- Épilogue : Toujours plus - 7 juillet 2021
- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Chapitre 89 : Quitte à tout prendre
« Mon sang… vient de couler. »
« Et ce n’est que le début, Père ! Il est temps que vous compreniez l’amour que je vous portes ! Il est temps que… »
« Ma Fille… Il y a certaines limites à ne pas dépasser. »
« Lesquelles ? Celles que vous ne voulez pas voir ? »
« Je suis vraiment… désolé… de faire une telle chose. »
Désolé ? De quoi ? Il prit une profonde respiration se tentant devant Giradès en baissant le regard pour l’avoir. Il releva son menton de sa main gauche alors que sa main droite se posait sur la joue de Giradès pour la caresser.
« Qu’allez vous… Qu’allez vous faire ? »
« Te punir… Giradès. »
Une vague d’énergie vint frapper Giradès, la faisant pencher sur le côté avant que la main gauche n’aille se poser sur sa poitrine en son centre. Une nouvelle vague d’énergie et elle fut complètement repoussée en arrière alors qu’elle semblait étonnée.
« Père… Père… Vous… Vous avez levé… »
« La main envers toi, c’est exact. J’en suis fort désolé. »
« Alors ce que… Ce que… Galpha disait… »
« Etait vrai. J’ai bien crée cette âme pour m’assurer que tu ne commettrais pas de bêtises. »
« Vous… Vous me haïssez donc à ce point ?! »
« Je ne peux pas te haïr. »
Il se moquait d’elle ! Ne pas la haïr ?! C’était faux ! Si il ne la haïssait pas, il ne lui planterait pas un couteau dans le dos ! Elle se releva, du sang doré s’écoulant de ses lèvres alors que le jeune homme créait une sphère complètement blanche dont un vent fort se soulevait autour.
« Vous vous moquez toujours de moi… Vous dites que vous m’aimez… Que vous ne me ferez jamais de mal mais ce n’est pas vrai ! Vous avez créé Galpha pour m’empêcher de faire ce que je désire ! Vous êtes… méprisable, Père ! »
« Méprisable ? Pourquoi mériterais-je un tel qualificatif ? »
« Car c’est ce que vous êtes ! Vous… Vous… Vous vous moquez bien de tout ça ! »
Elle ouvrit la bouche, créant une sphère de foudre avant de l’envoyer en la direction de Charkrowos. Celui-ci se la prit de plein fouet, ne semblant pas ressentir la douleur comme si tout ça ne l’avait pas affecté le moins du monde. Il disparu pour se retrouver à la hauteur de Giradès, plaçant sa sphère au niveau de son ventre.
« Vos tactiques ne marcheront plus contre moi ! »
« Et pourquoi une telle férocité dans tes paroles ? »
« Car vous n’êtes pas capable de cerner tout ce que je veux vous montrer ! »
Elle bloquait la main tenant la sphère avec les siennes avant de donner un violent coup de pied dans les parties intimes de Charkrowos. Celui-ci ouvrit ses yeux rubis par surprise : Qu’on le veuille ou non, qu’on soit un Dieu… n’empêchait pas de ressentir de fortes douleurs lorsqu’on se prenait un coup à cet endroit. Il s’écroula à genoux, ne gémissant pas bien qu’il plaçait ses deux mains sur son entrejambe.
« Vous voyez ?! Vous n’arrivez même pas à exprimer la douleur ! »
« Cela… fait très mal, Giradès. Tu devras… être châtiée. »
« Si vous en êtes seulement capable, Père ! Or, vous savez très bien que ce n’est pas le cas ! »
« Tu me sous-estimes ma fille. Tu… »
Elle le frappa du poing au visage, le faisant tomber au sol avant de donner plusieurs coups de pied rageurs sur le dos du jeune homme. Elle se comportait presque comme une enfant qui maltraitait quelqu’un qu’elle aimait et considérait comme important. Chaque coup de pied créait peu à peu un trou autour d’elle et lui alors qu’elle reprenait :
« Ca, c’est pour tout ce que vous m’avez fait père ! Toutes choses auxquelles je n’ai jamais eu droit ! Pourquoi Juperus avait-elle le droit à un monde ?! »
« Car tu ne me l’as jamais demandé… »
Il se laissait frapper et vu la férocité des coups de pied, Luna et Nelya pouvaient se douter qu’un seul d’entre eux briserait n’importe quel dos en deux… sauf le dos du Dieu Originel. Celui-ci se redressa faiblement, prenant la jambe droite de Giradès pour la faire tomber au sol. Elle poussa un petit cri, prenant appui sur ses deux bras pour pivoter sur elle-même, son pied gauche venant frapper le visage de Charkrowos.
