Chapitre 93 : Tout s’achève

ShiroiRyu
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Chapitre 93 : Tout s’achève

« Puisque c’est ainsi… Combattons nous. »

Il ferma les yeux, transformant ses deux mains en de fines lames blanches, courant en direction de Giradès qui transformait ses deux mains en griffes. Les membres se percutèrent, ricochèrent les uns contre les autres tandis que des gémissements se faisaient entendre du côté de Giradès. Celle-ci avait de plus en plus de mal à rester consciente, ses yeux rubis à moitié clos alors qu’il profitait de cela pour l’attaquer.
Ah… Ah… C’était bien trop difficile. Elle avait envie de fermer ses yeux, de disparaître maintenant mais elle savait bien que ce n’était pas possible. Elle devait user de tout ce qu’elle pouvait pour combattre Charkrowos et être sûr qu’il se dirigeait vers le bon chemin dorénavant. Elle poussa un cri strident, plusieurs trous dimensionnels se formant au-dessus d’elle pour laisser tomber de nombreuses météorites.

« PERE ! Disparais si tu n’as pas la volonté ! »

« La volonté ?! Je l’ai mais ce n’est pas ça qui anime seulement mes lames ! »

C’était bien beau de prononcer de telles paroles mais pour éviter une pluie de météorites, c’était déjà autre chose ! Il fit plusieurs sauts en arrière et sur les côtés, remarquant que les météorites à défaut d’être grandes tombaient en grande quantité sur le terrain. L’une le frappa à l’épaule, lui arrachant une plainte alors qu’il fermait ses yeux pour tenter de se concentrer correctement. Un… Deux… Un… Deux… Voilà comme ça !

« Père… Vous vous permettez de croire que vous pouvez tout esquiver sans difficultés. Vous oubliez une chose… Je suis encore là ! »

Elle passait du tutoiement au vouvoiement, du vouvoiement au tutoiement… Est-ce qu’elle… commençait à perdre la raison ? C’était peut-être ça… Au final… Elle était déjà peut-être très atteinte par son âme dévorée par les trois autres ? Elle courue en direction de Charkrowos, prête à l’attaquer et à le griffer pendant qu’il fermait les yeux mais l’une de ses propres météorites alla la frapper dans le dos, la faisant s’écrouler au sol.

« AHHHH ! Zut zut zut ! J’ai complètement… »

« Fatiguée ? Tu es fatiguée ? Je peux t’extraire les âmes… »

« Laisse tomber, Papa. Je ne tomberais pas dans ton piège. Je n’ai pas oublié ce que je dois accomplir pour être sûre que tu saches ce que tu feras dans l’avenir ! »

« Mais tu vas disparaître ! Tu comprends ?! Ca sera comme… Malar ! »

« Malar… Malar… Oui… »

Elle poussa un profond soupir, se redressant avec aisance malgré la grosse fatigue qui l’animait. Malar… qui était définitivement mort par Galpha… Malar… qui n’avait pas forcément mérité un tel châtiment. C’était elle qui méritait de disparaître complètement pour tout ce qu’elle avait fait comme crimes… tout cela pour Charkrowos et Gigana.

« Ma fille… Je croyais que l’on ne devait pas détourner le regard du combat. »

« Hein ? Que ? Quoi ? »

Elle n’avait pas remarqué qu’il se tenait devant elle alors qu’elle vagabondait dans ses pensées. Elle ne vit que trop tard sa main posée sur son ventre, une faible lueur en émanant… Il n’essayait pas de la tuer cette fois-ci.

« PERE ! NON ! Vous ne le ferez pas ! »

« Laisse moi te les extraire… »

« JE VOUS AI DIT NON ! »

Quel imbécile ! Il allait tout gâcher par cette trop grande gentillesse ! Les six tentacules allèrent se planter dans le torse de Charkrowos mais celui-ci gardait sa main posée près du ventre de Giradès, la forçant à crier à nouveau :

« Ne me touchez pas ! Je vous interdis de me toucher ! »

« Pourquoi tu devrais disparaître à cause de mes bêtises ? »

« Car c’est ce que je mérite ! Je ne vous demande pas de me sauver ! »

Les tentacules se retirèrent pour se planter une nouvelle fois dans le corps de Charkrowos, le faisant cracher du sang blanc alors qu’il continuait à garder sa main sur le ventre de Giradès. Ah… Il y était presque… Il sentait toute cette puissance emmagasinée dans le ventre de la jeune femme. Il se prit un violent coup de pied dans le ventre, le repoussant en le faisant tomber au sol alors que Giradès s’exclamait :

