Chapitre 98 : Ses dernières forces

ShiroiRyu
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Chapitre 98 : Ses dernières forces

« Tyrania, sors un peu de chez toi ! Tu ne vas pas rester cloîtrée à l’intérieur toute ta vie ! »

« Je fais ce que je veux maintenant. On n’a plus besoin de moi alors laissez moi tranquille ! Je n’ai pas envie de parler, je pense que c’est facile à comprendre ! »

« Mais tu ne dois pas ! Ecoute moi un peu ! »

« Vas chier, Oriane ! J’ai pas envie de te parler ! »

Elle tambourinait contre sa porte alors qu’Aliréna et Pandora lui demandait d’arrêter. Si elle ne voulait pas parler et si elle ne voulait voir personne, c’était son problème. Elles ne pouvaient pas la forcer à sortir.

« Tyrania ! Arrête un peu tes idioties ! Tu ne vas pas vivre comme ça ! »

« Si c’est ce dont j’ai envie, t’as pas à m’obliger ! »

« Si tu ne m’ouvres pas, je serais forcée de défoncer la porte ! »

« Fais le et je t’étripe ensuite ! »

Aliréna créa plusieurs racines, tirant Oriane en arrière alors que Pandora demandait à la jeune femme aux cheveux violets de se calmer. Il ne fallait pas embêter Tyrania. Elle vivait un moment difficile, ce n’était pas de sa faute… Si elle avait perdu ses deux sœurs, elle se serait morfondue elle aussi, non ?

« Bon… Tyrania… Je reviendrais demain, et après-demain, et ainsi de suite… Jusqu’à ce que tu m’ouvres et que tu sortes un peu ! »

« Vas te faire foutre ! Je n’ai pas envie de revoir ta tête ! »

Finie la petite Tyrania qui pleurait dans ses bras il y a environ un mois. Maintenant, elle était redevenue acariâtre car elle savait que Xano n’allait jamais revenir. C’était vraiment dommage d’en être arrivé à là pour une raison comme ça. Ce n’était pas en se bloquant chez soi qu’on allait pouvoir tenir le coup.

« Vous êtes parties ? Répondez pour voir. »

Aucune réponse donc elles étaient bien parties. Elle ouvrit la porte, regardant à l’extérieur : Oui… Il n’y avait plus personne. Tant mieux, c’était bien mieux lorsqu’elle restait seule. Elle alla se coucher sur son canapé rouge, serrant un coussin contre elle en murmurant :

« Si seulement… Ca pouvait être lui… »

« Bonjour ? Est-ce bien Tyrania qui habite ici ? »

Qui c’était ?! Ce n’était pas la voix d’Oriane ou de ses deux sœurs ! Elle se redressa subitement, s’approchant de la porte en restant sur ses gardes. Elles avaient envoyé quelqu’un d’autre maintenant ?! Elle demanda en grognant :

« Qui c’est ?! Je ne veux voir personne ! »

« Mais… J’aimerais vous voir… »

« J’ai pourtant été claire. Je ne veux rien avoir à faire. Je veux simplement qu’on me laisse tranquille avec mon désespoir, c’est pas trop en demander ! »

« J’aimerais parler… de Xano si c’est possible. C’est… C’est Elis. »

Elis ? LA Elis ? La mère de Xano ? Enfin sa mère… Sa mère biologique ou fausse mère, elle était la mère de Xano mais qu’importe. Oh et puis zut, c’était trop compliqué comme histoire ! Elle ouvrit rapidement la porte, observant la femme aux cheveux bleus. Elle n’avait pas changé depuis sa mort, elle était restée la même.

« C’était donc vrai… Vous vivez toute seule, Tyrania ? »

« Rentrez plutôt à l’intérieur s’il vous plaît. »

Elle n’allait pas la laisser dehors quand même ! Surtout qu’elles avaient peut-être des choses à se dire. Elis avait à nouveau ses lunettes devant les yeux alors que Tyrania lui demandait si elle voulait boire quelque chose. Dire qu’il était assez tard… Ce n’était pas une heure pour arriver chez les gens ! Elis demanda un thé vert alors que la jeune femme aux longs cheveux dorés s’affairait dans la cuisine.