« Lâchez moi, Père ! Ne me touchez plus ! Ne vous approchez plus de moi ! »
« J’en ai assez, Giradès. Tu te comportes comme une enfant. »
« Car je suis votre enfant ! Ne l’oubliez pas ! N’oubliez surtout pas ça ! »
Il la souleva par le pied droit, l’envoyant au sol avant de poser sa main sur le sein droit. Elle poussa un petit gémissement mais il ne semblait pas s’intéresser plus que ça à ce qu’elle murmurait. En fait, elle lui demandait de continuer… de rester comme ça. Vraiment… Elle était devenue complètement accro à lui. Il devait la soigner…
« Ma fille… Je sais ce que je vais te faire. »
« Qu’est… Qu’est-ce que vous allez faire ?! Qu’est-ce que vous n’avez pas encore fait qui pourrait me faire encore plus souffrir ?! »
« Je vais devoir te retirer la mémoire. »
« La… La… mémoire ?! Ma mémoire ?! »
« Je vais t’effacer tout ce qui a un rapport avec moi. »
« NON ! NE FAITES PAS CA ! »
Une puissante aura noire entoura le corps de Giradès, repoussant la main et le corps de Charkrowos pour le faire tomber au sol. Elle se redressa, serrant les dents alors que ses cheveux se collaient entre eux pour former un unique pieu blond au bord argenté. Elle… Elle ne voulait pas perdre la mémoire !
« Je vous en empêcherais ! Vous ne me prendrez pas ça ! »
« Je n’ai pas d’autre choix… A partir de là, tu arrêteras ta folie. »
« Vous n’êtes vraiment pas doué… »
Luna venait de siffler ces quelques paroles alors qu’il remarquait qu’il était proche de la sphère dorée. Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Pas doué ? Comment ça ? Elle reprit en voyant le regard interrogateur de Charkrowos :
« Vous faites pire que prévu. J’aimerais bien vous aider… mais vous êtes franchement mauvais en ce qui concerne les sentiments. »
« Ce n’est pas que je désire être… mauvais comme vous le dites, jeune fille. »
« Appelez moi d’abord Luna ! Ensuite, vous faites tout de travers. C’est pas vrai, Nelya ?! A se demander comment ce type a pu être Xano ! »
Hein ? De ? De quoi ? Pourquoi devait-elle prendre partie à tout ça ? Enfin bon… Les deux regards étaient posés sur elle. Ils attendaient une réponse… Mais quelle réponse ? Elle n’était pas franchement habituée à ce qu’une personne soit encore plus empotée qu’elle.
« Vous devriez… envisager les choses de différents points de vue. Vous pensez du point de vue universel mais vous… Que pensez vous réellement de tout ça ? »
« Je ne sais… pas. Je ne me pose pas ce genre de questions. Je suis le Dieu Originel, je n’ai pas à avoir de conscience et une âme propre. »
« Et bien, vous devriez. Je vous rappelle que c’est vous… en tant que Xano qui m’a appris à connaître mes sentiments. Il serait stupide que l’homme qui m’a fait découvrir le fait d’être une femme et l’amour ne soit pas capable de les comprendre lui-même. »
« Mais Xano n’existe plus… mademoiselle Nelya. »
« Il existera toujours tant qu’on pensera à lui. »
« CHARKROWOS ! NE M’IGNOREZ PAS ! »
Fini l’appellation par Père ? Elle était vraiment folle de rage et en colère. Elle allait lui faire regretter tout ça ! Elle s’était mise à voler dans les airs, créant plusieurs rayons autour d’elle, pour tout détruire sur son passage. Il créa une nouvelle sphère autour de lui, se protégeant tout en regardant le décor qui se désagrégeait autour d’eux.
