et complètement niais, mais cela permettait à Thierry d’exprimer son amour envers elle. Il alla s’enfouir dans les draps du lit d’hôtel, fermant ses yeux en poussant un soupir de bonheur. C’était une vie comme une autre… avec une petite amie au loin. Au final, ce n’était pas si embêtant que ça de ne pas avoir de buts dans la vie.


Quelques jours s’étaient écoulés à nouveau et il vagabondait dans la forêt, ayant décidé de se balader dedans. Aujourd’hui, pas de concours ou de combat, c’était l’aspect détente. Du moins, c’était son idée à la base mais comme d’habitude, il fallait que tout ne tourne pas rond. Un petit Kraknoix était en train de s’enfuir, poursuivi par plusieurs Medhyena. Le petit scarabée à la grande gueule en forme de pince se faisait rattraper peu à peu et il poussa un profond soupir, s’approchant du Kraknoix en le soulevant.

« Je peux savoir ce que vous comptez faire maintenant ? »

Son ton n’était ni autoritaire, ni malveillant. Néanmoins, ses yeux rubis montraient clairement qu’il ne plaisantait pas. Les trois Medhyena grognèrent avant de s’éloigner. Vraiment… Il ne pouvait même pas avoir une minute de repos au final. Sans un mot, il déposa le Kraknoix sur le sol, faisant un petit geste de la main pour lui dire de s’en aller. Deux Libegons firent leurs apparitions, soulevant le petit scarabée avant de s’éloigner.

Aucun remerciement… Mais ce n’était pas pour cela qu’il avait fait une telle chose. Il était comme ça et c’était normal. Il haussa les épaules, sortant sa Leuphorie pour faire quelques pas avec elle. La créature rose en forme de boule lui faisait la conversation, lui parlant du beau temps, de tout et de rien. Il ne comprenait pas tout mais ce n’était pas pour ça qu’il n’appréciait pas de dialoguer avec Lachanceuse. Au moins, il discutait et cela lui permettait d’avoir un semblant de sociabilité. Ce n’était pas qu’il était asocial, loin de là… mais seulement… Il préférait rester un peu seul tant qu’il n’avait pas Cynthia avec lui. Il avait plus l’habitude de dialoguer avec la jeune femme qu’avec les autres.

« Dix ans à jouer un rôle… A force, on s’y habitue. »

« Leuphorie ? Leupho ? »

« Ah non. Je ne parlais pas à toi, Lachanceuse. Je réfléchissais à voix haute. »

Il rigola légèrement, la Leuphorie ne comprenant pas vraiment la réaction du jeune homme. Celui-ci prit la patte de sa pokémon dans sa main droite tandis qu’il caressait son crâne de la main gauche. Maintenant, il n’avait plus à se cacher et à montrer à quel point il aimait ses pokémons. Ce genre de gestes d’affection, c’était tout naturel pour lui. La Leuphorie se laissa faire, fermant ses yeux pour apprécier pleinement ce geste.

Ils étaient passés de l’autre côté de la forêt sans même s’en rendre compte. Combien de temps avaient-ils marché ? Beaucoup trop puisque qu’ils avaient quitté les bois. Bah… Ce n’était pas dramatique mais cela voulait dire que ce soir, il allait dormir autre part. Il rappela sa pokémon pour la faire rentrer dans sa pokéball, mettant les deux mains dans les poches tout en se dirigeant vers la ville la plus proche. A force… Il connaissait les lieux quasiment parfaitement. Il n’avait pas une mémoire d’éléphant mais visuelle.

D’autres journées étaient passées et il n’arrivait pas à retirer l’inquiétude qui était peinte sur son visage. Cynthia ne lui avait pas répondu ! Pourtant, sa dernière lettre était partie depuis environ deux semaines. Il se demandait si elle était malade ou non. Si c’était le cas, il serait venu à Sinnoh mais elle ne l’aurait pas prévenu. Il en était sûr et certain. Il envoya une nouvelle lettre à partir d’un Roucarnage, l’un des envois les plus rapides et coûteux existants. Il ne lésinait pas sur les moyens. L’oiseau disparaissait déjà dans le ciel.

« Mais qu’est-ce que tu fais, Lapinette ? »

« Lockpin ? Lock ? Lockpin lock lock ! »

« Ne dit pas ça s’il te plaît ! Elle ne m’a pas oublié ou trompé ! Cynthia n’est pas comme ça. »

Lapinette se cacha les yeux avec ses deux longues oreilles, confuse et gênée d’avoir dit une telle chose. Elle n’était plus aussi jalouse qu’auparavant mais elle ne pouvait s’empêcher de titiller le jeune homme sur certains points. Il passa une main sur son front, essuyant la sueur sur celui-ci. Il faisait de plus en plus chaud, ils se rapprochaient de l’été. Il se dirigea vers un marchand de glace, sortant déjà quelques pièces de sa poche.