« C’est quand même bizarre… Pourquoi êtes vous venue ici ? »

« J’avais envie… de vous parler. Est-ce un mal ? Vous êtes quand même la femme que Xano aime non ? Ca se lisait dans son regard lorsque… »

« Malar vous a manipulé. Mais vous êtes réellement une humaine ? »

« C’est le cas. Lorsque Malar m’a ressuscitée, j’avais récupéré mes pouvoirs mais là, je suis comme auparavant. Une simple femme. »

« Sinon… Pourquoi êtes vous venue parler de Xano ? »

« J’en avais envie… Je comprends pourquoi Xano vous aimait. »

« Co… Comment ça ? Qu’est-ce que vous voulez dire ? »

Elle venait de déposer une tasse dans une coupole devant Elis, la regardant en attendant qu’elle lui réponde. Pourquoi parler de l’amour que lui portait Xano, elle voulait la faire souffrir encore plus ? Elle savait que ce n’était pas dans son intention mais bon…

« Vous êtes une femme très jolie et je sais que Xano vous aimait énormément. D’après ce que j’ai appris, vous vous disputiez souvent avec lui, n’est-ce pas ? »

« C’était souvent le cas… Même lorsque j’étais une pokémon… Une simple Feunard. »

« Qui aime bien, châtie bien. Xano devait donc vous adorer. »

« Disons… qu’il avait toujours un petit souci ou quelque chose qui l’empêchait d’exprimer correctement ses sentiments. Toujours un problème. »

« Le problème du Dieu Originel non ? »

« Mais comment vous savez tout ça ? »

« Le Dieu Originel m’a tout raconté avant de me redonner la vie. Tu n’as pas à t’en faire, n’est-ce pas ? Si Xano reviendra un jour, je suis sûre qu’il t’aimera vraiment… J’en suis même certaine et je vous donne mon accord. »

« Vot… Votre accord ? Mais pourquoi ? Comment ça ? »

« Et bien, pour que puissiez fonder une famille et vous marier. Même si c’est un peu vieillot, il faut avoir l’accord des parents. C’est généralement une bonne chose. »

Se marier avec Xano et fonder une famille ? Pffff ! Voilà qu’elle avait une bouffée de chaleur rien qu’en imaginant Xano et des petits enfants leurs ressemblants. Rien que l’idée même de l’imaginer en ce moment… Elle baissa la tête, gênée :

« Merci… beaucoup pour vos paroles mais… pour ça… Xano… doit revenir. »

« Il reviendra, j’en suis certaine. Il ne peut pas te laisser seule. »

« Et qu’est-ce qui vous fait dire ça ? »

« L’intuition. C’est ce que je pense et je ne me trompe jamais à ce sujet. »

« L’intuition féminine ? Si seulement, je m’y fiais… Il y aurait longtemps que Xano serait revenu. Je le vois partout… Je m’imagine avec lui à chaque instant… »

« Je parlais de l’intuition d’une mère, non d’une femme. »

« Ah… Je m’excuse, j’avais mal compris. »

La discussion la mettait mal à l’aise… Elle n’aimait plus réellement parler depuis tout ce temps. Elle observa la tasse vide, lui signalant qu’elle allait la nettoyer à la cuisine. Depuis qu’elle vivait ici, elle…

« Tu es devenue vraiment une belle femme… et tu feras une parfaite épouse. Tu sembles… »

Un petit fracas se fit entendre alors qu’un objet tombait au sol. Des morceaux de la tasse étaient maintenant au sol alors que Tyrania ne savait plus où se mettre. Une bonne épouse, une belle femme, Elis n’était pas avare de compliments sur elle et ça la gênait plus que tout. Comment pouvait-on s’imaginer une telle chose en la voyant ?