« Vous devriez faire attention à ce que vous allez dire… »
« Et que dois-je dire ? Même si cela est bizarre de demander de l’aide… à des personnes, je crois que j’ai besoin de vos conseils. »
« Alors vous allez lui demander de discuter calmement entre vous et elle ! Ensuite, vous allez essayer d’arrêter de penser qu’aux autres… Du moins, pas pendant qu’elle est là ! »
« Ensuite… Vous allez lui dire simplement que vous n’allez pas lui effacer ses souvenirs car il n’y a pire chose que d’oublier l’être que l’on aime. »
« Et la laissez détruire encore plus de choses ? Je ne peux accéder à cette requête. »
« Vous n’avez pas le choix ! Je crois qu’au final, votre problème, c’est que vous êtes au-dessus de tous les autres, que personne ne vous remet en place ! Si Tyrania était là, elle vous ficherait bien des coups de pied là où je pense. »
« Tyrania ? Farankard, vous voulez dire. »
Farankard… au-dessus de lui ? Puisqu’il était l’entité au-dessus de tout le monde, nul ne pouvait lui donner d’ordres, nul ne pouvait réellement le mettre en danger ou l’inquiéter. Il était bien supérieur à tout ce qui existait dans l’univers et pour cause : Il l’avait crée ! Il observa Giradès qui semblait s’être calmée et épuisée par tout le déversement de rage qu’elle avait projeté autour d’elle.
« Je vais tenter de faire de mon mieux. »
« Faites le… et si vous avez besoin d’un avis, vous revenez. Nous… On ne peut plus rien contre elle de toute façon. »
Il hocha la tête, posant une main sur la sphère dorée autour des deux femmes et de Farankard. Celle-ci avait toujours un sourire aux lèvres alors qu’elle était morte… Et vide… Il déglutit sans réellement comprendre ce qui lui arrivait, se retournant pour faire front à Giradès. Il lévita au-dessus d’elle, se dirigeant vers la femme aux cheveux blonds, celle-ci haletant encore avant de s’écrier :
« Vous protégez ces insectes ?! Je… Je vais les écraser ! »
« Pouvons nous discuter maintenant, Giradès ? Toi et moi ? »
« Pourquoi faire ?! J’en ai assez ! Vous… Vous ne pensez jamais à tout ça ! J’en… J’en… Je ne compte pas m’arrêter là ! La destruction de ce monde… Je vais la commencer maintenant ! Ainsi, tous les humains qui étaient là disparaîtront ! »
« Les humains ? Quel hum… »
Ah ! Les Taisos ! Même si il était devenu le Dieu Originel, il se rappelait de cette bande d’humains qui était venue pour combattre Bal. Ils étaient donc encore vivants ? C’était une bonne chose. Néanmoins, ce que Giradès disait ne lui plaisait guère.
« Tu ne feras rien de tout cela. »
« Et pourquoi ça ?! Pourquoi je ne le ferais pas, Charkrowos ?! »
« Car nous allons discuter tout les deux… De père en fille… »
« Et pourquoi pas d’homme à femme ?! »
« Car ce n’est pas possible une telle chose. »
« Tout discours est inutile au final… C’est bon, j’en ai ma claque. »
Elle s’éloigna de lui comme si elle partait au loin. Elle se dirigeait vers les ruines de son château sous le regard de Charkrowos. Qu’est-ce qu’elle allait faire ? De son poing droit, elle éclata les nombreux morceaux avant de plonger sa main à l’intérieur des ruines. De sa main gauche, elle fit la même chose avant d’en extraire… Diarès et Palars ?!
