Chapitre 95 : En paix avec soi-même

ShiroiRyu
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Chapitre 95 : En paix avec soi-même

« Tu es donc de retour, Kéran ? » demanda Loa alors qu’il venait de pénétrer dans l’auberge où ils avaient décidé de se donner rendez-vous. Sans rien répondre, il s’installa en face de la jeune femme, celle-ci ayant commandé une carafe d’eau, reprenant dans un sourire : « Après le petit spectacle de la dernière fois, nous allons éviter que tu bois trop, n’est-ce pas ? »

« Tu sais, Loa … Tout ça n’avait été qu’une excuse, je suis quand même capable de résister à l’alcool, hein ? » répondit le jeune homme alors qu’elle rigolait un peu :

« Oh ? Une excuse ? Et pourquoi donc ? Pour m’adresser la parole ? Pour venir discuter avec toi ? Tu n’es quand même pas sérieux, n’est-ce pas ? Tu sais que pour courtiser les jeunes femmes, il y a des méthodes bien plus efficaces ? »

« Hein ? Quoi ? Courtiser ? Mais non, je ne pensais pas à ça. Pas à ça du tout. Enfin, disons que … Les gros problèmes … Je ne sais pas comment l’exprimer. »

« Je comprends parfaitement ce que tu voulais dire, néanmoins, on va quand même éviter l’alcool. Tu veux parler de ta petite réunion avec cette jeune femme ? Elle était plutôt imposante et grande, non ? Mais vraiment très sympathique à première vue. »

« Je préfère … éviter d’en parler justement, si c’est possible. »

« Hum … D’accord, d’accord. Mais alors, trouvons donc un autre sujet de conversation. Depuis quand est-ce que tu la connais ? Tu veux bien me raconter ce qui s’est passé ? Mais pas aujourd’hui, bien entendu … Mais plutôt ton histoire. »

Son histoire ? Son passé ? C’est ce qu’il chercha à confirmer alors qu’elle hochait la tête, répondant par l’affirmative. Elle voulait savoir comment il avait connu Sélia ? C’était pourtant très simple, vraiment très simple et puisqu’elle voulait savoir, autant lui répondre alors … Il n’avait rien à perdre à ce sujet.

Il poussa un petit soupir après avoir terminé son histoire, Loa semblant légèrement confuse et gênée. Elle avait posé une question plus qu’embarrassante au jeune homme. Ça ne devait pas être très plaisant de parler de cet instant. Elle bredouilla :

« Désolée, Kéran. Je ne pensais pas que … tes parents étaient morts. »

« Sélia s’est occupé de moi pendant des années comme son petit frère. C’est pourquoi je suis toujours avec elle et que j’essaie de la voir quand je le peux, c’est aussi simple que cela. Tu vois où je veux en venir, tu comprends ce que je veux dire ? »

« Bien entendu … Mais bref, c’est juste que tu ça n’avait pas l’air d’aller très bien ces derniers heures et quand tu es revenu, tu avais une mauvaise mine. Je m’inquiétais donc mais je crois que j’aurai mieux fait de me taire. »

« Mais non, mais non, ne t’en fait pas, ça ne me dérange pas d’en parler. C’est juste que je n’ai pas vraiment de souvenirs de ma famille, de ce que j’étais avant. Disons que j’ai comme un gros trou de mémoire dans le crâne et ça m’empêche d’y penser. Je me rappelle juste de la maison qui s’écroule et puis, je ne sais pas, je … »

Sans même le remarquer, il s’était mis à pleurer. Loa passa sa main sur la sienne, lui souriant doucement tout en lui disant de ne pas continuer. De continuer ? Ah … Elle regardait son visage donc il avait quelque chose aux yeux ? Il se les frotta, remarquant finalement les larmes avant de murmurer :

« Pardon, ce n’était pas voulu … de pleurer comme une madeleine. Des fois, ça m’arrive comme ça, sans que j’ai une explication. »

« Ce n’est pas bien grave, je ne vais pas t’en vouloir pour une chose aussi futile, Kéran. Et c’est à moi de m’excuser de t’avoir demandé cela. »

