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Chapitre 8 : Souvenir d’enfance
« J »ai l’air d’un véritable espion à me comporter de la sorte. Je suis risible. »
Mais tout cela le dérange complètement. Il y a une chose qu’il n’arrive pas à comprendre et cela l’embête. Il n’aime guère quand il n’a pas toutes les informations en main. C’est pourquoi il se trouvait une nouvelle fois à observer le jeune garçon aux cheveux blonds pendant son travail mais maintenant discrètement, pour que nul ne le remarque. Il n’avait pas besoin de se montrer aux autres, il travaillait en catimini.
« Rien de spécial pendant son travail. Alors où est le problème ? »
« HEY ! Earnos, l’heure de la pause, tu peux aller prendre une heure pour toi ! »
« Comme vous le voulez, je reviendrais alors. » déclara l’enfant aux cheveux blonds, arrêtant sa foreuse qui avait toujours une sale mine. Jusqu’au bout, il n’utiliserait pas la nouvelle, n’est-ce pas ? Malgré tous les efforts de Terria pour cela. Car oui, la jeune fille avait continuer à vouloir se faire pardonner.
« Autant d’efforts qui ne seront jamais récompensés, c’est désolant … vraiment désolant. »
Mais ce n’est pas à lui de faire justice, loin de là. Peut-être qu’en sachant ce qui se passait réellement, il pourrait alors savoir si la raison qui poussait Earnos à ne pas apprécier la princesse était légitime ou déplacée. Et quand il la saurait ? Il la garderait pour lui-même. Ce n’était pas à lui de décider ou de dire exactement ce qui s’était passé.
« Je vous jure … elle va encore venir me déranger, hein ? »
« Earnos, est-ce que … je peux parler ? »
La princesse Terria était cette fois-ci accompagnée par quelques gardes. Elle tenait toujours cette foreuse en main. La mine était attristée et dépitée. C’est vrai, il s’en voulait. Il n’était pas là pour elle dans ces moments plus que difficiles.
« Je n’ai rien à vous dire. Je n’ai pas de temps avec ces bêtises. »
« Mais est-ce que je peux dire quelque chose ? Laisser la foreuse ? S’il te plaît ? »
« Hors de question, tu risquerais de soulager ta conscience. Je m’en fiche, tu n’as qu’à la garder, c’est aussi simple que ça ! Maintenant, je retourne au travail ! »
« Princesse Terria, les ouvriers nous regardent. Vous devriez arrêter de venir, même si la reine Seiry elle-même vous y autorise. Cela ne sert à rien. »
« Oui mais non ! Je reviendrais, encore et encore ! Pourquoi est-ce qu’Olistar n’est plus là ? Au moins, il m’aurait aidé à comprendre … mais il a complètement disparu. »
Il la voyait passer à côté de lui alors qu’il évitait de se faire remarquer. Bête, c’est terriblement bête mais il ne veut pas revenir auprès d’elle tant qu’il ne sait pas. Mais cette fois-ci, il est bien décidé à découvrir la vérité … aujourd’hui !
« Je vous jure, elle va me coller encore longtemps ou quoi ? Si elle voulait vraiment se faire pardonner, elle n’avait alors qu’à se rappeler de tout ça et rien d’autre. »
Mais se rappeler de quoi ! C’est ça qu’il veut savoir ! Pourquoi est-ce que l’enfant fait autant d’efforts pour ne pas apprécier ceux de la jeune fille insecte ? Finalement, la réponse ne tarde pas à arriver, l’enfant murmurant :
« Si seulement elle se rappelait … qu’elle me connaissait depuis … autant de temps … depuis toutes ces années. Et cette promesse que j’ai faite à sa mère et à elle-même ? Ca montre qu’elle en avait vraiment rien à faire de moi. »
Hein ? Il connaissait la princesse depuis des années ? Mais il est si jeune ! Mais surtout, il est sûr que l’enfant dit la vérité. Pourquoi mentirait-il alors qu’il est seul ? Il n’est pas au courant qu’il est là, lui. Olistar se chuchota à lui-même :
« Donc … Earnos et la princesse se connaissent depuis tout ce temps. Ce n’est pas seulement l’acte en lui-même qui force Earnos à ne pas pardonner à Terria mais cet oubli. »
« Pfff, de toute façon, elle va finir par abandonner, ça sera mieux. »
L’enfant aux cheveux blonds tape dans le sol d’un petit geste du pied avant de se remettre au travail. La pause était terminée et il ne devait pas trop en profiter ! Il prit une profonde respiration, puis sa foreuse avant de l’activer. Pendant ce temps, Olistar s’était éloigné avec discrétion : il avait finalement obtenu ce qu’il désirait. Nul besoin de rester.