« Je vous l’interdis ! Tu n’as pas à le faire ! »

« Arrête tes enfantillages ! Tu es dans un sale pétrin ! »

« Et alors ?! Si j’en suis à l’origine, ce n’est pas toi que ça concerne ! Préoccupe toi bien plus du fait que je ne vais pas hésiter à te tuer ! »

« Tu n’en serais pas capable ! Arrête toi là ! Laisse moi m’occuper de toi, ensuite, je reconstruis ce monde et je promets de ne plus me préoccuper des autres… »

« Paroles… Toujours des paroles… Ce n’est pas avec ça que je vais pouvoir vous croire ! Je vais m’occuper de vous puisque vous êtes blessé ! »

Maintenant qu’il s’était amusé à prendre des risques, c’était le bon moment pour le tuer ! Ses six tentacules noirs se réunirent en deux tentacules d’une taille bien plus grande, ressemblant plus à de longues et grosses queues de scorpion maintenant. Elle frappa à l’endroit où se trouvait Charkrowos, celui-ci ayant roulé sur le sol pour l’esquiver. Il se releva correctement, se disant qu’il devait la faire s’évanouir. Elle n’allait plus tenir très longtemps à cette allure ! Il voyait même le demi masque… qui se fissurait.

Merde… Elle avait mal… Très mal… En fait, la tentative de son Père avait fait empiré la chose. Maintenant, les âmes s’acharnaient sur la sienne pour savoir qui aurait le dessus sur les autres et donc qui allait l’avaler… Elles étaient en colère, n’aimant pas être extraites du corps dans lequel elles étaient. C’était ça les âmes…

Il n’y avait vraiment pas moyen de la faire flancher de son côté ? En sa faveur ? Rah ! Il devait pourtant tout essayer ! Il y avait encore un moyen de l’arrêter mais elle n’allait pas se laisser faire et elle restait très dangereuse malgré son apparente faiblesse. Il lança un petit regard au loin, se demandant ce que les Taisos et les deux Reines faisaient. Euh non… Ce que les humains faisaient… Pourquoi pensait-il de cette façon ? Taisos… Reines…

« Je ne comprend plus trop ce qui se passe moi. »

« C’est simple… D’un point de vue scientifique et logique, ils se battent pour rien. »

« Comment ça pour rien ?! Tu n’as pas vu le décor ?! Complètement détruit, Ronyl ! »

« Héhéhé ! La fille aux gros seins ne comprend rien. AIE ! »

Loxen venait de se prendre une claque de Frizy, l’homme aux cheveux blonds afro signalant qu’il était blessé, chose à laquelle Frizy rétorqua que ça ne l’empêchait pas de dire des conneries aussi grosses que le volume de cuir chevelu qu’il avait sur la tête. Luna observa sa poitrine, se demandant si elle était vraiment si imposante que ça. En regardant de plus près les autres poitrines… Il était vrai que la sienne… avait un certain volume. Et puis bon… en voyant le décolleté de Farankard, elle se sentait moins honteuse. La femme aux cheveux dorés cachait très bien son jeu en fait.

« J’ai pas à m’en faire au final ! »

« Hein ? De quoi ? Qu’est-ce qu’il y a Luna ? »

« Hiiiiiiiii ! De rien, de rien ! Je parlais à voix haute, je suis désolée ! »

Elle bafouilla quelques excuses, baissant la tête en rougissant alors qu’Iny lui avait demandé ce qui n’allait pas. Heureusement qu’elle n’avait pas remarqué ce qu’elle était en train de regarder. Quelle idiote de penser à ça dans un tel moment ! C’était de sa faute à Loxen aussi ! Elle s’approcha de lui, lui donnant une violente baffe avant de retourner près du corps de Farankard, Nelya la regardant sans rien dire.

« HEY ! Mais merde, j’ai rien fait cette fois ! »

« Si elle ne sait pas pourquoi elle t’a baffé, toi tu dois le savoir, Loxen. »

« Tsss ! Je vais avoir les joues comme les fesses d’un babouin maintenant ! »

Quelques rires éclatèrent bien que ce n’était guère le moment, Loxen croisant les bras en ronchonnant et en gémissant de douleur. De son côté, Luna s’était assise près du corps de Farankard. Dommage qu’elle ne soit pas plus vivante … Elle aurait pu aider Charkrowos contre Giradès… Oui… Tout se serait réglé bien plus rapidement.