« Si on commence à s’excuser chacun, on ne va pas aller très loin. Enfin bon, maintenant que nous sommes ici, il faut quand même que nous réfléchissions à l’endroit où nous allons nous rendre. Est-ce que tu as une ville à visiter ? Un endroit ? Je peux te servir de garde du corps, si tu le désires. Personnellement, je n’ai aucun endroit où me rendre. »

« Hum … J’ai bien une idée d’une ville assez éloignée du reste mais bon … Elle n’est pas très habitée et c’est peut-être même plus un village qu’une ville. »

« D’accord, nous pourrons nous y rendre. Qu’est-ce qu’il y a de spécial là-bas ? »

« Rien du tout ! Je voulais tout simplement visiter ce village, voilà tout. » annonça la jeune femme avant de rire. D’accord … Il n’allait rien dire à ce sujet.

Mais quand même, c’était un peu exagéré de sa part mais il allait faire avec. Ah … Au moins, elle semblait aller mieux et lui-même se sentait un peu mieux. Il lui demanda si elle voulait qu’ils passent la nuit ici ou alors qu’ils se mettent en route dès maintenant. D’ailleurs, en parlant de dormir, il n’avait plus d’argent. Il devait se trouver un travail honorable, plus de chasse de pokémons, plus du tout. Il ne voulait plus être partisan de ce genre de choses. Lorsqu’elle le vit soucieux une nouvelle fois, elle lui posa encore une fois la même question. Elle voulait savoir ce qu’il avait et il répondit qu’il préférait qu’ils aient une tente voir un second sac de couchage. Il était hors de question de dormir dans le même.

« Hahaha … Mais c’était qu’une plaisanterie à ce sujet. Mais alors pourquoi tu te posais la question, Kéran ? Enfin, pourquoi tu dis cela ? »

« Car malheureusement, je n’ai pas d’argent. J’aimerai pouvoir trouver un petit travail mais je n’en ai aucun en tête et … »

« Une tente coute-t-elle très cher ? Ou alors un sac de couchage ? Si c’est vraiment nécessaire, je peux bien les acheter tous les deux et … »

« Ensuite, t’être redevable ? Non, non … C’était une idée comme ça… »

« Hum … Ce n’est rien du tout. Ce n’est pas bien important, je te le promets. » répondit la jeune femme avec un petit sourire au coin des lèvres.

Qu’il le veuille ou non, elle allait le faire ou plutôt, elle allait l’acheter. Elle signala au jeune homme qu’elle avait une petite course à faire, Kéran tentant de l’arrêter.

Il n’était pas bête, il savait ce qu’elle allait faire. Il poussa un profond soupir avant de quitter l’auberge à son tour. Il suivit la jeune femme, la voyant se rendre dans un magasin. Ah … Quelle idiote, il ne lui avait rien demandé.

« Je vais me sentir obligé de la rembourser. Swar, quel métier pourrais-je trouver tu crois ? Je ne sais pas du tout donc je te pose sérieusement la question. »

« A ton âge ? Il y en a très peu sauf des métiers physiques. De même, comme tu cherches un métier ou plutôt un travail qui ne dure pas longtemps, c’est encore plus difficile. Tu n’as pas beaucoup de choix, Kéran. Désolée de te l’apprendre de la sorte. »

« Non, je m’en doutais dans le fond … Merci quand même, Swar. »

Pas de quoi. Le jeune homme se plaça contre un mur en face du bâtiment dans lequel la jeune femme avait pénétré. Il allait l’attendre et la prendre sur le fait. Quelques minutes plus tard, elle quitta le bâtiment, Kéran se présentant en face d’elle. Bien qu’elle rougit de s’être faite remarqué de la sorte, elle vint dire en souriant :

« Eh bien, maintenant tu me surveilles et m’espionnes ? »

« Loa ? Qu’est-ce que tu as été acheté ? » demanda calmement le jeune homme.