« Tu as besoin d’aide, Tyrania ? J’ai entendu… »

« Non, non ! C’est bon ! Il se fait tard ! Vous avez un endroit où dormir ? »

« Disons que c’est un peu loin donc je vais devoir… »

« Vous pouvez rester ici. Dormez dans le lit, je vais dormir sur le canapé. Attendez un peu. Je vais prendre une couverture et un oreiller. »

« Ne fais donc pas tout ça pour moi. »

Voilà qu’elle était complètement perturbée par tout ça. La soirée se passa plus calmement, Elis ne lui posant plus de questions gênantes ou alors ne lui disant pas de propos qui la mettait mal à l’aise. Heureusement pour elle, tiens. Le lendemain, Elis était partie et elle retourna à sa vie habituelle. Passant un coup de balai, elle observa les nuages blancs dans le ciel à travers la fenêtre, se murmurant pour elle-même :

« Moi ? Une bonne épouse ? Si seulement… C’était lui qui pouvait me dire ça. »

Mais ça ne sera jamais le cas. Elle arrêta de balayer, se dirigeant vers sa chambre avant d’observer les différents vêtements dans sa buanderie. Elle opta pour un manteau de fourrure couleur crème, l’enfilant avant de quitter sa maisonnette. Elle allait marcher un peu, ça n’allait pas lui faire du mal non ? Ce qui n’allait être qu’une petite marche dura plusieurs heures, la jeune femme terminant sa balade par quelques kilomètres sur la plage.

« Tiens… Il commence à neiger ? Et il fait déjà nuit ? »

Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait de la neige… mais si… En tant qu’humaine. C’était bizarre… Elle tendait la main, laissant quelques flocons avant de voir que ces derniers ne fondaient pas dans ses mains. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Ce n’était pas des flocons ? Mais des petites sphères de lumière blanche. Comment avait-elle pu se tromper ?

« Mais qu’est-ce qui se passe ici ? Est-ce que … »

Ces sphères blanches lui rappelaient étrangement le fait quand quelqu’un d’important mourrait. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Est-ce qu’il y avait une chance que…

« Xano va revenir… Il revient… »

Elle observa de ses yeux rubis le ciel, regardant les différentes sphères. Il allait enfin revenir avec elle… Elle était contente… Si heureuse… Elle devait suivre ces sphères blanches. Elle s’était mise à courir avec frénésie dans le sable. Quelques minutes après, elle s’arrêta subitement, les sphères blanches se réunissaient devant elle, formant un corps qui était à genoux. Elle évitait de sourire pour montrer sa joie… et subitement d’autres sphères mais noires apparaissaient pour former un autre corps. Qu’est-ce… Xano ? Xano et qui ? De la joie, elle passa à la surprise avant de devenir de la colère en voyant Giradès et Malar devant elle pour finalement devenir de la tristesse. Ah… C’étaient eux… C’étaient donc eux… Juste eux… Quelle fille pathétique qui courait derrière une chimère. Sans même leur adresser la parole, elle s’éloigna en se retournant, marchant d’un pas lent dans le sable.

« Ah ! Farankard ! Farankard ! Attend un peu. »

« Qu’est-ce que vous me voulez ?! Je ne veux pas vous adresser la parole ! »

« Non mais c’est au sujet de Xano… »

« Vous allez m’annoncer quoi ? Qu’il est mort, c’est ça ?! »

Elle en avait marre de tout ça ! Marre de toutes ces illusions, marre de toutes ces fausses joies ! Elle, elle n’avait pas le droit d’être heureuse alors que tous les autres planaient dans les cieux avec leurs fichus petits bonheurs ! Qu’est-ce qu’ils leurs voulaient encore ?! Ils n’en avaient jamais assez ?!

« Non… Ce n’est pas ça… Enfin si… »

Enfin si ?! Enfin si ?! Xano était mort ?! Elle se retourna, dardant son regard rubis sur Giradès et Malar. Au passage, qu’est-ce que l’homme aux cheveux noirs faisait ici ?! Il semblait complètement perdu et dans l’espace. Il avait quoi comme souci ?!

« Vas y explique toi. Je te laisse deux minutes. »

« Mon âme était presque disparue… Et Père… Charkrowos a tout fait pour me la rendre et me permettre d’avoir un nouveau corps. »

« Que c’est intéressant… Ca concerne en quoi Xano ? »

Déesse ou non, elle s’en fichait royalement. Le ton qu’elle employait était rude et Giradès ne semblait plus correspondre à la femme qu’elle était auparavant.