« Père ? Jusqu’où iras-tu pour défendre tes principes ? »

« Comment ça ? Où est-ce que tu veux en venir ? »

« Réponds moi… Est-ce que tu serais prêt à tout protéger… jusqu’au bout ? »

« Là… Mon but premier est de t’arrêter, Giradès. »

« Hum… Non… Ca… Ce n’est déjà plus possible. »

Elle eut un petit soupir amusé alors qu’elle faisait apparaître deux sphères au-dessus de ses mains. Le sol se mit à trembler alors qu’apparaissaient différentes fissures dimensionnelles autour d’elle et de Charkrowos. A l’intérieur de ces fissures, ce n’était pas le vide que l’on pouvait voir mais… des morceaux du monde de Juperus ?!

« L’Espace n’a plus de secret pour moi. Le sablier du Temps est entre mes mains. Je suis l’avatar du Jugement Dernier. Je suis celle qui gère le monde des Morts. Je suis Giradès et je suis omnisciente… Père… »

« Qu’est-ce que tu manigances ?! »

« Père… Vous êtes le Dieu Originel, n’est-ce pas ? Ce genre de petits problèmes ne devrait vous poser aucun souci, non ? »

Mais qu’est-ce qu’elle fabriquait ?! Tout était en train de se désagréger. Les failles se dévoraient, s’entrelaçaient, s’entrechoquaient tout en produisant des bruits horribles alors le décor redevenait celui de l’apocalypse… mais d’un apocalypse lié au chaos… Les Taisos et les deux Reines s’étaient regroupés en se serrant entre eux, ne pouvant rien faire à part regarder cette scène qui ne présageait rien de bon.

« Vous êtes le Dieu Originel… Vous devriez être capable d’arrêter une telle chose… »

« Le Temps… L’Espace… Tout se tord… »

« C’est exact, Père. La puissance des quatre âmes est en moi et je les utilise à leurs maximums ! Père… Voilà mon projet ! »

« Tu es complètement folle ! Tout ça pour me… »

« Que tu trouves la force de m’arrêter… C’est tout. »

Elle eut un petit sourire attristé alors qu’il se tenait la tête entre ses deux mains. Arrêter Giradès ?! Déjà qu’avec Juperus et elle, il avait totalement disparu la première fois tout en se faisant briser son âme alors… Avec Diarès et Palars… Mais… Pourquoi était-il aussi… craintif ? Il était le Dieu Originel… Il avait la force pour arrêter tout ça non ? Il était capable de prouesses mais là… Là… C’était peut-être au-dessus de ses moyens. Mais la voix de Giradès lui restait en mémoire. La force de l’arrêter ? Elle voulait qu’il l’arrête ?

« Père ! Voilà l’apogée de mon projet : Que tout ce qui a été crée soit renvoyé au Néant ! »

Ce qui se passa à ce moment là ne pouvait être décrit par les mots. Il fallait le vivre pour le ressentir pleinement, pour assimiler le degré de déchaînement des éléments et non éléments qui se produisaient autour de Charkrowos et Giradès. Des cris, des plaintes, une véritable cacophonie auditive et mentale se faisait entendre tout autour de lui alors qu’il tenait sa tête entre ses deux mains. Instinctivement, il pensa immédiatement aux personnes dans la sphère dorée. Instinctivement, il pensa à Giradès dont les pieds disparaissaient peu à peu. Son âme allait se faire dévorer. Il… Il devait faire quelque chose mais il ne se sentait pas le courage. Il n’avait aucune idée… Au final… Il ne pouvait pas sauver tout le monde et cela l’enrageait. Gigana… Sa fille… Il n’allait pas pouvoir la retrouver.

« Non mais je te jure, arrête de t’apitoyer sur ton sort et relève toi ! »

Une voix… Une voix dans sa tête ? Et cette voix… Il la reconnaissait ! Mais comment… Comment c’était possible ?! Est-ce qu’il devenait schizophrène ?! Oui… Il était en train de devenir fou, rongé par le désespoir mais la voix résonna à nouveau en lui comme si il se prenait une nouvelle claque mentale :

« Stoppe la maintenant ! Extrait lui son âme maintenant qu’elle est exténuée ! »

Il devait écouter… Il devait écouter cette voix ! Cette voix féminine ! En y pensant… Il n’y avait pas qu’elle… Il y en avait d’autres… Tellement d’autres… Il avait l’impression qu’un chœur de voix lui répétait de se diriger vers Giradès. Galvanisé par ces voix, il se redressa subitement, se mettant à courir vers la femme aux cheveux argentés dont les bras disparaissaient à leurs tours tandis que tout se détruisait.

