Chapitre 9 : Revenir à la maison

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 9 : Revenir à la maison

« Earnos ? Est-ce que … »

« Tu n’es pas accompagnée par l’autre ? Et tu n’as pas de foreuse dans les mains ? »

« Non mais je voulais savoir si … euh … est-ce que tu veux aller à l’école comme les autres enfants ? Dis ? Est-ce que tu veux ? »

« Est-ce que tu te moques encore de moi ? Je te promets que si tu continues comme ça … Tu te moques encore de moi ! Tu sais parfaitement que je fais ça car mes parents ont pas les sous pour ça ! Et que je veux les aider ! Tu crois que je peux faire ça ? »

« Je me moques pas de toi ! Mais l’école, c’est super amusant ! Et super plaisant ! Je suis sûre que tu aimeras vraiment ! Et puis, personne ne payera car ça sera gratuit ! »

« Arrêtes tes bêtises ! Sans mon travail, on aura des problèmes pour mes parents ! »

« Il faut que j’aille demander à tes parents alors si c’est vrai. »

Elle s’apprêtait déjà à quitter le chantier mais Earnos était arrivé à sa hauteur, posant ses mains sur ses épaules. Le regard rubis furieux était maintenant en train de la fixer. Avec rage, il vient dire d’une voix énervée, très énervée :

« Ne t’avises pas de faire quelque chose de la sorte, compris ? »

« Mais si je veux t’aider, j’ai le droit non ? Je suis la princesse de Shunter ! Et pui euh … »

« JE NE TE SUIS PAS REDEVABLE ALORS DISPARAIS ! »

« Snif … Tu vas voir ! Tu viendras à l’école ! Même si ce n’est qu’une journée, tu viendras ! Et tu auras pas le choix pour la peine ! Pas du tout ! Que tu vois comment c’est ! Tu verras alors à quel point c’est super chouette ! Moi-même, je savais pas avant ! » s’écrit la jeune fille aux cheveux blonds, les larmes aux yeux mais en colère comme lui.

Et elle était partie sans rien dire, comme si elle en avait rien à faire des paroles de l’enfant. Le lendemain, un garde était venu le voir et le récupérer. Sa mère accompagnait le garde, légèrement inquiète mais souriante.

« Mais maman … je veux pas y aller ! Je dois continuer à travailler ! »

« Ordre de la princesse, mon petit Earnos. Mais ne t’en fait pas, j’ai contacté ton chef, il ne déduira pas cette journée de ton salaire. Il a même dit : « Si ça peut lui permettre de devenir un meilleur époux pour Herakié, pourquoi pas ? »

« Heiiiiiiiiiiiiiiiiiiin ? MAIS MAIS MAIS ! Je sais même pas ce que ça veut dire « époux » ! »

Et voilà qu’il fût emmené « de force » au château du Roi. Oh, il n’eut pas vraiment le temps de pouvoir visiter car il fût guidé jusqu’à la salle des classes mais visiblement, l’intérêt avait pris le dessus sur le reste et ce fût avec un peu d’étonnement qu’il rentra en classe.

« Hum ? Tu es l’élève particulier de la princesse ? Installes-toi, elle a même demandé à ce que l’on te donne de quoi écrire et autres. Maintenant pour une place … »

« Par ici. Il en reste une. » déclaré une personne encapuchonnée tandis qu’il haussait un sourcil. Hum, c’était lui ou il n’y avait pas la princesse ? Tant mieux en un sens, ainsi, il ne la verrait pas et il pouvait donc profiter de tout ça.

« Je m’appelle Earnos et je suis là juste pour une journée. Je ne sais même pas en quoi ça consiste exactement mais bon … j’espère que ça sera bien. »

« Si tu as une question, tu me la poses, c’est tout simple. »

Il s’était surprise à rougir en remerciant cet inconnu, sûrement une fille d’après sa voix. Et surtout, il ne remarqua pas qu’à travers la fenêtre, un enfant aux cheveux violets était en train de l’observer, lui, ainsi que son compagnon camouflé. Il tenait une lettre en main, accroupi sur une branche avant de soupirer :

« Qu’est-ce que la princesse a put s’imaginer ? Ah … Enfin, tant mieux en soi. »

« Alors, qu’est-ce que je dois faire ? »

« Tu vois comment additionner ces chiffres ? Ben alors, il faut faire ça et ça et … »

« Ah mais je sais ! J’ai déjà vu tout ça avec les personnes du chantier ! » s’exclama l’enfant, le professeur toussotant légèrement. « A vos souhaits. » dit l’enfant, visiblement bien poli même s’il ne comprenait guère la situation dans laquelle il se trouvait.

« Tu sais déjà faire tout ça ? Mais euh … »

La personne encapuchonnée sembla surprise par les réactions de l’enfant à côté d’elle. Mais ! S’il connaissait déjà les chiffres, elle avait rien à lui apprendre alors ! Bon, peut-être pour l’écriture, elle était sûre et certaine qu’elle allait réussir à l’amadouer de ce côté ! Oui !

« Il serait bon pour toi que tu te décides à rentrer, Olistar. Toute la tribu attend ton retour. »

Il avait lu à voix haute les écrit de Novon. Bien entendu, il s’en doutait qu’il voulait qu’il rentre. Il n’était pas le seul aussi … mais toute la tribu ? Il exagérait … et de beaucoup, de vraiment beaucoup. Mais bon, il était toujours ainsi.