« Vous avez quoi comme parfum ? »

« Et bien… Regardez devant vous. Même par cette chaleur, mes stocks sont presque au complet donc à vous de choisir. »

Il hocha la tête, s’excusant de sa maladresse. La prochaine fois, il éviterait de poser une question aussi stupide. Il regarda les différents goûts : Pistache, chocolat, noix de coco, banane, vanille, fraise, y en avait vraiment beaucoup… Enfin bon, il avait déjà choisi dans sa tête et il redressa son regard pour l’avoir en face du marchand :

« Un cornet à la vanille. »

« Comme vous le désirez. Et pour la demoiselle derrière vous ? »

« Si ce jeune homme veut bien me payer une glace, je prendrais avec du chocolat. Ca changera de mon choix habituel. »

« Allons bon… Au moins, elle ne manque pas d’humour. Tenez, prenez la monnaie nécessaire pour les deux cornets, c’est la maison qui offre. »

Il avait un petit sourire aux lèvres, récupérant sa glace à la vanille avant de s’éloigner. Il n’avait même pas jeté un regard à la femme derrière lui : Cela avait suffit à égayer sa triste journée. Il alla s’asseoir sur un banc, sortant un livre qui parlait de Kyogre et Goudron, deux pokémons considérés comme légendaires dans Hoenn. Et oui ! Lui aussi s’était mis à la mythologie de son île. Quelqu’un alla s’asseoir à côté de lui, le jeune homme ne levant pas le regard, la tête plongée dans son livre :

« Il vaudrait mieux éviter de manger une glace devant un livre… surtout si ce dernier n’est pas votre propriété. »

« J’ai pas à m’en faire. Pour la saleté, je m’y ferais et c’est mon livre. Merci bien de vous inquiéter, je retourne à ma lecture. »

« Combien de temps faut-il à un homme normal pour que ses neurones se connectent entre eux et remarquent la personne à côté de lui ? »

« Hein ? Comment ça ? C’est quoi cette question ? »

Il releva finalement le regard de son livre, lâchant subitement sa glace sur le sol en voyant la jeune femme qui se tenait devant lui. Ces cheveux blonds… Ces rubans noirs… Et cette tenue avec un léger décolleté. La jeune femme léchait avec amusement sa crème glacée au chocolat devant le regard ébahi de Thierry :

« Mais … Comment… Pourquoi ? Je… »

« Tu as fait tomber ta glace, jeune homme. Comme tu as payé la mienne, il est normal que je t’en donne une partie, non ? »

Avec un grand sourire, elle darda sa langue hors de sa bouche, venant prendre un peu de crème glacée au chocolat pour la déposer sur sa langue. Elle jeta le reste de sa glace au sol, rapprochant ses lèvres rapidement vers celles de Thierry, enfouissant sa langue dans la bouche du jeune homme, y déversant la crème glacée.
Comme baiser de retour, il ne se serait pas attendu à mieux de la part de Cynthia. En plus de la langue de la jeune femme, il sentait le délicieux et délicat goût de chocolat donnant à ce baiser une saveur des plus particulières. Outre le fait qu’ils venaient de se retrouver, ce baiser montrait à quel point leurs sentiments respectifs n’avaient pas disparus.
Plusieurs personnes détournaient la tête de la scène, les embrassades en public et surtout d’une façon aussi ouverte étaient une source de gêne mais très rarement pour les deux personnes qui s’embrassaient. La jeune femme retira après une vingtaine de secondes ses lèvres tandis que Thierry essayait de se remettre de ces émotions.

« Mais qu’est… Pourquoi tu es là ? »

« C’est la seule question que tu te poses en me voyant ? Comment devrais-je le prendre, Thierry ? »

« Mais… Je t’ai envoyé des lettres et aucune réponse ! »

« Tu n’es pas facile à suivre, tu sais ? Je suis à Hoenn depuis plusieurs semaines mais je ne l’ai pas signalé dans les lettres. C’est pour ça que je n’y répondais pas. »

« Mais mais mais… Attend un peu. »

« Pas besoin d’attendre ! Maintenant, on peut vivre tous les deux ! »

Elle éclata de rire, se levant en tendant sa main vers Thierry. Celui-ci la récupéra, ne sachant pas vraiment ce qu’il devait dire. Ce n’était pas un rêve… La jeune femme était bien devant lui ! Elle était en chair et en os ! Avec tendresse, elle serra la main de Thierry dans la sienne, collant sa tête contre son épaule.

« Et si… Nous allions faire une petite promenade tous les deux ? »

« Heu… Bien entendu ! Et tu pourras m’expliquer pourquoi tu es là ? »

Il avait une petite idée de sa réponse mais il préférait ne rien dire. Peut-être qu’elle venait là à cause d’autre chose. Cela l’étonnerait mais bon… Il restait méfiant… pendant quelques secondes. Elle lui faisait un sourire si tendre qu’il lui était impossible de penser ça. Les minutes qui défilèrent furent les meilleures de son existence depuis tellement de temps. Elle était vraiment là… à côté de lui… sa tête posée sur son épaule.

« Tu m’as manqué, Thierry. Les lettres, c’était quelque chose mais toi… »

« A qui le dis-tu. La photo, c’était très bien mais ça ne vaut rien comparé à la personne qui s’y trouve. Tu vois de quoi je parle ? »

« Bien entendu, imbécile. Tu l’as gardé pour toi, j’espère. »

« Hey ! Je n’allais pas la donner à quelqu’un d’autre. C’est l’un de mes trésors ! »

Ils rigolèrent ensemble tandis qu’ils s’avançaient dans l’herbe. Il y avait quelques rares couples qui pique-niquaient mais ils marchaient jusqu’à trouver un coin à l’abri et isolé des regards. Lorsque ce fut le cas, ils retirèrent leurs chaussures, l’un contre l’autre. Pendant plusieurs minutes, ils restèrent ainsi, immobiles et satisfaits de ce moment. Puis enfin, il prit la parole, la question qui le taraudait allant avoir une réponse maintenant :

« Si tu es là, est-ce que ça veut dire que… »

« Et oui, Thierry. Je ne suis plus la maîtresse de Sinnoh. Dorénavant, quelqu’un d’autre se chargera de protéger l’île à ma place. Cette personne sera épaulée par Lucio et les autres membres du conseil des quatre. Moi, je suis libre comme l’air. »

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