« Giradès ! Je suis là ! Attend moi ! Je viens… Je viens te sauver ! »

« Père ? C’est un peu tard… non ? Vous devriez… plutôt sauver ce monde. »

Le demi masque continua de se fissurer, un petit morceau tombant au sol alors qu’il arrivait à la hauteur de Giradès. Sans aucun remord, il enfonça sa main dans le cœur de la femme aux cheveux argentés, un cri mélodieux comme un chant de cygne sortant de la bouche de Giradès. Il… Il avait les quatre âmes dans sa main… Une sphère noire de grande taille était en train de se faire avaler peu à peu par une sphère argentée, une sphère violette et une sphère bleue. Mais Giradès… était encore vivante ? Le fait d’avoir été une déesse originelle pendant un moment lui octroyait un gain de temps ?

« Père… C’est inutile… Vraiment inutile… »

« Rien n’est inutile ! Rien du tout ! Regarde ton âme… Tu la vois ? »

Bien sûr qu’elle la voyait… Son âme dévorée par sa sœur et ses deux Cavaliers… Son âme qui se réduisait en même temps que son corps disparaissait… Ni pieds, ni mains… Elle ressemblait à plus rien. Mais qu’est-ce que Charkrowos allait faire ? Qu’est-ce qu’il pouvait faire ? Elle écarquilla les yeux alors qu’elle le voyait ouvrir la bouche à son tour. Son demi masque éclata en morceaux, révélant ses yeux rubis larmoyants. Il… Il ne comptait pas faire comme elle ?! C’était complètement stupide ! Elle s’écria :

« Père ! Arrêtez ça ! Vous vous… Vous… »

« Je, je, je ? Je te permets simplement de survivre, voilà tout. »

« Ca ne marchera pas comme ça ! C’est votre âme qui va être dévorée ! »

« Tu as montré que tu avais la possibilité de devenir une déesse originelle… Juperus pourrait l’être aussi… Pour ma part… J’en ai peut-être trop fait… »

Oh que oui… Il en avait trop fait… Beaucoup trop… Le corps de Giradès continuait de disparaître mais il l’avait pris dans ses bras, la serrant contre lui alors qu’elle s’était mise à pleurer. Ca ne devait pas se passer comme ça ! Ca n’aurait jamais dû !

« Père… Et Gigana ?! Et… Et… J’ai tout fait pour que vous puissiez avoir des sentiments… que vous puissiez être un homme normal ! Et vous… Vous allez maintenant… »

« Disparaître ? C’est ça ? Mais au final… Si j’ai mes sentiments… C’est tout ce qui importe ? Je ne devrais plus penser aux autres. »

« C’est égoïste… de dire ça… alors que les mondes se détruisent. »

« Très… égoïste, oui. Reste près de moi. »

Les voix lui répétaient à quel point il avait fait le bon choix. Maintenant, qu’importe si il devait disparaître par ses propres créations, c’était tout ce qu’il voulait… Tout ce qu’il désirait… Gigana… lui pardonnait… Ses sœurs aussi… A sa grande surprise… Xano et Tyrania étaient encore là… Il ne savait pas pourquoi… Il n’arrivait pas à comprendre comment c’était possible mais les deux êtres s’étaient crées leurs propres âmes… Une âme assez faible puisqu’elle n’avait plus sa protection mais elle était bien là. C’étaient toutes ses voix qui étaient là pour lui… Il ne restait plus que le visage de Giradès qui lui faisait un sourire tendre. Maintenant qu’elle était là… sans rien, elle était jolie, très jolie.

« Père… Si vous disparaissez… Je disparaîtrais avec vous. »

« Tu n’as pas à te faire pardonner pour tes actes. »

« Ce n’est pas une question de pardon… ou de rédemption. Je veux être là… avec vous… pour vos derniers instants. Je veux être là… avec vous… jusqu’à la fin. »

Puis plus rien… Plus rien du tout… Le visage se décomposa en plusieurs petites sphères noires lumineuses qui s’envolaient. Maintenant… Il était seul… Tout seul… Ou non… Il ne l’était pas… Il se leva, se tournant vers le groupe de Taisos et des deux Reines :

« Et bien… Vous avez assisté à un spectacle rare. Je suis désolé de vous l’annoncer mais c’est là la fin de la représentation. Je vous remercie encore pour tout ce que vous avez fait. »

Il fit un petit salut militaire en leur souriant, la sphère dorée qui entourait le groupe se téléportant subitement ailleurs. Où donc ? Seul lui le savait. C’était simplement dans un endroit sûr… en attendant que tout se reconstruise… et en espérant qu’il en aurait la force avant de disparaître complètement. Des rayons sortirent du sol, aveuglant toute la scène alors que le monde n’était plus…que les mondes n’étaient plus.

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