« Je ne comptes pas rentrer, ne le comprendras donc t-il jamais ? »

« Défendre les saines valeurs des Rapions et Drascores dans ce royaume perdu ne te mènera à rien, réfléchis-y sérieusement, tu n’as rien à gagner là-bas. »

« Beaucoup plus que tu ne le crois, Novon. Mais pour ça, il faut donner sa chance. »

Sa chance à des êtres comme Terria ou Earnos. Une chance qui peut-être n’allait jamais se reproduire. C’est pourquoi il était décidé à rester là. La réponse à cette dernière lettre allait être plus que cinglante mais il allait falloir que Novon la comprenne bien.

« C’est à cette heure-ci que vous arrivez, Olistar ? »

« Je suis désolé mais du courrier d’une importance capitale fait que j’ai dût y répondre dans les plus brefs délais. Cela n’était donc pas de mon ressort que de ne pas rejoindre votre cours. »

« Humpf, allez vous asseoir, nous avons un nouvel élève très studieux, contrairement à vous. Vous feriez bien de suivre son exemple. »

Tiens donc ? Earnos ? Celui-ci n’avait pas relevé son visage, la langue sortie, son nez plongé dans la feuille qu’il tenait entre ses mains. Cette concentration absolue … hmm. L’idée de la princesse n’était vraiment pas mauvaise en fin de compte.

« Je m’y appliquerais dorénavant. Vous pouvez reprendre le cours. »

Cette lettre n’avait au final que peu d’importance en vue de la situation actuelle. Il avait eut la surprise de voir Earnos travailler avec acharnement dans un endroit qu’il ne connaissait pas. N’était-ce pas une récompense déjà bien suffisante ? Une raison pour qu’il reste ?

« Dis … tu as vu, Olistar ? Il est en fait très doué. »

Voilà que la personne encapuchonnée lui chuchotait quelques mots. Bien sûr. La princesse avait tout fait pour qu’il soit assis à côté d’elle. Ainsi, si elle l’aidait, il serait redevable envers elle et ils feraient la paix tous les deux. Olistar murmura à son tour :

« Je vois surtout que contrairement à nous, il écoute en classe et travaille. Faisons de même. »

« Comme tu le dis, on y va alors. »

Et voilà que les deux enfants écoutaient maintenant le professseur, celui-ci pouvant continuer son cours sans être dérangé. A la fin des quatre heures, alors qu’il était temps de partir, Earnos laissa les affaires sur le bureau ,disant calmement :

« Je n’ai pas besoin de les prendre avec moi puisque je ne reviendrais plus. »

« Pourquoi est-ce que tu dis cela ? Tu ne peux pas voir avec ta famille ? »

« L’école royale ? Un peu de sérieux. J’y ait été car ma mère voulait que j’accepte le cadeau de la princesse mais je sais que c’est pas pour moi. Mais au final, je commence à comprendre pourquoi Herakié aime tant que ça l’école. C’est amusant d’apprendre toutes ces choses. »

« Si c’est amusant, ce n’est pas mieux que de travailler ? »

« Je ne crois pas que vous pouvez comprendre. On n’a pas forcément trop le choix des fois. C’est pourquoi certains continuent de travailler alors qu’ils voudraient faire autre chose. Maintenant que les heures sont terminées, je retourne chez moi. Bonne chance. »

« Oh ? Earnos, c’est bien cela ? La reine Seiry m’a demandé de noter ton travail avant que tu ne partes. Cela ne m’a pris que quelques minutes mais tiens, voilà tes résultats. Elle voulait que tu montres cela à tes parents et au reste de ta famille. Ah … quelle monarque. »

L’enfant aux cheveux blonds récupéra les différents papiers avant de remercier le professeur, s’éloignant sans un mot. L’homme-insecte poussa un soupir avant de dire :

« Certains qui ont des privilèges ne comprennent pas la chance qu’ils ont de pouvoir en profiter. C’est en voyant ce jeune garçon que je me dis que pour certains, l’éducation est du gâchis pour les nobles. Quant à vous deux, n’oubliez pas de retourner en cours. »

Même si ce n’était pas avec lui. Olistar regarda Earnos partir, l’être encapuchonné faisant de même sans un mot, la tête baissée en direction du sol.

« Est-ce que c’était une mauvaise idée de ma part, Olistar ? Je voulais … rendre service. »

« Je n’en doute pas un seul instant, princesse. Nous devrions nous mettre en route si nous ne voulons pas avoir de problèmes pour plus tard. »

Elle était d’accord. Ailleurs, l’enfant aux cheveux blonds retourna chez lui, tendant les différentes feuilles que lui avait données le professeur. Sa mère voulut l’interroger mais il fit juste un geste de la main, murmurant :

« Maman, je vais juste me reposer un petit peu. »

Elle n’avait pas osé l’arrêter, regardant les résultats. Même si c’était la première fois, il n’y avait aucune faute. Le professeur avait écrit quelques remarques comme quoi Earnos avait été un élève très sage et attentif, posant les questions si nécessaires et surtout doté d’une compréhension assez importante. La dernière remarqua consistait en un avis général, demandant à ce qu’Earnos puisse venir au moins une fois par semaine pour suivre des cours. Le professeur écrivait qu’il ne savait pas la condition de l’enfant mais que cela était possible à envisager en discutant avec les parents et les autres professeurs.

« Et bien, et bien … Pourquoi pleures t-il donc ? Peut-être qu’il n’est pas au courant ? » murmura la femme Coxyclaque avec douceur, posant une main sur sa joue. Impossible à ignorer que l’enfant sanglotait, considérant que tout cela était impossible pour lui. Peut-être qu’elle allait devoir avoir une discussion avec son mari.

Laisser un commentaire