« Je ne sais pas vraiment … J’ai subitement oublié entre temps ! » déclara-t-elle dans un grand sourire alors qu’il fronçait les sourcils. C’était un mensonge, un vilain mensonge de sa part. Ce n’était pas bien … loin de là même.

« Oui … Bien entendu … Comme par hasard. La mémoire est vraiment courte dans ces moments-là, n’est-ce pas ? Humpf … Qu’importe. »

« Nous quittons donc la ville maintenant ? A part si tu veux que l’on aille acheter quelques petites choses pour le chemin. »

« Je ne crois pas que ça soit nécessaire. Nous avons tout ce qu’il nous faut. Pour la nourriture, comme d’habitude, je la chasserai, tu n’as pas à t’en faire. »

« Oh ! Je ne m’en fais surtout pas à ce sujet ! Je sais parfaitement avec qui je vais donc je n’ai pas à m’inquiéter, hahaha ! »

Tant mieux alors parce qu’ils partaient maintenant. La jeune femme aux cheveux verts vint se mettre à sa hauteur, toujours souriante et heureuse. Il lui en fallait vraiment peu, n’est-ce pas ? Pour qu’elle soit heureuse. Mais c’était une bonne chose. Il préférait quand les gens étaient heureux … et sains.

« Par contre, je tiens à te le signaler, tu nous guides, Loa. » annonça Kéran alors qu’ils se retrouvaient au-dehors de la ville.

« Bien entendu … D’ailleurs, j’ai toujours une carte des environs avec moi. De même, j’aime bien la compléter avec diverses autres cartes, comme ça, je n’ai aucun problème et je ne risque pas de perdre. C’est aussi simple que ça. »

« Je vois, je vois … Tu as parfaitement raison. Bon et bien, tu peux passer devant. Je vais sortir mes pokémons, si tu veux, tu peux faire de même avec ton Mélancolux. »

Sans attendre sa réponse, il prit ses quatre noigrumes, appelant ses pokémons Aussitôt, le Makuhita et la Mesmerella vinrent se joindre ensemble tandis que la Stalgamin allait dans les bras de Kéran. Seule la Kirlia semblait un peu attristée.

« … … … Sarène, après, on échangera ta place avec Lili, d’accord ? »

« Stalga, Stalgamin ! Stalga, Stalgamin stalga. » répondit la petite créature conique alors que Lili semblait surprise par les paroles de Kéran.
Mais comment ? Comment est-ce qu’il allait faire ? Elle n’était plus aussi légère qu’avant non ? Elle verrait dans quelques minutes, après un bout de chemin. Par contre, le Mélancolux était très souvent muet. Il n’aimait pas parler ? Contrairement aux autres créatures spectrales et ténébreuses ? C’était bizarre mais bon, on ne pouvait pas le forcer non plus.

Les minutes s’écoulèrent et la Kirlia regardait le petit couple formé entre sa sœur jumelle et le Makuhita. Elle n’était pas jalouse, loin de là. Elle était tout simplement heureuse pour sa sœur, comment ne pouvait-on pas l’être ? Puis soudainement, elle fut soulevée par deux mains. Elle poussa un petit cri de surprise avant de se retrouver sur les épaules de Kéran.

« Et voilà ! Tu vois ? Tu n’es pas aussi lourde que ça si je te porte sur mes épaules, qu’est-ce que tu en penses, Lili ? »

« Kirlia ! Kirlia ! Kirlia ! » cria la pokémon aux cheveux bleus avant de tapoter sur le sommet du crâne de Kéran avec un grand rire.

« Aie, aie, aie. Ne tape donc pas aussi fort hein ? Tu risques de me faire mal. »

« On dirait un père et sa fille. » murmura la jeune femme en souriant, Kéran se tournant vers elle avant de lui répondre doucement :

« Quand je sais ce qu’il aurait pu advenir de mes pokémons, que je sois dans l’Enceinte aux Esclaves, dans le Marché de la Mort ou les Créateurs Elémentaires, je vais tout faire pour qu’ils soient heureux, ça me semble aussi simple que ça. »

« Je ne te jugeais pas là-dessus, Kéran, hein ? »