« Princesse Terria ? Je suis de retour. »
« Snif … Ah ! Te voilà! Tu disparais comme ça, sans même prévenir, et pendant des semaines ! Ma maman m’a prévenu à ce sujet mais ça change pas que ça se fait pas ! Pas du tout, Olistar ! Vraiment vilain ! »
Il avait remarqué les yeux rouges de la jeune fille mais il préféra ne pas en parler, il valait mieux. Pourquoi avoir plus de problèmes qu’il n’en faut ? Il s’inclina respectueusement, murmurant d’une voix lente et calme :
« Je tiens à m’en excuser mais je peux vous affirmer que je suis revenu … et que je ne comptes pas repartir à nouveau. Si cela peut vous rassurer dans mes intentions. »
« Snif, tu peux rester, je t’y autorise, oui. Mais la prochaine fois, tu me dis aussi pourquoi est-ce que tu pars ! Car là, même maman m’a dit que je devais pas te demander. »
« Je vous le promets, encore une fois, je peux me répéter si cela s’avère nécessaire. »
« Alors fais-le, maintenant ! S’il te plaît … snif. »
« Je vous le promets une nouvelle fois, princesse Terria, je vous servirais, comme le veut mon peuple et le royaume. Je continuerais de vous protéger qu’importe l’endroit où … »
« C’est bon, c’est bon ! N’en dit pas plus ! Je … désolée … je vais pas bien. »
« A cause d’Earnos, n’est-ce pas ? Cet enfant-Aspicot. Je sais que vous allez le voir tous les jours, avec cette foreuse. Vous êtes remarquable. »
« Je sais pas pourquoi je le fais, je sais pas du tout mais … j’ai l’impression que si je me fais pas pardonner par lui, je le regretterais toute ma vie. »
Et c’est chose normale mais il ne peut pas se résoudre à le dire à la princesse Terria. Il n’a pas à jouer les entremetteurs entre elle et le garçon-Aspicot. Il reprit d’une voix calme :
« Continuez sur cette voie, ne soyez pas la première à abandonner et je suis sûr qu’alors Earnos reconnaîtra tous vos efforts et qu’ils payeront un jour. »
« Tu le crois vraiment ? Vraiment de vrai ? Tu le crois, Olistar ? Merci … Ca me rassure un peu, j’ai toujours l’impression que tout ce que je fais est vraiment inutile, snif. »
« Ca ne l’est pas et ne laissez personne vous dire cela, est-ce bien compris ? Vous faites des efforts pour vous excuser et cela est juste remarquable. »
« Mais si lui-même ne le remarque pas … ça ne sert à rien, snif. »
Visiblement, elle est déboussolée et décontenancée. La petite Apireine humanisée a les yeux baissés tandis qu’elle serre la foreuse contre elle. Rien n’y fait, n’est-ce pas ? Il n’y a donc aucune solution pour la sauver ? Du moins, l’aider ?
« Mais promis ? Tu restes à mes côtés maintenant, c’est vrai ? »
« Bien entendu, princesse Terria. Est-ce que vous pensez que je serais du genre à renier mes promesses inutilement ? »
« Tu me fais penser à Holikan quand tu parles comme ça, c’est assez drôle, faut avouer ! »
« Oh ? Ce garçon-Yanma ? Il ne m’apprécie guère mais qu’importe, ce n’est pas un souci, princesse Terria. Néanmoins, séchez vos larmes. Voulez-vous peut-être venir en cours avec moi ? Même si je pense que les autres élèves vous dévisageront … sauf si on vous cache le front et aussi votre tenue ! Hmm … Non ? »
« Tu ferais vraiemnt ça ? C’est vrai que j’ai des professeurs particuliers mais c’est pas pareil que d’être entourée par d’autres garçons et filles ! On essaie, dis ? »
« On va essayer, princesse mais pour cela, il faudrait une cape et surtout que le professeur soit d’accord, je ne promets pas que ça sera simple, attention. »
« Ca ne fait rien, je te fais confiance pour que tu essaies, on va essayer ! »
Elle a retrouvé le sourire bien rapidement et cela lui suffisait. Bon, puisqu’elle allait mieux pour les prochaines heures et qu’il avait vraiment des cours d’ici une demie-heure, il pouvait utiliser ce temps pour trouver un déguisement pour la petite princesse. Il lui demanda de bien vouloir le suivre, chose qu’elle fit avec du zèle. Voilà, une capuche, de quoi cacher son front et aussi ses vêtements et c’était parfait. Elle était impossible à repérer pour les enfants.
Voilà. Quelques minutes plus tard, ils étaient tous les deux dans une salle de classe. Le professeur n’avait rien remarqué, surtout qu’ils avaient préparé un petit message écrit par la reine elle-même, qui semblait être amusée par l’idée.
« Ahem. Aujourd’hui, nous accueillons brièvement un nouvel élève dans notre classe. Je vous demanderais de ne pas trop le déranger et l’interroger, merci bien. »
Un message préventif qui n’était pas forcément très utile en ces moments puisque c’était sûrement une occasion unique qui n’allait pas se reproduire. Pourtant, elle s’installa à côté d’Olistar, celui-ci sortant ses livres.
« Tu sais écrire, n’est-ce pas ? Alors, si tu veux, tu prends des notes. »
Elle était d’abord surprise par le ton employé par Olistar, surtout le tutoiement mais comme elle comprenait que c’était principalement pour ne pas qu’elle ne soit pas repérée, elle ne vint rien dire. Elle ne fît qu’hocher la tête avant de prendre les affaires qu’Olistar lui tendait.
« Bonne chance, je suis sûr que cela te plaira. »
Peut-être était-ce le début d’une nouvelle chose pour Terria ? Mais celle-ci était déjà pensive sous sa capuche : et Earnos ? Est-ce qu’il pouvait avoir des cours lui aussi ? Elle n’y avait jamais pensé avant maintenant. S’il travaillait, il ne pouvait pas aller en cours alors non ? Il ne savait donc ni lire, ni écrire. C’était vraiment dommage ! Elle devait arranger ça !