« Malar n’avait plus d’âme… et Père a décidé de lui en recréer une grâce à mes indication. Voilà donc Malar… Ma punition… est de m’occuper de lui. »

« Mon dieu… Quelle punition. Tu dois aimer en recevoir si elles sont toutes comme ça. »

« Tyrania… Je vais t’appeler comme ça. Ecoute moi. »

Oui, oui, elle l’écoutait mais elle s’en fichait pas mal de ce qu’elle disait. Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’ils disparaissent de son champ de vision. Malar, elle l’avait apprécié il y a de cela tellement de temps. Giradès, elle ne l’appréciait pas, c’était claire comme de l’eau de roche. C’était à cause d’elle que Xano n’était plus là et elle venait lui annoncer qu’il était mort ?! Si c’était le cas, alors elle… Elle…

« Il ne reste plus que Xano avec le Dieu Originel. »

« Ca veut dire que Xano sera le prochain ! »

« Mais… Il y a un mais… Charkrowos est au bord du gouffre. Sans… Xano… Je ne serais jamais revenue ici… Et il en est de même pour Malar : Sans… Xano, nous ne serions jamais devant toi. Sans lui… Charkrowos n’aurait jamais réussi tout ça. »

Xano… était un héros… ou un grand zéro. Il n’allait jamais revenir, c’est ça ? Elle devait se faire une raison ? C’est ça ? Où elle se trompait encore lourdement et elle ne comprenait rien ! Elle était fatiguée, vraiment fatiguée par tout ça.

« Oui… Xano est quelqu’un de bien et alors ? »

« Xano et Charkrowos sont trop faibles… L’un comme l’autre n’ont plus la force de se créer une enveloppe charnelle et de revenir dans ces mondes. Je suis désolée… »

« Tu veux donc me signaler… que Xano s’est sacrifié pour sauver toutes ces personnes parce que TOI, tu as décidé de foutre un bordel monstre, c’est ça ?! »

« C’est… Je m’excuse… sincèrement. »

« Et tu crois que tes excuses me le feront ramener à la vie ?! Tu crois que tes paroles vont servir à quelque chose ?! Est-ce que tu crois que je vais me contenter de tout ça ?! »

« Non mais… Tu… »

« Tu espère vraiment que je vais te remercier de m’avoir prévenue ?! »

Il était impossible de l’arrêter maintenant qu’elle s’était lancée. Malar se mit devant Giradès comme pour la protéger. Il ne savait pas ce qui se passait mais l’autre femme semblait s’énerver un peu trop rapidement. Tyrania reprenait :

« Ne t’approche plus de moi, ne m’adresse même pas la parole ! Je ne veux plus revoir personne ! PLUS PERSONNE ! »

« Mais tu… Qu’est-ce que tu vas faire ? »

« Ce que j’aurais du faire en attendant qu’il revienne ! Aller le rejoindre ! Voilà tout ! Je n’aurais jamais du accepter la proposition de Charkrowos ! »

« Ne fais pas de bêtises ! Ton âme n’ira pas rejoindre Charkrowos ! »

« J’en ai rien à faire ! Disparais ! »

Elle s’éloigna furieusement, faisant réapparaître ses queues et ses oreilles de Feunard, chose qu’elle n’avait plus fait depuis des mois. Elle retourna dans sa maisonnette, s’enfermant dans chaque salle qu’elle pénétrait avant de s’écrouler sur son lit. Elle n’allait pas pleurer… Elle n’allait pas… Elle était plus forte que ça. Mais… Mais pourquoi Xano avait-il décidé d’aider le Dieu Originel ?! Il ne voulait pas la revoir ? Elle ne lui plaisait plus ?

« Idiot… Idiot ! Idiot ! Idiot ! Ta mère s’est trompée ! »

Elle frappa plusieurs fois dans l’oreiller, cherchant à passer ses nerfs sur ce dernier sans y arriver. Xano… Pourquoi ne pouvait-elle pas le rejoindre ? Pourquoi ? Tout le monde était heureux dans les TROIS mondes et elle… Elle était la seule à ne pas avoir ce qu’elle voulait. C’était injuste… vraiment injuste ! Elle voulait disparaître…

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