« Qu’est-ce qu’ils font là ? Ils sont… »
« Ils ne sont pas morts… simplement évanouis. »
Elle jeta les deux corps inconscients des hommes dans les airs avant de fermer les yeux. Soudainement, ses mains se plantèrent dans Diarès et Palars, les tuant sans même qu’ils puissent savoir ce qui venait d’arriver.
« GIRADES ! Que… Que viens-tu de faire ?! »
« Ils sont morts maintenant. »
« Giradès… Tu… Tu… tues… »
« Oui je les ai tués, triste vérité n’est-ce pas, père ? J’ai remarqué… Ca ne servait à rien d’essayer de vous combattre par la force avec celle que j’ai… Malgré tout ce temps passé à vous attendre, je ne suis toujours pas à votre niveau. Je pense donc que je dois user un peu des forces venues d’ailleurs. Leurs âmes seront bien utilisées. »
Elle retira ses deux mains, montrant une sphère violette et une sphère bleue. C’étaient… les âmes de Diarès et de Palars. Il ne put s’empêcher de lui crier :
« Arrête de faire ça ! J’ai toujours empêché que l’un d’entre vous puisse prendre l’âme d’un autre, c’est pour une bonne raison… »
« Car si nous prenions l’âme, nous nous consumerions de l’intérieur ? Diarès, Palars, Juperus et moi-même… Si l’un d’entre nous quatre décidait de tuer un autre et de lui prendre ses pouvoirs… Cela le détruirait… »
« Si tu le sais très bien, arrête donc ma Fille ! »
« Ne m’adressez plus la parole tant que vous m’appellerez Fille ! Je suis Giradès ! »
Elle avala les deux sphères, se mettant subitement à tousser alors que sa chevelure devenait entièrement grise. Ses deux ailes décharnées se décomposaient pour ressembler à six tentacules noirs au bout rouge en forme de pics. Des morceaux de métal doré se posaient sur ses mains et ses bras, créant des gantelets tandis que des solerets de même couleur lui arrivaient jusqu’en haut des genoux. Six pics dorés étaient dirigés vers Charkrowos et se trouvaient à différentes hauteurs au niveau du corps de Giradès mais le plus étrange était encore… le demi masque doré avec une visière noire translucide qui s’était crée devant le visage de Giradès. Ses deux yeux rubis étaient visibles derrière le demi masque.
« Père… Si je dois disparaître… Je suis prête à tout. »
« Tu es folle… complètement folle… vraiment folle… »
« Vous en perdez votre langage, Père… Vous n’êtes pas heureux de savoir que j’ai atteint votre niveau ? Que je suis capable de vous… toucher. »
« Je me fiche… de tout ça. Tu viens de faire l’imbécile, Giradès ! Tu vas bientôt mourir ! Et les conséquences… Ton âme va se faire dévorer par celles de Diarès et Palars ! »
« C’est bête, n’est-ce pas ? Je vais vous montrer… à quel point je suis décidée. »
Décidée ? Mais quelle idée stupide ! Qu’est-ce… Qu’est-ce qui lui poussait à faire tout ça ?! Pourquoi n’arrivait-il pas à comprendre Giradès ?! Il était son Père ! Il était à même de la comprendre ! Il comprenait Giradès, Juperus, tout le monde ! Alors pourquoi n’était-il pas capable de… Non… Il était le Dieu Originel mais il n’était pas parfait… Il était même imparfait… Au final… Il devait arrêter Giradès… Peut-être qu’en la tuant, il pouvait lui extraire les deux âmes ! Il s’écria, son ton presque exalté :
« Je viendrais te sauver, Giradès ! Ma Fille ! »
« Tu me portes… de l’intérêt ? Maintenant que je suis à l’article de la mort réelle ? »
C’était trop tard. Elle ne voulait plus croire en ce qu’il disait. C’était fini… Elle n’avait plus à se leurrer : Le Dieu Originel était l’être qu’elle aimait… Depuis tout ce temps… Mais si il ne pouvait pas l’aimer, elle allait le forcer. C’était ainsi maintenant qu’elle n’avait plus le choix. Quitte à ce qu’il disparaisse avec elle.