« Oui, je sais parfaitement mais autant mettre les choses au clair … Enfin, à peu près clair … Si je peux dire ça … Tu comprends ce que je veux dire, Loa ? »

« Oui, oui … Ne t’en fait pas et ne t’embrouille pas, ce n’est pas bien important. »

Oui … Peut-être. Il leva ses yeux en l’air, la tête de la Kirlia le regardant à l’envers, un grand sourire aux lèvres. La Stalgamin, quant à elle, ne semblait pas plus offusquée que ça que Kéran l’ait déposée au sol. Loin de là même. Elle semblait plutôt heureuse pour Lili. Ah … Il avait vraiment des pokémons formidables dans le fond. Il ne le voyait que maintenant mais tous étaient gentils et amicaux entre eux.

C’était un peu un rêve mais qu’importe, il aimait rêver de la sorte. Il aimait quand ça se passait ainsi, quand ça se passait aussi bien. Pourquoi penser à autre chose hum ? Et pour ce soir, s’il le fallait, il allait dormir avec ses pokémons. Oh, bien entendu, il était hors de question de séparer le Makuhita et la Mesmerella.
D’ailleurs, les heures arrivèrent les unes après les autres et peu à peu, la faible luminosité se réduisait presque à celle du Melancolux. Il fut décidé de créer un feu tandis qu’il allait chasser quelques pokémons pour se nourrir. Pendant toutes ces heures, il avait gardé la Kirlia sur ses épaules, la Stalgamin ne ressentant pas le besoin d’être sur ces derniers.

Elle n’avait pas demandé à l’être et il se disait surement qu’elle était la plus mature de ses trois pokémons. Peut-être parce qu’il l’avait trouvée alors qu’elle était déjà née depuis pas mal de temps ? Peut-être … Il ne s’était jamais posé la question. D’ailleurs, il espérait quand même que la Stalgamin allait parler un de ces jours.
Il revint plus tard avec deux petits Teddiursas. Malgré leurs mignonnes petites têtes, ils avaient été de redoutables adversaires puisqu’il n’avait même pas fait attention à eux. Résultat ? Il avait quelques coups de griffe tracés sur les hanches. Loa poussa un petit cri en même temps que les deux pokémons jumelles, s’approchant de lui pour vérifier l’état de ses blessures. Néanmoins, avant même qu’elle n’ouvre son sac, les deux pokémons étaient en train de poser leurs mains sur ses blessures, commençant à le soigner.

« Hahaha ! Ouille … Mais comment … Ah ! Je ne savais pas que vous étiez capables de soigner, les filles ? Comme quoi … C’est surprenant et c’est une bonne nouvelle. »

« Kirlia, Kirlia, Kir … Kirlia, Lia, Lia. »

« Mesme, Mesme Mesmeralla lalala. »

Les deux pokémons murmurèrent que ce n’était pas grand-chose et que c’était bien normal qu’elles le soignent. Elles finirent leur travail tandis que lui-même commençait à s’attarder à couper la viande pour ce soir. Comme Loa avait déjà été cherché un peu d’eau en attendant, le repas ne tarderait pas à être prêt.

« C’est bien ce que je pensais. » déclara Kéran après le repas, Loa ayant ouvert son sac.

« Héhéhé ! J’avoue, je plaide coupable, Kéran. Mais bon, je n’allais pas te laisser dormir quotidiennement dehors, dans le froid. »

« Ça ne me gênait pas. » répondit le jeune homme en remarquant la tente et les sacs de couchage qu’elle était en train de sortir.

« Mais moi, si. Alors, comme ça, c’est réglé. Et au moins, je n’aurai pas à m’en vouloir de dormir paisiblement pendant que tu étais dehors. »

Pfff. D’accord. De toute façon, il repayerait sa dette l’un de ces jours. La tente fut montée, tout le monde rentrant à l’intérieur. Endormis et enlacés l’un contre l’autre, la Mesmerella et le Makuhita étaient ensemble. Loa avait rappelé son pokémon dormant dans son sac de couchage tandis que Kéran avait Lili et Sarène dans ses bras dans un second sac.

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